Communiqué de presse
Publié par Censored News
22 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Yintah non-cédé Wet’suwet’en (Smithers, Colombie Britannique), 22 juin 2022 – Des membres du Clan Gidimt’en, de la Nation Wet’suwet’en, ont déposé une plainte au civil contre la Police Montée Royale Canadienne, le Ministre de la Justice de Colombie Britannique, la firme Coastal Gaslink Pipeline et la société de sécurité privée Forsythe. La plainte fait suite à des mois de harcèlement et d’intimidation, pendant lesquels des centaines de policiers et d’agents de sécurité privés, ont tenté de forcer les Wet’suwet’en à abandonner leurs maisons et leurs villages en territoire Wet’suwet’en non-cédé.

Depuis février 2022, le Groupe d’Intervention de l’Industrie de la Communauté (C-IRG) de la Police Montée, accompagné par Forsythe, le service de sécurité privé employé par Coastal GasLink, ont continuellement harcelé, suivi, surveillé et intimidé des membres du clan Gidimt’en chez eux, y compris sur le site du Point de Contrôle Gidimt’en et celui du village Tsel Kiy Kwa (Lamprey Creek). En l’espace de quelques mois, des officiers de la Police Montée ont pénétré le Point de Contrôle Gidimt’en plus de 700 fois.

En 2018, des Gidimt’en ont réoccupé une terre habitée par leurs ancêtres, ont construit des huttes et des maisons au Point de Contrôle Gidimt’en pour servir de base pour des pratiques culturelles traditionnelles. Avec une nouvelle salle des fêtes en construction, les sites du Point de Contrôle et du village Tsel Kiy Kwa sont de plus en plus importants pour la résistance, la résilience et la résurgence des Wet’suwet’en.

Au cours des derniers mois, indique la plainte, la police a menacé et procédé à des arrestations illégales, demandé aux invités des Gidimt’en de s’identifier, bloqué des visiteurs, pénétré les sites des villages plusieurs fois par jour, agressé et frappé des visiteurs, dirigé des projecteurs vers l’intérieur de bâtiments habités, réveillé et harcelé des résidents qui dormaient, saisi des équipements et propriétés de Gidimt’en, ouvert les portes de domiciles et suivi des individus sur de lointaines routes forestières. Pendant ce temps, la firme de sécurité privée Forsythe a déployé d’ex-membres des forces de l’ordre pour diriger une surveillance 24 heures sur 24, filmant en permanence des résidents, dont des enfants, et partagé des informations avec la Police Montée.

« Les tactiques de la police en territoire Gidimt’en n’avaient pas de finalité ni de base légales. Ils ont été déraisonnables et excessifs, ont discriminé sur des bases raciales, se sont montré malintentionnés et ont abusé des pouvoirs de police. Ils représentent une tentative de réprimer une activité légale et l’affirmation des droits et titre Autochtones » déclare la Notice de Poursuite Civile.

Le mois dernier, le Comité des Nations Unies pour l’Elimination de la Discrimination Raciale a émis son troisième blâme pour la Colombie Britannique et le Canada, appelant à un retrait de la police et à l’arrêt des évictions forcées des Wet’suwet’en de leur propre territoire. La lettre exhorte le Canada à cesser la construction de l’oléoduc de Coastal GasLink, jusqu’à ce qu’un consentement libre et informé au préalable soit reçu des Wet’suwet’en et à engager des négociations avec les communautés touchées.

La criminalisation des Wet’suwet’en n’est pas le moyen d’arriver à la réconciliation. Le clan Gidimt’en veut voir la fin du harcèlement illégal et de l’intimidation de Wet’suwet’en et de sites d’habitations, et que le Groupe d’Intervention de l’Industrie (C-IRG) soit immédiatement retiré du Territoire Gidimt’en.

Contact :
Jennifer Wickham, Gidimt’en Checkpoint Media Coordinator, yintahaccess@gmail.com

Par le Bastion Apache (Apache Stronghold)
Censored News
24 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

SAN CARLOS, Arizona – Ce jour, la Cour d’Appel du Neuvième Circuit, a décidé, à 2 contre 1, que la requête d’une injonction préliminaire pour empêcher l’échange de terres pour Oak Flat, serait rejetée. Le Bastion Apache – une coalition d’Apaches, d’autres Autochtones et d’alliés non-Autochtones, représenté par la Fondation Becket pour la Liberté Religieuse – s’est immédiatement engagé à faire appel à la Cour Suprême des Etats-Unis.

L’Injonction Préliminaire aurait empêché Resolution Copper, une compagnie minière étrangère, de prendre le contrôle d’Oak Flat par un échange de terres, jusqu’à ce que l’affaire Bastion Apache contre les Etats-Unis soit jugée. Le tribunal a décidé que l’affaire du Bastion Apache contre les Etats-Unis n’avait aucune chance de gagner.

La décision a été prise alors qu’une des trois juges était contre. La Juge Marsha Berson qualifia la décision d’ « absurde », « illogique » et « incohérente ». Le tribunal a décidé que la décision du gouvernement de transférer Oak Flat à Resolution Copper « n’était pas un fardeau trop lourd » pour les pratiques religieuses Apaches – bien que la mine doive engloutir le site sacré dans un énorme cratère, ce qui mettra fin à ces pratiques pour toujours.

« Oak Flat est notre Mont Sinaï – notre site le plus sacré, où nous nous connectons à notre Créateur, notre foi, nos familles et notre terre », dit le Dr. Wendsler Nosie Sr., du Bastion Apache. « C’est un lieu de guérison qui est sacré pour nous depuis bien avant que les Européens arrivent sur ce continent. Mes enfants, petits-enfants et les générations après eux méritent de pratiquer nos traditions à Oak Flat. »

Appelé en Apache Chi’chil Biłdagoteel, Oak Flat a été protégé des intérêts miniers depuis plus de six décennies et est inscrit au Registre National des Sites Historiques. Les Apaches de l’ouest et d’autres tribus pratiquent leur culte à Oak Flat depuis des temps immémoriaux et s’y rendent toujours aujourd’hui pour cueillir des plantes médicinales, se rendre aux sources sacrées et accomplir des cérémonies essentielles, comme la Sunrise Ceremony, ou passage à l’âge adulte, des femmes Apaches – des pratiques qui ne peuvent avoir lieu ailleurs.

Les protections existant depuis longtemps pour Oak Flat, ont été éliminées en 2014, quand un paragraphe de dernière minute a été introduit dans une loi qui devait absolument passer, et le gouvernement des Etats-Unis a décidé de transférer le terrain à Resolution Copper, une compagnie minière étrangère. La mine de Resolution Copper va engloutir le site dans un cratère de 3 km de large et 335 m de profondeur – rendant des pratiques religieuses de toujours impossibles et détruisant le mode de vie Apache.

« La décision d’aujourd’hui, comme la Juge dit, est ‘absurde’, ‘illogiques’ et incohérente’ : si quelque chose peut violer le libre exercice de la religion, c’est bien la destruction complète d’un site sacré qui met fin pour toujours à des pratiques religieuses » dit Luke Goodrich, vice-président et conseiller principal de Becket.

« Cette décision n’est pas seulement dévastatrice pour les Apaches et d’autres Autochtones, elle menace aussi les gens de toute foi – et ne devrait pas être soumise à un appel. »

La décision des deux juges qui rejette l’injonction, repose sur une stricte définition de « fardeau trop lourd ». Leurs arguments reposaient essentiellement sur le fait que le gouvernement avait placé ou non un fardeau trop lourd sur la religion des Apaches, même si le résultat final d’extraction à Oak Flat doit oblitérer totalement le site sacré.

Leur argument était que même si le site disparaissait, le gouvernement n’avait pas créé un fardeau trop lourd selon la définition stricte de « fardeau trop lourd » et à cause de cette définition étroite, la Cour n’honorera pas la requête du Bastion Apache d’une injonction préliminaire.

Le Dr. Wendsler Nosie Sr., du Bastion Apache dit « Un site sacré, Oak Flat, sera totalement perdu, mais le point de vue de la Cour est que le gouvernement n’a pas de contrôle ni de tort en cela, et que ça n’affectera pas la religion des Apaches. »

« Mais l’échange de terre est le fait du Congrès, pour les intérêts du Gouvernement, ce qui est très similaire au fait que les Autochtones d’Amérique vivent dans des réserves et que leurs moyens d’existence et leurs actions sont contrôlés par le Gouvernement U.S., parce qu’ils ont été mis là pour ne pas être en travers de la route des colons. »

« Ça fait prendre conscience de la règle implicite du Gouvernement des Etats-Unis : Parce que vous êtes Indien nous vous contrôlons, vous et la terre où vous vivez, nous pouvons faire ce que nous voulons, même si ça piétine votre religion et vos sites sacrés, et, bien sûr, nous ne mentionnerons aucune de ces vérités qui vous affectent et affectent vos enfants à venir. »

« Ça ressemble à toutes les paroles creuses que nous avons entendues toute notre vie et toute la vie de nos ancêtres. Alors, bien sûr, nous allons en appeler à la Cour Suprême pour voir s’ils soutiendront notre combat pour la survie de notre religion et si nos droits religieux ont une quelconque signification pour les Juges de la plus haute Cour des Etats-Unis. »

« Notre situation actuelle est comparable à celle de prisonniers contrôlés par le Gouvernement. Sommes-nous toujours des prisonniers de guerre ? En réalité, ils n’ont fait que nous mettre des noms plus agréables que « prisonniers de guerre » pour nous et la façon dont nous traite le Gouvernement U.S. » dit Nosie.

L’appel du Bastion Apache à la Cour Suprême est prévu pour le 22 septembre 2022. En plus de Becket, le Bastion Apache est représenté par les avocats Michael V. Nixon et Clifford Levenson.

Contacts : Ryan Colby media@becketlaw.org

Dr. Wendsler Nosie Sr.: apaches4ss@yahoo.com

Par Brenda Norrell
Censored News
23 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Les décès du COVID-19 s’accroissent parmi les Navajos. Mercredi 22, trois Diné sont décédés du COVID. Le variant omicron et le sous-variant BA.2 ont été détectés. La diffusion est incontrôlée dans 60 communautés Navajo, selon un rapport du Service de Santé Navajo.

Le Service de Santé Indien signale un accroissement rapide des cas de COVID dans les régions desservies, la Nation Navajo, Phoenix, la Californie, Billings et Tucson.

Mercredi 22, il y avait 65 nouveaux cas dans la Nation Navajo. À ce jour, 1807 Diné sont morts du COVID.

Au cours des quatre jours précédents, il y a eu 309 nouveaux cas et deux décès, selon le Service de Santé Navajo. La Nation Navajo dit aussi avoir l’un des pourcentages les plus élevés d’adultes vaccinés aux Etats-Unis.

L’état du Nouveau-Mexique rapporte des nouveaux cas de COVID dans des entreprises des villes en lisière des Réserves. Des employés de Walmart à Gallup, et de Target, Smiths et Lowes à Farmington, ont été testés positifs. Des Navajos et d’autres Autochtones de la région dépendent des commerces des villes en lisière des Réserves pour leur nourriture et équipements.

Le Nouveau-Mexique indique les nouveaux cas chaque jour de semaine.

Le Service de Santé Indien rapporte un accroissement rapide des cas dans les zones qu’il dessert, dans la Nation Navajo, à Phoenix, en Californie, à Billings et Tucson (y compris les Nations Pascua Yaqui et Tohono O’odham).

Entretemps, la Nation Tohono O’odham a publié un décret sanitaire le 1er juin 2022, exigeant le port de masques, quelque soit la situation de vaccination.

Le Service de Santé Indien Navajo dessert la Nation Navajo, la Tribu Paiute du Sud de San Juan, les Zunis, les Hopis et d’autres Autochtones à Flagstaff, Arizona.

Voir l’article de Klee Benally, dans lequel il explique pourquoi les Navajos sont devenus particulièrement vulnérables.

Par Brenda Norrell
Censored News
20 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

À la mémoire de trois de mes amis, j’ai écrit toute la semaine sur la conférence mondiale sur l’extraction, à Toronto.

La majorité des grandes compagnies minières – liées aux meurtres d’Autochtones défendant leur terre partout dans le monde – sont basées au Canada.

Alors que des Autochtones protestaient dehors, c’était surprenant de voir que quatre Autochtones du Canada avaient rejoint les conseils d’administration de compagnies minières notoires, qui explosent et arrachent la terre pour de l’or, de l’argent, du cobalt, du cuivre, du lithium, et autres veines de la terre.

Me souvenant et rendant hommage à mes amis Leroy Jackson, Cate Gilles et Tomas Rojo.

Leroy Jackson, Diné, avait combattu la coupe d’anciens pins Ponderosa, dans les montagnes de Chuska et Tsaile, et l’opération d’abattage de la Nation Navajo. Leroy était cofondateur de Citoyens Diné Contre la Ruine de notre Environnement.

Leroy vivait sa lutte.

Comme j’étais reporter pour Associated Press, à l’époque, ses interviews ont fait le tour du monde. L’un des outils les plus efficaces de Leroy était son sens de l’humour. Leroy a été retrouvé mort après avoir reçu des menaces.

Cate Gilles, reporter, couvrait les zones Navajo et Hopi de Black Mesa. Elle a été parmi les premiers à dénoncer les conséquences de l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon, après avoir reçu un diplôme de journaliste environnementaliste. Elle a été trouvée pendue, à Tucson, alors qu’elle travaillait avec la Tribu Pascua Yaqui.

Tomas Rojo, Yoeme (Yaqui), Vicam Pueblo, du Sonora, au Mexique, a été kidnappé et sauvagement assassiné l’an dernier. Tomas était le porte-parole de l’Autorité Traditionnelle Vicam, lorsqu’ils luttaient pour protéger leur eau de la Rivière Yaqui.

Les Vicam Yaqui ont tenu les barrages d’autoroutes pendant des années, bloquant la circulation commerciale vers les Etats-Unis, et résistaient à l’état et au gouvernement fédéral, aux militaires, aux ranchers et aux cartels. Les Vicam ont accueilli des forums internationaux sur l’eau, et les réunions internationales des Zapatistes. C’était un honneur de les connaitre tous les trois, et la beauté de leur travail, de leurs sacrifices et de leurs services aux gens, à l’eau et à la terre.

Sur l’auteure

Brenda Norrell est journaliste en pays Indien depuis 40 ans, d’abord au Navajo Times, pendant les 18 ans durant lesquels elle a vécu dans la Nation Navajo. Elle a été pigiste pour Associated Press et USA Today. Après avoir été longtemps collaboratrice de Indian Country Today, elle fut censurée et licenciée en 2006. Elle créa Censored News pour révéler ce qui avait été censuré en pays Indien. Sans publicité, subventions ni revenus, Censored News est maintenant un collectif, qui entre dans sa 15ème année, avec 21 millions de pages visitées. Parmi les reportages de Brenda Norrell, il y a eu des voyages avec les Zapatistes au Mexique et la Conférence pour Notre Mère la Terre à Cochabamba, en Bolivie. Brenda Norrell a un master en santé internationale, spécialités eau, nutrition et maladies infectieuses.

Voir aussi – en anglais – l’article de Brenda Norrell sur la Conférence Mondiale sur l’Extraction Minière à Toronto.

Par Klee Benally
13 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Incendie À La Montagne

Notre montagne sacrée brûle.

Les plantes médicinales brûlent. Elles avaient déjà été profanées par l’épandage d’eau d’égout à la station de ski Arizona Snowbowl, pour faire de la neige artificielle.

Cette nuit, le Conseil Municipal de Flagstaff a tenu une réunion d’urgence pour discuter de l’utilisation des eaux usées des réserves de 40 millions de litres de Snowbowl, pour combattre le feu. Il est clair qu’ils ne comprennent pas que la désharmonie causée par la profanation extrême de Snowbowl a précipité ces déséquilibres météorologiques et écologiques. Non seulement cette action sacrilège va ajouter une insulte à la blessure, mais ça va aussi répandre la contamination de ces eaux usées aux zones de la montagne qui sont en train de brûler.

L’(il)logique coloniale qui a d’abord autorisé la profanation de la zone de ski, est la logique qui saccage ce sensible écosystème montagneux, et fait que maintenant la plus petite étincelle y met le feu.

C’est notre Notre-Dame qui brûle, cependant le racisme, ou, plus clairement, l’anti réalité Autochtone à laquelle 13 Nations Autochtones ont été confrontées au cours des luttes pour protéger ce site sacré, est en train d’être étouffée dans les cendres brûlantes et sera très probablement enterrée dans les blessures qui ne peuvent jamais guérir complètement.

Que la Ville de Flagstaff puisse entretenir cette notion sacrilège, juste après avoir lu leur « reconnaissance du territoire », est l’hypocrisie contre laquelle tant d’entre nous ont prévenu et protesté. Mais d’autres, la fumée dans les yeux, ont refusé de voir et continuent d’entretenir la compagnie de ces serpents politiques qui rampent dans les forêts mourantes de la montagne. De la liaison Tribale, qu’ils sont leurs salariés, au Cercle Autochtone de Flagstaff, ces entités prennent part à cette violence culturelle irréparable.

J’ai le cœur brisé pour notre peuple. L’avertissement avait été clair et maintenant il faut que la montagne brûle. Mais ce qui m’inquiète est que nous ne voyions ni n’entendions les paroles des praticiens de la médecine traditionnelle qui avaient averti de ces catastrophes, de la maladie et du grave déséquilibre écologique, conséquence des profanations continuelles du sacré.

Nos plantes médicinales repousseront, avec des offrandes la montagne se refroidira, et les sources pourraient revenir dans beaucoup de temps, mais ça prendra combien de générations ? Serons-nous même reconnus par notre mère la Montagne si nous ne faisons pas attention aux avertissements que cette fumée apporte ? Si le feu dans nos yeux et nos narines ne suffit pas, qu’est-ce qui suffira ?

J’ai le cœur brisé pour les animaux brûlés ou déplacés.

J’ai le cœur brisé pour nos parents SDF qui seront sans aucun doute encore criminalisés, parce qu’on saute à des conclusions alléguant que le pyromane serait SDF, et parce que le sentiment anti-SDF est général à Flagstaff. Les Forêts seront bien entendu fermées aux campeurs, et ça implique que beaucoup de ceux qui ne peuvent pas camper dans les limites de la Ville, à cause du décret anti-camping, ou ceux qui choisissent simplement de vivre librement dehors sur des « terres publiques » pendant leurs deux semaines de congé, seront déplacés plus loin et vilipendés. Leurs problèmes ont à peine été pris en considération lors du dernier incendie grave, et maintenant, ils auront encore plus de préjugés politiques et classistes contre eux.

Combien de ceux qui vivent dans les zones touchées risquent de perdre leur logement, si ce n’est dans cet incendie, dans l’inévitable prochain ? Ou à cause d’inondations causées par les traces d’incendie ? Qu’arrivera-t-il si eux aussi sont forcés de vivre dans la rue ?
C’est difficile de dormir avec des problèmes si importants qui brûlent dans vos pensées. Et j’imagine que beaucoup de gens ne peuvent se reposer dans les abris d’urgence, se demandant ce qui va arriver à leurs maisons. J’ai le cœur lourd pour tous ceux qui ne peuvent trouver le repos dans leurs propres lits cette nuit, et la suivante, et la suivante.

« Evacuez et dirigez-vous vers l’abri le plus proche, emmenez votre bétail dans la zone assignée, préparez-vous pour l’inondation… » Je prie pour que le cycle cauchemardesque ne devienne pas une routine,

Mais il semble que ce le soit déjà.

Nous entendons cela chaque fois que le feu se rapproche, « Si des maisons sont perdues, elles seront reconstruites. »

Même Notre-Dame est reconstruite de ses cendres.

Mais comment peut cette montagne sacrée, notre foyer spirituel, se remettre, si le remède immédiat est une nouvelle profanation ? Une telle part de ce sanctuaire sacré, où habitent des êtres sacrés et des remèdes sacrés, a déjà été ravagée par Snowbowl et par des incendies, que ça nous rapproche toujours plus d’un abîme terrible. Des praticiens de médecine traditionnelle ont déclaré que nous avons déjà franchi un seuil irrévocable. Ces crises ont aussi été racontées dans les géographies de notre histoire, leurs assertions précautionneuses ont été perdues partout, en dehors des cérémonies.

Si nous ne pouvons pas voir que l’« homme » a fabriqué ces crises et les souffrances qui s’en suivent en « civilisant le monde », nous continuerons à ne pas voir comment la crise du changement climatique n’est pas seulement construite par les mêmes mains, mais directement connectée aux multiples incendies répandus à travers tout le sud-ouest occupé.

Je vous demande de regarder dans les braises et de voir la possibilité de guérison que le feu apporte aussi, et que le feu à la montagne peut d’une certaine manière, être notre propre reflet. J’ai déjà affirmé auparavant que ce que nous faisons à la montagne, nous le faisons à nous-mêmes. Ça n’a jamais été aussi vrai, et cependant, ça n’a jamais été autant nié.

Snowbowl menace de s’étendre encore et de faire encore plus de neige d’eaux usées, et les politiciens et des membres de la communauté (même des Autochtones assimilés) se rallient pour les soutenir.

La profanation de cette Montagne sacrée doit arrêter immédiatement pour que notre mère puisse se reposer. C’est nécessaire aussi pour que nous puissions guérir de la pandémie mortelle qui continue à ravager ces territoires.

Tandis qu’il y a des actions immédiates qui peuvent et sont prises, peut-être que la plus décisive serait de restaurer l’harmonie pour vivre dans la bonne relation avec le sacré.

Le dé-Service des Forêts a fait obstacle et démontré que non seulement il ne pouvait pas, mais ne voulait pas soutenir la « gestion » Autochtone, étant donné qu’il préfère faciliter et chercher des bénéfices de la profanation. Qu’il s’écarte et nos gardiens du savoir sacré peuvent s’assurer que la restauration soit complète et bénéficie à tout ce qui existe.

Les administrateurs politiques et économiques de la Ville de Flagstaff devraient s’écarter de la même façon. Mais ils sont trop myopes et trop mous pour faire quoique ce soit de nécessaire. Pour être clair, le poids du capitalisme et du colonialisme devrait disparaitre avec eux.

Et avant que la fragilité du colon frappe avec le réflexe de bazar « mais où irions-nous tous ? » Ce qui est une question qui ne fait que renforcer les violences du colonialisme de peuplement (de même, est-ce que qui que ce soit ose poser cette question absurde aux Palestiniens ? [Oui, ils osent – Ch.P.]), pourquoi ne pas respirer un peu de cet air enfumé et demander « Que pouvons-nous faire de sensé pour vivre dans la bonne relation avec les peuples d’origine de ces terres ? » La justice anticoloniale est troublante, ne restez pas coincés par les conséquences de culpabilité ou du sens de droit incorporés dans plus de 500 ans de domination, de génocide, d’esclavage et d’écocide, mais laissez-nous être le guide. Cela signifie engager une conversation qui ne peut être établie dans le contexte d’invasion violente et d’occupation (demandez à la plupart de Ukrainiens, en ce moment), et cela signifie établir une réponse continue à l’effrayante question « comment pouvons-nous vivre en harmonie ? » N’attendez-pas les mairies et les conseils d’experts, ayez ces conversations avec votre famille, vos voisins et des gens rencontrés par hasard. Ou nous construisons cette mutualité dans l’espace horizontal de crise au milieu des flammes, ou les lignes des incendies sont tracées et s’approfondissent (ne délirez pas, ceci n’est pas un combat de plus).

Ceci n’est pas une proposition si radicale, c’est en fait comment la vie existait, dans la réciprocité, pendant des générations, jusqu’à il y a à peine 100 ans, ici, au pied de cette montagne sacrée. La guérison dont nous avons besoin ne peut pas venir des mêmes systèmes qui bénéficient de la destruction de notre monde naturel. Cette guérison n’est pas radicale, c’est une restauration.

En dépit du vulgaire côté marchand, c’est peut-être ce que certains veulent dirent quand ils appellent à « rendre la terre » ?

En regardant les points rouges fumants à travers cette Montagne sacrée, j’aime à penser « en avant, avec la Terre » plutôt que « rendez la terre » parce que ça me semble être la seule manière qui ne nous consumera pas tous.

Que les empires brûlent et ne soient jamais reconstruits de leurs cendres. C’est la guérison pour laquelle je prie.

Du pied de Dook’o’oosłííd et dans la fumée âcre,

Klee Benally

 

 

Par Censored News
Le 6 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le Cardinal Sodano et l’Université d’Arizona ont mené la dénégation du mode de vie religieux des Apaches pour construire l’Observatoire du Vatican sur le Mont Graham [sacré pour les Apaches] après des années de lutte pour protéger la montagne sacrée. Le New York Times a publié un article sur Sodano [le 28 mai, à l’occasion de son décès], qui dénonçait le rôle qu’il avait joué pour couvrir les exactions sexuelles de l’Église Catholique, mais l’article ne dit rien du rôle de Sodano dans la profanation du Mont Graham et le rejet du mode de vie sacré des Apaches.

L’Université d’Arizona a souvent camouflé son rôle dans la profanation du Mont Graham et est allée jusqu’à faire arrêter, par la sécurité de l’université, Wendsler Nosie Sr., pour effraction, alors qu’il priait sur le Mont Graham.

Tandis que l’Université d’Arizona cachait son rôle dans la profanation du Mont Graham, elle continuait à solliciter et recevoir chaque année des millions de dollars de subventions, fondées sur les besoins des Autochtones, les luttes et la recherche.

Le Vatican a actuellement un télescope sur le Mont Graham.

Les médias censurent facilement l’histoire et les faits sur les exactions de l’Église Catholique. Le décès de Sodano est un sinistre rappel du rôle de Sodano dans la profanation du Mont Graham et la répression de la vérité sur les prêtres prédateurs sexuels. – Censored News.

***

Commentaire

Censored News

Le Cardinal Angelo Sodano, avec un ex-directeur de l’Observatoire du Vatican, le Père George Coyne et le Père Charles Polzer, ont dirigé la répression des Apaches s’opposant à la profanation du Mont Graham par l’Université d’Arizona et les astronomes du Vatican.

Coyne, qui était aussi professeur d’astronomie à l’Université d’Arizona, appelait à la répression des dirigeants Apaches traditionnels. Le 25 mai 1992, Coyne écrivait que les croyances Apaches étaient « un genre de … religiosité à laquelle je ne pourrais souscrire et qui doit être réprimée avec toute la force que nous pouvons exercer. »

Polzer témoigna pour l’Université d’Arizona contre les dirigeants religieux Apaches, disant que les Apaches ne s’étaient jamais préoccupés du Mont Graham et ne l’avaient jamais considéré comme sacré. « Les Apaches ont rarement utilisé les sommets de cette montagne et son caractère sacré n’est pas plus spécifique que des références au ciel, » dit-il dans sa déclaration pour l’Université d’Arizona et le Vatican, contre les Apaches. Polzer a également qualifié la protection du Mont Graham de « Conspiration Juive. »

Sodano avait bloqué une rencontre planifiée des dirigeants religieux Apaches avec le Pape Jean-Paul II au Vatican, en mai 1992.

Tandis qu’il y a un nouveau directeur de l’Observatoire du Vatican, le Frère Jésuite Guy Consolmagno, le fait que le Vatican maintienne toujours un télescope sur le Mont Graham exprime directement le continuel manque de respect du Vatican pour les Apaches traditionnels.

Voir l’article – en anglais – du New York Times du 28 mai 2022

https://www.nytimes.com/2022/05/28/obituaries/cardinal-angelo-sodano-dies.html

Vivre Sous Surveillance, par Ofelia Rivas, O’odham
Publié par Censored News
Le 6 juin 2022
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

En tant que protectrice des terres, je refuse de continuer avec mon cœur écrasé sur le sol. Cette vie dure maintenant 24 heures, 7 jours et tous les 365 jours du calendrier occidental, sous la surveillance en temps réel de la vidéo de la tour d’Elbit System.

Quand je vais tôt le matin à mon jardin de graines O’odham, pendant les heures calmes, les réglages automatiques brisent le silence quand la caméra de surveillance suit mes mouvements dans ma cour.

Le dérangement suivant vient des camions de la Patrouille des Frontières qui roulent très vite sur le bitume érodé.

Un camion passe près de la clôture est de ma cour et l’autre prend une autre route pour passer par le côté sud de ma clôture.

C’est tout à fait évident – il y a aussi des détecteurs de mouvement à l’intérieur ou le long de la clôture, pour déclencher non seulement la surveillance visuelle en temps réel, mais aussi activer les détecteurs de mouvement.

L’image visuelle des terres sacrées O’odham est changée pour toujours, d’une terre pleine d’herbes naturelles, de plantes médicinales, de vie sauvage et de collines et de montagnes intactes, en un véritable carnage de l’environnement écologique humain, dans le sud-ouest du Désert de Sonora.

Cette terre a fourni depuis des milliers d’années des ressources naturelles, des plantes comestibles sauvages et du gibier, dans une région à la signification culturelle immense, et maintenant, elle est en crise. La terre est devenue stérile et érodée par des routes illégales, les sommets des collines et des montagnes ont été arrachés pour y mettre des caméras de surveillance non-autorisées, et l’habitat animal et la vie des plantes ont été détruits par l’irresponsabilité de la patrouille des frontières, lâchée sur les terres sans surveillance quand elle joue avec les jouets de guerre de son gouvernement.

Les terres sont envahies par des militaires étrangers, avec leur équipement militaire et leur idéologie de guerre, qui attaquent la terre et les gens. Maintenant, ça fait un an, sur les 25, de construction de la technologie de surveillance permanente d’Elbit, dans notre communauté, et ça s’est produit après les objections du District.

Quels fonds ont été empochés par le Conseil Gouvernant de la Nation Tohono O’odham pour approuver ce projet – les membres de notre communauté attendent encore cette information privilégiée.

Il n’y a toujours pas de réponse à notre question : « Pourquoi les Terres, les Gens et la Culture (identifiés par 3 courtes phrases) sont-ils qualifiés d’ ‘Impact sans importance’, dans l’Évaluation Environnementale et le Rapport Final. »

Qui a effectivement lu l’original en 2006 – plus de 360 pages – de la proposition sur la sécurité de la frontière, créée sous Bill Clinton, en tant que Commandant en Chef ?

La frontière internationale sépare des communautés et des familles entre deux pays, ce qui impacte les ressources en nourriture, l’héritage culturel et les modes de vie. En 1853, la frontière physique était faite de troncs de mesquites et de fil barbelé, pour que le bétail reste de son côté de la frontière.

En 2002, le gouvernement de G.W. Bush a créé le Bureau de Sécurité Intérieure. Tous les présidents des Etats-Unis, depuis 2002, ont dépensé des milliards pour sécuriser la frontière avec de la surveillance en temps réel, des caméras portables et des détecteurs, et des centaines de militaires de la patrouille des frontières.

Les militaires U.S. ont continué à violer les terres O’odham, restreindre la mobilité et violer les droits humains et O’odham des premiers habitants de ces terres.

Toute assistance, comme la fourniture de nourriture et autres produits nécessaires aux familles se trouvant dans des zones à accès réglementé ou isolées, dans les terres O’odham du sud, est limitée et met en danger les communautés O’odham traditionnelles.

Postscriptum : vendredi 2 juin 2022, à 18h53, j’ai essayé d’appeler mon frère, mais n’ai pas pu faire un appel local. À 20h27, j’ai fait savoir à la Police Nationale Tohono O’odham qu’un hélicoptère volant à basse altitude, faisait de la poussière près de la maison depuis 25 minutes.

C’est une tactique utilisée par la patrouille des frontières contre les immigrants à pied, ils les attaquent en volant en rase-motte pour produire tellement de poussière que ça immobilise les gens. J’étais assise dehors pour profiter de la soirée fraiche avec une tasse de café. J’ai remarqué l’hélicoptère aller et venir le long de la frontière. Quand je me suis levée pour mieux voir, l’hélicoptère à tout de suite volé vers ma maison, puis a tourné continuellement autour ma maison d’une seule pièce, et soulevé tant de poussière que je me suis mise à tousser tout en essayant de protéger mes yeux.

Je suis rentrée, il y avait autant de poussière à l’intérieur. Je suis sortie pour essayer de faire une vidéo, mais mon téléphone ne marchait pas.

L’hélicoptère continuait de tourner et braquait un projecteur sur moi, tout ce que j’entendais, c’était les hélices.

L’hélicoptère est reparti aussi vite qu’il était venu. Il a été demandé à la police locale de contrôler si j’allais bien, mais ils ne m’ont pas appelée et ne sont pas venus pour faire un rapport. J’ai estimé les dommages le jour suivant, je tousse toujours et le vent causé par l’hélicoptère a fait des dégâts dans mon jardin, le maïs était haut et en pleine santé, maintenant il a été soufflé par le vent et des feuilles et des épis sont cassés.

Article et photos ©Ofelia Rivas. Aucun passage ne peut être utilisé sans permission écrite. Ceci inclut l’utilisation dans des médias, des films, des livres, des dissertations ou tout autre but.