A propos de la bombe larguée sur ordre de Trump en Afghanistan, la bombe non-nucléaire la plus puissante de l’histoire, baptisée MOAB, Mother Of All Bombs (Mère De Toutes les Bombes).

 

Par Indigenous Action Media
Publié le 13 avril 2017
Traduction Christine Prat

 

Toutes justifications et légitimité des cibles mises à part (et allez-vous faire foutre si vous pensez qu’il n’y a pas eu de victimes civiles), nous ne devons pas considérer le largage de la plus puissante bombe non-nucléaire de l’histoire, sans le mettre en relation avec la capacité et le potentiel de violence qui constituent l’existence même des soi-disant Etats-Unis.

Cette « Mère De Toutes les Bombes » – larguée par le seul pays au monde qui ait utilisé des armes nucléaires au combat, toutes les deux au Japon, sur des villes très peuplées, comme point final brutal, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale – n’est pas seulement une démonstration de force, elle représente un narratif apocalyptique menaçant toute vie, et pas seulement celle des tristes rejetons de l’Etat Islamique ou de l’Impérialisme des Etats-Unis.

En décembre 2016, Trump a twitté que « les Etats-Unis devaient grandement renforcer et étendre leur capacité nucléaire, jusqu’à ce que le monde ait repris ses esprits en ce qui concerne le nucléaire. » La détonation de la “Mère De Toutes les Bombes” démontre clairement que le Fasciste en Chef n’a aucune inhibition le retenant d’utiliser une arme encore plus puissante.

Souvenez-vous que le potentiel pour une violence d’Etat globale existe quel que soit le parti au pouvoir : par exemple, il y a eu dix fois plus d’attaques aériennes (surtout avec des drones qui ont éradiqué des centaines de vies de civiles) sous la présidence d’Obama que sous celle de George W. Bush.

Pendant la guerre froide, les Etats-Unis ont employé une stratégie militaire et nationale connue sous le nom de Destruction Mutuelle Assurée (MAD – qui veut dire ‘fou’ NdT – Mutually Assured Destruction; dans la France de de Gaulle, ça s’appelait juste ‘dissuasion’ – NdT). Selon Wikipédia, « MAD est une doctrine de politique de stratégie militaire et de sécurité nationale dans laquelle l’utilisation illimitée d’armes nucléaire par deux ou plusieurs parties opposées causerait l’annihilation complète de l’attaquant comme de l’attaqué… »

C’était, littéralement, une doctrine de « l’annihilation. »

L’imaginaire théologique, pop-culturel et politique d’annihilation totale a occupé l’espace entre les rêves et les cauchemars pendant des générations, mais c’est l’invention des armes nucléaires qui rendu l’apocalypse techniquement possible.

Les entreprises qui produisent ces armes et les industries minières qui les alimentent, et de façon plus large l’incontournable Complexe Militaro-Industriel, ont toutes fait de l’argent de cette fervente croyance.

Les partisans du refus radical de la guerre et du nucléaire ont longtemps résisté et attaqué ces armes de destruction massive, les systèmes politiques qui les engendrent, et les entreprises qui profitent de leur prolifération.

Dans les années 1980, le Mouvement Plowshares [Chrétiens pacifistes et anti-nucléaires, s’intitulant ‘socs de charrues’, référence biblique – NdT] organisait des actions telles que s’introduire par effraction dans des bâtiments militaires, détruire des ogives et des têtes de fusées nucléaires, et verser du sang sur les documents et les dossiers.

De 1986 à 1994, des Shoshone du Nevada et un groupe appelé Nevada Desert Experience, ont entrepris des actions directes sur le Site de Tests du Nevada, le premier site de tests des armes nucléaires des soi-disant Etats-Unis : il y eut près de 16000 arrestations. Plus de 1000 tests de détonation de bombes atomiques ont été perpétrés à Newe Segobia (terres des Shoshone de l’Ouest – lieu introuvable sur Google Maps, NdT), et des dizaines dans les Iles Marshall. La radioactivité produite par ces tests a causé des cancers et autre contamination directe aux communautés locales ou vivant sous le vent des sites. Les Autochtones des Iles Marshall ont refusé de se reproduire, à cause des extrêmes handicaps congénitaux résultant des actions effroyables du colonialisme nucléaire.

En 2006, les Etats-Unis ont menacé de tester la « Frappe Divine », bombe non-nucléaire, une arme capable d’  « exploser les bunkers », de la même catégorie mais beaucoup plus puissante que la MOAB, sur l’ancien site de Newe Segobia occupée. Les Shoshone et les groupes anti-nucléaires sont intervenus et ont finalement réussi à empêcher le test, affirmant que c’était un précurseur à l’utilisation d’armes nucléaires.

Historiquement, des groupes de libération militants comme les Black Panthers pour l’Autodéfense, l’American Indian Movement, Women of All Red Nations, Weather Underground, et d’autres, ont tous reconnu que des formes d’action diverses et plus directes étaient nécessaires face à la violence d’état généralisée.

Aujourd’hui, tandis que des centaines d’espèces disparaissent chaque jour, et que les voies de l’impérialisme américain sont pavées d’héritages d’écocides et de génocides, nous avons apparemment trouvé le moyen de fétichiser l’apocalypse avec des fantasmes et des scenarii de survie de zombies. A bien des égards, il parait être plus facile d’imaginer l’annihilation que de créer des solutions, de s’organiser et d’y faire quelque chose.

Historiquement, les activistes anti-guerre et anti-nucléaire radicaux n’avaient rien à foutre de la « politique de la respectabilité » ni de la destruction de la propriété considérée comme « violence », comparées à cette menace. Ils ont littéralement pris une massue contre la source de la violence d’état, et par là, l’ont, symboliquement et matériellement, neutralisée.

Tout comme il y a des points d’intervention dans tous les aspects de ce qu’on appelle la chaîne nucléaire (extraction d’uranium, transport, retraitement, énergie, armes et déchets), il y a des points d’intervention dans toutes les activités du complexe militaro-industriel; des entreprises qui produisent les composants électroniques pour les armes, jusqu’aux centres de recrutement de l’armée, aux transports de machines militaires par route et rail, et aux bases militaires dans tous ces territoires volés.

Alors que Michael Franti chante « nous pouvons bombarder le monde pour le réduire en éclats, mais nous ne pouvons pas le bombarder pour le réduire à la paix », peut-être que notre adaptation du refrain pourrait être « vous ne pouvez pas bombarder le monde pour le réduire en éclats si nous bousillons vos machines. »

 

#anticolonialisme #pouvoirauxantiimpérialistes #nonaunucléaire #meredetouteslesbombes #combattezlaguerre

#powertotheanticolonial #powertotheantiimperial #nonukes #moab #fightwarnotwars

 


Des canons à eau vaporisent dans l’air l’eau du puits de Canyon Mine. Photo Alicyn Gitlin

 

La Compagnie minière Energy Fuels enfreint le Plan d’Opération pour éliminer l’excès d’eau ; le forage continue, bien que les permis environnementaux aient expirés

 

POUR PUBLICATION, 20 mars 2017
Sur le site de Haul No!
Contact :
Alicyn Gitlin, Sierra Club Grand Canyon Chapter, alicyn.gitlin@sierraclub.org
Leona Morgan, Haul No!, stopcanyonmine@gmail.com
Traduction Christine Prat

 

TUSAYAN, Arizona – La mine très controversée Canyon Mine, située à environs dix kilomètre de la Rive Sud du Grand Canyon, se remplit d’un excès d’eau, après un hiver très pluvieux. Pour se débarrasser de l’eau au fond du puits de mine, le propriétaire, Energy Fuels Resources (USA), fait transporter l’eau radioactive à l’usine de retraitement d’uranium de White Mesa, près de Blanding, dans l’Utah et la vaporise dans l’air et sur la toute proche Forêt Nationale de Kaibab, pour essayer de la faire évaporer. Le Plan d’Opérations exige que tout excès d’eau soit maintenu dans des bassins et traité sur place.

En même temps, Energy Fuels a laissé expirer les permis environnementaux visant à protéger l’eau du sous-sol.

Les communautés de la Nation Navajo habitant le long du trajet allant de Canyon Mine à l’usine de White Mesa n’ont pas été prévenues officiellement de la nature des matériaux dangereux devant être transportés. Le trajet couvre environs 500 km, dont approximativement 290 km à travers la Nation Navajo et la communauté Ute de Ute Mountain, au sud de l’usine. La Nation Navajo a une loi qui limite le transport de matériaux radioactifs, y compris le minerai d’uranium, « sur, sous ou à travers le Pays Indien de la Nation Navajo »[1] ; cependant, les Navajo n’ont pas juridiction sur les routes d’état [Arizona et Utah] du trajet. Sur les camions, il est juste indiqué « eau non-potable » et au moins un des camions observé avait un panneau trompeur indiquant comme contenu « produits pétroliers ».

Les peuples Autochtones ne sont pas seulement inquiets à cause du transport, mais aussi pour Red Butte, classée comme Propriété Culturelle Traditionnelle et site sacré, à proximité de la mine, ainsi que pour les risques posés aux précieuses ressources en eau, la possibilité d’accidents, l’absence de plans d’urgence, et les effets sur la santé humaine, les plantes et la vie sauvage.

« En tant que Nation Navajo, nous avons été confrontés à l’uranium depuis la guerre froide et nous sommes toujours confrontés au problème des mines abandonnées par des gens irresponsables… la dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’une autre mine opérant des transports à travers nos communautés… Pas de Transport! [No Haul! » dit Milton Tso, Président du Chapitre de Cameron.

Le Service des Forêts des Etats-Unis n’a pas exigé qu’Energy Fuels mette à jour le Plan d’Opérations de 1986 afin de refléter toute nouvelle information ou technologie, quand ils ont recommencé à forer après près de 30 ans de ‘standby’, au cours desquels la mine était non-opérationnelle. Maintenant, avant même que du minerai d’uranium n’ait été sorti de la mine, il semble qu’ils ne se conforment déjà plus à leur Plan.

De plus, Energy Fuels a laissé ses permis pour le stockage sur place de matériau retiré du puits de mine expirer en août 2016.[2] Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona n’a reçu aucun document de la compagnie pour le renouvellement des permis.

« C’est inacceptable et ne fait que confirmer nos inquiétudes à propos de cette mine. L’industrie minière a dit que l’extraction est plus propre et plus sûre que par le passé, mais maintenant le puits a été inondé et ils ont dû recourir à de l’improvisation avant d’avoir même commencé à extraire du minerai. Nous ne devons pas faire confiance à cette mine ni à cette compagnie minière, si près d’une des Merveilles du Monde naturelles. Ils mettent en danger les eaux du Grand Canyon » dit Alicyn Gitlin, du Sierra Club.

Energy Fuels a foré le puits jusqu’à environs 450 m et a intercepté du minerai d’uranium de haute teneur, bien que l’extraction n’ait pas encore commencé.[3] L’eau du bassin de la mine, transportée en camion et vaporisée dans l’air, contient trois fois la limite de sécurité d’uranium dissous dans l’eau potable.[4] Mais on ne sait quelle quantité d’eau est partie du site de la mine. Compte tenu de l’hydrologie complexe du Grand Canyon, on ne sait pas si l’eau contaminée s’infiltre du puits de mine non achevé dans les eaux souterraines de la région, qui alimentent des ruissellements et des sources du Grand Canyon.

Vaporisation d’eau dans la Forêt de Kaibab. Photo Klee Benally

« C’est encore un bon exemple de racisme environnemental, que d’autoriser le transport de liquides radioactifs dans des camions non-signalés à travers des communautés et sans avertir le public ni les nations autochtones environnantes. Nous avons le droit de savoir, au grand minimum, afin que des mesures adéquates et des plans d’urgence soient mis en place en cas de fuite ou d’accident » dit Leona Morgan, de Haul No!, une initiative conduite par des autochtones inquiets du transport d’uranium.

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Contexte

En 2012, le gouvernement Obama a publié un « retrait minier » interdisant toute nouvelle concession minière ainsi que le développement de concessions n’ayant pas de droits en cours de validité sur plus de 4000 km² de terres publiques autour de Parc National du Grand Canyon. En dépit des protestations du public et des poursuites en justice de tribus Indiennes locales et de groupes écologistes, les agences fédérales ont autorisé trois mines d’uranium à enfreindre le « retrait » et à reprendre leurs opérations.

Une de ces mines, Canyon Mine, a été approuvée en 1986, mais les propriétaires ont cessé l’exploitation en 1992, quand le prix de l’uranium a chuté. En 2010, Red Butte, près de la Canyon Mine, a été classée Propriété Culturelle Traditionnelle. En 2012, la Forêt Nationale de Kaibab a décidé que Canyon Mine pouvait reprendre l’exploitation sans mettre à jour la Déclaration d’Impact Environnemental ni le Plan d’Opérations. La Tribu Havasupai combat la décision du Service des Forêts à la Cour d’Appel du 9ème Circuit pour obliger le Service des Forêts à prendre en considération les nouvelles informations et technologies, et pour exiger la consultation de la tribu selon la Loi de Préservation Historique Nationale.

Dans une lettre datée du 17 mars 2008, concernant la « Notification de la Décision de l’ADEQ [Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona] de Refuser un Permis Général de Protection des Nappes Aquifères de Type 3.04 au Site Canyon Mine de Denison Mines (USA), » l’ADEQ écrivait « … il a été déterminé que votre site n’était pas conforme aux exigences quant au plan, à la construction et à l’installation, pour l’obtention d’un Permis Général de Type 3.04, selon les articles A.A.C. R18-9-D304(A) et A.A.C. R18-9-D304(C). » Dans un article de l’Arizona Daily Sun, le Directeur de l’ADEQ, Steve Owens, dit « C’est à eux de nous prouver qu’il n’y aura pas d’impact sur les eaux souterraines. »[5] Pourtant, en une volte-face complète, en 2009 un Permis Général de Protection des Nappes Aquifères a été accordé pour Canyon Mine.

Lorsqu’ Energy Fuels Resources (USA) a acheté Canyon Mine, elle a fait transférer à son nom le Permis Général de Protection des Nappes Aquifères de Type 3.04 pour le stockage d’eau non pluviale, et deux Permis de Type 2.02, qui permettent le stockage intermédiaire de minerai. Le permis de Type 3.04 expire le 31 août 2019, et les permis de Type 2.02 expiraient le 30 août 2016.[6] L’ADEQ n’a aucun nouveau document à examiner ou enregistré pour renouveler les permis Type 2.02, cependant Canyon Mine continue de construire son puits de mine et d’empiler les déchets sur place.

En 2010 des échantillons d’eau prélevés par les Etudes Géologiques des Etats-Unis [USGS] ont montré que quinze sources et cinq puits contenaient des concentrations d’uranium dissous excédent les standards de l’Agence de Protection de l’Environnement pour l’eau potable. Le rapport de l’USGS concluait que ces sites contaminés « étaient liés aux opérations minières. » En 2013, le Service des Parcs Nationaux dit que « les puits d’eaux souterraines régionales près des mines Canyon, Pinenut et Hermit ainsi que les puisards à la base des mines Pigeon et Hermit avaient révélé des concentrations d’uranium dissous excédant les standards pour l’eau potable (30 microgrammes par litre), les concentration au puisard d’Hermit Mine excédant 36000 microgrammes par litre. »

D’après le Plan d’Opérations pour Canyon Mine de 1984, « tout drainage de surface de la cour devra aller dans le ou les bassins de rétention. De plus, si un excès d’eau est découvert au cours de l’extraction, il sera stocké et traité dans ce secteur avant d’être évacué… Toute eau rencontrée au cours de l’extraction qui ne peut pas être utilisée en lien avec l’extraction, devra être évacuée dans ces bassins de rétention et y être retenue jusqu’à évaporation ou traitée jusqu’à ce qu’elle soit conforme aux standards d’évacuation applicable selon le permis NPDES [Système National d’Elimination de Polluants Evacués][7]. »

La Déclaration Finale d’Impact Environnemental pour Canyon Mine exige que « le(s) bassin(s) de rétention dans la cour de la mine doivent pouvoir recevoir les eaux tombées localement au cours de l’orage du siècle, plus les précipitations annuelles normales, et l’eau qui pourrait être pompée de la mine. Le volume d’eau dans le(s) bassin(s) doit être maintenu à un niveau qui permette une capacité en réserve pour recevoir l’eau résultant d’évènements imprévisibles et ceux normalement attendus. »[8] Le bassin de rétention n’était clairement pas suffisant pour recueillir l’eau pompée de la mine cette année.

 

[1] http://www.navajonationcouncil.org/Navajo%20Nation%20Codes/Title%2018/CF-18-12.PDF

[2] Numéros et dates des permis: Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56663. Dated August 21, 2012; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56664. Dated August 21, 2012.

[3] Energy Fuels, 1016. Encore du minerai d’uranium de haute teneur trouvé à la mine d’Energy Fuels, Canyon Mine, ce qui fait progresser l’expansion de la zone du minerai. Original en Anglais : http://www.energyfuels.com/news-pr/high-grade-uranium-intercepts-energy-fuels-canyon-mine-continue-expand-mineralized-zone/

[4] Mine d’uranium doit faire face à un excès d’eau, article de l’Arizona Daily Sun, en anglais sur : http://azdailysun.com/news/local/uranium-mine-deals-with-excess-water/article_1f35d10b-3802-5083-a5bd-1c3f255363fc.html

[5] Permis miniers refusés, Arizona Daily Sun, 14 mai 2008.

[6] Spécification des permis et dates d’attribution: Arizona Department of Environmental Quality Discharge Authorization Type 3.04 General Aquifer Protection Permit. LTF # 60849. Issued to Energy Fuels Resources (USA) Inc. based on Renewal Form dated 7/16/2014; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56663. Dated August 21, 2012; Arizona Department of Environmental Quality Transfer Notice of Recording for a Type 2.02 General Aquifer Protection Permit. LTF # 56664. Dated August 21, 2012.

[7] Energy Fuels Nuclear, Inc. 1984. Plan d’Opérations, Déclaration d’Intentions, Canyon Mine, 1984, pp 14, 19. En anglais sur : https://www.fs.usda.gov/Internet/FSE_DOCUMENTS/fseprd475369.pdf

[8] USDA [Ministère de l’Agriculture US], 1986, Déclaration Finale d’Impact Environnemental pour Canyon Mine, p. 2.33. En anglais sur : https://www.fs.usda.gov/Internet/FSE_DOCUMENTS/stelprdb5346657.pdf

 

L’extraction d’uranium pourrait commencer début juin 2017 sur un Site Sacré

Par Haulno.org
Publié par Indigenous Action Media
Le 6 avril 2017
Traduction Christine Prat

GRAND CANYON DU COLORADO, Arizona – Energy Fuels a annoncé récemment avoir terminé le forage du puits de sa mine d’uranium Canyon Mine, qui est située à seulement quelques kilomètres du Grand Canyon. La compagnie est actuellement en train d’élaborer un plan sur la base des résultats du forage avant de reprendre la construction sur le site. Ils ont aussi licencié temporairement la plupart de leurs ouvriers.

Energy Fuel menace de pouvoir commencer à extraire du minerai d’uranium dès juin 2017.

« Energy Fuels viole Notre Mère la Terre, profane Red Butte qui est sacrée, et maintenant amène de l’eau empoisonnée mêlée d’uranium de leur mine près du Grand Canyon. C’est scandaleux de voir des mineurs inconscients vaporiser leur pollution radioactive sur ces terres sacrées » dit Klee Benally, coordinateur à Clean Up The Mines et bénévole à Haul No! « Qu’en plus ils transportent des millions de litres de ces produits toxiques à travers Diné Bikeyah (la Réserve Navajo) sans notre consentement informé, et alors que nos communautés continuent de souffrir des effets de l’héritage mortel de l’industrie nucléaire, est proprement scandaleux. Si Canyon Mine est autorisée à continuer de profaner Notre Mère la Terre, nous serons sous la menace de centaines de camions transportant des millions de kilos de minerai radioactif sur nos routes et au-dessus de nos cours d’eau. Nous ne laisserons pas cela se faire, Haul No! [Transport Non!] »

Le dimanche 12 mars 2017, des représentants de Haul No!, de Diné No Nukes, de Clean Up The Mines, de The Golden Rule, de Vétérans pour la Paix, du Sierra Club et du Centre pour la Diversité Biologique, ont entrepris une visite du site pour surveiller les opérations de Canyon Mine. Les groupes ont été témoins de ce que des travailleurs d’Energy Fuels vaporisaient de l’eau à plus de 12 mètres de haut dans l’air, et ont vu de nombreux camions d’eau sans indication spéciale, arriver sur le site. Ils ont aussi été témoins de ce que l’eau était vaporisée dans la forêt environnante et une propriété culturelle traditionnelle.

Vidéo filmée par Haul No! et sous-titrée en français

On s’était aperçu que de l’eau s’était accumulée au fond du puits de la mine. A cause de ce problème, Energy Fuels a commencé à transporter l’eau contaminée par camions, jusqu’à l’usine de retraitement d’uranium White Mesa Mill, près de Blanding, en Utah, et a en vaporiser dans l’air et dans la Forêt Nationale de Kaibab juste à côté, pour essayer de la faire évaporer. Le Plan d’Opérations approuvé par la Forêt Nationale de Kaibab exige que toute eau en excès soit retenue dans des bassins et traitée sur place. (Communiqué de presse de Haul No!)

Plusieurs des participants à l’opération de surveillance avaient amené une banderole sur laquelle on pouvait lire « Ne Nucléarisez Pas le Grand Canyon, Arrêtez Canyon Mine » et ont affronté les ouvriers. Des mineurs ont déclaré que « rien de toxique » ne sortait de la mine. D’après le quotidien Arizona Republic, des échantillons prélevés dans le bassin de la mine présentaient 130 parts d’uranium dissous par milliard. Les règles de l’Agence de Protection de l’Environnement indiquent qu’au-dessus de 30 parts par milliard, l’eau est dangereuse à boire.

Bien que les groupes aient fourni de la documentation sur vidéo et des photos, le Service pour la Qualité de l’Environnement d’Arizona et le Service de la Forêt Nationale de Kaibab ont nié qu’il y ait eu des infractions.

Les Communautés de la Nation Navajo vivant le long du trajet de transport de Canyon Mine à l’usine White Mesa, n’ont pas été prévenues officiellement de ce que des matériaux dangereux étaient transportés.

« C’est encore un exemple flagrant de racisme environnemental, d’autoriser le transport non surveillé de liquides radioactifs dans des camions non-signalés parmi des communautés, et de ne pas informer le public ni aucune des Nations Autochtones des environs. Nous avons le droit de savoir, au grand minimum, afin de s’y préparer adéquatement et de mettre en place des actions urgentes en cas de fuite ou d’accident » dit Leona Morgan, qui travaille pour Diné No Nukes et est bénévole pour Haul No!

La membre du Conseil Havasupai Carletta Tilousi avait déclaré auparavant « La Canyon Mine ne menace pas seulement le peuple et le territoire Havasupai, mais potentiellement tous les utilisateurs de l’eau du Fleuve Colorado en aval, y compris Las Vegas et Los Angeles. Les membres de la Tribu Havasupai, gardiens du Grand Canyon, sont attaqués et demandent votre soutien et vos prières pour protéger le Grand Canyon de l’extraction d’uranium devant être utilisé dans des réacteurs nucléaires au bénéfice des Etats-Unis et au profit de l’industrie nucléaire mourante. »

Red Butte est un site sacré et classé comme propriété culturelle traditionnelle, Canyon Mine est située à l’intérieur du périmètre du site sacré.

La Nation Havasupai et des groupes environnementaux ont encore des poursuites en cours contre le Service des Forêts et Energy Fuels concernant les menaces sur le site sacré et les infractions à la procédure selon la NEPA [Loi sur la Politique Environnementale Nationale]. Une décision devrait être prise incessamment. Si Energy Fuels est autorisé à poursuivre ses activités, jusqu’à 25 camions par jour pourraient transporter 30 tonnes de minerai hautement radioactif sur les petites routes et les autoroutes d’Arizona. Le minerai traverserait des villes comme Valle, Williams et Flagstaff; et dans la réserve Navajo, des communautés comme Cameron, Tuba City et Kayenta; et près de la réserve Hopi; et arriverait finalement à l’usine White Mesa d’Energy Fuels, à seulement 5 km de la communauté tribale Ute de Ute Mountain, de White Mesa, en Utah.

La Nation Navajo a une loi qui limite le transport de matériaux radioactifs, entre autre le minerai d’uranium, « au-dessus, en-dessous ou à travers le Pays Indien Navajo » ; cependant les Navajo n’ont pas la juridiction sur les routes d’état du trajet de transport.

La Nation Navajo a déjà été dévastée par 523 mines d’uranium abandonnées, et 22 puits d’eau potable ont été fermés par l’Agence de Protection de l’Environnement à cause de hauts degrés de pollution radioactive.

Le 25 mars, au cours de la réunion du Conseil de l’Ouest de la Nation Navajo, le Président du Chapitre de Cameron, Milton Tso, a soutenu avec succès une résolution demandant aux 18 Chapitres de la Nation Navajo d’interdire le transport de minerai d’uranium, d’eau contaminée et tout autre matériau de Canyon Mine.

Sarana Riggs, une bénévole de Haul No! était présente à la réunion. « Le siège du Chapitre était tellement plein que les gens devaient attendre dehors ou rester debout où ils pouvaient » dit S. Riggs. « Tous ces gens de la représentation de l’Ouest étaient là pour entendre les nombreuses inquiétudes de la communauté, entre autres l’information sur Canyon Mine. La plupart de ceux qui étaient là n’étaient pas au courant du trajet du transport ni de l’extraction de minerai et ont parlé de leurs propres soucis avec les mines d’uranium du passé qui continuent à hanter leurs familles dans la Réserve Navajo. Après le vote et la fin de la réunion, beaucoup de gens nous ont demandé de les aider à organiser des réunions publiques éducatives pour leurs propres communautés. »

« Ça m’inquiète que nos dirigeants élus ne soient pas plus impliqués dans l’information des communautés, attendent-ils une nouvelle catastrophe avant de se préoccuper de ce problème? Nous allons faire ce que nous pouvons pour informer les gens et empêcher le transport de minerai, et finalement faire fermer Canyon Mine! Nous avons connu beaucoup trop de cœurs brisés par łeetsó (uranium) et nous devons laisser ce monstre dans le sol! » dit S. Riggs.

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Donald Trump clame vouloir construire un très, très grand mur le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. En fait, le projet existe depuis longtemps, et la construction a commencé en 1994. Elle a dû être interrompue faute de moyens – ça se compte en dizaines de milliards. En plus, il y a eu beaucoup d’opposition au Texas, non seulement de la part des Autochtones dont les communautés risquaient d’être coupées en deux, des militants des Droits de l’Homme qui soutiennent les immigrants, des organisations écolo qui s’insurgent contre les dégâts occasionnés par la construction à des sites naturels classés, mais aussi de la part d’autorités qui, sans avoir aucune sympathie pour les immigrants, préféraient une autre solution. Et le Texas est séparé du Mexique par le Rio Grande, qui ne doit pas être si facile à traverser.

Le Mur existe déjà en Californie et en Arizona, quelques morceaux ont été construits au Nouveau-Mexique et au Texas. En Californie, les premières sections construites sont identiques au Mur construit par les Israéliens en Palestine, vu qu’elles ont été confiées aux mêmes entreprises. En Arizona, la quasi-totalité de la frontière est bouclée, par une énorme barrière aux endroits les plus faciles à traverser, par des barres métalliques et des fils barbelés qui ne bloquent que les véhicules, là où il est très difficile de survivre à la traversée.

L’excellent reportage réalisé fin février 2017 par une équipe du site d’informations alternatif « Unicorn Riot », que vous pouvez voir ci-dessous sous-titré en français, donne beaucoup d’informations sur l’hostilité aux immigrants et l’explosion du racisme qui ne se cache plus, le travail très dur et très courageux de l’association « No More Deaths » [« Plus de Morts »], qui aide les immigrants perdus dans le désert de Sonora depuis plus de 10 ans, le rôle des entreprises privées qui profitent honteusement de la situation, les exactions de la Patrouille des Frontières et des milices privées fascistes, etc.

Mais le Mur divise aussi des communautés Autochtones, en particulier, en Arizona, la communauté Tohono O’odham (pour plus d’informations, voir l’article et l’interview d’Alex Soto, Tohono O’odham). Les Tohono O’odham se plaignent de subir une surveillance permanente de la part de la Patrouille des Frontières, qui a installé beaucoup de caméras de surveillance, qui sont loin d’être toutes dirigées vers le Mexique, beaucoup étant dirigées vers la Réserve Tohono O’odham, et des agents de la Patrouille des Frontières qui roulent à tombeau ouvert dans la Réserve sur des pistes difficilement praticables, et tuent régulièrement des piétons.

De plus, quand on parle de mur pour lutter contre « l’immigration illégale », il faut savoir que les états ayant une frontière commune avec le Mexique, ont été conquis par les Etats-Unis en 1846 et que la frontière actuelle a été dessinée à la règle et à la plume lors du Traité Guadalupe Hidalgo de 1848. Les Autochtones vivaient là depuis des temps immémoriaux, les autres Mexicains depuis plusieurs siècles. Ceux qui se trouvaient du côté US de la frontière de 1848 sont devenus citoyens US malgré eux, et ont été arbitrairement séparés de leurs familles et communautés qui sont du côté mexicain. Il n’est donc pas vraiment légitime de parler d’ « immigration illégale » lorsqu’il s’agit de gens arbitrairement séparés en 1848. D’ailleurs, dans ces états, les panneaux dans les rues, les messages dans les avions, etc., sont toujours bilingues, anglais et espagnol, vu qu’il y a toujours beaucoup d’hispanophones parmi les ‘citoyens américains’. Pendant longtemps, les habitants de villages coupés en deux pouvaient passer assez facilement dans l’autre partie, mais quand i a été décidé de « lutter contre l’immigration » un visa coûtant 100 dollars a été imposé, ce qui est inabordable pour les villageois. Là-bas comme partout, peut-être plus encore que partout, il ne s’agit pas de « lutte contre l’immigration », mais de colonialisme.

Vous trouverez ci-dessous le reportage de Unicorn Riot sous-titré en français, un article de Censored News publié à l’occasion de la sortie du reportage et un vidéo clip réalisé par Klee Benally pour la sortie du nouvel album du duo hip-hop engagé Shining Soul (l’un des membres est Alex Soto, Tohono O’odham), tourné sur la frontière.

Christine Prat

 

 

CRUAUTE ET HAINE : DYNAMIQUE DU MUR FONTIERE A L’ERE DE LA SUPREMATIE BLANCHE DE TRUMP

Par Brenda Norrell
Censored News
Mars 2017
Traduction Christine Prat

Unicorn Riot a produit une nouvelle vidéo de la frontière U.S. / Mexique, qui dénonce la haine et les profits à la base du mur projeté par Trump. La cruauté et la haine du gouvernement des Etats-Unis à la frontière sont maintenant amplifiées en cette ère de suprématie Blanche de Trump.

Les images disent la véritable histoire de la façon dont les Agents U.S. de la Frontière détruisent l’eau qui pourrait sauver la vie des migrants, et montrent la police de Tucson vaporisant du poivre dans les yeux des manifestants soutenant les droits des migrants.

C’est la véritable histoire qui dit comment les Etats-Unis fournissent des armes aux cartels du Mexique pour alimenter la guerre de la drogue, et sont impliqués dans le transport de la drogue.

Suivez la piste de l’argent, et la piste des riches Blancs suprématistes en Amérique. Les Etats-Unis remplissent des prisons privés de migrants pour les dollars, et y mettent des enfants de migrants en violation de la loi internationale. Regardez la vidéo d’Unicorn Riot [ci-dessus].

A Censored News, beaucoup de nos articles originaux les plus censurés au cours de la dernière décennie, venaient de la frontière. Ça inclut mentionner qu’une session du Congrès avait dénoncé le fait que des centaines d’agents de la Patrouille des Frontières et de l’ICE avaient été arrêtés pour avoir passé de la drogue, et servaient de relais aux cartels pour transporter leur marchandise à travers la frontière.

Egalement censurée, il y eu la brochure concernant les armes d’assaut fournies aux cartels, d’abord à la frontière du Texas sous le gouvernement Bush, fourniture qui continue toujours.

Récemment, l’information la plus censurée concerne le fait que le gouvernement des Etats-Unis a accordé un contrat pour la sécurité à la frontière à Elbit Systems, la compagnie Israélienne responsable de la sécurité de l’Apartheid en Palestine, sous le gouvernement Obama. Les tours de surveillance d’Elbit visent maintenant les communautés traditionnelles O’odham. Le District de Gu-Vo se bat actuellement pour protéger des sites funéraires de la construction de ces tours de surveillance américano-israéliennes.

L’article de Censored News signale également que « trois groupes de plus », devant jouer au festival ‘South to Southwest’ à Austin, ont été refoulés à la frontière. Parmi eux, un bassiste Autochtone, à qui un agent de la frontière a dit que la prochaine fois, il devrait fournir le résultat d’une analyse de sang, ce qui est interdit par la loi fédérale.

 

Vidéo réalisée par Klee Benally à la frontière pour le nouvel album du duo de hip-hop Shining Soul