LE GOUVERNEMENT DES ETATS-UNIS ET SES SOUS-TRAITANTS DÉTRUISENT DES SEPULTURES ET DES TERRES SACRÉES
Photos ©Ofelia Rivas
Article par Brenda Norrell
Censored News
26 janvier 2020
Traduction Christine Prat
A’AL VI’PIA [Quitobaquito], Territoire O’odham – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, décrit la destruction de terres O’odham, sur lesquelles le gouvernement des Etats-Unis et ses sous-traitants détruisent des sites funéraires, des lieux sacrés et des itinéraires de migration d’espèces menacées, pour un petit bout de mur-frontière sur les terres O’odham.
Des restes humains, datant d’entre 300 et 1500, des anciens Hohokam, ancêtres des O’odham, ont été trouvés dans cette zone en 2019. Le gouvernement des Etats-Unis et les entreprises sous-traitantes savaient qu’ils enfreignaient des lois de l’état et fédérales en déterrant des tombes dans une zone connue comme sacrée, lieu de cérémonies pour les O’odham, mais ont gardé le secret jusqu’en janvier 2020.
« Ces entreprises sont responsables de camions lancés à trop grande vitesse, de passer au bulldozer les animaux et les plantes, de détruire l’habitat des animaux et leur migration naturelle, » dit Ofelia Rivas à Censored News.
Ofelia Rivas est fondatrice de La Voix O’odham Contre le Mur, et a passé sa vie à dénoncer la Patrouille des Frontières et la militarisation des territoires O’odham.
Le gouvernement des Etats-Unis a enfreint toutes les lois de l’état et fédérales protégeant : les sites funéraires des Amérindiens ; les espèces menacées ; les itinéraires de migration, et l’eau, le sol et l’air, pour construire ce mur de frontière illégal.
Ces destructions affectent les O’odham qui vivent sur leur propre terre et dans leurs communautés des deux côtés de la prétendue frontière, en Arizona, et dans l’état de Sonora, au Mexique.
Bien que les restes humains aient été trouvés au printemps et à l’automne 2019, l’information n’a été rendue publique qu’en janvier 2020, après que beaucoup de destructions aient été effectuées. Encore plus de destruction se prépare.
Ofelia Rivas dit « Ce mur est insignifiant – c’est une politique systématique du gouvernement. Je me demande si ce n’est pas une occasion de susciter la controverse pour détourner l’attention d’autres choses qui se déroulent loin du regard du public. »
Ofelia Rivas fit aussi remarquer que les officiels du Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue violaient les droits des O’odham depuis longtemps.
« Les autorités du Monument National ont longtemps barré l’accès d’A’al Vi’pia aux O’odham pour y pratiquer des cérémonies, traditionnelles depuis des temps immémoriaux, sur les sites funéraires et les sources sacrées. »
« Les autorités tribales ont non seulement négligé ces territoires ancestraux, mais ont continué à exprimer leur rhétorique répétitive, faisant de leur mieux pour continuer à se conformer à des idéologies capitalistes étrangères – très dommageables pour les obligations des O’odham, en tant que Peuple Premier, envers ces terres, selon leur mandat d’origine, de vivre en équilibre avec la nature. »
« Nos enfants et les générations futures se font voler la perspective d’une vie équitable » dit Ofelia à Censored News.
Ofelia Rivas dit que l’évaluation environnementale accélérée pour le mur-frontière démontre l’irresponsabilité de l’état d’Arizona et du gouvernement fédéral des Etats-Unis.
« Les gouvernements tribaux ont longtemps été confrontés à des évaluations environnementales faites de copié-collé. Les gouvernements tribaux ont fait un piètre exercice de souveraineté en ce qui concerne la protection des droits culturels Autochtones et la protection des gens, » dit Ofelia Rivas.
Cette semaine, un deuxième camion chargé de matériaux de construction pour le mur a eu un accident sur l’autoroute 86 de l’état d’Arizona, près du lieu où un précédent camion chargé des mêmes matériaux avait été accidenté en octobre dernier. Les deux accidents ont eu lieu dans la Nation Tohono O’odham.
« L’entreprise Southwest Valley Constructors d’Albuquerque, et tous les autres sous-traitants, font des excès de vitesse de la frontière à Ajo, en Arizona. Les camions roulant à grande vitesse sur l’autoroute 86 mettent en danger les gens sur leur trajet. »
« Le gouvernement de l’état est irresponsable. Il ne met pas seulement en danger les O’odham locaux, mais aussi les touristes locaux et les visiteurs d’hiver. Le gros du trafic empreinte l’autoroute 86. »
« L’état doit repenser ce trajet pour la sécurité de tous. Un camion de pétrole a été accidenté sur cette autoroute l’an dernier. »
Ofelia Rivas dit « Je suis une personne originaire de ces terres. Je me suis longtemps efforcée d’être une voix pour les plantes et les animaux, l’eau et les montagnes, et je rends honneur aux O’odham qui ont survécu depuis la nuit des temps et continuent d’honorer nos obligations sacrées de vivre ici. »
« Je suis témoin d’une manipulation franchement ethnocidaire de notre peuple, par l’écriture, dans une langue étrangère défavorable, pour déformer et changer ceux d’entre nous qui exercent la soi-disant l’autorité. »
« Je suis témoin des tactiques de guerre et des attaques contre les O’odham, physiques et psychologiques. J’ai été témoin de la marchandisation et de la commercialisation de notre ancienne connaissance de notre terre, du savoir de nos cérémonies, de notre savoir en matière de chasse, et de notre savoir concernant la nourriture. »
« C’est cette négligence qui affecte notre peuple en diminuant le savoir des femmes et les responsabilités des hommes, et le savoir et les responsabilités de nos générations futures » dit Ofelia.
Copyright Ofelia Rivas et Censored News
Ne peut être reproduit sans autorisation
O’odham Voice against the Wall, O’odham Solidarity Project:
http://www.solidarity-project.org/
Dans les medias:
(Arizona Central) “Bien que ce ne soit plus dans les limites de notre réserve, il est clair que nous avons habité cette région depuis des temps immémoriaux, » dit le Président Ned Norris Jr. « Ce sont nos ancêtres. Ce sont nos vestiges de qui nous sommes en tant que peuple, dans toute cette région. Et c’est une obligation, c’est notre devoir, de faire tout le nécessaire pour les protéger. » (article paru le 20 janvier dans AZ Central)
(Service du Parc National) « Trois fragments d’os ont été trouvés sur des tas de terre pendant les travaux, au printemps et à l’automne derniers, à proximité des Sources de Quitobaquito, près du coin sud-ouest du Monument » dit mardi dans un email Marco De Leon, chef des affaires publiques du Service des Parcs de la région des Montagnes Rocheuses du Colorado. « On pense que les fragments sont de la Période Classique Hohokam » dit De Leon. Cette période se situe entre 300 et 1500 de notre ère. (article paru sur le site de National Parks Traveler, le 15 janvier 2020)
(Censored News) En octobre, l’entreprise d’Albuquerque Southwest Valley Constructor a détruit au bulldozer des Cactus Saguaro protégés pour faire passer le mur-frontière en Arizona. Ils ont déterré des restes humains d’ancêtres des O’odham d’une tombe proche d’une source sacrée du Monument du Cactus Tuyau d’Orgue. Ça a été gardé secret jusqu’en janvier. Le gouvernement des Etats-Unis et le sous-traitant savaient qu’ils enfreignaient toutes les lois de protection d’état et fédérales. Des vestiges humains avaient aussi été déterrés ici au printemps 2019, selon le Service des Parcs Nationaux, dans un email rendu publique en janvier. (Censored News, 2 octobre 2019)
POURSUITES CONTRE LES 3 MANIFESTANTS DE FLAGSTAFF (MISE A JOUR) : LA JUGE REPORTE LA DATE DU PROCÈS POUR LA 2e FOIS
Par Indigenous Action
17 janvier 2020
Traduction Christine Prat
Flagstaff, ARIZONA – Le procès a de nouveau été reporté pour les trois défenseurs de la justice sociale et environnementale, qui risquent des condamnations pour une manifestation du Jour des Peuples Autochtones 2018. Alejandra Becerra, Klee Benally et Sumayyah Dawud, également connus comme « les 3 du Jour des Peuples Autochtones, » (IPD3) continuent de combattre ce qu’ils dénoncent comme une attaque politique.
Le procès des Trois devait avoir lieu hier (16 janvier), mais une audience d’examen des preuves destinée à examiner les motions présentées par l’avocat de la défense, Lee Phillips, a été organisée. La juge a décidé d’organiser une autre audience d’examen pour donner plus de temps au procureur pour réagir aux motions de la défense.
Au point où on en est maintenant, il semble probable que le procès soit reporté à la fin février ou à mars.
Le 17 décembre 2019, l’avocat Lee Phillips a présenté une Motion et un Mémorandum signifiant que l’Application Sélective de la loi et des Poursuites Vindicatives posaient un problème à la défense. Aucune réponse n’a été donné par l’Etat jusqu’au jour prévu une Conférence sur la Gestion de la Procédure, le 7 janvier 2020, au cours de laquelle le procureur a fait des objections à la défense et exhorté la juge à ne pas l’accepter. La juge présidant la séance a déclaré avoir besoin de plus de temps pour voir toutes les motions.
L’avocat Lee Phillips, de Flagstaff, représentant les trois accusés, avait déclaré que ses clients avaient été « ciblés à cause de leurs opinions politiques et pour les avoir exprimées. »
La juge n’a été chargée de l’affaire que récemment, le procureur ayant demandé le changement parce que le juge précédent avait demandé pourquoi l’Etat engageait un procès pour des infractions si mineures.
Cependant, l’Etat a exercé des pressions pour que le procès commence le 16 janvier 2020, bien qu’ayant présenté des objections à la défense à la dernière minute. Le procureur a semblé frustré de ce que la défense était prête à appeler 23 témoins à la barre, parmi lesquels des membres et ex-membres du Conseil Municipal de Flagstaff, ainsi que d’autres sur lesquels l’Etat comptait, d’après des rapports, comme témoins à charge. Les preuves qui ont été révélées montrent qu’une surveillance intensive est exercée sur les activistes locaux connus.
Soutenez les Trois du Jour des Peuples Autochtones (IPD3) en les aidant à payer leurs frais de justice sur : www.gofundme.com/f/support-the-ipd3
Diffusez l’information, faites prendre conscience d’ici au procès avec les mots dièze #indigenouspeoplesdayFlagstaff #supportIPD3
Pour plus d’informations (en anglais) : www.indigenousaction.org/idp3
Historique de l’affaire :
Le 8 octobre 2018, plus de 40 personnes se sont rassemblées et ont défilé dans le centre de Flagstaff, pour dénoncer l’hypocrisie de la déclaration par la Ville d’un Jour des Peuples Autochtones. Le rassemblement avait été décidé pour appeler à la justice pour les Femmes Autochtones Disparues ou Assassinées, attirer l’attention sur la criminalisation des migrants qui conduit à des déportations et des détentions massives, la responsabilité de Flagstaff pour son rôle dans la profanation des Pics San Francisco, la criminalisation des membres de la communauté sans-abri, et le niveau hors de proportions du profilage racial et des arrestations auxquels les Autochtones doivent faire face.
Près d’une douzaine de policiers de Flagstaff, ont utilisé des caméras individuelles pour contrôler et documenter la manifestation. Le Service de Police de Flagstaff et la Force de Renseignements Antigangs et sur l’Immigration, ont alors lancé une enquête qui a duré des semaines et a utilisé les réseaux sociaux, ainsi qu’un informateur non-identifié pour porter des accusations d’ « Obstruction d’une Voie Publique Principale ». En tout, 11 personnes ont d’abord été mises en examen. Sept des accusés ont accepté un accord [en fait, plaider coupable], avec le choix entre 40 heures de travaux d’intérêt général ou une amende de 150 dollars.
Voir aussi l’article précédent sur le procès
Cactus Seguaro détruit au bulldozer par Southwest Valley Constructors près d’Ajo, Arizona
LA MAISON MÈRE DE LA COMPAGNIE QUI CONSTRUIT LE MUR EN ARIZONA EST L’UNE DES ENTREPRISES LES PLUS POLLUANTES AU MONDE
LA COMPAGNIE QUI CONSTRUIT LE MUR DE FRONTIÈRE EST LIÉE À L’OLÉODUC KEYSTONE ET AUX SABLES BITUMINEUX D’ALBERTA
Par Brenda Norrell, Censored News
10 janvier 2020
Traduction Christine Prat
AJO, Arizona – La maison mère de Southwest Valley Constructors – qui, actuellement, construit le Mur-frontière, en violation de toutes les lois fédérales sur la protection, détruisant des espèces menacées et passant au bulldozer le Désert, encore vierge, de Sonora – est une multinationale d’industrie minière et de construction, classée parmi les compagnies les plus polluantes du monde.
La maison mère de Southwest, Kiewit, dont le siège est à Omaha, dans le Nebraska, figure dans les premières places des 32 compagnies nord-américaines les plus polluantes, qui sont en train de tuer la planète.
L’entreprise qui construit le Mur, Southwest Valley Constructors, d’Albuquerque, transgresse toutes les lois fédérales adoptées pour protéger les espèces menacées, l’eau et les sites sacrés, pour construire une barrière-frontière fondée sur l’échec politique, la xénophobie et l’effondrement du gouvernement américain.
La variété de cyprinodon menacée ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde que dans une source près d’Ajo, en territoire sacré Tohono O’odham.
Tout près, les voies de migrations des jaguars et des antilopes locales [nom scientifique antilocapra americana] menacés sont en train d’être détruites.
Les cactus Saguaros sont arrachés, en dépit des lois de l’état et des lois fédérales.
Le gouvernement a ignoré 41 lois fédérales protégeant la vie, pour construire le Mur-frontière.
Dans sa plainte officielle, le Centre pour la Diversité Biologique souligne les atteintes aux droits humains, engendrées par le fait de changer une zone frontière de désert vierge en zone militarisée.
« Au-delà de compromettre la vie sauvage, les espèces menacées et les terres publiques, le mur à la frontière Etats-Unis-Mexique s’inscrit dans une stratégie plus large de militarisation de la frontière, qui met en cause les droits humains, les libertés civiles, les entreprises locales et les relations internationales. La frontière fait obstacle aux migrations naturelles des gens et des espèces sauvages, qui sont essentielles pour une diversité saine, » dit le Centre.
L’entreprise Southwest Valley a perçu 646 millions de dollars du budget de l’Armée des Etats-Unis, pour construire le Mur, selon le contrat passé par le Ministère de la Défense, et le Corps de Ingénieurs de l’Armée d’Albuquerque qui applique le contrat. L’utilisation de fonds militaires pour construire le Mur fait l’objet de nombreuses plaintes en justice toujours en cours.
Kiewit a également obtenu un contrat pour construire un mur au Texas, le long du Rio Grande. « Le contrat à 42,8 millions de dollars a été attribué à Kiewit Infrastructure West Co. Selon le service de Protection des Douanes et des Frontières, le projet comprend la construction de bornes d’acier de 5,5m à 9m de haut, en plus de la construction de routes, de technologie de détection et d’équipement d’éclairage », d’après CNN.
Parmi les projets de Kiewit, en divers endroits du monde, qui polluent la planète, il y a des travaux de construction pour Suncor, qui exploite les sables bitumineux d’Alberta, au Canada ; des mines de nickel au Québec ; des mines de diamants à Yellowknife, dans les territoires du Nord-Ouest du Canada ; l’extraction de minerai de fer dans l’ouest de l’Australie ; des mines de charbon dans le Wyoming ; des phosphates dans l’Idaho ; l’extraction de lignite au Texas ; et des mines de nickel dans la Baie de Voisey, Province de Terre Neuve et du Labrador, selon le site de l’entreprise.
L’oléoduc Keystone fait partie des projets de construction de Kiewit, ainsi que des projets de construction pour du pétrole, du gaz et des sables bitumineux ailleurs au Canada, dans le Dakota du Nord, au Texas et dans l’ouest de l’Australie.
En Amérique du Nord, Houston et Calgary sont les principales villes où des multinationales tuent la planète, surtout avec les industries du pétrole, du gaz et des sables bitumineux. En 2017, Kiewit a obtenu un contrat avec Wood Group Mustang, de Houston, pour construire la plateforme de gaz offshore Léviathan d’Israël.
La construction du mur de frontière en violation de lois de protection fédérales fait partie d’une politique plus vaste du gouvernement des Etats-Unis, qui viole maintenant les lois internationales protégeant les enfants migrants, entre autres l’acte génocidaire de séparation des enfants de leurs parents et la disparition d’enfants.
Les enfants de migrants sont emprisonnés dans des camps de la mort des Etats-Unis, où ils sont agressés sexuellement et meurent de manque de soins et de maladies qu’on peut prévenir, selon des cas recensés de décès d’enfants de migrants.
Les Etats-Unis sont maintenant en tête au niveau mondial pour le mépris trop répandu de la vie humaine et de la Terre.
SOLIDARITE : UN ARTISTE AUTOCHTONE DES ETATS-UNIS EXPRIME SON SOUTIEN AUX ENFANTS PALESTINIENS
Par un artiste de rue
Publié par First Seven Design Labs
Le 5 janvier 2020
Également publié par Indigenous Action Media
DANS L’ESPRIT DE FARIS…
Il y a 20 ans, je vivais avec une famille Palestinienne, quand le ‘11 septembre’ s’est produit, et c’était à leur table de plats traditionnels que nos rires et parfois nos larmes consolidaient notre lien avec les luttes Autochtones. C’est à cette même table qu’on m’a communiqué l’histoire de Faris Odeh, un adolescent immortalisé au panthéon des Palestiniens tombés, comme des centaines de milliers d’autres, tels que Mohammed Al-Durrah.
Transposition accélérée jusqu’à aujourd’hui et bien des émotions plus tard. J’ai entendu parler d’une organisation qui essaie d’attirer l’attention sur le génocide à Gaza par un petit panneau sur un mur longeant l’une des routes les plus fréquentées de Santa Fe [Nouveau-Mexique]. Cette route conduit à certains des musées et galeries d’art les plus célèbres, pour lesquelles Santa Fe est si connue. L’art de rue n’a jamais demandé et ne demandera jamais d’autorisation, et ces installations de colle à papier sont en opposition directe avec les institutions homogénéisées de la classe supérieure, et, lorsque ça va de pair avec le racisme local, les oppositions à cet art conscient abondent. C’est dans les espaces publics et dans les rues où les gaz lacrymogènes et les balles remplissent l’air qu’on trouve les images artistiques qui frappent le plus durement. J’ai compris depuis longtemps que le rôle d’un artiste est de créer les images que les gens soutiennent, et qui unissent les mouvements pour la perpétuation de notre culture et de nos modes de vies. Tout ‘art’ Autochtone qui n’est rien qu’un gadget devrait être considéré comme un acte de traitrise envers l’époque et les luttes de notre propre peuple, spécialement ceux qui sont sur les lignes de front. Ce genre d’ ‘artistes’ égocentriques n’ont pas leur place dans notre lutte, si ce n’est d’être un obstacle capitaliste prétentieux contre notre libération collective.
Depuis près de 5 ans, ce groupe de soutien aux droits humains des Palestiniens ont vu leur panneau effacé, détruit et même coupé par le couteau du racisme qui s’affiche ouvertement à Santa Fe. Ces ignares préfèreraient ne pas voir d’images d’enfants du Moyen-Orient, ou pire, la défense de leurs droits humains de base d’exister chez eux à Gaza – considérée comme l’une des plus grandes prisons à ciel ouvert actuellement.
La décision d’intervenir avec des installations d’art de rue quasiment indestructibles, sur le mur d’adobe, similaire aux murs de maisons palestiniennes, a été facile à prendre. Si vous comparez, sur des cartes, la réduction des territoires des peuples Autochtones de ce continent et ceux des Palestiniens, à ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, c’est exactement la même chose. Ce à quoi ça revient, c’est que nous avons des racistes qui essaient d’éradiquer la lutte des peuples Autochtones, non seulement dans d’autres pays, mais aussi ici, sur ce continent, sur des terres volées. Pour ces gens qui ont pris des couteaux pour détruire les images d’enfants Autochtones sur ces panneaux, il est clair que ce n’est pas passé loin, en termes historiques, de l’expansion vers l’ouest. Donc, logiquement, on peut tirer la conclusion que leurs actions sont une extension de leur héritage familiale sur ce continent.
Cette installation à la colle à papier était une réponse directe à la destruction répétée du panneau, et c’est ce qui arrive quand vous emmerdez un artiste de rue. La création de cette scène particulière raconte l’histoire de ce qu’ont subi les enfants Palestiniens, en utilisant tout le mur, au lieu d’être reléguée sur un panneau de petit format attribué par la ville. Il y a tellement d’analogies, en ce qui concerne le mur lui-même, le lieu et l’histoire autochtone partagée, que j’ai voulu m’assurer que ces histoires soient dites dans un format grandeur nature. Cet exploit exigeait d’aller dans un lieu très sombre pour vivre avec ces images et leurs histoires pendant des semaines, afin de mettre en lumière ce génocide continu. Dans certains cas, il a fallu utiliser des vidéos d’il y a 20 ans, à fort grain, et les améliorer avec différents programmes, afin que la terreur de leurs derniers instants puisse être montrée avec exactitude pendant les fêtes Chrétiennes, et que le public puisse apprendre ce qui se passe vraiment à Bethlehem en 2020.
C’est pendant ces semaines que j’en ai appris plus sur Faris Odeh, l’adolescent contre le char d’assaut, et les images de lui, David contre Goliath, que je n’avais jamais pu oublier depuis 20 ans. J’avais toujours su que je ferai quelque chose pour lui, mais je n’avais jamais su ce que ce serait, jusqu’à ce que cette occasion se présente. J’ai lu que Faris manquait l’école pour s’opposer aux super-chars faits aux U.S.A. achetés par l’armée Israélienne, qui tuaient son peuple et détruisaient des maisons à Gaza. J’ai lu que sa mère essayait de le convaincre de ne pas manquer l’école, et que, bien que sévèrement puni et enfermé dans sa chambre, il s’échappait par la fenêtre et descendait par la gouttière, pour rejoindre la rue et résister de la seule façon qu’il pouvait, avec des pierres. Ce qui me touchait le plus, c’était quand sa mère se souvenait de lui : « Ce n’était pas la gloire qu’il aimait » disait-elle. « En fait, il fuyait les caméras. » Elle le suppliait : « D’accord, tu veux jeter des pierres ? Mais au moins, cache toi derrière quelque chose ! Pourquoi faut-il que tu sois toujours devant, même plus près que les jeunes plus vieux que toi ? » Et il lui disait : « Je n’ai pas peur. » 10 jours après que cette photo ait été prise, ce serait ce char-là qui finirait par lui prendre la vie, quand on lui a tiré dans le cou, du char. Il a saigné pendant plus d’une heure, les secours ne pouvant pas approcher, vu qu’il était trop près du char. A de nombreuses reprises, je n’ai pas pu contenir mon émotion en pensant à son histoire et à beaucoup d’autres, au cours de ce projet, surtout en déroulant les tirages grandeur nature pour la première fois, et en voyant Mohammed Al-Durrah, ce petit garçon accroupi derrière son père dans ce qui s’est révélé être ses derniers instants.
Lui et son père ont été pris dans un feu croisé de snipers Israéliens qui les visaient tous les deux, alors qu’ils étaient cachés derrière une barrière de béton (on peut retrouver la vidéo non-corrigée en ligne – C’était des images de France 2, NdT). Si dur qu’ait pu être ce projet, physiquement, mentalement et spirituellement, ce n’est rien comparé à ce que nos frères et sœurs Autochtones subissent quotidiennement, à Gaza et dans d’autres prisons de colonies. J’ai le privilège et le luxe de me détourner de l’écran d’ordinateur, de l’art et de cette vie. Ils ne peuvent rien quitter, alors leurs histoires et ce qu’ils vivent ne doivent jamais être oubliés.
Quand les enfants de Palestine sont repérés sur une vidéo en train de résister avec des pierres ou autrement, l’armée Israélienne va chez eux en pleine nuit, ou dans leurs écoles, enfonce les portes, et les arrache littéralement à leurs proches à la pointe du fusil. Ces enfants disparaissent dans des cages pour être interrogés et torturés, exactement comme ce qui arrive le long de la soi-disant frontière Mexique/Etats-Unis. En fait, la haute technologie pour les murs qui a été perfectionnée contre les Palestiniens, est maintenant importée d’Israël pour le mur de notre frontière coloniale du sud.
Ce que l’Américain moyen ne comprend pas, c’est que mettre des enfants Autochtones dans des cages a été normalisé sur notre continent depuis que des bateaux ont atteint nos côtes. Pour s’emparer d’or et d’autres ressources naturelles, Christophe Colomb a séparé des familles, mettant les hommes et les garçons en cage pour leur faire extraire son quota d’or, et nos filles et nos femmes ont été vendues comme esclaves sexuelles pour son équipage. Ça n’a pas changé beaucoup pour nous, en plus de 520 ans de génocide ininterrompu… mais nous sommes existons toujours, ici, et dans l’esprit de nombreux guerriers Autochtones comme Faris, nous résistons toujours. Il a fait ce qu’il a fait pour l’amour de son peuple et il n’avait pas peur, et nous ne devrions pas avoir peur non plus.
C’est pour toi, Faris – et tant que je vivrai, tu vivras aussi, parce que tu es moi et je suis toi.
Notes de l’auteur : [Ce n’est pas antisémite de défendre les droits humains fondamentaux] [Vous êtes sur des terres volées] #Indigenous #Autochtone #Palestine #Palestinian #Palestinien #Solidarity #Solidarité #FarisOdeh #MuhammadAlDurrah #MohammedAlDurrah #FawziAlJunaidi
Me suivre : Ici
First Seven Design Labs est une entité Autochtone pour l’art, le design graphique et web, qui mêle des styles modernes et la science du design pour aider les mouvements Autochtones.
DES AUTOCHTONES DES ETATS-UNIS APPELLENT A LA PAIX AVEC L’IRAN
Par Brenda Norrell
Censored News
5 décembre 2020
Traduction Christine Prat
Ce jour, des Autochtones se sont rassemblés pour la paix et ont envoyé un message d’amitié au peuple d’Iran. Ils ont aussi demandé que les Etats-Unis se retirent d’Iraq et dénoncé Trump pour des assassinats et des provocations à la guerre. Des Diné [Navajo], des Lakota, des Pueblo et des Tohono O’odham ont lancé un appel urgent à la paix et la diplomatie pour mettre fin aux tragédies de la guerre.
Michelle Cook, une avocate Diné, a exhorté tous les peuples à se lever pour la paix, à s’engager diplomatiquement et à protéger l’Iran.
« Il y a plus de dix ans, dans ce qui semble maintenant avoir été un autre monde, j’ai été accueillie en Iran, où se trouvent encore les ossements du grand Roi Darius et d’Esther. Ce sont aussi des sites sacrés » dit Michelle Cook à Censored News.
« J’ai le cœur brisé pour les Iraniens, pour les tribus nomades d’Iran, nos parents, qui ne devraient jamais être attaqués ou diabolisés.
« Nos mains Diné, comme les mains Persanes, tissent des tapis, avec des fibres de laine qui portent le savoir et l’empreinte de nos ancêtres.
Michelle Cook dit qu’elle est opposée à tout financement des guerres des Etats-Unis.
« Nous avons tellement d’Autochtones dans l’armée, qui seront impactés par ces manœuvres tragiques et mal informées. Je prie pour la protection de nos hommes et femmes qui servent dans l’armée et sont mobilisés pour un ‘devoir’ dangereux, faux et immoral, pour l’intérêt personnel d’hommes nuisibles.
« J’exhorte tous les gens à résister activement à tout appel à employer la force en Iran et à tout message qui utilise des stéréotypes culturels et raciaux négatifs contre le peuple Iranien, ou cherche la violence. J’exhorte tous les peuples à protéger l’Iran, à empêcher la violence et à agir immédiatement pour la paix et la diplomatie. »
Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dit, de la frontière sud, « chaque atrocité est camouflée, effacée par les politiciens et les grands médias, puis justifiée par encore plus de morts à la guerre.
« Paix à tous ceux qui dénoncent cela et le combattent chaque jour. »
La Nation Rouge, composée d’universitaires et de défenseurs de la justice sociale Autochtones, se sont exprimés contre l’assassinat et la provocation à la guerre avec l’Iran.
« Pas de Guerre à l’Iran ! Les Etats-Unis hors d’Iraq ! » dit la Nation Rouge à Albuquerque ce jour. « Trois décennies de sanctions américaines, de militarisme et d’occupation ont déchiré l’Iraq et semé le chaos dans la population.
« L’assassinat de Qassem Soleimani, officiel de haut rang de l’armée Iranienne, cette semaine, par un drone, sur le sol Iraquien, est une indication claire de la volonté des Etats-Unis de déclencher une guerre contre l’Iran en utilisant l’Iraq comme scène de base.
« Cet acte criminel, de la part du gouvernement Trump et du Pentagone, n’est pas seulement destiné à provoquer la guerre avec l’Iran, mais une vengeance brutale contre les insurrections populaires en Iraq, contre la violente occupation militaire américaine du pays, qui entre dans sa dix-septième année. »
Joye Braun, Lakota, de la Nation Sioux de Cheyenne River dans le Dakota du Sud, dit que les Lakota sont pour la paix et ne sont pas les ennemis du peuple Iranien.
« Nous avons un lien étroit avec le peuple d’Iran. Il y a des peuples tribaux là-bas, et nous avons une relation commune avec nos oppresseurs, faite de colonisation et d’exploitation.
« Au peuple d’Iran : nous, peuple d’origine de ce pays, nous ne sommes pas votre ennemi. Nous ne soutenons ni ce gouvernement ni ceux du passé qui oppressent nos peuples.
« Nous vous envoyons nos prières, et sachez que nous sommes pour la paix » dit Joye Braun à Censored News.
Waste Win Young, Lakota de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, dit que l’American Indian Movement avait été impliqué dans les discussions de paix avec l’Iran, à la fin des années 1970 et dans les années 1980. Waste dit que les Lakota, aujourd’hui, sont suffisamment respectés et ont les capacités pour négocier la paix.
« Notre tante Marilyn Phillips-Harden-Takes the Knife, de Cheyenne River, et Juan Reyna, étaient parmi les négociateurs pour l’affaire des 40 otages Américains à l’Ambassade à Téhéran, » dit Waste Win Young à Censored news.
« Il y avait une Oglala mariée et habitant en Iran, Janeene Lonehill-Geyeagle (mère de Dana Lonehill). Son premier mari était Iranien. L’Iran ne pouvait pas croire qu’elle était Amérindienne et non Iranienne. Nos oncles Bill et Russell Means et notre tante Marilyn l’ont aidée à rentrer chez elle.
« Les Autochtones de Turtle Island ont du respect pour le peuple Iranien. Nous pouvons leur tendre la main et négocier la paix comme nous l’avons fait dans le passé » dit Waste Win Young.
« Une guerre de l’homme riche, » dit Louise Benally, Diné de Big Mountain, qui a combattu pendant les 40 années passées contre le déplacement forcé de sa terre natale, dû au fait que la firme Peabody s’emparait de l’eau et du sol pour extraire du charbon.
« La guerre ne serait pas une option, » dit Louise. « Le problème est qu’un président inapte a provoqué tout cela pour échapper à la révocation [Impeachment]. Il ferait n’importe quoi, mais la plupart des gens ne soutiennent pas cette idée idiote. »
Louise a été parmi les premiers à s’exprimer contre la guerre en Iraq, quand les bombes tombaient sur Bagdad, et à la comparer à la Longue Marche génocidaire jusqu’à Fort Sumner, à laquelle les Navajos ont été forcés par les Etats-Unis. Les déclarations de Louise ont été censurées par Indian Country Today, alors que la guerre faisait rage en Iraq.
Parlant pour la paix, Michelle Cook dit après son voyage en Iran « en tant que Peuple Navajo, nous avons appris à prendre soin de la terre, qui, en retour, prendra soin de nous ; c’est une pratique ancienne durable et écologique.
« Si nous violons les lois de la nature, ou les enseignements des Gens Sacrés, ils peuvent nous discipliner, ce qui fait qu’on nous enseigne à faire tout ce que nous pouvons pour maintenir le hozho [terme qu’on traduit par ‘beauté’, au sens pratique et spirituel, ‘équilibre’, ‘équité’, mais implique beaucoup plus que ce que nos langues peuvent dire ; c’est LA notion de base pour les Navajos – NdT]. C’est ce que les Anciens ont dit.
« Les gens sacrés nous ont aussi appris comment vivre et ne pas consommer trop de quelque ressource que ce soit, et cet enseignement s’applique aussi à la consommation de pétrole. Il ne faudrait pas qu’il y ait de guerres pour le pétrole. Le pétrole est comme le sang de la terre, notre Mère » dit Michelle. (Lire la suite plus bas).
Tandis que les Etats-Unis continuent leur schéma de guerres fondé sur leur gain politique et le contrôle des réserves de pétrole avec la complicité des médias, le regretté Thomas Banyacya, Hopi, avait plaidé avec force pour la paix.
Banyacya a passé sept ans en prison pour avoir refusé le service militaire et était devenu une voix globale pour la paix, s’exprimant contre la guerre et les armes atomiques.
Soulignant que l’uranium pour les premières bombes atomiques avait été arraché du sol de la région des Quatre Coins sans que les messagers spirituels Hopi aient été consultés, Banyacya avait prévenu le monde des conséquences de guerres ininterrompues.
Michelle Cook, membre de la Commission des Droits Humains de la Nation Navajo, écrivit l’article reproduit plus bas après son voyage en Iran, en 2008.
En faisant une introduction de l’article de Michelle, Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dit aujourd’hui :
« Mon hommage à une guerrière au cœur fort qui lutte pour apporter la justice dans un monde de nations industrielles assoiffées de minéraux et de carburants fossiles – ce qui crée des millions de réfugiés et de morts, qui souffrent de systèmes tels que l’immigration aux Etats-Unis.
« Chaque atrocité est camouflée, effacée par les politiciens et les médias dominants, puis justifiée par plus de morts à la guerre.
« Chaque atrocité et chaque souffrance est ce que nous ressentons quand nous sommes déprimés, quand nous sommes tristes et savons que quelque chose n’est vraiment pas juste.
« Paix à ceux qui dénoncent cela et le combattent tous les jours » dit Ofelia Rivas à Censored News.
————————————————————————————–
HOZHO, VIVRE DANS L’HARMONIE, [Walking in Beauty] COMME CADRE POUR UNE PAIX INTERNATIONALE EN IRAN
La Pacifiste Navajo Michelle Cook réfléchit sur son voyage en Iran
Par Michelle Cook, Diné
Avril 2008
Traduction Christine Prat
La politique et les décisions internationales impactent le peuple Navajo et le Pays Indien de manières très réelles. Si les Etats-Unis attaquent l’Iran, ça aura des conséquences sur les nombreux Navajos et autres Autochtones qui sont actuellement dans l’armée américaine.
Les dirigeants, les défenseurs et les jeunes des Nations Indiennes ont la responsabilité de poser des questions pour protéger les militaires Autochtones hommes et femmes contre des guerres ou des conflits armés qui peuvent être évités ou ne sont pas nécessaires.
Peu d’Américains savent qu’en 1953, les Etats-Unis, par l’intermédiaire de la C.I.A., ont orchestré le renversement d’un gouvernement iranien élu par le peuple et ont installé à la place un gouvernement à leur solde.
C’était au départ une réaction aux efforts de décolonisation des Iraniens, afin de continuer à contrôler et bénéficier de leur pétrole, qui jusque là avait été sous le contrôle direct de compagnies américaines et britanniques.
Ces efforts de décolonisation allaient priver les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de leurs profits. Les Etats-Unis ont organisé un coup d’état qui a renversé le Premier Ministre Mossadegh, qui dirigeait la décolonisation, et ont mis à sa place le Shah Mohammed Reza.
Le Shah Mohammed Reza, soutenu par les Etats-Unis, et son régime ont régné sur l’Iran d’une main de fer, au prix de la dignité et des droits humains de quiconque les mettait en question.
Dans les années 1970, la jeunesse et les peuples iraniens se sont engagés dans la Révolution Culturelle Islamique conduite par l’Imam Khomeini et ont renversé le régime soutenu par les Etats-Unis, ce qui a créé la nouvelle nation théocratique appelée la République Islamique.
Depuis la révolution, les Iraniens ont géré leur pétrole. Quelques-uns se rendent compte aussi que les Etats-Unis ont soutenu l’Iraq pendant la guerre Iraq-Iran des années 1980.
Actuellement, des responsables au sein du gouvernement des Etats-Unis prétendent que l’Iran est une menace pour la sécurité nationale, et en conséquence de cette menace supposée, croient que le gouvernement des Etats-Unis a le droit d’entreprendre une attaque militaire contre l’Iran.
Les Etats-Unis prétendent que l’Iran construit des armes de destruction massive, bien qu’ils aient encore à produire des preuves convaincantes pour soutenir cette affirmation. De plus, l’Iran, comme les autres « états non-nucléaires » selon le Traité de 1968 de Non-Prolifération des Armes Nucléaires, a parfaitement le droit de développer de la technologie nucléaire pour des buts pacifiques [sic – NdT], et donc, ne devrait pas être considéré comme agissant en dehors des limitations légales s’il enrichit de l’uranium ou développe de la technologie nucléaire [re-sic tout de même – NdT].
Si les Etats-Unis devaient attaquer l’Iran, ce serait sans autorité morale ou légale. En fait, une attaque contre l’Iran sera illégale selon la loi internationale et pourrait être considérée comme une agression. Considérant l’occupation actuelle de l’Iraq et les situations extrêmement sensibles en Palestine occupée, au Liban, au Pakistan et en Afghanistan, une frappe militaire américaine précipiterait un Moyen-Orient déjà instable dans le chaos, et l’éloignerait irrémédiablement d’une quelconque solution effective d’autodétermination, de paix et de sécurité. Ceci ne veut pas dire que l’Iran est une utopie, l’Iran, comme tous les états, à ses propres dilemmes sociaux, économiques et politiques, et ces problèmes ne peuvent être résolus que par les peuples iraniens eux-mêmes, pas par des Américains à des milliers de kilomètres de distance. Les Iraniens et les peuples du Moyen-Orient ne sont pas « terroristes » quand ils défendent les terres et les ressources qui leur appartiennent de droit.
Malheureusement, les Américains ont été manipulés pour croire aux stéréotypes et voient souvent l’Islam et les peuples originaires du Moyen-Orient comme de vulgaires « terroristes » et des gens violents.
Rejetant le dialogue, les Etats-Unis ont menacé de violence et ont imposé des sanctions qui ont isolé l’Iran de la communauté internationale, opposant les sentiments anti-américains à la résolution de problèmes cruciaux. Beaucoup d’Iraniens et d’Américains pensent que la base du conflit entre les Etats-Unis et l’Iran n’est pas la question du ‘terrorisme’, mais le contrôle de l’Iran sur son pétrole.
Une guerre potentielle contre l’Iran ne bénéficierait qu’aux compagnies pétrolières qui veulent monopoliser le marché et dicter le prix du pétrole. Les vies de Navajos et le bien-être des Américains valent beaucoup plus que le billet vert ou des barils sans vie de pétrole iranien pour le profit de compagnies occidentales multinationales.
Je suis allée en Iran, parce que les gens ont le droit d’entendre les deux parties. De plus, les Américains et les Navajos ont le droit de savoir où on nous conduit et méritent une transparence totale quand de telles situations se produisent. J’y suis allée avec une tradition de paix, armée de prières Navajo et de la sagesse des ancêtres.
L’Iran est un pays ancien, sa population est aujourd’hui d’environ 62 millions d’habitants, dont à peu près la moitié ont moins de vingt ans. L’Iran est aussi le pays de plusieurs tribus distinctes, comme les Ashayer, les Gonbad, les Qashqai et les Bakhtiari. Ces tribus sont nomades, elles se déplacent avec les saisons, élèvent des moutons sur de vastes chaînes de montagnes. Les tribus iraniennes, comme la tribu Navajo, sont également expertes dans le tissage. Ce sont les peuples tribaux d’Iran qui sont les tisserands renommés de beaucoup de Tapis Persans. Ces tribus sont confrontées aux mêmes défis que les peuples autochtones des Amériques, la pauvreté, le manque de services de santé, la mobilité traditionnelle, et la revitalisation de leurs langues, entre autres. Aux Etats-Unis, on entend rarement parler de ces tribus ou de la beauté et de la diversité des peuples et cultures iraniens.
J’ai rencontré des jeunes Iraniens qui sont en train de se définir et de se redéfinir dans leur relation avec la République Islamique. J’ai découvert un peuple en train de construire un équilibre entre l’Islam ancien et la modernité. J’ai trouvé des femmes fortes en train de définir les droits des femmes en Iran selon leurs propres termes.
En me promenant dans ces terres sacrées très anciennes, je n’ai pas vu de terroristes. J’ai vu des visages d’êtres humains réels ; j’ai vu des familles, des mères, des pères et des enfants, aucun des stéréotypes racistes qu’on trouve dans les médias. L’Iran héberge de nombreuses cultures et des fois différentes.
J’ai rencontré des gens parmi les plus gentils et les plus hospitaliers que j’aie jamais rencontré. J’ai découvert que les gens qui pratiquent l’Islam sont bons et prient beaucoup, tout comme les Navajos. En Islam, les invités et les étrangers sont traités comme des messagers de Dieu et traités avec un grand respect. J’ai reçu ce degré de respect et j’ai été invitée dans leurs foyers, où nous avons mangé et prié pour la paix entre nous. Nous avons récité des prières Navajo et Musulmanes.
Je voulais que les Iraniens comprennent la diversité de l’Amérique, l’idée de Nations Autochtones souveraines, de peuples distincts, comme nation dans une nation. Je voulais qu’ils comprennent certaines réalités, puissance et défis des peuples autochtones aux Etats-Unis, et, ce qui est le plus important, qu’ils ne voient pas les Navajos comme un peuple en voie de disparition, mais comme des protagonistes actifs dans une longue bataille épique pour l’harmonie complète et l’autodétermination. Je voulais qu’ils connaissent les Navajos, non seulement comme un peuple qui vit en harmonie, mais aussi comme un peuple de guerriers féroces qui se sont battus et se battent encore pour la libération, la restauration et la guérison de nos peuples, de la terre, de ses ressources, de notre culture et de notre langue.
Quand j’ai partagé mon histoire avec des Iraniens, j’ai senti un véritable sens de solidarité, une relation presque familiale. J’ai trouvé des gens pleins de compassion pour les luttes des peuples autochtones d’Amérique du Nord. Bien que nous soyons différents, nous avons une chose en commun. Les peuples iraniens, tout comme les peuples autochtones, veulent déterminer leur propre avenir, mettre en pratique leur culture et leurs religions, sans interférences de l’extérieur, de dirigeants étrangers, ou de leurs influences. J’ai parlé avec des vétérans de la guerre entre l’Iran et l’Iraq des années 1980, qui défendent leur pays et défendent la paix parce qu’ils ne veulent plus jamais connaitre la guerre et les destructions qu’elle a produites dans leurs territoires. En fait, les Iraniens sont encore en train de guérir du traumatisme causé par cette guerre.
Les Navajos ont beaucoup à apprendre aux Américains et au monde en termes de non-violence et de résolution des conflits, comme la Cour des Pacificateurs de la Nation Navajo et les Pacificateurs Navajo.
Le but de la pacification Navajo est de résoudre les conflits et de restaurer l’harmonie aux individus en conflit sur la base non-violente de la tradition et de la croyance Navajo. La structure de pacification Navajo est construite sur la philosophie Navajo de Hozho, et utilise un procédé qui s’appuie sur le dialogue, ce que Robert Yazzie explique par l’expression « parler des choses jusqu’au fond ».
Les Etats-Unis peuvent apprendre beaucoup des Navajos dans ce domaine, étant donné que les Etats-Unis ont toujours échoué dans le dialogue ou la discussion complète des choses avec le peuple ou le gouvernement Iranien. Cet échec ne menace pas seulement la sécurité des Américains, mais aussi la vie des peuples Iraniens et des jeunes soldats autochtones et Navajos. Si le gouvernement des Etats-Unis est incapable ou n’a pas la volonté de mener ce dialogue, la société civile et les Nations Indiennes doivent défendre et créer ces discussions.
En tant que Navajos, on nous a appris à prendre soin de la terre, qui, en retour, prendra soin de nous. C’est une pratique ancienne d’écologie durable. Si nous brisons les lois de la nature, et les enseignements de Gens Sacrés, ils peuvent nous discipliner. Donc, on nous a appris à faire tout ce que nous pouvons pour maintenir l’harmonie [hozho]. C’est ce qu’ont dit les Anciens. Les Gens Sacrés nous ont aussi appris à vivre et à ne pas consommer trop de quelque ressource que ce soit, et ça s’applique à la consommation de pétrole. Il ne devrait pas y avoir de guerres pour le pétrole. Le pétrole est comme le sang de la terre, notre mère. Le peuple Navajo et les Américains doivent se tourner vers la sagesse ancienne et réévaluer les conséquences de la surconsommation des ressources de la terre. Aussi bien les carburants ‘naturels’ comme l’huile de palme et l’éthanol que les carburants fossiles comme le pétrole ou le charbon.
Il n’y a qu’à observer les changements climatiques, les ouragans, les inondations, les déséquilibres atmosphériques pour voir les conséquences de la rupture avec nos pratiques durables et écologiques. Certains appellent ça un changement climatique, peut-être que les Navajos le voient comme un acte des Gens Sacrés pour nous ramener à la discipline, parce que nous avons rompu l’équilibre de notre vie avec la terre et ne l’avons pas respectée. Nous sommes les Diyin Nohookáá Diné, les Gens de la Surface Sacrée de la Terre. Les Navajos sont investis de la responsabilité sacrée de maintenir le Hozho. Les Gens Sacrés nous ont enseigné à valoriser et respecter toute vie comme sacrée. Ça comprend la Terre et la vie humaine.
Ça comprend aussi les vies des peuples du Moyen-Orient et des Iraniens, quelque soient les différences entre nos cultures. Je crois que le Hozho, vivre en harmonie, peut être appliqué pour créer l’harmonie à des échelles locales ou globales. Pour créer et défendre un monde et une société où la paix et l’harmonie règnent sur les plans personnel, local, national et international.
Vivre en harmonie ou sur la voie du pollen, est un chemin difficile, mais c’est une voie que les ancêtres ont transmise personnellement et collectivement pour trouver la paix. Aller en hozho ou en paix c’est aller comme un guerrier, mais pas tous les guerriers portent des armes, certains portent des chants, certains portent du cèdre, et certains portent des prières pour la paix.
©Brenda Norrell et Michelle Cook, Censored News.