FRONTIERE US/MEXIQUE: MIGRANTS ET REFUGIES POLITIQUES BLOQUES A TIJUANA, GAZES PAR LES FLICS US

Des milliers de migrants et demandeurs d’asile sont bloqués à la frontière. Une équipe de Unicorn Riot – une asso de reporters bénévoles pour infos alternatives – est allée à la frontière, d’abord côté Etats-Unis, au sud de San Diego, le 20 novembre, puis à Tijuana, au Mexique, le 27 novembre. Voir ci-dessous versions sous-titrées en français.

Le photographe Rob Wilson était également sur place pour prendre des photos. Le 25 novembre, il a envoyé un message sur Facebook, pour alerter l’opinion: il a vu les flics US tirer des grenades et des balles en caoutchouc sur des familles, même des flics fédéraux Mexicains ont été blessés. Il a pris de nombreuses photos, et en a mis quelques-unes sur Facebook. Son message et certaines de ses photos ont été publiés sur Censored News. Il demande de partager au maximum…

Christine Prat

 

Vidéo de l’arrivée d’une caravane de réfugiés à Tijuana, par Unicorn Riot, 27 novembre 2018

 

Vidéo de la frontière, avant l’arrivée des réfugiés, au sud de San Diego, Californie, par Unicorn Riot, 20 novembre 2018

 

 

DECLARATIONS DE LEONARD PELTIER ET DU ILPDC, NOVEMBRE 2018

Publiées sur Censored News
20 novembre 2018
Traduction Christine Prat

 

 

Chers Amis et Parents,

Ça a été mouvementé, ici au Bureau National, et je vous envoie les dernières informations sur nos besoins d’aide financière. Nous avons besoin d’aide pour payer les coûts légaux de Leonard, pour son transfert et pour son affaire relevant du Premier Amendement, dans l’état de Washington. Nous estimons que nous aurons besoin de collecter 5000 dollars avant la fin de 2018. Pour ceux de ses soutiens qui ont besoin d’une déduction fiscale, nous sommes une organisation selon l’article 501c3 et nous serons heureux de vous envoyer une déclaration pour l’année fiscale 2018.

Leonard a demandé à être transféré de USP Coleman, en Floride, à FCI Oxford, Wisconsin. Ce transfert permettrait à Leonard d’être dans l’établissement fédéral le plus proche de sa famille. Ce serait à 7-8 heures de voiture au lieu des 24 heures pour aller voir Leonard à Coleman, Floride. Il a reçu un bulletin de bonne santé du docteur qui l’a opéré du cœur en septembre dernier, et il a terminé son programme à Coleman, ce qui le rend éligible pour ce transfert. Cependant, les autorités de la prison disent qu’il a un empêchement médical et ne peut être transféré pour le moment. Leonard veut faire appel auprès du système juridique de la prison. S’ils rejettent sa demande de transfert, nous irons au tribunal fédéral pour demander le transfert et nous demanderons votre soutien pour adresser des lettres dans un futur proche!

L’affaire selon le Premier Amendement, avec l’avocat Lawrence Hildes, de Bellingham, Washington {PELTIER V. SACKS, 17-5209 RBL, USDC FOR THE WESTERN DISTRICT OF WASHINGTON}, suit son cours. Un petit résumé de l’avocat Hildes: “Après avoir passé les preuves et les arguments en revue, un Juge Fédéral conservateur de Tacoma, a nullifié la Motion de rejet de l’Etat, soutenant que, à moins que l’art soit propriété du gouvernement, le droit de contrôler son message appartient à l’artiste, qu’il est anticonstitutionnel de censurer des œuvres d’art ou toute autre forme d’expression au prétexte que l’artiste/auteur est controversé, – en fait, c’est là que la protection du  Premier Amendement s’exerce le plus -, et que la publicité pour l’exposition ayant été publique, tout comme la participation de Leonard, et que le public ait été encouragé à assister à l’exposition et ses programmes de conférences ou culturels, et que, de ce fait, il s’agissait d’un forum publique avec la protection complète pour Leonard.” Nous attendons une date pour le jugement au début de l’année prochaine, et l’avocat Hildes a l’intention d’emmener Leonard à Tacoma pour le jugement. Nous vous verrons tous là-bas!

Un autre point positif est que le frère de l’AIM de Leonard, Edgar Bear Runner de Pine Ridge, lui rendra visite le premier weekend de décembre et sera de retour à Pine Ridge pour le serment de son petit-fils Julian Bear Runner, comme Président Tribal de la Nation Sioux Lakota Oglala.

Pour finir, ci-joint la déclaration de Leonard à tous ses amis, sa famille et ses soutiens pour la Journée Nationale de Deuil du 22 novembre 2018 [le même jour que ‘Thanksgiving’, et contre ‘Thanksgiving’ – Ch. P].

Merci de votre soutien à nos efforts pour LIBERER Leonard Peltier.

Paulette, Bureau National

 

 

Déclaration d’Amour et de Respect de votre frère, Leonard Peltier

Mes salutations à mes Sœurs, Frères, Anciens, Amis et Soutiens.

Et bien, ici, malheureusement, c’est encore une année de plus, et je vous écris toujours d’une cellule de prisonnier. Je souffre encore de mes maladies sans savoir si j’aurai jamais les traitements nécessaires. MAIS je suis en vie et respire encore, toujours espérant, souhaitant, priant, non seulement pour mes souffrances, mais pour toutes les Nations Autochtones et les Gens du monde entier qui se préoccupent avec des sentiments positifs de ce qui arrive à Notre Mère la Terre et contre les crimes commis par Wasi’chu à cause de sa rapacité pour SES ressources naturelles.

Il ne semble pas que des changements pour le bien et la sécurité de Notre Mère la Terre se produiront bientôt. Mais les Gens qui ont bon cœur se battent, et quelquefois, des Gens de bien gagnent des batailles contre ce mal, et pour réaliser LES Changements, les réseaux de sécurité, dont nous avons besoin pour nos petits-enfants et arrière-petits-enfants, afin qu’ils puissent vivre des vies heureuses et réussies, ou au moins des vies décentes, que la plupart des pauvres et non-privilégiés de ma génération n’auront jamais connu dans leurs courtes vies.

Alors, je me rassied et regarde le monde, et je me demande si je reverrai jamais le monde extérieur, libéré de cette cellule? A 74 ans, ça ne se présente pas très bien. MAIS je garde mes espoirs et prie aussi fort que je peux pour que ça arrive. Sinon, quand ils m’enterreront, je veux être étendu face contre terre, avec une note épinglée sur mon cul, avec en majuscules et en gras, “EMBRASSE MON CUL!!”… juste au cas où quelqu’un voudrait étudier mes os dans de nombreuses années 🙂 !!

Pour parler d’un sujet plus agréable, une de mes petites-filles, Ashley, est à l’Université d’Arizona, à Flagstaff, et veut devenir Femme Médecine! C’est merveilleux n’est-ce pas? Ma chère petite, Docteur! Wow! Qu’est-ce que je suis fier! Vous ne pouvez pas vous imaginer! J’aurais besoin d’un peu d’aide maintenant et aussi pour elle; ne m’envoyez rien, envoyez-le au ILPDC en marquant ‘pour elle SEULEMENT’! Elle a entrepris un long voyage, donc elle aura besoin d’aide de temps en temps. Un jour, si elle continue ses études de médecine, je sais que les choses peuvent changer au cours du temps, mais si elle réussit, elle apportera une aide énorme aux hôpitaux des Nations Autochtones.

Mon ami Harvey Arden s’est éteint hier samedi 17 novembre 2018, à 17h20. C’était un homme très bon et très gentil, qui aimait les Autochtones, les pauvres, et les malades. Il nous manquera à tous. J’espère qu’il fait un bon voyage vers le Monde de l’Esprit, et j’espère que nos Parents seront là-bas pour l’accueillir à bras ouverts; ça lui ferait beaucoup plaisir. A bientôt, mon Kola.

Politiquement, nous gagnons enfin des points au Congrès: deux remarquables dames Autochtones ont réussi à entrer à la Chambre des Représentants! Il s’agit de Sharice Davids, de Ho Chunk dans le Wisconsin, pour le Kansas et de Deb Haaland, Pueblo Laguna, pour le Nouveau-Mexique. A Pine Ridge, MON neveu Julian Bear Runner a réussi à devenir Président de la grande Nation Lakota! J’entend dire que de plus en plus d’états suppriment la Journée de Christophe Colomb! Bon dieu, nous pourrions même gagner la Guerre pour la Survie. 🙂

Mes dernières pensées pour ce jour, que nous les Autochtones appelons Journée de Deuil, vont aux familles de mes Sœurs et Frères de sang et de l’AIM qui sont maintenant dans le Monde de l’Esprit, et je leur dis Lila Pilamaya, merci pour votre amour et votre travail pour LE Peuple.

Mes pensées sont aussi avec les jeunes, comme les Protecteurs de l’Eau, et tous les gens, jeunes ou vieux, qui s’efforcent de protéger Notre Mère la Terre. J’espère qu’un jour dans un futur proche, je serai avec vous, participerai à cette marche, et me joindrai à vous pour cette fête préparée par les Autochtones et de merveilleux soutiens qui se sont rejoints aujourd’hui pour honorer nos Ancêtres.

Dans l’Esprit de Crazy Horse

Doksha

Leonard Peltier

 

 

PICS SAN FRANCISCO: ACCES A LEUR SITE SACRE INTERDIT A DES AUTOCHTONES LORS DE L’OUVERTURE DE LA STATION DE SKI

 

Par www.protectthepeaks.org
Publié par Indigenous Action Media
Egalement publié sur Censored News
Vendredi 16 novembre 2018
Traduction Christine Prat

 

Flagstaff, Arizona – Poursuivant des années de destruction de l’environnement, de menaces pour la santé publique, et de profanation et d’attaques contre le mode de vie des Autochtones, la station de ski Arizona Snowbowl a ouvert la saison ce vendredi, avec de la neige artificielle faite de millions de litres d’eaux usées recyclées. La police a bloqué une partie des Pics San Francisco, une montagne du Nord de l’Arizona sacrée pour plus de 13 Nations Autochtones et gérée par le Service des Forêts des Etats-Unis, en tant que terre publique. Les flics ont menacé d’arrêter toute personne sans ticket de ski qui essaierait d’accéder à la zone. Les supporters de Snowbowl ont également essayé d’attaquer des manifestants.

Environs 20 personnes se sont rassemblées pour prier à 7h30 du matin, au pied de la route de Snowbowl, tandis que quatre véhicules des forces de l’ordre patrouillaient et surveillaient le cercle de prière.

Lorsque le groupe a commencé à monter plus haut sur la montagne, il a été suivi par les forces de l’ordre. Plusieurs personnes ont été bloquées et harcelées pour de supposées infractions mineures à la circulation.

A près de 2 km de la station Snowbowl, les gens sont descendus de leurs voitures et ont continué à monter à pied, en chantant et portant des banderoles et des bâtons de prière.

Ray Ray, qui conduisait la manifestation par des prières, déclare: “Ne suis-je pas autorisé à prier ni à aller sur la Montagne Sacrée pour laquelle mes ancêtres et mon peuple ont prié bien longtemps avant que ce soit considéré comme l’Amérique? Qu’un espace sacré puisse être privatisé par une compagnie qui paie pour que mes droits religieux soient retirés, pour que ma liberté d’expression soit retirée, c’est de la tyrannie et de la malveillance de la part de la compagnie, des employés, de la sécurité et des commanditaires de Snowbowl.”

Des véhicules d’assistance ont été déplacés et leurs conducteurs menacés de contraventions pour “obstruction à la circulation”, alors qu’ils suivaient les marcheurs pour assurer leur sécurité.

Plus de 20 agents des forces de l’ordre de divers services, y compris la “Force Antigangs de l’état”, patrouillaient autour de la zone de ski quand le groupe est arrivé.

Des agents des forces de l’ordre, entre autres les Rangers du Service des Forêts, bloquaient l’accès à la seule piste de ski que Snowbowl avait pu ouvrir, et menaçaient quiconque n’avait pas de ticket de ski d’arrestation pour “effraction.” Il y avait un panneau sur lequel on pouvait lire: “Ticket de ski obligatoire au-delà de ce point. Luge interdite. Pas de piétons sur les pentes de ski.”

“C’est notre montagne sacrée, notre église, comment pourrions-nous y être par effraction? Comment pouvez-vous nous interdire l’accès à des terres publiques?” demanda Klee Benally, un bénévole de Protectthepeaks.org, aux Sheriffs du Comté de Coconino et aux Rangers du Service des Forêts. “Où s’arrêtent les terres publiques? Qu’est-ce qui vous donne le droit de m’interdire l’accès à mon église?” demanda K. Benally, mais les agents refusèrent de répondre à ces questions. Le Sheriff du Comté répondit: “Si vous dépassez ce panneau, vous serez arrêté.”

Quand il fut de nouveau demandé où s’arrêtaient les terres publiques et pourquoi les Peuples Autochtones n’étaient pas libres de se promener sur la montagne, le Ranger du Service des Forêts déclara: “Vous comprendrez au tribunal.”

Vintrivia Zee, qui habite à Flagstaff et avait rejoint le rassemblement de prière et la manifestation dit: “Les flics ne savaient même pas pourquoi nous ne pouvions pas aller sur la montagne. Ils ont tout simplement violé nos droits.”

“A 25 ans et en tant que femme Autochtone, je vois et ressens la lutte de mon peuple et le racisme dans la ville de Flagstaff, adjoignant [la Réserve Navajo].” Dit Tylene Halfmoon, “j’avais le sentiment d’avoir des devoirs envers mes ancêtres, et tous les peuples Autochtones qui souffrent d’être SDF, de la dépendance à la drogue et à l’alcool, de foyers brisés, de violence conjugale, d’être visés par la police simplement parce que leur peau est trop brune, et pour mes grand-mères qui ont eu une vie si dure, à l’époque. Tout bien considéré, aujourd’hui j’ai eu l’espoir qu’il y avait encore des gens pour qui ça importe, et c’est quelque chose qu’il faudra continuer et enseigner à nos générations futures, pour qu’elles comprennent que nous ne sommes pas un peuple faible: nous sommes forts, tenaces, résilients, et nous sommes toujours là, même après qu’ils aient essayé de nous éliminer par un génocide de masse” dit T. Halfmoon.

“De notre eau, notre terre et notre air, à la position même que nous prenons sur terre, ils veulent nous prendre tout ça” dit Ray.

“En tant que Musulmane, je reconnais la valeur des sites sacrés, parce que nous avons les nôtres, dans ma religion. Voir cette montagne continuellement profanée pour des profits capitalistes, et ceci complètement contre la volonté de 13 Nations Autochtones qui étaient ici des dizaines de milliers d’années ou plus avant que ce soi-disant pays soit créé!” dit Sumayyah Dawud, qui était venue de Phoenix pour offrir son soutien. “Ce qu’ils font est inacceptable, et c’est pourquoi je suis venue aujourd’hui, et pourquoi j’étais déjà venue par le passé et continuerai à résister à cette insulte coloniale, et à la violence d’état et à l’oppression coloniale. Nous faisons face à un changement climatique catastrophique, et ce qu’ils font à cette montagne avec cette neige d’eaux usées contribue à la violence contre la terre.”

Alors que le groupe résistait, tenant des banderoles et scandant leurs slogans, deux supporters de Snowbowl ont tenté de pénétrer de force dans la foule et d’attaquer des manifestants. Ils ont vite réagi, défendu leurs amis et scandé leurs slogans.

“J’ai ressenti tellement de niveaux de violence et d’oppression contre des gens qui résistent pour leur survie, au cours de cet incident” dit Mary Begay, qui a habité Flagstaff toute sa vie et est Protectrice de la Montagne bénévole, “nous marchions en pleine profanation quand nous avons été bloqués par les forces de l’ordre qui ne protégeaient que la compagnie et ses bénéfices. Les protecteurs de la montagne ont été constamment insultés par les skieurs, et deux femmes parmi les protecteurs de la montagne, ont été agressées physiquement par un homme qui frappait leurs visages avec le bord de sa planche de surf, et elles auraient été blessées sérieusement, si elles n’avaient pu la bloquer de leurs mains à temps. Nous ne nous laisserons pas intimider par la police ou les supporters racistes de Snowbowl. Si les sites sacrés et la survie culturelle sont attaqués, nous devons nous défendre” dit Mary Begay.

Snowbowl est la seule station de ski au monde qui fait de la neige avec des eaux usées. Ils sont autorisés par le Service des Forêts à utiliser près de 700 millions de litres d’eaux usées par saison. Elles sont acheminées par un tuyau de la ville de Flagstaff, qui maintient son contrat de vente d’eaux usées à la station.

“Que des gens soient prêts à payer pour skier sur une rivière gelée d’eaux usées est ridicule” dit Eva Malis. “Il a été prouvé que ces eaux usées contiennent des produits dangereux et des agents cancérigènes, et l’EPA n’exige ni tests ni remèdes pour les produits pharmaceutiques et les hormones trouvés dans ces eaux.”

La présence de Snowbowl sur les Pics San Francisco est controversée depuis longtemps. La station de ski opère grâce à un permis spécial d’utilisation sur des terres publiques gérées par le Service des Forêts des Etats-Unis. Pendant des décennies, ça a fait l’objet de nombreuses poursuites en justice qui ont constitué un précédent pour la liberté religieuse et les sites sacrés des Autochtones.

Le Service des Forêts a approuvé l’expansion de la zone skiable et l’utilisation d’eaux usées pour faire de la neige en 2005.

Les poursuites en justice de groupes écologistes et de Nations Autochtones ont finalement échoué, et Snowbowl a commencé à faire de la neige d’eaux usées recyclées en 2012. La Tribu Hopi est actuellement en conflit avec la ville de Flagstaff à propos de son contrat de vente d’eaux usées à Snowbowl, et une décision de la Cour Suprême d’Arizona pourrait tomber d’un jour à l’autre.

Pour plus d’informations (en anglais): www.protectthepeaks.org
En français: résumé de l’historique de la station de ski et de la lutte contre et tous les articles traduits

Photos © www.protectthepeaks.org

 

 

Publié sur Censored News
8 novembre 2018
Traduction Christine Prat

UN COUP POUR LE PROJET D’OLEODUC KEYSTONE XL, UN TRIBUNAL INVALIDE LE RAPPORT ENVIRONNEMENTAL DU GOUVERNEMENT TRUMP ET BLOQUE LA CONSTRUCTION

GREAT FALLS, Montana – Un juge fédéral a décidé ce jour que le gouvernement Trump avait enfreint les lois sur l’environnement en approuvant un permis fédéral pour le projet d’oléoduc pour sables bitumineux Keystone XL, de la compagnie TransCanada. Le juge a bloqué toute construction sur l’oléoduc et ordonné au gouvernement de revoir le rapport environnemental.

Cette décision constitue un revers important pour un oléoduc sur lequel les investisseurs se posent déjà de sérieuses questions. TransCanada n’a toujours pas annoncé de Décision Finale d’Investissement indiquant si la compagnie reprendrait la construction du Keystone XL, si elle obtenait les permis nécessaires.

Le Juge Brian Morris, du Tribunal de District, a trouvé que le fait que le gouvernement s’était appuyé sur une étude environnementale dépassée, de 2014, enfreignait la Loi sur la Politique Environnementale Nationale, la Loi sur les Espèces Menacées et la Loi sur la Procédure Administrative. Cette décision fait suite à celle du 15 août 2018 qui exigeait une étude supplémentaire du nouveau trajet par le Nebraska.

Le Tribunal demande que le Département d’Etat revoie la déclaration d’impact environnementale du projet pour évaluer les changements exceptionnels des marchés pétroliers qui se sont produits depuis que l’étude précédente ait été achevée en 2014; prenne en considération les effets sur le climat d’une approbation simultanée du Keystone XL et d’autres oléoducs pour sables bitumineux; étudie les nombreuses ressources culturelles le long du trajet de l’oléoduc; examine les risques majeurs posés par d’éventuelles marées noires sur l’eau toute proche et sur la vie sauvage.

Le Département d’Etat doit aussi fournir une explication raisonnée de sa décision d’approuver le permis, après que le gouvernement Obama l’ait refusé il y a tout juste trois ans, sur la base des mêmes faits.

Se fondant sur ces infractions, le tribunal a ordonné au Département d’Etat de revoir son étude environnementale et a interdit tout travail sur le trajet proposé – qui traverserait le Nebraska, le Dakota du Sud et le Montana – jusqu’à ce que l’étude soit complète. Le Keystone XL transporterait jusqu’à 130 millions de litres par jour de sables bitumineux du Canada – l’une des sources d’énergie les plus sales du monde – en passant par des sources d’eau vitales et l’habitat d’espèces sauvages, jusqu’aux raffineries du Golfe du Mexique.

Les plaignants, le Conseil des Ressources des Plaines du Nord, Bold Alliance, le Centre pour la Biodiversité Biologique, les Amis de la Terre, le Conseil de Défense des Ressources Naturelles et le Sierra Club, ont déposé une plainte en mars 2017, auprès de la Cour de District des Etats-Unis pour le District du Montana.

 

 

Ce n’est pas la première fois que la police de Flagstaff poursuit des activistes pour des actions menées des semaines auparavant. En 2012, j’avais moi-même assisté à une action au bureau de Flagstaff du Service des Forêts. Il n’y avait eu aucun incident ce jour-là. J’avais filmé l’action et ma vidéo le montrait. Deux mois et demi plus tard, des participants ont été arrêtés et mis en examen sur la base des images – muettes – de la caméra de surveillance du Service des Forêts. J’étais le principal témoin, mais j’étais repartie en France. Le procureur a refusé ma vidéo prétendant qu’elle avait pu être changée. Les autres témoins n’étaient plus là, ou leurs souvenirs pouvaient être mis en doute. Il est évident que ces agissements sont délibérés et ont pour but de se débarrasser des témoignages en faveur des accusés.

Christine Prat

 

Par Indigenous Action Media
Mercredi 14 novembre 2018
Also published on Censored News
Traduction Christine Prat

 

TERRITOIRE OCCUPE DE FLAGSTAFF, AZ – La nuit dernière, la police de Flagstaff a traqué et cité à comparaître, un organisateur pour son rôle supposé dans une manifestation de rue le mois précédent, le jour maintenant reconnu comme ‘Journée des Peuples Autochtones’.

Les flics ont menacé l’organisateur à son travail, disant qu’ils se préparaient à citer d’autres personnes ayant participé à l’action, sur la base d’une surveillance et d’une enquête de près d’un mois.

D’après le rapport de police obtenu ce matin, au moins 13 personnes, des organisateurs Autochtones et des soutiens, seraient accusés du délit d'”Obstruction d’une artère publique” pour leur rôle supposé dans l’action. Le rapport dit que d’autres doivent encore être identifiés par les réseaux sociaux et d’autres formes de surveillance.

“Nous ne nous laisserons pas réduire au silence par ce qui est clairement une attaque politique destinée à décourager de futures actions pour la justice dans nos communautés” déclara Maile Hampton, une des personnes menacées de poursuites. “Le jour où les officiels de la ville célèbrent leur déclaration vide de ‘Journée des Peuples Autochtones’, cette manifestation demandait la justice pour les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées; la fin des expulsions de masse et de la détention d’immigrants; que la ville rende compte de son rôle hypocrite dans la profanation des San Francisco Peaks; et fasse quelque chose au nombre hors de proportions d’arrestations d’Autochtones dans cette ville. Que je doive maintenant faire face à la répression d’état pour avoir demandé la justice n’est pas une surprise, c’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés en résistant au génocide culturel.”

“Pour moi, ce n’est pas une coïncidence si ces accusations arrivent à la veille d’une manifestation prévue pour ce vendredi, contre la profanation des San Francisco Peaks” dit Klee Benally, qui est également poursuivi. “Je ne me laisserai pas intimider par la répression d’état, je continuerai à me défendre et à honorer mes ancêtres et les générations futures par ces actions.”

Le rassemblement a en particulier dénoncé le nombre disproportionné d’Autochtones menacés et poursuivis à Flagstaff.

“Cette attaque politique démontre une fois de plus qu’il y a un grave problème d’acharnement policier contre la communauté Autochtone” dit Klee Benally.

D’après le recensement le plus récent, les Autochtones constituent 10% de la population, mais près de la moitié des arrestations annuelles.

 

Les organisateurs du rassemblement avaient déjà appelé à ces actions immédiates:

  • Poursuite du boycott d’Arizona Snowbowl et annulation par la ville de Flagstaff de son contrat avec la station de ski
  • Arrêt du profilage racial et de la collaboration avec l’I.C.E. [police de l’immigration et douanes] et ensuite, abolition de la police dans nos communautés en instaurant des réseaux de soutiens à la communauté, et des options de justice transformatrice et réparatrice
  • Suppression de l’ordonnance contre le camping et de toutes les politiques contre les SDF
  • Dons de sacs de couchage et de vêtements d’hiver pour nos parents SDF à Táala Hooghan Infoshop (1704 N 2nd St).

 

En savoir plus sur l’action du 8 octobre

 

Vanessa Joseph, Cindy Van der Pijl, Nicole Chanel, Félix Tiouka, Moëtai Brotherson, Sylvain Duez-Alessandrini

 

AGAINST THE GOLD COMPANY ‘MONTAGNE D’OR’, THE DENIAL OF THEIR IDENTITY, AND THE STRUGGLE FOR MOTHER EARTH: YOUNG WOMEN FROM FRENCH GUÏANA SPOKE, ON OCTOBER 13, 2018, DURING THE ‘SOLIDARITY DAY’ OF THE CSIA

 

Recorded on October 13th, 2018
Article and translation by Christine Prat Français
November 12th, 2018

 

The rainforest of “French” Guïana has been threatened for years by a huge gold mine project, by a mining company calling itself “Montagne d’Or”, meaning “Gold Mountain”. This company is a merger between the Canadian company Columbus Gold – could you think of a more colonialist name – and the Russian company NordGold, which has already devastated a lot of Indigenous lands in the world. NordGold has a majority in the Montagne d’Or merger. The Indigenous Peoples have opposed the project from the beginning. They have long suffered from illegal gold mining, namely from the garimpeiros from Brazil, which pollutes the rivers on which their lives depend. The rainforest of Guïana has more biodiversity than the whole of Europe. Some people there are willing to give it up with the excuse of ‘creating jobs’, the magical words that no magician would dare to use. The Indigenous Peoples, who mainly need clean water, and already felt the damages caused by gold mines, totally reject the project. Between the beginning of March 2018 and the beginning of July 2018, Public Hearings took place in Cayenne and Saint-Laurent-du-Maroni. Indigenous people had the feeling of not being heard. However, the conclusion of the public hearings was that the Montagne d’Or project could not be accepted as it is now. Since then, Montagne d’Or keeps going to Indigenous villages, trying to corrupt traditional leaders, but they don’t give in. The present Director General of Montagne d’Or, Pierre Paris, has worked before for companies as Rio Tinto and BHP Billiton, well-known names to Indigenous Peoples all over the world, who are fighting against desecration and pollution of their ancestral lands by mining companies.

As part of the 37th Day of Solidarity with Indigenous Peoples, organized by CSIA-nitassinan, a panel was composed of Félix Tiouka, member of the town council of Awala-Yalimapo, belonging to the first generation of Indigenous activists, and three young women from the Indigenous Youth of Guïana, JAG, Jeunesse Autochtone de Guyane.

As all Indigenous people who spoke during the meeting, the Indigenous people from Guïana spoke about the destruction of their identity and culture, but also about the problems they had with having to live as “so-called French citizens”, in a Republic that discriminates them, impoverishes them, pollutes their land, while forcing them to submit to the western way of life. “Départementalisation” – meaning that Guïana and other French colonies were officially annexed to France and considered as French “départements” (equivalent to US counties) – was declared in 1945. The “Francization” Act was adopted in 1969. Officially, Indigenous Peoples of Guïana are supposed to be French citizens like all inhabitants of France…

The article below is mainly based on a transcription of speeches by three young women from Guïana, Vanessa Joseph, Nicole Chanel and Cindy van der Pijl, recorded by Pascal Grégis and Christine Prat, members of CSIA, on October 13, 2018.

Vanessa Joseph, vice-Chairperson of the Indigenous Youth of Guïana, already took part in the Solidarity Day of 2017, together with Yanuwana Tapoka. She first said how happy she was to take part in this meeting, “with Moëtai [from Tahiti], Yvannick [from Kanaky, “Nouvelle Calédonie] and my Uncle Félix [Félix Tiouka].” She thanked the CSIA for giving them an opportunity to speak, and also thanked all the people who had reacted to her appeal to donate books for schools inside the country. “We have used them well. Today, it has become a larger project, we are going to build libraries in remote places inside. All this thanks to you, I thank you again.” [In Guïana, the ‘inside’ means the rainforest, where there are no roads, as opposed to the cities on the coast or along the River].

However, Vanessa also had to say that the opening of the school year went wrong. She reminded that “inside the country, there are only primary school, and not in every village.” Students who have to go to secondary or grammar schools, must go to the nearest town which has one, but the ‘nearest’ town can be quite far away. The children then have to live with a foster family or in a boarding school. Last September, some children did not have a place in either a foster family or a boarding school. They went back to their villages, thus wasting a school year. Moreover, some parents don’t want to send their children to families on the coast, as there have been some problems. The only solution proposed by the Administration, each year, is to more carefully select the families. Vanessa says that “children in Taluwen, a town on the Upper Maroni, asked that a secondary school be built, so that they could stay near their parents, which is normal for 12-years-olds”… “At the moment, it is still a project. They started building, then stopped, then started again… Let’s hope that the secondary school will exist one day. They also started to build a boarding school in Maripasoula, again, we hope it will be completed without problems.”

Vanessa added that they are still trying to achieve projects in order to improve the people’s daily life, inside the country. When they succeed, it is thanks to a lot of support, like that of the CSIA.

Vanessa summed up what had happened about the gold mine project, since her last visit. Public hearings have been organized in Cayenne and in Saint-Laurent-du-Maroni, from the beginning of March to the beginning of July 2018.

“The representatives of the Indigenous Peoples have been kind of ignored, for what they had to say. At first, they listened to all questions, but then they started to select them, probably because there were disturbing questions.” …”a public hearing was planned in a village, west of the country, but they [from the company] did not show up.” Thus, the hearings were not very satisfying. However, “the public hearing decided: the project cannot be started as it is. It is not possible to propose such a large project to a population, with so few explanations and so unclear explanations. Thus, the project has to be amended.”

“Meanwhile, Vanessa adds, Montagne d’Or has stared to establish itself in the villages, demanding to meet the traditional leaders to offer them money or positions… It was a bit shocking, thus they all said ‘no’, except for one.” Currently, the Montagne d’Or company keeps trying to convince people, with some modifications of their project, and most of all by modifications of their explanations and communication. But for Indigenous people, it remains ‘no’.

Vanessa thanks the audience, “it is really a great pleasure to see you all again.”

Next speaker is Nicole Chanel, from Camopi. She joined the Indigenous Youth recently.

She explains that she is Teko, a People formerly called ‘Emérillon’ by French explorers, at the time of colonization. ‘Emérillons’ means people who live on fishing. “We demanded to be called Teko’s, which means ‘Indian Warriors’. We, Teko’s, come mainly from the banks of the Oyapock River, which is the border between Brazil and ‘France’. In our village, there were two nations, the Teko’s and the Wayãpi, but now we are mixed. We descend from the Tupi-Guarani, Indians who live in the Amazonian rainforest. Nowadays, the Tupi-Guarani live in Brazil. Some had to run away from wars, this is how we arrived in Camopi.”

In the past, an authorization from the ‘préfecture’ [representation of the French government in regions and counties] was needed to travel to our region. The reason given is that our people were still ‘savages’. Nicole says “we have never been savages. We always warmly welcomed the French people.” But now, it is open to anyone, which is not always an improvement. Nicole says “It takes 4 to 5 hours on a canoe to go to our region, because there are no roads, only the river. Everything is done by the river. Garimpeiros, gold seekers [from Brazil], come and dirty our water. The water we used to drink, that we used to wash ourselves in, that we used for everything. There are no customs, thus anybody can come. So, now, the garimpeiros come without problems, to seek gold. As they cannot do it where they live, they come to ‘French territory’. Then Nicole tells how she noticed that the water was polluted: “I grew up in Indian boarding schools from the age of 4 to 16. An Indian Boarding school is a place where they enlist Native American children who want to ‘become civilized’. They call it to get in line, to learn French, to learn to write, to count, etc. I came back home only in the summers, in July and August. So, in the course of time, when I came back home, I saw the color of the water changing. And I remembered that, as a small child, I used to wash myself in that water. I saw it become yellowish. At the point where it met the water dirtied by the garimpeiros, it formed a kind of white coffee. It looked disgusting.”

Nicole has been living in France for 15 years. She is astounded to see that the French State does nothing for Camopi. In July 2018, the Administration sent Mr. Jérôme Cahuzac, an ex-Minister now convicted to a jail sentence, to work at Camopi Health Center. Nicole says “he has nothing to do with Camopi” …”he is not a doctor”. As matter of fact, Mr. Cahuzac is a doctor, but a plastic surgeon. Nicole was shocked to see that media rushed to see Cahuzac while they showed no interest for the local population. Indigenous people resent it as despise. Of course, the media were interested in Cahuzac for his criminal record, not for political reasons.

Nicole closes her speech saying “In spite of this all, we fight, we shall fight, we Tekos, the Indigenous Youth, we shall fight to let people know, to let the world know, that we exist, that we are there. We are ‘French’, they put a label on us saying ‘French nationality’, thus we are part of France, thus look at us, look at our people! Thank you.”

Then, Cindy Van der Pijl talked. Cindy still lives in Guïana and specially flew to Paris for the Solidarity Day. She is Arawak/Lokono.

“I joined the Indigenous Youth in February of this year.” “I have always been claiming my culture ever since I was a small child. I was looking for an opening, a way to show my non-French identity. Because, back home, they teach us things, we learn all the time, but we are never taught who we are. In between, we are kind of lost in that French culture, in that westernized culture. Where do we stand, what should we do? Am I allowed to wear my traditional clothes, am I allowed to show my feathers without being arrested on the ground that they come from ‘protected species’?”

“Our Peoples have been tormented too long, so many tears have been shed, too many souls have been tortured, while the Earth is subjected to human selfishness and suffers even more than we do. They talk about Guïana, that ‘island’, but they never know where it is.” …”a lot of blood has been shed, and more will probably be shed, because of those ‘good ideas’ of the dominating powers.” Cindy wonders why, on the ‘united’ territory of the Republic, “where they tell us ‘Liberty, Equality and Fraternity’, they teach us to forget ourselves, to forget who we are. All our knowledge, our colors, our identity are trampled and shattered. Nicole’s story, she lived it, my mum lived it too. Indian Boarding Schools are not a myth, it really happened. There, French education is instilled, religion is instilled, it is part of a process of removing someone’s identity. It is as if we were made of clay that they can mold and shape as they want it to be. In Guïana, western culture, western people take and never give back.”

For Cindy, all that is left to Indigenous Peoples is the struggle. “The first Nation is reduced to the fight for its identity, to get its place in French society. For me, the word ‘Indigenous’ is equal to the word ‘struggle’… Is it normal that Indigenous people have to struggle to get their place and to be recognized? I don’t think so.

“Nowadays, we talk of looting. It is unfortunately not to be taken lightly. Apart from the crime of looting our identity, there is also the looting of She who gives us life, She who wakes up to remind the human being how small he is. We don’t always understand earthquakes, but they do happen. What if it were our Mother Earth being angry at us? At all we do to Her? She is the one who feeds us, She is our Mother Earth. Our ancestors bequeathed their struggle to us. Today, we, the youth, are trying to take over that struggle. But rather than being victims of this system, although we are, we are warriors. And with this, I join with all my Indigenous Brothers. My Kanak brothers, going through a difficult situation, and all our other Indigenous brothers. We are all warriors and I am happy about that, otherwise we would not be here today. We would be good little French people who believe in Jesus.”

Then, Cindy talked about Montagne d’Or. “Why won’t we give in to Montagne d’Or? The answer is simple and logical: we are fighting for the Earth, we are fighting for life.” As human beings, what we need most is drinking water, eating, walking… All this is given by the Earth.

“For those who don’t know, Montagne d’Or is a huge project that tries to establish itself in Guïana. It is a Russian-Canadian merger now called Montagne d’Or, Pierre Paris being the new director. Montagne d’Or means 80,000 tons of waste a day, 10 tons of cyanide a day, 10 tons of explosives, about 125,000 gallons of water PER HOUR, when the population is doing badly. Montagne d’Or would be an open site, in a tropical zone where it often rains. Thus, when they tell us there won’t be any accident, it’s difficult to believe.”

“I took part in the public hearings, in Saint-Laurent-du-Maroni and in Cayenne. You can’t believe how those people make you feel small. How tough you must be to tell them ‘no’. Seeing Pierre Paris stand up and say ‘I am Pierre Paris and I am proud to be the director of Montagne d’Or’, ideas of murder can cross your mind… But we stood our ground, we showed our colors, we showed that we were there. The youth was there, the Elders were there, as well as people from all cultures of Guïana who stood with us…” “Those cultures understood that it is a human struggle, a struggle for life, we are going to fight it, to fight to the end. I also would like people to realize what our societies are doing to us, with that capitalist culture. Shall we ever be able to see money for what it truly is, a piece of paper? Shall we ever be able to see gold for what it really is, a piece of stone? It is those things that the world is fighting for, that people kill each other for. It’s because of them that blood is shed, again and again.”

“Finally, I would like to thank you for listening to me, I am very happy to be here. I thank the CSIA for inviting us, and allowing us to speak on this French land. Tomorrow, I shall fly back home. My fight goes on and I really wish that the youth, of whatever culture, ally with us against this project. The problem of our identity, as Indigenous, is our history. We shall fight Montagne d’Or too, with the same virulence. I thank you for listening to me.”

 

Vanessa Joseph, Cindy van der Pijl, Nicole Chanel, Félix Tiouka, Moëtai Brotherson et Sylvain Duez-Alessandrini

 

CONTRE MONTAGNE D’OR, LA NEGATION DE L’IDENTITE, ET POUR LE COMBAT POUR LA TERRE: DES JEUNES FEMMES DE GUYANE SE SONT EXPRIMEES, LE 13 OCTOBRE 2018, LORS DE LA JOURNEE DE SOLIDARITE DU CSIA.

Christine Prat
10 novembre 2018
Enregistrement 13 octobre 2018

Depuis plusieurs années, une partie de la forêt amazonienne de Guyane “française” est menacée par un projet de mine d’or monumental, mené par une compagnie intitulée “Montagne d’Or”, résultat d’une fusion entre la compagnie canadienne Columbus Gold – en tant que nom colonial, on peut difficilement faire mieux – et la compagnie russe NordGold, qui a déjà ravagé beaucoup de terres Autochtones dans le monde. NordGold est majoritaire dans Montagne d’Or. Les Autochtones s’opposent depuis le début au projet. Ils sont déjà depuis longtemps confrontés aux chercheurs d’or illégaux, les garimpeiros venus du Brésil, qui polluent énormément les rivières dont leur vie dépend. La forêt amazonienne de Guyane a une biodiversité beaucoup plus importante que celle de toute l’Europe. Certains sont prêts à en sacrifier une partie, sous prétexte de “créer des emplois”, formule devenue magique, qu’aucun druide ou magicien n’oserait utiliser. Les Autochtones, qui ont surtout besoin d’eau potable et ont déjà constaté les dégâts que les mines d’or y causent, s’opposent absolument au projet. De début mars à début juillet 2018, des “débats publics” ont eu lieu à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni. Les Autochtones ont eu l’impression de ne pas y être écoutés. Cependant, la conclusion a été que le projet Montagne d’Or ne pouvait pas être accepté en l’état. Depuis, Montagne d’Or multiplie les contacts et les tentatives de corruption dans les villages Autochtones. Cependant, l’opposition reste ferme. L’actuel Directeur Général de Montagne d’Or, Pierre Paris, a travaillé précédemment pour des firmes comme Rio Tinto et BHP Billiton, noms bien connus des Peuples Autochtones, un peu partout dans le monde, qui se battent contre la profanation et la pollution de leurs terres ancestrales par les compagnies minières.

Au cours de la 37ème Journée de Solidarité avec les Peuples Autochtones, organisée par le CSIA-nitassinan, une table ronde a réuni Félix Tiouka, 1er adjoint au maire d’Awala-Yalimapo, issu de la première génération d’activistes Autochtones, et trois jeunes femmes de la Jeunesse Autochtone de Guyane.

Comme tous les Autochtones qui sont intervenus lors de cette rencontre, les Autochtones de Guyane ont parlé de la destruction de leur identité et de leur culture, mais aussi de leur difficulté à vivre en tant que “citoyens soi-disant Français” dans une République qui les discrimine, les appauvrit, pollue leur terre, tout en voulant les forcer à se soumettre au “mode de vie” occidental. La “départementalisation” a été décrétée en 1945, la Loi de “Francisation” en 1969. Théoriquement, les Autochtones de Guyane sont des citoyens français comme les autres…

L’article ci-dessous est fondé sur les interventions des trois jeunes femmes, Vanessa Joseph, Nicole et Cindy van der Pijl, d’après des enregistrements réalisés par Pascal Grégis et Christine Prat, membres du CSIA, le 13 octobre 2018.

Vanessa Joseph, Vice-présidente de la Jeunesse Autochtone de Guyane, avait déjà participé à la Journée de Solidarité du CSIA de 2017, en compagnie de Yanuwana Tapoka. Elle a d’abord dit combien elle était heureuse de participer à cette rencontre, “avec Moëtai [de Tahiti], Yvannick [de Kanaky, ou “Nouvelle Calédonie”] et mon Tonto Félix [Félix Tiouka].” Elle a remercié le CSIA de leur fournir cette opportunité de s’exprimer, puis toutes les personnes qui avaient répondu à son appel pour des dons de livres, à l’intention des écoles de l’intérieur. “Nous en avons fait un très bon usage. Aujourd’hui, c’est devenu un projet un peu plus grand, nous allons construire des bibliothèques à l’intérieur. Tout ça, c’est grâce à vous, merci encore.”

Cependant, Vanessa dit aussi que la rentrée scolaire de septembre dernier ne s’est pas bien passée. Elle rappela “qu’à l’intérieur il y a seulement des écoles élémentaires, et pas forcément dans tous les villages.” Les enfants qui doivent aller au collège ou au lycée, doivent partir dans la commune la plus proche ayant un collège ou un lycée, et la commune ‘la plus proche’ peut être très éloignée. Les enfants doivent donc résider dans une famille d’accueil ou un internat. En septembre dernier, certains enfants n’avaient trouvé ni famille d’accueil, ni place en internat. Ils sont retournés dans leur village, et vont perdre une année scolaire. De plus, certains parents ne veulent plus envoyer leurs enfants dans des familles du littoral, vu qu’il y a eu des incidents. L’éducation nationale propose toujours la même solution: mieux sélectionner les familles d’accueil. Vanessa raconte: ” Il y a des enfants de Taluwen, une commune sur le Haut-Maroni, qui ont demandé la construction d’un collège, pour pouvoir rester auprès de leurs parents, ce qui est normal, à 12 ans”… “Pour l’instant, c’est un projet. Ils ont commencé la construction, elle s’est interrompue, puis a été relancée. Espérons que le collège voit le jour. Il y a également un internat en construction à Maripasoula, là aussi nous espérons que ça se déroule sans embûches.”

Vanessa ajoute qu’ils essaient tout de même de faire aboutir certains projets, pour améliorer le quotidien des gens de l’intérieur. Et s’ils peuvent y arriver, c’est grâce à de nombreux soutiens, comme le CSIA.

Vanessa a aussi résumé ce qui s’était passé sur le front de la Montagne d’Or depuis sa dernière visite. Des débats publics ont été organisés à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni, de début mars à début juillet. Vanessa dit que “ce fut très intense.”

“Les représentants des Peuples Autochtones ont été un peu ignorés, pour ce qu’ils avaient à dire. Au départ, ils écoutaient toutes les questions, au final, ils ont commencé à les sélectionner, parce que, je pense, certaines questions dérangeaient.” …” Un débat public devait être organisé dans un village de l’ouest, ils n’ont pas honoré ce rendez-vous.” Donc, ça ne s’est pas très bien passé. Pourtant, “par la suite, le débat public a tranché: le projet ne peut pas se faire en l’état. On ne peut pas proposer à une population un projet de cette ampleur avec aussi peu d’explications, et des explications qui ne sont pas claires du tout. Donc, pour le moment, c’est un projet qui doit être révisé.”

Vanessa précise: “Entretemps, la compagnie Montagne d’Or a commencé à s’implanter dans les villages, à convoquer les chefs coutumiers, à leur faire des propositions, que ce soit de l’argent ou des postes… C’était un peu n’importe quoi, donc ils ont tous dit non, sauf un.” Et, à l’heure actuelle, la compagnie Montagne d’Or continue d’essayer de convaincre les gens, avec quelques modifications de son programme, et surtout des modifications de ses explications et de sa communication. Mais, pour les Autochtones, ça reste ‘non’.

Vanessa conclut en remerciant l’assistance, “c’est vraiment un grand plaisir de vous voir et de vous revoir.”

L’intervenante suivante, Nicole Chanel, est originaire de Camopi. Elle a rejoint la Jeunesse Autochtone récemment.

Elle explique qu’elle est Teko, un Peuple appelé autrefois ‘Emérillon’ par des explorateurs français venus à l’époque de la colonisation. ‘Emérillons’ signifie les gens qui vivent de la pêche. “Et nous avons revendiqué d’être appelés les Tekos, ce qui veut dire ‘Indiens guerriers’. Nous, les Tekos, venons de Camopi, principalement des bords du fleuve Oyapock, qui sert de frontière entre le Brésil et “la France”. Dans notre village, il y a deux ethnies, les Tekos et les Wayampis, mais maintenant, nous sommes mélangés. Nous sommes des descendants des Tupi-Guarani, des Indiens qui vivent dans la forêt Amazonienne. Actuellement, les Tupi-Guarani vivent au Brésil. Certains ont fui des guerres, et c’est ainsi que nous sommes arrivés à Camopi.”

Autrefois, il fallait une autorisation préfectorale pour se rendre dans la région. Le prétexte était que les gens de là-bas étaient encore “sauvages”. Nicole dit, “nous n’avons jamais été sauvages. Nous avons toujours accueilli les Français à bras ouverts.” Mais maintenant, c’est ouvert à tout le monde, ce qui n’est pas forcément un avantage. Nicole raconte: “Pour aller chez nous, il faut 4 ou 5 heures de pirogue, parce qu’il n’y a pas de routes, c’est le fleuve. Tout ce fait par le fleuve. Il y a des garimpeiros, des chercheurs d’or [du Brésil], qui passent salir notre eau. L’eau qu’on buvait, dans laquelle on se lavait, où on faisait tout. Comme il n’y a pas de douane, tout le monde peut venir. Alors maintenant, les garimpeiros rentrent sans soucis, pour aller chercher de l’or, parce que chez eux, ils ne peuvent pas le faire, donc ils viennent en territoire ‘français’, pour le faire.” Et Nicole raconte comment elle s’est aperçue de la pollution de l’eau: “Moi, j’ai grandi dans les homes indiens de 4 à 16 ans. Le home indien est un endroit où ils accueillent les enfants Amérindiens qui veulent être ‘civilisés’. Eux appellent ça rentrer dans le rang, apprendre à parler français, apprendre à écrire, à compter, etc. Je ne rentrais que pendant les étés, en juillet et août. Mais au fur et à mesure, en rentrant chez moi, je voyais que l’eau changeait de couleur. Et je me disais que, petite, je me lavais dans cette eau, et d’autres choses comme ça. Et je voyais l’eau devenir jaunâtre. Au point de rencontre de l’eau salie par les garimpeiros avec celle dans laquelle on se lavait, se formait un genre de café au lait. C’était dégueulasse à voir.”

Nicole vit en France depuis 15 ans. Elle est abasourdie de constater que l’Etat Français ne fait rien pour Camopi. En juillet dernier, l’administration a envoyé, pour assurer un remplacement au Centre de Santé de Camopi, M. Jérôme Cahuzac, un ex-Ministre actuellement condamné à 4 ans de prison, dont 2 avec sursis. Pour Nicole, M. Cahuzac “n’a rien à voir avec Camopi. Ils l’ont envoyé là-bas pour travailler dans un centre de santé, alors qu’il n’est pas médecin”. En réalité, M. Cahuzac est médecin, mais chirurgien esthétique. Nicole s’indigne de ce que les médias s’étaient tous précipité à Camopi pour voir Cahuzac, sans montrer le moindre intérêt pour la population locale. C’est bien entendu à cause de ses déboires en justice que les médias s’intéressent à M. Cahuzac. Certains ont demandé à des habitants ce qu’ils pensaient de Cahuzac, et ils ont répondu: “Mais qu’est-ce qu’on sait de lui?” Tout cela est ressenti par les Autochtones comme un profond mépris.

Nicole conclut: “Malgré tout cela, nous nous battons, nous allons nous battre, nous les Tekos, la Jeunesse Autochtone, nous battre pour nous faire connaître du public, de tout le monde, pour dire que nous existons, que nous sommes là. Nous sommes des ‘Français’, on nous a mis une étiquette ‘nationalité française’, donc nous faisons partie de la France aussi, alors regardez-nous, regardez notre Peuple. Merci.”

Puis, Cindy van der Pijl prit la parole. Cindy vit toujours en Guyane et est venue spécialement pour la Journée de Solidarité. Elle est Arawak/Lokono.

“Je fais partie de la Jeunesse Autochtone depuis février de cette année”. “J’ai toujours été très passionnée, très revendicatrice de ma culture, depuis que j’étais toute petite. Je cherchais une ouverture quelque part, à savoir comment faire pour montrer mon identité autre que française. Parce que, chez nous, on nous apprend des choses, on nous apprend tout le temps, mais on ne nous apprend jamais qui on est. Et, forcément, au bout d’un moment, nous sommes un peu perdus dans cette culture française, dans la culture de l’occidentalisation. Où se positionner, comment faire? Est-ce que j’ai le droit de porter ma tenue, est-ce que j’ai le droit de montrer mes plumes sans que la douane vienne m’arrêter parce que ce sont des espèces protégées?”

“Nos peuples ont été trop longtemps martyrisés, beaucoup de larmes ont été versées, beaucoup trop d’âmes ont été torturées, tandis que la Terre subit l’égoïsme de l’être humain et souffre encore plus que nous-mêmes. On parle de la Guyane, cette fameuse “île”, mais on ne sait pas où elle se trouve.” …”beaucoup de sang a coulé, et coulera sûrement encore, à cause des ‘bonnes idées’ de nos puissances.” Cindy se demande pourquoi, sur le territoire de la République, “où on nous dit ‘Liberté, Egalité, Fraternité’, on nous apprend tellement à nous oublier, à ne plus savoir que nous sommes. Tous nos savoirs, nos couleurs, notre identité, sont comme piétinés, complètement bafoués. L’histoire de Nicole, elle l’a vécue, ma maman l’a également vécue, les homes indiens ne sont pas un mythe, ça s’est vraiment passé. L’éducation française y est inculquée, la religion y est inculquée, ça fait partie d’un processus d’enlèvement de l’identité d’une personne. C’est comme si nous étions faits de pâte à modeler qu’on façonne comme on veut, comme on souhaite qu’elle soit. En Guyane, la culture occidentale, les occidentaux, prennent et ne rendent pas.”

Pour Cindy, tout ce qui reste aux Autochtones, c’est la lutte. ” La place du Peuple Premier est réduite aujourd’hui à se battre pour une reconnaissance de son identité, pour avoir sa place dans la société française. Pour moi, aujourd’hui, le mot ‘Autochtone’ est égal au mot ‘lutte’… ” Est-ce que c’est normal que les Autochtones doivent se battre, pour avoir une place et pour qu’on les reconnaisse? Je ne pense pas.

“Aujourd’hui, on parle de pillage. Malheureusement, ce n’est pas un terme à prendre à la légère, car en dehors de ce crime, le pillage identitaire, il y a le pillage de Celle qui nous donne vie, Celle qui se réveille pour rappeler à l’homme sa petitesse. Les tremblements de terre, les séismes, on ne le comprend pas toujours, mais ça arrive quand même. Et si jamais la Maman Terre était en colère contre nous? Contre tout ce que nous lui faisons subir? C’est Celle qui nous berce, Celle qui nous nourrit, notre Maman la Terre. Nos ancêtres nous ont légué leur combat. Aujourd’hui, nous, la jeunesse, essayons de reprendre ce combat. Mais plutôt que d’être des victimes de ce système, même si, au fond, nous le sommes quand même, nous sommes des guerriers. Et là, je rassemble vraiment tous mes frères Autochtones. Mes frères Kanaks, passant par quelque chose qui n’est vraiment pas facile pour eux, et tous nos autres frères Autochtones. Nous sommes tous des guerriers et j’en suis heureuse, parce que sinon, aujourd’hui, nous ne serions pas là. Nous serions de bons petits Français qui croient en Jésus.”

Ensuite, Cindy parle du projet Montagne d’Or. ” Pourquoi ne lâcherons-nous pas face à Montagne d’Or? La réponse est simple et logique. Nous nous battons pour la Terre, nous nous battons pour la vie. Je me demande, en tant qu’être humain, ce dont nous avons le plus besoin dans nos vies. Nous avons besoin de boire de l’eau potable, nous avons besoin de manger, nous avons besoin de marcher, sur qui? Et qui nous donne tout ça? Encore une fois, c’est la Terre.”

“Montagne d’Or, pour ceux qui ne le savent pas, c’est un projet monumental qui veut s’installer en Guyane. C’est une fusion russo-canadienne qui s’appelle maintenant Montagne d’Or, dont Pierre Paris est le directeur général. Montagne d’Or, c’est 80 000 tonnes de déchets par jour, c’est 10 tonnes de cyanure par jour, 10 tonnes d’explosifs, 472 000 litres d’eau PAR HEURE, quand une population va mal. Montagne d’Or est un site à ciel ouvert, dans une zone tropicale où il pleut souvent. Alors, nous dire qu’il n’y aura pas d’accidents, j’ai du mal à le croire.”

“J’ai participé aux débats publics, qui ont eu lieu à Saint-Laurent-du-Maroni et à Cayenne. Vous n’imaginez pas à quel point on se sent petit face à ces gens-là. A quel point il faut s’affirmer pour leur dire ‘non’. Quand on voit un Pierre Paris qui se lève et qui dit “Je suis Pierre Paris et fier d’être le directeur de la Montagne d’Or”, ça donne des envies de crime, parfois… Mais en tous cas, nous avons tenu bon, nous avons montré nos couleurs, montré que nous étions là. Il y avait la jeunesse, il y avait les Anciens, il y avait aussi toutes les cultures guyanaises qui se sont mises avec nous, parce que ces cultures-là ont compris que, si nous arrivons à faire en sorte que la Montagne d’Or ne se fasse pas, la Terre ne va pas leur dire ‘Cindy m’a sauvée, alors que toi, je m’en fous’, non, pas du tout. Ces cultures-là ont compris qu’il s’agit d’un combat humain, que c’est un combat pour la vie, et nous le mènerons, nous irons jusqu’au bout. Et j’aimerais qu’à un moment donné, on puisse se rendre compte de ce que nos sociétés sont en train de nous faire, avec cette culture du capitalisme. Est-ce qu’un jour on pourrait réduire l’argent à ce qu’il est vraiment? Un morceau de papier. Est-ce qu’un jour on pourrait réduire l’or à ce que réellement? Un petit bout de caillou. Et ce sont ces choses pour lesquelles le monde se bat, pour lesquelles les gens s’entretuent. C’est à cause de ça que le sang coule, et coule encore.”

“Pour conclure, j’aimerais vous remercier de m’avoir écoutée, et je suis très contente d’être ici. Je remercie le CSIA de nous avoir invités, et de nous avoir permis quand même d’avoir la parole sur cette terre française. Demain, je rentre chez moi, mon combat continue et j’aimerais vraiment que la jeunesse, quelle que soit sa culture, puisse s’allier à nous face à ce projet. Le problème autour de notre identité, de l’Autochtone, c’est notre histoire. Nous nous battrons contre Montagne d’Or aussi, et sûrement avec la même virulence.

Je vous remercie de m’avoir écoutée.”

 

 

COLONIALISTS WIN REFERENDUM IN KANAKY (“NOUVELLE CALEDONIE”) REPRESENTATIVE OF YOUNG KANAKS IN FRANCE SPOKE AT CSIA DAY OF SOLIDARITY

By Christine Prat, CSIA Français
November 4th, 2018
Also published on Censored News

Today, November 4th 2018, the colonialists won the referendum by which, inhabitants of Kanaky – so-called New Caledonia – had to decide for or against Independence. Supporters of colonialism won with a much fewer votes than expected. However, settlers of European origin being now in greater numbers than Indigenous people, they could still win.

A few decades ago, tensions raised, as France was encouraging massive European immigration. Violent incidents took place in the 1980s. Two agreements were signed, in Paris in 1988, and in Nouméa in 1998. This agreement decided that several referendums would be held, in which only people already living in Kanaky in 1998 and their descent could take part. However, the immigration policy had started earlier, so that settlers arrived before 1998 are more numerous than Indigenous people.

Kanaky – ‘Nouvelle Calédonie’ – is on top of the United Nations list of countries to be decolonized. However, it is one of the biggest nickel producers on earth. Indigenous people and environmentalists say that digging mines for nickel is destroying the country, which is home to rare species, to exceptional fauna and flora. Those who oppose independence claim that, if France pulled out, the country would necessarily fall under Chinese influence. But this would mean that the world and Kanaky would remain submitted to capitalism, that will go on exploiting nickel until the land is totally destroyed.

On October 13th 2018, a delegation of young Kanaks, led by Yvannick Waikata, spoke person for the Young Kanaks Movement in France, was invited to the Annual Day of Solidarity organized by CSIA-nitassinan, the French Committee for Solidarity with Indians of the Americas. This year, Native Americans from the USA, Chili, Argentina and “French” Guyana were speakers at the event.

The Young Kanaks offered a traditional dance to welcome the Indigenous guests from the Americas.

Yvannick first explained the meaning of the dance. He said the purpose was to bow before the guests and audience, as, in their country, doors are low so that they must bow to enter someone’s house. Bowing also means that they apologize as they are going to make noise. Originally, the purpose of the dance is to initiate young men to the art of war. It is also meant to show ‘their face’. Thus, the purpose of this dance was to show ‘their face’, their identity, for which they have been struggling since 1853. Yvannick said “since that old cloth is flown above our stone (Kanaky), the flag of that colonial empire”.

Yvannick spoke for the Young Kanaks in France. He spoke about the referendum that was to take place on November 4th, explaining: “Why a self-determination referendum? Because we are in a situation of colonizer to colonized. Those who will take part in this referendum are the colonized, us, the Kanaks. ‘Kanak’ is a Hawaiian word meaning ‘human being’.”

Then he went on summing up their history: the colonial conquest began in Tasmania, and in Hawaii. The French colonial empire started in “New Caledonia”, an island thus named by James Cook in 1774. The French conquered it in 1853. The goal was, ultimately, the end of the Kanak People.

This is because of the denial of the Kanak People that they danced that day. “… when we dance somewhere, it is to show our identity, and that we are still alive”. Since 1774 and 1853, and later the policy of European immigration, the French have been trying to drown the Indigenous claim. So, they dance, to say they are still there, they still exist.

Yvannick reminded the audience that the murdered leader Jean-Marie Tjibaou, had organized the Festival ‘Melanesia 2000’. For that festival, the Indigenous people decided that they would no longer limit their sacred dances and cultural practices to ceremonies, but that they would show them publicly to affirm their existence. They wanted to break completely with what had been shown in France before, during ‘colonial exhibitions’. He stressed that it was important for them to dance in Paris before the referendum, to show their faces, their culture, their identity and their history. “Our history does not start with French colonization”. So, since ‘Melanesia 2000’, their struggle was “to place the Kanak claim for identity, the cultural field, into the political field”.

After that summary of the history from the 1980s to today, Yvannick said “We, the young people, are the generation born from those peace agreements. There have been two agreements, that of Matignon in 1988 et that of Nouméa in 1998. We are the generation that lived through that peace. For the November 4 referendum, the Young Kanaks Movement creates spaces to speak, to awake the awareness among our people. Of course, we did not live the civil war situation in ‘Nouvelle Calédonie’, those ‘events’, as historians put it, but it was a war, it actually was an independence war”.

The Young Kanaks Movement works to awake awareness about the Kanak People history, in particular that of the heroes of the struggle, as the French National Education does not do anything, does not even mention the Kanak People.

What the Young Kanaks Movement wants is an identity revival. Yvannick says “for us, it is important that you can identify us and see who we are. Not reduce us to what colonial exhibitions produced in the collective imagination of the French People. So, it is important to dance and show our culture. To come nearer, to learn to know each other. We do not blame the French People at all, we blame the colonial administration.” He added “you are also human beings, like us, so we can reach you”. The colonial exhibitions created an imaginary Other, supposed to be a savage. “At the last colonial exhibition, there was Christian Karembeu’s – star of the French National Football Team – grandfather. His grandfather was a school master in “Nouvelle Calédonie”, but he came here to impersonate a savage!”

“When we come to dance here, it is to decolonize ourselves. The message we bring is to learn to know each other, through the Kanak People’s struggle. I want to thank you for being here and I hope we shall remain connected. We still need you, we still need solidarity. Thank you.”

 

 

LES COLONIALISTES REMPORTENT LE REFERENDUM EN KANAKY (“NOUVELLE CALEDONIE”). LE PORTE-PAROLE DES JEUNES KANAKS EN FRANCE EN PARLAIT LORS DE LA JOURNEE DE SOLIDARITE DU CSIA-NITASSINAN

Par Christine Prat, CSIA English
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Rennes, France, 4 novembre 2018 – Aujourd’hui, les colonialistes ont remporté le référendum par lequel les habitants de Kanaky – soi-disant Nouvelle Calédonie – devaient se prononcer pour ou contre l’indépendance. Les partisans du colonialisme ont gagné avec un pourcentage bien moindre que ce qu’ils escomptaient. Cependant, les gens d’origine européenne étant maintenant plus nombreux que les Autochtones, ils ont remporté le scrutin.

Il y a quelques décennies, la situation politique s’était tendue, du fait que la France encourageait beaucoup l’immigration européenne. Des incidents violents avaient eu lieu au cours des années 1980, le plus connu des médias étant la prise en otage de gendarmes dans la grotte d’Ouvéa, en 1988 (auparavant, des indépendantistes avaient été tués). Finalement, en 1998, un accord a été conclu, prévoyant plusieurs référendums, auxquels seuls les gens habitant déjà en “Nouvelle Calédonie” en 1998 et leurs descendants pourraient prendre part. Mais la politique d’immigration avait eu lieu avant, donc les Européens et leurs descendants déjà présents en 1998 sont majoritaires.

La Kanaky – “Nouvelle-Calédonie” – est en tête de la liste des Nations Unies de pays qui devraient être décolonisés. Cependant, c’est l’un des plus grands producteurs de nickel au monde. Non seulement les Autochtones, mais aussi la plupart des écologistes, disent que l’exploitation du nickel risque de détruire une bonne partie du pays, qui héberge une faune et une flore exceptionnelles, inconnues ailleurs. Les adversaires de l’indépendance clament que si la France se retirait, le pays tomberait forcément sous l’influence de la Chine. Mais cela implique que le monde en général et la Kanaky en particulier, restent soumis au régime capitaliste, qui continuera à exploiter le nickel jusqu’à la destruction complète.

Le 13 octobre 2018, une délégation de jeunes Kanaks, conduite par Yvannick Waikata, porte-parole du Mouvement des Jeunes Kanaks en France, était invitée à la Journée Annuelle de Solidarité avec les Peuples Autochtones du CSIA-nitassinan, Comité pour la Solidarité avec les Indiens des Amériques.

Les jeunes Kanaks ont offert une danse traditionnelle, pour souhaiter la bienvenue aux invités Autochtones des Amériques, venus des Etats-Unis, du Chili, d’Argentine et de Guyane “Française”.

Yvannick a d’abord expliqué la signification de la danse. Il dit qu’il s’agissait de se courber devant les hôtes, parce que dans leur pays, les portes des maisons sont basses et qu’il faut se baisser pour entrer chez quelqu’un. Donc, la danse avait aussi pour but de se courber devant les invités et spectateurs, ce qui signifie aussi qu’ils s’excusent parce qu’ils vont faire du bruit. Au départ, c’est une danse d’initiation à l’art de la guerre, et c’est une façon pour les jeunes de montrer ‘leur visage’. Donc, cette danse avait pour but de montrer leur visage, leur identité, pour laquelle ils luttent depuis 1853. Yvannick dit “depuis qu’un vieux chiffon flotte sur le caillou (“Kanaky”), le drapeau de cet empire colonial”.

Yvannick est intervenu en tant que porte-parole des Jeunes Kanaks en France. Il a rappelé qu’un référendum allait avoir lieu le 4 novembre et expliqué: “Pourquoi un référendum d’autodétermination? C’est parce que nous sommes dans une situation de colonisateur à colonisés. Et ceux qui participeront à ce référendum sont les colonisés, donc nous, les Kanaks. Ce mot, “Kanak”, est un mot hawaïen qui veut dire ‘homme’.”

Puis il résuma l’histoire: l’entreprise coloniale dans le Pacifique a commencé en Tasmanie, et à Hawaï. L’empire colonial français l’a entreprise en “Nouvelle Calédonie”, une île baptisée par James Cook en 1774. Les Français l’ont conquise en 1853. Le but de l’entreprise était, à terme, la disparition du peuple Kanak.

C’est à cause de la négation du peuple Kanak qu’ils ont dansé ce jour-là. “…quand on vient danser, c’est pour montrer notre identité, que nous sommes en vie”. Depuis 1774 et 1853, l’entreprise coloniale, puis, plus tard, l’émigration européenne encouragée par la France, ont tenté de noyer la revendication Autochtone. Quand ils dansent, c’est pour dire qu’ils sont là, qu’ils existent.

Yvannick a rappelé que l’ancien leader assassiné, Jean-Marie Tjibaou, avait organisé le Festival Mélanésie 2000. Pour ce festival, les Autochtones ont décidé de ne plus limiter leurs danses et autres pratiques culturelles, aux cérémonies rituelles, mais de les montrer au public pour affirmer leur existence. Ils voulaient rompre complètement avec ce qui avait été montré en France, au cours “d’expositions coloniales”. Il souligna qu’il était important pour eux, avant le référendum, de venir danser à Paris, c’est-à-dire de montrer leur visage, leur culture, leur identité, leur histoire. “Notre histoire ne débute pas avec la colonisation française”. Ainsi, depuis le Festival Mélanésie 2000, le combat était “le champs politique, c’est-à-dire la revendication Kanak identitaire, l’avènement du champ culturel dans le champ politique.”

Après ce résumé de la période allant des années 1980 à aujourd’hui, Yvannick dit: “Nous, les jeunes, sommes la génération issue de ces accords de paix. Il y a eu deux accords, celui de Matignon en 1988, et celui de Nouméa en 1998. Et nous sommes de la génération qui a connu cette paix-là. En tous cas, pour le 4 novembre, le Mouvement des Jeunes Kanaks crée des espaces de parole pour sensibiliser nos gens, les gens de chez nous. Bien sûr, nous n’avons pas connu cette situation de guerre civile en “Nouvelle Calédonie”, des ‘évènements’, comme disent les historiens, mais c’était la guerre, il s’agissait bien d’une guerre d’indépendance”. [La France officielle a continué de parler des ‘évènements’ d’Algérie pendant des décennies, avant d’admettre récemment qu’il y avait eu une guerre d’indépendance… – Ch. P.].

Le Mouvement des Jeunes Kanaks s’efforce de sensibiliser les gens à l’histoire du Peuple Kanak, en particulier celle des héros de la lutte, étant donné que l’Education Nationale française ne fait rien et ne mentionne même pas le Peuple Kanak.

Ce que veut le Mouvement des Jeunes Kanaks, c’est une ‘renaissance identitaire’. Yvannick dit: “Pour nous, c’est important que vous puissiez nous identifier et voir qui nous sommes. Non pas nous résumer à ce que les expositions coloniales ont pu produire dans l’imaginaire du peuple Français. Donc, il est important de venir danser, de montrer notre culture. Pour s’approcher, apprendre à se connaître. Nous n’en voulons pas du tout au Peuple Français, mais à l’administration coloniale.” Il poursuit “vous êtes aussi des humains comme nous, donc nous pouvons vous toucher”. Les expositions coloniales ont créé cet imaginaire de l’Autre, supposé être sauvage. “A la dernière exposition coloniale, il y avait même le grand-père de Christian Karembeu, héros de l’équipe de France de football, son grand-père qui était pourtant instituteur en “Nouvelle Calédonie”, est venu jouer le sauvage ici.”

“Quand nous venons danser ici, c’est pour nous décoloniser. Le message que nous apportons à travers la danse, c’est apprendre à se connaître, à travers la lutte du Peuple Kanak. Je tiens à vous remercier de votre présence et espère que nous resterons connectés. Nous avons toujours besoin de vous, nous avons toujours besoin de solidarité. Merci beaucoup.”