Jimbo Simmons, de l’AIM West, était l’un des intervenants, lors de la Journée Annuelle de Solidarité du CSIA-nitassinan. Cette année, la Journée commémorait aussi le 50ème Anniversaire de la fondation de l’AIM. Jimbo a donné sa vision de ce que devrait être la décolonisation.
Intervention enregistrée le 13 octobre par Pascal Grégis, du CSIA.

 

Jimbo Simmons
Paris, 13 octobre 2018
Transcription et traduction Christine Prat, CSIA

 

“Nous sommes réunis ici et avons parlé de la colonisation. Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Selon ma façon de voir la colonisation, elle a été fondée et imposée de force à notre peuple en Amérique du Nord, les Indiens. Puis elle a été exportée partout dans le monde à d’autres communautés Autochtones. Alors, pour que nous puissions rejeter le joug de la colonisation, il faut que je la définisse plus profondément, en ce qui me concerne. Parce que je pense qu’il y a plus à faire que décoloniser. Il faudrait qu’on vous fasse toute une leçon d’histoire, sur la colonisation. Mais pour notre peuple en Amérique du Nord, la décolonisation, nous la concevons comme une libération, nous libérer d’un système de valeurs qui nous a été imposé. Notre mode de vie, notre philosophie de la vie, est tout aussi valable que n’importe quelle autre idéologie, en tant que mode de vie dans le monde d’aujourd’hui. Mais lorsque nous nous décolonisons nous-mêmes, je pense que nous ne faisons que nous coloniser davantage. Et alors, les Etats-Unis ont affaire à un néocolonialisme. Et pour moi, ça signifie que des gens qui ont été colonisés par notre ennemi, ont acquis le pouvoir, à travers le système de gouvernement, de perpétuer le même système colonial. Ainsi, c’est plus facile pour les colonialistes de dire “ils le font à eux-mêmes”. Alors, nous devons bien comprendre ce que nous voulons dire par colonisation et décolonisation. Je pense que nous, en Amérique du Nord, commençons à aller dans ce sens. Et aujourd’hui, en écoutant les interventions de nos frères et sœurs qui combattent aussi, je vois que c’est la même chose. Donc, je pense que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, à partager, à comprendre tout ce que nous avons en commun, quand nous parlons de colonialisme. Car pour nous, en Amérique du Nord, c’est une colonisation qui a menacé notre mode de vie, qui nous a conduit à nous soulever pour défendre ce mode de vie. Ainsi, nous devons vraiment bien comprendre de quoi nous parlons, quand nous disons “décolonisez”. Parce que beaucoup de problèmes qui touchent notre peuple, comme les oléoducs, comme nos sites sacrés, en font partie intégralement. Et je voulais juste faire remarquer cela, afin que nous puissions avoir une meilleure compréhension de ce que nous subissons, de ce dont nous parlons aujourd’hui.

J’ai écouté nos frères Kanak et les autres frères qui combattent le colonialisme… J’avais toujours pensé que les Français étaient nos amis, qu’ils étaient nos alliés, alors ça me pousse en quelque sorte à me demander, quel est notre but, quel est notre objectif? Et je viens ici, pourtant je suis Choctaw, et ce sont les Français qui ont pris notre territoire puis l’ont abandonné au gouvernement des Etats-Unis. L’enseigne-t-on dans les livres d’histoire? Je crois que non. Ainsi, je pense que nous devons nous rééduquer pour savoir ce que nous pouvons faire pour parvenir réellement à ce que nous essayons de faire, c’est-à-dire nous libérer.

Et c’est un honneur pour moi d’être à nouveau ici avec mes frères et mes sœurs, qui se battent tellement dans leurs communautés, et de trouver les moyens de tendre la main à d’autres peuples dans le monde et aux communautés à travers tous les Etats-Unis. Et [des communautés] qui découvrent leur pouvoir, retrouvent leur voix, et trouvent leur force. Et pendant ce temps, nous nous construisons aussi spirituellement, et par là, nous guérissons, nous sommes sur le point de guérir. Ainsi, quand nous comprenons bien comment la colonisation nous affecte, il devient beaucoup plus facile de nous guérir nous-mêmes.

Parfois, ça me pose des problèmes de dire que les Indiens sont les gens les plus colonisés du monde aujourd’hui. Alors, comment combattre ça? En revenant à nos façons et traditions, à notre philosophie de la vie. Et, comme nos frères nous l’ont montré au début de ce programme, avec leurs danses, ce que ça va exiger de nous pour montrer aux gens que nous sommes humains aussi. Parce que, comme je l’ai observé par leurs danses, leurs costumes, c’est un processus que nous aussi devrons suivre pour retrouver notre identité.

L’autre aspect extrêmement important, c’est notre langue. Notre identité. Nous ne sommes pas autochtones, nous sommes les peuples d’origine de ces pays. Nous sommes les Lakota, ou Dakota, les Cheyennes, les Dineh ou les Choctaw. Quel qu’aient été les noms originaux, ce qu’étaient leurs noms originaux au début des temps, c’est de ça qu’il s’agit. Et si nous les traduisons en anglais ou en français, ils signifient tous Les Gens [et Kanak signifie ‘Homme’]. Alors, ce qu’ils veulent faire c’est effacer la mémoire de qui nous étions à l’origine. Et pour moi, c’est cela, la colonisation. Et tant qu’ils perpétueront ce système dans nos communautés, nous continuerons à nous battre, nous continuerons la lutte contre ce système. Même s’il n’y a pas de solution, ou peut-être même pas de réponse à ça. C’est tout ce que le gouvernement veut, créer assez de chaos pour nous aveugler.

Donc, nous devons revenir à nos débuts. Peu importe d’où nous venons. Notre peuple a toujours regardé quatre couleurs sacrées: le jaune, le noir, le rouge, le blanc. Nous avons tous eu une origine dans le temps, nous avons tous dû apprendre de quelque chose. Ainsi, les instructions qui nous ont été données à l’origine sont ce qui nous constitue. Mais, quelque part sur le chemin, nous les avons perdues. Je dis ‘nous tous ensemble’, mais alors, je ne veux pas dire ‘nous’, les Indiens d’Amérique du Nord, parce que nous sommes tous embarqués dans cette lutte avec vous. Merci.”

 

 

Intervention de Nataanii Means à Paris, le 13 octobre 2018, au cours de la 38ème Journée Annuelle de Solidarité du CSIA-nitassinan. Enregistrement Pascal Grégis du CSIA.

 

Nataanii Means English
Paris, 13 octobre 2018
Traduction Christine Prat, CSIA
Also published in English on Censored News

 

Nataanii s’est d’abord présenté à la manière traditionnelle puis a expliqué:

“Bonjour à tous, c’étaient mes salutations, que je suis supposé offrir chaque fois que je parle. Je peux me présenter en trois langues différentes. Je suis de trois Nations différentes. Je suis Oglala Lakota, Dineh – Navajo – et Omaha.”

“Pour ceux qui me connaissent, je suis venu ici chaque fois, les trois ou quatre dernières années. Et chaque fois, il se trouve que je me bats contre quelque chose de différent. Beaucoup de choses ont changé, depuis deux ans. Il y a deux ans, nous nous battions à Standing Rock. Et cette année, et bien, c’est dur d’être Autochtone, parce qu’il faut continuer, nous ne faisons que combattre, quoiqu’il arrive. Et en ce moment – nous passons sur l’année 2017 – cette année, nous combattons un autre oléoduc dans le Minnesota, la Ligne 3 de la compagnie Enbridge.

L’une des raisons pour lesquelles j’y participe, c’est que beaucoup de nos parents Anishinabe étaient à mes côtés pendant les sept mois à Standing Rock, à travers les dures épreuves. Et parce qu’ils ont fait cela, je me sens obligé d’être là-bas avec eux.

Standing Rock a été une expérience très instructive, pas seulement pour moi-même. Nous en avons appris beaucoup sur les oléoducs, et sur les tactiques utilisées, non seulement par la police, mais par les firmes de sécurité privées et les états.

Notre but maintenant est d’être efficace. Être efficace en retardant les travaux assez longtemps pour que ça coûte de l’argent à l’entreprise jusqu’à ce qu’elle doive abandonner le projet. Et, pour moi, être efficace de cette manière est toujours dangereux, mais c’est la voie la plus sûre que nous pouvons suivre.

L’an dernier, ils ont terminé la construction d’un oléoduc dans le Wisconsin, et dans le Nord du Canada, jusqu’au centre du Canada. Il y avait un groupe de gens qui s’appelaient le Camp Makwa, qui ont essayé de retarder les travaux jusqu’à l’hiver, dans le Wisconsin, pour repousser un peu l’oléoduc.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous vivons dans la plus grande superpuissance du monde. Le pouvoir militaire des Etats-Unis est présent partout dans le monde, et il était clairement présent à Standing Rock, où il a montré ce qu’il en avait à faire des populations d’origine de ce pays.

Ainsi, l’état du Minnesota avait un an pour approuver ou repousser cet oléoduc, par l’intermédiaire du comité de la PUC [Public Utilities Commission – Commission des Services Publics]. Ils l’ont approuvé par 5 voix à 0, ignorant totalement l’indignation du public. Nous avons fait sentir notre présence à ces gens qui approuvent ces oléoducs qui affectent directement les Autochtones vivant le long de leurs corridors. Ils ne nous ont pas regardés en face. Nous avons fait remettre la réunion, nous l’avons suffisamment perturbée, nous avons réussi à faire parler de nous dans le New York Time, le Los Angeles Times, et partout.

Vous savez, ces discours qui viennent d’être prononcés sur la décolonisation, tout ce qu’ils ont dit était vrai. Le subir en pratique est encore plus dur, le vivre est encore plus dur. En combattant des oléoducs, nous parlons de décoloniser un monde né drogué. Nous sommes accros au pétrole. Et nous ne pouvons pas être en manque. Si vous avez jamais vu un drogué en manque, c’est horrible. Et c’est ce que nous sommes, drogués, accros. C’est ce qu’est la race humaine actuellement, c’est une maladie, une addiction, c’est un virus. C’est ce que nous sommes maintenant.

Je veux dire, la Terre existe depuis environs 3 milliards d’années, et nous, depuis combien d’années sommes-nous là? 20 000 ans? Nous ne sommes pas vitaux pour cette Terre, nous ne sommes rien. Vous le savez, vous, puisque vous êtes ici. Mais ça accroît l’urgence de trouver de l’énergie renouvelable, de nouvelles solutions.

Aller à ces réunions, voir la tête de ces haut placés, les regarder en face, pour leur montrer qu’ils ne sont pas intouchables, est important. Parce que, si je peux choisir de rentrer chez moi, je n’ai pas d’endroit agréable où retourner. Je retourne là où les gens sont drogués, là où des gosses se suicident à l’âge de dix ans, là où mes cousins vendent de la méth. Je retourne là où les mines d’uranium et de charbon, là où les forages pétroliers et la fracturation nous donnent des cancers, maintenant. C’est notre réalité. Et il n’y a pas de vacances, pas de jours de congé, si vous êtes une personne autochtone, un Indien.

Alors, c’est ça le mobile pour être efficace contre la Ligne 3: parce que je suis fatigué du cancer, je suis fatigué des drogues qui nous arrivent, je suis fatigué de ce trafic sexuel de femmes Autochtones dans les camps masculins. Et tout cela… Surtout ces femmes Autochtones disparues ou assassinées, c’est un problème énorme, avec ces camps masculins qui s’installent. Ils font du trafic sexuel de nos femmes à cause de l’environnement raciste qui se développe. Ces projets d’extraction sont construits juste à côté des Réserves Indiennes. Et qu’y a-t-il aux alentours? Seulement nous.

Cet oléoduc est en train d’être construit à travers les champs de riz sauvage des Anishinabe, là où ils récoltent leur nourriture en été, et où ils ont découvert récemment un village vieux de 7000 ans, un village Dakota.

Après que le DAPL ait été construit, ils ont approuvé la Ligne 3, ils ont approuvé les gazoducs de LNG, le Canada a approuvé l’oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan, et le Keystone XL.

– Et Bayou Bridge!

– Bayou Bridge est en fait un prolongement du DAPL, et ils sont encore en train de le combattre.

Et le pétrole vient des sables bitumineux, et ces sables bitumineux sont le pétrole le plus mauvais, le plus empoisonné, le plus affreux qu’il existe. Le pétrole de Bakken est très mauvais, mais les sables bitumineux sont pires. Et ils essaient d’accroître les sites de sables bitumineux d’un quart, voire même deux quarts leur taille, maintenant.

Alors, je ne sais pas de quoi je parlerai si je reviens l’an prochain. J’espère que ce sera pour dire que nous avons battu la Ligne 3 et le Bayou Bridge!

Vous savez, même dans nos terres ancestrales, où se trouve le Monument National de Bears Ears [en Utah], ils essaient de l’ouvrir à l’exploration, au forage pétrolier et à la fracturation. Ils pratiquent aussi la fracturation en Pays Navajo, à un rythme effréné. C’est écrasant, parce que nous sommes sur les lignes de front, que ça nous plaise ou non, que nous le choisissions ou pas, nous sommes forcés d’être sur les lignes de front.

Les gens oublient qu’il y a plus de 560 Nations Autochtones, rien qu’aux Etats-Unis. En tant qu’Autochtones, nous constituons 0,8% de la population des Etats-Unis. Et nous sommes ceux qui combattons ces horreurs! Alors, c’est là que VOUS entrez en jeu! Venez vous faire arrêter maintenant! Nous encourageons nos alliés à la couleur de peau privilégiée dans le système, de faire ce qu’ils peuvent pour faire bouger les choses, pour faire du bruit et semer la perturbation, en tant qu’alliés des Autochtones.

Et je vous remercie tous d’être ici, d’écouter, de rester dans cette pièce trop chaude. Donc, quand nous repartirons d’Europe, nous devrons retourner à tout ça. Ça peut sembler bizarre quand je le dis, mais ce n’est pas drôle de rentrer chez nous. Nous allons continuer à combattre, à faire de notre mieux, et continuer indéfiniment à le faire.”

 

 

 

 

Nataanii Means,
Paris, October 13, 2018 Français
Also published in English on Censored News

Speech by Nataanii Means in Paris, October 13, 2018, at the 38th Annual Day of Solidarity of the CSIA-nitassinan.
Recorded by Pascal Gregis and Christine Prat from CSIA, transcribed by Christine Prat

 

Nataanii presented himself in the traditional way and further explained:

“Hello everyone, this is my greeting, that I am supposed to give whenever I speak. I can present myself in three different languages. I am from three different Nations. I am Oglala Lakota, Dineh – Navajo – and Omaha. For those who know me, I have been coming for the past three or four years. And each time, it seems that I am fighting something different. A lot has changed since two years ago. Two years ago, we were fighting in Standing Rock. This year, now, it’s hard to be indigenous, because you have to keep going, you just keep fighting, no matter what. And right now – we have to go through last year, 2017 – and this year we are fighting another pipeline in Minnesota, called Line 3, of Enbridge Corporation.

One of the reasons I am here is because a lot of our Anishinabe relatives stood with me through the seven months at Standing Rock, through the hardships. Because they did that, I feel an obligation to be there with them.

Standing Rock was a great learning experience, not only for myself. Learning about pipelines in themselves, and the tactics used by not only police, but private security firms, and by the states.

Our goal now is to be effective. To be effective to actually delay enough to cost the corporation enough money until the drop the project. And, to me, being effective in that manner is still dangerous, but it is the safest road we can go.

Last year, they finished the pipeline building in Wisconsin and in Northern Canada, down to Middle Canada. There was a group of people called the Makwa Camp, who tried to delay it enough in the winter time, in Wisconsin, to push the pipeline back further.

What you want to understand is that we live in the biggest superpower in the world. The military might of the United States is present all over the world, and it was definitely present at Standing Rock, it showed how they cared about the original people of this land.

So, the state of Minnesota had a year to approve or deny this pipeline, through the PUC committee. They approved it, 5 to 0, totally ignoring the public outcry. So, we went to another meeting where they were voicing what they call environmental safety measures, to the public. We made our presence known to these people who approved these pipelines that directly affect Indigenous people living along their row. They wouldn’t look at us in our eyes. We postponed the meeting, we disrupted it enough, made it to the New York Time, the L.A. Times, all over.

You know, on the talks about decolonization, everything they said was right. To practice it is even harder, to live it is even harder. When we are fighting pipelines, we are talking about decolonizing a world that was born into an addiction. We are addicted to oil. We can’t go cold turkey. If you have ever seen an addict go cold turkey, it’s horrible and that’s what we are, addicted. That’s what the human race is right now, it’s a disease, it’s an addiction, it’s a virus. That’s what we are right now.

I mean, the Earth has been around for 2 billion years, we have been around for what? 20 thousand? We are not vital to this Earth, we are nothing. I mean, you know you guys, because it is why you are here. But it pushes the urge of finding renewable energy, new solutions.

Going to these meetings and to these higher ups and their faces, getting in their faces, showing them that they are not untouchable is important. Because, if I can choose to go home, I don’t have a nice place to go home to. I go back where people are addicted to drugs, where kids are committing suicide at the age of ten, where my cousins are selling meth. I go back to where uranium, coal mining, where oil drilling, where fracking is giving us cancers, right now. That’s our reality. And there is no vacation, there is no holiday, when you are an original person, an Indian.

So, about this Line 3, to be effective is the motive, because I am tired of cancer, I am tired of drugs coming in, I am tired of my women being sex-trafficked into men camps. And all those things… Specially those missing and murdered Indigenous women, it is a huge factor in those men camps that come in. They sex-traffic our women because of the environment of racism that’s happening. These extraction projects are built right next to Indian Reservations. And, what else is around? Just us.

This pipeline is built right through Anishinabe wild rice fields, where they go to collect their food in the summer time, where they recently found a 7000 years old village, a Dakota village.

After DAPL was built, they approved Line 3, they approved LNG gas lines, Canada approved Kinder Morgan Trans Mountain pipeline, and the Keystone XL.”

– “And Bayou Bridge!”

– “Bayou Bridge, well, it’s a continuation of DAPL and they are fighting that still.

The oil comes from the tarsands, and these tarsands are the most cruel, poisoning, ugliest oil that is. The Bakken oil is bad, the tarsands are worse. And they are trying to increase the tarsands by one quarter of its size, two quarters of its size by now.

So, I don’t know what I’ll be talking about when I come back next year. Hopefully will it be that we beat Line 3 and Bayou Bridge.

You know, even in my homelands where Bears Ears National Monument is [in Utah], they are trying to open it for exploration for oil drilling and fracking. There is also fracking in Navajo Country, at high rate. It’s really overwhelming, because we are on the frontlines, whether we like it or not, choose it to be or not, we have to be on the frontlines.

People forget that there are over 560 Nations in the United States alone. We make up for 0.8% of the population of the United States, as Indigenous people. We are the ones fighting those atrocities. So, that’s where YOU come in! Come get arrested now! We encourage our allies, the people with privileged skin in the system, to do what they can to move what they can move, to create noise and to create disruption, as an ally to Indigenous people.

And I thank all of you for being here, for listening, for being in this hot room. So, after we leave here, we shall have to go back to all that. It might sound funny when I say, but it’s not funny when we go back home. We’re going to keep fighting, doing the best we can, and just going to keep doing it.”

 

 

 

 

Christine Prat, CSIA, français
Octobre 20, 2018
Also published on Censored News

 

Two Water Protectors, who have been fighting and suffering a lot in Standing Rock, Nataanii Means and Tufawon, are now back to Europe for a “Resilience Tour”. In Paris, they took part in several events, to celebrate AIM’s 50th Anniversary, and CSIA’s 40th Anniversary.

On October 12th, in the afternoon, a gathering took place to honor the AIM and pay a tribute to the leaders who have passed to the Spirit World, and, in the evening, Raye Zaragoza (Akimel O’odham/Xicana), Nataanii Means and Tufawon had a show.

The evening started with beautiful songs by Raye Zaragoza.

 

Then, Nataanii and Tufawon started with their hip-hop show. Nataanii presented himself and delivered a speech about the AIM leaders who left us, explained how complicated it was without the Elders, and said that their struggle to protect water is still going, now against the pipeline Line 3 of Enbridge.

Nataanii Means presented himself, saying that he came from three different Nations: Oglala Lakota, Omaha and Dineh (Dineh being often known as Navajos).

Then he talked about the AIM:

“My father fought for a long time, alongside my auntie and my uncle here, Jimbo and Jean. They all worked together for a long time. Jimbo talked about how our past leaders are past away now, no matter whoever they grouped with. Jean said it too. Everyone they grouped with in the movement, they are gone now.

I am a product of what they built. One day, I shall be an ancestor to one of my people. So are you. That’s why we have to start thinking collectively as conscious people.

We are fighting another pipeline, in Minnesota. It’s called Line 3, and you can look it up on the Internet, at www.stopline3.org. On Facebook, look up Ginew Collective, g, i, n, e, w. Look that up.

But a few weeks ago, me and Tufawon, we just came from that camp. We’re fighting that billionaire company, and I was sitting there, in a meeting, and I looked around, because a question came up. It was a really hard question, and I expected somebody else to answer it. I expected one of my Elders to be there to answer it. But they were not there, there was nobody there. There was us. And that was a new feeling for me, to be there without these people. But that’s how life is, you understand that.

You know, it’s hard for me and Rafa [Tufawon] to both be here. You know that, leave those guys behind to do a lot of work.

So, the least we can do for them is to ask you to go home and look up stopline3.org and Ginew Collective, and share with your circle, donate and spread the word.”

Then, Nataanii and Tufawon went back to playing music.

 

 

 

Excerpt from the info page of stopline3, there is much more info on this site – among others, several video interviews of Winona La Duke – thus look it up:

The existing Line 3 is an Enbridge pipeline that ships crude oil from Alberta to Superior, Wisconsin. It spans northern Minnesota, crossing the Leech Lake and Fond du Lac reservations and the l855, 1854, and l842 treaty areas.  And it is a ticking time bomb. It was built with defective steel in l96l, has had numerous ruptures and spills, and is running at half pressure because of severe corrosion.  Instead of cleaning up this liability, Enbridge wants to simply leave it in the ground forever, and cut a brand new energy corridor through our best lakes, wetlands, and wild rice beds, and the heart of Ojibwe treaty territory.  They first proposed this new route for the Sandpiper pipeline in 2013, but years of fierce resistance in Minnesota drove them to cancel that project and buy a share of the Dakota Access pipeline instead. At $7.5 billion, the proposed new Line 3 would be the largest project in Enbridge’s history and one of the largest crude oil pipelines in the continent, carrying up to 915,000 barrels per day of one of the dirtiest fuels on earth, tar sands crude. They call it a “replacement” but it is larger, with higher volume, in a new corridor.  First Nations, tribal governments, landowners, environmental groups, and communities across the Great Lakes have been fighting for 5 years now to stop this new corridor and #StopLine3.  We are here to protect the water and our future generations.

 

 

JEAN ROACH, LAKOTA, PARLE, A PARIS, DU ROLE DES FEMMES DANS LA LUTTE, DE LEONARD PELTIER ET DE LA PROTECTION DE L’EAU

Intervention enregistrée
Le 13 octobre 2018
Publiée
Le 22 octobre 2018
Traduction Christine Prat
In English on Censored News

La 38ème Journée de Solidarité avec les Peuples Autochtones, organisée à Paris par le Comité pour la Solidarité avec les Indiens des Amériques, le CSIA, a célébré plus de cinq siècles de luttes contre le colonialisme, le 50ème Anniversaire de l’American Indian Movement, et le 40ème Anniversaire du CSIA.

Jean Roach faisait partie des intervenants représentant l’AIM. Elle a parlé du rôle des femmes dans la lutte, de Wounded Knee, de la Protection de l’Eau et de la Terre, et surtout de Leonard Peltier, et appelé à soutenir sa libération.

Vous trouverez ci-dessous la transcription de son discours du 13 octobre 2018.

Christine Prat, CSIA

 

“Je m’appelle Jean Roach, j’appartiens à la Nation Lakota. Je vis près des Black Hills, dans le Dakota du Sud. J’aimerais remercier tous ceux qui sont venus et s’intéressent à nos combats.

Je représente un homme, Leonard Peltier, qui est en prison depuis 43 ans, ce qui fait aussi partie de la colonisation.

Quand nos familles sont attaquées, que ce fut au XVIII ème siècle ou dans les années 1970, les femmes doivent s’engager aussi. Nos enfants ont été donnés à l’adoption, emmenés de force dans des internats, où ils ont été battus, tués, assassinés. Nos hommes ont été emprisonnés, ou tués, ou les deux. Depuis le premier contact, nous avons eu de nombreuses victimes.

Ma Nation est celle des Miniconjou. Ce sont des gens de mon peuple qui ont été massacrés à Wounded Knee [29 décembre 1890]. Ça fait partie du rôle des femmes. Alors, des gens essaient de nous appeler des activistes ou des militantes, mais nous ne sommes que des mères et grand-mères. Nous protégeons les générations suivantes, ce sont nos actions en ce moment, et nous avons probablement de l’ADN de nos ancêtres qui ont été massacrés. Ainsi, quand nous parlons de Leonard Peltier, nous devons faire le lien avec le fait que son grand-père était l’un des 38 du Dakota [38 hommes pendus sur ordre de Lincoln, à Mankato, Minnesota, le 26 décembre 1862]. Pour les gens de nos générations, Leonard représente les manipulations des Etats-Unis.

Des gens parlent de prisonniers politiques, mais nous ne sommes que des Protecteurs de l’Eau. A Standing Rock, ils ont été attaqués sur la base de leurs croyances, de nos croyances en la protection de l’eau. Et ils sont aussi prisonniers politiques.

 

 

Comme je l’ai dit, Leonard Peltier est prisonnier depuis 43 ans. C’est le prisonnier politique le plus ancien du monde. Tout ce que nous demandons, c’est la justice. Et que l’histoire soit racontée et jamais oubliée. Nous voudrions que le monde international sache que nous souffrons et que nous avons toujours un prisonnier dans une prison. Et beaucoup d’autres. Jusqu’à ce qu’il soit libéré, nos Nations ne seront pas libres.

J’ai une abondante documentation sur ce dont je parle. Je demande à chacun de s’intéresser au cas de Leonard Peltier. Et je félicite tous les protecteurs de l’eau et de la Terre. Merci.”

 

 

 

TOURNEE ‘RESILIENCE’ DE DEUX PROTECTEURS DE L’EAU: LA LUTTE CONTRE LES OLEODUCS CONTINUE

Christine Prat, CSIA English
20 octobre 2018
Egalement publié en anglais sur Censored News

Deux Protecteurs de l’Eau, qui ont combattu et beaucoup souffert à Standing Rock, Nataanii Means et Tufawon, sont de retour en Europe pour une tournée intitulée “Résilience”. A Paris, ils ont pris part à diverses manifestations, pour célébrer le 50ème Anniversaire de l’AIM et le 40ème Anniversaire du CSIA-nitassinan.

Le 12 octobre, l’après-midi, il y avait eu une réunion pour commémorer l’AIM et rendre hommage à ses dirigeants maintenant passés dans l’Autre Monde, et le soir, Raye Zaragoza (Akimel O’odham/Xicana), Nataanii Means et Tufawon ont donné un concert.

La soirée a commencé avec les chants mélodieux – et engagés – de Raye Zaragoza.

 

Puis, Nataanii et Tufawon ont entamé leur concert hip-hop. Nataanii s’est présenté et a parlé des dirigeants de l’AIM qui nous ont quitté, et expliqué que c’était très difficile de continuer sans les Anciens. Il a expliqué aussi que leur lutte pour protéger l’eau continue, actuellement contre l’oléoduc Line 3, de la firme Enbridge.

Nataanii s’est présenté, à la manière traditionnelle. Il dit qu’il était issu de trois Nations différentes: Oglala Lakota, Omaha et Diné (‘Diné’ étant souvent connus sous le nom de ‘Navajos’).

Puis il a parlé de l’AIM:

“Mon père s’est battu pendant des années, avec à ses côtés ma tante et mon oncle ici présents, Jimbo et Jean. Ils ont travaillé ensemble très longtemps. Jimbo a parlé tout à l’heure de nos dirigeants qui nous ont quitté, à présent, peu importe à quel groupe ils appartenaient. Jean l’a dit aussi. Tous ceux avec qui ils se sont groupés, dans le mouvement, nous ont quitté maintenant.

Je suis le produit de ce qu’ils ont construit. Un jour, je serai un ancêtre pour quelqu’un de mon peuple. Vous aussi. C’est pourquoi nous devons nous mettre à réfléchir collectivement, en tant que gens conscients.

Nous combattons un autre oléoduc, dans le Minnesota. Ça s’appelle Ligne 3. Vous pouvez chercher les infos sur l’Internet, sur le site stopline3.org. Sur Facebook, cherchez Ginew Collective, g, i, n, e, w. Allez y voir.

Mais il y a quelques semaines, moi et Tufawon, revenions tout juste de ce camp. Nous combattions cette compagnie qui vaut des milliards, et j’étais là, dans une réunion, et j’ai regardé autour de moi, parce qu’une question avait été posée. C’était une question très difficile, et je m’attendais à ce que quelqu’un d’autre réponde. Je m’attendais à ce que l’un de nos Anciens soit là pour répondre. Mais ils n’étaient pas là, personne n’était là. Seulement nous. Et ce fut un sentiment nouveau pour moi, d’être là sans ces gens. Mais c’est la vie, vous le savez bien.

Vous savez, c’est dur pour moi et Rafa [Tufawon] d’être ici, tous les deux. Vous savez ce que c’est, on laisse les gars derrière pour faire un travail énorme.

Donc, le minimum que nous puissions faire pour eux, c’est de vous demander, en rentrant chez vous, d’aller sur le site stopline3.org et Ginew Collective, et de partager avec votre entourage et vos connaissances, de faire des dons et de transmettre l’info.”

Puis, Nataanii et Tufawon sont retournés à la musique:

 

 

 

Extrait de la page d’information du site stopline3. Il y a beaucoup plus d’informations sur ce site – entre autres des vidéos d’interviews de Winona La Duke – donc allez y voir:

La Ligne 3 existante est un oléoduc de la firme Enbridge qui transporte du brut d’Alberta jusqu’au lac Superior, dans le Wisconsin. Il part du nord du Minnesota, et traverse le Lac Leech et les Réserves de Fond du Lac et les régions des traités de 1855, 1854 et 1842. C’est une bombe à retardement. Il a été construit en 1961 avec de l’acier défectueux, il y a eu de nombreuses fissures et marées noires, et il ne fonctionne qu’à la moitié de la pression, à cause de l’extrême corrosion. Au lieu de nettoyer cet oléoduc qui pose tant de problèmes et d’incertitudes, Enbridge veut tout simplement le laisser dans le sol pour toujours, et ouvrir un nouveau corridor à travers nos plus beaux lacs, zones humides et champs de riz sauvage, et à travers le cœur du territoire Ojibwe selon les traités. Ils ont d’abord proposé ce nouveau tracé pour l’oléoduc Sandpiper en 2013, mais des années de résistance féroce dans le Minnesota, les a forcés à renoncer au projet et à acheter des parts du Dakota Access Pipeline à la place. Au prix de 7,5 milliards de dollars, le nouveau projet de Ligne 3 serait le plus grand de l’histoire d’Enbridge, et l’un des plus grands oléoducs pour le brut du continent, transportant jusqu’à 915 000 barils par jour du carburant le plus sale sur terre: le brut de sables bitumineux. Ils intitulent cela un “remplacement”, mais c’est plus grand, avec un plus grand volume, dans un nouveau corridor. Les Premières Nations, les gouvernements tribaux, les propriétaires terriens, les groupes écologistes et les communautés dans la région des Grands Lacs, combattent depuis 5 ans pour bloquer ce nouveau corridor et la Ligne 3, #StopLine3. Nous sommes là pour protéger l’eau et les générations futures.

 

 

DES DEFENSEURS DE LA TERRE MANIFESTENT CONTRE LA ‘DECLARATION VIDE’ D’UNE JOURNEE DE PEUPLES AUTOCHTONES A ‘FLAGSTAFF’

 

Mardi 9 octobre 2018

Rapport publié par le Comité Ad-hoc d’Agitation Anticoloniale du Territoire Occupé de Flagstaff
Photos Ed Moss & anonymes

Publié par Indigenous Action Media
Traduction Christine Prat
(J’ai mis ‘femmes/trans’ pour ‘womxn’ dans l’original, néologismes!)

 

TERRITOIRE OCCUPE DE FLAGSTAFF, Arizona – Lundi soir, plus de 45 personnes se sont rassemblées sur “Heritage Square”, dans le territoire occupé de soi-disant “Flagstaff”, pour appeler à la libération des Autochtones lors de la Journée des Peuples Autochtones. Les intervenants au rassemblement ont fortement rejeté la récente déclaration d’une “Journée des Peuples Autochtones” par les politiciens de Flagstaff, comme étant une mesure hypocritement symbolique, vu que les Autochtones de la région continuent à être confrontés au génocide culturel, à des incarcérations hors de proportion, à être sans abris, à un profilage racial extrême, et à la violence d’état.

Le rassemblement s’est concentré sur les voix des femmes et des parents à deux esprits, qui ont parlé de leurs histoires de résistance à l’hétéro-patriarcat et à la violence d’état. La foule a distribué des bandanas rouges avec le hashtag #MMIW en l’honneur des Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées (MMIW – Missing and Murdered Indigenous Women), un mouvement qui affronte le fait qu’un tiers des femmes Autochtones des soi-disant “Etats-Unis” ont disparu ou ont été assassinées.

Nicole Joe, qui appartenait à la communauté locale des Autochtones sans abris, est morte le 25 décembre 2017, après que son compagnon, Vaughn Seumptewa, l’ait battue et laissée dehors dans le froid pendant plusieurs heures, avant de la trainer dans un appartement, où elle mourut un peu plus tard.

Les manifestants ont réclamé la justice pour Nicole Joe, Loreal Tsingine (assassinée par la police à Winslow en 2016), et Vanessa Lee, récemment trouvée morte à Flagstaff, sans que la cause de la mort ait été déterminée jusqu’à maintenant.

“Si les communautés doivent mettre un terme à la disparition et l’assassinat de femmes/trans Autochtones, il doit y avoir un soutien plus efficace pour les femmes/trans devant quitter des partenaires violents, à l’opposé du système actuel, intrinsèquement raciste contre les femmes/trans Autochtones, dont les histoires ne sont souvent pas crues ou sont placées sur des listes d’attente avant d’obtenir le même traitement que les non-Autochtones,” dit Bonn Baudelaire.

Bonn ajouta: “Nous avons résisté à cette narration depuis 500 ans. Et c’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui, pour que le futur soit réimaginé par le féminin. Ainsi, qu’est-ce que ça signifie quand nous disons Femmes/trans Disparues et Assassinées? C’est ce que nous voulons dire, nous réimaginons le futur dans nos propres mains. Que se passe-t-il quand les corps de femmes/trans sont attaqués? C’est exactement la même chose que d’attaquer Notre Mère la Terre. Les femmes recréent littéralement la vie sur cette terre et lorsqu’elles sont attaquées, nous attaquons le cœur même de ce que signifie être en vie.”

Des histoires sensibles ont été partagées au rassemblement, par des gens qui souffrent directement de la violence d’état, des raids et détentions de l’I.C.E. [Immigration and Customs Enforcement], et de l’hétéro-patriarcat suprémaciste blanc. Le rassemblement a connecté de nombreuses et diverses luttes contre la violence faite aux femmes/trans, le profilage racial et les incarcérations, la profanation de la terre sacrée, et la violence contre nos parents sans abris, avec des banderoles disant “Pas de justice sur des terres volées” et “Avant 1492, personne n’était sans abris.”

Les politiciens de Flagstaff ont refusé de revenir sur leur fameuse “Ordonnance Anti-Camping“, qui avait valu à la ville la 10ème place dans le rapport de La Coalition Nationale pour les SDF, sur les villes les plus “médiocres” des soi-disant Etats-Unis. Des capitalistes à Flagstaff continuent de discriminer ouvertement les Autochtones sans abris, et de leur refuser des services.

Ale Becerra, un représentant de la Coalition pour l’Abrogation, déclara: “Nous parlons du même problème, c’est-à-dire de la violence de l’état contre des communautés, les communautés Autochtones, et les sans-papiers. Nous partageons la même lutte. Nous devons apprendre à le reconnaître.”

La Coalition pour l’Abrogation a demandé l’arrêt immédiat de la collaboration de la ville de Flagstaff avec les attaques de l’I.C.E. contre la communauté des sans-papiers.

Le rassemblement s’est finalement transformé en manifestation dans les rues, bloquant plusieurs carrefours dans le centre de Flagstaff. Toute la nuit, il y eut une forte présence policière, et des flics ont saisi et bousculé des gens, démontrant par là que la ville de Flagstaff ne s’engage qu’à “honorer” les Autochtones symboliquement, mais lâchera la violence d’état contre eux, même au cours de la “Journée des Peuples Autochtones”.

Ce traitement n’était pas une surprise, étant donné que le nombre hors de proportions d’Autochtones arrêtés à Flagstaff démontre un grave problème, le ciblage de la communauté Autochtone par les forces de l’ordre. D’après une étude récente, les Autochtones représentent 10% de la population, mais près de la moitié du nombre d’arrestations annuelles. Qu’un Autochtone sur deux vivant à Flagstaff, indépendamment de son âge, risque l’arrestation est un grave problème. (Source: Rapport Annuelle de la Police de Flagstaff 2009-2017)

Scandant “Boycottez Snowbowl” et “Pas de Colomb, Pas de KKK, Pas d’Etats-Unis Fascistes”, la foule a défilé dans les rues. Les slogans ont résonné dans tout le centre, incitant des passants à se joindre aux manifestants. La manifestation a duré plus d’une heure, occupant divers carrefours et bloquant la circulation toute la nuit.

Le 2 octobre 2018, la Ville de Flagstaff a précipitamment adopté une résolution reconnaissant la “Journée Colomb” comme Journée des Peuples Autochtones. Cependant, cette résolution ne fait rien pour changer la perpétuation du génocide culturel des Autochtones, dont la Ville reste complice et dont elle profite. La Ville de Flagstaff refuse d’annuler son contrat de vente d’eaux usées pour faire de la neige artificielle sur les Pics San Francisco, sacrés pour plus de 13 nations Autochtones. Le combat ininterrompu pour protéger les Pics a conduit à plusieurs affaires en justice qui ont fait jurisprudence pour entamer négativement la liberté religieuse de tous les Peuples Autochtones.

Des flics attendaient sur les lieux du rassemblement avant l’arrivée des organisateurs, et après la fin de la manif, environs 20 flics en civil tournaient autour des gens encore présents, les surveillant et essayant de les identifier. Des flics ont suivi des gens jusqu’à leurs voitures et ont photographié les plaques minéralogiques.

En dépit de l’intensité de l’intimidation et de l’agressivité policières cette nuit-là, les manifestants ont tenu bon et ont terminé la marche en chantant le chant de l’AIM, en occupant le croisement des rues Beaver et Leroux.

Il y eu des appels pour les phases suivantes et pour des actions continues, un drapeau “Américain” a été brûlé, et quelqu’un dans la foule a déclaré: “La résistance Autochtone ne sera jamais sanctionnée par l’état. Chaque jour est une Journée des Peuples Autochtones, et chaque jour nous devons continuer à combattre pour notre existence.”

 

Les Organisateurs ont appelé à des actions immédiates:

  • Continuation du boycott d’Arizona Snowbowl et de l’exigence que la Ville de Flagstaff résilie son contrat avec la station de ski,
  • fin du profilage racial et de la collaboration avec l’I.C.E. et travailler à l’abolition de la police dans nos communautés en établissant des réseaux de soutien à la communauté et des options de justice transformatrice/réparatrice,
  • abrogation de l’ordonnance anti-camping et de toutes les politiques anti-SDF,
  • dons de sacs de couchage et de vêtements d’hiver pour nos parents sans abris à Táala Hooghan Infoshop (1704, N 2nd).

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    Photo Brenda Norrell

 

Une petite victoire pour la résistance aux mines d’uranium. La Cour Suprême maintient le moratoire de 20 ans décrété par Obama. Cependant, 20 ans ne représentent pas grand-chose quand il s’agit de radiations qui seront là pour des milliers d’années. De plus, ça ne concerne pas la Mine du Canyon, (sur la photo) qui a été creusée sur la base d’une autorisation datant de 1986 – sans tenir compte des nouvelles connaissances et mesures réalitsées depuis. La mine est prête à être exploitée depuis avril 2018, si ça n’a pas encore commencé, c’est parce que le cours de l’uranium est trop bas.

Christine Prat

 

 

Centre pour la Diversité Biologique

Communiqué de presse, 1er octobre 2018

Contacts:

Abbie Fink, Relations Publiques, afink@HMAPR.com, pour la Tribu Havasupai
Ted Zukoski, Earthjustice, tzukoski@earthjustice.org
Roger Clark, Grand Canyon Trust, rclark@grandcanyontrust.org
Taylor McKinnon, Centre pour la Diversité Biologique, tmckinnon@biologicaldiversity.org
Sandy Bahr, Sierra Club, sandy.bahr@sierraclub.org
Kevin Dahl, National Parks Conservation Association, kdahl@npca.org

Publié sur Censored News
Le 1er octobre 2018
Traduction Christine Prat

 

LA COUR SUPREME DES ETATS-UNIS REFUSE D’ENTENDRE LA CONTESTATION PAR L’INDUSTRIE DU MORATOIRE SUR L’EXTRACTION D’URANIUM DANS LE GRAND CANYON

 

PARC NATIONAL DU GRAND CANYON, Arizona – La Cour Suprême des Etats-Unis a refusé ce jour d’entendre la contestation par l’industrie minière du moratoire de 20 ans contre l’ouverture de nouvelles mines d’uranium près du Grand Canyon.

L’Association Minière Nationale [National Mining Association] et l’Association Américaine pour l’Exploration et l’Extraction Minières [American Exploration and Mining Association] affirmaient que le moratoire du Ministère de l’Intérieur était inconstitutionnel. La décision d’aujourd’hui signifie que la Cour Suprême ne révisera pas la décision de décembre de la Cour d’Appel, qui rejetait les arguments de l’industrie minière et maintenait le moratoire.

La Tribu Havasupai et une coalition de groupes de protection de l’environnement, qui ont défendu le moratoire devant des tribunaux inférieurs, ont applaudi la décision.

“Les terres dans et autour du Grand Canyon ont toujours été la patrie du Peuple Havasupai” dit Muriel Coochwytewa, présidente de la Tribu. “Nos ancêtres ont vécu et sont morts parmi les sites sacrés qui couvrent ce territoire. Le retrait des industries d’extraction de minéraux est un moyen nécessaire pour protéger la terre et l’eau dont notre peuple et notre village dépendent, et nous remercions la Cour Suprême d’être tombée d’accord avec la conclusion du Tribunal du 9e Circuit – étant que nos terres et notre peuple doivent être préservés.”

“C’est un grand jour pour la région du Grand Canyon, pour le peuple Havasupai qui dépend de ses eaux sacrées, pour les gens qui aiment cette merveille du monde naturel et pour la vie sauvage dont c’est l’habitat,” dit Ted Zukoski, avocat de Earthjustice, qui s’est opposé à l’action en justice de l’industrie minière.

“La décision d’aujourd’hui claque la porte aux affirmations mensongères selon lesquelles le moratoire de 2012 était illégal,” dit Roger Clark, du Grand Canyon Trust. “En décidant de ne pas entendre l’appel de l’industrie contre le moratoire, la Cour Suprême s’est mise du côté des électeurs d’Arizona des deux partis politiques, de la Tribu Havasupai, des chasseurs et pêcheurs, des gouvernements et commerces locaux, des amateurs d’activités de plein air, et des millions de touristes qui visitent le Grand Canyon chaque année.”

“C’est une bonne nouvelle pour tous ceux à qui le Grand Canyon est cher, pour ses eaux et sa vie sauvage, et certainement pour les gens qui vivent dans et autour du Grand Canyon,” dit Sandy Bahr, directrice de la section du Grand Canyon du Sierra Club. “C’est un grand jour pour le Grand Canyon, mais notre travail, pour le protéger des mines existantes et pour soutenir le nettoyage des mines qui souillent le paysage sur les terres publiques et tribales, doit continuer.”

“Ces sites publics spectaculaires méritent une protection permanente des dangers de l’extraction d’uranium,” dit Taylor McKinnon, du Centre pour la Diversité Biologique. “Notre région souffre déjà de soixante-dix ans de pollution par les mines d’uranium. Chaque dollar dépensé pour de nouvelles mines est un dollar qui devrait servir à nettoyer ces dégâts mortels.”

“Après une investigation exhaustive et une participation publique substantielle, la première décision de l’Intérieur de protéger l’un des paysages les plus impressionnants du monde, les Havasupai, les millions de visiteurs et les usagers d’eau en aval, est tout à fait appropriée,” dit Kevin Dahl, de l’Association de Conservation des Parcs Nationaux. “Nous félicitons la Cour Suprême d’avoir maintenu le moratoire.”

Le moratoire adopté en 2012 protège les nappes aquifères et les cours d’eau qui alimentent le Fleuve Colorado et le Grand Canyon de la pollution toxique de l’extraction d’uranium et de l’épuisement de l’eau. Sans le moratoire, l’Intérieur prédisait que des centaines de sites seraient creusés et des dizaines de nouvelles mines exploitées. Cela menacerait le Grand Canyon d’une grave pollution par l’uranium et de l’épuisement critique de l’eau souterraine.

La Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Sierra Club, le Centre pour la Diversité Biologique et l’Association de Conservation des Parcs Nationaux sont intervenus en 2013, peu après que l’industrie minière ait contesté le moratoire devant une Cour fédérale. Les groupes ont défendu le moratoire depuis, en accord avec le Ministère de l’Intérieur des gouvernements Obama et Trump.

La coalition et l’Intérieur avaient gagné en 2014, devant la Cour de District, en Arizona, le maintient du retrait de l’extraction minière. Les compagnies étaient allées en appel. En décembre, la Cour d’Appel du 9e Circuit avait maintenu le moratoire, le considérant comme constitutionnel, et décidé que la zone protégée n’était pas trop étendue, contrairement à ce que les compagnies minières avaient prétendu.

Les compagnies d’uranium n’ont plus de recours pour contester le moratoire en justice. Mais elles font pression sur le gouvernement Trump pour obtenir des subventions en demandant qu’une plus grande quantité de minerai soit extraite dans le territoire national, et que l’influence publique et la supervision par les autorités de l’extraction dans les terres publiques, soient réduites.

 

Le contexte

La pollution par l’uranium dévaste déjà le Grand Canyon et la région autour. Des projets de nouvelles mines ont déclenché des protestations, des conflits légaux et des projets de loi. Des dizaines de nouvelles mines menacent d’industrialiser des sites naturels emblématiques et sacrés, de détruire l’habitat des espèces sauvages et de polluer ou épuiser les nappes aquifères. Des scientifiques, des gouvernements tribaux et locaux, et des commerces ont déjà exprimé leur soutien aux mécanismes de protections appliqués par l’Intérieur.

Une étude du Ministère de l’Intérieur a montré que sans moratoire, 26 nouvelles mines d’uranium et 700 projets de prospection devraient être réalisés – une moyenne d’un tous les dix jours. Ces projets passeraient au bulldozer plus de 5 millions de m² et utiliseraient plus d’un milliard de litres d’eau qui alimente les sources et cours d’eau emblématiques de la région.

Le Grand Canyon, l’un des grands symboles de l’Ouest Américain, a été déclaré monument national par Theodore Roosevelt en 1908 et est devenu Parc National en 1919. Le Parc est entouré de millions de m² de terres publiques qui comprennent des zones de nature sauvage, deux monuments nationaux, des terres devant protéger des espèces menacées et des ressources culturelles, et des forêts de pins ponderosa anciens. La région du canyon est la terre ancestrale des Havasupai, de la Bande de Païutes Kaibab, des tribus Hualapai et Hopi, et de la Nation Navajo, et a été classée par l’UNESCO comme Héritage Mondial.

En 2016, la région du Grand Canyon avait attiré plus de 6 millions de touristes et d’amateurs de loisirs.

Le tourisme du Grand Canyon a fourni 904 millions de dollars aux économies locales et préservé près de 9800 emplois.

 

Le Centre pour la Diversité Biologique est une organisation de protection de l’environnement à but non-lucratif, qui a plus de 1,6 millions de membres et d’activistes en ligne, qui se consacrent à la protection des espèces menacées et des lieux sauvages.

 

Voir tous les articles traduits et publiés sur ce site depuis 2011

 

 

 

DES ORGANISATIONS DES DROITS DE L’HOMME PROTESTENT: LES ETATS-UNIS NE FONT RIEN POUR IDENTIFIER LES MIGRANTS DÉCÉDÉS DANS LE DÉSERT DE SONORA

Plusieurs organisations et des familles demandent qu’une procédure soit appliquée pour leur permettre d’identifier les migrants disparus en tentant de gagner les Etats-Unis. Je ne suis certainement pas pour le fichage systématique de l’ADN, mais dans la mesure où ça se fait aux dépens de nombreuses personnes dont les états se méfient, il faut admettre qu’il est injuste de ne pas utiliser les mêmes possibilités pour renseigner les familles de migrants décédés. La plupart des points de passage étant fermés par un mur ou une haute barrière, les migrants essaient de passer par le désert de Sonora et la Réserve Tohono O’odham, coupée par la frontière, où il n’y a qu’une barrière anti-véhicules. Mais cela les oblige à traverser le désert, sans véhicule, sans nourriture, et surtout sans eau potable.
Je ne sais pas ce que font les autorités des pays européens pour identifier les migrants disparus dans la Méditerranée et informer leurs proches. Probablement pas grand-chose.
La situation à la frontière sud des Etats-Unis existe depuis des décennies. Les médias français n’en parlaient jamais, aujourd’hui, ils appellent ça “le mur de Trump”. Tout ce qui a été construit à la frontière l’a été avant l’élection de Trump, ce qui ne l’a pas été a été abandonné faute de budget. Trump s’est vanté de faire payer des constructions supplémentaire par le gouvernement mexicain, qui a tout de suite fait savoir qu’il n’en était pas question. Ce qui s’est aggravé depuis l’élection de Trump, c’est que des agents de la Police des Frontières, les néo-nazis et les milices d’extrême droite se croient tout permis. Ça fait courir encore plus de dangers aux migrants, mais aussi aux habitants non-blancs des régions frontalières.

Christine Prat

Communiqué de Presse
Par Forensic Border Coalition
26 septembre 2018
Publié sur Censored News
Traduction française Christine Prat

 

Un groupe pour les Droits de l’Homme doit se réunir le 5 octobre à Boulder, dans le Colorado, pour examiner le fait que les Etats-Unis ne fassent rien pour faciliter l’identification de migrants portés disparus.

 

Boulder, Colorado – La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (IACHR), organise une consultation sur l’identification des restes de migrants qui ont disparu le long de la frontière des Etats-Unis. Des médecins légaux, des experts des Droits de l’Homme et des familles de migrants disparus doivent témoigner et répondre à des questions. Des représentants du gouvernement des Etats-Unis devraient aussi être présents. La consultation doit avoir lieu le vendredi 5 octobre 2018, à la Faculté de Droit de l’Université du Colorado.

Chaque année, des centaines de migrants de l’Amérique Centrale et du Mexique vers les Etats-Unis disparaissent après avoir franchi la frontière.

La Forensic Border Coalition (FBC – Coalition Médico-légale pour la Frontière), un groupe de médecins légaux, d’universitaires et d’organisations des Droits de l’Homme partenaires, enquête sur les rapports concernant des personnes disparues et utilise la science médico-légale pour aider à identifier les restes de migrants et fournir une réponse à leurs proches. La FBC a demandé que cette consultation appelle à une meilleure coopération des Etats-Unis, consistant à adopter un mécanisme formel, pour fournir à grande échelle et au-delà de la frontière, des informations génétiques sur les restes non-identifiés.

Actuellement, la comparaison génétique transfrontalière, de proches qui recherchent un parent disparu, avec celle de restes non-identifiés trouvés aux Etats-Unis, se fait au cas-par-cas – un cadavre est trouvé et comparé avec une famille particulière, sur la base d’informations circonstancielles. Une comparaison à grande échelle – de l’ADN de tous les parents de migrants disparus avec toutes les données sur l’ADN de restes non-identifiés trouvés aux Etats-Unis – n’a jamais été faite. La FBC demande la création d’une procédure formelle permettant des comparaisons à grande échelle, qui résulteraient en un grand nombre d’identifications, permettant à des centaines – si ce n’est des milliers – de familles de connaître enfin le sort de leurs proches disparus.

La consultation de la FBC est soutenue par 46 groupes pour les Droits de l’Homme et autres associations des Etats-Unis, du Mexique et d’Amérique Centrale, mais aussi par l’Equipe Argentine d’Anthropologie Médico-légale (Equipo Argentino de Antropoligia Forense, EAAF), le Centre Colibri pour les Droits de l’Homme, le Centre des Droits de l’Homme du Sud du Texas, le Centre d’Anthropologie Médico-légale de l’état du Texas, la Clinique Légale des Droits de l’Homme (IHRLC) de la Faculté de Droit de Berkeley, la Fundación para la Justicia y el Estado Democrático de Derecho (FJEDD), Procurador de los Dereches Humanos (PDH) du Guatemala, Procuraduría para la Defensa de los Derechos Humanos (PDDH), du Salvador, plusieurs comités représentant des familles de migrants disparus du Honduras, du Salvador, du Guatemala et du Mexique, et des groupes de défense des droits des immigrés et réfugiés basés aux Etats-Unis, et d’autres encore.

Immédiatement après la consultation, la FBC accueillera une veillée pour les migrants disparus, sur le campus de l’Université du Colorado. Des membres de familles de disparus, des membres de la FBC et d’autres, s’y exprimeront.

Titre de la consultation: Identification des Restes de Migrants Disparus le long de la Frontière des Etats-Unis.

La Forensic Border Coalition (FBC) a été créée au printemps 2013. La Coalition inclut des médecins légaux, des universitaires, et des organisations des Droits de l’Homme partenaires, qui s’efforcent de s’attaquer globalement aux barrières qui empêchent d’identifier les restes de migrants disparus à la frontière US/Mexique. La mission de la FBC est de soutenir les familles de disparus qui recherchent leurs proches et d’améliorer la solution des problèmes d’identification de ceux qui sont morts en traversant la région particulièrement dangereuse de la frontière sud des Etats-Unis.