DES AUTOCHTONES DES ETATS-UNIS APPELLENT A LA PAIX AVEC L’IRAN
Par Brenda Norrell
Censored News
5 décembre 2020
Traduction Christine Prat
Ce jour, des Autochtones se sont rassemblés pour la paix et ont envoyé un message d’amitié au peuple d’Iran. Ils ont aussi demandé que les Etats-Unis se retirent d’Iraq et dénoncé Trump pour des assassinats et des provocations à la guerre. Des Diné [Navajo], des Lakota, des Pueblo et des Tohono O’odham ont lancé un appel urgent à la paix et la diplomatie pour mettre fin aux tragédies de la guerre.
Michelle Cook, une avocate Diné, a exhorté tous les peuples à se lever pour la paix, à s’engager diplomatiquement et à protéger l’Iran.
« Il y a plus de dix ans, dans ce qui semble maintenant avoir été un autre monde, j’ai été accueillie en Iran, où se trouvent encore les ossements du grand Roi Darius et d’Esther. Ce sont aussi des sites sacrés » dit Michelle Cook à Censored News.
« J’ai le cœur brisé pour les Iraniens, pour les tribus nomades d’Iran, nos parents, qui ne devraient jamais être attaqués ou diabolisés.
« Nos mains Diné, comme les mains Persanes, tissent des tapis, avec des fibres de laine qui portent le savoir et l’empreinte de nos ancêtres.
Michelle Cook dit qu’elle est opposée à tout financement des guerres des Etats-Unis.
« Nous avons tellement d’Autochtones dans l’armée, qui seront impactés par ces manœuvres tragiques et mal informées. Je prie pour la protection de nos hommes et femmes qui servent dans l’armée et sont mobilisés pour un ‘devoir’ dangereux, faux et immoral, pour l’intérêt personnel d’hommes nuisibles.
« J’exhorte tous les gens à résister activement à tout appel à employer la force en Iran et à tout message qui utilise des stéréotypes culturels et raciaux négatifs contre le peuple Iranien, ou cherche la violence. J’exhorte tous les peuples à protéger l’Iran, à empêcher la violence et à agir immédiatement pour la paix et la diplomatie. »
Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dit, de la frontière sud, « chaque atrocité est camouflée, effacée par les politiciens et les grands médias, puis justifiée par encore plus de morts à la guerre.
« Paix à tous ceux qui dénoncent cela et le combattent chaque jour. »
La Nation Rouge, composée d’universitaires et de défenseurs de la justice sociale Autochtones, se sont exprimés contre l’assassinat et la provocation à la guerre avec l’Iran.
« Pas de Guerre à l’Iran ! Les Etats-Unis hors d’Iraq ! » dit la Nation Rouge à Albuquerque ce jour. « Trois décennies de sanctions américaines, de militarisme et d’occupation ont déchiré l’Iraq et semé le chaos dans la population.
« L’assassinat de Qassem Soleimani, officiel de haut rang de l’armée Iranienne, cette semaine, par un drone, sur le sol Iraquien, est une indication claire de la volonté des Etats-Unis de déclencher une guerre contre l’Iran en utilisant l’Iraq comme scène de base.
« Cet acte criminel, de la part du gouvernement Trump et du Pentagone, n’est pas seulement destiné à provoquer la guerre avec l’Iran, mais une vengeance brutale contre les insurrections populaires en Iraq, contre la violente occupation militaire américaine du pays, qui entre dans sa dix-septième année. »
Joye Braun, Lakota, de la Nation Sioux de Cheyenne River dans le Dakota du Sud, dit que les Lakota sont pour la paix et ne sont pas les ennemis du peuple Iranien.
« Nous avons un lien étroit avec le peuple d’Iran. Il y a des peuples tribaux là-bas, et nous avons une relation commune avec nos oppresseurs, faite de colonisation et d’exploitation.
« Au peuple d’Iran : nous, peuple d’origine de ce pays, nous ne sommes pas votre ennemi. Nous ne soutenons ni ce gouvernement ni ceux du passé qui oppressent nos peuples.
« Nous vous envoyons nos prières, et sachez que nous sommes pour la paix » dit Joye Braun à Censored News.
Waste Win Young, Lakota de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, dit que l’American Indian Movement avait été impliqué dans les discussions de paix avec l’Iran, à la fin des années 1970 et dans les années 1980. Waste dit que les Lakota, aujourd’hui, sont suffisamment respectés et ont les capacités pour négocier la paix.
« Notre tante Marilyn Phillips-Harden-Takes the Knife, de Cheyenne River, et Juan Reyna, étaient parmi les négociateurs pour l’affaire des 40 otages Américains à l’Ambassade à Téhéran, » dit Waste Win Young à Censored news.
« Il y avait une Oglala mariée et habitant en Iran, Janeene Lonehill-Geyeagle (mère de Dana Lonehill). Son premier mari était Iranien. L’Iran ne pouvait pas croire qu’elle était Amérindienne et non Iranienne. Nos oncles Bill et Russell Means et notre tante Marilyn l’ont aidée à rentrer chez elle.
« Les Autochtones de Turtle Island ont du respect pour le peuple Iranien. Nous pouvons leur tendre la main et négocier la paix comme nous l’avons fait dans le passé » dit Waste Win Young.
« Une guerre de l’homme riche, » dit Louise Benally, Diné de Big Mountain, qui a combattu pendant les 40 années passées contre le déplacement forcé de sa terre natale, dû au fait que la firme Peabody s’emparait de l’eau et du sol pour extraire du charbon.
« La guerre ne serait pas une option, » dit Louise. « Le problème est qu’un président inapte a provoqué tout cela pour échapper à la révocation [Impeachment]. Il ferait n’importe quoi, mais la plupart des gens ne soutiennent pas cette idée idiote. »
Louise a été parmi les premiers à s’exprimer contre la guerre en Iraq, quand les bombes tombaient sur Bagdad, et à la comparer à la Longue Marche génocidaire jusqu’à Fort Sumner, à laquelle les Navajos ont été forcés par les Etats-Unis. Les déclarations de Louise ont été censurées par Indian Country Today, alors que la guerre faisait rage en Iraq.
Parlant pour la paix, Michelle Cook dit après son voyage en Iran « en tant que Peuple Navajo, nous avons appris à prendre soin de la terre, qui, en retour, prendra soin de nous ; c’est une pratique ancienne durable et écologique.
« Si nous violons les lois de la nature, ou les enseignements des Gens Sacrés, ils peuvent nous discipliner, ce qui fait qu’on nous enseigne à faire tout ce que nous pouvons pour maintenir le hozho [terme qu’on traduit par ‘beauté’, au sens pratique et spirituel, ‘équilibre’, ‘équité’, mais implique beaucoup plus que ce que nos langues peuvent dire ; c’est LA notion de base pour les Navajos – NdT]. C’est ce que les Anciens ont dit.
« Les gens sacrés nous ont aussi appris comment vivre et ne pas consommer trop de quelque ressource que ce soit, et cet enseignement s’applique aussi à la consommation de pétrole. Il ne faudrait pas qu’il y ait de guerres pour le pétrole. Le pétrole est comme le sang de la terre, notre Mère » dit Michelle. (Lire la suite plus bas).
Tandis que les Etats-Unis continuent leur schéma de guerres fondé sur leur gain politique et le contrôle des réserves de pétrole avec la complicité des médias, le regretté Thomas Banyacya, Hopi, avait plaidé avec force pour la paix.
Banyacya a passé sept ans en prison pour avoir refusé le service militaire et était devenu une voix globale pour la paix, s’exprimant contre la guerre et les armes atomiques.
Soulignant que l’uranium pour les premières bombes atomiques avait été arraché du sol de la région des Quatre Coins sans que les messagers spirituels Hopi aient été consultés, Banyacya avait prévenu le monde des conséquences de guerres ininterrompues.
Michelle Cook, membre de la Commission des Droits Humains de la Nation Navajo, écrivit l’article reproduit plus bas après son voyage en Iran, en 2008.
En faisant une introduction de l’article de Michelle, Ofelia Rivas, Tohono O’odham, dit aujourd’hui :
« Mon hommage à une guerrière au cœur fort qui lutte pour apporter la justice dans un monde de nations industrielles assoiffées de minéraux et de carburants fossiles – ce qui crée des millions de réfugiés et de morts, qui souffrent de systèmes tels que l’immigration aux Etats-Unis.
« Chaque atrocité est camouflée, effacée par les politiciens et les médias dominants, puis justifiée par plus de morts à la guerre.
« Chaque atrocité et chaque souffrance est ce que nous ressentons quand nous sommes déprimés, quand nous sommes tristes et savons que quelque chose n’est vraiment pas juste.
« Paix à ceux qui dénoncent cela et le combattent tous les jours » dit Ofelia Rivas à Censored News.
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HOZHO, VIVRE DANS L’HARMONIE, [Walking in Beauty] COMME CADRE POUR UNE PAIX INTERNATIONALE EN IRAN
La Pacifiste Navajo Michelle Cook réfléchit sur son voyage en Iran
Par Michelle Cook, Diné
Avril 2008
Traduction Christine Prat
La politique et les décisions internationales impactent le peuple Navajo et le Pays Indien de manières très réelles. Si les Etats-Unis attaquent l’Iran, ça aura des conséquences sur les nombreux Navajos et autres Autochtones qui sont actuellement dans l’armée américaine.
Les dirigeants, les défenseurs et les jeunes des Nations Indiennes ont la responsabilité de poser des questions pour protéger les militaires Autochtones hommes et femmes contre des guerres ou des conflits armés qui peuvent être évités ou ne sont pas nécessaires.
Peu d’Américains savent qu’en 1953, les Etats-Unis, par l’intermédiaire de la C.I.A., ont orchestré le renversement d’un gouvernement iranien élu par le peuple et ont installé à la place un gouvernement à leur solde.
C’était au départ une réaction aux efforts de décolonisation des Iraniens, afin de continuer à contrôler et bénéficier de leur pétrole, qui jusque là avait été sous le contrôle direct de compagnies américaines et britanniques.
Ces efforts de décolonisation allaient priver les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de leurs profits. Les Etats-Unis ont organisé un coup d’état qui a renversé le Premier Ministre Mossadegh, qui dirigeait la décolonisation, et ont mis à sa place le Shah Mohammed Reza.
Le Shah Mohammed Reza, soutenu par les Etats-Unis, et son régime ont régné sur l’Iran d’une main de fer, au prix de la dignité et des droits humains de quiconque les mettait en question.
Dans les années 1970, la jeunesse et les peuples iraniens se sont engagés dans la Révolution Culturelle Islamique conduite par l’Imam Khomeini et ont renversé le régime soutenu par les Etats-Unis, ce qui a créé la nouvelle nation théocratique appelée la République Islamique.
Depuis la révolution, les Iraniens ont géré leur pétrole. Quelques-uns se rendent compte aussi que les Etats-Unis ont soutenu l’Iraq pendant la guerre Iraq-Iran des années 1980.
Actuellement, des responsables au sein du gouvernement des Etats-Unis prétendent que l’Iran est une menace pour la sécurité nationale, et en conséquence de cette menace supposée, croient que le gouvernement des Etats-Unis a le droit d’entreprendre une attaque militaire contre l’Iran.
Les Etats-Unis prétendent que l’Iran construit des armes de destruction massive, bien qu’ils aient encore à produire des preuves convaincantes pour soutenir cette affirmation. De plus, l’Iran, comme les autres « états non-nucléaires » selon le Traité de 1968 de Non-Prolifération des Armes Nucléaires, a parfaitement le droit de développer de la technologie nucléaire pour des buts pacifiques [sic – NdT], et donc, ne devrait pas être considéré comme agissant en dehors des limitations légales s’il enrichit de l’uranium ou développe de la technologie nucléaire [re-sic tout de même – NdT].
Si les Etats-Unis devaient attaquer l’Iran, ce serait sans autorité morale ou légale. En fait, une attaque contre l’Iran sera illégale selon la loi internationale et pourrait être considérée comme une agression. Considérant l’occupation actuelle de l’Iraq et les situations extrêmement sensibles en Palestine occupée, au Liban, au Pakistan et en Afghanistan, une frappe militaire américaine précipiterait un Moyen-Orient déjà instable dans le chaos, et l’éloignerait irrémédiablement d’une quelconque solution effective d’autodétermination, de paix et de sécurité. Ceci ne veut pas dire que l’Iran est une utopie, l’Iran, comme tous les états, à ses propres dilemmes sociaux, économiques et politiques, et ces problèmes ne peuvent être résolus que par les peuples iraniens eux-mêmes, pas par des Américains à des milliers de kilomètres de distance. Les Iraniens et les peuples du Moyen-Orient ne sont pas « terroristes » quand ils défendent les terres et les ressources qui leur appartiennent de droit.
Malheureusement, les Américains ont été manipulés pour croire aux stéréotypes et voient souvent l’Islam et les peuples originaires du Moyen-Orient comme de vulgaires « terroristes » et des gens violents.
Rejetant le dialogue, les Etats-Unis ont menacé de violence et ont imposé des sanctions qui ont isolé l’Iran de la communauté internationale, opposant les sentiments anti-américains à la résolution de problèmes cruciaux. Beaucoup d’Iraniens et d’Américains pensent que la base du conflit entre les Etats-Unis et l’Iran n’est pas la question du ‘terrorisme’, mais le contrôle de l’Iran sur son pétrole.
Une guerre potentielle contre l’Iran ne bénéficierait qu’aux compagnies pétrolières qui veulent monopoliser le marché et dicter le prix du pétrole. Les vies de Navajos et le bien-être des Américains valent beaucoup plus que le billet vert ou des barils sans vie de pétrole iranien pour le profit de compagnies occidentales multinationales.
Je suis allée en Iran, parce que les gens ont le droit d’entendre les deux parties. De plus, les Américains et les Navajos ont le droit de savoir où on nous conduit et méritent une transparence totale quand de telles situations se produisent. J’y suis allée avec une tradition de paix, armée de prières Navajo et de la sagesse des ancêtres.
L’Iran est un pays ancien, sa population est aujourd’hui d’environ 62 millions d’habitants, dont à peu près la moitié ont moins de vingt ans. L’Iran est aussi le pays de plusieurs tribus distinctes, comme les Ashayer, les Gonbad, les Qashqai et les Bakhtiari. Ces tribus sont nomades, elles se déplacent avec les saisons, élèvent des moutons sur de vastes chaînes de montagnes. Les tribus iraniennes, comme la tribu Navajo, sont également expertes dans le tissage. Ce sont les peuples tribaux d’Iran qui sont les tisserands renommés de beaucoup de Tapis Persans. Ces tribus sont confrontées aux mêmes défis que les peuples autochtones des Amériques, la pauvreté, le manque de services de santé, la mobilité traditionnelle, et la revitalisation de leurs langues, entre autres. Aux Etats-Unis, on entend rarement parler de ces tribus ou de la beauté et de la diversité des peuples et cultures iraniens.
J’ai rencontré des jeunes Iraniens qui sont en train de se définir et de se redéfinir dans leur relation avec la République Islamique. J’ai découvert un peuple en train de construire un équilibre entre l’Islam ancien et la modernité. J’ai trouvé des femmes fortes en train de définir les droits des femmes en Iran selon leurs propres termes.
En me promenant dans ces terres sacrées très anciennes, je n’ai pas vu de terroristes. J’ai vu des visages d’êtres humains réels ; j’ai vu des familles, des mères, des pères et des enfants, aucun des stéréotypes racistes qu’on trouve dans les médias. L’Iran héberge de nombreuses cultures et des fois différentes.
J’ai rencontré des gens parmi les plus gentils et les plus hospitaliers que j’aie jamais rencontré. J’ai découvert que les gens qui pratiquent l’Islam sont bons et prient beaucoup, tout comme les Navajos. En Islam, les invités et les étrangers sont traités comme des messagers de Dieu et traités avec un grand respect. J’ai reçu ce degré de respect et j’ai été invitée dans leurs foyers, où nous avons mangé et prié pour la paix entre nous. Nous avons récité des prières Navajo et Musulmanes.
Je voulais que les Iraniens comprennent la diversité de l’Amérique, l’idée de Nations Autochtones souveraines, de peuples distincts, comme nation dans une nation. Je voulais qu’ils comprennent certaines réalités, puissance et défis des peuples autochtones aux Etats-Unis, et, ce qui est le plus important, qu’ils ne voient pas les Navajos comme un peuple en voie de disparition, mais comme des protagonistes actifs dans une longue bataille épique pour l’harmonie complète et l’autodétermination. Je voulais qu’ils connaissent les Navajos, non seulement comme un peuple qui vit en harmonie, mais aussi comme un peuple de guerriers féroces qui se sont battus et se battent encore pour la libération, la restauration et la guérison de nos peuples, de la terre, de ses ressources, de notre culture et de notre langue.
Quand j’ai partagé mon histoire avec des Iraniens, j’ai senti un véritable sens de solidarité, une relation presque familiale. J’ai trouvé des gens pleins de compassion pour les luttes des peuples autochtones d’Amérique du Nord. Bien que nous soyons différents, nous avons une chose en commun. Les peuples iraniens, tout comme les peuples autochtones, veulent déterminer leur propre avenir, mettre en pratique leur culture et leurs religions, sans interférences de l’extérieur, de dirigeants étrangers, ou de leurs influences. J’ai parlé avec des vétérans de la guerre entre l’Iran et l’Iraq des années 1980, qui défendent leur pays et défendent la paix parce qu’ils ne veulent plus jamais connaitre la guerre et les destructions qu’elle a produites dans leurs territoires. En fait, les Iraniens sont encore en train de guérir du traumatisme causé par cette guerre.
Les Navajos ont beaucoup à apprendre aux Américains et au monde en termes de non-violence et de résolution des conflits, comme la Cour des Pacificateurs de la Nation Navajo et les Pacificateurs Navajo.
Le but de la pacification Navajo est de résoudre les conflits et de restaurer l’harmonie aux individus en conflit sur la base non-violente de la tradition et de la croyance Navajo. La structure de pacification Navajo est construite sur la philosophie Navajo de Hozho, et utilise un procédé qui s’appuie sur le dialogue, ce que Robert Yazzie explique par l’expression « parler des choses jusqu’au fond ».
Les Etats-Unis peuvent apprendre beaucoup des Navajos dans ce domaine, étant donné que les Etats-Unis ont toujours échoué dans le dialogue ou la discussion complète des choses avec le peuple ou le gouvernement Iranien. Cet échec ne menace pas seulement la sécurité des Américains, mais aussi la vie des peuples Iraniens et des jeunes soldats autochtones et Navajos. Si le gouvernement des Etats-Unis est incapable ou n’a pas la volonté de mener ce dialogue, la société civile et les Nations Indiennes doivent défendre et créer ces discussions.
En tant que Navajos, on nous a appris à prendre soin de la terre, qui, en retour, prendra soin de nous. C’est une pratique ancienne d’écologie durable. Si nous brisons les lois de la nature, et les enseignements de Gens Sacrés, ils peuvent nous discipliner. Donc, on nous a appris à faire tout ce que nous pouvons pour maintenir l’harmonie [hozho]. C’est ce qu’ont dit les Anciens. Les Gens Sacrés nous ont aussi appris à vivre et à ne pas consommer trop de quelque ressource que ce soit, et ça s’applique à la consommation de pétrole. Il ne devrait pas y avoir de guerres pour le pétrole. Le pétrole est comme le sang de la terre, notre mère. Le peuple Navajo et les Américains doivent se tourner vers la sagesse ancienne et réévaluer les conséquences de la surconsommation des ressources de la terre. Aussi bien les carburants ‘naturels’ comme l’huile de palme et l’éthanol que les carburants fossiles comme le pétrole ou le charbon.
Il n’y a qu’à observer les changements climatiques, les ouragans, les inondations, les déséquilibres atmosphériques pour voir les conséquences de la rupture avec nos pratiques durables et écologiques. Certains appellent ça un changement climatique, peut-être que les Navajos le voient comme un acte des Gens Sacrés pour nous ramener à la discipline, parce que nous avons rompu l’équilibre de notre vie avec la terre et ne l’avons pas respectée. Nous sommes les Diyin Nohookáá Diné, les Gens de la Surface Sacrée de la Terre. Les Navajos sont investis de la responsabilité sacrée de maintenir le Hozho. Les Gens Sacrés nous ont enseigné à valoriser et respecter toute vie comme sacrée. Ça comprend la Terre et la vie humaine.
Ça comprend aussi les vies des peuples du Moyen-Orient et des Iraniens, quelque soient les différences entre nos cultures. Je crois que le Hozho, vivre en harmonie, peut être appliqué pour créer l’harmonie à des échelles locales ou globales. Pour créer et défendre un monde et une société où la paix et l’harmonie règnent sur les plans personnel, local, national et international.
Vivre en harmonie ou sur la voie du pollen, est un chemin difficile, mais c’est une voie que les ancêtres ont transmise personnellement et collectivement pour trouver la paix. Aller en hozho ou en paix c’est aller comme un guerrier, mais pas tous les guerriers portent des armes, certains portent des chants, certains portent du cèdre, et certains portent des prières pour la paix.
©Brenda Norrell et Michelle Cook, Censored News.