AVERTISSMENT POUR LES LAÏQUES: LE ‘SACRÉ’ CHEZ LES DINÉ (NAVAJOS)
Par Christine Prat
Dans la France laïque, le mot ‘sacré’ risque de provoquer des réticences. Plus encore chez les anarchistes, qui pourraient avoir du mal à lire les mots ‘Anarchie’ et ‘sacré’ dans la même phrase.
Les autochtones doivent écrire en anglais, parce que leur langue ne s’écrit pas et n’est pas forcément comprise par les 560 différentes tribus des États-Unis. Mais il faut savoir que l’anglais leur a été appris – de force et souvent sous la torture – par des chrétiens prosélytes. Le mot ‘sacré’ (tout comme ‘divin’, ‘saint’, ‘spiritualité’, etc.) n’existe pas dans la langue Navajo (Diné bizaad). On ne peut pas traduire simplement ce qu’ils expriment de leur attachement à la terre et aux sites qu’ils protègent, il faut expliquer.
La conquête des Amériques a dès le début été justifiée par une Bulle du Pape Alexandre VI, Borgia. Il fallait évangéliser les sauvages. Bien entendu, les pillages attiraient beaucoup plus d’Européens que l’évangélisation, mais ce sont des chrétiens qui ont été chargés de l’enseignement aux autochtones jusqu’au début du XXème siècle (le dernier « home » Indien, tenu par des religieuses, en Guyane « Française », a fermé en 2012). Ces gens-là ne traduisaient pas la langue des autochtones en anglais ou espagnol, ils traduisaient la Bible dans les langues autochtones. (On trouve sur Internet un site qui se proclame ‘Dictionnaire Navajo-Anglais’, mais toutes les traductions proposées pour ‘sacré’ sont tirées de l’ancien testament). Dans les pensionnats, les enfants autochtones devaient oublier leur langue et leur culture, « Tuer l’Indien pour sauver l’homme » était le but affiché.
Dans la deuxième moitié du XXème siècle, des ‘progressistes’ se sont élevés contre les manipulations chrétiennes et se sont efforcés de montrer que les autochtones étaient des païens polythéistes, ce qui n’est pas vrai non plus.
Enfin, il faut savoir que les Américains sont beaucoup plus religieux que les Européens, et les autochtones emploient des mots dont ils pensent qu’ils signifieront quelque chose pour les Blancs, comme « la Nature est notre Église » ou « nos sites Sacrés sont nos églises ». Souvent, peine perdue…
Quant à la ‘Spiritualité’, il faut savoir que les Autochtones pensent qu’esprit et matière ne se distinguent pas, pour eux, toutes les maladies sont psychosomatiques, il y a de l’esprit dans la terre à laquelle ils sont liés… Dans ce livre, l’auteur exprime son dédain des universitaires et autres intellos qui promeuvent un esprit désincarné.
On peut dire que les ‘croyances’ autochtones sont plus proches des idées écolos – quoique pas identiques en tout point – que des religions au sens occidental. C’est pourquoi, dans de nombreuses affaires, des grandes associations écolos (comme le Grand Canyon Trust et le Centre pour la Diversité Biologique) se joignent aux Autochtones pour aller en justice contre les projets de destructions.
Un terme fondamental dans la langue et la pensée Navajo, est ‘hozho’ (en français, prononcer ‘hojo’) et ses dérivés, qui signifie ‘harmonie’, ‘équilibre’, ‘paix’, ‘beauté d’un lieu’. Il n’y a pas de distinction entre ‘beau’ et ‘bien’ pour les Navajos, c’est toujours une question d’harmonie. Michael Lerma (nom navajo P’urhépecha), un Navajo ami de Klee et professeur à l’Université du Nord de l’Arizona, à Flagstaff, a publié en 2017, un livre intitulé ‘Guided by The Mountains’ (Michael Lerma, Oxford University Press, 2017), qui explique la vision du monde des Navajos et l’importance de la notion d’équilibre, d’harmonie dans leur pensée.
Les sites qu’ils appellent « sacrés » dans la langue des colons, sont souvent des sites vitaux : les sources d’eau, des terres non polluées, une grande biodiversité. Ils y trouvent (y trouvaient) des plantes médicinales, des fruits, des plantes et des animaux endémiques en voie de disparition. Ces sites sont souvent très spéciaux par leur beauté ou des caractéristiques exceptionnelles : la quasi-totalité des sites ‘sacrés’ se trouvent dans des Parcs Nationaux, et beaucoup sont des sites classés. Donc, les colonisateurs reconnaissent aussi leur importance. Cependant, dans un monde où les multinationales ont plus de pouvoir que les États – ou sont au pouvoir – elles obtiennent toujours des permis de faire sauter n’importe quoi dans les Parcs Nationaux, si ça doit rapporter beaucoup d’argent.
Après les massacres de la deuxième moitié du XIXème siècle, les Autochtones se sentaient anéantis, mais l’état du monde actuel leur DONNE RAISON. C’est pourquoi ils recommencent à se battre, à partir de ce qu’ils ont toujours été et de la relation qu’ils ont toujours entretenue avec la nature.
Indigenous Action
February 5, 2020
An Indigenous Perspective français
www.indigenousaction.org
When proclamations are made that “voting is harm reduction,” it’s never clear how less harm is actually calculated. Do we compare how many millions of undocumented Indigenous Peoples have been deported? Do we add up what political party conducted more drone strikes? Or who had the highest military budget? Do we factor in pipelines, mines, dams, sacred sites desecration? Do we balance incarceration rates? Do we compare sexual violence statistics? Is it in the massive budgets of politicians who spend hundreds of millions of dollars competing for votes?
Though there are some political distinctions between the two prominent parties in the so-called U.S., they all pledge their allegiance to the same flag. Red or blue, they’re both still stripes on a rag waving over stolen lands that comprise a country built by stolen lives.
We don’t dismiss the reality that, on the scale of U.S. settler colonial violence, even the slightest degree of harm can mean life or death for those most vulnerable. What we assert here is that the entire notion of “voting as harm reduction” obscures and perpetuates settler-colonial violence, there is nothing “less harmful” about it, and there are more effective ways to intervene in its violences.
At some point the left in the so-called U.S. realized that convincing people to rally behind a “lesser evil” was a losing strategy. The term “harm reduction” was appropriated to reframe efforts to justify their participation and coerce others to engage in the theater of what is called “democracy” in the U.S.
Harm reduction was established in the 1980s as a public health strategy for people dealing with substance use issues who struggle with abstinence. According to the Harm Reduction Coalition (HRC) the principles of harm reduction establish that the identified behavior is “part of life” so they “choose not to ignore or condemn but to minimize harmful effects” and work towards breaking social stigmas towards “safer use.” The HRC also states that, “there is no universal definition of or formula for implementing harm reduction.” Overall, harm reduction focuses on reducing adverse impacts associated with harmful behaviors.
The proposition of “harm reduction” in the context of voting means something entirely different from those organizing to address substance use issues. The assertion is that “since this political system isn’t going away, we’ll support politicians and laws that may do less harm.”
The idea of a ballot being capable of reducing the harm in a system rooted in colonial domination and exploitation, white supremacy, hetero-patriarchy, and capitalism is an extraordinary exaggeration. There is no person whose lives aren’t impacted everyday by these systems of oppression, but instead of coded reformism and coercive “get out the vote” campaigns towards a “safer” form of settler colonialism, we’re asking “what is the real and tragic harm and danger associated with perpetuating colonial power and what can be done to end it?”
Voting as practiced under U.S. “democracy” is the process with which people (excluding youth under the age of 18, convicted felons, those the state deems “mentally incompetent,” and undocumented folx including permanent legal residents), are coerced to choose narrowly prescribed rules and rulers. The anarchist collective Crimethinc observes, “Voting consolidates the power of a whole society in the hands of a few politicians.” When this process is conducted under colonial authority, there is no option but political death for Indigenous Peoples. In other words, voting can never be a survival strategy under colonial rule. It’s a strategy of defeat and victimhood that protracts the suffering and historical harm induced by ongoing settler colonialism. And while the harm reduction sentiment may be sincere, even hard-won marginal reforms gained through popular support can be just as easily reversed by the stroke of a politician’s pen. If voting is the democratic participation in our own oppression, voting as harm reduction is a politics that keeps us at the mercy of our oppressors.
IF VOTING IS THE DEMOCRATIC PARTICIPATION IN OUR OWN OPPRESSION, VOTING AS HARM REDUCTION IS A POLITICS THAT KEEPS US AT THE MERCY OF OUR OPPRESSORS.
While so many on the left–including some Indigenous radicals–are concerned with consolidation of power into fascists hands, they fail to recognize how colonial power is already consolidated. There is nothing intersectional about participating in and maintaining a genocidal political system. There’s no meaningful solidarity to be found in a politics that urges us to meet our oppressors where they’re at. Voting as harm reduction imposes a false solidarity upon those identified to be most vulnerable to harmful political policies and actions. In practice it plays out as paternalistic identity politicking as liberals work to identify the least dangerous candidates and rally to support their campaigns. The logic of voting as harm reduction asserts that whoever is facing the most harm will gain the most protection by the least dangerous denominator in a violently authoritarian system. This settler-colonial naivety places more people, non-human beings, and land at risk then otherwise. Most typically the same liberal activists that claim voting is harm reduction are found denouncing and attempting to suppress militant direct actions and sabotage as acts that “only harm our movement.” “Voting as harm reduction” is the pacifying language of those who police movements.
Voting as harm reduction is the government issued blanket of the democratic party, we’re either going to sleep or die in it.
To organize from a position that voting is an act of damage limitation blurs lines of the harm that settler and resource colonialism imposes.
Under colonial occupation all power operates through violence. There is absolutely nothing “less harmful” about participating in and perpetuating the political power of occupying forces. Voting won’t undue settler colonialism, white supremacy, hetero-patriarchy, or capitalism. Voting is not a strategy for decolonization. The entire process that arrived at the “Native vote” was an imposition of U.S. political identity on Indigenous Peoples fueled by white supremacy and facilitated by capitalism.
THE NATIVE VOTE: A STRATEGY OF COLONIAL DOMINATION
Prior to settler colonial invasion, Indigenous Peoples maintained diverse complex cultural organizations that were fairly unrecognizable to European invaders. From its inception, the U.S. recognized that Indigenous Peoples comprised distinct sovereign Nations. The projection of Nation status was committed on the terms of the colonizers who needed political entities to treaty with (primarily for war and economic purposes). As a result, social organizations of Indigenous Peoples faced extreme political manipulation as matriarchal and two-spirit roles were either completely disregarded or outright attacked. The imperative of the U.S. settler colonial project has always been to undermine and destroy Indigenous sovereignty, this is the insidious unnature of colonialism.
In 1493 the Papal Bull “Inter Caetera,” was issued by Pope Alexander VI. The document established the “Doctrine of Discovery” and was central to Spain’s Christianizing strategy to ensure “exclusive right” to enslaved Indigenous Peoples and lands invaded by Columbus the year prior. This decree also made clear the Pope’s threat to forcibly assimilate Indigenous Peoples to Catholicism in order to strengthen the “Christian Empire.” This doctrine lead to successive generational patterns of genocidal and ecocidal wars waged by European settler colonizers against Indigenous lives, lands, spirit, and the living world of all of our relations. In 1823 the “Doctrine of Discovery” was written into U.S. law as a way to deny land rights to Indigenous Peoples in the Supreme Court case, Johnson v. McIntosh. In a unanimous decision, Chief Justice John Marshall wrote that Christian European nations had assumed complete control over the lands of “America” during the “Age of Discovery”. And in declaring “independence” from the Crown of England in 1776, he noted, that the U.S. had in effect and thus by law inherited authority over these lands from Great Britain, “notwithstanding the occupancy of the natives, who were heathens…” According to the ruling, Indigenous Peoples did not have any rights as independent nations, but only as tenants or residents of the U.S. on their own lands. To this day, the “Doctrine of Discovery” has not been repudiated and Johnson v. McIntosh has not been overruled.
The genealogy of the Native vote is tied to boarding schools, Christian indoctrination, allotment programs, and global wars that established U.S. imperialism. U.S. assimilation policies were not designed as a benevolent form of harm reduction, they were an extension of a military strategy that couldn’t fulfill its genocidal programs. Citizenship was forced onto Indigenous Peoples as part of colonial strategy to, “Kill the Indian and save the man.”
There was a time when Indigenous Peoples wanted nothing to do with U.S. citizenship and voting.
Katherine Osborn, an ethnohistorian at Arizona State University states, “[Indigenous] polities hold a government-to-government relationship with the United States. Thus, their political status is unique, and that means that they are not just another minority group hoping for inclusion in the U.S. political order. For indigenous communities, protecting their sovereignty as tribal nations is the paramount political concern.”
When the U.S. constitution was initially created, each state could determine who could be citizens at their discretion. Some states rarely granted citizenship and thereby conferred the status to select Indigenous Peoples but only if they dissolved their tribal relationships and became “civilized.” This typically meant that they renounced their tribal affiliation, paid taxes, and fully assimilated into white society. Alexandra Witkin writes in To Silence a Drum: The Imposition of United States Citizenship on Native Peoples, “Early citizenship policy rested upon the assumption that allegiance could only be given to one nation; thus, peoples with an allegiance to a Native nation could not become citizens of the United States.” The preference though was not to respect and uphold Indigenous sovereignty, but to condemn it as “uncivilized” and undermine it through extreme tactics of forced assimilation.
When the 14th Amendment to the U.S. Constitution was ratified in 1868, it granted citizenship only to men born or naturalized in the U.S., this included former slaves but was interpreted to not apply to Indigenous Peoples except for those who assimilated and paid taxes. The 15th Amendment was subsequently passed in 1870 to ensure the right of U.S. citizens to vote without discrimination of “race, color, or previous condition of servitude” but was still interpreted to exclude Indigenous Peoples who did not assimilate. In some ways this was an act of disenfranchisement, but more clearly it was a condition imposed upon Indigenous Peoples facing scorched-earth military campaigns and the threat of mass death marches to concentration camps. The message was clear, “assimilate or perish.”
In 1887, U.S. Congress passed the General Allotment Act, more commonly known as the Dawes Act, which was designed to expedite colonial invasion, facilitate resource extraction, and to further assimilate Indigenous Peoples into the colonial social order. The Dawes Act marked a shift from a military strategy to an economic and political one where reservations were separated into individual lots, with only male “heads of households” to receive 160 acres with any remaining lands put up for sale to white invaders who flocked in droves to inherit their “Manifest Destiny.” Indigenous Peoples who accepted allotments could receive U.S. citizenship, and although this was the first congressional act to provide the status, it came at the expense of sacrificing Indigenous People’s cultural and political identities in many ways, particularly by further fracturing the integrity of Indigenous matriarchal societies. Under the Dawes Act, Indigenous lands were reduced from 138 million to 52 million acres. In 1890, the overall Indigenous population was reduced to about 250,000 from tens of millions at the time of initial European invasion. In contrast, the colonizer’s U.S. population had increased to 62,622,250 the same year.
The legal destruction of Indigenous sovereign nations was fulfilled in Supreme Court decisions by judge John Marshall who wrote in 1831 that the Cherokee Nation was not a foreign nation, but rather that “They may, more correctly, perhaps, be denominated domestic dependent nations… Their relationship to the United States resembles that of a ward to its guardian.”
The U.S.’s genocidal military campaigns known collectively as the “Indian Wars” supposedly came to an end in 1924. That same year U.S. Congress passed the Indian Citizenship Act (ICA) which granted citizenship to Indigenous Peoples but still allowed for states to determine if they could vote. As a result, some states barred Indigenous Peoples from voting until 1957. Until passage of the ICA, which was a regulatory action approved with no hearings, Indigenous Peoples were considered “Domestic Subjects” of the U.S. Government.
The Haudeneshonee Confederacy completely rejected imposition of U.S. citizenship through the IAC and called it an act of treason.
Joseph Heath, General Counsel of the Onondaga Nation, writes, “The Onondaga Nation and the Haudenosaunee have never accepted the authority of the United States to make Six Nations citizens become citizens of the United States, as claimed in the Citizenship Act of 1924. We hold three treaties with the United States: the 1784 Treaty of Fort Stanwix, the 1789 Treaty of Fort Harmor and the 1794 Treaty of Canandaigua. These treaties clearly recognize the Haudenosaunee as separate and sovereign Nations. Accepting United States citizenship would be treason to their own Nations, a violation of the treaties and a violation of international law…”
They rejected the ICA and “resisted its implementation immediately after its adoption, because they had the historical and cultural understanding that it was merely the latest federal policy aimed at taking their lands and at forced assimilation.”
Heath further adds, “For over four centuries the Haudenosaunee have maintained their sovereignty, against the onslaught of colonialism and assimilation, and they have continued with their duties as stewards of the natural world. They have resisted removal and allotment; they have preserved their language and culture; they have not accepted the dictates of Christian churches; and they have rejected forced citizenship.”
It’s important to note, and paradoxical, that the colonizing architects of the U.S. constitution were influenced heavily by the Haudeneshonee Confederacy.
Zane Jane Gordon of the Wyandotte Nation critiqued the ICA at the time it was passed, “No government organized . . . can incorporate into its citizenship anybody or bodies without the[ir] formal consent…The Indians are organized in the form of ‘nations,’ and it has treaties with [other] nations as such. Congress cannot embrace them into the citizenship of the Union by a simple act.”
In Challenging American Boundaries: Indigenous People and the “Gift” of U.S. Citizenship, Kevin Bruyneel writes that Tuscarora Chief Clinton Rickard, who strongly opposed passage of the ICA, “was also encouraged by the fact that ‘there was no great rush among my people to go out and vote in white man’s elections.’” Rickard stated, “By our ancient treaties, we expected the protection of the government. The white man had obtained most of our land and we felt he was obliged to provide something in return, which was protection of the land we had left, but we did not want to be absorbed and assimilated into his society. United States citizenship was just another way of absorbing us and destroying our customs and our government. . . . We feared citizenship would also put our treaty status in jeopardy and bring taxes upon our land. How can a citizen have a treaty with his own government. . . . This was a violation of our sovereignty. Our citizenship was in our own nations.”
Haudeneshonee also voiced opposition to imposition of U.S. citizenship policies due to separation of their Nation by the Canadian border. These impacts are still faced by Indigenous Peoples whose lands are bisected by both the Canadian and Mexican borders. The imposition of citizenship has politically segregated their people along colonial lines.
Perhaps one of the clearest illustrations of assimilationist strategies regarding citizenship and voting comes from Henry S. Pancoast, one of the founders of the Christian white supremacist group, the Indian Rights Association (IRA). Pancoast stated, “Nothing [besides United States Citizenship] will so tend to assimilate the Indian and break up his narrow tribal allegiance, as making him feel that he has a distinct right and voice in the white man’s nation.”
The IRA’s initial stated objective was to “bring about the complete civilization of the Indians and their admission to citizenship.” The IRA considered themselves reformists and successfully lobbied Congress to establish the boarding school system, pass the Dawes Act, reform the Bureau of Indian Affairs, and pass the Indian Reorganization Act of 1834.
U.S. citizenship was imposed to destroy Indigenous sovereignty and facilitate mass-scale land theft. To this day, the “Native vote” is bound to assimilationist conditions that serve colonial interests.
ASSIMILATION: THE STRATEGY OF ENFRANCHISEMENT
Historic acts of voter suppression appear to contradict the strategy of assimilation, after all, if white settler politicians desired so much for Indigenous Peoples to become citizens, why then would they actively disenfranchise them at the same time? This is the underlying contradiction of colonialism in the U.S. that has been articulated as the “Indian Problem,” or more bluntly, the question of annihilation or assimilation?
As previously mentioned, it wasn’t until 1957 that Indigenous Peoples could vote in every U.S. state.
According to Katherine Osborn, “Some states borrowed the language of the U.S. Constitution in Article 1, Section 2, which bars ‘Indians not taxed’ from citizenship and used it to deny voting rights. Legislators in Idaho, Maine, Mississippi, New Mexico and Washington withheld the franchise from their Indigenous citizens because those who were living on reservation lands did not pay property taxes. In New Mexico, Utah and Arizona, state officials argued that living on a reservation meant that Indians were not actually residents of the state, which prevented their political participation.”
Osborn adds, “Article 7, Section 2, of the Arizona constitution stated, ‘No person under guardianship, non-compos mentis, or insane shall be qualified to vote in any election.’ Arizona lawmakers understood this as prohibiting Indians from voting because they were allegedly under federal guardianship on their reservations.”
Early U.S. citizenship policy regarding Indigenous Peoples was clear; disenfranchisement would remain until we assimilated and abandoned our tribal statuses. Disenfranchisement was and is a strategy that sets conditions for assimilation. Suppression of political participation has historically been the way the system regulates and maintains itself. White supremacists that controlled the politics of areas where large Indigenous populations feared that they would become minority subjects in their own democratic system. They often subverted enfranchisement in violent ways, but this was never really a threat due to how embedded white supremacy has been in the totality of the U.S. settler colonial project.
It’s not that settler society has capitulated to Indigenous interests, it’s that Indigenous Peoples–whether through force or attrition–have been subsumed into the U.S. polity.
Perhaps no place is this more clear than through the establishment of Tribal Councils. For example, in 1923, the Navajo Tribal Council was created in order to legitimize resource extraction by the U.S. government. According to a report filed by the U.S. Commission on Civil Rights, the tribal council was “created in part so that oil companies would have some legitimate representatives of the Navajos through whom they could lease reservation lands on which oil had been discovered. The Navajo Nation Oil and Gas Company’s website states, “In 1923, a Navajo tribal government was established primarily for the Bureau of Indian Affairs to approve lease agreements with American oil companies, who [sic] were eager to begin oil operations on Navajo lands.”
In order to fulfill and maintain colonial domination and exploitation, colonizers shape and control the political identity of Indigenous Peoples. Capitalists facilitated and preyed on the dissolution of Indigenous autonomy. The cost of citizenship has always been our sovereignty, the conditions of citizenship have always been in service to white supremacy.
THE COST OF CITIZENSHIP HAS ALWAYS BEEN OUR SOVEREIGNTY, THE CONDITIONS OF CITIZENSHIP HAVE ALWAYS BEEN IN SERVICE TO WHITE SUPREMACY.
That Indigenous Peoples were granted the right to vote in 1924, yet our religious practices were outlawed until 1979 is one of many examples of the incongruency of Indigenous political identity in the so-called U.S.
Suffrage movements in the U.S. have fought for equal participation in the political system but have failed to indict and abolish the systems of oppression that underpin settler-colonial society. After decades of organizing, white women celebrated suffrage in 1920, which was granted in part as a reward for their service in World War 1. Hetero-patriarchy was not dismantled and Black folx were purposefully disregarded in their campaigning.
Lucy Parsons, an Afro-Indigenous anarchist was among many who critiqued suffrage at the time. Parsons wrote in 1905, “Can you blame an Anarchist who declares that man-made laws are not sacred? The fact is money and not votes is what rules the people. And the capitalists no longer care to buy the voters, they simply buy the ‘servants’ after they have been elected to ‘serve.’ The idea that the poor man’s vote amounts to anything is the veriest delusion. The ballot is only the paper veil that hides the tricks.”
Black folx suffered decades of white supremacist “Jim Crow Laws” that enforced racial segregation and were designed to suppress their political power. These racist laws didn’t end until the powerful mobilizations of the civil rights movement of the 1960s. The U.S. government handed down legislation in the 50s and 60s including the 1965 voting rights act, which was critiqued by revolutionary Black Nationalists such as Malcom X, “The ballot or the bullet. If you’re afraid to use an expression like that, you should get on out of the country; you should get back in the cotton patch; you should get back in the alley. They get all the Negro vote, and after they get it, the Negro gets nothing in return.”
Radical movements have either faced extreme state violence and repression or have been systematically assimilated into the U.S. political milieu. The non-profit industrial complex has operated as an unspoken ally of U.S. imperialism in efforts of suppression and pacification (see The Revolution Will Not Be Funded by INCITE!). Perhaps this is the U.S. political machinery’s method of reducing harm or impact from effective social and environmental justice movements. If they can’t kill or imprison the organizers, then fold them into the bureaucracy or turn their struggles into businesses. At the end of the day, not everyone can be white supremacists, but everyone can be capitalists.
So long as the political and economic system remains intact, voter enfranchisement, though perhaps resisted by overt white supremacists, is still welcomed so long as nothing about the overall political arrangement fundamentally changes. The facade of political equality can occur under violent occupation, but liberation cannot be found in the occupier’s ballot box. In the context of settler colonialism voting is the “civic duty” of maintaining our own oppression. It is intrinsically bound to a strategy of extinguishing our cultural identities and autonomy.
The ongoing existence of Indigenous Peoples is the greatest threat to the U.S. settler colonial project, that we may one day rise up and assert our sovereign position with our lands in refutation of the Doctrine of Discovery.
In Custer Died for your Sins, Vine Deloria Jr. idealized “Indigenous peoples not as passive recipients of civil rights and incorporation into the nation-state but as colonized peoples actively demanding decolonization.”
YOU CAN’T DECOLONIZE THE BALLOT
Since the idea of U.S. “democracy” is majority rule, barring an extreme population surge, Indigenous voters will always be at the mercy “of good intentioned” political allies. Consolidating the Native vote into a voting bloc that aligns with whatever settler party, politician, or law that appears to do less harm isn’t a strategy to exercise political power, it’s Stockholm syndrome.
The Native vote also seeks to produce Native politicians. And what better way to assimilate rule then with a familiar face? The strategy of voting Indigenous Peoples into a colonial power structure is not an act of decolonization, it’s a fulfillment of it. We have a history of our people being used against us by colonial forces, particularly with assimilated Indigenous Peoples acting as “Indian Scouts” to aid the enemy’s military. In only one recorded instance, Ndee (Cibicue Apache) Army Scouts mutinied against the U.S. when they were asked to fight their own people. Three of the Ndee scouts were executed as a result.
No matter what you are led to believe by any politician seeking office, at the end of the day they are sworn to uphold an oath to the very system that was designed to destroy us and our ways of life. The oath for members of Congress states, “I do solemnly swear (or affirm) that I will support and defend the Constitution of the United States against all enemies, foreign and domestic; that I will bear true faith and allegiance to the same; that I take this obligation freely, without any mental reservation or purpose of evasion; and that I will well and faithfully discharge the duties of the office on which I am about to enter: So help me God.”
Even if we assume that their cultural values and intentions are in line with those of the people, it is rare that politicians are not tied to a string of funders. As soon as they get elected they are also faced with unrelenting special interest lobbying groups that have millions and millions of dollars behind them and, even if they have stated the best intentions, are inevitably outnumbered by their political peers.
A LESS HARMFUL FORM OF COLONIAL OCCUPATION IS FANTASY. THE PROCESS OF COLONIAL UNDOING WILL NOT OCCUR BY VOTING. YOU CANNOT DECOLONIZE THE BALLOT.
Today we have candidates that were elected making promises to stop the mass scale kidnapping and murdering of Indigenous women, girls, and two-spirit people and what do they propose? They don’t indict the resource colonizers destroying our lands whose very industry is precipitating this crisis of human trafficking and extreme gender violence. They don’t propose ending capitalism and resource colonialism. They propose laws and more cops with more power to enforce those laws in our communities, so although we have an epidemic of police violence and murders against our peoples, Indigenous politicians address one violent crisis by making another one worse for our people. It’s the fulfillment of the assimilationist cultural genocide of “killing the Indian to save the man.” With that vote, the willful participation and sanctioning of the violence of this system, you kill the Indian and become “the man.”
Tribal, local, and regional politics are situated in the same colonial arrangement that benefits the ruling class: politicians are concerned with rules and ruling, police and military enforce, judges imprison. Regardless of who and on what scale, no politician can ever represent Indigenous lifeways within the context of a political system established by colonialism.
A less harmful form of colonial occupation is fantasy. The process of colonial undoing will not occur by voting. You cannot decolonize the ballot.
Rejecting settler colonial authority, aka not voting.
Voting in the colonizer’s elections keeps Indigenous Peoples powerless.
Our power, broadly speaking, does not come from non-consensual majority rule top-down man-made laws but is derived in relation with and proportion to all living beings. This is a corporeal and spiritual power that has been in effect since time immemorial and is what has kept Indigenous Peoples alive in the face of more than 500 years of extreme colonial violence.
The late Ben Carnes, a powerful Choctaw advocate, is quoted in an article about the Native vote by Mark Maxey stating, “My position is that I am not a citizen of a government who perpetuates that lie that we are. Slavery was legal just as well as Jim Crow, but just because it is law doesn’t make it right. We didn’t ask for it, the citizenship act was imposed upon us as another step in their social and mental conditioning of Native people to confiscate them of their identity. It was also a legislative method of circumventing the ‘Indians not taxed’ clause of the Constitution, thereby justifying imposing taxes. The U.S. electoral system is a very diseased method where candidates can be purchased by the highest corporate (contributor) bidder. The mentality of voting for the lesser of two evils is a false standard to justify the existence of only a two-party system. Checks and balances are lacking to ensure that public servants abide by the will of the people. The entire thing needs to be scrapped as well as the government itself.”
Voting will never be “harm reduction” while colonial occupation & U.S. imperialism reigns. In order to heal we have to stop the harm from occurring, not lessen it. This doesn’t mean simply abstinence or ignoring the problem until it just goes away, it means developing and implementing strategies and maneuvers that empower Indigenous People’s autonomy.
Since we cannot expect those selected to rule in this system to make decisions that benefit our lands and peoples, we have to do it ourselves. Direct action, or the unmediated expression of individual or collective desire, has always been the most effective means by which we change the conditions of our communities.
What do we get out of voting that we cannot directly provide for ourselves and our people? What ways can we organize and make decisions that are in harmony with our diverse lifeways? What ways can the immense amount of material resources and energy focused on persuading people to vote be redirected into services and support that we actually need? What ways can we direct our energy, individually and collectively, into efforts that have immediate impact in our lives and the lives of those around us?
This is not only a moral but a practical position and so we embrace our contradictions. We’re not rallying for a perfect prescription for “decolonization” or a multitude of Indigenous Nationalisms, but for a great undoing of the settler colonial project that comprises the United States of America so that we may restore healthy and just relations with Mother Earth and all her beings. Our tendency is towards autonomous anti-colonial struggles that intervene and attack the critical infrastructure that the U.S. and its institutions rest on. Interestingly enough, these are the areas of our homelands under greatest threat by resource colonialism. This is where the system is most prone to rupture, it’s the fragility of colonial power. Our enemies are only as powerful as the infrastructure that sustains them. The brutal result of forced assimilation is that we know our enemies better than they know themselves. What strategies and actions can we devise to make it impossible for this system to govern on stolen land?
We aren’t advocating for a state-based solution, red washed European politic, or some other colonial fantasy of “utopia.” In our rejection of the abstraction of settler colonialism. we don’t aim to seize colonial state power but to abolish it.
We seek nothing but total liberation.
Sources:
Principles of Harm Reduction, Harm Reduction Coalition
The Citizenship Act of 1924, Joseph Heath, Esq. General Counsel of the Onondaga Nation
To Silence a Drum: The Imposition of United States Citizenship on Native Peoples, Alexandra Witkin
Challenging American Boundaries: Indigenous People and the “Gift” of U.S. Citizenship, Kevin Bruyneel
Custer Died for Your Sins: An Indian Manifesto, Vine Deloria Jr
Indian Rights Association, Encyclopedia.com
Indigenous Act helped complete the work of the 19th Amendment, asunow.asu.edu
The Ballot Humbug, Lucy Parsons
The Ballot or the Bullet, Malcom X
Act Responsibly: Don’t Vote!, Wendy McElroy
Voting vs. Direct Action, CrimethInc
Anarchists, Is It Really Our Duty To Vote, Worker Solidarity Movement
Indigenous votes matter, Mark Maxey
VOTER N’EST PAS CHOISIR LE MOINDRE MAL
Par Klee Benally English
Traduction Christine Prat
D’abord publié comme brochure en octobre 2020, le texte figure dans le livre « Pas de capitulation spirituelle, Anarchie autochtone en défense du sacré », au chapitre 12
Quand certains proclament que « voter c’est choisir le moindre mal », il n’est jamais clair de quelle manière cette réduction des dommages est calculée. Estime-t-on combien de millions de sans-papiers Autochtones ont été expulsés ? Compte-t-on quel parti politique a mené le plus de frappes par drone ? Ou lequel a eu le plus haut budget militaire ? Prend-on en compte les oléoducs, les mines, les barrages, la profanation de sites sacrés ? Compare-t-on les taux d’incarcération ? Ou les statistiques de violences sexuelles ? S’agit-il des budgets énormes de politiciens qui dépensent des centaines de millions dans leur course aux voix ?
Bien qu’il y ait certaines distinctions politiques entre les deux grands partis des soi-disant États-Unis, ils prêtent serment au même drapeau. Rouge ou bleu, ce sont des traits sur une loque qui flotte sur des terres volées où un pays a été construit par des vies volées.
Nous ne nions pas la réalité que, à l’échelle de la violence coloniale des États-Unis, même le plus mince degré de risques peut signifier la vie ou la mort pour les plus vulnérables. Ce que nous affirmons ici, c’est que la notion de « vote comme moindre mal » dans son entier obscurcit et perpétue les violences des colons, qui ne peuvent, par définition, être « moins mauvaises », et qu’il y a des moyens plus efficaces d’intervenir dans leurs violences.
Un jour, la gauche des soi-disant États-Unis s’est rendu compte que convaincre les gens de se rallier à un « moindre mal » était une stratégie perdante. Le terme « moindre mal » était approprié pour recadrer la justification de leur participation et forcer d’autres à s’engager dans le théâtre appelé « démocratie » aux États-Unis.
Le moindre mal a été mis en place dans les années 1980, comme stratégie de santé publique pour les gens confrontés aux problèmes de drogue qui se débattaient avec l’abstinence. Selon la Coalition pour le Moindre Mal (HRC), les principes de moindre mal affirmaient que la conduite en question faisait « partie de la vie » qu’ils « choisissaient de ne pas l’ignorer ni de la condamner, mais d’en minimiser les effets dangereux » et s’efforçaient de briser la stigmatisation sociale pour aller vers « une consommation plus sûre. » La HRC déclarait aussi qu’« il n’y a pas de définition universelle ou de formule pour réaliser un moindre mal ». Globalement, le moindre mal se concentre sur la réduction des effets néfastes associés à des conduites nuisibles.
La notion de « moindre mal » dans le contexte électoral est quelque chose de complètement différent de ce que ça signifie pour ceux qui s’organisent pour faire face aux problèmes de drogue. Le slogan est que « étant donné que ce système politique ne va pas disparaitre, nous allons soutenir les politiciens et les lois qui pourraient faire le moins de dégâts. »
L’idée qu’une élection soit capable de réduire les risques dans un système enraciné dans la domination et l’exploitation coloniales, la suprématie blanche, l’hétéro-patriarcat et le capitalisme est une extraordinaire exagération. Il n’y a personne dont la vie ne soit affectée tous les jours par ces systèmes d’oppression, mais au lieu du réformisme codifié et des campagnes coercitives vers une forme « plus sécurisée » de colonialisme de peuplement, nous demandons « quel est le mal et le danger réel et tragique associé à la continuation du pouvoir colonial et que peut-on faire pour y mettre un terme ? »
Le vote, tel qu’il est pratiqué sous la « démocratie » Américaine, est le processus par lequel les gens (à l’exclusion des moins de 18 ans, des criminels condamnés, de ceux que l’Etat considère comme « mentalement incompétents, » et les immigrés sans papiers, y compris les résidents permanents), sont forcés de choisir des règles et des décideurs étroitement sélectionnés. Le collectif anarchiste Crimethinc observe : « Voter consolide le pouvoir de toute une société dans les mains de quelques politiciens. » Lorsque le processus se déroule sous une autorité coloniale, la seule option est la mort politique pour les Autochtones. En d’autres termes, voter ne peut jamais être une stratégie de survie sous la loi coloniale. C’est une stratégie de défaite et de victimisation qui prolonge la souffrance et le malheur historiques impliqués par le colonialisme de peuplement. Et alors que le sentiment de moindre mal peut être sincère, même les réformes marginales durement gagnées par le soutien populaire peuvent être facilement renversées par le trait de plume d’un politicien. Si voter est la participation démocratique à notre propre oppression, voter comme moindre mal est une politique qui nous maintient à la merci de nos oppresseurs.
Si beaucoup de gens de gauche – y compris des Autochtones radicaux – s’inquiètent de voir le pouvoir tomber dans des mains fascistes, ils ne se rendent pas compte que le pouvoir colonial est déjà solidement établi. Il n’y a rien d’intersectionnel dans la participation à et le maintien d’un système politique génocidaire. Il n’y a pas de solidarité significative à trouver dans une politique qui nous incite à rencontrer nos oppresseurs là où ils en sont. Voter comme moindre mal impose une fausse solidarité à ceux qui sont les plus vulnérables aux politiques et actions destructrices. En pratique, il s’agit d’une politique d’identité paternaliste, les progressistes s’efforçant d’identifier les candidats les moins dangereux et de se rallier à leurs campagnes. La logique du vote comme moindre mal soutient que quiconque fait face aux plus grands risques gagnera la protection du dénominateur le moins dangereux dans un système violemment autoritaire. Cette naïveté de colon met en danger plus de gens, de non-humains et de terres que le contraire. Généralement, ces mêmes activistes de gauche qui proclament que voter c’est le moindre mal, sont les mêmes qui dénoncent et essaient d’empêcher les actions directes et de sabotage qui « ne font que nuire à notre mouvement. » « Voter comme moindre mal » est le langage pacificateur de ceux qui font la police des mouvements.
Voter comme moindre mal est la couverture fournie par le gouvernement du parti démocrate dans laquelle nous allons dormir ou mourir.
S’organiser à partir de l’idée que voter est un acte de limitation des dégâts brouille les lignes de ce que le colonialisme de peuplement et de ressources impose.
Sous occupation coloniale, tout le pouvoir agit par la violence. Il n’y a absolument rien de « moins nuisible » à participer et perpétuer le pouvoir politique des forces d’occupation. Voter ne défera pas le colonialisme de peuplement, la suprématie blanche, l’hétéro-patriarcat ni le capitalisme. Voter n’est pas une stratégie de décolonisation. Tout le processus qui a conduit au « Vote Autochtone » a été l’imposition aux Peuples Autochtones de l’identité politique des États-Unis, nourrie de suprématie blanche et facilitée par le capitalisme.
LE VOTE AUTOCHTONE : UNE STRATÉGIE DE DOMINATION COLONIALE
Avant l’invasion des colons, les Peuples Autochtones avaient des organisations culturelles diverses et complexes largement incompréhensibles pour les envahisseurs européens. Dès leur conception, les États-Unis ont reconnu que les Peuples Autochtones étaient composés de Nations souveraines distinctes. La projection du statut de Nation a été commise selon les termes des colonisateurs qui avaient besoin d’entités politiques avec lesquelles signer des traités (essentiellement pour les buts de guerre et d’économie). Par conséquent, les organisations sociales des Peuples Autochtones ont fait face à une manipulation politique extrême, dans laquelle les rôles matriarcaux et des gens à deux-esprits étaient soit complètement ignorés ou purement et simplement attaqués. L’impératif du projet colonial des États-Unis a toujours été de miner et détruire la souveraineté Autochtone, c’est l’insidieuse non-nature du colonialisme.
En 1493, la Bulle Papale « Inter Caetera » a été publiée par le Pape Alexandre VI. Le document établissait la « Doctrine de la Découverte » et a joué un rôle central dans la stratégie de Christianisation de l’Espagne, pour s’assurer le « droit exclusif » sur les Peuples Autochtones réduits en esclavage et les terres envahies par Colomb l’année précédente. Ce décret rendait aussi parfaitement claire la menace du Pape d’assimiler de force les Peuples Autochtones au Catholicisme afin de renforcer l’ « Empire Chrétien ». Cette doctrine conduit au schéma général de guerres génocidaires et écocides menées par les colons européens contre les vies, les terres, l’esprit Autochtones et tout le monde vivant de nos parents non-humains. En 1823, la « Doctrine de la Découverte » a été intégrée à la loi des États-Unis afin de nier les droits territoriaux des Peuples Autochtones, dans l’affaire de la Cour Suprême, Johnson v. McIntosh. Le Président de la Cour Suprême John Marshall écrivit que les nations Chrétiennes Européennes avait assumé le contrôle total sur les terres de l’ « Amérique » durant l’ « Époque de la Découverte ». Et en déclarant leur « indépendance » de la Couronne Britannique en 1776, notait-il, les États-Unis avaient dans les faits et donc la loi, hérité l’autorité sur ces terres de la Grande-Bretagne, « en dépit de l’occupation par les Autochtones, qui étaient des païens… » Selon cette décision, les Peuples Autochtones n’avaient aucun droit comme nations indépendantes, mais seulement comme locataires ou résidents des États-Unis sur leurs propres terres.
La généalogie du vote Autochtone est liée aux pensionnats, à l’endoctrinement chrétien, aux programmes de lotissements et aux guerres globales qui ont établi l’impérialisme des États-Unis. Les politiques d’assimilation des États-Unis n’étaient pas faites comme une forme bienveillante de moindre mal, elles étaient une extension d’une stratégie militaire qui n’a pas pu réaliser complètement ses programmes de génocide. La citoyenneté a été imposée de force aux Peuples Autochtones comme partie intégrante de la stratégie coloniale de « Tuer l’Indien pour sauver l’homme. »
Il fut un temps où les Peuples Autochtones ne voulaient rien avoir à voir avec la citoyenneté américaine et le vote.
Katherine Osborn, une ethno historienne de l’Université d’Etat d’Arizona, déclare,
Les organisations politiques [Autochtones] ont une relation de gouvernement à gouvernement avec les États-Unis. Donc, leur statut politique est unique, et cela veut dire qu’ils ne sont pas seulement un groupe minoritaire espérant être intégrés dans l’ordre politique US. Pour les communautés Autochtones, protéger leur souveraineté comme nations tribales est leur préoccupation politique primordiale. »
Quand la constitution des États-Unis a été créée au départ, chaque état pouvait déterminer qui pouvait être citoyen à sa discrétion. Certains états accordaient rarement la citoyenneté et par là, conféraient le statut à des Peuples Autochtones sélectionnés, mais seulement s’ils dissolvaient leurs relations tribales et devenaient « civilisés ». Ça signifiait clairement qu’ils renonçaient à leur affiliation tribale, payaient des impôts et s’assimilaient complètement à la société blanche. Alexandra Witkin écrit dans Faire Taire un Tambour : L’Imposition de la Citoyenneté des États-Unis à des Peuples Autochtones, « Les premières politiques de citoyenneté reposaient sur la présomption qu’on ne pouvait faire allégeance qu’à une seule nation ; donc, les peuples avec une allégeance à une nation Autochtone ne pouvaient pas devenir citoyens des États-Unis. » Cependant, la préférence n’allait pas au respect et au maintien de la souveraineté Autochtone, mais la condamnait comme « incivilisée » et la minait par des tactiques extrêmes d’assimilation forcée.
Quand le 14ème Amendement de la Constitution Américaine a été ratifié, en 1868, il accordait la citoyenneté seulement aux hommes nés ou naturalisés aux États-Unis, ce qui incluait les anciens esclaves, mais était interprété comme ne s’appliquant pas aux Peuples Autochtones, à l’exception de ceux qui étaient assimilés et payaient des impôts. Le 15ème Amendement a été adopté en 1870 pour assurer le droit de tous les citoyens des États-Unis de voter sans discrimination de « race, couleur ou condition de servitude passée » mais était toujours interprété pour exclure les Peuples Autochtones qui ne s’assimilaient pas. En un sens, c’était un acte de dépossession de droits politiques, mais plus clairement, c’était une condition imposée aux Peuples Autochtones qui faisaient face à des campagnes militaires de terre brûlée et à la menace de marches mortelles de masse vers des camps de concentration. Le message était clair, « s’assimiler ou périr. »
En 1887, le Congrès US a fait passer la Loi Générale d’Attribution de Lots [de terres], plus connue sous le nom de Loi Dawes, qui avait pour but d’accélérer l’invasion coloniale, de faciliter l’extraction de ressources et de continuer d’assimiler les Peuples Autochtones à l’ordre social colonial. La Loi Dawes a marqué un glissement de la stratégie militaire vers l’économie et la politique, dans lequel les réserves furent séparées en lots individuels, dont seuls les « chefs de famille » mâles recevaient 65 hectares et toutes les terres restantes étaient mises en vente pour les envahisseurs blancs qui se précipitaient pour hériter leur « Destinée Manifeste. » Les Peuples Autochtones qui acceptaient des lots pouvaient obtenir la nationalité américaine, et, bien que ce fût la première loi du Congrès à donner ce statut, cela s’est fait au prix du sacrifice des identités culturelles et politiques des Peuples Autochtones à bien des égards, en particulier en brisant l’intégrité des sociétés Autochtones matriarcales. Avec la Loi Dawes, les terres Autochtones ont été réduites de 53 millions à 21 millions d’hectares. En 1890, la population Autochtone totale a été réduite à environ 250 000 de dizaines de millions au début de l’invasion européenne. Au contraire, la population de colons aux États-Unis a augmenté jusqu’à 62 622 250 la même année.
La destruction légale des Nations Autochtones souveraines a été parachevée par des décisions de la Cour Suprême, par le juge John Marshall, qui écrivait en 1831 que la Nation Cherokee n’était pas une nation étrangère, mais plutôt qu’ « Ils pouvaient, plus correctement, peut-être, être nommés nations domestiques dépendantes… Leur relation aux États-Unis ressemble à celle d’une pupille à son tuteur. »
Les campagnes militaires de génocide des États-Unis, connues collectivement comme les « Guerres Indiennes » sont supposées avoir pris fin en 1924. Cette même année, le Congrès a adopté la Loi de Citoyenneté Indienne (ICA), qui accordait la citoyenneté aux Peuples Autochtones mais autorisait toujours les états à décider s’ils pouvaient voter. Résultat, certains états ont interdit aux Peuples Autochtones de voter jusqu’en 1957. Jusqu’à l’adoption de l’ICA, qui était une action législative approuvée sans consultations, les Peuples Autochtones étaient considérés comme des « Sujets Domestiques » du Gouvernement des États-Unis.
La Confédération Haudenosaunee rejeta complètement l’imposition de la citoyenneté américaine par l’ICA et la déclara acte de trahison.
Joseph Heath, Conseiller Général de la Nation Onondaga, écrit :
La Nation Onondaga et les Haudenosaunee n’ont jamais accepté l’autorité des États-Unis de faire des citoyens des Six Nations des citoyens des États-Unis, comme le proclame la Loi sur la Citoyenneté de 1924. Nous avons trois traités avec les États-Unis : le Traité de Fort Stanwix de 1784, le Traité de Fort Harmor de 1789 et le Traité de Canandaigua de 1794. Ces traités reconnaissent clairement les Haudenosaunee comme des Nations séparées et souveraines. Accepter la citoyenneté des États-Unis serait une trahison de leurs propres Nations, une violation des traités et une violation de la loi internationale…
Ils rejetèrent l’ICA et,
…résistèrent à son application immédiatement après son adoption, parce qu’ils comprenaient historiquement et culturellement que ce n’était que le dernier acte de politique fédérale visant à prendre leurs terres et à forcer leur assimilation.
Heath ajoute que
Depuis plus de quatre siècles les Haudenosaunee ont maintenu leur souveraineté, contre l’assaut du colonialisme et de l’assimilation, et ils ont continué à faire leurs devoir de gardiens du monde naturel. Ils ont résisté à la déportation et aux lotissements ; ils ont préservé leur langue et leur culture ; ils n’ont pas accepté les dictats des églises chrétiennes ; et ils ont rejeté la citoyenneté forcée.
Il est important de noter, paradoxalement, que les architectes colonialistes de la constitution des États-Unis étaient fortement influencés par la Confédération Haudenosaunee.
Zane Jane Gordon, de la Nation Wyandotte, critiquait l’ICA à l’époque où elle a été adoptée,
Aucun gouvernement organisé… ne peut incorporer dans sa citoyenneté quiconque ou quelque formation que ce soit, sans un consentement formel… Les Indiens sont organisés sous la forme de ‘nations’ et ont des traités avec [d’autres] nations en tant que telles. Le Congrès ne peut pas les incorporer à la citoyenneté de l’Union par une simple loi.
Dans Défier les Frontières Américaines: Les Autochtones et le « Cadeau » de la citoyenneté U.S., Kevin Bruyneel écrit que le Chef Tuscarora Clinton Rickard, qui s’opposait énergiquement à l’adoption de l’ICA, « avait également été encouragé par le fait ‘qu‘il n’y avait pas eu de grande ruée parmi mon peuple pour aller voter aux élections de l’homme blanc.’ », Rickard déclarait
Avec nos anciens traités, nous attendions la protection du gouvernement. L’homme blanc avait obtenu la plupart de nos terres et nous pensions qu’il était obligé de donner quelque chose en échange, c’est-à-dire la protection du territoire qui nous restait, mais nous ne voulions pas être absorbés et assimilés dans sa société. La citoyenneté des États-Unis était seulement une autre manière de nous absorber et de détruire nos coutumes et notre gouvernement… Nous craignions que la citoyenneté ne mette aussi en péril notre statut selon les traités et n’amène des impôts sur nos terres. Comment un citoyen peut-il avoir un traité avec son propre gouvernement… C’était une violation de notre souveraineté. Notre citoyenneté était dans nos propres nations.
Les Haudenosaunee exprimaient aussi leur opposition à la politique des États-Unis d’imposition de la citoyenneté, à cause de la séparation de leur Nation par la frontière canadienne. Les Peuples Autochtones dont les territoires sont coupés par les frontières canadienne et mexicaine font toujours face à ces problèmes. L’imposition de la citoyenneté a séparé leur peuple politiquement le long de frontières coloniales.
Peut-être l’une des illustrations les plus claires des stratégies assimilationnistes, en ce qui concerne la citoyenneté et le vote, vient de Henry S. Pancoast, un des fondateurs du groupe chrétien suprématiste blanc l’Association des Droits des Indiens (IRA). Pancoast déclarait « Rien [à par la Citoyenneté des États-Unis] ne tendrait tant à assimiler l’Indien et à briser son étroite allégeance tribale, que de lui faire sentir qu’il a un droit et une voix distincts dans la nation de l’homme blanc. »
Le premier objectif déclaré de l’IRA était de « susciter la civilisation complète des Indiens et leur admission à la citoyenneté. » Les membres de l’IRA se considéraient comme réformistes et ont fait pression avec succès sur le Congrès pour établir le système des pensionnats, faire adopter la Loi Dawes, réformer le Bureau des Affaires Indiennes et faire passer la Loi de Réorganisation Indienne de 1834.
La citoyenneté U.S. a été imposée pour détruire la souveraineté Autochtone et faciliter le vol de terre à grande échelle. Jusqu’à aujourd’hui, le « Vote Autochtone » est lié à des conditions assimilationnistes qui servent des intérêts coloniaux.
ASSIMILATION : AL STRATÉGIE DE l’ÉMANCIPATION
Des actes historiques de répression des électeurs semblent contredire la stratégie de l’assimilation ; après tout, si les politiciens colons blancs désiraient tant que les Peuples Autochtones deviennent des citoyens, pourquoi, alors, les priver de leurs droits en même temps ? C’est la contradiction profonde du colonialisme aux États-Unis qui a été exprimée comme le « Problème Indien », ou, plus brutalement, la question de l’annihilation ou l’assimilation.
Comme il a été dit plus haut, ce n’est pas avant 1957 que les Peuples Autochtones ont pu voter dans tous les états des États-Unis.
Selon Katherine Osborn,
Certains états ont emprunté le langage de l’Article 1, Section 2, de la Constitution des États-Unis, qui exclut ‘les Indiens qui ne paient pas d’impôts’ de la citoyenneté et l’ont utilisé pour leur refuser le droit de vote. Des législateurs dans l’Idaho, le Maine, le Mississippi, le Nouveau-Mexique et l’état de Washington, ont refusé le droit à leurs citoyens Autochtones parce que ceux qui vivaient dans des réserves ne payaient pas d’impôts fonciers. Au Nouveau-Mexique, en Utah et en Arizona, des officiels des états ont avancé que vivre dans une réserve voulait dire que les Indiens n’étaient pas vraiment des résidents de l’état, ce qui faisait obstacle à leur participation politique.
- Osborne ajoute
l’Article 7, Section 2, de la constitution de l’Arizona déclarait ‘Aucune personne sous tutelle, non sain d’esprit ou fou, n’aura le droit de voter dans une quelconque élection’. Les législateurs d’Arizona comprenaient cela comme interdisant aux Indiens de voter, parce qu’ils étaient supposés être sous tutelle fédérale dans leurs réserves.
L’ancienne politique de citoyenneté des États-Unis vis-à-vis des Peuples Autochtones était claire : la privation de droits durerait jusqu’à ce que nous soyons assimilés et abandonnions nos statuts tribaux. La privation de droits était et est une stratégie qui met des conditions pour l’assimilation. La privation de participation politique a historiquement été la façon dont le système se régule et se maintient. Les suprématistes blancs qui contrôlaient la politique de régions ayant des populations Autochtones nombreuses craignaient de devenir des sujets minoritaires dans leur propre système démocratique. Ils ont souvent renversé les droits par des moyens violents, mais cela n’a jamais vraiment constitué une menace, en raison de l’ancrage de la suprématie blanche dans l’ensemble du projet colonial des États-Unis.
Ce n’est pas que la société de colons ait capitulé devant les intérêts Autochtones, c’est que les Peuples Autochtones – par la force ou par l’usure – ont été incorporés à la politique des États-Unis.
Peut-être que l’acte le plus clair est dans l’établissement des Conseils Tribaux. Par exemple, en 1923, le Conseil Tribal Navajo a été créé pour légitimer l’extraction de ressources par le gouvernement des États-Unis. Selon un rapport de la Commission Américaine des Droits Civils, le conseil tribal a été « créé en partie pour que les compagnies pétrolières aient quelques représentants légitimes des Navajos, à travers lesquels elles pourraient obtenir des baux sur des terres de la réserve dans lesquelles du pétrole avait été découvert. Le site web de la Compagnie de la Nation Navajo pour le Pétrole et le Gaz écrit « En 1923, un gouvernement tribal Navajo a été établi par le Bureau des Affaires Indiennes essentiellement pour approuver des accords de bail avec les compagnies pétrolières américaines, qui étaient impatientes de pouvoir commencer les opérations pétrolières dans les terres Navajo. »
Afin de parachever et maintenir la domination et l’exploitation coloniales, les colonisateurs ont formé et contrôlé l’identité politique des Peuples Autochtones. Les capitalistes ont encouragé et se sont attaqués à la dissolution de l’autonomie Autochtone. Le coût de la citoyenneté a toujours été notre souveraineté, les conditions de citoyenneté ont toujours été au service de la suprématie blanche.
Que les Peuples Autochtones se soient vu accorder le droit de vote en 1923, cependant que nos pratiques religieuses ont été illégales jusqu’en 1979, est un des nombreux exemples de l’incompatibilité de l’identité politique Autochtone dans les soi-disant États-Unis.
Les mouvements pour le droit de vote aux États-Unis ont combattu pour une participation égalitaire dans le système politique, mais n’ont pas réussi à dénoncer et abolir les systèmes d’oppression qui étayent la société coloniale. Après des décennies d’organisations, les femmes blanches ont célébré, en 1920, le suffrage qui leur avait été accordé en partie comme récompense pour leurs services dans la Première Guerre Mondiale. L’hétéro-patriarcat n’a pas été démantelé et les Noirs ont été volontairement ignorés dans leur campagne.
Lucy Parsons, une anarchiste Afro-Autochtone était parmi ceux qui critiquaient le suffrage à l’époque. Elle écrivait en 1905
Pouvez-vous blâmer une Anarchiste qui déclare que les lois faites par l’homme ne sont pas sacrées ? …Le fait est que c’est l’argent, pas les suffrages, qui règne sur les gens. Et les capitalistes ne prennent plus la peine d’acheter les électeurs, ils achètent simplement les ‘serviteurs’ après qu’ils aient été élus pour ‘servir’. L’idée que le vote du pauvre apporte quoique ce soit est l’illusion suprême. L’urne n’est que le voile de papier qui cache les trucages.
Les Afro-Américains ont souffert pendant des décennies des « Lois Jim Crow », suprématistes blanches, qui imposaient la ségrégation raciale et étaient conçues pour leur retirer leur pouvoir politique. Ces lois racistes sont restées en place, jusqu’aux puissantes mobilisations du mouvement des droits civiques des années 1960. Le gouvernement des États-Unis a appliqué, dans les années 1950 et 1960, une législation qui comprenait la loi sur les droits de vote de 1965, qui fut critiquée par des Nationalistes Noirs révolutionnaires comme Malcom X :
Le bulletin de vote ou la balle ; si vous avez peur d’utiliser une expression comme celle-là, vous devriez quitter le pays ; vous devriez retourner dans les champs de coton ; vous devriez retourner dans la rue. Ils obtiennent tous les votes des Noirs, et une fois qu’ils les ont eus, le Noir n’a rien en retour.
Les mouvements radicaux ont soit été confrontés à la violence et la répression extrême de l’état, ou ont été systématiquement assimilés dans le milieu politique des États-Unis. Le complexe industriel des ONG a opéré comme allié occulte des agissements impérialistes des États-Unis pour réprimer et pacifier (voir La Révolution ne Sera Pas Financée par INCITE !). C’est peut-être la méthode de la machinerie politique des États-Unis pour réduire les dommages ou l’impact des vrais mouvements pour la justice sociale et environnementale. S’ils ne peuvent pas tuer ou emprisonner les organisateurs, ils peuvent toujours les fourrer dans la bureaucratie ou faire de leurs luttes des business. En fin de compte, tout le monde ne peut pas devenir suprémaciste blanc, mais tout le monde peut être capitaliste.
Tant que le système politique et social reste intact, le droit de vote, bien que des suprémacistes notoires y résistent, est toujours le bienvenu, tant que rien ne change fondamentalement dans la structure politique générale. L’égalité politique de façade peut se produire sous une occupation violente, mais la libération ne peut pas venir des urnes de l’occupant. Dans le contexte du colonialisme de peuplement, voter est le « devoir civique » de maintenir notre propre oppression. C’est intrinsèquement lié à une stratégie d’extinction de nos identités culturelles et de notre autonomie.
L’existence continue des Peuples Autochtones est la plus grande menace pour le projet de colonialisme de peuplement des États-Unis, car nous pourrions un jour nous rebeller et affirmer notre position souveraine sur nos terres, réfutant la Doctrine de la Découverte.
Dans ‘Custer Est Mort pour vos Péchés’, Vine Deloria Jr. idéalisait « les Autochtones, non comme sujets passifs recevant les droits civiques et l’incorporation dans l’État-nation, mais comme peuples colonisés exigeant activement la décolonisation. »
ON NE PEUT PAS DÉCOLONISER LES URNES
Comme l’idée de la « démocratie » américaine repose sur la loi de la majorité, sans une poussée démographique extrême, les électeurs Autochtones seront toujours à la merci d’alliés politiques « bien intentionnés ». Former un bloc électoral Autochtone qui s’aligne à un quelconque parti, un politicien ou une loi des colons qui semble faire moins de mal, n’est pas une stratégie pour exercer un pouvoir politique, c’est un syndrome de Stockholm.
Le vote Autochtone tente aussi de produire des politiciens Autochtones. Et quel meilleur moyen d’assimiler la loi que lui donner un visage familier ? La stratégie de voter pour mettre des Peuples Autochtones dans une structure de pouvoir colonial n’est pas un acte de décolonisation, c’est sa réalisation. Nous avons une histoire de gens de nos peuples utilisés contre nous par les forces coloniales, particulièrement les Peuples Autochtones assimilés jouant le rôle de « Scouts » pour aider l’armée de l’ennemi. Dans un seul cas répertorié, des Scouts Ndee (Apaches Cibicue) se sont mutinés contre les États-Unis quand on leur a demandé de combattre leur propre peuple. Trois scouts Ndee ont été exécutés pour cela.
Peu importe ce que vous avez été amenés à croire d’un politicien qui cherche une position, en fin de compte ils doivent jurer de respecter un serment au système même qui a été conçu pour nous détruire, nous et nos modes de vie. Le serment des membres du Congrès dit :
Je jure (ou affirme) solennellement que je soutiendrai et défendrai la Constitution des États-Unis contre tous les ennemis, étrangers ou nationaux ; que je lui porterai une foi et une allégeance véritables, que je prends cette obligation librement, sans réserve mentale ni intention de me soustraire, et que je remplirai bien et fidèlement les devoirs de la fonction que je suis sur le point d’exercer : Que Dieu me vienne en aide.
Même si on suppose que leurs valeurs culturelles et leurs intentions s’alignent sur celles du peuple, il est rare que des politiciens ne soient pas liés à des donateurs. Dès qu’ils sont élus, ils sont aussi confrontés sans relâche à des lobbys d’intérêts spéciaux soutenus par des millions et des millions de dollars, et, même s’ils ont déclaré les meilleures intentions, ils sont inévitablement mis en minorité par leurs pairs.
Aujourd’hui, nous avons des candidats qui ont été élus avec des promesses de mettre fin aux enlèvements et assassinats en masse de femmes, filles et deux-esprits Autochtones, et que proposent-ils ? Ils n’accusent pas les colonisateurs de ressources qui détruisent nos terres, et dont l’industrie même précipite cette crise de trafic humain et de violence de genre extrême. Ils ne proposent pas d’en finir avec le capitalisme et le colonialisme de ressources. Ils proposent des lois et plus de flics, avec plus de pouvoir, pour faire appliquer ces lois à nos communautés. Alors, bien que nous traversions une épidémie de violences policières et de meurtres de nos peuples, les politiciens Autochtones s’opposent à cette crise en en créant une autre pire encore pour notre peuple. C’est la réalisation du génocide assimilationniste culturel de « tuer l’Indien pour sauver l’homme. » Avec le vote, la participation et l’approbation de la violence de ce système, vous tuez l’Indien et devenez « l’homme. »
Les politiques tribales, locales et régionales se situent dans le même model colonial qui profite à la classe dirigeante : les politiciens s’occupent des règles et de réglementer, la police et l’armée les appliquent, les juges emprisonnent. Peu importe qui et à quelle échelle, aucun politicien ne pourra jamais représenter les modes de vie Autochtones dans le cadre d’un système politique établi par le colonialisme.
Une forme de colonialisme moins nuisible, c’est de la fantaisie. Le processus de déconstruction coloniale ne se produira pas par le vote. On ne peut pas décoloniser les urnes.
REJETER L’AUTORITÉ COLONIALE, C’EST À DIRE NE PAS VOTER
Voter aux élections du colonisateur maintient les Peuples Autochtones dans l’impuissance.
Notre pouvoir, généralement parlant, ne provient pas d’une règle de majorité non-consensuelle imposant de haut en bas des lois faites par des hommes, mais découle de la relation, et en proportion, avec tous les êtres vivants. C’est un pouvoir corporel et spirituel qui a été en vigueur depuis des temps immémoriaux et c’est ce qui a permis aux Peuples Autochtones de rester en vie durant plus de 500 ans de violence coloniale extrême.
Le regretté Ben Carnes, puissant avocat des Choctaw, est cité dans un article de Mark Maxey sur le vote Autochtone, disant
Ma position est que je ne suis pas citoyen d’un gouvernement qui perpétue ce mensonge que nous sommes. L’esclavage était légal, tout comme Jim Crow, mais le fait que c’est la loi ne la rend pas bonne. Nous ne l’avons pas demandé, la loi sur la citoyenneté nous a été imposée comme un pas de plus dans le conditionnement social et mental des Autochtones pour confisquer leur identité. C’était aussi une méthode législative de circonvenir la clause « pas d’impôts pour les Indiens » de la Constitution, justifiant ainsi l’imposition de taxes. Le système électoral des États-Unis est une méthode très malsaine par laquelle les candidats peuvent être achetés par les meilleures offres (contributions) des grandes entreprises. La mentalité qui consiste à voter pour le moindre de deux maux est un faux standard pour justifier l’existence d’un système à seulement deux partis. Il n’y a pas de contrôles ni de contrepoids pour assurer que les fonctionnaires se conforment à la volonté du peuple. La chose doit être complètement supprimée, tout comme le gouvernement lui-même.
Voter ne réduira jamais les « dégâts » tant que l’occupation coloniale et l’impérialisme des États-Unis règneront. Pour guérir, nous devons empêcher le mal de se produire, pas l’atténuer. Ça ne signifie pas simplement s’abstenir ou ignorer les problèmes jusqu’à ce qu’ils passent, ça signifie développer et mettre en œuvre des stratégies et des manœuvres qui permettent l’autonomie des Peuples Autochtones.
Comme nous ne pouvons pas nous attendre à ce que ceux qui ont été sélectionnés pour diriger ce système prennent des décisions qui profitent à nos terres et nos peuples, nous devons le faire nous-mêmes. L’action directe, ou expression non-médiatisée du désir individuel ou collectif, a toujours été le moyen le plus efficace pour changer les conditions de nos communautés.
Que pouvons-nous obtenir du vote que nous ne puissions pas obtenir directement pour nous-mêmes et nos peuples ? De quelles manières pouvons-nous nous organiser et prendre des décisions en harmonie avec nos divers modes de vie ? De quelles manières les immenses ressources matérielles et l’énergie mises en jeu pour persuader les gens de voter peuvent-elles être redirigées vers les services et le soutien dont nous avons réellement besoin ? De quelles manières pouvons-nous diriger notre énergie, individuellement et collectivement, dans des actions qui auraient un effet immédiat sur nos vies et la vie de ceux qui nous entourent ?
Il ne s’agit pas seulement d’une position morale, mais d’une position pratique et ainsi, nous assumons nos contradictions. Nous ne nous rallions pas à une prescription parfaite pour la « décolonisation », ni pour une multitude de Nationalismes Autochtones, mais pour une grande déconstruction du projet colonial de peuplement qui englobe les États-Unis d’Amérique, afin de pouvoir restaurer des relations saines et justes avec Notre Mère la Terre et tous ses êtres. Nous tendons vers des luttes anticoloniales autonomes qui interviennent et attaquent l’infrastructure essentielle sur laquelle reposent les États-Unis et ses institutions. Notablement, ce sont ces régions de nos pays les plus menacées par le colonialisme de ressources. C’est là que le système est le plus susceptible de rupture, c’est la fragilité du pouvoir colonial. Nos ennemis ne sont qu’aussi puissants que l’infrastructure qui les soutient. Le résultat brut de l’assimilation forcée est que nous connaissons nos ennemis mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.
Quelles stratégies et actions pouvons-nous concevoir pour rendre impossible pour ce système de gouverner dans un pays volé ?
Nous ne défendons pas de solution étatique, une politique européenne lavée plus rouge, ni quelle qu’autre fantaisie coloniale d’« utopie ». Dans notre rejet de l’abstraction du colonialisme de peuplement, nous ne projetons pas de saisir le pouvoir d’état colonial mais de l’abolir.
Nous ne cherchons rien d’autre que la libération totale.