Par Max Wilbert
Protect Thacker Pass
12 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Photos et article Max Wilbert, utilisés avec autorisation

À Thacker Pass, la « Sécurité Nationale » est utilisée abusivement pour couvrir des horreurs

J’étais encore un gamin quand les invasions de l’Iraq et de l’Afghanistan ont commencé, mais je comprenais ce qui se passait. Des grandes entreprises se faisaient de l’argent par tous les moyens possibles : vendre des haricots, des balles et des pansements, signer des contrats lucratifs pour la construction de nouvelles bases militaires, remplacer les employés du service publique par des contractants privés, d’unités de combat à l’hôpital des vétérans, et capitaliser sur les occasions de gains énormes dans la reconstruction et le pétrole.

Maintenant, en tant qu’écologiste militant et auteur, j’applique la même logique à la crise climatique.
Il y a des parallèles surprenants entre la « guerre au terrorisme » en Iraq et en Afghanistan et le changement climatique. Ils se caractérisent par la peur du public, des risques existentiels, des luttes de pouvoir géopolitiques, des manipulations de l’opinion publique, et d’énormes sommes d’argent.

Tandis que le réchauffement s’intensifie, des milliers de milliards de dollars en subventions gouvernementales et en dépenses du consommateur se déversent sur les fabricants de « technologie verte ». Les constructeurs d’automobiles, de Ford à Volkswagen, ont annoncé leurs projets d’arrêter de fabriquer des voitures à essence ou diesel, et de ne plus produire que des véhicules électriques. Et comme des sources intermittentes comme l’éolien et le solaire sont ajoutées aux réseaux d’électricité, les services publiques investissent dans des banques de batteries grandes comme des entrepôts pour stabiliser la fourniture de courant.

Tout cela conduit à une demande vertigineuse de matières premières comme le lithium, le graphite, le cobalt, le nickel et les métaux rares. L’Agence Internationale de l’Energie, par exemple, estime que la demande de lithium va augmenter de 4200% au cours des 20 prochaines années. Les prix du lithium ont quintuplé rien que dans l’année écoulée, étant donné que la demande dépasse très largement l’offre. Et cette demande croissante pousse les compagnies minières à explorer et développer des nouvelles mines partout dans le monde.

Le Nevada est une zone sensible, où il y a actuellement 17 375 concessions minières pour du lithium et environ 50 projets de mines en développement. Le plus grand est à Thacker Pass, situé au nord de l’état. Mais c’est là qu’il y a conflit : à part une riche source de lithium, Thacker Pass est aussi l’habitat d’une importante biodiversité, hébergeant des espèces rares, et est culturellement important comme site de deux massacres de Paiute du Nord et de Shoshone de l’Ouest.

Je me bats contre l’industrie des carburants fossiles et je fais des reportages des lignes de front du chaos climatique depuis des décennies, et pour moi il est clair que nous devons arrêter immédiatement de brûler des carburants fossiles. Cependant, je mets en doute l’idée que la technologie est la solution. Sur au moins un plan important, la « technologie verte » ne diffère pas des carburants fossiles : c’est le monde naturel qui fait les frais de son extraction et de son développement.

L’importance environnementale et culturelle de Thacker Pass, et les questions sur l’efficacité du lithium comme panacée contre la crise climatique, ont catalysé un sérieux mouvement de résistance pour « Protéger Thacker Pass », mouvement fait de manifestations, de batailles sur les règlements, d’une occupation du site prévu pour la mine pendant un an, et de poursuites en justice.

Devant un tribunal fédéral, contre deux Tribus Indiennes, quatre groupes écologistes et un rancher local, qui sont allés en justice pour empêcher l’ouverture de la mine de lithium de Thacker Pass, l’avocat de la Lithium Nevada Corporation a récemment écrit que « Le projet [à Thacker Pass] est important […] pour assurer que les Etats-Unis ne dépendent pas de sources étrangères pour des matières premières cruciales ceci étant une question de sécurité nationale. »

Je ne marche pas.

Peut-être parce que je suis assez vieux pour me souvenir d’un monde d’avant l’invasion des téléphones portables, mais pour moi il est évident que le lithium n’est pas plus « crucial » que Hummers ou TikTok. Ce qui est vraiment crucial sont les besoins de base : la nourriture, l’eau, un abri, de l’air pur, et une planète vivante.
Quand les avocats de Lithium Nevada et le gouvernement des Etats-Unis affirment que le lithium est une « matière première cruciale » et que faire exploser une face de montagne, détruire l’habitat de la vie sauvage et des sites sacrés Amérindiens, et polluer plus de 18 millions de litres d’eau par jour, n’est pas important parce qu’ouvrir une mine de lithium est « une question de sécurité nationale » qui pourrait « avoir des conséquences importantes pour l’économie, » j’appelle ça de la merde.

Leur logique, selon laquelle nous devons « concurrencer » d’autres nations sur la scène mondiale pour établir notre domination, est une triste relique de l’héritage colonial impérialiste de ce pays.
En février 1948, George Kennan – chef du Département d’Etat pour le Planning Politique, et l’une des personnes les plus influentes du gouvernement – écrivit un extraordinaire rapport Top-Secret, qui ne devait être déclassifié qu’au bout de 26 ans. « [Les Etats-Unis possèdent] environ 50% de la richesse du monde, mais seulement 6,3% de sa population, » écrivait Kennan dans le mémorandum PPS23. « Notre véritable tâche est de créer un schéma de relations qui nous permettra de maintenir cette position de disparité sans détriment pour notre sécurité nationale. »
Ceci, peut-être plus qu’aucune autre citation, révèle crument les buts de l’appareil de sécurité nationale : pas de protéger des vies, mais de « maintenir cette position de disparité. »
Kennan poursuivait : « Pour ce faire, nous devrons nous dispenser de toute sentimentalité et de rêverie ; et notre attention devra être concentrée partout sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous ne devons pas nous faire d’illusions, nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de l’altruisme et de la bienfaisance mondiale. »

Aujourd’hui, les matières premières sont le nouvel or blanc, et un « Partenariat pour la Sécurité des Matières Premières » a été formé entre les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la France, l’Allemagne, le Japon, la République de Corée, la Suède, le Royaume-Uni et la Commission Européenne. Reuters appelle ça un « OTAN Métallique » – bien vu, si on considère qu’une guerre contre le territoire et la guerre moderne sont impossibles sans l’extractivisme. Le Président Biden l’a reconnu en mars dernier, quand il a amendé la Loi de Production pour la Défense, une loi du temps de la Guerre Froide, pour autoriser la Défense à promouvoir l’extractivisme domestique.

De gros profits, tandis que le pays est détruit. C’est de cette soi-disant sécurité nationale que parle Lithium Nevada. Ça n’a rien de nouveau. Les riches et les puissants abusent depuis longtemps de la notion de sécurité nationale pour déguiser leurs buts égoïstes.
Par exemple, considérez les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center, qui a conduit aux guerres en Afghanistan et en Iraq mentionnées plus haut, 900 000 morts, surveillance de masse illégale, extraditions extraordinaires [vers d’autres pays où les droits humains comptent moins – NdT], « interrogatoires poussés », et 8000 milliards de dollars de coûts – dont beaucoup sont allés à des compagnies comme Halliburton (dont le Vice-Président Dick Cheney avait été le PDG avant d’entrer au gouvernement).
Ou pensez à la guerre du Vietnam, où une décennie de bataille a résulté en des millions de morts Vietnamiens, 300000 morts des Etats-Unis et des troupe alliées, un pays entier empoisonné par l’Agent Orange, et des profits spectaculaires pour des firmes « de Défense » comme KBR, Boeing et Dow Chemical.

On peut même remonter plus loin, aux guerres de colonisation, quand les militaires des Etats-Unis ont commis des massacres, de Sand Creek aux Swamp Cedars, au service de la « Destinée Manifeste », puis ont pris possession de terres précieuses pour l’agriculture, les mines, l’exploitation forestière et les villes.
La militante et écrivaine Paiute du Nord, Sarah Winnemucca, avait écrit, dans son livre de 1884 ‘Vie Au Milieu des Paiutes : les Torts et Réclamations’, que les profits de guerre et l’avidité étaient les principaux moteurs de la Guerre du Serpent, la guerre Indienne la plus sanglante de l’Ouest et contexte du Massacre de Thacker Pass, le 12 septembre 1865, devenu un point central dans les protestations contre la mine de lithium.
« [Durant l’été 1865] des soldats ont été envoyés de Californie, » écrivait S. Winnemucca, « et de très nombreuses compagnies sont arrivées. Ils poursuivaient mon peuple dans tout le Nevada. Des histoires ont été fabriquées partout dans le pays par les colons blancs, disant que les diables rouges tuaient leur bétail, et grâce à ce mensonge des colons blancs, la piste marquée du sang de mon peuple a commencé, de colline en colline, de vallée en vallée. Les soldats ont poursuivi mon peuple de cette manière pendant un an, et les Paiutes de Queen’s River ont été amenés au Fort Churchill, dans le Nevada, et durant cette campagne le pauvre Général [sic] McDermitt a été tué. Ces histoires n’ont été fabriquées par les colons blancs que pour pouvoir vendre leur grain dont ils ne pouvaient pas se débarrasser autrement. La seule façon pour les éleveurs et les fermiers de faire de l’argent était de provoquer une guerre Indienne, pour que les troupes puissent venir et acheter leur bœuf, leur bétail, leurs chevaux et leur grain. »

Est-ce vraiment différent maintenant, avec les milliards de dollars en jeu à Thacker Pass ? Ce qui est la sécurité nationale pour un peuple est un génocide pour un autre – et un écocide pour le territoire.
Ce qui a changé depuis 1865, c’est que les problèmes sont plus profondément enracinés. Avec l’escalade technologique, les profiteurs de guerre sont devenus des adjoints permanents du gouvernement, avec un personnel tournant entre les emplois privés grassement payés et des rôles au gouvernement, ce qu’on appelle une « porte pivotante. » Dans la plupart des pays, on appelle ça de la corruption.

[…]

Avec l’influence des Etats-Unis qui s’érode dans le monde et les fournitures de lithium qui dépendent de la Chine, la richesse et la puissance de ce pays est vraiment en jeu. Pour alimenter cette richesse, la mine de Thacker Pass est enfoncée de force malgré une opposition déterminée.

Sur le plan technique, la transition vers des véhicules électriques posera des défis extrêmes. Ça exigera une énorme expansion des centrales électriques et des réseaux de transmission. Il pourrait même ne pas y avoir assez de lithium accessible économiquement dans le monde entier pour fabriquer des batteries remplaçant les 1,5 milliards de voitures du monde. Et certaines analyses montrent que les véhicules électriques ne réduiront les émissions que d’environ 6% – mieux que rien, mais ce ne sera pas une bonne utilisation de l’énergie et des ressources, et bien loin de la suppression de 100% des émissions que des scientifiques disent nécessaires pour éviter un réchauffement catastrophique.
Les véhicules électriques sont une fantaisie. Ils permettent aux gens de croire que la culture de l’automobile – en fait la civilisation industrielle – peut être rendue durable avec de simples changements techniques. C’est un mensonge. Nous ne pouvons pas nous contenter d’échanger ce qu’il y a sous le capot de nos voitures et espérer atteindre une situation durable. En ce sens, se fixer sur les véhicules électriques est dangereux parce que ça cache la véritable étendue des changements nécessaires. Stopper et inverser le réchauffement climatique demandera des changements de notre société beaucoup plus importants et radicaux.
Récemment, on m’a dit que je « délirais » parce que je dis ce que la plupart des gens savent mais sont trop polis pour le dire : les automobiles ne sont pas écologiques, et si nous voulons une vie saine et durable, nous n’aurons pas d’automobiles. Le fait qu’une vérité soit dérangeante et inacceptable politiquement pour certains, ne la rend pas moins vraie. On ne peut plus disputer les lois de l’écologie, pas plus que celles de la physique. Si je suis délirant, Galilée l’était aussi.

Les cadres des compagnies d’énergie et les dirigeants politiques ne veulent pas imaginer un monde où les Etats-Unis ne domineraient plus la planète économiquement et militairement, un monde où nous ferions des choix délibérés de vivre dans les limites de la planète plutôt que de l’exploiter et la détruire pour un pouvoir et une richesse temporaires, un monde où nous choisirions de vivre avec moins volontairement, un monde où les sites sacrés Amérindiens seraient respectés, un monde sans économie qui détruit la Terre. Après tout, cela signifierait la fin de leur richesse et de leur pouvoir.

Mais je peux imaginer ce monde et je pense que vous le pouvez aussi.
Ils peuvent dire que nous délirons tant qu’ils veulent, mais nous continuerons à lutter pour lui jusqu’à notre dernier souffle.

article et photos Max Wilbert, utilisés avec permission. Utilisation commerciale interdite. Diffusion du message fortement encouragée.



Day of Solidarity, October 16, 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
En français
Also published on Censored News

KATHY PELTIER, ABOUT LEONARD PELTIER

“I just introduced myself in my language. My name is Kathy Peltier, I am enrolled member of the Navajo Tribe, I am also Dakota and Anishinaabe. I am the youngest daughter of Leonard Peltier. I was two-years-old at Fargo, North Dakota, at the trial, when I got to see my dad. I don’t remember any of that but I do know that we have been keeping struggling, as his kids we’ve been struggling all our lives, trying to get a release for our dad. We, our generation, we need to let people know who he is, who is Leonard Peltier. You have to go to https://whoisleonardpeltier.info.

“At the moment, we are doing a Long Walk from Minneapolis, Minnesota, to Washington D.C., November 11. It’s a Walk to Justice for Leonard Peltier, or Leonard Peltier Walk to Justice. So, the struggle has been started and we are still trying to meet senators of the US Congress, even trying to meet with President Biden. So, if you can go to our website, you can just follow them, or donate if you could, for the walkers. And I’ll be joining on October 28, in Pittsburg. Thank you.”

JEAN ROACH, LAKOTA MINICONJOU, ABOUT WOUNDED KNEE – 1890 AND 1973 – LEONARD PELTIER, STANDING ROCK

“I am Jean Roach, from the Lakota Miniconjou Tribe, and I came to talk to you about Leonard Peltier. What happens to Leonard Peltier is an example of what has been happening to our Indigenous Nations for generations. It started way back at first contact, when the non-Natives came over and decided to take our lands because we were not Christians.
“One of the things they do use against us is stereotypes. And a long time ago, in the 1800s, they used, not only the Doctrine of Discovery, but the stereotypes. When they massacred our people at Wounded Knee, they presented them in the media as less than human. One of the statements made by the Cavalry was that the reason for killing innocent women and children and elders, and babies – they were asked specifically ‘why did you murder babies or massacred’, and their answer was that ‘nits make lice’. So, they stereotyped us in the media as disposable. Our people were attacked because we were in prayer, and we were praying the Ghost Dance and dancing. Praying for the buffalo and all the good things like before the non-Natives came.
“When the American Indian Movement took over Wounded Knee, they used the same tactics because it was a revival of the genocide against our people where our ceremonies were all banned. Every time we pray, our people are attacked and it’s been shown all the time through the massacres. And it was the same with Wounded Knee, when the AIM was labelled as militant and guerillas, all kind of names.
“The American government also used a program called COINTELPRO that was used against AIM and which targeted members or disposed of them.
“1975 would be called the reign of terror, on the Pine Ridge Reservation. Anybody that was related or connected to the American Indian Movement were targets of violence. When Peltier was on Oglala, he was asked by the elders and the community to come there for protection. Anybody that prayed in our Lakota way were targets. So, when the FBI came that day, they came in unmarked cars and not wearing uniforms, and we never knew who they were.
“Leonard Peltier’s co-defendants were charged with murder and went to court where they were acquitted on basis of self-defense. The only person who got charges was Leonard, and he was in Canada. United States went up there and broke international law to bring him back to the United States. And it’s part of a bigger plan, that colonization and genocides on our people. And a lot of it will lead to men going to prison. Or children being taken. And we all know about the catholic church and the many graves that were found in Canada.
“Leonard Peltier had no choice, he was a scapegoat immediately, when the United States government made sure that he went to prison. It didn’t matter what the truth was.
“Indigenous people are being attacked because of our beliefs systems, which protect our Mother Earth. So, when Standing Rock happened, many people came to help up to North Dakota and they found out what it felt to be on the front line and being attacked while on prayer.
“The COINTELPRO program exists till today and they used it on the Standing Rock water protectors, through the Black Water security company.
“Leonard Peltier was also a boarding school victim. It’s also part of the way Indigenous families have been attacked, and how we are trying to restore our roles. We feel that the reason the United States government don’t want to release Leonard Peltier, after 47 years, is because they don’t want to honor Indigenous people because of our beliefs system which is opposite to the way they want to rape our Mother Earth.
“Lona here is a survivor of the boarding schools so I’ll let her tell her story.”

LONA KNIGHT, LAKOTA MINICONJOU, ABOUT STANDING ROCK

“I would like to say something about Standing Rock. So many people came, so many nations, to support, and found out how hard it is to be on the frontline and take the punches that the police came to give. Our enemy comes down the same way every time. It was Wounded Knee, in 1890, when they took away everyone’s weapon and they took away awls that women use to make their moccasins, they took everything that could be a weapon. And then they brought their machine gun and shot the Lakota people. The military that were there, I think that were 8 congressional medals of honor given, at that time. And, there is a project that we want, we want those medals to be rescinded and taken away from those people, because it was outright murder. At the time, the circle was broken, many of our wisdom keepers with knowledge of ceremony and songs went away, that day. And through the boarding schools and colonization, our people were forbidden to do our ceremonies for hundred years.
“So, through many people’s dreams, our songs come back and ceremonies come back to us.
“I was living in Hawaii, at the time of Standing Rock, and every morning I woke up really early, I got on Facebook and Myron Dewey – ‘Rest in Peace, Brother – was there with his drones in the camp, and we could see what happened. In the camp, every morning he would do this with prayers and songs. It was very powerful for me to see it in that way and to be connected to it – a lot of my brothers and sisters were there, and I felt so connected to them.
“It really hurt me when I saw the police drag people out of the purification ceremony. I have seen them dragged out. I have seen them on the videos.
“So, I know the movement is strong, and I know it’s carrying on, people are there, there are still frontlines. But a lot of our people are suffering from PTSD.
“Because of time constraints, I am going to pass the mike. Thank you for hearing me, I love you all, stand strong, and I pray that Leonard Peltier will be released soon.”



Journée du 16 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
In English
Also published on Censored News

KATHY PELTIER PARLE DE SON PÈRE, LEONARD PELTIER

« Je viens de me présenter dans ma langue. Je m’appelle Kathy Peltier, je suis membre de la Tribu Navajo, je suis aussi Dakota et Anishinaabe. Je suis la plus jeune fille de Leonard Peltier. J’avais deux ans, à Fargo, dans le Dakota du Nord, au procès, où j’ai pu voir mon père. Je ne m’en souviens pas, mais ce que je sais c’est que nous avons toujours lutté, en tant que ses enfants, nous avons lutté toute notre vie, pour essayer de faire libérer notre papa. Nous, notre génération, avons besoin de faire savoir aux gens qui il est, qui est Leonard Peltier. Pour savoir, vous devez aller sur le site https://whoisleonardpeltier.info.

« En ce moment, nous effectuons une Longue Marche de Minneapolis, dans le Minnesota, jusqu’à Washington D.C., le 11 novembre 2022. C’est une Marche vers la Justice pour Leonard Peltier, ou Leonard Peltier Walk to Justice. Donc, la lutte a commencé et nous essayons toujours de rencontrer des sénateurs du Congrès des Etats-Unis, nous essayons même de rencontrer le Président Biden. Alors, si vous pouvez aller sur notre site web, vous pouvez simplement les suivre, ou, si vous pouvez, faire des dons, pour les marcheurs. Et je les rejoindrai le 28 octobre, à Pittsburg. Merci. »

JEAN ROACH, LAKOTA MINICONJOU, PARLE DE WOUNDED KNEE – 1890 ET 1973 – DE LEONARD PELTIER, DE STANDING ROCK

« Je m’appelle Jean Roach, de la Tribu Lakota Miniconjou, et je suis venue pour vous parler de Leonard Peltier. Ce qui arrive à Leonard est un exemple de ce qui arrive à nos Nations Autochtones depuis des générations. Ça a commencé il y a longtemps, lors du premier contact, quand des non-Autochtones sont venus et ont décidé de prendre nos terres parce que nous n’étions pas chrétiens.
« Une des choses qu’ils utilisent contre nous, sont les stéréotypes. Et il y a longtemps, dans les années 1800, ils utilisaient non seulement la Doctrine de la Découverte, mais aussi les stéréotypes. Quand ils ont massacré des gens de notre peuple à Wounded Knee, ils les ont présentés dans les médias comme moins qu’humains. L’une des déclarations faites par la Cavalerie concernait la raison pour laquelle ils avaient tué des innocents, femmes, enfants, vieillards – on leur avait spécifiquement demandé ‘pourquoi avez-vous assassiné ou massacré des bébés’, et leur réponse fut que ‘les lentes donnent des poux’. Ainsi, ils nous stéréotypaient dans les médias comme étant à jeter. Nos gens avaient été attaqués parce qu’ils étaient en train de prier, et nous priions par la Danse du Fantôme et dansions. Nous priions pour le bison et toutes les choses bonnes, tel que dans les temps d’avant l’arrivée des non-Autochtones.
« Quand l’American Indian Movement prit Wounded Knee, ils ont utilisé les mêmes tactiques, parce que c’était une résurgence du génocide contre notre peuple, quand toutes nos cérémonies ont été bannies. Chaque fois que nous prions, notre peuple est attaqué et ça a été prouvé chaque fois par les massacres. Et ce fut la même chose à Wounded Knee, les membres de l’AIM ont été qualifié d’activistes violents et de guérilleros, et toutes sortes de noms du même genre.
« Le gouvernement américain a aussi utilisé un programme appelé COINTELPRO, qui était utilisé contre l’AIM et visait ses membres, ou les éliminait.
« La période de 1975 fut appelée le règne de la terreur, dans la Réserve de Pine Ridge. Quiconque était en lien ou avait des connexions avec l’American Indian Movement était une cible pour la violence. Quand Peltier était chez les Oglala, c’était les anciens et la communauté qui lui avaient demandé de venir pour les protéger. Quiconque priait selon notre mode Lakota était une cible. Puis, quand le FBI est venu, ce jour-là, les agents étaient dans des voitures banalisées et ne portaient pas d’uniformes. Nous ne pouvions absolument pas savoir qui ils étaient.
« Les co-accusés de Leonard Peltier furent accusés de meurtre, puis sont passés au tribunal où ils ont été acquittés pour légitime défense. Le seul qui était encore accusé était Leonard, et il était au Canada. Les Etats-Unis sont allés jusque là-bas et ont violé la loi internationale pour le ramener aux Etats-Unis. Et ça fait partie d’un plan bien plus large, la colonisation et le génocide de notre peuple. Et ça conduit souvent des hommes en prison. Ou à ce que des enfants soient enlevés. Et nous savons tous ce que fait l’église catholique et que de nombreuses tombes ont été trouvées au Canada.
« Leonard Peltier n’avait pas le choix, il fut immédiatement un bouc émissaire, quand le gouvernement des Etats-Unis s’est assuré qu’il aille en prison. Ce qu’était la vérité n’avait pas d’importance.
« Les Autochtones sont attaqués à cause de notre système de croyances, qui protège Notre Mère la Terre. Ainsi, quand les évènements de Standing Rock se sont produits, beaucoup de gens sont venus pour aider dans le Dakota du Nord, et ils ont découvert ce que ça faisait d’être sur le front et d’être attaqué au cours de la prière.
« Le programme COINTELPRO existe toujours aujourd’hui, et ils l’ont utilisé contre les Protecteurs de l’Eau à Standing Rock, par l’intermédiaire de la firme de sécurité Black Water.
« Leonard Peltier était aussi une victime des pensionnats. Ça fait partie des moyens par lesquels les familles Autochtones ont été attaquées, et comment nous essayons de faire revivre nos rôles. Nous avons le sentiment que la raison pour laquelle le gouvernement des Etats-Unis ne veut pas libérer Leonard Peltier, au bout de 47 ans, est qu’ils ne veulent pas respecter les Autochtones à cause de notre système de croyances, qui est à l’opposé de la façon dont ils violent Notre Mère la Terre.
« Lona, ici présente, est une survivante des pensionnats, et je vais la laisser raconter son histoire. »

LONA KNIGHT, LAKOTA MINICONJOU, PARLE DE STANDING ROCK

« Je voudrais dire quelques mots sur Standing Rock. Tant de gens sont venus, tant de nations, pour les soutenir, et ont découvert à quel point c’est dur d’être sur la ligne de front et de recevoir les coups que la police est venue pour distribuer. Notre ennemi arrive toujours de la même façon, chaque fois. C’était le cas à Wounded Knee, en 1890, quand ils ont saisi toutes les armes et même pris les alènes que les femmes utilisaient pour faire leurs mocassins, ils ont pris tout ce qui pouvait servir d’arme. Puis ils ont amené leur mitrailleuse et ont tiré sur les Lakota. Des militaires qui y étaient, je crois que ce sont 8 médailles d’honneur du Congrès qui leur ont été données, à l’époque. Et nous avons un projet qui nous tient à cœur, nous voulons que ces médailles soient révoquées et reprises à ces gens, parce qu’il s’agissait de purs assassinats. À l’époque, le cercle a été brisé, beaucoup de nos gardiens de la sagesse, leur connaissance des cérémonies et des chants, sont partis, ce jour-là. Et par les pensionnats et la colonisation, il a été interdit à nos peuples de pratiquer nos cérémonies pendant cent ans.
« Mais, à travers les rêves de beaucoup de gens, nos chants reviennent, et nos cérémonies nous reviennent.
« Je vivais à Hawaii à l’époque de Standing Rock, et tous les matins je me réveillais très tôt, j’allais sur Facebook, et Myron Dewey – Repose En Paix, mon Frère – était là, avec ses drones, dans le camp, et nous pouvions voir ce qui se passait. Dans le camp, tous les matins, il montrait les prières et les chants. Pour moi, c’était très puissant de les voir par ce moyen et d’être en connexion avec eux – beaucoup de mes frères et sœurs étaient là-bas, et je me sentais connectée à eux.
« Ça m’a fait beaucoup de mal de voir la police tirer les gens hors de la cérémonie de purification. Je les ai vus se faire trainer. Je les ai vus sur les vidéos.
« Donc, le mouvement est fort, et je sais que ça continue, le gens y sont, il y a toujours des fronts. Mais beaucoup de nos gens souffrent de stress post-traumatique.
« Vu les contraintes de temps, je vais passer le micro. Merci de m’avoir écoutée, je vous aime tous, soyez fort, et je prie pour que Leonard Peltier soit libéré bientôt. »



Censored News
24 octobre 2022
Photos ©Grand Canyon Trust
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

« C’est chez nous et chez nos ancêtres – nous sommes les gardiens de cette terre et de l’eau en-dessous. » – Yolanda Badback, Communauté Concernée de White Mesa.
La marche spirituelle de la Tribu Ute de Ute Mountain et de la communauté de White Mesa, avait pour but de protester contre l’usine de traitement d’uranium de White Mesa et de protéger leur santé, leur terre, leur eau, leur culture et leurs sites sacrés.

L’Eau c’est la Vie
Marche Spirituelle des Utes de White Mesa Contre l’Usine de Traitement d’Uranium

« L’usine de traitement d’uranium de White Mesa ne serait autorisée à fonctionner près d’un riche quartier blanc de Salt Lake City, et les communautés Amérindiennes du Comté de San Juan méritent le même traitement. » – Le commissaire Kenneth Maryboy, Diné, de la Commission du Comté de San Juan.

Le Grand Canyon Trust révèle que les bassins de rétention de déchets radioactifs sont au-dessus de la nappe aquifère Navajo, dont les Diné et les Hopis, à Tuba City, dans les villages Hopi, sur Black Mesa et à Kayenta, tirent leur eau.

Plus de 300 millions de kilos de déchets radioactifs de sites contaminés dans le pays et dans le reste du monde, sont enterrés ici, juste au-dessus de la route de la communauté de White Mesa de la Tribu Ute de Ute Mountain. L’usine émet du gaz radon cancérigène et met en danger l’air, l’eau, l’environnement et les habitants de la Tribu Ute de Ute Mountain.



Les bassins de déchets radioactifs sont au-dessus de la nappe aquifère Navajo. The Hill, de l’état de Washington écrit, « les bassins de déchets de l’usine de White Mesa couvraient environ 110 hectares en 2021, et sont situés au-dessus de la nappe aquifère Navajo, qui fournit de l’eau à la communauté de White Mesa, au sud-est de l’Utah et au nord de l’Arizona, dont une partie de la Nation Navajo. »

Le rapport du Grand Canyon Trust décrit les bassins – dont certains n’ont pas de couverture moderne – comme « un goulash toxique et radioactif » qui contient divers métaux lourds classés comme cancérigènes pour les humains, ainsi que des traces de nitrate et de chloroforme.

À 15 km du Monument National de Bears Ears, l’usine de White Mesa, dans le sud-est de l’Utah, enterre des déchets radioactifs, près de la communauté de White Mesa, de la Tribu Ute de Ute Mountain. Energy Fuels, du Colorado, est une branche d’Energy Fuels de Toronto, au Canada.

Des multinationales domiciliées au Canada visent des territoires Autochtones partout dans le monde, pour y creuser des mines ou y décharger des déchets radioactifs.

Faits Révélés par le Rapport du Grand Canyon Trust

La compagnie qui empoisonne les Utes avec des déchets radioactifs garde beaucoup de choses secrètes pour le public. 1) Les bassins de déchets radioactifs sont au-dessus de la nappe aquifère Navajo, dont des Diné et des Hopis tirent leur eau. 2) Les déchets radioactifs du Site de Tests [atomiques] du Nevada – un des lieux les plus mortels au monde – ont déjà été reçus par l’usine de White Mesa. 3) L’usine a déjà eu l’approbation pour recevoir des déchets radioactifs du Japon. L’usine a une procédure en cours pour recevoir des déchets radioactifs d’Asie et d’Europe. 4) Energy Fuels dans le Colorado est une branche d’Energy Fuels de Toronto, au Canada. Les multinationales domiciliées au Canada visent des Autochtones et leurs territoires dans le monde entier, pour y creuser des mines et y décharger des déchets génocidaires. 5) Il y a déjà eu une fuite radioactive à Cisco, dans l’Utah, en 1999. Des tonneaux de déchets radioactifs présentant des fuites ont été trouvés sur le site de l’usine par ses ouvriers, en 2017. 6) L’histoire des bombes atomiques des Etats-Unis remonte au minerai du Congo, et suit une piste de secret et de mort, parmi lesquels on trouve le projet secret dit Manhattan Project [de construire les bombes d’Hiroshima et Nagasaki].

Photos ©Grand Canyon Trust
Les photos ne peuvent pas être utilisées pour des levées de fonds ou des buts commerciaux



Plainte Contre le Projet de l’Arizona de Bloquer la Migration des Jaguars avec des Containers placés à la frontière avec le Mexique

Par le Centre pour la Diversité Biologique
Publié par Censored News
19 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA

TUCSON, Arizona – Ce jour, le Centre pour la Diversité Biologique a déposé une note d’intention de poursuivre l’administration du Gouverneur Doug Ducey pour combattre des projets d’obstruction, cruciaux pour le couloir de migration des jaguars et des ocelots, avec des containers d’expédition, le long de la frontière US/Mexique.

« Ces containers sont un coup publicitaire honteux qui menacera la survie d’espèces sauvages en danger », dit Robin Silver, co-fondateur du Centre. « Il y a 3700 agents rien que pour couvrir le secteur de Tucson, sans parler des hélicoptères, des drones et des centaines de cameras. Nous traversons une crise d’extinction et c’est irresponsable de sacrifier un couloir de vie sauvage vital et de nuire à des animaux en danger, pour que Ducey fasse des gains politiques. »

La note d’aujourd’hui fait suite à l’exigence du Bureau de Réhabilitation U.S., que l’Arizona retire la double rangée de containers que Ducey a donné l’ordre de placer le long de la frontière, à Yuma, en août dernier. Le Bureau dit que les containers placés sur des terres fédérales et le territoire tribal des Indiens Cocopah, violent la loi fédérale.

La note anticipe les projets d’installer d’autres containers le long de la frontière, à l’ouest des Montagnes Huachuca, dans la Forêt Nationale de Coronado, près du Mémorial National de Coronado. Le Centre a constaté que des dizaines de containers étaient empilés dans la zone.

Cette zone est un couloir de migration établi et vital pour les jaguars et les ocelots, qui sont dans la liste des espèces en danger et protégées selon la Loi sur les Espèces en Danger. La note dit que bloquer le couloir obstruerait le mouvement des animaux et empêcherait leur retour aux Etats-Unis, en violation de la Loi.

« Ces barrières inutiles ne servent à rien pour empêcher les gens de traverser la frontière, mais bloqueront la vie sauvage » dit Silver. « À moins que Ducey veuille laisser en héritage l’extinction des animaux les plus iconiques d’Arizona, il faut qu’il arrête immédiatement ce gaspillage ridicule de l’argent des contribuables. »

À part la mise en danger de la vie sauvage, d’espèces menacées et de terres publiques, le mur à la frontière US/Mexique fait partie d’une stratégie continue de militarisation de la frontière qui porte atteinte aux droits humains, aux libertés civiles, aux terres Autochtones, aux commerces locaux et aux relations internationales. Le mur-frontière fait obstacle aux migrations naturelles de gens et de la vie sauvage essentielles pour une diversité saine.

Des containers à la frontière Arizona-Mexique dans la Forêt Nationale de Coronado. Photo Centre pour la diversité biologique, peut être utilisée par les médias.

Le Centre pour la Diversité Biologique est une organisation nationale à but non-lucratif, qui compte 1,7 million de membres et d’activistes en ligne, voués à la protection des espèces menacées et des lieux sauvages.



Jean Roach,
Paris, CICP
15 octobre 2022
Enregistrement et traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
In English

Le 15 octobre, la veille de la 42ème Journée de Solidarité du CSIA, Mitch Walking Elk a donné un concert au CICP, et d’autres invitées se sont adressées au public avant le concert. Jean Roach – témoin à 14 ans de ce terrible jour de juin 1975, où deux agents du FBI en civil ont été tués au cours d’une fusillade, qui a conduit à la condamnation à vie de Leonard Peltier, prouvé innocent – raconte la vraie histoire de ce drame.
(Voir vidéo en bas de l’article)

Christine Prat

« Maintenant, Leonard est en prison depuis 47 ans. Et nous tentons toutes les voies possibles pour que le Président Biden lui accorde la clémence. Tout le monde nous demande ce que nous voudrions que les gens fassent. Ce que nous demandons, c’est que tous, que vous soyez une personne, une organisation ou un membre d’un gouvernement, écriviez des lettres de soutien demandant au Président Biden d’accorder la clémence de l’exécutif.

« Et maintenant, parlons de cette époque, de 1975, quand j’avais 14 ans et que nous avons été attaqués par le FBI. C’était la période après Wounded Knee, 1973, quand l’AIM [American Indian Movement] avait repris Wounded Knee. Nous l’appelons le règne de la terreur, au cours duquel plus de 60 personnes ont été tuées, dans la Réserve Indienne de Pine Ridge. Quiconque était associé à l’AIM était une cible pour le gouvernement tribal corrompu, qui avait des milices GOON, qui attaquaient l’AIM ou les gens qui effectuaient des cérémonies. Il ne voulait rien avoir à faire avec les gens traditionnels, le Président tribal.

« Grand-maman et Grand-papa Jumping Bull avaient demandé à Leonard Peltier et d’autres membres de l’AIM d’aider à les protéger, vu qu’ils tentaient de s’éloigner du gouvernement tribal et de la communauté Oglala.

« Ce que nous faisions essentiellement, c’était d’aider une communauté. Nous aménagions des jardins, pour aider Grand-maman et Grand-papa. Ils venaient juste de célébrer leur 50ème Anniversaire de mariage. Et pour tout ce dont ils avaient besoin, nous étions là. Et Leonard et les autres étaient là pour protéger. Parce que nous étions toujours des cibles.

« Le jour où le FBI est venu dans notre camp, nous ne savions pas qui ils étaient. Ils sont arrivés dans des voitures banalisées et ne portaient pas d’uniformes, donc nous ne pouvions pas savoir qui ils étaient. S’ils étaient de la milice GOON ou autre. Et Leonard Peltier, Dino Butler, Bob Robideau et les autres nous protégeaient. Ils nous ont sauvé la vie. Alors, nous avons perdu notre frère Joe Stuntz, au moment où les agents du FBI étaient tués. Et Leonard Peltier, Dino Butler, Bob Robideau et un autre homme furent accusés des meurtres des agents du FBI. Ils se livrèrent à des fouilles illégales, entrèrent de force chez les gens, recherchant des gens qui s’étaient échappés, c’est-à-dire nous, principalement, et nous avions tous moins de 18 ans, la majorité légale là-bas.

« Alors, Dino Butler et Bob Robideau passèrent au tribunal, où ils furent acquittés pour légitime défense, vu que le FBI avait attaqué notre camp. Personne n’a été condamné, à part Leonard Peltier, qui était au Canada à ce moment-là, et risquait l’extradition.

« Le gouvernement des Etats-Unis a à nouveau violé la loi. Le gouvernement canadien exigeait un témoin oculaire avant de décider d’extrader. Ils menacèrent une Lakota, du nom de Myrtle Poor Bear. Ils l’ont menacée de mort et de lui enlever ses enfants si elle ne signait pas trois affidavits utilisés au Canada. Quand nous avons entendu parler de Myrtle Poor Bear, c’était vraiment triste, parce qu’elle avait été menacée comme ça. Le plus triste était que personne ne savait qui elle était. Elle n’avait aucun lien avec Leonard et elle prétendait être sa petite amie, mais elle avait été menacée et malmenée au Canada.

« Quand est venu le temps qu’il passe en jugement, il n’est pas passé devant le même tribunal que Dino et Bob, qui y avaient été acquittés. Ils se sont arrangés pour l’envoyer dans le Dakota du Nord, à un juge connu comme raciste.

« Ce que je veux dire, c’est qu’ils ont menti immédiatement et ont continué depuis 47 ans, ceux du gouvernement des Etats-Unis. Ils ont violé les droits humains, les droits constitutionnels et les droits selon les traités. Tout cela parce qu’ils voulaient que quelqu’un paie et voulaient se venger.

« Il y a quatre semaines, tout le parti Démocrate des Etats-Unis a unanimement voté une résolution pour soutenir la libération de Leonard Peltier. Nous avons reçu plusieurs lettres de soutien, entretemps, et ça ne semble pas plaire au gouvernement des Etats-Unis. Nous espérons que les pays européens pourront faire pression sur Biden. Parce qu’il se présente, les Etats-Unis se présentent, comme les leaders des droits humains.

« Quand le COVID est arrivé, le gouvernement des Etats-Unis a traité les tribus, les Autochtones, différemment. Quand Leonard a contracté le COVID en prison, nous avions peur, étant donné qu’il a tellement de problèmes de santé. Il a 78 ans. Et quand il a été mis en quarantaine, il n’a pas été placé dans une unité médicale, malgré tous ses problèmes de santé, ils l’ont juste mis dans une cellule d’isolement et ne lui ont même pas donné d’eau. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons essayé de lui trouver des soins médicaux, mais le système de la prison n’a jamais répondu aux gens qui ont le droit de demander une mise à jour ou au moins un rendez-vous médical pour voir dans quel état il est.

« Mais la chose que nous avons toujours dit – nous sommes allés aux Nations Unies à Genève – et tout ce que nous demandons est que le gouvernement des Etats-Unis dise la vérité, c’est tout. Nous ne voulons pas de traitement de faveur, nous voulons seulement qu’ils disent la vérité. C’est très simple.

« Il y aurait beaucoup plus à dire, je pourrais parler indéfiniment. »



JEAN ROACH TELLS ABOUT THE EVENTS SHE WITNESSED WHEN SHE WAS 14, EVENTS THAT LED TO LEONARD PELTIER’S LIFELONG SENTENCE

By Jean Roach
Paris, CICP,
October 15, 2022
Also published on Censored News
Recording and transcript Christine Prat, CSIA-Nitassinan
(See video below)
En français

The evening before CSIA-Nitassinan 42nd Day of Solidarity, Mitch Walking Elk sung at the CICP (International Center for Popular Cultures) and other guests addressed the audience before the show. Jean Roach told the story of that terrible day, in June 1975, when two FBI agents undercover were killed during a shoo-tout, which led to Leonard Peltier being sentenced for the murders, although he has long been proven innocent.

Christine Prat

“Right now, Leonard has been in prison for 47 years. And we are trying all avenues to have President Biden grant him his clemency. Everybody asks us what we would like people to do. What we’re asking is everybody, if you are a person, an organization or a government official, to write letters of support urging President Biden to grant executive clemency.

“And now let’s talk about the time period of 1975, when I was 14-years-old and we were attacked by the FBI. The time period was after Wounded Knee 1973, when the American Indian Movement took over Wounded Knee. We call it the reign of terror, when over 60 people were killed on the Pine Ridge Indian Reservation. Anybody who was associated with the American Indian Movement were targets of the corrupt tribal government who had squads that would attack the American Indian Movement or people who were having ceremonies. He wouldn’t like to have anything to do with traditional people, the Chairman.

“The grandma and grandpa Jumping Bull asked Leonard Peltier and other AIM members to help protect them, as they made a move to pull away from the tribal government and the community Oglala.
“What we were doing there was basically helping a community. We were building gardens, helping the grandpa and grandma. They were just celebrating their 50th anniversary. And whatever they needed done, we were there. And Leonard and the other guys were there for protection. Because we were always a target.

“On the day when the FBI came to our camp, we didn’t know who they were. They came in unmarked cars and they weren’t wearing uniforms, so we couldn’t tell who they were. If they were the GOON squads or who they were. So, Leonard Peltier, Dino Butler, Bob Robideau and the others protected us. They saved our lives. There we lost our brother Joe Stuntz, the moment they killed the FBI agents. And Leonard Peltier, Dino Butler and Bob Robideau and another man were charged for the murders of the FBI. They did illegal searches and they broke into the people’s home looking for the people that escaped, who were mostly us and we were all under the age of 18, the majority there.

“So, Dino Butler and Bob Robideau went to court where they were acquitted on the basis of self-defense, for the FBI attacked our camp. No one was charged except for Leonard Peltier, who was in Canada and by then was facing extradition.

“Again, the United States government broke the law. The Canadian government wanted an eyewitness before they would extradite. They threatened a Lakota woman by the name of Myrtle Poor Bear. They threatened her with death and taking her kids away if she didn’t sign 3 affidavits that they used in Canada. When we heard about Myrtle Poor Bear, it was really sad because she was threatened like that. The saddest part is that nobody knew who she was. She had no connection to Leonard and she claimed to be his girlfriend, but she was used and abused in Canada.

“So, when it came time for his court trial, he didn’t go to the same court as Dino and Bob, where they were acquitted. They made sure that they sent him to North Dakota to a known racist judge.
“My point is that immediately they lied and they have been doing so for 47 years, the United States government. They’ve been breaking the human rights, the constitutional rights and treaty rights. All because they want one person to pay for it and they want revenge.

“Four weeks ago, we got the whole Democratic party of the United States unanimously pass a resolution in support of Leonard Peltier’s release. We had several support letters over time, and it doesn’t seem to please the United States government. We’re hoping that the European countries will be able to put pressure on Biden. Because he represents himself, or the United States represent themselves, as human rights leaders.

“When COVID came, the United States government treated the tribes, Indigenous people differently. When Leonard caught COVID inside the prison, we were scared because he had so many health problems. He is 78-years-old. Again, when he was quarantined, he didn’t go to a medical unit, despite of all his health issues, they just put him in solitary cell and they didn’t even give him water. Until today, we have been trying to get medical care, but the prison system wouldn’t answer to the people that have the right to ask for his medical update or at least a medical appointment to see in what shape is body seems.

“But one of the things that we always say, we have been to the United Nations in Geneva and all we ask is for the United States government to tell the truth, that’s all. We don’t want special treatment, we just want them to tell the truth. It’s really simple. There is a lot more, you know, I can talk forever.”



Les Utes de White Mesa, en Utah, s’opposent depuis longtemps à une usine de traitement d’uranium proche de leur Réserve. En 2017, j’avais rencontré Yolanda Badback, qui avait expliqué quelles étaient les conséquences désastreuses de la radioactivité sur les membres de la tribu, cancers, malformations congénitales, etc. Elle suppliait les autorités de ne pas renouveler le permis de l’usine. Hélas, en février 2018, le permis a été renouvelé. Vous trouverez en bas de cet article la vidéo de l’interview de Yolanda, sous-titrée en français.
Christine Prat

RASSEMBLEMENT, MANIFESTATION ET MARCHE SPIRITUELLE LE 22 OCTOBRE 2022

Par Brenda Norrell
Censored News
11 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Les Utes de White Mesa, au sud-est de l’Utah, protesterons contre l’usine de traitement d’uranium de White Mesa au cours d’une marche spirituelle pour les protéger. Luttant pour protéger leurs sites sacrés et leur territoire, les Utes de White Mesa s’oppose à l’usine qui met leur communauté en danger, et à ce qu’elle devienne un site de décharge international pour des déchets radioactifs.

Les Utes de White Mesa s’inquiètent pour la santé, l’eau, l’air, la terre et la culture de leur communauté et accueilleront ceux qui voudront se joindre à eux, samedi 22 octobre 2022, à 11h du matin, heure locale, pour leur rassemblement. Le rassemblement sera suivi d’une marche spirituelle de protestation jusqu’à l’usine de traitement d’uranium de White Mesa.

Yolanda Badback, de la Communauté Concernée de White Mesa, dit « Ils amènent des déchets toxiques, des déchets radioactifs d’un peu partout aux Etats-Unis à l’usine de White Mesa. Dans le passé, il y a eu des fuites. »

« Je peux sentir l’usine de ma maison, quand elle tourne. Nous sommes la communauté la plus proche. S’il y a une fuite ou un accident, ce sont nos enfants qui prennent le bus scolaire sur ces routes tous les matins [qui seront touchés]. C’est pourquoi nous résistons et disons : ‘Assez. Nous voulons préserver la sécurité de nos foyers et de nos enfants.’ »

Thelma Whiskers, de la Communauté Concernée de White Mesa, veut que son territoire soit protégé pour les générations futures.

« Ici, dans notre réserve de White Mesa, je suis inquiète à cause de l’usine. Nous ne sommes qu’une petite communauté d’environ 300 personnes. »

« Samedi est un jour que je passerai avec ma famille, mes enfants et petits-enfants. S’il vous plait, venez marcher avec nous et défendre de l’air et de l’eau purs pour nos enfants et petits-enfants, ici dans notre communauté de Utes de Ute Mountain. »

L’usine appartient à une corporation canadienne, et contribue à l’exploitation de mines dangereuses et à la décharge de déchets radioactifs venant du monde entier, par des compagnies domiciliées au Canada.

L’usine appartient à l’entreprise de Toronto Energy Fuels. Elle se trouve sur l’autoroute 191 entre Blanding et le territoire de la Nation Ute de Ute Mountain, sur White Mesa.

Cette année, un nouveau rapport a révélé que l’usine de traitement d’uranium au sud-est de l’Utah, agit comme décharge irrégulière de déchets radioactifs. Des membres de la tribu et des écologistes appellent à changer la manière dont elle est dirigée, selon KUER Radio.

L’usine de White Mesa, qui est juste au sud de Blanding, produit et recycle de l’uranium. Le rapport publié par le Grand Canyon Trust, dit que les déchets radioactifs d’activités industrielles et militaires y sont envoyés. Seulement une petite quantité d’uranium est extraite des déchets, selon le rapport, et le surplus reste à l’usine.

« Tim Peterson, directeur des paysages culturels du Grand Canyon Trust, dit que plus de 300 millions de kilos de déchets ont été enterrés sur le site. »

« C’est meilleur marché pour les pollueurs d’envoyer leurs déchets à l’usine qu’à un site licencié pour les déchets faiblement radioactifs » dit-il lors d’une conférence de presse.

« La conclusion du rapport et notre recommandation est que si l’usine veut fonctionner comme affaire de récupération des déchets radioactifs, est qu’elle devrait le faire légalement. »

L’usine – proche des limites du Monument National de Bears Ears – a ouvert dans les années 1980 et était alors supposée fonctionner pour seulement 15 ans, mais elle est restée ouverte à cause de ce changement d’activités.

Rassemblement, Manifestation et Marche de la Communauté Concernée de White Mesa
https://protectwhitemesa.org/https://protectwhitemesa.org/

Contact : Yolanda Badback, Communauté Concernée de White Mesa, ybadback427@gmail.com
Bradley Angel, Greenaction for Health & Environmental Justice bradley@greenaction.org

Rassemblement annuel, manifestation et marche spirituelle pour protéger la santé, l’eau, l’air, la terre, la culture et les sites sacrés de la communauté Ute de White Mesa d’une usine d’uranium proche et s’opposer à ce que l’usine devienne une décharge internationale pour des déchets radioactifs du monde entier. La manifestation et la marche sont parrainées par la Communauté Concernée de White Mesa et la Tribu Ute de Ute Mountain. Tous les soutiens sont les bienvenus.
Samedi 22 octobre 2022 à 11h du matin, heure locale.
[…]
Les citoyens de la communauté Ute de Ute Mountain de White Mesa et la Tribu Ute de Ute Mountain s’inquiètent de la contamination d’une usine de traitement d’uranium proche et de la profanation de sites sacrés et de ressources culturelles.

La Communauté Concernée de White Mesa est un groupe de base de citoyens concernés, de la communauté Ute de Ute Mountain de White Mesa, Utah, située au sud de l’usine d’uranium de White Mesa. Nous travaillons pour informer nos concitoyens et protéger notre communauté, la santé, l’eau, l’air, la terre, la culture et les sites sacrés d’une contamination toxique.

Le Rassemblement et la Marche Spirituelle de 2022 sont co-sponsorisés par la Coalition Intertribale de Bears Ears, l’Action Verte pour la Santé et la Justice Environnementale, Uranium Watch, Indigenous Environmental Network, Grand Canyon Trust, l’Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sain, l’Alliance pour la Vie Sauvage du Sud de l’Utah [Southern Utah Wilderness Alliance], Rivières Vivantes [Living Rivers], HEAL Utah, Protecteurs de l’Air SLC [SLC Air Protectors], Chapitre de l’Utah du Sierra Club, Great Old Broads for Wilderness, National Parks Conservation Association, PANDOS.

Interview de Yolanda Badback, sous-titrée en français, septembre 2017:


Geronimo et des guerriers au Mexique, 1886

LA NOUVELLE GOUVERNEURE DU NOUVEAU-MEXIQUE ABROGE QUATRE PROCLAMATIONS GÉNOCIDAIRES D’ANCIENS GOUVERNEURS DE LA FIN DU XIXÈME SIÈCLE

Par Brenda Norrell
Censored News
11 octobre 2022
Español
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

SANTA FE, Nouveau-Mexique – La Gouverneure du Nouveau-Mexique Michelle Lujan Grisham a abrogé des ordres de gouverneurs des années 1800, qui visaient les Navajos et les Apaches pour être chassés et assassinés par la milice.

La mesure de la gouverneure est le résultat d’une longue recherche par l’historienne de Santa Fe Valerie Rangel, qui a documenté le génocide et a appelé la gouverneure à agir.

Les ordres infâmes et racistes du Gouverneur Calhoun, dans ses proclamations de 1851, demandaient d’exclure les résidents Autochtones des recensements officiels et d’autoriser les milices à « poursuivre et attaquer » les Autochtones du Nouveau-Mexique.

Les proclamations de 1869, publiées par les Gouverneurs Mitchell et Pile, déclaraient les Apaches et les Navajos « hors-la-loi » et autorisaient les résidents du Nouveau-Mexique à utiliser la violence contre eux, et même à les assassiner.

Au cours de sa recherche, l’historienne de Santa Fe Valerie Rangel a trouvé des récompenses pour des ‘scalps’ et des annonces dans des journaux au-delà du Nouveau-Mexique offrant des récompenses.

Dans sa lettre poignante à la gouverneure, V. Rangel fournit des éléments de recherche qui révèlent le génocide – tandis que les Navajos, les Apaches et les Pueblos luttaient pour survivre.

Dans sa lettre, V. Rangel fournit des documents sur l’emprisonnement de Navajos et d’Apaches à Bosque Redondo et les récompenses sur leurs vies.

Elle déclare que pendant le massacre du Camp Grant, le 30 avril 1871, les troupes des Etats-Unis ont tué et mutilé 144 Apaches, et scalpé presque toutes les femmes. Vingt-neuf enfants furent capturés et vendus comme esclaves au Mexique.

« Au milieu des années 1880, la Commission du Comté de Grant, située à Silver City, déclara une récompense de 250 dollars par scalp Apache. Des Ranchers près de Las Cruces offrirent une récompense privée de 500 dollars pour le scalp de Geronimo. »

« En 1909, le journal du Comté de Sierra publia les procédures du Commissionnaire qui déclaraient que 35 individus avaient reçu un total de 707 dollars de récompense pour des scalps, » dit V. Rangel dans sa lettre.

V. Rangel souligne que les Autochtones du Nouveau-Mexique ont lutté pour survivre aux colonisateurs violents et meurtriers de trois pays : l’Espagne, le Mexique et les Etats-Unis.

Le Diné Earl Tulley Remercie V. Rangel et la Gouverneure

« L’auteure de la lettre demandant à la Gouverneure du Nouveau-Mexique d’abroger des proclamations vieilles d’un siècle a des racines Apache et Navajo » dit Earl Tulley à Censored News.

« Merci à Valerie Rangel d’avoir eu le courage d’écrire sur un crime, et merci à la Gouverneure Michelle Lujan Grisham pour avoir appliqué un Ordre Exécutif » dit Earl Tulley.

« C’est à présent le bon moment pour réagir et parler des actes et des paroles. »

« Je suis fier des racines de mon géniteur, également fier de la branche matriarcale, enchanté d’être témoin de la diversité actuelle de nos familles à cinq doigts. »

Soulignant que le Navajo est Matriarche, Tulley dit « Pour moi, la branche matriarcale aurait des feuilles de diverses couleurs. Notre famille n’a pas la couleur du chocolat, notre clan est biracial et biculturel, nous sommes mélangés. »

Les Racines du Nouveau-Mexique pour abroger les Ordres Génocidaires ont commencé à Sand Creek

La Gouverneure Michelle Lujan Grisham a annoncé qu’elle signé l’ordre exécutif d’abrogation des proclamations du XIXème siècle d’anciens gouverneurs du territoire, le Jour des Peuples Autochtones, lundi.

Les actes devant abroger ces proclamations au Nouveau-Mexique ont commencé quand le Gouverneur du Colorado Jared Polis abrogea en 2021 un ordre de 1864, d’un des gouverneurs territoriaux de l’état, qui conduisit finalement au Massacre de Sand Creek.

Selon Associated Press, les troupes des Etats-Unis ont tué plus de 200 Autochtones au cours d’un des moments historiques les plus sombres du Colorado.

Les recherches de Valerie Rangel l’ont menée à un livre de coupures de presse à la Bibliothèque Huntington, en Californie, qui comprend la collection la plus complète des proclamations territoriales du Nouveau-Mexique.

« J’ai commencé par voir l’histoire autour des proclamations – y avait-il un effet, avaient-elles vraiment incité à la haine ? » dit V. Rangel, qui a des racines Apaches et Navajos entre autres.

Au cours de sa recherche, elle a trouvé plusieurs récompenses pour avoir scalpé, certains comtés allant jusqu’à payer des publicités dans les journaux dans des états au-delà du Nouveau-Mexique, pour solliciter les efforts des gens. Le Nouveau-Mexique est devenu un état des Etats-Unis en janvier 1912.

V. Rangel a montré ce qu’elle avait trouvé avec des officiels tribaux et de l’état. Elle fait partie de ceux qui poussent à inclure cette partie de l’histoire dans les programmes scolaires.

« J’aimerais qu’il y ait plus de communication avec les tribus et qu’elles soient la source de l’histoire qui est enseignée » dit-elle.

La Gouverneure Pojoaque Exprime sa Gratitude pour l’Abrogation des Proclamations

La Gouverneure Pueblo Pojoaque Jenelle Roybal dit « C’est encourageant de voir que nous pouvons nous réunir et guérir en respectant les histoires tribales, le Jour des Peuples Autochtones, et je suis reconnaissante à la Gouverneure Lujan Grisham pour avoir abrogé ces proclamations. »

« Pour mon peuple, ce jour, T’owa-ví Thaa Day dans la langue Tewa, consiste à nous souvenir de notre histoire et de nos ancêtres – ceux qui étaient là les premiers. J’encourage tous les Nouveau-Mexicains et tous les citoyens des Nations, Tribus et Pueblos de réfléchir aux valeurs, aux langues et à la culture que nous célébrons aujourd’hui. »

Les ordres d’Anciens Gouverneurs du Nouveau-Mexique Abrogés

12 mars 1851, proclamation du Gouverneur James S. Calhoun
18 mars 1851 proclamation du Gouverneur James S. Calhoun
2 août 1969, proclamation du Gouverneur Robert B. Mitchell
8 septembre 1869, proclamation du Gouverneur William A. Pile

La Gouverneure Lujan Grisham dit que les proclamations de 1851 du Gouverneur Calhoun ordonnaient que les résidents Autochtones soient exclus des recensements officiels et autorisaient les milices à « poursuivre et attaquer » les Nouveau-Mexicains Autochtones.

Les proclamations de 1869, des Gouverneurs Mitchell et Pile déclaraient que certaines nations Tribales étaient « hors-la-loi » et autorisaient les résidents du Nouveau-Mexique à commettre des actes de violence contre les citoyens Tribaux.

La Gouverneure Lujan Grisham dit qu’on ne trouvait aucune trace d’abrogation de ces proclamations par des gouverneurs précédents. Alors que des proclamations sont adoptées selon le bon vouloir des gouverneurs, il leur faut un ordre exécutif pour les abroger.

Nous ne pouvons jamais récrire l’histoire ni défaire les injustices du passé, » dit la Gouverneure Lujan Grisham. « Mais nous pouvons travailler ensemble pour guérir les vieilles blessures et construire des liens plus forts entre nous. À cette fin, j’ai abrogé aujourd’hui quatre proclamations officielles fameuses de mes prédécesseurs.
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Lettre d’une historienne de Santa Fe à la Gouverneure

Gouverneure Michelle Lujan Grisham

Requête pour Abroger des Proclamations de la Période Territoriale

Chère Gouverneure Lujan Grisham,

Je suis fière de servir en tant que quatrième historienne de la Ville de Santa Fe à un moment où la Vérité est reconnue. Cette lettre a pour but de soulever une question de justice sociale qui a été cachée, et que j’ai découverte dans les archives de notre passé (Voir ci-joint le PDF des proclamations de la Période Territoriale).

Il n’est pas facile de mettre en lumière des aspects de notre sombre histoire, mais nous le faisons dans l’intention d’établir la Confiance par un dialogue honnête. La Réconciliation est le processus par lequel des groupes en conflit acceptent de réparer, mais aussi de reconnaitre les torts qui ont eu lieu. Si notre quête de Vérité et de Réconciliation est vraiment équitable, nous devons admettre le pouvoir des dynamiques qui n’ont pas affirmé la propriété Autochtone de la terre, réduit au silence certaines connaissance, certaines langues, et des expressions d’expériences vécues.

Notre sagesse collective a le pouvoir de transformer notre société, de forger des lois et des politiques sociales, et de servir de guide aux générations futures.

La proclamation du Président Biden de 2021 d’une Jour des Peuples Autochtones déclare : « Nous ne devons jamais oublier des siècles d’une campagne de violence, de déportation, d’assimilation et de terreur dont ont été victimes les communautés Autochtones et la Nations Tribales dans tout le pays. Aujourd’hui, nous reconnaissons les sacrifices énormes faits par les peuples Autochtones de ce pays et nous reconnaissons leurs nombreuses contributions, toujours actuelles, à notre Nation. »

Depuis 2016, la Ville de Santa Fe a réservé le Jour des Peuples Autochtones comme journée pour honorer et soutenir ses citoyens Amérindiens de 47 chapitres Navajo, 19 Pueblos au Nouveau-Mexique, la Tribu Apache de Fort Sill, la Nation Apache Jicarilla et la Tribu Apache Mescalero, et ses citoyens Autochtones des villes. La Ville attache beaucoup de prix aux arts Amérindiens, et aux institutions culturelles et d’éducation, qui donnent à la ville un sens du lieu si fort.

Depuis l’arrivée des Espagnols en 1540, les colonisateurs ont imposé des changements radicaux à la terre et aux modes de vie qui existaient depuis des milliers d’années, et ont commis d’innombrables injustices, que les Autochtones ont combattues pour protéger leurs terres, leurs sites sacrés et obtenir des droits souverains.

Prenez le temps de reconnaitre la force de ces communautés qui ont surmonté trois forces coloniales : l’Espagne, le Mexique et les Etats-Unis, qui menaçaient de détruire les modes de vie traditionnels, les traditions culturelles, les langues, les cérémonies, le savoir écologique et la religion.

Le Nouveau-Mexique est entré dans un processus de révision de son histoire à cause d’incidents répétés de vandalisme de statues Onate, de monuments controversés, d’enterrements autour des Ecoles Indiennes, et plus récemment de changement de nom de lieux fédéraux comportant des termes méprisants.

Selon le Traité de Guadalupe Hidalgo, signé en 1848, « la propriété de toute sorte appartenant maintenant à des Mexicains non établis là-bas sera respectée et inviolable. » Selon le traité, tout résident du Nouveau-Mexique était placé sous la loi Mexicaine. Ceux qui choisissaient de rester dans les nouvelles frontières des Etats-Unis auraient leur droit à la terre et la propriété. Le traité reconnaissait aussi des concessions de terre pueblo qui avaient été donnés par l’empire espagnol, et qui avaient été respectées sous le gouvernement mexicain.

Le 12 mars 1851, le Gouverneur Territorial du Nouveau-Mexique, James S. Calhoun, introduisit une proclamation qui appelait à un recensement exact de tous les habitants (sauf les Indiens). Nous savons maintenant que, malgré la proclamation du Gouverneur Calhoun, chaque résident aurait dû être compté dans le recensement de 1851 comme citoyen du Nouveau-Mexique, y compris les Indiens. Ce n’est qu’en 1924 que la Loi de Citoyenneté Indienne, signée par Calvin Coolidge, autorisa les Amérindiens à voter au Nouveau-Mexique.

Le 18 mars 1851, le Gouverneur Calhoun fit une seconde proclamation qui « autorisait l’attaque de toute tribu d’Indiens hostiles qui auraient pu pénétrer dans les colonies pour les piller et les dégrader… et ordonna aux résidents de s’emparer de la propriété de toute tribu d’Indiens hostile ».

Une proclamation similaire fut faite par le Gouverneur Mitchell, datée du 2 août 1869 et de septembre 1869, qui déclarait les tribus Indiennes Navajo et Apache Gila comme « hors-la-loi » et autorisait les citoyens à tuer leurs ennemis et prendre leur propriété.

Ces proclamations ont probablement incité à des crimes de haine et punissaient deux groupes ethniques entiers, pour des actions attribuées à quelques-uns. Dans les livres d’histoire que j’ai lu en grandissant, les Apaches étaient décrits comme des « Indiens hostiles » et « des sauvages assoiffés de sang qui scalpaient leurs ennemis ».

Déranger les morts est un tabou culturel pour les Navajos et les Apaches et aucune des tribus ne pratiquait le scalp [NdT – La pratique avait été introduite par les Anglais au début du XVIIème siècle. On ne sait pas si certaines tribus l’ont fait aussi par vengeance, mais en tous cas, les Navajos et les Apaches trouvaient cela répugnant et ne l’ont jamais fait]. À partir de 1835, le gouvernement mexicain de Sonora mit une récompense sur les Apaches, payant 100 pesos pour chaque scalp d’un mâle de 14 ans ou plus.

« Des Navajos ont essayé d’attaquer les soldats, de voler leurs chevaux, des Navajos ont été capturés, fait prisonniers, il y avait une squaw parmi eux, peut-être une espionne, des femmes, certaines tuées, des pertes, certaines ont été scalpées, et des moutons, du bétail, récupéré. Un officier commenta que les Navajos ne scalpaient pas leurs ennemis, mais que c’était une pratique tolérée dans les troupes Fédérales. »

D’après le journal de la Campagne Navajo de Christopher Carson, première partie

Bien que la Proclamation d’Emancipation soit publiée le 1er janvier 1863, le massacre du Camp Grant, le 30 avril 1871, est un exemple du traitement brutal qui conduisit à la perte de vies et à des actions punitives infondées. Au cours de cette attaque conduite par des troupes U.S., 144 Apaches furent tués et mutilés, presque tous scalpés. » Selon des sources historiques, vingt-neuf enfants ont été capturés et vendus comme esclaves au Mexique.

Au milieu des années 1880, la Commission du Comté de Grant, située à Silver City, annonçait une récompense de 250 dollars par scalp Apache. Des Ranchers près de Las Cruces offrirent une récompense privée de 500 dollars pour le scalp de Geronimo.

En 1909, le journal du Comté de Sierra publia les rapports du Commissaire, qui déclarait que 35 individus avaient reçu un total de 707 dollars de récompense pour des scalps.

Des soldats de l’Union de la Guerre Civile ont eu l’instruction d’utiliser la force militaire et une politique de terre brûlée, qui brûla des maisons, des champs et des vergers des Diné – en une tentative de les affamer pour les soumettre. 500 Apaches Mescalero, une tribu migrante de chasseurs-cueilleurs depuis de milliers d’années, furent fait prisonniers dans un camp d’internement à Fort Sumner [Bosque Redondo]. De 1863 à 1868, 8000 Navajos y furent aussi retenus de force. Durant l’internement à Bosque Redondo, les Navajos comme les Apaches furent empêchés de pratique des cérémonies, de chanter leurs chants, ou de prier, et forcés de devenir des fermiers sédentaires – c’était un génocide culturel.  [NdT – Pas seulement : l’eau de Bosque Redondo était inutilisable pour l’agriculture et rendait malade ceux qui en buvaient. Ils étaient donc en train de mourir de faim, pas de devenir des fermiers].

Bosque Redondo et les politiques autour de l’ « élimination des Indiens » est un exemple de racisme environnemental et donne le contexte pour les schémas et les pratiques d’utilisation des terres qui déplaceraient les Autochtones de leurs territoires d’origine et de leur sites sacrés. Les pratiques de déportation, d’éradication et d’assimilation forcées créèrent une crise sanitaire majeure, comme la famine, les maladies infectieuses, le logement inadéquat, les mauvais traitements, ainsi qu’une perte de vies considérable aux mais des militaires. Dans les tribus, ont se souvient de ces expériences qui y résonnent toujours, elles sont la source d’un profond traumatisme intergénérationnel et d’une défiance vis-à-vis du gouvernement fédéral aujourd’hui.

Le processus de Vérité et Réconciliation dans lequel s’embarque la Ville de Santa Fe exige la reconnaissance d’une dure vérité, un travail concerté vers la réconciliation et la paix. Le fait d’abroger les proclamations territoriales mentionnées plus haut serait un pas vers la réconciliation avec les communautés tribales qui se souviennent et encore de profondes cicatrices causées par la lutte et les sacrifices de cette période. Et il faut aussi reconnaitre le traumatisme historique qui persiste suite à des siècles de politiques d’éradication, d’assimilation, d’oppression, de déportation et d’élimination.

Cette lettre a pour but de demander à la Gouverneure Michelle Lujan Grisham d’abroger les proclamations suivantes, faites par des Gouverneurs du Nouveau-Mexique pendant la période Territoriale :

Le 12 mars 1851, le Gouverneur James S. Calhoun, introduisit une proclamation qui appelait à un recensement exact de tous les habitants (sauf les Indiens)

Le 18 mars 1851, le Gouverneur Calhoun fit une seconde proclamation qui « autorisait l’attaque de toute tribu d’Indiens hostiles qui auraient pu pénétrer dans les colonies pour les piller et les dégrader… et ordonna aux résidents de s’emparer de la propriété de toute tribu d’Indiens hostile »

La proclamation du Gouverneur Mitchell, datée du 2 août 1869 et de septembre 1869, qui déclarait les tribus Indiennes Navajo et Apache Gila comme « hors-la-loi » et autorisait les citoyens à tuer leurs ennemis et prendre leur propriété.

Au service de la Ville de Santa Fe et du futur du Nouveau-Mexique,

Valerie Rangel

Historienne de la Ville de Santa Fe, IV
valerierangel.com
http://www.santafenm.gov/city_historian


Les Autochtones du Nevada ont souffert du nucléaire depuis des décennies. D’abord, les tests de bombes atomiques, qui ont eu lieu de 1951 à 1992, faisant de la Nation Shoshone, majoritaire dans la région, la Nation la plus bombardée au monde. Depuis 1987, les autorités des Etats-Unis ont essayé de créer un site d’enfouissement profond (type Bure) des déchets les plus radioactifs des USA à proximité du site de tests de bombes atomiques. Depuis 1994, les Shoshone luttent contre ce projet.

Christine Prat


Native Community Action Council [Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone] P.O. Box 46301, Las Vegas, NV 89114 21 septembre 2022 Contact : Ian Zabarte

Le Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone (NCAC) ne prend pas position dans la plainte déposée par le Nevada à la Commission de Régulation Nucléaire (NRC – Nuclear Regulatory Commission) pour redémarrer le processus de Yucca Mountain. En tant que partie représentée au Conseil d’Agrément de Sécurité Atomique pour la NRC, le NCAC n’a fait qu’une objection de propriété, une exigence du 10 CFR 60.121, pour protéger la Nation d’Indiens Shoshone et les habitants. Yucca Mountain est à l’intérieur des territoires des Bandes Occidentales de la Nation d’Indiens Shoshone, définis par le Traité de Ruby Valley de 1863 (Consolidated Treaty Series 127-1863).

Le membre du NCAC Joe Kennedy a déclaré, « Arrêter [le projet] Yucca Mountain est ce qu’il faut faire pour protéger les Shoshone de l’Ouest, tous les habitants et la vie autour de Yucca Mountain du risque de radiations posé par des déchets nucléaires hautement radioactifs. »

En 1987, le Congrès des Etats-Unis a trouvé que Yucca Mountain était le seul site pouvant être caractérisé comme site géologique d’enfouissement profond de déchets nucléaires hautement radioactifs. Les Bandes Occidentales de la Nation d’Indiens Shoshone ont résisté aux actions coordonnées dirigées par le Département de l’Energie, le Bureau d’Aménagement du Territoire, l’Agence de Protection de l’Environnement, le Département des Transports, et l’agence d’agrément de permis, la NRC, pour infliger des conditions dangereuses au peuple Shoshone, évidentes pour des matériaux radioactifs.

Selon Ian Zabarte, Secrétaire du Conseil pour l’Action de la Communauté Autochtone, « la propriété n’est pas une chose. C’est une relation entre des gens par rapport aux choses. Les droits de propriété Shoshone à Yucca Mountain sont protégés par le traité et l’Article 6 de la Constitution des Etats-Unis. Le titre des Shoshone de l’Ouest n’est pas aboli.»

Le Nevada veut mettre un terme aux projets fédéraux ratés de décharge de déchets nucléaires 20 septembre 2022

Ce jour, le Gouverneur du Nevada Steve Sisolak et l’Agence du Nevada pour les Projets Nucléaires ont annoncé la déposition d’une nouvelle motion légale pour mettre un terme aux projets fédéraux de construire une décharge pour les déchets les plus radioactifs du pays à Yucca Mountain, à 100 km* au nord-ouest des zones peuplées du Comté de Clark.

«Il est temps de prendre des leçons de l’expérience de Yucca Mountain et de les confronter à la réalité,» dit le Gouverneur Sisolak.

«Les habitants du Nevada ne veulent pas prendre part à une expérience dangereuse. Yucca Mountain ne doit pas devenir une décharge nationale pour les déchets dangereux» dit le membre du Congrès Steven Horsford (NV-04). «Il est plus que temps de conclure le débat sur Yucca Mountain et de protéger les résidents de mon district et de tout l’état.»

«Depuis des années, nous avons dû combattre pour assurer que le Nevada ne devienne pas la décharge de la nation pour les déchets nucléaires», dit la Représentante Susie Lee (NV-03).

*Yucca Mountain est à un peu plus de 100 km de l’agglomération de Las Vegas, par une petite route sinueuse. La radioactivité ne suit pas la route, mais le vent. Et à environs 70 km – toujours par la petite route sinueuse – il y a des communautés plus petites, comme à Indian Springs ou Pahrump. Le site est très proche de la frontière entre le Nevada et la Californie, et les Autochtones de l’autre côté de la limite se plaignent également des effets de la radioactivité.

La région affectée:

Le site, avec les 7 volcans actifs au pied de Yucca Mountain: