Par Indigenous Action
Publié sur Facebook
21 octobre 2020
Traduction Christine Prat

En termes de spiritualité Autochtone, il n’y a rien de sacré dans l’acte de choisir qui va vous gouverner et avec quelles règles vivre sous la domination coloniale. Faire allégeance à, et perpétuer activement l’ordre politique colonial qui est fondé sur le génocide, l’esclavage et l’écocide, est en réalité une mort spirituelle pour les Peuples Autochtones. C’est une violence contre les luttes de nos ancêtres.

Historiquement, les Peuples Autochtones ont résisté aux politiques assimilationnistes des Etats-Unis, qui leur ont imposé la citoyenneté et nous ont dépouillés de notre souveraineté. Ce programme d’assimilation a été responsable des pensionnats, conçus pour saper violemment nos manières d’être, y compris nos systèmes de gouvernance culturels. Il n’y a rien de sacré dans l’institution violente de pensionnats, ni dans l’imposition de la citoyenneté US et de la gouvernance coloniale.

Dire « voter c’est sacré » sape également des décennies de luttes pour affirmer le caractère sacré et la protection de nos sites sacrés. Si on confère un caractère sacré à l’acte de déposer un bulletin dans l’urne, on renforce les affirmations des tribunaux coloniaux qui tenaient profondément les croyances Autochtones pour « des expériences émotionnelles et subjectives. » (Voir le cas de la Nation Navajo contre le Service des Forêts et autres).

La résistance Autochtone, par contre, EST sacrée. Bien que certains de nos ancêtres se sont battus pour participer à la politique coloniale (ou un siège à la table du colonisateur), ils furent beaucoup plus nombreux à se battre farouchement pour la libération par la cérémonie et la prière.

Les pratiques religieuses Autochtones ont été interdites par les Etats-Unis jusqu’en 1978. Nos cérémonies ne se sont pas arrêtées sous prétexte qu’elles étaient « illégales. » La Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens d’Amérique a été adoptée à cause des puissants soulèvements militants qui avaient commencé à Alcatraz et ont continué avec les occupations et les actions de l’A.I.M.

Les luttes de nos ancêtres pour protéger nos terres et nos modes de vie n’étaient pas causées par un bulletin de vote. Ne confondons pas cela avec une campagne astucieuse de marketing politique, qui réifie sans critique l’autorité du colon. Les organisations à but non-lucratif reçoivent des milliers de dollars pour démarcher pour des votes. Le complexe industriel à but non-lucratif a été conçu pour réprimer et contrôler les mouvements. (Voir La Révolution Ne Sera Pas Subventionnée)

Peu importe que vous salissiez l’urne électorale, elle ne peut pas être décolonisée.

LA RÉSISTANCE AUTOCHTONE EST SACRÉE

Michelle Cook, avocate Diné [Navajo], était invitée à la Journée Annuelle de Solidarité du CSIA-Nitassinan 2019. Elle a fondé le « Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau » pour aider ceux qui avaient tenté d’empêcher la construction de l’oléoduc DAPL, à Standing Rock, de février 2016 à avril 2017. Elle prépare actuellement un doctorat en Sciences Politiques à l’université d’Arizona, sur les questions, indissolublement liées aux Etats-Unis, de Droits Humains Autochtones, de désinvestissement de projets nuisibles et de sexisme. Elle est membre du WECAN (Women Earth and Climate Action Network – Réseau d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat) et a effectué une tournée en Europe pour la Campagne intitulée « Divest, Invest, Protect », visant à faire pression sur les banques et les compagnies d’assurance européennes qui investissent dans des projets racistes. Le 12 octobre, au cours de la Journée Annuelle de Solidarité, elle s’est exprimée comme suit.

Michelle Cook  in English
12 octobre 2019
Also in English on Censored News
Traduction et photos Christine Prat

« Je pense qu’en termes de campagne de désinvestissement, je ne me considère pas tant comme une lobbyste, que comme un agent de contrôle de la réalité, et quelqu’un qui ne fait qu’exprimer des faits et des vérités. En fin de compte, je pense qu’une chose importante, dans ce que nous faisons, est que nous ne demandons pas à ces banques d’avoir pitié de nous, mais que nous leur donnions un clair avertissement de ce que leur temps de domination de cette Terre touche à son terme.

« Après l’affaire du Dakota Access Pipeline, un oléoduc combattu par plus de 10 000 personnes, au cœur même des Etats-Unis d’Amérique, nous avions pu obtenir, sous le gouvernement Obama, que la construction de l’oléoduc soit interrompue. Cependant, lorsque le gouvernement Trump est arrivé au pouvoir, en quelques jours cette décision a été niée, et le projet d’oléoduc a été autorisé à continuer, et à passer sous le Fleuve Missouri. Avant cela, à partir du 20 août 2016, j’avais dû voir comment les gens de notre peuple étaient maltraités. J’ai vu, j’ai été témoin, et j’ai fait des rapports sur les attaques de chiens, les traces de morsures sur la poitrine de mes semblables, sur la poitrine des femmes. J’ai dû dormir en me demandant si mais amis ne seraient pas assassinés. Nous avons dû voir deux de nos précieux membres de tribus Diné gravement blessés. Ils ont perdu des yeux à cause de l’utilisation par la police d’armes soi-disant ‘non-léthales’.

« Ainsi, lorsque l’oléoduc a été autorisé, après que le gouvernement Trump entre en fonction, pour moi, pour ma propre guérison et mon propre bien-être, j’ai eu besoin de savoir qui payait pour cela. Il fallait que je les voie, c’était important. Il fallait que j’aille là où ils se croyaient en sécurité. Et il fallait qu’ils me voient, afin que toutes les larmes et toute la souffrance que je devais porter ne soient plus les miennes, et qu’ils reprennent pour eux toute la violence et tous les traumatismes qui nous ont été causés par leurs finances. Alors, quand nous sommes allées dans ces banques, j’ai laissé toute cette souffrance avec eux, j’ai laissé les traumatismes dans les murs de leurs institutions. Je pense que si, à la base, ce que nous faisons est d’essayer de changer les lois de finance, à un niveau beaucoup plus profond, ce qui nous faisons est en fait un exorcisme du système, de l’esprit de prédation, qui existe depuis longtemps sur cette planète et nous a déconnecté de qui nous sommes, nous a aliéné de notre héritage en tant que créatures sacrées, d’enfants sacrés de cette terre.

« Ainsi, j’ai appris beaucoup de ces réunions. En particulier d’une Assemblée Générale Annuelle des actionnaires. Quand nous nous sommes approchées de l’immeuble, je pouvais voir des snipers sur le toit. Et nous étions là, des femmes Indiennes. Qu’avions nous fait ? Pourquoi fallait-t-il un sniper au-dessus de nos têtes ? Qu’avions-nous de plus que mes plumes, du pollen et des herbes médicinales ? Donc, je suis allée à cette réunion avec ces fusils pointés sur nous, et c’est ce qu’ont fait aussi les autres femmes. Et nous étions surveillées et suivies, probablement par des agents de la sécurité. Chaque fois que j’allais aux toilettes, j’étais suivie, chaque geste que je faisais été surveillé. Parce que nous étions entrées dans le temple de leur dieu. Parce que l’argent est le dieu des colonialistes. Il a remplacé le sacré. Alors, au lieu d’incantations on entend leurs chansons affairistes, au lieu de voir les symboles sacrés de la vie, on voit leur image affairiste. C’est une prière renversée. Quand je me suis trouvée dans cette réunion, j’ai ressenti … Beaucoup de gens qui nous ont vu disent ‘Oh, vous devez être si courageuses !’, mais nous ne sommes courageuses que parce que nous devons l’être, courageuses par nécessité, il le faut, il faut que je le sois. Et, malgré ces hommes armés qui me suivaient, j’ai dû méditer et me dire ‘je vais le faire, je peux le faire.’ Je pense que tout le monde a de ces moments où on va être confronté à quelque chose qu’on pense ne pas pouvoir faire. Mais il faut s’efforcer de surmonter ces peurs, afin d’être capable de faire ce qui va être nécessaire pour sauver cette planète. J’étais la dernière à prendre la parole à cette Assemblée Générale des actionnaires, mais dès que ma première collègue fut sur scène, le public s’est mis à nous siffler, à hurler et à nous huer. Immédiatement, lorsque nous sommes montées sur scène, bien qu’il y eût encore des actionnaires qui parlaient, nous avons senti comme une vague de méchanceté et d’hostilité. Et la méditation indispensable, face à l’adversité, fut très difficile. Parce qu’il faut savoir qu’ils veulent vous faire tomber, afin que vous ne puissiez pas dire la vérité. Mais j’ai compris ce qui se passait, et grâce à la méditation et la prière, j’ai pu maintenir un certain calme intérieur et leur délivrer un message qui leur donnait de bonnes raisons de nous huer. Alors, je pense que le simple fait d’amener des femmes Autochtones dans ces institutions est en soi un acte d’exorcisme, parce que je pense que la présence même de femmes Autochtones est un acte de purification de ces temples de la soi-disant ‘Civilisation’ Occidentale.

« Je pense que ce qui est unique dans cette campagne et dans le message que nous portons, en tant que femmes Autochtones, dans ce mouvement de désinvestissement, c’est qu’il n’est pas seulement question de retirer de l’argent de ces mauvaises banques pour le placer ailleurs. Essentiellement, ce que nous demandons, c’est aux individus de remettre en question cette abstraction qu’est l’argent lui-même. Il faut absolument comprendre l’histoire de la création des banques d’Europe, afin de comprendre et de raviver, de rétablir les anciennes traditions économiques des Peuples Autochtones comme alternatives possibles qui pourraient conjurer le génocide climatique auquel nous sommes actuellement confrontés. Je pense que nous demandons aussi aux gens : ‘demandez vous quelles sont vos valeurs, que vous a-t-on dit sur votre valeur ? Est-ce que votre valeur est seulement fondée sur ce que vous gagnez ? Est-ce que votre valeur est fondée sur votre sexe ? Est-ce que votre valeur est fondée sur votre race ? Etes-vous assez bien, sommes-nous jamais assez bien ? Sommes-nous complets ? Atteignons-nous jamais la plénitude ?’ Nous n’atteignons jamais la plénitude dans ce système capitaliste, il n’y en a jamais assez et est-ce cela, la valeur ? Pour nous, Autochtones, on nous l’enseigne avant la naissance. Quand le bébé est encore dans le ventre de sa mère, il entend des chants, in-utero, et a déjà reçu le code de l’ancienne connaissance de qui on est. C’est comme ça que ça marche, parce que quand on vous a ôté votre véritable identité, en tant qu’être sacré de cet univers, on ne peut plus comprendre qu’on a du pouvoir, ni comprendre qu’on n’est jamais seul, qu’on est toujours relié, toujours entouré des Ancêtres et de la Création, et que les Eléments sont nos parents.

« Et ça a été la mission ‘civilisatrice’ de la soi-disant ‘Civilisation’ Occidentale, depuis le début du culte de Rome. Et se sont les bulles papales, prononcées par le Pape Alexandre Borgia, qui ont produit la Doctrine de la Découverte, qui a permis la théorie de la ‘Destinée Manifeste’, pour autoriser la colonisation du monde entier, également ici, contre les tribus d’Europe. Vous êtes seulement plus près du siège de l’empire, depuis des siècles. Il se trouve que nous en sommes plus éloignés, et qu’ainsi, nous nous souvenons du temps d’avant le culte de Rome. Mais ce savoir et vos connections vous ont été arrachés violemment par l’Inquisition. Cette histoire de la colonisation, de l’impérialisme, et du racisme et du féminicide qui y sont inhérents, fait partie des forces d’intersection qui nous ont amenés à ce problème actuel de génocide climatique.

« Ainsi, nous les Peuples Autochtones, sommes les gardiens du savoir du temps d’avant, et c’est pourquoi il est si important d’écouter les Peuples Autochtones et de suivre leur direction. Parce que, pour survivre, nous devons nous réaligner, pour que nous survivions tous, vous devez vous guérir. Nous approchons le 400ème anniversaire du débarquement des premiers navires sur nos côtes, et maintenant, des Autochtones reviennent ici, et nous voyons le cercle s’accomplir. Et je vois votre présence ici comme ce que j’espère être un réveil des peuples d’Europe. Se réveiller et rallumer l’esprit sacré à l’intérieur de nous tous, afin que nous puissions guérir et recoller ce qui a été brisé. Alors, je vous invite à vous joindre à nous, et à bien comprendre que je ne suis pas différente de vous, que nous ne sommes qu’Un, que nous sommes un seul peuple. Nous ne devrions pas être divisés et nous devons nous unir, nous devons nous rassembler maintenant, il ne reste plus de temps. Je vous invite à nous rejoindre et à vous autoriser à suivre votre but le plus élevé et à trouver comment vous pouvez contribuer et ce que vous pouvez faire pour participer à la guérison de cette Terre et guérir ce qui a été blessé par la colonisation. En ce qui concerne les banques, c’est la partie la plus simple, il suffit de leur demander de respecter les Droits Humains. Mais pour vraiment changer et transformer la société, nous devons vous changer et vous transformer. Alors, de quoi avez-vous besoin, que voulez-vous entendre, étant donné que vous nous écoutez, que vous êtes tous ici, que voulez-vous entendre de nous ? Je veux que vous exigiez ceci de vous-mêmes : de vous lever à l’aube – c’est ce que nous faisons et ce peut être un savoir que je vous donne afin que vous puissiez vous reconnecter. Donc, levez-vous très tôt le matin, quand le soleil commence juste à se lever. Soyez disciplinés. Réveillez-vous et donnez ce que vous avez, un peu de tabac, ou du pollen de maïs, ou de la farine de maïs. Offrez-le à la Terre. Et demandez à guérir, demandez au Créateur de vous en donner la force et le savoir. C’est par cette réciprocité, cette monnaie spirituelle que vous pouvez vous réaligner et trouver ce qu’est le véritable pouvoir. Et c’est votre véritable héritage en tant qu’enfant sacré de cet univers. »

 

 

Jimbo Simmons, de l’AIM West, était l’un des intervenants, lors de la Journée Annuelle de Solidarité du CSIA-nitassinan. Cette année, la Journée commémorait aussi le 50ème Anniversaire de la fondation de l’AIM. Jimbo a donné sa vision de ce que devrait être la décolonisation.
Intervention enregistrée le 13 octobre par Pascal Grégis, du CSIA.

 

Jimbo Simmons
Paris, 13 octobre 2018
Transcription et traduction Christine Prat, CSIA

 

“Nous sommes réunis ici et avons parlé de la colonisation. Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Selon ma façon de voir la colonisation, elle a été fondée et imposée de force à notre peuple en Amérique du Nord, les Indiens. Puis elle a été exportée partout dans le monde à d’autres communautés Autochtones. Alors, pour que nous puissions rejeter le joug de la colonisation, il faut que je la définisse plus profondément, en ce qui me concerne. Parce que je pense qu’il y a plus à faire que décoloniser. Il faudrait qu’on vous fasse toute une leçon d’histoire, sur la colonisation. Mais pour notre peuple en Amérique du Nord, la décolonisation, nous la concevons comme une libération, nous libérer d’un système de valeurs qui nous a été imposé. Notre mode de vie, notre philosophie de la vie, est tout aussi valable que n’importe quelle autre idéologie, en tant que mode de vie dans le monde d’aujourd’hui. Mais lorsque nous nous décolonisons nous-mêmes, je pense que nous ne faisons que nous coloniser davantage. Et alors, les Etats-Unis ont affaire à un néocolonialisme. Et pour moi, ça signifie que des gens qui ont été colonisés par notre ennemi, ont acquis le pouvoir, à travers le système de gouvernement, de perpétuer le même système colonial. Ainsi, c’est plus facile pour les colonialistes de dire “ils le font à eux-mêmes”. Alors, nous devons bien comprendre ce que nous voulons dire par colonisation et décolonisation. Je pense que nous, en Amérique du Nord, commençons à aller dans ce sens. Et aujourd’hui, en écoutant les interventions de nos frères et sœurs qui combattent aussi, je vois que c’est la même chose. Donc, je pense que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres, à partager, à comprendre tout ce que nous avons en commun, quand nous parlons de colonialisme. Car pour nous, en Amérique du Nord, c’est une colonisation qui a menacé notre mode de vie, qui nous a conduit à nous soulever pour défendre ce mode de vie. Ainsi, nous devons vraiment bien comprendre de quoi nous parlons, quand nous disons “décolonisez”. Parce que beaucoup de problèmes qui touchent notre peuple, comme les oléoducs, comme nos sites sacrés, en font partie intégralement. Et je voulais juste faire remarquer cela, afin que nous puissions avoir une meilleure compréhension de ce que nous subissons, de ce dont nous parlons aujourd’hui.

J’ai écouté nos frères Kanak et les autres frères qui combattent le colonialisme… J’avais toujours pensé que les Français étaient nos amis, qu’ils étaient nos alliés, alors ça me pousse en quelque sorte à me demander, quel est notre but, quel est notre objectif? Et je viens ici, pourtant je suis Choctaw, et ce sont les Français qui ont pris notre territoire puis l’ont abandonné au gouvernement des Etats-Unis. L’enseigne-t-on dans les livres d’histoire? Je crois que non. Ainsi, je pense que nous devons nous rééduquer pour savoir ce que nous pouvons faire pour parvenir réellement à ce que nous essayons de faire, c’est-à-dire nous libérer.

Et c’est un honneur pour moi d’être à nouveau ici avec mes frères et mes sœurs, qui se battent tellement dans leurs communautés, et de trouver les moyens de tendre la main à d’autres peuples dans le monde et aux communautés à travers tous les Etats-Unis. Et [des communautés] qui découvrent leur pouvoir, retrouvent leur voix, et trouvent leur force. Et pendant ce temps, nous nous construisons aussi spirituellement, et par là, nous guérissons, nous sommes sur le point de guérir. Ainsi, quand nous comprenons bien comment la colonisation nous affecte, il devient beaucoup plus facile de nous guérir nous-mêmes.

Parfois, ça me pose des problèmes de dire que les Indiens sont les gens les plus colonisés du monde aujourd’hui. Alors, comment combattre ça? En revenant à nos façons et traditions, à notre philosophie de la vie. Et, comme nos frères nous l’ont montré au début de ce programme, avec leurs danses, ce que ça va exiger de nous pour montrer aux gens que nous sommes humains aussi. Parce que, comme je l’ai observé par leurs danses, leurs costumes, c’est un processus que nous aussi devrons suivre pour retrouver notre identité.

L’autre aspect extrêmement important, c’est notre langue. Notre identité. Nous ne sommes pas autochtones, nous sommes les peuples d’origine de ces pays. Nous sommes les Lakota, ou Dakota, les Cheyennes, les Dineh ou les Choctaw. Quel qu’aient été les noms originaux, ce qu’étaient leurs noms originaux au début des temps, c’est de ça qu’il s’agit. Et si nous les traduisons en anglais ou en français, ils signifient tous Les Gens [et Kanak signifie ‘Homme’]. Alors, ce qu’ils veulent faire c’est effacer la mémoire de qui nous étions à l’origine. Et pour moi, c’est cela, la colonisation. Et tant qu’ils perpétueront ce système dans nos communautés, nous continuerons à nous battre, nous continuerons la lutte contre ce système. Même s’il n’y a pas de solution, ou peut-être même pas de réponse à ça. C’est tout ce que le gouvernement veut, créer assez de chaos pour nous aveugler.

Donc, nous devons revenir à nos débuts. Peu importe d’où nous venons. Notre peuple a toujours regardé quatre couleurs sacrées: le jaune, le noir, le rouge, le blanc. Nous avons tous eu une origine dans le temps, nous avons tous dû apprendre de quelque chose. Ainsi, les instructions qui nous ont été données à l’origine sont ce qui nous constitue. Mais, quelque part sur le chemin, nous les avons perdues. Je dis ‘nous tous ensemble’, mais alors, je ne veux pas dire ‘nous’, les Indiens d’Amérique du Nord, parce que nous sommes tous embarqués dans cette lutte avec vous. Merci.”

 

 

SOUS LE REGNE DE TRUMP, LA HAINE SE PROPAGE COMME UN INCENDIE

 

Par Lisa DeVille, Mandan et Hidatsa
Publié par Censored News
Le 6 juin 2018
Traduction Christine Prat

 

MANDAREE, Dakota du Nord – Nous vivons une époque pas vraiment unique, mais inquiétante. Nous vivons une ère d’émancipation des racistes. Notre président a promu une atmosphère qui nourrit la haine, l’intolérance et la xénophobie comme des bactéries sur une fosse d’aisance. L’ignorance raciale dans le Dakota du Nord a atteint un record absolu, et avec tout ce que j’ai connu en tant que femme Mandan-Hidatsa, je crois que cet état s’est propulsé en haut de la liste des états les plus racistes du pays.

Après les protestations, j’ai remarqué qu’il y avait encore plus d’incidents racistes. Des familles demandant l’asile ont été séparées par le gouvernement, des femmes ont été attaquées en faisant des courses à Bismarck, des nouveaux Américains ont été harcelés à Fargo, des enfants ont adressé des injures racistes à nos enfants Autochtones, des enseignants Blancs ont répandu la propagande de la suprématie blanche au niveau national, et la liste pourrait continuer comme ça. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que c’est la norme; on le remarque maintenant avec la progression des téléphones portables et des réseaux sociaux.

Beaucoup de gens qui vivent près de chez moi sont ouvertement racistes. Nos enfants affrontent le racisme à l’école. Il semble que ce pays a oublié que ses citoyens sont nos hôtes, qu’ils habitent nos terres, et que beaucoup de leurs grands-parents sont venus sans papiers. Ils ont amené le fléau de l’Europe qui a déclenché des épidémies qui ont tué nos tribus.

L’Amérique a été fondée sur le génocide et le viol de la Terre. Les colons cherchent à tuer et détruire par cupidité, ils nous mentent effrontément. Si l’ère de Trump est ce qu’on appelle le ‘Rêve’ Américain, il est temps de nous préparer. Nous voyons déjà les premiers effets du réchauffement climatique et de la haine se propager comme un incendie.

Trump dit qu’ils ont dompté ce continent, mais sans nos ancêtres ils n’auraient pas survécu. Les gens doivent résister et ne pas laisser la haine se répandre. Nous ne sommes pas au 17e siècle, mais le Colonialisme est toujours bien vivant, nous devons protéger nos peuples, pour commencer de Trump et Cramer, les racistes en charge.

 

 

ANARCHISTES AUTOCHTONES, ANARCHISTES BLANCS

Andrew Pedro, Akimel O’odham
2 octobre 2017
Interview, enregistrement, traduction Christine Prat
Version anglaise publiée sur Censored News

 

“Les Révolutionnaires et les Anarchistes, les gens qui se définissent comme Anarchistes, ont toujours une mentalité très coloniale. En particulier ici, car beaucoup d’entre eux ne se rendent pas compte de ce qu’ils disent et comment ça touche les Autochtones. C’est en grande partie parce qu’ils n’ont pas de valeurs culturelles, spirituelles ou religieuses, et ce n’est pas à moi de résoudre le problème, formulez-le comme vous voulez, nous avons une vision différente. Pour moi, qui me considère Anarchiste, l’Anarchisme est une couche à la surface de ce que notre mode de vie traditionnel signifie pour nous. Parce que pour moi, l’Anarchisme est l’idée d’être libéré de toutes ces formes d’oppression, et c’est comme ça que nous vivions il y a longtemps. D’après ce que j’en sais, en tant que peuple O’odham, nous étions libres de nous déplacer dans notre territoire. Il y avait des Tohono O’odham, des Akimel O’odham, des Hia C-ed O’odham, mais il n’y avait pas vraiment de frontière, ça ne voulait pas dire que nous n’étions pas autorisés à aller dans certaines zones pour faire ce que nous avions à y faire, il y avait seulement du respect pour les gens qui y vivaient. Pour moi, beaucoup d’Anarchistes Blancs, y compris ceux d’origine Latino, ce genre d’Anarchistes et beaucoup d’autres gens à Phoenix, et dans toute l’Arizona, ne reconnaissent pas vraiment cela. Nous sommes toujours là, nous avons toujours ces valeurs culturelles et spirituelles, mais pour eux, c’est un obstacle. Ils voient surtout le fait que ce n’est pas de l’athéisme. Je n’ai pas de problèmes avec l’athéisme, mais c’est leur choix, et, nous O’odham, n’imposons pas nos croyances à qui que ce soit, nous n’obligeons pas le gens à les comprendre, parce qu’elles sont seulement pour les O’odham. C’est comme certains lieux où nous allons, certaines de nos cérémonies, dont nous ne parlons même pas aux autres Tribus, parce que c’est pour nous, les O’odham. Et je suis sûr que c’est la même chose pour les autres Tribus.

Les O’odham ont toujours été très ouverts aux autres peuples. Certains disent que si nous avons tenu jusqu’à aujourd’hui, c’est pour avoir été amicaux avec les autres peuples, avec la Chrétienté elle-même, avec les Blancs, avec les Espagnols. Cette bonté a toujours existé et nous a amenés à la situation où nous sommes maintenant. Je crois que c’est grâce à la foi solide et aux fortes valeurs culturelles que nous avions. C’est la raison pour laquelle nous sommes toujours en vie.

Il y a eu des temps où les O’odham se sont révoltés contre l’Eglise et ont brûlé toutes les églises. Des choses comme ça ont eu lieu. Personne ne s’en souvient vraiment, et les Anarchistes étant presque totalement athées, et leurs croyances et leurs valeurs y étant intrinsèques, ils voient n’importe quelle religion comme oppressive. Mais ce n’est pas toujours le cas. D’abord, les Autochtones et l’Anarchisme sont des idées très nouvelles. Pour nous, nous sommes des Autochtones, et je pense qu’également ceux qui se définissent comme Anarchistes du point de vue politique, voient l’indigénéité comme venant toujours d’abord.

Pour moi, l’Anarchisme est la couche supérieure, le niveau de surface de ce que Himdag [mode de vie traditionnel] signifie pour moi, parce toutes ces choses se recoupent. Nos idées et nos façons de faire les choses se recoupent dans différentes cultures, de différentes manières. Ce que je ressens, la société O’odham, comment elle m’a été expliquée, les temps passés et le monde tel qu’il est maintenant, tout cela est similaire à ce que l’Anarchisme veut être, mais il n’y est pas encore tout à fait. Spécialement dans la façon dont l’Anarchisme fonctionne, ces lieux où ils vont qui n’autorisent pas les objets religieux, et d’autres choses comme ça. Ils ne veulent pas vraiment discuter de ce que ça signifie pour certains peuples. A beaucoup d’égards, il y a une perte. Il y a une perte, parce qu’au départ, ils ne sont pas chez eux ici. Ils n’ont pas de connexion avec la terre, ils n’ont pas de connexion avec toutes ces choses.

Mon plus grand espoir pour les Anarchistes Blancs, surtout en Arizona, c’est qu’ils comprennent qu’ils peuvent nous aider dans les luttes Autochtones, mais ça n’a pas à être au sens spirituel. Ils n’ont pas besoin de comprendre le caractère sacré de ce que Moadag Do’ag [la Montagne du Sud] signifie pour nous. Il y a le Capitalisme, allez le combattre, allez combattre ce que vous connaissez! Ils n’ont pas besoin de comprendre ce que ça signifie pour nous, parce que ces enseignements sont pour nous, pour un certain groupe de gens. Et ce n’est pas la même chose qu’être ouverts ou repousser les gens.

Ça fait des centaines d’années, certains disent des milliers, que nous avons suivi ces idées et cette culture, et nous les suivons toujours. Tandis que les gens, les ancêtres – appelez-les comme vous voulez – de ces Anarchistes Blancs ne viennent probablement même pas d’Arizona, si on remonte à quelques générations. Mais nous, nous avons toujours été ici, donc nous avons ces connexions et une compréhension plus profonde de ce que ça signifie, de ce que ce désert signifie pour nous. La vie de toutes ces plantes, tous ces animaux, ça signifie quelque chose pour nous. Ils n’ont pas ça, et ils ne savent quoi penser parce qu’ils ne comprennent pas. Beaucoup de problèmes Autochtones – le colonialisme en est un à la base – font partie de ce qui pousse ces Anarchistes Blancs à se battre, au départ. Le Capitalisme en est une des racines principales. Et si vous ne combattez pas vraiment les deux, qu’êtes-vous en train de faire? Vous n’aidez personne, en fait, vous allez avoir un comportement colonial vis-à-vis de ces combats, et vous ne penserez pas aux Autochtones. Je ne veux pas d’un Sauveur Blanc pour sauver la mise, et je ne vais pas rester là à tenir la main d’un Anarchiste Blanc pour leur montrer la voie tout le temps. Ils doivent juste comprendre que certaines choses sont pour eux et d’autres ne le sont pas, et il n’y a rien de mal à ça! Souvent, les Anarchistes Blancs se sentent floués quand nous leur disons “nous n’allons pas participer, parce que nous avons nos vies, nous avons un tout autre monde dont nous devons nous occuper. La Réserve est un autre monde. Ça ne va pas si vite, on y fait les choses différemment, ce sont des valeurs culturelles différentes qui y ont cours. Même si les gens n’ont pas de culture particulière, ils ne peuvent pas avoir la compréhension de tout ce qui y est différent. La façon dont nous analysons les choses dans notre tête n’est pas la même que celle des gens des villes…

Ainsi, c’est assez difficile d’avoir des conversations utiles avec beaucoup d’Anarchistes Blancs, parce qu’ils sont coincés dans leur monde, dans le genre “j’ai raison”, et c’est en quelque sorte une mentalité coloniale. Ces gens ne savent pas de quoi on parle, ils ne vivent pas ici, cependant, c’est notre territoire!

Par le passé, il y a environ 5 ans, nous avons eu pas mal de problèmes avec un nouveau groupe anarchiste, ils venaient plus ou moins du mouvement “Occupy”. Ils sont toujours très “de gauche” dans leur façon de s’organiser, et ils s’allient souvent aux groupes “de gauche” de Phoenix. Je suppose que ce n’est pas vraiment compris, peut-être même pas par eux, peut-être qu’ils ne savent pas bien ce qu’Anarchisme veut dire pour eux. Ce qui cause des encore plus de problèmes, de ne pas savoir ce qu’on fait ni pourquoi on le fait. Même certains groupes Antifa, maintenant, commencent à faire la même chose, et ne sont donc pas très ouverts envers les Autochtones. Ils sont mal à l’aise, parce qu’ils nous voient d’une manière très “Blanche”. Il y a eu un groupe, qui n’existe plus vraiment maintenant, qui se définissait comme Anarchiste, “combattons le Capitalisme”, “Combattons ceci, cela”, mais ce n’étaient que des mots. Le plus grand projet capitaliste d’Arizona, c’est le périphérique 202, le Sun Corridor, et personne ne sait de quoi on parle, quand on essaie d’en parler avec eux. C’est une partie du problème. Ils devraient d’eux-mêmes apprendre ce qui se passe dans la région où ils habitent. Et savoir qu’il y a une connexion avec les Autochtones. Mais pour cela il n’est pas nécessaire de comprendre complètement qu’il y a des choses sacrées, qu’il faut une vie entière pour comprendre, que cela prend toute la vie, que c’est quelque chose que nous ne pouvons pas expliquer simplement, dans une vidéo ou un email. Ces choses prennent toute notre vie et une connaissance complète de ce qui arrive. En ce qui les concerne, nous disons qu’ils ne comprendront pas, à cause de ce qu’ils sont, ce sont des Blancs, ce sont des Latinos, et ils ne le comprendront pas comme nous le comprenons.

Ces choses les touchent différemment de nous, parce que nous avons la ferme croyance que ça ira bien pour nous, en fin de compte. Même si dans 20 ans – et j’espère que ça n’arrivera pas – mais dans 20 ans, si ces autoroutes sont là, certains d’entre nous seront toujours en vie et pratiquerons notre culture, et nous les ferons payer, d’une façon ou d’une autre. Avec les Anarchistes, ce n’est pas comme cela. Je vois souvent l’Anarchisme Blanc comme une histoire de victoires à très court terme, c’est intrinsèque à leur croyance qu’ils peuvent occuper le terrain, mais qu’est-ce que ça veut dire “occuper le terrain” en territoire occupé? Avoir une librairie anar quelque part, si vous ne reconnaissez pas les Autochtones, pour moi c’est colonial. C’est une partie du problème. Je pense que vous êtes Anarchiste si vous êtes anticapitaliste dans tous les sens du terme, antifasciste, etc., mais si vous n’avez pas une position politique anticoloniale, vous ne valez pas mieux que n’importe quel autre.”

 

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LA COLONISATION C’EST LA GUERRE!

Par Klee Benally
Publié sur Facebook
28 octobre 2016
Traduction Christine Prat

kleecolonizationC’est un instantané de la résistance au 21ème siècle au colonialisme des ressources. Cette lutte n’a pas commencé et ne s’arrêtera pas avec le pipeline Dakota Access.

Il y a un contexte, profondément inscrit avec des mots qui sont des cicatrices sur notre Mère. Nous pouvons les lire, c’est l’histoire de la souffrance et du traumatisme du pays.

C’est notre traumatisme.

Là où il y a de la douleur, il y a une cause. Les praticiens de la médecine traditionnelle Diné disent de rechercher ce qu’est la cause essentielle puis recommandent quelle prière ou cérémonie serait appropriée pour un patient en particulier. Dans notre culture, nous ne traitons pas les symptômes. C’est comme ça que nous guérissons.

De la même manière, il est crucial de comprendre que le réchauffement climatique est une conséquence de la guerre contre Notre Mère la Terre et que les sites sacrés sont parties intégrales pour le maintien de l’équilibre avec le monde naturel. Il y a des dimensions physiques et spirituelles dans cette guerre coloniale qui, quand nous sommes confrontés à la police, la font paraître presque sans fin.

Ce système ne comprend pas le caractère sacré de l’eau ou de la terre, à moins que ça ne rapporte. La réalité est que tant que Notre Mère la Terre sera considérée comme une marchandise, ce conflit durera.

Cela signifie que pour arrêter complètement ces oléoducs, nous devons mettre un terme à la machine politique et aux systèmes qui les engendrent.

Il est aussi crucial de comprendre que la police existe pour conserver et imposer la loi coloniale. Leur institution, qui prend ses racines dans une histoire de suprématisme blanc, n’a servi que ceux qui cherchent à profaner et exploiter la terre et l’eau sacrées. Ils assassinent les Noirs et les Basanés en toute impunité, ils protègent les entreprises qui commettent des actes de génocide et écocide culturels. Ils serrent la main des milices blanches armées ‘d’occupation’ et tirent des balles de caoutchouc, des lacrymogènes, des grenades assourdissantes, et arrêtent des Anciens en train de prier pacifiquement.

Ce système n’est pas cassé, il a été fait pour fonctionner comme cela.

La société dominante se débat pour comprendre cette lutte, mais pour que ça arrive, il faut qu’ils reconnaissent et résolvent l’écocide, le génocide, l’esclavage.

La justice environnementale et sociale ne peut pas être complètement réalisée dans le contexte du colonialisme de peuplement. Ceci signifie que la conscience anticoloniale, ou conscience de colon, doit être à l’intersection de l’analyse et de l’action concernant les terres Autochtones volées.

Quand il s’agit de luttes Autochtones historiques pour la survie, il se peut que le plus grand défi organisationnel pour l’esprit du combat #nodapl soit de s’assurer qu’il n’est pas engagé en tant qu’exception ou coopté et absorbé dans le milieu politique progressiste de l’industrie à but non-lucratif, mais comme référence à laquelle nous pouvons nous connecter, réfléchir, construire et continuer à combattre pour la libération de Notre Mère la Terre et de tous ses êtres. A travers la fumée des feux sacrés, des machines brûlées, et des barricades fumantes, nous voyons que c’est possible. Que c’est comment guérir.

#nodapl #defendthesacred #waterislife #thefrontlineiseverywhere #capitalismistheenemyofmotherearth #acab #accomplices

DES COMPLICES, PAS D’ ALLIÉS: ABOLIR LE COMPLEX INDUSTRIEL DE L’ ‘ALLIANCE’

Par Indigenous Action Media
4 mai 2014
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Traduction Christine Prat

Un point de vue et une provocation Autochtones

Cette provocation a pour but d’intervenir dans certaines tensions actuelles relatives au travail de solidarité/soutien, vu que les trajectoires actuelles sont contre-libératrices, de mon point de vue. Remerciements à DS à Phoenix pour les échanges qui ont conduit à ce pamphlet et à tous ceux qui ont fait des commentaires, posé des questions, exprimé des désaccords. N’imaginez pas que ceci s’adresse aux « jeunes alliés blancs de la classe moyenne », mais seulement aux activistes payés, aux organisations à but non lucratif, ou, comme l’a dit un ami, aux « anarchistes et étudiants à la mobilité tirant vers le bas. » Il y a beaucoup de soi-disant « alliés » dans la lutte pour les droits des migrants qui soutiennent la « réforme complète de l’immigration » qui intensifie la militarisation de territoires Autochtones.

Le complexe industriel de la ‘solidarité’ a été édifié par des activistes dont la carrière dépend des ‘problèmes’ auxquels ils travaillent. Ces capitalistes à but non lucratif font avancer leurs carrières au dépend des luttes qu’ils soutiennent ostensiblement. Ils travaillent souvent sous couvert de ‘la base’ ou de ‘la communauté’ et ne sont pas nécessairement liés à une organisation.
Ils construisent un pouvoir ou des capacités organisationnels ou individuels, et s’établissent confortablement au sommet de leur hiérarchie de l’oppression en s’efforçant de devenir les alliés ‘vedettes’ de la majorité des opprimés. Tandis que l’exploitation de la solidarité et du soutien n’est pas nouvelle, la marchandisation et l’exploitation de la ‘solidarité’ est une tendance montante dans l’industrie du militantisme.

Quiconque s’implique dans les luttes contre l’oppression et pour la libération collective a, à un moment ou à un autre, participé à des ateliers, lu des manifestes ou pris part à de profondes discussions sur comment être un ‘bon’ allié. Vous pouvez maintenant payer des centaines de dollars pour aller dans des instituts ésotériques vous procurer un certificat d’allié anti-oppression. Vous pouvez participer à des ateliers et recevoir un badge d’allié. Pour faire de la lutte une marchandise, il faut d’abord l’objectiver. C’est révélé par la façon dont les ‘problèmes’ sont ‘présentés’ et ‘étiquetés’. Quand la lutte est une marchandise, la ‘solidarité’ est une monnaie d’échange.
Etre un allié est aussi devenu une identité désincarnée, hors de toute compréhension ou soutien réels. Le terme ‘allié’ est devenu inefficace et vide de sens.

Complices, pas alliés
Com.plice
Nom : complice ; pluriel : complices
Une personne qui en aide une autre à commettre un crime.

Il existe un désir violent et incessant d’arriver à la libération totale, avec la terre, et, ensemble. Il y a bien un ‘nous’, et nous devons très certainement travailler ensemble. Ce qui signifie, au minimum, formuler des conceptions mutuelles qui ne soient pas entièrement antagonistes, sinon nous pourrions avoir à constater que nous-mêmes, nos désirs et nos luttes sont incompatibles.
Certaines conceptions peuvent ne pas être négociables. Il y a des contradictions que nous devons résoudre et nous le ferons certainement, à nos propres conditions.
Mais il est impératif que nous sachions qui nous soutien, ou plus exactement : qui est avec nous, à nos côtés ?

Les risques qu’amènent un allié qui apporte du soutien ou de la solidarité (généralement sur une base temporaire) dans un combat, sont très différents de ceux d’un complice. Quand nous nous battons, pour nous défendre ou attaquer, ensemble, devenant complices dans la lutte pour la libération, nous sommes effectivement complices. L’abolition de l’ ‘solidarité intéressée’ peut se produire par la criminalisation du soutien et de la solidarité.

Alors que les stratégies et les tactiques pour conforter (ou abolir, suivant le point de vue) le pouvoir social et politique peuvent être diverses, il y a de dures leçons qui ne doivent pas être reproduites.
Considérez ce qui suit comme un guide pour identifier les points d’intervention contre le complexe industriel de la ‘solidarité’.

“Salut, c.a.d., Travail Missionnaire et Auto Thérapie”
Certains alliés entretiennent trop souvent des notions romantiques des peuples opprimés qu’ils souhaitent ‘aider’. Ce sont les alliés ‘sauveurs’ qui voient des victimes et des pions au lieu de voir des gens.
Cette victimisation devient un fétiche pour les pires des alliés sous forme d’exotisme, danarchisme de pacotille, d’explications condescendantes, d’exploitation sexuelle justifiée sous d’autres termes, etc. Ce type de relation mène généralement à l’exploitation de l’opprimé et de l’oppresseur. L’allié et celui avec qui il est allié se retrouvent englués dans une relation trompeuse et nocive. Généralement ni l’un ni l’autre ne peuvent le voir avant qu’il ne soit trop tard. Cette relation peut aussi dégénérer en dépendance ce qui veut dire qu’ils se sont mutuellement privés de leur pouvoir. Les alliés ‘sauveurs’ ont tendance à créer une dépendance à eux-mêmes et leur fonction, qui conditionnent leur soutien. Personne ici n’a besoin d’être sauvé, nous n’avons pas besoin d’ ‘alliés missionnaires’ ni de pitié.
La culpabilité est également un facteur fondamental pour l’allié. Même si ce n’est jamais admis, la culpabilité et la honte fonctionnent généralement comme motivations dans la conscience d’un oppresseur qui se rend compte qu’il est du mauvais côté. Bien que la culpabilité et la honte soient des émotions très puissantes, pensez à ce que vous faites avant de faire de la lutte d’une autre communauté votre séance de psychothérapie. Bien sûr, les actes de résistance et de libération peuvent guérir, mais se confronter à la culpabilité et à la honte demande une toute autre perspective, ou au moins une perspective explicite et consensuelle. Quel genre de relations peut être construit sur la culpabilité et la honte ?

“Exploitation et Cooptation”
Ceux qui cooptent ne font que promouvoir leurs propres intérêts (généralement la notoriété ou un intérêt financier). Lorsque ces ‘alliés’ cherchent à imposer leur agenda, ils se révèlent. Les organisateurs de ‘la base’ ‘radicaux’, plus-militant-que-vous, cherchent avidement à coopter des problèmes porteurs (pour la notoriété/l’égo/être le super allié/l’allié le plus radical) et fixent les modalités de l’affrontement ou dictent quelles luttes doivent être amplifiées ou marginalisées, sans égards pour ceux dans le pays desquels ils agissent. Les officiels du non-lucratif, ou le complexe industriel du non-lucratif (NPIC – Non Profit Industrial Complex) cherchent aussi à coopter des problèmes porteurs ou pouvant ‘être subventionnés’ et les exploitent dès qu’ils sont mûrs pour récolter les subventions qu’ils convoitent. Trop souvent, les luttes de libération Autochtones pour la vie et la terre, doivent, par nature, affronter directement toute la structure sur laquelle cette société coloniale et capitaliste est fondée. Çà constitue une menace pour les bâilleurs de fonds potentiels capitalistes, ce qui fait que certains groupes sont forcés de compromettre le radicalisme ou la dimension libératrice de leur travail en échange de subventions, tandis que d’autres sont aliénés et tombent dans l’invisibilité ou s’abandonnent à une lutte de pure forme.
Les ‘cooptateurs’ arrivent le plus souvent sur les lieus du combat lorsque l’affrontement a déjà escaladé et qu’il est un peu trop tard.
Ces entités proposent presque toujours des formations, des ateliers, des camps d’action et offrent leur expertise spécialisée avec condescendance. Ces gens reçoivent généralement des salaires énormes pour leur activisme ‘professionnel’, obtiennent des subventions artificiellement gonflées pour la logistique et ‘la construction de capacité organisationnelle’, et les luttes peuvent ensuite être exploitées comme ‘luttes publicitaires’ par leurs bâilleurs de fonds. De plus, les capacités qu’ ils pretendent apporter existent vraisemblablement déjà dans les communautés, ne serait-ce que sous forme de tendances qui ne demandent qu’à être provoquées pour se traduire en actions.
Ces pratiques ne sont pas seulement le fait des grandes organisations soi-disant non-gouvernementales (ONG), des individus peuvent également adopter ces tactiques qui servent leurs propres intérêts.
La cooptation fonctionne comme une forme de libéralisme. La ‘solidarité professionnelle’ peut perpétuer une dynamique de neutralisation en cooptant une intention libératrice à l’origine pour la placer dans un projet réformiste.
Certains, dans les luttes (en générale les ‘personnalités’ du mouvement), qui ne bousculent pas le statuquo des alliés officiels, peuvent être récompensés par un poste dans l’industrie de la ‘solidarité’.

“Alliés auto proclamés ou confessionnels”
Trop souvent, des gens débarquent avec l’attitude ‘Je suis là pour vous soutenir’ portée comme un badge. Pour finalement faire des luttes une activité para universitaire qui leur rapportera des ‘points de solidarité’. Les alliés autoproclamés peuvent même avoir des principes et des valeurs anti-oppression comme devanture. Vous avez peut-être vu cette citation de Lilla Watson à leur propos : ‘Si vous venez ici pour m’aider, vous perdez votre temps. Si vous venez parce que votre libération est liée à la mienne, alors travaillons ensemble’. Ils aiment les poses, mais leurs actions contredisent leurs proclamations.
Les alliances significatives ne sont pas imposées, elles sont consenties. Les alliés autoproclamés n’ont pas l’intention d’abolir leur habilitation à imposer la relation à ceux avec qui ils prétendent s’allier.

“Parachutistes”
Les ‘parachutistes’ se précipitent sur les lignes de front apparemment sortis de nulle part. Ils se déplacent littéralement d’un point chaud ou médiatique à un autre. Ils appartiennent aussi aux catégories de ‘sauveurs’ et d’ ‘autoproclamés’, vu qu’ils viennent principalement d’instituts ou d’organisations spécialisés et de think-tanks. Ils ont suivi des formations, des ateliers, des conférences, etc. , ils sont ‘experts’ et savent donc ‘ce qu’il faut faire’. Cette attitude paternaliste est implicite dans les structures (ONG, instituts, etc.) d’où ces ‘alliés’ tirent leur conscience des ‘problèmes’. Même s’ils rejettent leur propre programmation par leurs organismes non-lucratifs, ils sont en fin de compte réactionnaires, ‘ayant droit’, et condescendants, ou prennent une position de pouvoir sur ceux avec qui ils prétendent s’allier. C’est la même condescendance structurelle qui est enracinée dans la domination de la suprématie blanche hétéro-patriarcale.
Les parachutistes sont généralement des missionnaires recevant davantage de subventions.

“Universitaires et Intellectuels”
Bien qu’étant quelquefois directement issus des communautés en lutte, les intellectuels et les universitaires correspondent aussi parfaitement à toutes ces catégories. Leur rôle dans la lutte peut être extrêmement condescendant. Dans beaucoup de cas, les universitaires maintiennent un pouvoir institutionnel sur le savoir et les capacités de la communauté – ou des communautés – en lutte. Les intellectuels font souvent une fixation sur l’idée de désapprendre l’oppression. Ces gens-là n’ont généralement pas les pieds sur terre, mais sont prompt à critiquer ceux qui les ont.
Devrions-nous nous contenter de ‘désapprendre’ l’oppression, ou de l’écraser, bordel ! et d’en supprimer l’existence même ?
Un complice universitaire chercherait comment se procurer des ressources et du matériel et trahir son institution pour promouvoir les luttes de libération. Un complice intellectuel élaborerait une stratégie avec, et non pour, la lutte, et n’aurait pas peur d’utiliser un marteau.

“Les Gardiens du Sérail”
Les gardiens du sérail cherchent le pouvoir sur les autres, pas avec eux. Ils sont connus pour leurs tactiques visant à contrôler et/ou à dissimuler des informations, des ressources, des connections, des soutiens, etc. Les gardiens du sérail viennent de l’extérieur et de l’intérieur. Lorsqu’ils sont découverts, ils deviennent généralement inefficaces (tant qu’il y a des mécanismes de responsabilité effective).
Les individus et les organisations agissant comme ‘gardiens du sérail’, ont tendance, tout comme les ‘alliés sauveurs’ à créer une dépendance à leur personne et leur fonction pour obtenir du soutien. Ils ont tendance à dominer et contrôler.

“Navigants et Flottants”
L’allié ‘navigant’ est familier du jargon – qu’il peut manier avec habileté – et des manœuvres dans les luttes mais n’entretient pas de dialogue significatif (en évitant les débats ou en se taisant) et n’entreprend pas d’action effective au-delà de ses zones de confort personnel (çà existe aussi dans des organisations entières). Il maintient son pouvoir et, par extension, les structures de pouvoir dominantes, en ne les attaquant pas directement. Ici, ‘la solidarité intéressée’ se définit plus précisément par le fait de transformer l’oppression des autres en projets personnels. Les ‘navigants’ sont ‘alliés’ par leur style de vie, ils se manifestent par une participation passive ou en utilisant simplement une terminologie adéquate pour exprimer leur soutien. Quand c’est la merde, ils sont les premiers à se retirer. Ils ne restent pas pour assumer la responsabilité de leur conduite. Quand on leur demande des comptes, ils accusent souvent les autres et essaient de rejeter ou de délégitimer les suspicions. Les complices n’ont pas peur de s’engager dans des débats ou des discussions inconfortables, dérangeants ou délicats.
Les ‘flottants’ sont des ‘alliés’ qui vont d’un groupe à l’autre, d’une question à une autre, sans jamais s’engager suffisamment, mais voulant toujours que leur présence soit ressentie et leurs voix entendues. Ils ont tendance à disparaître quand on en arrive à leur demander des comptes ou de reconnaître leur responsabilité pour leur conduite merdique.
Les flottants sont des gens qui diront assurément aux flics d’ ‘aller se faire foutre’ mais ne s’exposeront jamais aux risques mutuels, tout en mettant constamment les autres en danger; qui se montreront vite autoritaires pour dénoncer les privilèges d’autres personnes, mais ne mettront jamais les leur en question. Ils sont fondamentalement des touristes accros à l’action, qui ne veulent jamais être là pour en payer le prix, participer à sa préparation ou en assumer la responsabilité, mais veulent toujours être reconnus et mériter le respect pour ‘avoir été là’ quand un pavé devait être jeté, une barricade érigée, etc.
Il est aussi important d’avoir conscience de ce phénomène, à cause des menaces d’infiltration. Les provocateurs sont des flottants notoires, allant d’un endroit à l’autre sans jamais rendre compte de leurs faits et gestes. L’infiltration ne vient pas nécessairement de l’Etat, les mêmes effets peuvent être produits par des alliés ‘bien intentionnés’. Il est important de noter que dénoncer des infiltrés a des implications graves et ne devrait pas être tenté sans preuve concrète.

“Démissions”
Démissionner de l’organisation d’origine est un sous-produit du marché officiel de la ‘solidarité’. A première vue, le phénomène peut ne pas paraître problématique, après tout, pourquoi serait-ce douteux de la part de ceux qui tirent profit de systèmes d’oppression de rejeter ou de se distancier des privilèges et des conduites (droits, etc.) qu’ils impliquent ? Dans le pire des cas, les ‘alliés’ eux-mêmes sont paralysés, persuadés que c’est leur devoir en tant que ‘bon allié’. Il y a une différence entre agir pour les autres, avec les autres, et dans son propre intérêt, il faut être explicite. On ne trouverait pas de complice démissionnant de son organisation ou de ses fonctions en tant qu’acte de ‘soutien’. Il trouverait des façons créatives de changer en armes ses privilèges (ou plus clairement, ses récompenses pour son appartenance à la classe des oppresseurs), comme expression de la guerre sociale. Sinon, on se retrouve avec une bande d’usurpateurs anticiviques, primitivistes ou d’anarchistes-tendance, alors qu’on préfèrerait des saboteurs.

Suggestions de quelques moyens de trouver des complices anticolonialistes

La solidarité intéressée est la corruption de l’esprit radical et de l’imagination, c’est le cul-de-sac de la décolonisation.
La ‘solidarité’ officielle coopte la décolonisation comme une bannière à brandir dans ses galas sans fin contre l’oppression.
Ce qui n’est pas compris, c’est que la décolonisation menace l’existence même des colons ‘alliés’. Peu importe à quel point vous êtes libérés, si vous continuez à occuper des territoires Autochtones, vous êtes toujours des colonialistes.

La décolonisation (le processus de restauration de l’identité Autochtone) peut être très personnel et devrait être différentié, mais pas déconnecté, de la lutte contre le colonialisme.
La tâche d’un complice dans la lutte contre le colonialisme est d’attaquer les structures et les idées coloniales.

Le point de départ est de définir clairement votre relation avec les Peuples Autochtones dont vous occupez les territoires. Cela est au-delà de la reconnaissance. Çà peut être particulièrement épineux dans le cas de Peuples Autochtones ‘non reconnus au niveau fédéral’, étant donné qu’ils sont rendus invisibles par l’Etat et par les envahisseurs qui occupent leurs territoires.
Çà peut prendre du temps pour établir la communication, d’autant plus que certains ont déjà été blessés par des contacts extérieurs. Si vous ne savez ni où ni comment prendre contact avec les gens, faites un travail de terrain, de la recherche (mais ne vous fiez pas aux sources anthropologiques, elles sont euro centristes), et faites attention. Essayez d’écouter plus que de parler ou de faire des projets.
Dans les luttes à long terme, la communication peut avoir été rompue entre différentes factions, il n’y a pas de solution facile à ce problème. N’essayez pas de résoudre le problème, mais communiquez ouvertement, en prenant en considération les points mentionnés plus bas.
Quelquefois, des Peuples Autochtones sont ‘invités’ sur le territoire d’autres peuples et cependant utilisés comme représentants Autochtones des ‘luttes locales’. Ce phénomène perpétue le colonialisme d’occupation. Beaucoup de gens supposent que les Autochtones sont tous sur la même ligne ‘politiquement’, nous ne le sommes certainement pas.

Bien que parfois des gens aient la capacité et la patience de le faire, soyez conscients du processus perpétué par le fait de se ‘tenir la main’.
Comprenez que ce n’est pas notre rôle de vous tenir la main au cours du processus parcouru pour devenir complice.
Les complices écoutent avec respect l’ensemble des pratiques et dynamiques culturelles existant dans les diverses communautés Autochtones.
Les complices ne sont pas inspirés par leur culpabilité ou leur honte personnelles, ils peuvent avoir leur propre projet mais ils le disent explicitement.
La complicité se forme par le consentement mutuel et l’édification de la confiance. Ils n’ont pas seulement notre approbation, ils sont à nos côtés, ou ils s’opposent et déstabilisent le colonialisme sur leur propre terrain. En tant que complices nous sommes forcés de rendre des comptes et d’être responsables vis-à-vis des uns des autres, c’est la nature même de la confiance.

Ne vous attendez pas à ce que quelqu’un vous proclame complice, et vous ne pouvez certainement pas le proclamer vous-même. Vous l’êtes ou vous ne l’êtes pas. Les lignes d’oppression sont déjà tracées. L’action directe est vraiment ce qu’il y a de mieux et peut-être la seule façon d’apprendre ce que c’est que d’être complice. Nous sommes engagés dans un combat, alors soyez prêt à l’affrontement et ses conséquences.

Si vous envisagez de vous engager dans ou de soutenir une organisation :

Soyez vigilant vis-à-vis de qui que ce soit ou de toute organisation qui proclame la ‘solidarité’, le travail de décolonisation et/ou qui exhibe sa relation avec les Peuples Autochtones comme un badge.

Utilisez les questions traitées ci-dessus pour déterminer les intentions de base.
Vérifiez le financement des organisations. Qui est payé ? Où est la transparence ? Qui définit les conditions ? Qui fixe le programme ? Les campagnes sont-elles en adéquation avec les besoins sur le terrain ?

Est-ce que le Peuple Autochtone – la base, pas les ‘représentants’ – est directement impliqué dans les prises de décisions ?

 

Publié par Brenda Norrell le 15 octobre 2012

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GAP interrompt les ventes des t-shirts au slogan ‘Manifest Destiny’, vu les protestations des Autochtones contre cette campagne pro-génocide

 

Article par Brenda Norrell

Photo de protestation par Chase Iron Eyes, Last Real Indians

Traduction Christine Prat

 

GAP a interrompu les ventes du t-shirt au slogan ‘Manifest Destiny’ lundi soir, après que des Autochtones aient protesté contre le slogan en tant que symbole de génocide.

GAP a répondu aux protestations sur Facebook, « Merci pour vos réactions concernant le t-shirt ‘Manifest Destiny’. Prenant en compte les réactions du client, nous ne proposerons plus le t-shirt dans nos magasins ou en ligne. »

Mais ceux qui ont réagi à l’annonce de GAP lundi trouvent cependant que retirer le t-shirt ne suffit pas.

Klee Benally, Navajo de Indigenous Action Media, à Flagstaff, Arizona, dit « ‘Manifest destiny’ était la bannière symbolique derrière laquelle marchaient les colonisateurs menant les guerres génocidaires contre les Peuples Indigènes. Ce t-shirt est une insulte grossière et devrait être supprimé immédiatement. Je ne pense vraiment pas qu’ ‘Arbeit macht frei’ aurait pu avoir une telle diffusion. »
« GAP Inc. a fait l’objet d’enquêtes approfondies sur leurs pratiques d’exploitation du travail au cours des quelques décennies passées, peut-être qu’ils ne font que rendre leurs intentions plus explicites ? » dit Klee Benally.

Donna, du Canada, a dit à GAP sur Facebook, « Je ne suis pas surprise que GAP ne retire ces t-shirts racistes de mauvais qu’après avoir eu des réactions et non pas parce que leur conscience les aurait amenés à penser que des stratégies de marketing contre l’éthique susciteraient des réactions hostiles des Autochtones et des gens ayant une conscience. Honte à GAP d’utiliser des actions racistes et colonialistes pour vendre leur idéologie. »

La pétition en ligne, initiée par Corine Fairbanks de l’American Indian Movement du sud de la Californie, déclare que « Ce vêtement fait la promotion d’une croyance qui a résulté dans l’extermination massive d’Indigènes et sert à normaliser l’oppression. Ce t-shirt est vendu à des ados et des jeunes adultes, et ne fournit pas le contexte dans lequel le racisme et l’inégalité persistent dans notre société comme résultat de cette doctrine. Nous demandons que le t-shirt soit supprimé et que des excuses soient exprimées. »
« La croyance en la ‘Destinée Manifeste’ est dévastatrice et a conduit au génocide de millions de gens. Nous demandons à GAP d’admettre qu’en vendant ce t-shirt, ils montrent que la compagnie est raciste et/ou ignorante, et/ou indifférente à la signification réelle de cette expression. Nous demandons que le t-shirt soit retiré immédiatement et que des excuses soient adressées aux Amérindiens et autres peuples autochtones dans le monde qui ont été touchés tragiquement par cette doctrine. »

Les jeunes Autochtones d’Indigenous Action Media, à Flagstaff, Arizona, ont fourni cette mise à jour du designer du t-shirt, qui semble s’être excusé sur Twitter :

Mark McNairy @mmcnairy https://twitter.com/mmcnairy

« JE SUIS DÉSOLÉ POUR MON COMMENTAIRE VENTANT LA SURVIE DU PLUS FORT. JE SUIS PROFONDEMENT BLESSE D’ETRE QUALIFIE DE RACISTE CAR CE N’EST PAS MOI. J’AI REAGI SANS REFLECHIR. »

 

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Article et mise à jour d’Indigenous Action Media du 15 octobre

 

 

GAP TOMBE ENCORE PLUS BAS AVEC LE T-SHIRT « MANIFEST DESTINY »

Par Indigenous Action Media, 15 octobre 2012

See original article in English

 

Mise à jour du 15 octobre 2012 à 15h30 [heure d’Arizona] – Gap sur Twitter : Merci pour vos réactions à propos du t-shirt « Manifest Destiny ». Nous référant aux réactions du client, nous ne vendrons plus le T.

 

Mise à jour du 15 octobre 2012 à 13h30 [heure d’Arizona] – Gap a apparemment retiré le t-shirt « Manifest Destiny » de sa boutique en ligne.

 

Le designer du T-shirt s’excuse pour son commentaire pour « la survie du plus fort » sur Twitter :

« JE SUIS DESOLE POUR MON COMMENTAIRE VENTANT LA SURVIE DU PLUS FORT. JE SUIS PROFONDEMENT BLESSE D’ETRE QUALIFIE DE RACISTE CAR CE N’EST PAS MOI. J’AI REAGI SANS REFLECHIR. »

 

Gap, Inc. a déclaré officiellement qu’ils ne « vendraient plus » le T-shirt « Manifest Destiny ».

Le designer Mark McNairy a créé un t-shirt pour GAP, Inc. , frappé du slogan « Manifest Destiny ».

Bien entendu, « Manifest Destiny » [« Destinée Manifeste », c’est-à-dire voulue par Dieu] était la bannière brandie par les colonisateurs au cours des guerres génocidaires menées contre les Peuples Autochtones.

L’American Indian Movement of Southern California a engagé une campagne appellant GAP, Inc. à cesser la production du t-shirt et à publier des excuses officielles. La pétition peut être signée à l’adresse suivante : www.change.org/petitions/gap-discontinue-the-manifest-destiny-tshirt-and-issue-a-formal-apology

GAP Inc. a fait l’objet d’enquêtes approfondies sur leurs pratiques d’exploitation du travail au cours des quelques décennies passées, peut-être qu’ils ne font que rendre leurs intentions plus explicites ? Je ne pense vraiment pas qu’ ‘Arbeit macht frei’ aurait pu avoir une telle diffusion.

AIM Socal [American Indian Movement pour la Californie du sud] appelle à d’autres actions :

Contactez directement le designer du t-shirt : info@markmcnaire.com
Contactez GAP et/ou écrivez un avis sur ce t-shirt sur la page commerciale de GAP : http://www.gap.com/browse/product.do?cid=47214&vid=1&pid=349697002
Tel.: (00 1) 614-744-3907
Email: custserv@gap.com
www.gapinc.com

New York Product Development
55 Thomas St.
Avenue of the Americas
New York,
Tel.: (00 1) 212-604-0020