Par Indigenous Action Media
22 janvier 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Une décision de justice historique, en faveur de la liberté religieuse des Autochtones, constitue un précédent juridique important pour les Autochtones protecteurs de la terre et de l’eau.
Le même jour, à Ajo, en Arizona, deux autres protecteurs accusés d’action en association contre la militarisation des terres O’odham, qui avaient été attaqués avec du gaz poivre et des balles en caoutchouc au cours de la Journée des Peuples Autochtones 2020, ont été condamnés à des amendes et des travaux d’intérêt publique.

Tucson, Arizona – Le 19 janvier 2022, Amber Ortega, Hia Ced O’odham et Tohono O’odham, protectrice de la terre et de l’eau, et membre du Collectif O’odham Anti-Frontière, a été jugée non-coupable pour ses actions pour arrêter la construction du mur à A’al Vappia/Quitobaquito Springs, un site sacré pour les peuples Hia Ced O’odham et Tohono O’odham, le 9 septembre 2020.

La source A’al Vappia/Quitobaquito, une des rares sources d’eau du désert pour beaucoup d’espèces en danger dans un rayon de 65 km, se trouve dans le Monument National des Cactus Tuyau d’orgue, exactement sur la frontière US/Mexique. Tandis qu’un défenseur du territoire occupait un bulldozer, ils ont déclaré : « Vous n’avez pas la permission d’être ici, c’est en Territoire O’odham. C’est une zone sacrée. » La construction du mur à la frontière a gravement drainé les faibles quantités d’eau souterraine de la région, dramatiquement réduit la source, et empêché les animaux du côté mexicain d’accéder à la seule source d’eau à moins de 65 km.

Le lieu est sacré pour les O’odham depuis des temps immémoriaux et c’est un site ou Mlle Ortega et d’autres membres de la communauté Hia Ced O’odham ont, tout près, des sites funéraires et des liens familiaux proches. Amber Ortega et Nellie Jo David, toutes deux Hia Ced et Tohono O’odham et membres du Collectif O’odham Anti-Frontière, ont été appelées spirituellement à se servir de leurs corps pour bloquer la construction du mur à la Source, par leurs croyances religieuses selon O’odham Him:dag (religion, tradition et culture), pour protéger leurs sites sacrés et leur mode de culture.

Impact Historique du Verdict :

Amber Ortega était représentée par l’avocate Amy Knight, qui avait déjà représenté avec succès l’activiste de No More Deaths, Scott Warren, en utilisant l’argument similaire de liberté religieuse pour le travail humanitaire avec les migrants qui traversent la frontière en territoire O’odham. Amber Ortega et Nellie Jo David ont affirmé devant la Cour, qu’elles agissaient comme le O’odham Him:dag (religion, tradition et culture) en entreprenant une action directe pour protéger de la destruction causée par la construction du mur-frontière raciste, le site sacré d’A’al Vappia/Quitobaquito Springs, dans le Hia Ced O’odham jewed (pays des O’odham), près de Ajo, en Arizona. Elles avaient prié pour la terre et l’eau, chanté des chants spirituels, et mis leurs corps devant les machines de mort.

Toutes deux ont affirmé que la Loi sur la Restauration de la Liberté Religieuse [Religious Freedom Restoration Act] protégeait leurs actions de la criminalisation, un argument qui a eu plus de succès pour les religions occidentales, mais n’a pas souvent été accepté par les tribunaux des Etats-Unis pour les religions des Peuples Autochtones, qui sont liées au lieu et exigent la protection et la conservation des sites sacrés. La [loi] RFRA a été critiquée pour ses origines comme instrument créé au bénéfice de la Droite Chrétienne conservatrice et il est souvent demandé si son application se fait au détriment des autres communautés religieuses. Cette décision est une victoire pour les Peuples Autochtones, elle ouvre des possibilités historiques de défense légale pour d’autres protecteurs Autochtones de la terre et de l’Eau.

La RFRA peut être utilisée aussi bien dans les affaires civiles que dans les affaires criminelles, mais elle a le plus souvent été utilisée par les Autochtones dans des affaires civiles, dans lesquelles la loi a été vidée de son sens et est rarement autorisée comme défense par des Autochtones, comme dans l’affaire Navajo Nation vs. USFS [Service des Forêts]. Ms. David avait accepté un accord sur le plaidoyer en juin 2021, à cause du stress, dû à un harcèlement inhabituel, dont souffraient les deux femmes O’odham de la part de la justice. Mais dans l’affaire de Melle Ortega, l’avocate Amy Knight a pu plaider avec succès qu’il y avait un précédent d’application de la RFRA à des affaires criminelles, ce qui fait passer la charge de preuve de l’accusé au gouvernement. La Magistrate du gouvernement, la Juge Leslie A. Bowman était d’accord.

La Juge Bowman a jugé que le gouvernement fédéral avait imposé un « fardeau substantiel » à l’exercice de sa foi religieuse à A. Ortega, en fermant l’accès à la route frontalière qui passe juste au sud des Sources Quitobaquito – une zone centrale pour les pratiques spirituelles des Hia Ced O’odham. Ce fut un inversement de la décision précédente de la Juge Bowman, le 18 novembre 2021, dans laquelle elle jugeait que la RFRA ne pouvait pas être utilisée comme défense et rejetait le témoignage expert de l’Ancienne Lorraine Eiler, une Hia Ced et Tohono O’odham dirigeante culturelle, également ex-membre du Conseil Législatif de la Nation Tohono O’odham. Dans sa décision du 18 novembre, la Juge Bowman avait rejeté le témoignage de L. Eiler et jugé que A. Ortega ne pouvait pas prouver que le gouvernement avait nuit à sa liberté d’exercer sa religion.

  1. Knight a été appelée comme nouvelle avocate de A. Ortega après la décision du 18 novembre 2021, et déposé une motion demandant la révision de la décision, et présenté de nouvelles preuves pour l’utilisation de la RFRA à l’audience du 19 janvier. La nouvelle décision de la Juge Bowman trouve que : « A la lumière de cette nouvelle preuve, les poursuites contre Ortega imposaient bien un fardeau substantiel sur l’exercice de sa religion ». La Juge Bowman jugea aussi que le gouvernement n’avait pas d’intérêt majeur à arrêter et poursuivre Ortega et que le gouvernement n’avait pas réussi à employer « les moyens les moins restrictifs » pour empêcher Ortega de bloquer la construction. Sur cette base, A. Ortega a été jugée non-coupable des accusations portées contre elle.

Cette victoire n’est pas seulement celle d’Amber Ortega, c’est une victoire bien plus large pour tous les peuples O’odham et le Him:dag O’odham. La victoire est spécialement importante pour les Hia Ced O’odham, qui actuellement ne sont pas reconnus au niveau fédéral par les Etats-Unis. Mais la décision est aussi une victoire majeure et historique pour la liberté religieuse des Autochtones et les protecteurs Autochtones de la terre et de l’eau. La décision Bowman pourrait fournir de nouvelles possibilités de défense pour les protecteurs Autochtones de la terre et de l’eau qui entreprennent des actions directes pour protéger leurs sites sacrés et leur connexion spirituelle aux lieux historiques.

« Ça signifie tellement plus que pour les gens présents ici, ça signifie quelque chose pour l’avenir » dit Amber Ortega. « Cela signifie que ceux qui étaient exclus des tribunaux fédéraux au cours de l’histoire sont toujours vivants, nous sommes actifs et nous nous battons. Nous avons une voix, nous avons une famille, nous avons une tribu. »

« Ce n’est que le début, pour notre peuple, de continuer à se rassembler sur des sujets dont nous avons été exclus » dit-elle.

Le Contexte de l’Affaire :

Le 9 septembre 2020, A. Ortega et N.J. David ont entrepris une action directe et organisé une cérémonie de prière pour bloquer la construction du mur-frontière qui menaçait A’al Vappia/Quitobaquito Springs, dans le jeved (territoire ancestral) des Hia Ced O’odham, près de Ajo, Arizona. Elles ont été arrêtées et accusées de deux infractions mineures, « Interférer avec une fonction fédérale » et « violation d’un ordre de bouclage. » Normalement, ces accusations mineures impliquent une contravention, pas une arrestation. Mais, en une démarche extrêmement rare, le gouvernement arrêta les protectrices O’odham sans le notifier à la Nation Tohono O’odham. A. Ortega et N. David, bien que citoyennes des Etats-Unis et membres recrutés de la Nation Tohono O’odham, ont été emmenées à Core Civic’s, une prison privée, faisant des bénéfices, à Florence, en Arizona – alors un point chaud où le Covid 19 faisait des ravages – où elles furent humiliées, déshabillées pour être fouillées, n’ont pas eu accès au téléphone, ni aux avocats, ni à des masques protégeant du coronavirus, ni au minimum d’hygiène personnelle. Elles ont aussi dû endurer des températures au-dessous de 0, l’hostilité de gardiens et la privation de sommeil. Puis elles ont subi pendant plus d’un an le harcèlement du gouvernement, entre autres des contrôles constants pour la drogue, des menaces d’être à nouveau arrêtées ou placées en institution, et des restrictions de voyage sévères, entre autres ne pas être autorisées à assister à certaines cérémonies spirituelles Autochtones. A cause de ce harcèlement, N.J. David accepta, en juin 2021, un accord de plaidoyer qui impliquait une période de probation et une amende. Cependant, A. Ortega continua à demander justice pour le traitement extrême et inhabituel qu’elles avaient dû subir, pour avoir organisé une cérémonie spirituelle pour protéger leur site sacré de la destruction par le mur-frontière raciste.

Malgré la décision victorieuse d’hier, nous continuons à dénoncer le gouvernement colonial pour mettre en cage des Amérindiennes protectrices d’un site sacré, dans des prisons privées pour immigrants, tout comme nous dénonçons leurs profits, l’incarcération et la torture des migrants qui traversent le jewed O’odham (terres ancestrales des O’odham). Nos luttes Autochtones sont interconnectées avec celles des migrants et des réfugiés, par la résistance au racisme, au colonialisme et à l’impérialisme. Nous dénonçons la violence coloniale contre les femmes Autochtones. Nous dénonçons l’occupation militaire et la destruction pour le mur-frontière de la terre et l’eau sacrées.

Verdict à Ajo, Arizona, pour des Protecteurs de la Terre Violemment Attaqués par le Gouvernement au cours de la Journée des Peuples Autochtones 2020

Ajo, Arizona – La victoire, dans l’affaire de Mlle Ortega, tout en étant une cause majeure de célébration, n’a pas manqué de nous rappeler la violence d’état et la répression contre des peuples Autochtones et des protecteurs de la terre et de l’eau. A Ajo, Arizona, le même jour où le verdict a été prononcé pour Mlle Ortega, deux autres protecteurs de la terre et de l’eau étaient condamnés à des amendes et des travaux d’intérêt publique, pour leur participation, le 12 octobre 2020, à une cérémonie spirituelle et à un travail d’information du public sur les impacts de la violence à la frontière sur les O’odham, cérémonie au cours de laquelle ils furent attaqués par les forces de l’état.

Nous dénonçons la constante répression d’état contre des victimes de la violence d’état (des attaques avec des balles en caoutchouc), contre des Autochtones et leurs alliés au cours de la Journée des Peuples Autochtones. Nous trouvons la décision du tribunal de poursuivre les deux personnes les plus sérieusement blessées au cours de l’attaque, pendant de la cérémonie de la Journée des peuples Autochtones, raciste, offensante et extrêmement inquiétante.

Le Contexte de l’Affaire :

Le 12 octobre 2020, alors que le Gouverneur d’Arizona proclamait la Journée des Peuples Autochtones, un groupe d’environ 30 protecteurs de la terre et l’eau O’odham et leurs alliés, ont tenu une cérémonie spirituelle à un point de contrôle de la Patrouille des Frontières, sur l’autoroute 85, en terres O’odham non-cédées, pour prier pour leurs sites sacrés et les tombes démolis par le mur-frontière raciste. La Patrouille des Frontières, les policiers de l’état et le Service de Sécurité Publique attaquèrent avec du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc, touchant au moins un O’odham en train de prier à la poitrine avec des balles, et arrêtant douze personnes. Dix d’entre elles virent leurs accusations finalement abandonnées, mais les deux personnes les plus sérieusement blessées furent poursuivies par l’état et condamnées à des amendes et des travaux d’utilité publique.

La cérémonie de prière était suivie par des familles O’odham de toutes les nations O’odham (Hia Ced O’odham, Tohono O’odham et Akimel O’odham), y compris des enfants. La cérémonie marquait la Journée des Peuples Autochtones, alors que les O’odham étaient toujours confrontés à la violence de la militarisation de la frontière, entre autres les sévices de la Patrouille des Frontières contre les communautés O’odham. Les O’odham chantèrent des chants traditionnels, prièrent, et essayèrent de discuter de la Loi sur la Liberté de Religion (1978) – qui décriminalisait les religions Autochtones et ouvrait la voie vers la protection de sites spirituels sacrés – avec des membres de la Patrouille des Frontières, des Policiers de l’Etat d’Arizona, et du Service de Sécurité Publique présents pour les instruire sur le contexte des protections religieuses Autochtones.

La Patrouille des Frontières, les Policiers de l’Etat et le Service de Sécurité Publique d’Arizona réagirent par de la violence, pour interrompre la cérémonie de prière des Autochtones. La Patrouille des Frontières, les Policiers de l’Etat et le Service de Sécurité d’Arizona ordonnèrent aux enfants et aux gens de santé fragile, qui observaient la cérémonie de leurs véhicules (à cause du Covid 19), de descendre, puis les gazèrent. La Patrouille des Frontière, les Policiers de l’Etat et le Service de Sécurité Publique d’Arizona saisirent des enfants qui avaient été dans des véhicules et les enlevèrent à leurs parents – retirer des enfants à leurs parents pour avoir pratiqué leur religion est une violation évidente de la Loi sur la Liberté de Religion et la Loi sur le Bien-être de l’Enfant Indien.

Après avoir gazé la cérémonie et arraché des enfants à leurs parents, la Patrouille des Frontières, les Policiers de l’Etat et le Service de Sécurité Publique d’Arizona avancèrent sur la foule à la cérémonie en tirant sur les O’odham en prière avec des balles en caoutchouc, touchant au moins un homme en pleine poitrine.

« C’est oscène et offensant pour nous que des gouvernants locaux et de l’état aillent célébrer la Journée des Peuples Autochtones, alors que le gouvernement fédéral fait sauter nos sites sacrés, vole nos enfants, occupe militairement nos communautés et tire sur des Amérindiens en prière pour protéger notre terre et nos ancêtres de profanation. Ils veulent s’approprier nos cultures, mais ils ne veulent pas que nous pratiquions nos religions ou protégions nos terres » dit une O’odham présente à l’action.

DÉMOLISSEZ LE MUR-FRONTIÈRE – RESTAUREZ LES SOURCES QUITOBAQUITO

Les peuples O’odham et les écologistes exigent que le mur-frontière qui impacte Monument Hill et Quitobaquito Springs soient retiré et la terre remise dans sa condition d’origine ainsi que l’habitat Autochtone. Les sources, l’une des rares sources d’eau dans le Désert de Sonora, sont situées dans ce que les colons appellent le Monument National des Cactus Tuyau d’Orgue, sur la soi-disant frontière US/Mexique. Quitobaquito a fourni de l’eau aux O’odham et à toutes les formes de vie depuis des temps immémoriaux. Les niveaux d’eau, à Quitobaquito, ont baissé de 30% depuis 2020, étant donné que les sous-traitants ont tiré de grandes quantités d’eau souterraine pour mélanger le béton pour le mur et aplanir les pistes non-goudronnées. Près de 400 000 litres d’eau par jour étaient utilisés pour construire des segments du mur-frontière. Pour chaque mile – 1,6 km – près de 2 millions de litres d’eau étaient utilisés. La construction du mur est la continuation des dégâts culturels et environnementaux irréversibles constatés dans la destruction de sites sacrés, divisant les O’odham entre les soi-disant Etats-Unis et Mexique, et a violemment perturbé l’écosystème du désert. Les ‘camps masculins’ pour les travailleurs construisant le mur, ont été une source majeure de propagation du Covid 19 aux communautés O’odham vulnérables, durant la pandémie. Nous tenons les partisans de la construction du mur raciste pour responsables de la mort de O’odham du Covid 19, contracté par la propagation de la maladie causée par les ‘camps masculins’ des constructeurs du mur-frontière. Plus de décès d’Autochtones, plus de murs racistes sur des terres Autochtones.

Partagez, faites connaitre ou contactez-nous pour faire des dons :

www.facebook.com/AntiBorderCollective/
Instagram : @OodhamAntiBorder, @DefendOodhamJewed
www.oodhamantiborder.org , www.defendoodhamjewed.org

Sur les associations :

O’odham Anti Border Collective est un collectif de base de membres et descendants des tribus Akimel O’odham, Tohono O’odham et Hia Ced O’odham, engagés pour l’unification de tous les peuples O’odham, la régénération du O’odham himdag (traditions, spiritualité, langue et culture), et la protection du jewed (terres ancestrales) O’odham par le démantèlement des frontières coloniales.

Defend O’odham Jewed est un mouvement de base dirigé par une O’odham u’uwi (femme), et une campagne d’action directe pour protéger les terres ancestrales sacrées des O’odham de la profanation et de la violence.

*Jewed (quelquefois orthographié jeved) signifie terre natale, là où on est chez soi, en langue O’odham.


Actuellement, le lithium est à la mode. Il est utilisé dans toutes les batteries d’ordinateurs, de smartphones, et de voitures électriques supposées écolo. Les mines ne sont jamais sans effet sur l’environnement. En plus, ce qui vient de mines est par définition non-durable, surtout lorsqu’il s’agit de métaux appelés ‘rares’. La plupart des mines se trouvent évidemment sur des territoires Autochtones, partout dans le monde. Les Shoshone et les Paiutes du Nevada ont déjà subi près de 1000 essais atomiques sur leur territoire. Maintenant, on veut les chasser d’une réserve où ils ont été assignés au début du XXème siècle. Malheureusement, d’après leur communiqué désespéré, la section de l’American Indian Movement du nord-ouest du Nevada, ne semble pas les soutenir, loin de là.

Christine Prat

CONSEIL CONSULTATIF DU CAMP DE WINNEMUCCA
13 janvier 2022
Newe’neen So’ko’pa Camp
Winnemucca Indian Colony
Winnemucca, Nevada
Publié par Indigenous Action Media
Le 13 janvier 2022
Traduction Christine Prat

Note : C’est une affaire qui vient d’éclater et est encore en cours. Liste des médias approuvés dans le camp sur le compte IG : @neweneensokopa. Contact pour les médias souhaitant soumettre des demandes : AutonomousABQ@protonmail.com

WINNEMUCCA, Nevada – Lundi 10 janvier 2022, un homme inconnu est entré dans la Colonie Indienne de Winnemucca, située dans le nord-ouest du Nevada occupé, et a exprimé des menaces envers les personnes âgées et leurs visiteurs.

Le conflit a escaladé, dans cette petite communauté Autochtone, où les maisons des anciens sont sous la menace d’être rasées par des travailleurs sous contrat privé, recrutés par la « présidente » autoproclamée Judy Rojo, qui réside en dehors de l’état et n’est pas reconnue par les résidents de la colonie.

Un camp de résistance a été établi début novembre 2021, quand les personnes âgées résidentes ont lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux. Cet appel a été lancé comme dernière tentative désespérée pour protéger leurs foyers de démolition, alors que J. Rojo et ses hommes de main [goons : pour les Autochtones des USA, des collabos] tentaient, par la force, de procéder à des expulsions illégales. Quatre logements de la communauté ont été rasés au bulldozer, sans qu’on en parle, avant que les équipes de construction soient bloquées avec l’aide de défenseurs des terres Autochtones qui avaient entendu les plaintes des anciens et avaient immédiatement réagi pour les aider. Ceci a été soutenu plus tard, par une décision temporaire du tribunal, empêchant Rojo et son équipe de pénétrer dans la colonie, décision qui a été levée depuis, laissant la communauté à nouveau vulnérable.

De l’aide est toujours demandée, voir les notes au bas de cet article, s.v.p.

Beaucoup de gens de l’extérieur se sont précipités dans la communauté pour offrir leur soutien, la plupart étaient des gens respectueux, au cœur sincère.

Malheureusement, ce n’a pas été la même expérience avec l’American Indian Movement, section du nord du Nevada (AIMNNV) et nous allons maintenant en parler et la partager.

Début décembre 2021, l’AIMNNV a commencé à rendre des visites à la colonie. Lors de leurs visites, il y avait un conflit permanent dû à leur manque de respect, et leurs conduites misogynes et insultantes. Ils harcelaient les personnes âgées au lieu de leur demander comment les aider et respecter leurs choix. Ils ont manqué de respect aux femmes et ont insulté nos visiteurs, alliés et soutiens. Ils ont fait preuve d’ignorance et de violence envers nos parents queer, à deux-esprits, non-binaires et trans. Ils ont pioché dans les dons faits à la communauté et essayé de remplir les poches de leurs amis et associés. Ils ont fait la promotion de nos luttes sur les réseaux sociaux pour leur propre bénéfice. Ils ont essayé de parler à notre place sans avoir été invités à le faire, nous sommes capables de parler nous-mêmes. Ils se sont efforcés de réduire les nôtres au silence et tenté d’en recruter d’autres pour participer à leur violence, en créant de fausses relations des faits.

Le 23 décembre 2021, un drapeau de l’AIM qui flottait au-dessus du feu sacré a été retiré par une organisatrice Shoshone-Paiute. Comme elle avait participé à l’assistance au camp depuis début novembre 2021, elle avait appris que l’AIM violait les accords du camp et déniait aux autres le droit de s’exprimer, prétendant qu’ils n’étaient pas Autochtones, ou n’étaient pas Shoshone, ou n’étaient pas de la colonie – des excuses pour rejeter les préoccupations valables. En tant que Newe-Numa, elle affirmait sa responsabilité de parler, là où d’autres étaient réduits au silence. Après que de nombreuses tentatives de dialogue honnête, tenu dans un lieu sûr, guidé par les anciens et avec la participation de tous les résidents et invités de la communauté, aient été rejetées ou menées de mauvaise foi – elle a décidé de prendre sur elle la responsabilité de retirer le drapeau de l’AIM et a insisté pour que nos identités Newe (Autochtones locaux) ne soient pas exploitées ou utilisées pour nier à d’autres le droit de parler pour eux-mêmes. Elle n’avait pas anticipé la réaction qu’elle a eu ; bien qu’elle rende le drapeau en parfait état, avec une simple demande pour la réunion en question – un groupe d’hommes adultes hostiles l’ont encerclée, menacée et forcée à quitter la zone.

Les choses se sont précipitées, à partir de là, ces individus sont devenus de plus en plus insolents, dans leur manque de respect, et ils ont exercé des pressions pour prendre le contrôle, jusqu’à ce que plus aucun protocole ne soit respecté. C’en est venu à une confrontation le 7 janvier 2022, quand les résidents âgés ont repris leur communauté et réaffirmé leur exigence que l’AIM du nord-ouest du Nevada et les individus y étant affiliés, qui causaient des dommages et des dissensions, partent et ne reviennent plus.

Cette demande n’a pas été respectée.

Bien qu’ils soient partis, au début, des individus sont revenus presque quotidiennement et ont essayé d’en recruter d’autres pour en faire autant, se tournant vers d’autres organisations, en présentant les choses comme étant à l’opposé de ce qu’elles sont en réalité. Heureusement, il y a beaucoup de camarades solides, là-bas, assez disciplinés pour prendre des contacts et valider les informations d’abord. Malheureusement, cependant, il y en a beaucoup d’autres qui sont devenus des proies lorsqu’il leur a été demandé de faire des choses, sans avoir d’abord reçu des informations honnêtes, et nécessaires pour pouvoir prendre eux-mêmes des décisions informées.

Le 10 janvier 2022, un individu inconnu est arrivé à la colonie et s’est rendu au domicile d’une personne âgée, exigeant que le camp soit vidé, et le contrôle total remis à l’AIMNNV dans les deux heures. Il fit voir qu’il était armé et fit des menaces de violence spécifiques culturellement, se référant au Massacre de Wounded Knee de 1880. Il prétendit agir à la place d’un ancien visiteur du camp qui n’est plus le bienvenu dans la communauté. Ensuite, il dit agir selon des ordres de supérieurs hiérarchiques de l’organisation (AIMGGC – Grand Conseil de l’AIM), mais il n’en fournit aucune preuve. Deux défenseurs plus âgés prirent le temps de s’asseoir avec ce jeune homme et de le traiter amicalement. Après avoir entendu les preuves, il choisit de quitter la colonie, sans se livrer aux violences qu’il avait menacé de commettre.

Ceci est la raison pour laquelle nous ne pouvons plus garder le silence. Nous devons être honnêtes les uns envers les autres si nous voulons que cette violence cesse. La vérité, c’est qu’il y a des actes d’agression inacceptables de la part de forces extérieures à notre communauté. Des membres de l’AIM et leurs affiliés ont retourné leur code, pour protéger les gens en menaçant des personnes âgées Autochtones avec de la violence coloniale. D’autres ont utilisé le fait d’être Autochtones pour se présenter en porte-parole du camp, ce qu’ils ne sont pas. D’anciens membres du camp ont volé ce qu’ils pouvaient et refusé de remettre leur accès aux comptes du camp, qu’ils utilisent pour intercepter des livraisons et détourner des fonds de donneurs. Tout cela est ce que veulent le Bureau des Affaires Indiennes et les compagnies minières, oui ; mais nous devons comprendre que ces mêmes formes de violence coloniale peuvent être cooptées par nos propres parents, d’autres Autochtones, et armées contre nous pour perpétrer les mêmes dégâts. C’est ce qui arrive et ça doit cesser.

Nous voulons que ce soit clair : Personne ne peut détruire notre lien sacré avec la terre d’ici, ni des agitateurs au sein de l’AIM, ni des officiels du gouvernement, ni des équipes de construction, ni des mercenaires goons. Nous prions pour une résolution pacifique et appelons le Grand Conseil Gouvernant de l’AIM de rendre leurs membres immédiatement responsables. Malgré tout, que l’on sache que nous nous maintiendrons et défendrons nos demeures, et nous continuerons à soutenir, protéger et apprécier les défenseurs des terres qui sont venus pour résister avec nous. Nous demandons que tous les gens de lignes de front expérimentés qui souhaitent venir, le fasse de la bonne manière. Nous vous invitons et nous vous accueillerons, mais nous vous demandons de suivre les accords du camp.

C’est tout ce que nous révélons pour le moment, car nous respectons nos communautés sœurs et continuons d’être solidaires de tous les autres camps et lignes de front. De Winnemucca aux Wet’suwet’en, nous résistons ensemble. Merci.

***

AGISSEZ MAINTENANT !


Par Gidimt’en Checkpoint
Publié par Censored News
Le 4 janvier 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Territoire Gidimt’en non-cédé, Smithers (Colombie Britannique) – Deux semaines après que les protecteurs de l’eau Wet’suwet’en aient chassé les travailleurs de Coastal GasLink et occupé un site crucial de construction de l’oléoduc, les protecteurs de l’eau ont effectué un repli stratégique afin d’éviter des arrestations et des violences de la part de dizaines de membres de la Police Montée militarisés. Avant une mobilisation policière à grande échelle, les protecteurs de l’eau ont disparu dans les bois, évitant les violences policières et la criminalisation. Nous nous attendons à un assaut imminent contre les , dirigé par Coastal GasLink, si nous continuons d’occuper et d’utiliser notre yintah.

« Nos guerriers ne sont pas là pour être arrêtés. Nos guerriers sont là pour protéger le territoire et l’eau, et nous continuerons à la faire à tout prix » dit Sleydo’ (Molly Wickham), une dirigeante des Cas Yikh. « Chaque fois que la Police Montée, le C-IRG, est venue pour imposer l’injonction de Coastal GasLink, ils ont commis des violences envers nos femmes. Ils ont emprisonné nos femmes Autochtones et nos guerriers. Nous ne laisserons pas les nôtres être des prisonniers politiques. »

Pour la quatrième fois en quatre ans, la Police Montée semble mobiliser pour un assaut à grande échelle contre le territoire non-cédé Wet’suwet’en, ils réservent des dizaines de chambres d’hôtel pour amener des policiers de toute la province, pour faciliter la construction de l’oléoduc et forcer le contrôle sur des terres non-cédées à la pointe du fusil.

Les protecteurs de l’eau ont bloqué le forage sous les eaux Wet’suwet’en depuis plus de 70 jours. Au cours des derniers jours, il y a eu plus de patrouilles par la Police Montée non-locale, le C-IRG, et une surveillance par hélicoptère au-dessus de résidences privées Wet’suwet’en, loin de tout projet de chantiers.

Après les premiers 56 jours d’occupation, la Police Montée a effectué 30 arrestations, avant d’escorter les travailleurs de Coastal GasLink dans le Camp du Coyote, pour raser au bulldozer plusieurs huttes, habitations et autres structures. En un mois, les défenseurs du territoire ont repris le site, expulsant à nouveau les travailleurs de Coastal GasLink et bloquant le site de forage. Il y a eu aussi des arrestations au Gidimt’en Checkpoint, une réoccupation du site de notre village traditionnel dans le yintah des Cas Yikh, qui ne dérangeait pas le travail de Coastal GasLink.

« Nous savons que nous devons respecter nos responsabilités, et quoiqu’ils fassent pour essayer de nous abattre, nous n’oublierons jamais qui nous sommes en tant que peuple Wet’suwet’en. Nous honorerons toujours nos responsabilités envers Wedzin Kwa, envers notre yintah et toutes les générations futures » déclara Sleydo’.

Les Wet’suwet’en n’ont jamais cédé ni renoncé aux 22 000 km² de terre traditionnelle Wet’suwet’en à la Colombie Britannique ou au Canada, et ont prouvé devant la Cour Suprême du Canada que la propriété des Wet’suwet’en sur cette terre n’a jamais été éteinte. Nos chefs héréditaires ont combattu depuis des années devant des Cours coloniale pour protéger notre yintah, comme ils l’ont fait sur ce territoire depuis des temps immémoriaux. Selon Anuc nu’at’en (la loi Wet’suwet’en), les chefs de Maisons, représentant chaque groupe Wet’suwet’en impactés, ont interdit les terres Wet’suwet’en à Coastal GasLink, et en 2020, ils ont émis une notice d’éviction toujours en vigueur, à la compagnie.

Depuis 2019, la Police Montée a dépensé plus de 20 millions pour criminaliser l’autorité Wet’suwet’en sur nos terres, pour se déployer en tenue militaire, avec des drones, des hélicoptères, des véhicules tout-terrain, des motoneiges, des centres de commandement mobiles, et des unités K-9. La Police Montée a pointé des fusils de sniper et des armes d’assaut sur des Autochtones non-armés et utilisé des techniques de torture physiques et psychologiques contre des protecteurs de l’eau engagés dans la désobéissance civile non-violente. À ce jour, la police a procédé à 79 arrestations, parmi lesquelles celles de nos Chefs Héréditaires Wet’suwet’en.

« Je ne pense pas que Coastal GasLink, le gouvernement ou la police comprennent que les Wet’suwet’en sont là depuis des milliers d’années. En dépit de tout l’argent et de tous les efforts de la police et de Coastal GasLink pour se débarrasser de nous, nous ne partirons jamais. Jamais » dit Sleydo’.

Contact pour les médias : Jennifer Wickham, coordinatrice des médias au Gidimt’en Checkpoint.


Par Duane ‘Chili’ Yazzie
Publié par Censored News
Le 3 janvier 2022
Traduction Christine Prat

Le Coronavirus19 échappe à l’identification et la saisie. Les efforts acharnés de la science n’ont pas permis de trouver l’origine ou la cause du virus. C’est l’histoire de limitations imposées depuis longtemps par la science et la médecine occidentale. Il y a peut-être une explication pas si compliquée, mais avec un contenu complexe.

Avant la pandémie, l’humanité avait de graves problèmes. La crise climatique étouffait la vie sur la planète, la tension raciale entre une minorité de blancs et les gens de couleur était horrible. Maintenant, alors que le monde lutte pour sortir de la pandémie, ces problèmes sont passés d’un stade critique à celui d’un danger imminent. La crise climatique est accablante, l’industrie extractiviste, avec la complicité de la plupart des gouvernements, continue avec obstination et de manière exponentielle à faire ce qu’elle fait toujours : faire toujours plus d’argent sans se soucier des dévastations environnementales et humaines qu’elle laisse derrière elle.

Dans toute l’Amérique, le zèle de la suprématie blanche fait des métastases, brandissant impudemment le drapeau du racisme, du néocapitalisme libéral, des conspirations, de la politique mesquine à travers tout le pays. Les très convoités Etats-Unis sont radicalement polarisés. Les blancs font imploser leur gouvernement et leur société. Certains, qui n’avaient jamais imaginé avoir des inclinaisons de « suprémaciste blanc », se retrouvent alignés sur, ou ayant des sympathies pour l’agenda et la rhétorique de la suprématie blanche. Ça doit être génétique, entretemps ; la notion de supériorité blanche est enracinée dans de l’histoire ancienne.

Même quand sa peau éclate, la Terre est vivante, son essence spirituelle continue de battre. Elle pourrait mourir ou elle pourrait vivre ; l’espèce humaine décide de son sort. Cette réalité est insondable, d’importance nulle pour la majorité des blancs, en particulier ceux persuadés de la suprématie blanche. Ils mettent en péril le futur des petits-enfants.

Le virus du COVID est un phénomène de la nature. C’est un organisme vivant ; ça vit de mort.

Tout être vivant se défend quand il est menacé de blessure ou de mort. La Terre se bat pour sa vie, elle y engage toutes ses défenses. Le virus parait être un mécanisme de défense de la Terre. Si cela est vrai, c’est le sens commun de penser que la gravité du virus sera proportionnelle à la gravité des blessures infligées à la Terre et de l’extrémisme de la blessure perpétrée par l’inhumanité de la haine.

Une mère protège et défend instinctivement ses enfants. La Terre Mère défend ses enfants qui croient en la vérité et veulent vivre étant ce qu’ils sont supposés être. La Terre se rebelle contre l’exploitation extrême de l’entité qui est son corps et la répression brutale dont ses enfants sont victimes. Le message de la Terre est clair, mais le monde n’entend pas.

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