Par Haul No!
15 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Nous appelons Buu Nygren à prendre des mesures concrètes pour FERMER la mine d’uranium PINYON PLAIN, près du Grand Canyon, et juste à côté du site sacré de Red Butte.

Haul No! a été fondé fin 2016, comme initiative conduite par des Diné, dans le but d’arrêter la Mine du Canyon (maintenant rebaptisée Pinyon Plain) et l’usine de traitement de White Mesa, et le projet de transport à travers Diné Bikeyah, notre terre traditionnelle.

Les cofondateurs Leona Morgan, Sarana Riggs, et Klee Benally, récemment passé dans l’autre monde, ont conduit une tournée de prise de conscience et d’action en 2017, informant et entrainant les communautés le long du trajet de transport, partant de l’usine de traitement d’uranium en territoire Ute à son point d’origine : la mine en territoire Havasupai.

Vidéo du 14 mars sous-titrée en français:

Dans une interview de Democracy Now! du 14 mars 2014, portant sur Pinyon Plain/Canyon Mine et le problème général de l’extraction d’uranium, Klee s’est référé aux 15000 à 20000 mines d’uranium abandonnées à travers les soi-disant États-Unis, comme « héritage toxique qui nous touche jusqu’à aujourd’hui. C’est en vérité un génocide lent des gens, pas seulement les Peuples Autochtones de cette région. »

Haul No! avait été fondé spécialement pour faire ce travail, en tant que bénévoles, pour prévenir toute nouvelle contamination de nos terres, notre eau, notre air et des générations futures, par la compagnie Energy Fuels, aux deux extrémités du trajet de transport, de Pinyon Plain/Canyon Mine à l’usine de White Mesa.

En ce qui concerne l’eau et l’environnement, Klee disait « Il n’y a pas de gagnants quand on détruit Notre Mère la Terre, quand on détruit l’eau dont nous avons besoin pour boire, [quand] on détruit l’air dont nous avons besoin pour respirer, et la terre dont nous avons besoin pour nous nourrir. » Haul No! Travaille pour protéger, pas pour détruire, notre Mère la Terre. Klee disait aussi « Où que ce soit où il y a une crise environnementale, il y a une crise culturelle, parce que nous sommes des gens de la Terre. »

Haul No! est cohérent dans l’appel à FERMER LA MINE et ARRÊTER L’USINE. Après le départ de notre frère, notre collègue, notre camarade, notre mentor et notre ami, nous continuons le combat pour la protection de nos Peuples, la défense du sacré, et pour mettre fin au colonialisme nucléaire.

Nous en avons assez d’être une colonie de ressources ! Nous en avons assez de laisser nos Peuples souffrir et mourir, uniquement pour fournir le monde extérieur en pouvoir et en carburant. Nous en avons assez de l’insuffisance ou de l’ABSENCE DE NETTOYAGE de toutes les industries extractivistes, y compris la nouvelle vague imminente d’énergie soi-disant propre qui ne fait que violer notre Mère la Terre.

Le 14 janvier 2024, le Président de la Nation Navajo, Nygren, a publié une déclaration via les médias sociaux, datée du 11 janvier 2024, à propos de la mine d’uranium Pinyon Plain. En réponse à cette déclaration, Haul No! Exige que le Président Nygren S’ENGAGE FERMEMENT AVEC DES MESURES CONCRÈTES POUR NOTRE PEUPLE ! Nous avons besoin d’action après les mots.

Nous exigeons que Buu Nygren se serve de son autorité en tant que Président de la plus grande Nation Autochtone (en km²) pour travailler avec le Gouverneur d’Arizona Hobbs pour EXIGER LA FERMETURE en limitant le permis d’Energy Fuels aux activités de fermeture et d’après fermeture, avec un nettoyage de la mine et des forêts publiques autour, de la plus haute qualité.

Nous exigeons que le Président de la Nation Navajo s’engage à se servir de son autorité pour travailler avec le Président Biden pour corriger le cercle vicieux, le racisme environnemental et l’assaut culturel contre le nouveau monument national qui autorise Pinyon Plain et d’autres possédant « des droits existants valables » à profaner nos terres ancestrales sacrées.

Au-delà du monde de la légalité occidentale et de la quasi-souveraineté limitée de notre gouvernement colonial de la Nation Navajo, nous exigeons que Buu Nygren s’aligne sur les obligations de nos enseignements Diné de protéger nos sites sacrés, nos terres et nos eaux, et nos générations futures.

Nous invitons Buu Nygren et tous les dirigeants Diné à nous rejoindre sur le front, pour arrêter cette mine et arrêter le transport si on en arrive là. Nous en avons assez des déclarations toutes préparées et des gestes vides. NOUS EXIGEONS DE L’ACTION MAINTENANT !

Article publié sur le site d’Indigenous Action, diffusé par notre amie Leona Morgan, membre de Haul No! Il s’agit de continuer le combat de Klee Benally et des Autochtones de la région. Le premier article qu’il m’a donné à traduire concernait cette mine d’uranium, contre laquelle les Autochtones luttent depuis des décennies. Récemment, les propriétaires ont rebaptisé la mine « Pinyon Plain ». Ils l’ont longtemps appelée Mine du Canyon, mais les opposants ont trop fait savoir qu’il s’agissait d’une mine proche du Grand Canyon du Colorado, qu’elle se trouvait tout près de l’endroit où les visiteurs entrent, et surtout qu’elle menaçait les sources d’eau qui coulent des parois du Canyon et qui sont la seule source d’eau potable pour les Autochtones qui vivent au fond du Canyon. La petite ville appelée Pinyon est à quelques centaines de kilomètres de là…

Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Haul No!
9 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

MISE À JOUR URGENTE :

Nihi K’é dóó nihi Diné – Parents, amis, soutiens partout dans le monde, maintenant que nous avons observé le protocole culturel pour notre tant aimé Klee Benally, nous sommes prêts à continuer notre travail – continuer le travail de Klee – FERMER LA MINE PINYON PLAIN/CANYON MINE !!

Nous honorons sa détermination de protéger Notre Mère la Terre. Nous honorons son cri de guerre et son appel à l’action.

Nous n’arrêtons pas. Nous mettons au point la stratégie, l’organisation, la résistance. Nous devenons seulement de plus en plus forts!

Haul No! appelle Buu Van Nygren et la Nation Navajo à EXIGER LA FERMETURE DE LA MINE D’URANIUM PINYON PLAIN MAINTENANT !!!

Le 21 décembre 2023, Energy Fuels a publié un communiqué de presse déclarant que la production avait commencé à la Mine de Pinyon Plain. La Mine d’Energy Fuels est juste au sud de Grand Canyon et tout près du site Sacré de Red Butte – lieu d’émergence des Havasupai, enregistré comme Propriété Culturelle Traditionnelle des 11 Tribus Associées du Grand Canyon. Energy Fuels projette de transporter l’uranium à travers l’ouest des réserves Navajo et Hopi, jusqu’à l’usine de traitement de White Mesa, en pays Ute, près de Blanding, dans l’Utah.

Mardi 9 janvier 2024, Haul No! confirmait qu’Energy Fuels avait commencé à extraire et stocker du minerai d’uranium. Ils se sont préparés pour le transport par route, mais n’ont pas encore commencé à le faire.

Si le transport commence, Energy Fuels a l’intention de faire partir 12 camions par jour, chacun transportant 30 tonnes de minerai d’uranium, de la mine à l’usine. Energy Fuels n’est pas obligé légalement d’indiquer sur les camions ce qu’ils transportent. Le minerai sera seulement couvert de toile cirée. Aucune entité n’a été identifiée pour intervenir en cas d’urgence, appliquer la loi ni pour décontaminer.

Ça viole la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium dans les terres Diné.

L’usine de White Mesa est la propriété d’Energy Fuels, qui assure son fonctionnement, et la seule usine des soi-disant Etats-Unis à avoir une licence pour traiter le minerai d’uranium.

C’est un moment crucial pour agir!

Il y a des développements internationaux et nationaux qui accroissent le risque d’une nouvelle vague d’extraction d’uranium :

Le prix de l’uranium est le plus haut depuis 2006-2007 ; et les Etats-Unis ont approuvé la Loi sur la Sécurité du Carburant Nucléaire (plus de production d’uranium) ; et à la COP28 à Dubaï, les états/industries du nucléaire ont appelé à tripler l’énergie nucléaire au niveau mondial d’ici 2050.

NOUS NE VOULONS PAS D’UN NOUVEAU BOOM DE L’URANIUM!

Nous faisons appel à vous tous pour AIDER À FAIRE COMPRENDRE, DIFFUSER LA PRISE DE CONSCIENCE, SURVEILLER LES MINES+LES ROUTES pour la protection de Nihímá Nahásdzáán, du SOL et de l’EAU, nos communautés et les générations futures.

Rejoignez-nous pour EXIGER que nos gouvernements coloniaux FERMENT PINYON PLAIN MAINTENANT !

EXIGEZ DU PRÉSIDENT BUU ET DE LA NATION NAVAJO D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Gouverneur Hobbs d’Arizona D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ de la Secrétaire à l’Intérieur Haaland D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Président Biden D’AGIR MAINTENANT!!

Ahéhéé Nitsáágo pour votre soutien !

Suivez les mises à jour sur haulno.com et nos médias sociaux!

#SHUTDOWNPINYONPLAN!
#HAULNO! uranium dans nos communautés!
#endnuclearcolonialism! #nonaucolonialismenucleaire!

#waterislife! #leaucestlavie!

Ce n’est pas la première fois – et, hélas, probablement pas la dernière – que des gens qui clament leur affection ou leur estime pour Klee Benally tentent de camoufler le fait qu’il était Anarchiste, révolutionnaire. Les gens ont le droit d’aimer Klee sans partager toutes ses convictions, mais ils n’ont pas le droit de les nier pour rendre leurs proclamations politiquement correctes. Toutes les tentatives seront dénoncées.
Klee ne reconnaissait pas la légitimité du ‘gouvernement’ Navajo, imposé par le colonisateur. Que ces gens-là osent utiliser le malheur qui nous frappe tous, est une insulte à sa mémoire.

Christine Prat

Par Indigenous Action
4 janvier 2024
Traduction Christine Prat

Réaction d’Indigenous Action au geste vide du président Navajo déclarant un ‘Jour de Klee Benally’

Alors que nous étions submergés par le chagrin suite à la perte de notre ami et parent Klee Benally, il y a eu une tentative de nier et d’arracher les griffes de son discours anarchiste critique sans compromis. Le président de la Nation Navajo, Buu Nygren, déclare, par l’intermédiaire d’une autorité injuste, le 5 janvier 2024 Jour du Souvenir. Cette proclamation est une gifle pour son travail incessant pour combattre pour Níhíma Asdzaan [Notre Mère la Terre].

Des Agents Indiens nommés par l’Armée US, aux ‘Code Talkers’ et, finalement au show télévisé de merde qu’est la police tribale Navajo, toute autorité, même les politiques tribales souveraines, reposant sur l’infrastructure meurtrière de l’état du colonisateur, est un acte illégitime de destruction contre Nahasdzáán, que Klee combattait sans relâche.

L’héritage du gouvernement de la Nation Navajo ne diffère pas de celui des Jeux Indiens [casinos]. Une industrie d’exploitation rendue plus accessible par les qualifications obtenues dans les usines du savoir; que vous nettoyiez la pisse et la merde des toilettes d’un casino, ou que vous utilisiez les bureaux du gouvernement tribal pour gérer la bureaucratie du nettoyage de pisse et de merde de colon.

Si le gouvernement de la Nation Navajo avait une quelconque autorité légitime permise par le colonialisme de peuplement, il honorerait Klee en arrêtant l’extractivisme en cours sous prétexte de progrès.

Soutenez Haul No! dans le combat pour empêcher l’uranium d’être transporté à travers les communautés Autochtones.

Photos ©Christine Prat, in Rennes

Il n’y aura jamais de mots pour exprimer ce qui vient d’arriver. L’impensable. L’inacceptable. Je répète les mots, mais ne peux pas les croire. Klee Benally nous a quitté.
Pour moi, il était avant tout un Révolutionnaire. Bien sûr, il se battait pour que les Autochtones conservent leurs sites sacrés et leur mode de vie. Bien sûr, il se battait pour la Nature, la Planète, Notre Mère la Terre. Mais il était révolutionnaire, il lisait Bakounine, Kropotkine, et Debord, et en tirait beaucoup de choses pour son combat. L’expression qu’il aimait le plus pour définir notre relation était « Partners in Crime ». Il était de plus en plus radical, parce qu’il avait bien vu, comme les plus lucides d’entre nous, qu’il n’y avait pas de compromis avec le capitalisme, que c’était eux ou nous – et le reste du monde.
Beaucoup d’entre vous l’ont rencontré : tournées en Europe avec son groupe Blackfire, participations à la Journée d’Octobre du CSIA, et visites individuelles après la fin du groupe.
Je sais qu’il veut que je continue la lutte, je ne suis pas sûre d’y arriver sans lui, je suis désespérée…
Nous ne l’oublierons jamais
Christine Prat

Ci-dessous un article de Brenda Norrell, avec les déclarations de sa tante Louise Benally et de la résistante Diné Michelle Cook.

***

Par Brenda Norrell
Censored News
2 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le Guerrier Klee Benally ne s’est Jamais Rendu : Une Vie d’amour Révolutionnaire, Qui Proclamait ‘Reprenez Votre Pouvoir’

Une célébration de la vie de Klee aura lieu le 6 janvier à 14 h (heure d’Arizona) à l’Orpheum Theatre à Flagstaff, Arizona.

Nous avons le cœur brisé par le départ soudain de notre ami Klee Benally. En songeant à la vie de Klee, nous nous souvenons des mots du Che Guevara [sic], selon lesquels un vrai révolutionnaire est guidé par de grands sentiments d’amour.

Klee ne s’est jamais rendu, ni au capitalisme, ni aux médias, ni aux forces conformistes qui cherchaient à le changer.

Klee nous a appris à reprendre le pouvoir, quelle que soit la route qui nous a conduits au présent.

Louise Benally, Diné de Big Mountain, dit, « Klee était notre porte-parole et notre leader. Son départ signifie seulement que nous devons nous lever pour continuer le travail pour la justice pour la nature et l’humanité. Il me manquera énormément et je lui rendrai les plus grands Honneurs.

« Il avait ses racines à Big Mountain, il était le petit-fils de la regrettée Roberta Blackgoat.

« C’était un jeune leader honorable, très respecté et qui avait beaucoup de compassion. Mon neveu, mon frère et mon leader. Une personne belle et extraordinaire, qui vivait vraiment selon ses convictions, et n’agissait pas pour l’argent, mais pour les besoins et son engagement, un vrai guerrier.

« Il était notre Étoile étincelante, il continuera à briller pour nous, de l’autre monde.

« Il m’a toujours honorée, ça va me manquer » dit Louise.

Michelle Cook, une Diné, dit : « Nous sommes profondément tristes et choqués par la nouvelle du départ de notre guerrier bien aimé, Klee Benally. Nous demandons des prières pour sa famille, en ce moment. Depuis des décennies, Klee maintenait une position sans compromis, pour la libération de nos peuples et de nos terres, en développant et synthétisant une praxis de résistance politique, économique et sociale, fondée sur les Autochtones, contre le colonialisme de peuplement qui qui détériore les gens et la planète.

« Klee était notre Étoile du Nord, qui nous guidait avec son cœur et sa pensée. Bien que certains peuvent ne pas partager ses positions, personne ne peut contester son dévouement, sa détermination, et sa volonté pure et dure de protéger son peuple malgré tous les dangers.

« Il a risqué sa vie sous forme de Désobéissance Civile et d’Action Directe pour protéger Dook’o’oosłííd, Montagne Sacrée, d’un développement, pour maintenir nos pratiques cérémonielles et notre mode de vie.

« Klee nous a appris à être brave pour combattre le génocide, et la cooptation de nos mouvements par l’industrie à but non-lucratif. À rester ferme pour ce qui est bien ou mal. À honorer notre ancienne loi et les enseignements sacrés de nos ancêtres et de nos Grand-mères. Son départ laisse un vide dans la Nation Diné et en Pays Indien » dit Michelle.

« Les articulations qu’a faites Klee entre les peuples Autochtones et l’anarchisme restent valables pour les mouvements sociaux dans, et hors de, L’Île de la Tortue [soi-disant ‘Amérique du Nord’].

« Il restera pour toujours dans nos cœurs et nos esprits, comme une lumière qui nous guide et une voix rugissante, hurlant pour la liberté, pour notre terre et les peuples. Nous t’aimons Klee.

« Repose toi maintenant, notre guerrier sacré. Ton travail est fait. Nous sommes si fiers de l’héritage que tu as cultivé et laissé à ce monde. Que ton voyage soit beau, cher guerrier, jusqu’à ce que nous nous revoyions dans le Grand Camp étoilé de l’au-delà » dit Michelle.

***

Klee est passé dans le Monde des Esprit dimanche, après avoir été hospitalisé.

Nous envoyons nos sincères condoléances à sa famille, à son épouse Princess, et sa famille, Jones, Berta, Jeneda et Clayson, et tous ceux qui le connaissaient et l’aimaient.

Du blocage du siège de la Patrouille des Frontières U.S. à Tucson, s’être enchaîné au matériel pour défendre les Pics sacrés San Francisco, à la lutte contre ceux qui vendaient aux enchères des objets cérémoniels à Paris, à avoir conduit le mouvement Haul No! pour protéger la région du Grand Canyon du Colorado de l’extraction d’uranium, avoir nourri les SDF de Flagstaff, et avoir inébranlablement soutenu la Palestine, les puissantes actions de Klee restent une force active qui résonne encore et nous maintient tous pour lutter contre un monde sans compromis.

Klee avait bien vu que l’industrie du non-lucratif était conçue pour diluer la résistance et faire des mouvements sacrés des distributeurs de billets pour quelques privilégiés.

Vole très haut, mon cher ami.

Klee Benally
20 juillet 2023
Publié par Indigenous Action
Traduction Christine Prat

Nous avons vu ce film, après un conflit sur les médias sociaux avec des apologistes du nucléaire, qui nous accusaient d’être mal informé, n’ayant pas vu le film biographique de Christopher Nolan… (et si vous ne l’avez pas déjà lu, voir l’article initial pour le contexte).

Klee Benally

‘Oppenheimer’ est une glorification du « génie complexe » et des ambitions d’hommes blancs prenant de terribles décisions qui mettent le monde en péril.

Beaucoup ont fait remarquer que le film n’est pas une glorification, cependant, Christopher Nolan lui-même dit, « Que ça plaise ou pas, J. Robert Oppenheimer est la personne la plus importante ayant jamais vécu. »

Certains d’entre vous ont peut-être même éclaté de rire pendant la scène où Truman demande à Oppenheimer ce qu’il pensait que le sort de Los Alamos devrait être et que « Oppie » réplique « Rendez la terre aux Indiens. » Mais hélas, le paysage ravagé accueille aujourd’hui un « Festival Oppenheimer » de 10 jours. Pour souligner la déconnexion des héritages, une petite commémoration, près du site de la fuite de Church Rock, a également eu lieu le jour anniversaire de la détonation Trinity, à quelques centaines de kilomètres. Oui, quelle glorification ?

Le film est essentiellement un western à la John Wayne. Ça aurait très bien pu s’appeler « Le Jugement du Sheriff de Los Alamos. »

Oppenheimer monte à cheval avec un chapeau noir et arrache un poster d’un pilier de clôture. Puis il se lance dans un débat sur l’ « impact du gadget sur la civilisation. » Pour répondre à la question de comment des scientifiques peuvent justifier l’utilisation de la Bombe Atomique sur des êtres humains, Oppenheimer déclare « Nous sommes des théoriciens, oui, nous imaginons un futur et ce que nous imaginons nous horrifie. Ils n’en n’auront pas peur jusqu’à ce qu’ils la comprennent et ils ne la comprendront pas tant qu’ils ne l’auront pas utilisée. Quand le monde apprendra le terrible secret de Los Alamos, notre travaille ici sera d’assurer une paix que l’espèce humaine n’a jamais vue. Une paix fondée sur la coopération internationale. »

Nolan confectionne le seul narratif qui compte pour sa tentative de rédemption historique, il dépeint Oppenheimer comme une victime. Tandis que, peut-être, certains pas autant dépolitisés que Nolan y ont fait allusion dans des interviews (comme la politique de loyauté américaine et la Terreur Rouge qui dirige le drame), les conséquences des armes et de l’énergie nucléaires sont à peine prises en considération (voire pas du tout, si on considère le problème). C’est un déshabillage politique des plus insidieux et le film n’en est que pire.

Le film se préoccupe plus de construire et disculper Oppenheimer comme victime du MacCarthisme que des effets de la bombe atomique et de son héritage mortel de colonialisme nucléaire. Comme il est dit, il y a « un prix à payer pour être un génie. » Tout le reste n’est que notes dramatiques. Nolan donne à Oppenheimer l’audience du public qu’il estime lui avoir été déniée, pour finalement prouver qu’il était un patriote américain. À la fin, la question « le monde vous pardonnerait-il si vous le laissiez vous crucifier ? » compte plus que toutes autres considérations. Le film pose le problème « science contre militarisme » pendant que le monde et les Peuples Autochtones continuent de souffrir des conséquences permanentes des armes et de l’énergie nucléaires en silence. Un silence mortel, plus assourdissant que le portrait cinématographique de l’essai Trinity par Nolan. Mais hein, il y a même une minute d’acclamations après l’essai.

Nolan nous fait écouter la radio pendant que deux villes sont détruites et que des centaines de vies sont arrachées. Nolan continue de pointer sa caméra sur le visage de son acteur principal pendant que les horreurs de sa bombe sont montrées sur des diapositives. Simplement, Oppenheimer s’en détourne. Que devons-nous savoir de plus sur ce film ?

15 000 mines d’uranium abandonnées empoisonnent nos corps, nos terres et notre eau. 1000 bombes ont explosé sur les terres des Shoshones de l’Ouest… la liste continue (nous ne nous arrêtons ici que parce que nous en avons déjà dit beaucoup dans notre article d’origine). Tous oubliés et condamnés à souffrir dans un silence catastrophique. Des films comme ‘Oppenheimer’ ne sont possibles que parce que les gens continuent à détourner leur regard de la réalité mortelle des armes et de l’énergie nucléaires.

Cet article a été écrit suite à la sortie du film sur Oppenheimer du réalisateur Christopher Nolan, qui correspondait à peu près à la commémoration de la catastrophe nucléaire de Church Rock, le 16 juillet 1979. L’auteur s’est vu reprocher de ne pas avoir vu le film. Alors, il l’a vu et brièvement dit ce qu’il en pensait.

Klee Benally, Indigenous Action/Haul No!
Contributions de Leona Morgan, Diné No Nukes/Haul No!
Publié par Indigenous Action
20 juillet 2023

La terreur génocidaire de l’énergie et des armes nucléaires n’est pas un divertissement.

Glorifier de telles science et technologie mortelles en une étude de caractère dramatique dépolitisée, c’est cracher à la figure de centaines de milliers de cadavres et de survivants dispersés dans toute l’histoire du prétendu âge Atomique.

Pensez-y de cette façon, pour chaque minute qui passe dans le film de 3 heures, plus de 1100 citoyens des villes d’Hiroshima et Nagasaki mouraient à cause de l’arme de destruction massive d’Oppenheimer. Ceci ne prend pas en compte ceux, sous le vent des tests nucléaires, qui ont été exposés aux retombées radioactives (certains protestent contre les projections), ça ne prend pas en compte ceux qui ont été empoisonnés par des mines d’uranium, ça ne prend pas en compte ceux qui ont été tués lors d’accidents de centrales nucléaires, ça ne prend pas en compte ceux des îles Marshall, empoisonnés pour toujours.

Pour chaque seconde que vous passez dans un cinéma climatisé, avec un seau de popcorn chaud sur les genoux, 18 personnes mouraient en un clin d’œil. Grâce à Oppenheimer.

Bien que vous en ayez certainement appris suffisamment sur J. Robert Oppenheimer, le « père de la bombe atomique », grâce à l’odyssée 70mm IMAX du réalisateur Christopher Nolan, soyons clair sur son héritage mortel et le complexe militaro-scientifique-industriel omniprésent derrière.

Après la détonation réussie de la toute première bombe atomique, Oppenheimer a effrontément cité le Bhagavad-Gita, « Maintenant je suis devenu la mort, le destructeur de mondes. » À peine un mois plus tard, les « Etats-Unis » larguaient deux bombes atomiques qui dévastèrent les villes d’Hiroshima et Nagasaki et plus de 200 000 personnes furent tuées. Des ombres de ceux qui avaient péri ont été brûlées dans le sol des rues. Un des survivants, Sachiko Matsuo, a relayé leurs pensées, comme ils essayaient de trouver un sens à ce qui se passait quand Nagasaki a été frappée, « Je ne pouvais rien voir en bas. Ma grand-mère se mit à pleurer, ‘Tout le monde est mort. C’est la fin du monde. » Une dévastation que Nolan a délibérément laissée de côté, car, selon le réalisateur, le film n’est pas raconté du point de vue de ceux qui ont été bombardés, mais de celui de ceux qui en étaient responsables. Nolan explique simplement, « [Oppenheimer] apprit les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki à la radio, comme le reste du monde. »

Quelques mois après la détonation sur le site « Trinity », en territoire Tewa occupé, au Nouveau-Mexique, Oppenheimer démissionna. Il partit en exprimant le conflit intérieur d’avoir « du sang sur les mains », (quoique plus tard il aurait dit que les bombardements ne pesaient pas « sur sa conscience ») et de laisser un héritage de dévastation nucléaire et de pollution radioactive empoisonnant de façon permanente les terres, les eaux et les corps jusqu’à aujourd’hui.

Les militaires U.S. et la machinerie politique ont cannibalisé le scientifique et en ont fait le méchant de leur anxiété impérialiste de la guerre froide. Ils lui ont rappelé, comme aux autres scientifiques derrière le Projet Manhattan, qu’eux et leurs intérêts étaient toujours sous contrôle.

Oppenheimer n’a jamais été un héros, c’était un architecte de l’annihilation.

La course pour développer la première bombe atomique (après que les Nazis aient réussi la fission de l’atome) n’aurait jamais pu être une stratégie pacifique de dissuasion, c’était une stratégie de domination et d’annihilation.

L’Allemagne Nazie commettait le génocide contre les Juifs, tandis que les Etats-Unis se tenaient politiquement sur les marges. Ce ne fut que lorsqu’ils furent directement menacés que les Etats-Unis intervinrent. Bien que l’Allemagne Nazie ait été vaincue le 8 mai 1945, les Etats-Unis ont largué deux bombes atomiques, séparément, sur les cibles non-militaires des villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki, le 6 et le 9 août 1945.

Pour souligner la complicité d’Oppenheimer, il a bloqué une pétition de 70 scientifiques du Projet Manhattan, qui pressait le Président Truman de ne pas larguer de bombes, pour des raisons morales. Les scientifiques disaient aussi que, la guerre étant proche de sa fin, le Japon aurait dû avoir la possibilité de se rendre.

Aujourd’hui, il y a approximativement 12 500 têtes nucléaires dans neuf pays, près de 90% sont détenues par les Etats-Unis et la Russie. Il est estimé que 100 armes nucléaires sont un seuil de « dissuasion… adéquat » pour la destruction mutuelle assurée » du monde.

Oppenheimer a construit l’arme dont le canon est toujours sur la tempe de tous ceux qui vivent sur cette Terre aujourd’hui. Pendant toutes ces décennies après le développement de « La Bombe », des millions de gens partout dans le monde se sont ralliés au désarmement nucléaire, cependant les politiciens ont toujours le doigt sur la gâchette.

L’héritage mortel du Colonialisme Nucléaire

La production d’armes et d’énergie nucléaires ne serait pas possible sans uranium.

L’extraction globale d’uranium a connu un boum pendant et après la Deuxième Guerre Mondiale et continue de menacer des communautés partout dans le monde.

Aujourd’hui, il y a plus de 15 000 mines d’uranium abandonnées aux Etats-Unis, principalement dans et autour des communautés Autochtones, et elles empoisonnent pour toujours des terres et des eaux sacrées, alors que peu ou pas d’action politique ne soit entamée pour nettoyer leur héritage toxique et mortel.

Les communautés Autochtones sont depuis longtemps sur les lignes de front de la lutte pour en finir avec l’héritage mortel de l’industrie nucléaire. Le colonialisme nucléaire a conduit à la pollution radioactive des systèmes d’eau potable de communautés entières, comme le village de Red Shirt, dans le Dakota du Sud et Sanders, en Arizona. L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a fermé au moins 22 puits dans la Nation Navajo, où il y a plus de 523 mines d’uranium abandonnées. À Ludlow, dans le Dakota du Sud, une mine d’uranium abandonnée se trouve à quelques mètres d’une école primaire, empoisonnant le sol où des enfants continuent à jouer jusqu’à aujourd’hui.

Le colonialisme nucléaire a ravagé nos communautés et laissé un héritage mortel de cancers, d’anomalies congénitales et d’autres conséquences graves sur la santé, c’est un lent génocide des Peuples Autochtones.

De 1944 à 1986, quelque 30 millions de tonnes de minerai d’uranium ont été extraits de mines sur les terres Diné. Les travailleurs Diné n’ont presque pas été informés des risques potentiels pour leur santé, et beaucoup d’entre eux n’ont pas eu de matériel de protection. Comme la demande d’uranium baissait, les mines ont fermé, laissant plus de mille sites contaminés. À ce jour, aucun n’a été complètement nettoyé.

Le 16 juillet 1979, tout juste 34 ans après qu’Oppenheimer ait assisté au test Trinity, le 16 juillet 1945, la plus grande fuite radioactive accidentelle s’est produite dans Diné Bikéyah (la Nation Navajo), à l’usine de traitement de Church Rock. Plus de 1100 tonnes de déchets radioactifs solides et 356000 litres de liquide radioactif se sont déversés dans la Rivière Puerco, après qu’une digue en terre se soit rompue. Aujourd’hui, l’eau en aval de la communauté de Sanders, en Arizona, est empoisonnée par la contamination radioactive de la fuite.

Bien que l’extraction d’uranium soit maintenant interdite dans la réserve, grâce aux campagnes des organisateurs Diné anti-nucléaire, les politiciens Navajo cherchent toujours à autoriser de nouvelles mines dans les zones déjà polluées par l’héritage toxique de l’industrie. On estime que 25% de tout l’uranium qui reste dans le pays se trouve dans Diné Bikéyah.

Bien qu’il n’y ait jamais eu d’étude exhaustive des impacts de l’uranium sur la santé humaine dans la zone, une étude ciblée a détecté de l’uranium dans l’urine de bébés nés de femmes Diné exposées à l’uranium.

Les terres des Shoshone de l’Ouest, dans le soi-disant Nevada, qui n’ont jamais été cédées au gouvernement des « Etats-Unis », sont depuis longtemps la cible des industries militaires et nucléaires.

Entre 1951 et 1992, plus de 1000 bombes nucléaires ont explosé en surface et en dessous, dans une zone appelée Site de Tests du Nevada, sur des terres des Shoshones de l’Ouest, ce qui en fait une des nations les plus bombardées sur terre.
Les communautés des zones aux alentours du site de tests sont exposées à de graves retombées radioactives, qui causent des cancers, des leucémies et autres maladies. Ceux qui souffrent de cette pollution radioactive sont appelés collectivement « ceux sous le vent. »

Le guide spirituel Shoshone de l’ouest Corbin Harney, décédé en 2007, a aidé à démarrer une action de la base pour fermer le site de tests et abolir les armes nucléaires. Une fois, il avait dit « Nous n’aidons pas du tout notre Mère la Terre. Les racines, les baies, les animaux ne sont plus là, il n’y a plus rien ici. C’est triste. Nous vendons l’air, l’eau, et nous nous vendons déjà les uns les autres. D’une façon ou d’une autre, ça conduira à une fin. »

Entre 1945 et 1958, soixante-sept bombes atomiques ont explosé au cours de tests effectués à Majel (les îles Marshall). Des Autochtones des îles ont cessé de se reproduire à cause de la gravité des cancers et des malformations congénitales auxquels ils ont fait face à cause de la radioactivité.

En 1987, le Congrès des « Etats-Unis » a initié un projet controversé de transport et d’entreposage de presque tous les déchets nucléaires des Etats-Unis à Yucca Mountain, située à environ 150 km au nord-ouest de soi-disant Las Vegas, dans le Nevada. Yucca Mountain est considérée comme sacrée par les Nations Paiute et Shoshone de l’ouest, depuis des temps immémoriaux. En janvier 2010 le gouvernement Obama a approuvé un prêt de 54 milliards de dollars d’argent des contribuables, pour garantir un programme de construction d’un nouveau réacteur nucléaire, trois fois ce que Bush avait promis en 2005.

Il y a actuellement 93 réacteurs en service dans les soi-disant Etats-Unis, qui fournissent 20% de l’électricité du pays. Il y a près de 90000 tonnes de déchets nucléaires hautement radioactifs retenus par des digues en béton, dans les centrales nucléaires du pays, et les déchets augmentent de 2000 tonnes par an.

Des catastrophes de 1979 à Three-Mile-Island et Church Rock à la fusion de la Centrale Nucléaire de Tchernobyl en 1986, l’industrie nucléaire a été aux prises avec des catastrophes massives avec des conséquences permanentes.

En 2011, la Centrale Nucléaire de Fukushima Daiichi a connu un désastre et a commencé à entrer en fusion après avoir été touchée par un tremblement de terre et un tsunami. Il a été dit que la centrale de Fukushima avait fait fuir environ 300 tonnes d’eau radioactive par jour dans l’océan. Aujourd’hui le gouvernement japonais exprime ouvertement ses projets de larguer le reste des eaux radioactives dans le Pacifique.

Des armes contenant de l’ « uranium appauvri » déployées par les Etats-Unis dans des guerres impérialistes (particulièrement en Irak et en Afghanistan) ont aussi empoisonné des écosystèmes, également en fournissant des champs de tir en Arizona, dans le Maryland, l’Indiana et à Vieques, à Porto Rico. L’uranium appauvri est un sous-produit du processus d’enrichissement d’uranium quand il est utilisé dans des réacteurs et pour fabriquer des armes nucléaires.

La production d’énergie nucléaire est maintenant proclamée « solution verte » pour la crise climatique, mais rien ne saurait être aussi loin de la vérité que ce mensonge mortel.

En avril 2022, le gouvernement Biden a annoncé un plan de sauvetage de 6 milliards de dollars pour « sauver » des centrales nucléaires qui risquent de fermer. Un représentant du gouvernement colonial a déclaré « Les centrales nucléaires U.S. contribuent pour plus de la moitié de notre électricité non-carbonée, et le Président Biden s’est engagé à garder ces centrales en activité pour atteindre nos buts d’énergie propre. » Tout comme certains militants pour la Justice Climatique, ils citent l’énergie nucléaire comme nécessaire au combat contre le réchauffement climatique, ignorant totalement les effets dévastateurs permanents auxquels les Peuples Autochtones font face.

À cause de ce « laver plus vert » de l’énergie nucléaire, nous pouvons nous attendre à une poussée de l’hydrogène nucléaire, des petits réacteurs nucléaires modulaires, et à ce que le High-Assay Low-Enriched Uranium (HALEU) ne pousse à une nouvelle menace d’extraction, de transport et de traitement d’uranium.

Bien que le gouvernement Obama ait mis un moratoire sur des milliers de baux pour des mines d’uranium autour du Grand Canyon en 2012, des demandes préexistantes sont autorisées. Des groupes écologistes et des Nations Autochtones essaient actuellement de rendre le moratoire permanent et font pression pour un nouveau monument national, cependant, cela ne ferait rien ou presque rien contre la poignée de mines d’uranium préexistantes qui ont été autorisées à continuer.

Malgré ces actions, des explosions souterraines et aériennes ont commencé à la Mine Pinyon Plain/du Canyon, à quelques kilomètres du Grand Canyon. Dès qu’Energy Fuels, la compagnie qui exploite la mine, commencera à extraire du minerai radioactif, elle a l’intention d’en transporter 30 tonnes par jour à travers le Nord de l’Arizona, à l’usine de traitement de la compagnie, à White Mesa, à 480 kilomètres.

L’Usine de White Mesa est la seule usine d’uranium conventionnelle qui opère aux Etats-Unis. L’usine a été construite sur des terres sacrées ancestrales de la Tribu Ute de Ute Mountain, près de Blanding, Utah. Energy Fuels jette les déchets radioactifs dans des « bassins de retenue » qui occupent environ 111 hectares près de l’usine. Etant donné que le nombre de sites de déchets radioactifs est limité, l’Usine de White Mesa est une décharge ad hoc pour les déchets nucléaires du monde entier, qui n’ont pas de site de dépôt permanent.

Au soi-disant Nouveau-Mexique, un état accro aux revenus du nucléaire, pour les armes et l’énergie, il y a deux laboratoires nationaux et deux sites de déchets nationaux. Avec l’héritage des mines d’uranium et des usines, il y a eu le Projet Gasbuggy (une détonation souterraine), un accident « Flèche Brisée » près d’Albuquerque, et d’innombrables tonnes de déchets radioactifs enterrés dans des puits non renforcés, des kivas Pueblo et des bassins. Actuellement, ils font des projets d’expansion et de modifications aux Laboratoires Nationaux de Los Alamos, au Centre Pilote d’Isolation des Déchets [Waste Isolation Pilot Plant, WIPP] et au site d’enrichissement d’uranium d’Urenco. Plus récemment, le Nouveau-Mexique a été menacé par deux sites d’entreposage temporaires licenciés récemment, pour le « fuel usagé » des centrales nucléaires du Nouveau-Mexique et du Texas. Le gouvernement fédéral continue à pousser les projets nucléaires avec des incitations financières.

La prolifération nucléaire continue, tandis que les Etats-Unis permettent que des mineurs d’uranium et d’autres, éligibles pour la Loi de Compensation de l’Exposition aux Radiations, meurent. Beaucoup continuent de souffrir et attendent que les fonds de compensation soient alloués ou ne sont pas éligibles vu les limitations de la loi.

Les dévastations du colonialisme nucléaire, qui détruisent pour toujours des communautés Autochtones partout dans le monde, n’est pas un divertissement. C’est l’héritage terrifiant de l’énergie et des armes nucléaires que des films comme Oppenheimer et des militants douteux de la cause climatique, défendent.

Les Peuples Autochtones vivent, souffrent et continuent de résister à ses conséquences chaque jour.

EN FINIR AVEC LE COLONIALISME NUCLÉAIRE !

Par Klee Benally
Indigenous Action Media
22 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Environ 33% des Diné n’ont ni eau courante ni électricité.

Pendant 41 ans, Peabody Coal, qui exploitait des mines sur Black Mesa, a consommé 5,5 milliards de litres d’eau par an, de la nappe aquifère Navajo située sous la zone. Bien que les mines soient maintenant fermées et la Centrale Navajo [NGS : Navajo Generating Station] qu’elles alimentaient détruite, les effets sur la santé, l’environnement et les sources d’eau vitales de la région sont très graves.

Depuis 1974, le Congrès des Etats-Unis ont essayé de déplacer par la force les Diné de cette région.

Le projet initial de la NGS avait pour but de fournir de l’électricité pour pomper l’eau destinée aux grandes zones urbaines de Phoenix et Tucson.

Pendant des décennies, tandis que les lignes à haute tension traversaient en tous sens les foyers des familles Diné et que de l’eau était pompée à des centaines de kilomètres pour des piscines et des terrains de golf, des milliers de Diné n’avaient ni eau courante ni électricité.

Aujourd’hui, il y a plus de 20 000 puits de gaz naturel et des milliers d’autres en projet dans et autour de la Nation Navajo, dans le Bassin de la Rivière San Juan.

L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis [EPA] qualifie le Bassin de la San Juan de « bassin de méthane le plus productif d’Amérique du Nord. » Rien qu’en 2007, les grandes compagnies ont extrait 3,7 mille milliards de gaz de houille de la région, en faisant la principale source des Etats-Unis.

Halliburton, « pionnier » de la fracturation hydraulique en 1947, a introduit la « re-fracturation » de puits dans la région. La fracturation gâche et pollue aussi une quantité d’eau phénoménale. Un seul puits de méthane de houille peut utiliser jusqu’à 1,5 millions de litres, et un seul puits horizontal jusqu’à 37,850 millions de litres d’eau.

Le gouvernement de la Nation Navajo soutient ces baux, y compris autour du territoire sacré du Canyon de Chaco [site archéologique exceptionnel].

Le Bassin de la San Juan est aussi considéré comme « le plus prolifique producteur d’uranium des Etats-Unis. »

En 1979, la plus grande fuite accidentelle d’eau radioactive s’est produite à l’usine de traitement d’uranium à Church Rock, Diné Bikéyah [Pays Navajo]. Plus de 1100 tonnes de déchets radioactifs solides et 356 millions de litres de déchets radioactifs liquides se sont déversé dans la Rivière Puerco, suite à la rupture d’un barrage de rétention en terre. Aujourd’hui, l’eau, dans la communauté en aval de « Sanders, Arizona » est toujours empoisonnée par la fuite.

Il y a plus de 2000 mines d’uranium abandonnées toujours radioactives, dans et autour de la Nation Navajo. Vingt-deux puits qui fournissaient de l’eau à plus de 50 000 Diné, ont été fermés par l’EPA à cause des taux élevés de radioactivité.

Il n’y a jamais d’étude systématique des impacts de l’extraction d’uranium de la région sur la santé humaine.

En 2015, l’EPA a renversé accidentellement plus de 11 millions de litres de déchets toxiques de la Mine d’Or King dans la rivière Animas. La fuite toxique a coulé à travers les communautés Diné, polluant la rivière « San Juan » dont dépendent beaucoup d’agriculteurs Diné. Les récoltes ont été perdues cette année-là. Comme mesure d’allègement de la crise de l’eau, l’EPA a d’abord envoyé des barils ayant servi à la fracturation, rincés.

Les Diné combattent sur de multiples fronts, depuis des générations, les Etats-Unis et notre propre gouvernement imposé par le colonialisme, pour défendre ce qui est sacré.

Alors que certains célèbrent la décision de la Cour Suprême sur le maintient de l’ICWA comme affirmation de la « souveraineté Tribale », nous savions bien que la justice du colonisateur ne sert qu’à maintenir le pouvoir colonial.

Si le capitalisme et le colonialisme nous ont mis dans ce pétrin, ils ne vont certainement pas nous en sortir. Quand nous arrêterons de supplier les politiciens de changer quelque chose et d’espérer que le vote ou quoique ce soit puisse changer un système intrinsèquement anti-Terre et anti-Autochtones, nous avancerons sur le chemin de la libération.

Rappelez-vous que le président de la Banque Mondiale déclarait que « les guerres du siècle prochain seront déclenchées pour de l’eau. » Elles sont des conséquences de la guerre menée contre la Terre et ça ne fait qu’empirer. Respectez l’existence ou attendez-vous à de la résistance.

Voir l’article complet, en français : https://chrisp.lautre.net/wpblog/?page_id=6410

Sanders, Arizona, puits d’eau potable devenu radioactif en 2015

Soutenez les projets autonomes Diné pour l’eau !

Tó Nizhóní Ání : www.tonizhoniani.org

DINÉ LAND & WATER: Facebook.com/dinelandnwater

(Méfiez-vous des grandes associations)

 

Indigenous Action Media
8 mai 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Indigenous Action a récemment soutenu @abolition.yumacounty (sur Instagram), à la frontière « US-Mexique ». C’est une équipe de radicaux et queer qui fournissent de l’aide essentielle aux Autochtones et autres demandeurs d’asyle qui sont retenus sans rien d’autre que ce qu’ils ont emmené au cours de leur marche de milliers de kilomètres. Ils offrent aussi un soutien confidentiel aux problèmes de grossesse. S’il vous plait, $$$outenez-les. Venmo : @ycabolition, Cash App : @YumaCountyAbolition.

Alors que le ‘Titre 42’ expire le 11 mai, (c’est une politique xénophobe qui donnait au gouvernement le pouvoir d’expulser rapidement tout migrant, sans lui donner une chance de présenter son cas pour avoir passé la frontière illégalement, même comme demandeur d’asyle), Biden n’a même pas essayé d’entreprendre la réforme de l’immigration qu’il avait promise pendant sa campagne, « Je peux à peine imaginer ce que c’est de voir quelqu’un de votre famille expulsé. Pour moi, il s’agit surtout de la famille. Du début à la fin. Cela n’arrivera pas sous mon gouvernement. L’idée qu’on ne peut même pas demander l’asyle sur le sol Américain ! Quand cela s’est-il produit ? Trump. C’est mal. »

Cette politique relève tout à fait du pouvoir de Biden, et pourtant, IL NE L’A PAS FAIT. Il a eu 2 ans pour préparer l’expiration du ‘Titre 42’ et pour introduire une nouvelle politique dont il prétendait « qu’elle offrirait l’espoir et la sécurité aux réfugiés. »

Ce qu’on voit maintenant à la frontière, c’est la haine. Les refuges et centres de détention sont pleins ou presque. Des centaines de personnes sont refoulées tous les jours. Rien que le mois dernier, un incendie dans un centre de détention a tué 40 personnes.

En 2022, plus de 890 migrants sont morts en traversant la frontière, et ce sont seulement les décès qui ont été recensés. Pour un point de vue plus large, depuis 2021, 13480 cas de meurtre, torture, kidnapping, viol et autres attaques violentes contre des migrants ont été rapportés, et des demandeurs d’asyle bloqués ou expulsés vers le Mexique selon le ‘Titre 42’. C’est maintenant qu’il faut prendre position contre la xénophobie. Soyons libres de circuler et d’exprimer notre rage partout où nous voulons !

L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis – EPA – aurait l’intention de commencer à décontaminer une mine d’uranium abandonnée à Cameron, dans la Réserve Navajo. Pour le moment, elle entreprend des consultations et des commentaires publiques. Ça va encore prendre du temps. Ça fait des décennies que la population et l’eau sont empoisonnées par la radioactivité.
Dans le rapport de l’EPA, il est affirmé que le site est clôturé et ne présente pas de danger immédiat pour la population. En 2014, il n’y avait pas encore de clôture ni de panneaux pour prévenir les gens. J’y suis allée en septembre 2017 avec Klee Benally et un autre Navajo, la clôture était faite de simple fils de fer barbelés, avec des panneaux « danger… ». Cependant, dans un climat désertique, une telle clôture n’empêche pas le vent de transporter la poussière très sèche au-delà de la clôture. Donc, en septembre 2017, mes compagnons ont mesuré le taux de radioactivité à travers la clôture et à l’extérieur. À au moins 100 mètres à l’extérieur, ils ont mesuré un taux de radioactivité bien supérieur à celui mesuré à l’intérieur.
Il y a plus de 500 mines d’uranium abandonnées dans la Réserve Navajo, dont 111 dans la région de Cameron.

L’article ci-dessous est une réaction de Klee Benally, publiée sur Facebook, après l’annonce de l’intention de décontaminer.

Christine Prat

Par Klee Benally,
Réaction à un article du Navajo Times*
Publié sur Facebook
10 mars 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Les mines d’uranium abandonnées sont l’héritage mortel de l’énergie nucléaire (ce que nous appelons le Colonialisme Nucléaire) et ce pourquoi l’énergie « nucléaire verte » est un mensonge mortel. Nos communautés sont empoisonnées de façon permanente par la pollution radioactive et il n’y a pas de moyen sûr à 100% à long terme (nous parlons de milliers d’années) de décontaminer l’uranium quand il a été sorti du sol.

Étant donné que nos communautés ne devraient pas continuer à risquer d’être exposées par ces sites abandonnés extrêmement dangereux, l’Alternative 3** de l’EPA [Agence de Protection de l’Environnement] ne ferait que déplacer le problème dans une autre communauté et mettre en danger d’autres communautés le long du trajet de transport. L’Usine de White Mesa, en soi-disant Utah, où les matériaux radioactifs serait transportés de Cameron, empoisonne déjà la communauté Ute de Ute Mountain. Ils veulent que l’usine ferme et que le site soit également décontaminé. Nous ne devrions pas être complices de l’empoisonnement d’autres communautés Autochtones pour « décontaminer ».

L’Alternative 3** livre aussi des déchets d’uranium pour la production à l’Usine de White Mesa. Energy Fuels, propriétaire du site, en ferait des profits. Energy Fuels est aussi la compagnie qui se prépare à extraire de l’uranium de la mine rebaptisée Pinyon Plain (ex-Mine du Canyon) près du Grand Canyon. L’exploitation de cette mine entrainerait le transport de minerai d’uranium à travers des communautés déjà dévastées par la pollution radioactive de l’Usine de White Mesa (avec des risques d’accidents et de fuites).

 L’action recommandée par l’EPA est l’Alternative 2**, un « confinement sur place renforcé ». Si c’est fait de manière complète (pas seulement en rajoutant une couche sur ce qui existe déjà), c’est la seule option qui peut assurer une sécurité relative aux communautés.

La réalité désastreuse de la fuite du train de l’ « Ohio » [fuite très grave de dioxine suite à un déraillement le 3 février 2023], avec la négligence des services gouvernementaux et les entreprises écocidaires, est la réalité continuelle à laquelle nous faisons face dans le Sud-ouest occupé. C’est l’héritage du colonialisme nucléaire du Sud-ouest, de la catastrophe de Church Rock de 1979 à la lixiviation radioactive toujours en cours à l’Usine de Shiprock.

Il y a plus de 100 mines d’uranium abandonnées dans la région de Cameron. Les Diné exigent la décontamination depuis des décennies. L’EPA a organisé ce genre de sessions par le passé et connait les risques auxquels les communautés de cette région sont exposées, mais vu qu’elle dépend de la Loi du Super Fonds [P.L. 96-510 adoptée par le Congrès en 1980, réactualisée en 1986***], elle attend que les poursuites en justice des « parties responsables » soient réglées avant de prendre la responsabilité de décontaminer.

La santé de nos communautés n’est pas une priorité pour les fédéraux, quand il s’agit de prendre la responsabilité d’engager les ressources nécessaires pour une décontamination significative et complète.

Les plus de 500 mines d’uranium abandonnées dans le Pays Diné doivent être décontaminées, mais pas en se contentant de « déplacer le problème » et d’empoisonner d’autres communautés Autochtones.

En tout, il y a plus de 15000 mines d’uranium abandonnées dans 15 états de l’ouest. Le nombre réel, les lieux, les risques existants et le déplacement potentiel des matériaux radioactifs de ces sites n’ont pas encore été déterminés de façon adéquate.

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* L’article du Navajo Times rappelle que les mines abandonnées ont été laissées en l’état jusque dans les années 1990, et c’est le Service Navajo de Remise en Etat des Sols de Mines Abandonnées qui a remis les déchets dans le puits principal et les a couverts de terre non-contaminée.

** Selon le même article, les Alternatives sont :
Alternative 1 : Ne rien faire.

Alternative 2 : Confinement sur Place Renforcé.

Alternative 3 : Transporter les déchets à l’usine de White Mesa déjà très polluante pour la Réserve de Ute Mountain. Et le coût serait beaucoup plus élevé que pour l’Alternative 2.

*** Des travaux avaient été commencés, mais ont été abandonnés quand le montant non-révisé du Super Fonds a été épuisé.

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Pour plus d’infos (en anglais), voir https://cleanupthemines.org/facts/ et www.Haulno.com

#nonukes #haulno #LeaveItInTheGround #NonAuNucléaire #LaissezLeDansLeSol

 

Par Indigenous Action Media
30 juin 2022
Traduction française Christine Prat

Nous ne sommes pas surpris des décisions prises au nom de la « justice » par ceux qui déterminent la Loi « suprême » de l’ordre social colonial. Quelle justice peut-on attendre des tribunaux du colonisateur, qui sont englués dans la suprématie blanche et le cis-hétéro-patriarcat ?

Nous sommes contre les colonisateurs et leurs lois qui dictent ce qui peut et ne peut pas se faire avec les corps qui donnent la vie.

Alors qu’il y a tellement de ressources liées aux organisations à but non-lucratif et aux organisations libérales ou avant-gardistes merdiques, nous encourageons l’organisation décentralisée, autonome et militante dans l’esprit de nos parentes féministes queer au prétendu « Mexique », qui se sont violemment insurgées en réponse au féminicide, à la violence sexuelle, et quand leur liberté reproductive a été menacée. En contraste avec la réaction libérale prévisible de « voter plus efficace », les militantes autonomes au « Mexique » ont mis l’Etat à genoux par l’indignation et le conflit.

Les groupes non-lucratifs et spécialisés, ici, aux Etats-Unis occupés, continuent de consolider leurs ressources et de tirer du pouvoir de nos communautés. Ils parlent d’autonomie du corps tout en renforçant le pouvoir colonial, et en oubliant que nous proclamons aussi que la violence contre la terre est de la violence contre nos corps et que nous combattons pour la libération totale. Nous le voyons dans la marchandisation et la compartimentalisation de l’aide mutuelle, alors que les soins collectifs et l’accès aux médicaments et aux ressources devraient être disponibles pour tous ceux qui en ont besoin. Comme Janes Revenge le déclare, « Notre recours maintenant, c’est de nous défendre nous-mêmes et de construire des communautés d’aide mutuelle solides et bienveillantes, afin de pouvoir nous guérir nous-mêmes sans avoir besoin de l’industrie médicale ni d’aucun autre intermédiaire. » Nous ne laisserons pas le savoir et les pratiques sacrés de la liberté de reproduction être déterminés par la loi coloniale.

Beaucoup de Peuples Autochtones ont conservé le savoir et les soins traditionnels pour des naissances et des avortements sans danger. C’est une occasion de nous reconnecter radicalement et partager le savoir ancestral pour la liberté de reproduction.

Nos corps sont des forces de la nature ingouvernables. Ecraser le cis-hétéro-patriarcat est une cérémonie.