Klee Benally
Indigenous Action Media
24 février 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
« Toute ligne qui a été tracée par n’importe quel gouvernement, est une cicatrice sur la terre, gravée avec le sang des gens. »
Le récent conflit en Ukraine et les chiens de guerre* [« War Dogs »] qui, l’écume aux lèvres, battent les tambours nationalistes d’une autre guerre que certains mondes livrent, est la guerre permanente que certains refusent de voir qu’elle se fait tous les jours.
C’est la guerre qui fait comment les nations (et leurs politiques, quelle qu’en soit la forme) existent.
De la Palestine à Big Mountain et au-delà, l’ « histoire » moderne est écrite dans le sillon des lignes nationales avec le sang du peuple. Des lignes tracées sur des cartes aux oléoducs, ils se nourrissent du sang de la terre.
Les impérialistes se montrent mutuellement du doigt et se l’enfoncent dans la gorge.
Employant toute une série de vomitifs. Crevant les yeux pour trouver « le vrai ennemi ». Ils se rassemblent où ils sentent l’odeur de la mort, parce que leurs affinités sont celles des vautours.
Des sanctions ? Bien sûr, puisque le capitalisme a toujours été une arme.
Il fut un temps où l’histoire semblait être née au ralenti, et maintenant, le colonialisme et l’impérialisme sont diffusés en direct dans nos mains, pendant que nous essayons de dormir. CNNMSNBCFOX et autres assemblages de lettres [TF1BFMCNEWSFRANCEINFO…], rivalisent pour saisir et contrôler ce qui nous reste d’imaginations fracturées par les économies de l’attention… et nous saignons et déféquons le tout dans les moyens électroniques (contrôlés par les grandes entreprises).
Il y a ceux d’entre nous qui gardons nos ongles affutés et auxquels le contexte n’échappe pas. Nous jouons dans les cendres des empires passés, et nous conspirons.
* « War Dogs » film dont le titre a été traduit au Québec par « Chiens de Guerre », mais est resté « War Dogs » en France.
Chanson de Klee Benally sur l’occupation et la déportation, 2013, sous-titres français
https://vimeo.com/78662358
Chanson de Klee Benally contre les frontières et les murs, 2013, sous-titres français, enregistrée à la ZAD, Notre-Dame-des-Landes
https://vimeo.com/83388906
Par Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Article ©Ofelia Rivas
Sur Censored News
20 février 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Phoenix, Arizona – Les O’odham (les gens) sont descendants des Huhu-k’am (ceux qui sont partis). Les anciens étaient des architectes de grandes communautés dans toute la vallée de ce qui est devenu maintenant la métropole de Phoenix, qui s’étendait de ce qu’on appelle la ville Serpent et la Grande Maison, le long de la Rivière Gila, aux quartiers de luxe de Tucson et à l’est de Benson, en Arizona, aux Chihuahua du Nord, au Mexique, et jusqu’à la mer.
Les anciens construisaient de grands villages situés stratégiquement pour le commerce, mais aussi pour le bien-être et la santé. Les Huhu-k’am créèrent et utilisèrent des systèmes d’irrigation très étendus, certains sont encore utilisés aujourd’hui comme canaux par la ville de Phoenix, d’autres sont devenus d’importantes autoroutes.
Ils cultivaient une grande variété de graines anciennes que les O’odham plantent encore aujourd’hui. Les gens d’autrefois faisaient des poteries et de la vannerie remarquables, qui étaient à la fois fonctionnelles et esthétiques.
Les ancêtres lointains pratiquaient l’astronomie appliquée au Him’dag, le mode de vie. Ces grandes réalisations d’une société dépendent de relations amicales avec d’autres sociétés, la pratique d’organisations gouvernementales fondées sur l’égalité, pour le bien-être général de la population, et la mise en pratique du mode de vie, qui signifie voir toutes vies comme égales et essayer de vivre en harmonie à tous les niveaux, personnel, familial et communautaire.
Les sépultures de ces honorables gens ont été récemment profanées pour construire un immeuble d’appartements modernes pour les membres désavantagés de la société d’aujourd’hui.
Les Huhu-k’am et leurs descendants, les O’odham, n’ont jamais ouvert de tombes ni pratiqué aucune forme de déplacement d’une personne du site de sa sépulture.
Aujourd’hui, un rituel de réinhumation a été créé par un groupe spécifique, le « groupe de Réinhumation » pour apaiser l’état fédéral et l’état d’Arizona qui dominent les terres, et satisfaire à l’interprétation du règlement fédéral de rapatriement.
Cependant, dans tout le rituel et les manœuvres du soi-disant protocole, l’humanité n’est pas comprise.
C’est inhumain et illégal de déterrer des morts de leurs sépultures, c’est inhumain et illégal de voler les objets personnels dans ces tombes. C’est inhumain de stocker des restes humains.
Les systèmes de gouvernements tribaux d’aujourd’hui, corrompus et compromis, ne se contentent pas d’opprimer leur propre peuple, ils construisent des entrepôts à des millions de dollars, pour y entreposer des restes humains et des objets personnels appelés artéfacts funéraires.
En 2022, où est la législation concernant cet héritage ancien, pour des sociétés étrangères qui dominent les terres, et manipulent avec des dollars, pour ouvrir des tombes dans cette société soi-disant développée.
Où est l’application de la loi pour protéger ces restes humains anciens. Où sont les groupes de réflexion juridiques Autochtones et les législateurs Autochtones, pour se préoccuper de cette profanation continue de notre peuple, de l’héritage de notre prochaine génération.
Les O’odham qui pratiquent le Him’dag sont accablés par les dégâts continuels faits à l’équilibre naturel, maintenant défini comme équilibre « spirituel ».
En soutien à tous les défenseurs et tous les résistants.