Michelle Cook, photo Brenda Norrell

CRIMINALISATION DES PEUPLES AUTOCHTONES, LES COMPAGNIES PETROLIERES INVENTENT DE NOUVELLES LOIS CONTRE “L’INCITATION A L’EMEUTE” APRES STANDING ROCK, MICHELLE COOK, DINÉ [NAVAJO] TEMOIGNE DEVANT LA COMMISSION INTERAMERICAINE DES DROITS DE L’HOMME EN JAMAIQUE

Témoignage de Michelle Cook, Diné
Photos et article par Brenda Norrell
Censored News
21 mai 2019
Traduction Christine Prat

KINGSTON, Jamaïque – Les Etats-Unis ont entrepris de criminaliser les Peuples Autochtones à Standing Rock, et continuent d’abroger des droits humains par une nouvelle législation, inventée par les compagnies pétrolières, dit Michelle Cook, Diné, à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, en Jamaïque.

Les Etats-Unis vous diront que leur Etat protège les Peuples Autochtones et soutiennent la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones des Nations Unis, dit-elle. “Ils vous parleront d’une politique de consultation, en accord avec les droits de l’homme.” “Ce qu’ils ne vous diront pas, c’est que ces droits sont abrogés, anéantis et détournés pour les profits privés de compagnies pétrolières comme ETP (Energy Transfer Partners) et TransCanada.”

“Je suis ici pour exprimer le point de vue Indien sur ce que nous avons appris pendant et après les évènements de Standing Rock contre l’oléoduc Dakota Access.”

“Dans le cas du Dakota Access, pendant sept mois, de septembre 2016 à février 2017, au moins 76 services de maintien de l’ordre et 35 services fédéraux et firmes de sécurité privées, embauchés par la compagnie pétrolière, ont été présents à un moment ou un autre.”

“Au cours des sept mois, des procureurs agressifs ont condamné 841 protecteurs de l’eau qui usaient pacifiquement de leur Droit constitutionnel d’Assemblée.” Beaucoup de ceux qui ont été arrêtés ont été détenus dans des conditions inacceptables et maltraités. Ils ont été fouillés et déshabillés sans raison et enfermés pendant des heures dans des conditions humiliantes, dit Michelle à la Commission.

Les autorités locales ont agressivement poursuivi 841 protecteurs de l’eau, en dépit du manque de raisons valables et de ce qu’il n’y ait pas de preuve dans la grande majorité des cas. “Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau a entamé une poursuite collective [‘class action’] pour les blessures infligées le 20 novembre.”

Maintenant, suite à Standing Rock, dit Michelle, “les intérêts du pétrole et du gaz poussent à criminaliser les protestations contre leurs projets de carburants fossiles, en inventant des lois visant explicitement à protéger leurs infrastructures les plus sensibles contre le sabotage.” Actuellement, 95 lois anti-protestations sont proposées dans 35 états, y compris le Dakota du Nord. 14 d’entre elles sont passées, 24 sont encore en suspens, et 55 ont expiré ou ont été repoussées. Il y en a actuellement 28 en attente dans la législation d’états. Au Texas, la Proposition 3557 ferait de certaines formes de protestations un crime de second degré, équivalent à un meurtre de second degré. Dans le Dakota du Sud, la loi sur l’incitation à l’émeute a créé un fonds spécial pour poursuivre des groupes qui ne se trouvent pas dans l’état, en réaction directe à Standing Rock.

“Nous encourageons la Commission à examiner ces lois et à suivre les recommandations du Rapporteur Spécial.”

Michelle a témoigné avec Ofelia Rivas, Tohono O’odham, qui témoignait sur la militarisation de la frontière; Casey Camp Horinek, membre du Conseil Tribal Ponca, sur les arrestations abusives à Standing Rock; et Leoyla Cowboy, Diné, épouse du Protecteur de l’Eau emprisonné, Michael Little Feather Giron, Chumash.

Michelle Cook est une avocate Diné [Navajo], et l’organisatrice de la délégation de femmes à la Commission en Jamaïque.

Elle est fondatrice de Désinvestir, Investir, Protéger. Michelle est membre de la Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo et co-fondatrice du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau à Standing Rock. En tant que diplômée du Programme Fulbright [un programme d’échanges universitaires], elle a vécu en Nouvelle-Zélande et étudié la culture Maori. Elle est allée en Iran au cours d’un échange culturel et était présente à la Conférence sur la Terre Mère à Cochabamba, en Bolivie, en 2010. Elle poursuit actuellement des études pour obtenir un diplôme supérieur, dans le cadre du Programme de Droit et Politique des Peuples Autochtones à l’Université de Tucson, Arizona.

©Brenda Norrell


Ofelia Rivas en Jamaïque, photo Brenda Norrell

LA SECURITE INTERIEURE U.S. MALTRAITE LES TOHONO O’ODHAM DANS LEUR PROPRE TERRITOIRE. TEMOIGNAGE D’OFELIA RIVAS EN JAMAIQUE.

Photos et article par Brenda Norrell
Censored News
19 mai 2019
Traduction Christine Prat

KINGSTON, Jamaïque – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, a dit dans son témoignage que les gens de son peuple étaient maltraités par la Sécurité Intérieure des Etats-Unis, et que son territoire était militarisé, tout comme c’est le cas à Standing Rock.

S’adressant à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme en Jamaïque, Ofelia parla de 500 ans de politiques génocidaires qui aboutissent aujourd’hui à ce que son peuple soit constamment attaqué par les Etats-Unis. “La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a criminalisé les Tohono O’odham” dit Ofelia.

A la suite de son témoignage, lorsqu’elle est retournée chez elle, elle a été retardée pendant deux jours, subissant des fouilles répétées, les autorités des Etats-Unis ayant mis le statut ‘SSSS’ sur ses cartes d’embarquement, de Miami à l’Arizona.

Elle commença son témoignage en Jamaïque en saluant le Peuple Arawak, ancêtres des Autochtones de l’île. Ofelia dit qu’elle parlait en tant que descendante et témoin direct de plus de 500 ans d’atroces politiques de génocide contre les Peuples Autochtones, de la part des gouvernements des Etats-Unis.

Le Traité de Guadalupe Hidalgo en 1848, et l’Acquisition Gadsden en 1953, ont divisé son territoire d’origine entre deux pays, les Etats-Unis et le Mexique, ont déplacé des O’odham et les ont exilés, dit-elle dans son témoignage. “Aujourd’hui, aux Etats-Unis, nous existons sur un dixième de nos territoires d’origine.”

Ofelia dit comment les territoires O’odham au Mexique avaient été perdus. “Nos terres ont été volées et vendues par le gouvernement de l’état, et reprises par les cartels de la drogue” dit-elle dans son témoignage.

Dans la Nation Tohono O’odham [la Réserve dirigée par le Conseil Tribal, dans le sud de l’Arizona – NdT], l’impact le plus récent a été la militarisation de nos territoires, après le 11 septembre [2001]. “Des lois racistes et inhumaines, comme le Patriot Act, et les lois sur l’immigration” ont conduit à des maltraitances constantes des Tohono O’odham. “Maintenant, des gens sont attaqués avec des chiens.” “Leurs domiciles sont envahis et ils sont détenus dans leur propre maison, avec leurs enfants.” “Les gens sont attaqués par des militaires armés, forcés de quitter la route, et détenus sans raison.” “La Sécurité Intérieure des Etats-Unis a criminalisé les Tohono O’odham.”

Ofelia dit avoir été témoin de comment des Anciens O’odham, de plus de 80 ans, avaient été mis à genoux près de la route, les bras en l’air, parce qu’ils n’avaient pas compris les exigences de prouver leur citoyenneté. “Ils parlent leur propre langue et ne comprennent pas les ordres de parler Anglais ou Espagnol” dit-elle dans son témoignage.

Elle dit que l’intention des Etats-Unis était d’éradiquer les gens dits ‘inférieurs’ par sa politique génocidaire. Ofelia dit aussi que l’intention des Etats-Unis était d’appliquer leur politique de ‘destiné manifeste’, comme le monde entier avait pu le voir lors de l’attaque des Protecteurs de l’Eau à Standing Rock.

“Je prie pour que tous les animaux, les plantes, les êtres vivants soient reconnus et protégés” dit-elle pour conclure.

Ofelia a témoigné de la criminalisation des Peuples Autochtones avec Michelle Cook, avocate et organisatrice Diné, Casey Camp, membre du Conseil Tribal Ponca, et Leoyla Cowboy, Diné, épouse du Protecteur de l’Eau emprisonné Michael Little Feather Giron.

La délégation de femmes Autochtones a témoigné le 9 mai, à Kingston, à l’Université des Indes Occidentales.

La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme a entendu des témoignages de l’ensemble des Amériques.

©Brenda Norrell

LEONA MORGAN, DINÉ, ACTIVISTE ANTI-NUCLEAIRE, SERA A LA SALLE DES FÊTES DE BETANCOURT-LA-FERREE LE 24 MAI 2019

Nucléarisation d’un territoire et peuples autochtones
Conférence de Leona Morgan à la salle des fêtes de Bettancourt-la-ferrée : vendredi 24 mai 2019, de 20h à 22h30

Avec le CSIA-Nitassinan, CEDRA, Meuse Nature Environnement et le Réseau Sortir Du Nucléaire

Leona Morgan est une organisatrice communautaire autochtone et une activiste en lutte depuis 2007 contre le colonialisme nucléaire dans le sud-ouest des États-Unis. Ses principaux objectifs sont d’empêcher l’ouverture de nouvelles mines d’uranium et de nouvelles décharges nucléaires, ainsi que de lutter contre le transport de matériaux radioactifs.
Leona Morgan a co-fondé et travaille avec Diné No Nukes (http://www.dinenonukes.org), Radiation Monitoring Project (www.radmonitoring.org) et Nuclear Issues Study Group (www.fb.com/NuclearIssuesStudyGroup). Elle collabore également avec des groupes et activistes anti-extractivistes et anti-nucléaires à l’international en organisant des rassemblements dans le but de faire face au cycle complet de l’énergie nucléaire.
Leona est Diné de la nation Navajo, elle vit à Albuquerque au Nouveau-Mexique.

À l’occasion d’une tournée en Europe qui la mènera jusqu’au forum social antinucléaire à Madrid, Leona sera de passage en Meuse et en Haute-Marne, où elle donnera notamment une conférence à Bettancourt-la-ferrée, où elle abordera les sujets de la nucléarisation du Nouveau-Mexique, de la résistance à cette nucléarisation, de la problématique des peuples autochtones face au nucléaire, de la journée d’action du 16 juillet et des outils de mesure des risques radioactifs.

Pour en savoir plus sur Leona, cliquer ici (article de 2017, d’après une interview réalisée à Albuquerque, en septembre 2017) Christine Prat


LA COMMISSION INTERAMERICAINE DES DROITS DE L’HOMME ENTEND DES TEMOIGNAGES SUR LES PRISONNIERS POLITIQUES DE NO DAPL, ET UNE DECLARATION DE RED FAWN

“LA SEULE ARME A FEU DANS LE CAMP AVAIT ETE APPORTEE PAR HEATH HARMON, INDICATEUR DU FBI” – RED FAWN

Témoignage de Leoyla Cowboy, Diné
Photos et article par Brenda Norrell
Censored News 15 mai 2019
Traduction Christine Prat

KINGSTON, Jamaïque – En hommage aux prisonniers politiques qui avaient résisté pour protéger l’eau, au cours du mouvement contre le Dakota Access Pipeline à Standing Rock, Leoyla Cowboy, Diné, a récité leurs noms, au cours d’une audience de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, en Jamaïque. “Je suis ici pour servir de voix aux prisonniers politiques de No DAPL, parce qu’ils sont emprisonnés et que je les considère tous comme membres de ma famille” dit Leoyla à la Commission.

En évoquant les noms de Red Fawn Fallis, Michael Little Feather Giron, Michael Rattler Markus, Dion Ortiz et James Angry Bird White, Leoyla souligna qu’ils risquaient des condamnations fédérales très lourdes, pour avoir protégé l’eau en 2016 et 2017.
“Je suis fière d’être l’épouse du prisonnier politique Little Feather Giron” dit Leoyla à propos de son mari, qui est Chumash.
Leoyla expliqua que ces cinq Protecteurs de l’Eau n’avaient pas eu d’autre choix que d’accepter un accord, après que leurs droits aient été niés par des tribunaux fédéraux.

Leoyla dit à la Commission que ces Protecteurs de l’Eau c’étaient vu dénier des droits fondamentaux et que le jury était influencé par la propagande en faveur des compagnies pétrolières dans le Dakota du Nord.

A cause de cette injustice, Red Fawn risquait la perpétuité et les hommes chacun 15 ans, dit Leoyla.
En conséquence, ces Protecteurs de l’Eau ont été emprisonnés loin de leurs familles.

Leoyla lut une déclaration de Red Fawn, qui risquait la perpétuité si elle avait été condamnée à la suite d’un procès. Red Fawn écrit qu’elle avait été arrêtée trois fois, à Standing Rock. Après avoir décrit les actions pacifiques des Protecteurs de l’Eau, et des arrestations en masse, Red Fawn parla de sa mère. Elle dit qu’elle était à Standing Rock pour rendre hommage à la mémoire et au travail de sa mère, Troy Lynn Star Yellowood, qui est passée dans le Monde Spirituel. Au camp d’Oceti Sakowin, à Standing Rock, Red Fawn dit avoir trouvé une place où elle se sentait chez elle. Red Fawn dit qu’elle travaillait avec des personnes âgées et des jeunes, au camp d’Oceti Sakowin, et y avait été formée comme aide-soignante. Elle dit avoir été arrêtée trois fois. En août 2016, elle ne faisait qu’exercer son droit à la liberté de parole contre le Dakota Access Pipeline, lorsqu’elle a été arrêtée. La seconde fois, elle attachait des liens de prière à une clôture. Puis, en octobre, dit Red Fawn “j’ai été attaquée par derrière et arrêtée brutalement, sans raison plausible, et accusée d’avoir une arme à feu.” Red Fawn raconte comment le FBI avait placé un indicateur dans le camp et les conséquences que ça a eu. “La seule arme à feu qui était entrée dans le camp avait été apportée par Heath Harmon, un indicateur du FBI.” “Il a entamé une relation malhonnête avec moi.” Red Fawn conclut “Nous comprenons notre relation réciproque avec l’eau et toute la vie qui en dépend.” “L’eau c’est la Vie.”

Au cours des témoignages sur la criminalisation des Peuples Autochtones par le gouvernement des Etats-Unis, le témoignage de Leoyla a rejoint ceux des Protectrices de l’Eau Casey Camp Horinek, Ponca, et de Michelle Cook, Diné. Ofelia Rivas, Tohono O’odham, a témoigné de la criminalisation des O’odham par les Etats-Unis dans son propre territoire.

©Brenda Norrell, Censored News

VICTIME DE VIOLENCES A STANDING ROCK, EMPOISONNEE PAR LES INDUSTRIES MINIERES, CASEY CAMP, PONCA, TEMOIGNE EN JAMAIQUE

“Ils nous ont attachés. Ils nous ont jetés au sol et nous ont embarqué dans des bus jusqu’à la cave de la Prison du Comté de Morton, puis nous ont enfermés dans des chenils, après avoir tatoué des numéros sur nos bras, comme pour les Juifs conduits aux chambres à gaz.”
Casey Camp, Ponca

Article et photos par Brenda Norrell
Censored News
15 mai 2019
Traduction Christine Prat

KINGSTON, Jamaïque – Casey Camp Horinek, membre du Conseil Tribal Ponca, a parlé de la fracturation hydraulique génocidaire et de l’industrie du pétrole et du gaz qui empoisonne son peuple, le sol, l’air et l’eau.

A la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme en Jamaïque, Casey a aussi raconté comment elle-même et d’autres Protecteurs de l’Eau avaient subi des violences à Standing Rock.

Casey parla aussi de son grand-père, qui avait marché tout au long de la Piste des Larmes. A huit ans, il avait fait plus de 1000 km à pied. Un des membres de son peuple sur trois mourut durant cette marche.

Le territoire Ponca avait été volé par le gouvernement fédéral, selon le Traité de 1868. Le peuple de Casey, les Ponca, était de la région du fleuve Missouri et a été déporté de force en Oklahoma.

“Nous vivons maintenant dans une zone entièrement affectée par les industries minières” dit-elle des terres Ponca en Oklahoma.

Casey, membre élue du Conseil Ponca, est Gardienne du Tambour Héréditaire de la Société des Femmes.

Dans ses salutations, Casey remercia les Arawak, ancêtres de Jamaïcains.

Parlant des conséquences de la fracturation, Casey dit qu’il y avait eu 10 000 tremblements de terre, en Oklahoma, au cours des cinq dernières années, des tremblements de terre causés par l’homme, à cause des industries minières. L’une d’elle est la Raffinerie Phillips 66. L’eau a été empoisonnée.

“Tous les êtres à quatre pattes, à nageoires ou ailés, et tous ceux qui vivent sous terre, ont été touchés. On ne peut pas cultiver de produits bio dans un rayon de plus de 12 km.”

“Chaque famille a des membres souffrant de cancers et de déficiences immunitaires. Beaucoup d’enfants ne vivent pas jusqu’à la naissance.”

“Transformer en marchandises tout ce qui est sacré est un crime”, dit-elle à la Commission.

La Nation Ponca a établi un statut des Droits de la Nature, ce qui permettra de traiter les affaires devant les tribunaux. “Nous convoquerons des gens devant le Tribunal Ponca.”

Lorsqu’elle entendit parler de Standing Rock, elle y alla pour prier. Elle voulait protéger l’eau du fleuve Missouri et les tombes de ses ancêtres en aval.

Elle est aussi allée à Standing Rock pour rencontrer des responsables de la préservation historique.

Le 27 octobre 2016, des Protecteurs de l’Eau protégeaient le Camp du Traité. “Standing Rock, c’était nos alliés.”

L’oléoduc, Dakota Access Pipeline, n’avait pas été autorisé à passer par une région “Blanche” au nord de Standing Rock.

Casey raconta comment les Protecteurs de l’Eau de Standing Rock avaient subi des violences.

“Il y avait des hélicoptères, des avions, des drones, des gens armés, des canons assourdissants, des grenades à percussion, de gaz poivré, et des centaines d’agents en tenue d’émeutes qui se ruaient sur nous et commencèrent à nous brutaliser.”

“Ils nous ont frappés au sol, alors que nous étions en train de prier, par centaines de femmes, d’hommes et d’enfants sans armes.”

“Ils nous ont attachés. Ils nous ont jetés au sol et traînés dans des bus jusqu’à la cave de la Prison du Comté de Morton et enfermés dans des chenils après avoir inscrit des numéros sur nos bras, comme pour les Juifs emmenés dans les chambres à gaz.”

“Ils nous ont gardés dans des chenils, à même le sol en béton.”

“C’était mon numéro. Le numéro 138,” dit-elle en montrant le numéro sur son bras.

En tout, 142 personnes ont été arrêtées ce jour-là.

LES FEMMES AUTOCHTONES REVENUES DE JAMAIQUE HARCELEES PAR LA SECURITE US À LEUR RETOUR

Par Brenda Norrell
Censored News
12 mai 2019
Traduction Christine Prat

Interview d’Ofelia Rivas par Govinda Dalton, en anglais et O’odham, pas de sous-titres

TUCSON, Arizona – La militarisation de Standing Rock ne diffère pas de celle qui règne à la frontière sud, sur le territoire de la Nation Tohono O’odham.

“Ils veulent essayer de nous traiter comme si nous n’étions pas des êtres humains”, dit Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dimanche après-midi [12 mai 2019].

Ofelia, qui rentrait d’une audience de la Commission Interaméricaine sur les Droits de l’Homme en Jamaïque, a raconté comment elle avait été harcelée et victime de profilage en rentrant aux Etats-Unis.

Après l’audience en Jamaïque, vendredi, Ofelia a été repérée et retardée pendant deux jours, après que l’indication “SSSS” ait été imprimée sur ses cartes d’embarquement. Ayant subi des fouilles constantes, des retards et du harcèlement à Miami et à Dallas, Ofelia dit que c’était la même méthode de profilage, de ciblage et de traitement inadmissible à laquelle elle-même et d’autres O’odham sont soumis quotidiennement à la frontière US/Mexique, dans leur propre territoire.

Cet acharnement à fait, qu’elle et d’autres femmes Autochtones ayant témoigné en Jamaïque, ont manqué leur vol.

Le voyage de Miami en Arizona, qui ne devrait prendre que quelques heures en avion, a duré deux jours.

Le billet d’avion d’Ofelia avait été marqué “SSSS”, une tactique du gouvernement américain en train de devenir courante pour les militants des droits de l’homme Autochtones.

Après Tucson, Ofelia doit encore traverser plusieurs points de contrôle. Ça entraîne souvent des retards supplémentaires, surtout pour Ofelia Rivas et d’autres qui parlent O’odham. Ils sont souvent retenus pour une vérification supplémentaire par les agents de la Patrouille des Frontières U.S.

Dans une interview de Govinda Dalton, de Earthcycles, dimanche après-midi, Ofelia Rivas a parlé de 500 ans de pratiques génocidaires, qui continuent jusqu’à aujourd’hui. Ofelia dit que la Patrouille des Frontière, qui relève de la Sécurité Intérieure, essayait d’opprimer les gens.

A l’audience sur les Droits de l’Homme, en Jamaïque, Ofelia Rivas dit que son intention était de décrire la militarisation et la tentative de déshumaniser les gens, menée par le gouvernement des Etats-Unis.

Ofelia Rivas faisait partie d’une délégation de femmes Autochtones qui témoignaient sur la criminalisation des Autochtones.

Jeudi, Michelle Cook, Diné, Leoyla Cowboy, Diné, et Casey Camp Horinek, Ponca, ont témoigné en Jamaïque. Elles ont parlé des violations commises par la police à Standing Rock, et de tous ceux qui maintenant souffrent encore parce qu’ils protègent l’eau.

“Ce que j’ai souligné là-bas, c’était l’état d’esprit du gouvernement des Etats-Unis,” dit Ofelia Rivas, parlant du racisme contre les gens de couleur aux Etats-Unis. “Nous sommes sous surveillance en permanence.”

“Cette politique inhumaine signifie que nous ne sommes pas traités comme égaux en tant qu’êtres humains.”

Ofelia Rivas dit que “des militaires lourdement armés interrogent nos Anciens”, qui ne parlent ni Anglais ni Espagnol. Ils parlent O’odham.

Les nouvelles tours de surveillance ont été approuvées par la Nation Tohono O’odham [id. conseil tribal], dit Ofelia.

La compagnie, Elbit Systems, d’Israël, est la même compagnie qui opprime le peuple de Palestine.

Ofelia Rivas dit que le ciblage et les retards pour rentrer chez soi étaient le type de harcèlement que les Palestiniens et les Autochtones subissent partout dans le monde.

“J’ai dû subir ça pendant deux jours, pour essayer de rentrer chez moi, et je n’y suis pas encore.”

“Nous avons survécu depuis 500 ans à ce type d’attaques contre nos vies.”

“Nous survivrons à ces attaques-ci aussi.”

“J’ai l’impression que ce qui s’est passé à Standing Rock a ouvert les yeux du monde sur la politique génocidaire des Etats-Unis, dans le pays qu’ils appellent le plus grand pays du monde.”

“Seulement, ça ne s’applique pas à certaines personnes, et certainement pas à moi.”

Cette attitude flagrante des Etats-Unis à l’égard des Droits des Peuples Autochtones était évidente à l’audience, où les Etats-Unis ont manqué de respect envers les membres de la Commission.

Ofelia Rivas souligna que pendant l’audience, la délégation de l’Ambassade des Etats-Unis et du Département d’Etat [Affaires Etrangères], avait dit à la Commission qu’elle était “incompétente” et que les Etats-Unis n’avaient pas à se soumettre à ces lois – des lois qui gouvernent le monde, dit Ofelia Rivas.

“J’espère pouvoir parler au nom de tous les animaux et plantes, et des gens qui ne peuvent pas se faire entendre.”

Ofelia Rivas dit que les grandes compagnies remplissaient certaines poches et impactaient tous les aspects de notre vie.

Quand la Nation Tohono O’odham a approuvé les tours de surveillance, (connues comme tours d’espionnage), ils n’ont pas pensé aux conséquences pour le monde naturel, dit-elle.

Ils n’ont pas pensé aux abeilles, qui pollinisent les plantes, ni aux générations futures, dit-elle.

Malgré les tentatives des Etats-Unis de convaincre les gens que des terroristes pourraient entrer par la frontière sud, Ofelia dit que des enquêtes ont prouvé le contraire. “Nous ne croyons pas en ces foutaises.”

A l’audience en Jamaïque, le Mexique a parlé des femmes et des enfants Autochtones disparus. Elle dit que ça arrive aux femmes et enfants Autochtones partout dans le monde. (Dans l’interview de Govinda Dalton, elle parle des femmes disparues ou assassinées aux Etats-Unis et au Canada).

COMMISSION INTER-AMERICAINE DES DROITS DE L’HOMME, A KINGSTONE, JAMAÏQUE: UNE DELEGATION DE FEMMES AUTOCHTONES DES ETATS-UNIS PARLE

ELLES DENONCENT LES VIOLATIONS DES DROITS COMMISES A STANDING ROCK CONTRE LES PROTECTEURS DE L’EAU ET CELLES COMMISES A LA FRONTIERE US/MEXIQUE PAR LA PATROUILLE DES FRONTIERES

Photos et article par Brenda Norrell
Censored News 9 mai 2019
Traduction Christine Prat

KINGSTON, Jamaïque – La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme a entendu le témoignage de Leoyla Cowboy, Diné, et la délégation des Femmes Autochtones a apporté un témoignage impressionnant sur les violations des droits par la police, et la criminalisation des protecteurs de l’eau.
Leoyla a lu une déclaration de la Protectrice de l’Eau emprisonnée, Red Fawn. Leoyla, Diné, est l’épouse du prisonnier Little Feather, Chumash, et a parlé de tous les Protecteurs de l’Eau emprisonnés.

Casey Camp, membre du Conseil Tribal Ponca, a raconté comment elle-même et d’autres protecteurs de l’eau ont été enfermés dans des chenils, sur un sol en béton, après avoir prié à Standing Rock. Casey a décrit les souffrances et le désespoir créés par les industries minières.
Casey a raconté comment les matons de la prison du Comté de Morton ont mis des numéros sur leurs bras, comme pour les Juifsdestinés aux chambres à gaz.
L’eau a été empoisonnée par les industries minièreset le commerce du carbone, et des tremblements de terre causés en Oklahoma, a-t-elle déclaré à la Commission.
Lorsqu’elle est allée à Standing Rock, c’était pour protéger l’eau de son peuple et toutes les formes de vie en aval. Maintenant, les Ponca ont reconnus les Droits de Notre Mère la Terre, et ils pourront être défendus dans des tribunaux, dit-elle à la Commission.
C’est le résultat de prières qui l’a conduite à Standing Rock pour protéger l’eau. Lorsqu’elle est arrivée à Standing Rock, la police a chargé les femmes, les hommes et les enfants avec des armes, des grenades assourdissantes, du gaz poivré, et les a enfermés dans des chenils. Les enfants diabétiques se sont vu refuser les médicaments et ont eu des crises, dit-elle à la Commission.

Ofelia Rivas, O’odham, fondatrice de Voix O’odham Contre le Mur, a parlé des violations des droits des Tohono O’odham à la frontière, sur un territoire souverain. Ofelia a raconté comment elle-même et d’autres avaient été brutalisés et terrorisés par la Patrouille des Frontières, dans leurs propres communautés.
Elle a parlé d’attaques de O’odham par des chiens et de détentions arbitraires.
“Les Tohono O’odham ont été criminalisés par la Sécurité Intérieure des Etats-Unis” dit-elle à la Commission. Ofelia raconta aussi comment les territoires O’odham au Mexique avaient été volés, vendus et réappropriés par les cartels.

Michelle Cook, avocate Diné et membre fondatrice du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, a décrit la criminalisation de Protecteurs de l’Eau pacifiques.
Michelle a décrit les actions des Etats-Unis visant à criminaliser les protecteurs de l’eau et résultant en de nouvelles lois d’état, suite aux actions de protection de l’eau à Standing Rock. Des manifestants pacifiques tombent maintenant sous le coup de nouvelles lois de l’état. La nouvelle législation du Dakota du Sud criminalise les activistes pacifiques et leurs alliés, maintenant qualifiés de “promoteurs d’émeutes.”
Au Texas, la nouvelle législation pourrait conduire à des accusations de crimes pour ceux qui mettent en pratique la liberté de parole.
Michelle dit à la Commission que le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau avait engagé une poursuite [“class action” une procédure collective beaucoup discutée en France, mais pas encore adoptée] contre les violations commises par la police à Standing Rock.
Michelle est fondatrice de Désinvestir, Investir, Protéger, qui soutient la délégation de femmes à l’audience de la Commission.

Réagissant au récit des exactions commises par la police et les agents de la Patrouille de Frontières des Etats-Unis, l’un des membres de la Commission a demandé “Comment est-ce possible ?”

En réponse aux questions de la Commission, Leoyla dit que Little Feather avait subi 14 enfermements. Sa famille ne pouvant pas prendre contact avec lui pendant tout ce temps, “nous ne savons pas s’il est encore en vie.”
Casey dit qu’elle-même et d’autres Anciennes Autochtones souffraient toujours des blessures causées par les arrestations et emprisonnements par le Service du Sheriff du Comté de Morton – Dakota du Sud – et par la police et les militaires qui ont commis ces violations des droits de l’homme à Standing Rock. “Nous souffrons toutes de syndrome post-traumatique.”

Les Etats-Unis ont envoyé des officiels de l’Ambassade des Etats-Unis et du Ministère des Affaires Etrangères à Washington et en Jamaïque pour réagir au cours de l’audience d’une heure, tenue à l’Université des Indes Occidentales. Malgré une tentative ratée de présenter les Etats-Unis comme un pays respectant le droit, les représentants officiels des Etats-Unis n’ont pas été capables de présenter un témoignage qui pourrait justifier les violations des droits par la police et les militaires Américains ni les injustices commises par les tribunaux Américains.
Les Etats-Unis ont bien rapporté l’action en justice contre des mercenaires privés, de TigerSwan, qui ont agi dans le Dakota du Nord sans licence.
Les représentants officiels ont affirmé que les Etats-Unis honorent et respectent la souveraineté tribale, mais les protecteurs de l’eau ont souligné que les actes des Etats-Unis prouvent le contraire.