Par Brenda Norrell
Censored News
19 novembre 2014
Traduction Christine Prat
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Greg Grey Cloud, un Lakota de Crow Creek et co-fondateur de Wica Agli à Rosebud dans le Dakota du Sud, a été libéré la nuit dernière, après avoir été détenu pour avoir chanté au Sénat des Etats-Unis le chant des gens dont l’eau et les terres sont menacées par le très polluant oléoduc Keystone XL. Le vote pour le Keystone XL a échoué au Sénat hier (18 novembre) après que le projet de loi ait été adopté à la Chambre des Représentants.
Greg Grey Cloud a continué à chanter alors qu’il était projeté au sol et cogné contre le mur, menotté.
Greg Grey Cloud a remercié ceux qui ont ouvert le chemin, en particulier les présidents de la Nation Indienne et les gens de la base, pour le long combat contre l’extraction de sables bitumineux en Alberta, Canada, et la perspective de l’oléoduc très polluant qui menace l’immense nappe aquifère Ogallala en territoire Lakota.
Grey Cloud dit, la nuit dernière : « Alors que je suis là à essayer de me calmer des actions d’aujourd’hui et d’aller dormir, je dois exprimer des remerciements ! J’exprime toute ma gratitude à ceux qui combattent les pipelines ! Mes alliés dans le grand état du Nebraska qui sont les cowboys de notre alliance ! A mes nations Autochtones qui soutiennent, nous sommes les Indiens de nos cowboys ! A toutes les grands-mères, les tantes qui sont les femmes fortes et pleines d’influence qui ont ouvert la route pour nous, jeunes neveux, pour les soutenir ! Aux présidents tribaux qui soutiennent notre combat contre KXL et un grand merci à nos officiels élus, aux gens de la base, et à nos leaders communautaires ! »
Greg Grey Cloud a traduit le chant qu’il a chanté au Sénat pour Lakota Voice : Voir la traduction de l’article d’Ann-Erika White Bird.

Voir tous les articles traduits en français sur la résistance au pipeline Keystone XL

 

LE VOTE EN FAVEUR DE L’OLEODUC KEYSTONE XL ECHOUE AU SENAT AMERICAIN, UN RESISTANT À L’OLEODUC, CO-FONDATEUR DE WICA AGLI EXPULSE PUIS ARRETE

20 novembre 2014
Christine Prat

Des membres de Wica Agli (voir l’article du 14 novembre) se sont rendus à Washington D.C. le 18 novembre pour manifester leur solidarité avec le Président de la Tribu Sioux de Rosebud et avec l’organisation militante anti-oléoduc Cowboy Indian Alliance, qui existe dans plusieurs états.

Greg Grey Cloud, co-fondateur de Wica Agli, a dit avoir été inspiré par la déclaration du Président Scott de se rendre à Washington D.C. et d’aider autant que possible. Selon le communiqué de presse publié sur Lakota Voice le 17 novembre, il a dit : « Des déclarations puissantes comme celles qui ont été faites dans le communiqué de presse nous incitent à continuer de nous battre pour la santé et le bien-être de notre grand-mère la Terre et des femmes et des enfants de notre communauté. Nous devons impérativement bloquer ce Pipeline et tous les autres projets qui mettent nos familles en danger. »

Le 18 novembre, Greg Grey Cloud, présent au Sénat, a chanté un chant Amérindien, a été expulsé de la salle – chantant toujours – a été traité assez brutalement, puis arrêté. Il a été relâché au bout de cinq heures mais doit passer en jugement le 10 décembre.

Ci-dessous, traduction d’un article d’Ann-Erika White Bird, publié sur Lakota Voice.

 

UN ADVERSAIRE DU PIPELINE ET CO-FONDATEUR DE WICA AGLI EXPULSE DU SENAT ET ARRETE

18 novembre 2014
Par Ann-Erika White Bird
Publié sur Lakota Voice
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RosebudLogo29-3-2014SICANGU LAKOTA OYATE [Rosebud, Dakota du Sud] – Greg Grey Cloud a fait la fierté de la Nation Lakota/Dakota/Nakota en chantant à pleine voix le chant unci maka wiwayang wacipi au Sénat ce jour. Grey Cloud est membre de la Tribu Sioux de Crow Creek, co-fondateur de Wica Agli et est oka wicasa.

Grey Cloud explique la traduction du chant comme suit : « Grand-Père regarde-moi, je suis en train de lutter, je défends grand-mère la Terre et je cours après la paix. » Il ajoute que le chant « n’est pas seulement le mien, mais celui de tous mes frères de Wica Agli. Nous défendons les femmes et les enfants de notre communauté. Le chant lui-même a eu une forte influence sur la raison pour laquelle je l’ai chanté ici. »

Dans la vidéo de CNN enregistrée dans la salle du Sénat, on peut entendre Grey Cloud après que le vote en faveur de la loi autorisant la construction de l’oléoduc KXL ait échoué. Il n’a manqué qu’une voix, il en fallait 60 pour que la loi passe, il y en a eu 59 pour et 41 contre.

Grey Cloud a déclaré qu’il avait été expulsé de la Chambre par la police du Capitol, jeté contre le mur et arrêté, continuant à chanter tout le temps. Il a été détenu en prison pendant cinq heures pour avoir interrompu le Sénat et assigné à passer au tribunal le 10 décembre 2014.

Grey Cloud, résident de la Réserve de Rosebud, avait demandé la permission d’utiliser le chant. Le membre de la Tribu Sioux de Rosebud Pat Bad Hand Sr. a expliqué les origines du chant, créé par Howard Bad Hand à Big Mountain, comme protestation contre les mines de charbon. Bad Hand Sr. a donné son accord, considérant qu’il était approprié de le chanter.

« Ce qui était important était de montrer aux Sénateurs des Etats-Unis, au Président et au gouvernement que nous sommes impliqués, et dans beaucoup de régions. Bien que la loi sur le KXL ne soit pas passée, le chant a été chanté en soutien aux Tribus, aux gens de la base et à l’Alliance Cowboy Indien, pour faire savoir aux Sénateurs que nous sommes là, que nous sommes un peuple aussi, et que nous soutenons ceux qui nous soutiennent. »

LE VOTE DE LA CHAMBRE DES REPRESENTANTS EN FAVEUR DE L’OLEODUC KEYSTONE XL EST UN ACTE DE GUERRE

Par Wica Agli
Publié sur le site Lakota Voice
Le 14 novembre 2014
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Traduction Christine Prat

 

RosebudLogo29-3-2014ROSEBUD, Dakota du Sud – En réaction au vote de ce jour à la Chambre des Représentants des Etats-Unis, autorisant l’oléoduc Keystone XL devant transporter du pétrole de sables bitumineux, le Président Tribal Sioux de Rosebud a annoncé que la Tribu Sioux de Rosebud (Sicangu Lakota Oyate) considérait l’autorisation de cet oléoduc comme un acte de guerre.

La Tribu a fait ce qu’elle a pu pour rester pacifique dans ses interactions avec les Etats-Unis dans cette affaire, en dépit du fait que la Tribu Sioux de Rosebud doive encore être consultée dans les formes sur le projet, qui traverserait les Terres Tribales, et que les inquiétudes exprimées auprès des Ministères de l’Intérieur et des Affaires Etrangères doivent encore être prises en compte.

« La Chambre a signé notre arrêt de mort et l’arrêt de mort de nos enfants et petits-enfants. La Tribu Sioux de Rosebud n’autorisera pas ce pipeline à traverser nos terres » dit le Président de la Tribu Sioux de Rosebud, M. Scott. « Nous sommes indignés par le manque de coopération intergouvernementale. Nous sommes une nation souveraine et ne sommes pas traités comme tel. Nous fermerons les frontières de notre réserve au Keystone XL. Autoriser le Keystone XL est un acte de guerre contre notre peuple. »

En février dernier, la Tribu Sioux de Rosebud et d’autres membres de la Grande Nation Sioux ont adopté des résolutions Tribales s’opposant au projet Keystone XL.

« Les peuples Lakota ont toujours été les intendants de cette terre » ajouta le Président Scott. « Nous pensons qu’il est impératif que nous fournissions des sources d’énergie sûres et responsables, non seulement aux membres de nos Tribus, mais également aux non-membres. Nous devons cesser d’investir dans des projets de carburant risqués comme le Keystone XL de TransCanada. Il est temps de nous souvenir que la terre est notre Mère et arrêter de la polluer, et prendre des mesures pour préserver la terre, l’eau et l’avenir de nos petits-enfants. »

La Tribu Sioux de Rosebud et plusieurs autres Tribus du Dakota du Sud sont unies pour s’opposer à des projets de carburant risqués et dangereux comme le Keystone XL de TransCanada. Le trajet projeté pour le Keystone XL de TransCanada traverse directement les Terres de la Grande Nation Sioux (Oceti Sakowin) telles qu’elles ont été définies par les deux Traités, celui de 1851 et celui de Fort Laramie de 1868, et passe à l’intérieur des frontières des Réserves Sioux de Rosebud et de Cheyenne River.

 

Par la journaliste indépendante Marley Shebala
Publié sur le site Marley Shebala’s Notebook
Le 29 octobre 2014
Traduction Christine Prat
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Mardi 22 octobre 2014, le Bureau des Affaires Indiennes des Etats-Unis a lancé une campagne qui devrait être la solution finale à l’interminable dispute Navajo-Hopi pour des terres. Le BIA et la police Hopi ont érigé des barricades sur les routes conduisant aux « Terres Hopi Divisées » [Hopi Partition Land – HPL], et ni les personnes de l’extérieur, ni les résidents ne peuvent y entrer ou en sortir.

Ceci, d’après un Communiqué de Presse du 28 octobre publié par deux organisations Navajo, Forgotten People [les gens oubliés] et Doodah Desert Rock [Non à Desert Rock, un projet de centrale abandonné].

Le 28 octobre également, le Délégué du Conseil Navajo, Dwight Witherspoon, a appelé le gouvernement de la Nation Navajo à fournir de l’assistance aux familles Navajo subissant l’attaque.

Dans une lettre du 28 octobre au Directeur exécutif de la Sécurité Publique de la Nation Navajo, Herbert Tsosie, Witherspoon a déclaré : « La situation est très tendue. Un neveu de Sarah Blackrock s’est armé et a emmené les moutons dans le canyon, déclarant qu’il se battrait contre les Hopi si c’était nécessaire. La famille Blackrock doit y retourner pour le convaincre de se désarmer. »

« Deux jeunes de la famille Bahe Begay ont été arrêtés ce matin alors que des Hopi confisquaient le bétail de la famille Bahe Begay qui réside dans les « Terres Hopi Divisées », ajouta le délégué du Conseil. « Les Hopi y vont tôt le matin en grande force et sortent les moutons des corrals. Ils ont un hélicoptère pour surveiller des airs. »

« Les familles Navajo des HPL ont vraiment besoin d’aide » souligne Witherspoon dans sa lettre à Tsosie. « Je souhaiterais que vous fournissiez du personnel ou que vous fassiez appel à des agents fédéraux pour contrôler la sécurité publique. »

Witherspoon ajouta que Tsosie devait envoyer une équipe à la réunion de la Commission des Terres Navajo Hopi du 30 octobre à 10h30, dans la salle du Budget et du Comité des Finances, où il a demandé au Procureur Général de la Nation Navajo Harrison Tsosie de présenter une mise à jour, ainsi que les options légales pour assister les familles Navajo vivant sur les HPL dont le bétail est confisqué, et de recenser des terres où les familles Navajo peuvent conduire leur bétail jusqu’à ce que l’affaire soit résolue avec les Hopi.

L’association Black Mesa Indigenous Support Group a annoncé que des familles Diné de Big Mountain et Black Mesa se réuniraient sur le parking de la Wells Fargo à Window Rock, Arizona, pour marcher jusqu’aux chambres du Conseil à 8h30 [voir article sur la manif]. La salle de conférence du Comité du Budget et des Finances est au nord des chambres du Conseil.
« Je suis partisan de ce que le Département de la Justice (Navajo) dépose une requête auprès de la Cour Fédérale de District demandant aux Hopi de respecter l’Accord d’Accommodation visant à augmenter le nombre de moutons jusqu’à 2800 et à permettre le pâturage dans des unités supplémentaires » note Witherspoon. « Nous demanderons aussi une injonction. »

Dans une autre lettre, au Directeur du Bureau de Développement des Terres Navajo Hopi, Raymond Maxx, Witherspoon le presse d’assister à la réunion du NHLC du 30 octobre ainsi qu’à une réunion, le 2 novembre, au Chapitre de la Nation Navajo de Hard Rock. Le Chapitre de Hard Rock est adjacent aux HPL [Terres Hopi Divisées].

D’après une lettre du 24 octobre, adressée au Président Tribal Hopi Herman Honanie par Maxx, la Commission des Terres Navajo Hopi a été notifiée des confiscations par la Tribu Hopi de bétail appartenant à des familles Navajo vivant sur les HPL durant la semaine du 13 octobre, par « des résidents, des journalistes, des activistes, le Ministère de la Justice US et les réseaux sociaux. »

Maxx expliquait à Honanie que le bureau de la NHLC était conscient du comptage par la Tribu Hopi du nombre de bétail appartenant à des familles Navajo sur les HPL et de ce que la Tribu Hopi avait notifié aux propriétaires de bétail « que le bétail en excès de ce qui était permis pourrait être confisqué. »

Il a signifié à Honanie que « pour éviter de créer une situation qui nuirait aux deux Tribus et aux résidents des HPL, la NHLCO demande que la Tribu Hopi cesse les confiscations en cours et s’abstienne d’en entreprendre d’autres et laisse à la NHLCO l’occasion de conférer avec les résidents pour leur demander de retirer leur bétail en excès de ce qui est permis sur les HPL. Une période de grâce de dix jours est recommandée entre la demande et l’approbation.

« Nous pensons que cette procédure diminuera les situations traumatisantes qui pourraient être associées à la confiscation de bétail imposé aux propriétaires résidents » ajouta Maxx. « Nous avons fait cette demande dans un esprit de coopération. »

Dans deux lettres du 28 octobre, l’une au Directeur du Bureau des Droits de l’Homme Navajo, Leonard Gorman et l’autre au Directeur du Service des Terres Navajo, Mike Halona, il a demandé aux deux administrateurs d’assister à la réunion du 30 octobre.

Witherspoon a demandé à Gorman de fournir un rapport à jour sur l’assistance que la Commission des Droits de l’Homme Navajo pouvait apporter aux familles Navajo sur les HPL.

Les associations ‘Forgotten People’ et ‘Doodah Desert Rock’ ont raconté : « Derrières ces barrières des forces combinées vont de maison en maison, emmenant le bétail dont les familles dépendent pour leur survie. Tout le bétail de Caroline Tohannie, 84 ans, a été confisqué le 22 octobre et deux voisins, Zena et Jerry Lane, qui essayaient de la consoler, ont été frappés et Jerry a été arrêté.

« Le 28 octobre, la confiscation des moutons de Bahe Begay a amené la police à encercler leurs enfants Milayia Yoe et Lance Sells en pointant des fusils, puis ils les ont arrêtés. De nombreuses familles sont attaquées de façon similaire chaque jours » disent les deux associations.

Elles ont aussi déclaré que « ces confiscations de bétail ne reposent pas sur un désir d’améliorer l’écosystème de la zone – leur but est de rendre impossible pour les Diné de rester dans les HPL. »

« Les officiels Hopi et ceux du BIA ont aussi informé les Diné que les confiscations serait suivies de procédures d’éviction contre les familles ne possédant pas de bail valable avec la Tribu Hopi et qu’ils n’avaient pas l’intention de renouveler de permis pour le bétail d’aucun Diné », ont aussi déclaré les associations ‘Forgotten People’ et ‘Doodah Desert Rock’.

« Ils ont l’intention de régler définitivement la dispute territoriale Navajo-Hopi », disent les deux associations.

 

Historique de la Dispute Territoriale Navajo-Hopi, par ‘Forgotten People’ et ‘Doodah Desert Rock :

La ‘Dispute Territoriale Navajo-Hopi’ a débuté quand des avocats des deux tribus ont déposé la plainte intitulée Healing contre Jones, dans les années 1950, afin d’établir un titre de propriété nécessaire pour accorder des permis de prospection et exploitation de charbon sur des terres situées dans la Réserve Hopi occupées par des familles Navajo.

La décision de 1962 stipulait que les royalties sur le charbon devaient être partagées également (50-50) et que les gens des deux tribus pouvaient résider dans une « Zone d’utilisation Conjointe » [Joint Use Area].

En 1972, les Hopi ne se sont plus satisfaits de l’arrangement sur l’utilisation conjointe, étant donné que les terres étaient essentiellement occupées par des Navajo, et ils ont donc initié l’adoption de la Loi fédérale 93-531 qui devait remplacer l’arrangement sur l’utilisation conjointe par des titres séparés octroyant à chaque tribu 50% des terres.

La zone d’utilisation conjointe étant presque exclusivement occupée par des Diné, la loi imposait la déportation forcée de nombreux Navajo. Le programme a coûté 500 millions de dollars au gouvernement fédéral, mais beaucoup de résistants Diné ont défié le gouvernement fédéral et sont restés sur leurs terres traditionnelles.

In 1996, la loi PL 104-301 tenta de résoudre le problème en offrant des baux à vie et des permis de pâturage limités aux chefs de famille, mais beaucoup de Diné ont refusé d’admettre la perte de leurs droits sur la terre et n’ont pas signé.

La loi autorisait le gouvernement à avoir recours à la force contre ces résistants, mais l’indignation massive de plus de 250 organisations, religieuses et ONG, en 1998 et une enquête par un Rapporteur du Commissaire aux Droits de l’Homme des Nations Unies ont forcé les Etats-Unis à en suspendre l’application.

La trêve a duré plus de 15 ans, jusqu’à ce que le BIA, pour des raisons non rendues publiques, décide qu’il était temps d’appliquer la solution finale.

28 octobre 2014
Contacts :
Mary Lane, Présidente, FORGOTTEN PEOPLE (00 1) 928 864 6413
Elouise Brown, Présidente, DOODA (NO) DESERT ROCK thebrownmachine@hotmail.com

POUR PLUS D’INFOS :
Black Mesa Indigenous Support
http://supportblackmesa.org/
https://www/facebook.com/BlackMesaIndigenousSupport

 

Voir articles précédents:
28 octobre 2014, par Sheep Dog Nation Rocks
28 octobre 2014, par NaBahe Katenay

23 octobre 2014, par Indigenous Action Media

Et un article de 1986, quand les expulsions avaient lieu:
Amsterdam 1986, CHARBON, URANIUM ET LE MEURTRE DES INDIENS

 

PREMIER TRIBUNAL SUR LES INTERNATS OU FURENT ENFERMES DE NOMBREUX ENFANTS AMERINDIENS, TEMOIGNAGES

La Fondation Blue Skies, du Wisconsin, a accueilli un forum pour et sur les survivants des Pensionnats Indiens – le premier du genre aux Etats-Unis – du 22 au 25 octobre 2014. La manifestation était ouverte au public et l’entrée gratuite. Les personnes désirant s’exprimer pouvaient s’inscrire sur le site de la Fondation. Les prises de paroles étaient diffusées en direct sur ce site, pour ceux qui ne pouvaient faire le voyage.

Dorothy Ninham, la directrice de la Fondation, a déclaré : « Notre but est de faire prendre conscience du traitement des enfants Autochtones dans les pensionnats et d’approfondir notre compréhension des effets de ce traitement. En rendant le problème public, la guérison peut commencer. Et tant que nous pouvons recevoir des récits de première main de notre peuple, c’est d’une importance vitale que nous le fassions. »

Les pensionnats Indiens ont été établis aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème pour éduquer les enfants et les jeunes Autochtones selon les normes dominantes. Ils ont d’abord été créés par des missions chrétiennes de différentes appartenances, qui souvent ouvraient des écoles dans les réserves et fondaient des pensionnats pour les enfants qui n’avaient pas d’école à proximité, particulièrement dans les régions peu peuplées de l’Ouest. Finalement, le gouvernement des Etats-Unis a payé des sociétés religieuses pour apporter l’éducation aux enfants Autochtones des réserves. A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, le Bureau des Affaires Indiennes a fondé des pensionnats supplémentaires fondés sur le modèle d’assimilation de l’Ecole Indienne Industrielle de Carlisle, en Pennsylvanie. Le nombre d’enfants Autochtones dans les pensionnats a culminé dans les années 1970, avec une fréquentation estimée à 60000 en 1973.

Les pensionnats ont causé des dommages incalculables à la structure des familles et des communautés Autochtones. De toutes sortes de manières, les enfants été forcés d’abandonner leurs identités et leurs cultures Autochtones. Les enfants étaient forcés de changer leur apparence, il leur était interdit de parler leurs langues autochtones et on leur donnait des noms remplaçant leurs noms traditionnels. Ces dernières années, des enquêtes ont révélé l’existence de maltraitances sexuelles, physiques et mentales dans ces écoles.

Le forum, coparrainé par le Centre des Droits de l’Homme de l’Université du Minnesota, le Centre d’Action pour les Droits de l’Homme de Washington et d’autres, avait pour but d’examiner le programme de ces écoles et de donner l’occasion aux survivants de faire part de leurs histoires au public ainsi qu’à un panel de juges devant tirer des conclusions et faire des recommandations. Les témoignages ont été filmés afin de créer une archive permanente des récits des survivants. (du site de la Fondation Blue Skies)

 

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TRIBUNAL SUR LES PENSIONNATS INDIENS

Voir aussi la traduction du témoignage écrit du prisonnier politique Leonard Peltier

Par Brenda Norrell
Censored News
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Pour des questions de longueur, mais aussi parce que des membres de l’American Indian Movement ont parlé de choses qui n’avaient rien à voir avec les pensionnats, j’ai dû faire de nombreuses coupures – Christine Prat

 

Première journée (Mercredi 22 octobre 2014)

 

GREEN BAY, Wisconsin – Le Tribunal sur les Pensionnats a débuté par une prière traditionnelle et le chant de l’AIM [American Indian Movement] mercredi matin. Bill Means, Lakota, frère de Russel Means, a ouvert le Tribunal. Parmi les orateurs du premier jour, il y avait Loretta Metoxen, historienne Oneida, David Tucker, historien Oneida-Menominee, Melinda Young, historienne du Lac Flambeau, et Terrance Nelson, Anishinaabe et Grand Chef de l’Organisation des Chefs du Sud, du Canada. Le Tribunal s’est poursuivi par des témoignages, avec une fête le jeudi soir et un banquet le vendredi soir.

Le Tribunal de cette année est le second Tribunal Annuel. Celui de l’an dernier portait sur la libération de Leonard Peltier, l’activiste emprisonné, et les droits des Peuples Autochtones. Parmi les intervenants, il y avait Manny Pino, Pueblo Acoma, qui a parlé de la défense de la terre, de l’eau et de l’air contre l’extraction d’uranium en territoire Pueblo. La désastreuse extraction d’uranium pendant la Guerre froide, chez les Laguna et les Acoma, et dans la Nation Navajo, a laissé derrière elle une histoire de morts de cancer et encore aujourd’hui, des milliers de dépôts de déchets radioactifs.

Dennis Banks, Anishinaabe, et Bill Means, Lakota, ont souhaité la bienvenue aux Autochtones pour ce premier jour du Tribunal sur les effets dévastateurs des pensionnats.

Dennis Banks, Anishinaabe, a encouragé les jeunes Autochtones à prendre la tête de l’American Indian Movement.
Parlant de sa propre enfance, Banks a dit avoir été dans des pensionnats de cinq à seize ans, durant 11 ans. Il a décrit les cris qu’il entendait la nuit, des enfants Indiens battus et violés dans ces pensionnats.
« Des cris la nuit, c’était très courant » dit Banks.
« Le terme ‘traumatisme historique’ ne va pas au cœur de ce que nous avons vécu », dit-il.
Décrivant les générations d’enfants Indiens arrachés à leurs parents et emmenés de force dans les pensionnats, Banks dit qu’il connaissait de première main la souffrance d’apprendre qu’un enfant avait été emmené, parce qu’un de ses petits-enfants a été enlevé à sa famille par les services sociaux.
« J’étais moi-même un enfant enlevé à sa famille. »
Il dit qu’aujourd’hui encore les services sociaux prennent des décisions fondées sur une structure non-Indienne des familles et ne prennent pas en compte la famille étendue des Peuples Autochtones.
En décrivant ce que c’était que d’être dans un pensionnat étant enfant, Banks ajouta : « Ma mère ne m’a jamais écrit. »
Quand il a enfin revu sa mère, il lui a demandé pourquoi elle n’avait jamais écrit. Elle dit qu’elle lui avait écrit.
C’est seulement des décennies plus tard, quand les papiers de ces internats ont été découverts, qu’il a finalement reçu les lettres de sa mère.
Dans l’une des lettres, il y avait un vieux billet de 5 dollars. « Je veux que vous renvoyiez mon fils à la maison » avait-elle écrit dans la lettre, adressée au pensionnat.
A propos des séances de fouettage et des cris dans ces pensionnats, Banks dit qu’ils ne le quitteraient jamais. « Ces cris sont toujours des cris, ces larmes sont toujours des larmes ».

Pendant la session d’ouverture du Tribunal, Bill Means a parlé de l’importance d’apprendre aux enfants leur langue traditionnelle et du besoin d’inspirer les enfants par les programmes d’éducation.
[…]
L’après-midi a été consacré à une visite de Green Bay. Le soir il y eut un rassemblement et une consultation de l’American Indian Movement.

 

Deuxième journée (Jeudi 23 octobre 2014)

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GREEN BAY, Wisconsin – Le Tribunal sur les Effets Dévastateurs des Pensionnats a commencé le second jour avec Jean Whitehorse, Diné (Navajo), qui a parlé des droits des Autochtones et de la stérilisation de femmes Indiennes. [Voir article du 5 décembre 2013] Jean Whitehorse dit qu’elle s’était rendue à l’hôpital souffrant d’une douleur intense et qu’on lui avait demandé de signer des papiers.
« Ils m’ont opérée de l’appendicite et stérilisée en plus » dit-elle, à propos de la stérilisation pratiquée à son insu à l’Hôpital Indien de Gallup [Nouveau-Mexique].
A l’époque, le gouvernement US avait publié une brochure promettant beaucoup de chevaux aux femmes Autochtones qui n’avaient pas beaucoup d’enfants.
« Je suis fière d’avoir eu une fille avant qu’ils ne me fassent cela ».
Puis J. Whitehorse a parlé de ses héros, parmi lesquels les femmes Navajos résistant à Big Mountain et sa propre grand-mère.

Des femmes Autochtones témoignent

Kim Oseira, Autochtone d’Alaska et survivante de l’Orphelinat de la Mission de la Sainte Croix, Holy Cross, en Alaska, dit que ces expériences, dans la vie, vous donnent toujours à la fois de la souffrance et de la beauté. « Nous étions très souvent punies, donc nous avons appris à mentir ». « Nous savions très bien que si nous disions la vérité, nous serions punies ». Elle se souvenait avoir été punie et avoir dû déménager tous les lits du dortoir. Elle avait neuf ou dix ans et avait dû frotter les planchers bruns jusqu’à ce qu’ils soient blancs. Alors qu’elle allait faire le dernier petit coin, une bonne sœur l’a saisie au poignet et jetée à terre. « Nous étions affamées. Les sœurs ne nous nourrissaient pas convenablement ».
[…]
Madonna Thunderhawk, une Lakota de Cheyenne River, dans le Dakota du Sud, se souvient de sa mère et de ce que celle-ci a vécu dans les pensionnats du Dakota du Sud. M. Thunderhawk raconte comment les maltraitances dans les internats et les émotions glaçantes de la génération de sa mère se sont perpétuées dans la génération suivante. « Elle avait l’habitude de dire : ‘Vous croyez que vous en bavez’ ». Sa mère n’a parlé de ce qu’elle avait vécu que lorsqu’elle était devenue vieille. « Nous étions réduite au silence par la peur ». Sa mère avait appris à ne pas s’enfuir. Quand un enfant s’échappait, tous les enfants étaient conduits dans une pièce du pensionnat. Leurs cheveux étaient rasés. « Ensuite ils étaient alignés et fouettés » dit M. Thunderhawk. Les enfants n’émettaient jamais un son. Quand ils étaient pris à parler dans leur langue, ils étaient forcés à se mettre à genoux sur des haricots sur le plancher pendant très longtemps. Mais plus tard, au lycée, sa mère a changé de pensionnat et est devenue championne de tennis. M. Thunderhawk dit qu’elle a grandi avec une mère sérieuse et froide, qui s’est bien occupée de ses enfants, mais qui souffrait du manque d’émotion causé par les maltraitances au pensionnat.
[…]
Une Ancienne Menominee du Wisconsin, de 93 ans, a tristement raconté combien elle désirait retourner dans la ferme familiale. Elle se souvenait de ses parents, qui avaient été au pensionnat de Carlisle. « Ils étaient punis pour des choses auxquelles ils ne pouvaient rien, qui n’étaient pas de leur faute ». « L’Ecole a disparu, la clôture a disparu, mais les souvenirs sont toujours là ». Elle dit être reconnaissante de ce que l’école n’existe plus. « Il y avait des mauvais traitements ». « Nous sommes Autochtones de l’Amérique. Nous ne sommes pas Indiens. Nous étions ici avant que Christophe Colomb vienne. »
Yvonne Swan est Sinixt, « Peuple des Arrow Lakes, des Tribus Confédérées de Colville, dans l’état de Washington. « Ils pensaient que c’était bien de nous envoyer dans un pensionnat. Ils pensaient que nous aurions une bonne éducation. » Evoquant son grand-père, elle dit qu’ « il nous donnait les noms d’ancêtres. » Le grand-père disait que c’était nécessaire afin qu’à leur mort ils soient reconnus par les Esprits. A propos du Tribunal sur les Pensionnats, Yvonne Swan dit que c’était important pour guérir. « Les Etats-Unis ont pris beaucoup de choses à notre peuple. » « Nous devons revenir des profondeurs et sortir tout cela. » Parlant de sa propre expérience, elle dit avoir une « peur flottante incontrôlable ». Elle raconte comment, quand quelqu’un est entré chez elle par effraction, elle a protégé sa famille. A propos de sa propre expérience dans l’internat d’une mission, elle dit que ses parents étaient pauvres, mais qu’ils envoyaient un peu d’argent à la mission. Ce qui fait qu’elle était traitée un peu mieux que les autres. Pourtant, l’endoctrinement et l’enseignement religieux sur le péché lui ont laissé une mauvaise image d’elle-même. « Quel genre de péchés peut commettre une petite de six ans ? »
[…]

Des enfants lisent des histoires de pensionnats

Pendant cette deuxième journée, des enfants Oneida ont lu des histoires vécues dans des pensionnats. Ils ont raconté l’histoire d’un petit garçon giflé pour avoir dit la vérité sur le fait qu’il avait écrit son nom sur son propre dictionnaire. Un autre enfant a lu l’histoire d’une petite fille battue parce qu’elle ne pouvait pas se défendre de fausses accusations, ne parlant pas anglais.

D’autres témoignages ont suivi
[…]

Les témoignages du jeudi ont été suivis d’une Cérémonie de la Pipe.

 

Troisième journée (Vendredi 24 octobre 2014)

See original article in English, and second part (more testimonies)

CONCLUSIONS PRÉLIMINAIRES DU TRIBUNAL

GREEN BAY, Wisconsin – Le Tribunal sur les Pensionnats a entamé sa troisième et dernière journée avec des témoins parlant de la Revitalisation de la Langue et le témoignage de Bill Means, Lakota. […] Au cours de la conclusion, Dennis Banks a parlé de l’histoire et de la direction de l’American Indian Movement.
[…]
Bill Means, le frère de Russel Means, dit que le concept des pensionnats avait vu le jour en prison. C’était à Fort Marion, en Floride, où les leaders Indiens qui combattaient les Etats-Unis étaient détenus.
Richard Henry Pratt a commencé à enseigner aux prisonniers et à les transformer. Plus tard, il fonda le pensionnat de Carlisle et la devise « Tuez l’Indien et sauvez l’homme. »
Les pensionnats où les parents des Means se sont connus se trouvaient dans les Dakotas.
Une des punitions les plus courantes était appliquée pour avoir parlé sa propre langue. « La punition la plus sévère était pour avoir chanté des chants en public. »
Means dit que sa mère n’avait rien dit jusqu’à un âge avancé. Les parents de Means étaient au Pensionnat Indien de Flandreau. Means explique : « On leur attachait des sacs de cailloux aux genoux et on les forçait à récurer la cave à genoux pour avoir parlé leur langue. » Le père de Means s’occupait des chevaux du pensionnat. Un jour, le cheval, que son père et un ami essayaient d’attraper, s’est emballé, s’est pris dans des fils barbelés et s’est coupé. C’était un cheval de course appartenant à un membre de la direction. « Il a battu à mort l’ami de mon père. » « Il n’a pas été condamné, il a juste été muté dans un autre pensionnat. »
[…]
Madonna Thunderhawk a raconté son interview d’un Ancien, à propos de ce qu’il avait vécu en pension. Son nom de famille vient d’un journal : Victor Herald. Victor est de la Tribu de Cheyenne River dans le Dakota du Sud. Il avait quatre ans lorsqu’il a été pris. « Tout ce dont il se souvient, c’est de l’arrivée des camions. C’était un camion à benne. Il n’avait aucune idée de ce qui arrivait. » « Bien sûr, il ne connaissait pas l’anglais. » C’était à la fin des années 1940. Les enfants de la famille, qui ont tous été emmenés, s’étaient déjà fait couper les cheveux, parce que les pensionnats utilisaient encore le DDT quand les enfants y arrivaient. Plus tard, ils ont utilisé du kérosène. Victor, à quatre ans, comme beaucoup d’enfants, faisait pipi au lit. Ils étaient tellement traumatisés. A cause de cela, il a été cogné contre le mur du dortoir par le surveillant jusqu’à ce que ses os se brisent – à quatre ans. Madonna dit : « Le surveillant n’arrêtait pas de le cogner contre le mur. Il s’y est cassé plusieurs côtes, puis son nez. » L’école ne l’a jamais fait traiter médicalement. « Il a appris tout de suite qu’on était battu pour ne pas savoir ce qui se passe ». Bien qu’il n’ait eu que quatre ans, Victor restait éveillé toute la nuit, afin de ne pas mouiller son lit. Après çà, il y a eu les brutalités d’autres enfants qui les terrorisaient. « Il y avait beaucoup de brutalité et de coups de la part d’enfants plus grands. » Victor y fut gardé pendant deux ans et oublia à quoi ses parents ressemblaient. Quand il put finalement rentrer chez lui, il parlait anglais et était séparé de sa famille. « Çà l’a séparé de sa famille parce qu’il était devenu tellement différent. » Maintenant, alors qu’il a 70 ans, Madonna dit de Victor : « Il a encore des cicatrices sur le dos. » Ces cicatrices viennent des coups et blessures jamais soignés au pensionnat.
Madonna dit au Tribunal sur les Pensionnats, ici à Green Bay : « Il était très content que son histoire soit dite. » Avant qu’elle ne vienne, Victor avait dit à Madonna : « Quand vous serez là-bas, vous-le direz à tous ces gens. »
[…]
Puis, une femme Autochtone s’est exprimée. « Les pensionnats des missions nous prennent nos futurs, nos enfants. Aujourd’hui ils privent nos gosses de nos voies harmonieuses, d’apprendre comment saluer le soleil du matin. » « C’est très important que quand vous prenez quelque chose de Notre Mère la Terre vous deviez y laisser votre tabac. » « Nous devons les nourrir » dit-elle en parlant des ancêtres disparus. « Ma mère s’est assurée que j’apprenne cela. » C’est les voies traditionnelles qui l’ont sauvée. « Nos enfants deviennent suicidaires. Ils n’ont pas cela, certains ne savent pas cela. » « J’ai perdu ma nièce, il y a environs un an. Elle était si belle. » En larmes, elle ajoute « Tu me manque, ma petite. »
[…]
Au cours de la session de l’après-midi, Mike Forcia, Président de l’American Movement de Minneapolis a parlé à son tour. […] [Après avoir évoqué le rôle de l’AIM de Minneapolis,] Mike dit qu’il ne parlait pas sa langue, aujourd’hui, à cause de ces pensionnats.
Ensuite, Delbert Charging Crow, Lakota, de Wanblee, à Pine Ridge s’est exprimé. Les pensionnats et le Christianisme ont inculqué beaucoup de peur aux gens. Au pensionnat de Rosebud, ils ont décidé qu’il serait pasteur quand il avait 12 ans. Mais c’était clair qu’il n’en serait rien dès qu’il aurait grandi. Charging Crow dit qu’en 1972, le pensionnat de Rosebud avait présenté des excuses pour les coups, le rasage des cheveux et l’interdiction de parler la langue d’origine. […] Il dit que « les Lakota étaient des guerriers qui ne craignaient pas la mort. » « La mort est une belle vie pour nous. » « Quand nous prions, nous prions le grand-père des Quatre Vents. » […] « Quand vous mourez, vous revenez sous forme d’aigles » dit-il en remerciant ses grands-parents. « Mon arrière grand-père Crazy Horse ramassa une pierre et la porta sur lui, çà l’a protégé de toute blessure » dit-il pour montrer combien la Terre était puissante. « Les Black Hills sont le battement de cœur de l’Ile de la Tortue [nom donné à l’Amérique du Nord par beaucoup d’Autochtones – NdT]. » […]
Puis un homme a dit que la seule connaissance qu’il avait de son héritage Autochtone était ses papiers d’adoption. […]
Robert Roche, ex-directeur du Centre Indien de Cleveland […] a parlé du taux élevé des suicides, du diabète et de l’espérance de vie très basse. […] Robert apportait un message de solidarité de Glenn Morris et de l’AIM Autonome du Colorado.
[…]
Jean Whitehorse, Diné (Navajo) dit que dans la région de la Baie [de San Francisco] l’AIM Ouest était bien vivante. […] Elle dit qu’en Californie de nombreuses tribus n’étaient toujours pas reconnues. […] Jean dit que le racisme commençait à la maison, quand les enfants avaient trois-quatre ans. Elle fait des conférences sur les préjugés dans la littérature enfantine. Elle dit que les préjugés dans les livres montrés aux enfants entre deux et trois ans resteront dans leur mémoire. En tant que bibliothécaire tribale, elle fait prendre conscience aux bibliothèques et aux écoles du bon choix de livres pour les enfants.
[…]

Le vendredi soir se terminait par un banquet et un concert de Bill Miller et Buggi Malone.

 

Les commissaires devaient remettre au Tribunal une déclaration écrite sur leurs conclusions. Le compte-rendu devait être communiqué aux communautés Autochtones. Dorothy Ninham, directrice de la Fondation Blue Skies, dit qu’il y aurait une plainte en recours collectif contre le gouvernement des Etats-Unis et les églises contre ce qui s’était passé dans les pensionnats des Etats-Unis.

 

 

 

 

 

TRIBUNAL SUR LES PENSIONNATS: LE TEMOIGNAGE (ECRIT DE PRISON) DE LEONARD PELTIER

Le témoignage écrit du prisonnier politique Leonard Peltier. Le témoignage a été lu par Dorothy Ninham, au Tribunal sur les Pensionnats, à Green Bay, Wisconsin, jeudi 23 octobre 2014

Voir l’article sur les autres témoignages

Par Brenda Norrell
Censored News
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Vendredi 24 octobre 2014
Traduction Christine Prat

 

GREEN BAY, Wisconsin – Le prisonnier politique Leonard Peltier a raconté comment il avait été kidnappé de chez sa famille à l’âge de neuf ans, avec sa sœur et sa cousine, dans une déclaration lue et enregistrée au Tribunal sur les Pensionnats.
C’est Dorothy Ninham [Directrice de la Fondation Blue Skies] qui a lu la déclaration de Leonard Peltier.
L. Peltier décrivit le moment où des hommes étaient venus le chercher, enfant, alors qu’il vivait chez sa grand-mère. Peltier savait qu’il aurait dû fuir, mais il était curieux. Il a assisté à ce qui se passait, comme en transe. Quand il entendit le mot ‘pensionnat’, il voulut s’enfuir dans les bois, mais il ne voulait pas quitter sa grand-mère, sa sœur et sa cousine. Il avait peur que sa grand-mère soit jetée en prison.
Peltier a été paralysé sur place, même quand sa grand-mère lui a dit en Chippewa de s’enfuir et de se cacher.
Puis il a été emmené, avec sa sœur et sa cousine. Il voulait s’échapper, mais il ne savait pas où on l’emmenait ni comme s’échapper.
Plus tard, sa cousine Pauline a été placée dans un asile de fous. L’école a prétendu qu’elle était tombée et s’était cogné la tête.
Peltier a raconté ce qui c’était passé quand il est arrivé au pensionnat. D’abord, il y eu le bruit des tondeuses qui coupaient les cheveux, ce qui faisait pleurer les plus jeunes. Peltier a été chargé de s’occuper d’un petit garçon plus jeune. Il a été puni pour ne pas l’avoir frotté assez fort dans le bain, vu que le petit garçon s’était mis à pleurer sous l’effet de la brosse.
L. Peltier a essayé de s’échapper, avec un autre garçon, en traversant la fine couche de glace sur une rivière. Quand la nuit est tombée, il faisait froid, et ils sont retournés au pensionnat. Ils ont dû affronter la musique, un autre rasage des cheveux, 10 coups de règle et durent porter des vêtements et des chaussures trop grands pour montrer aux autres enfants qu’ils étaient des fuyards.

 Après avoir lu la déclaration, Dorothy Ninham dit que les pensionnats préparaient les enfants à l’armée ou à la prison.
« Il semble que tout était fait pour envoyer nos peuples d’une institution à une autre » dit D. Ninham. « Les pensionnats commençaient par voler l’identité. En pays Indien ce vol d’identité signifie nous priver de notre langue, de notre culture et de notre mode de vie. »
D. Ninham dit qu’il y aurait une plainte en recours collectif contre le gouvernement des Etats-Unis et les églises contre ce qui s’était passé dans les pensionnats des Etats-Unis.

 

Vous pouvez écouter la déclaration détaillée de Leonard Peltier en anglais, lue par Dorothy Niham sur YouTube https://www.youtube.com/watch?v=KpNSa5vX1qY , en français, vous pouvez lire le récit des années de pensionnat de Leonard Peltier dans le livre ‘Ecrits de Prison’ publié chez Albin Michel en 2000.

 

DES RESIDENTS DE BLACK MESA ET DES SYMPATHISANTS ORGANISENT UNE MARCHE A WINDOW ROCK, SIEGE DU GOUVERNEMENT DE LA NATION NAVAJO

 

Publié par Indigenous Action Media
31 octobre 2014
Traduction Christine Prat
See original article in English

 

WINDOW ROCK, Diné Bikeyah [Pays des Navajo] – Le 30 octobre 2014, des dizaines de Diné résidents de Black Mesa et des sympathisants ont protesté contre les récentes attaques de style paramilitaire des agents du Bureau des Affaires Indiennes et des Rangers Hopi. Les raids, menés par des agents armés de fusils d’assaut, avec un hélicoptère et deux drones, ont conduit à trois arrestations et au vol de plus de 300 moutons.
Les résidents de Black Mesa ont rencontré des membres de la Commission des Terres Navajo-Hopi (NHLC) et le Président sortant de la Nation Navajo, Ben Shelly, pour demander un arrêt immédiat de la terreur contre leur communauté.

 

 

La journaliste indépendante Diné Marley Shebala a rapporté que la NHLC était sortie d’une session exécutive à 16h mais n’avait pas pu voter, faute de quorum. Sans prévenir ni expliquer pourquoi, le commissaire Lorenzo Curley a quitté la réunion, empêchant ainsi le vote d’avoir lieu. La NHLC s’est engagée à s’occuper du problème mais n’a pas donné d’agenda clair.
Ensuite, les résidents de Black Mesa ont rencontré le Président de la Nation Navajo, Ben Shelly.
Shelly et le Président du conseil Intérimaire LoRenzo Bates ont publié le communiqué de presse suivant :

La Nation Navajo demande l’arrêt de la confiscation de bétail sur les Terres Hopi Divisées

Le Président Ben Shelly et le Président Intérimaire LoRenzo Bates demandent que la Tribu Hopi et le Bureau des Affaires Indiennes coopèrent avec la requête publiée par le Bureau de la Commission des Terres Navajo-Hopi de cesser les activités présentes de confiscation de bétail appartenant aux résidents Navajo des Terres Hopi Divisées (HPL – Hopi Partitioned Lands).
De plus, le Président Intérimaire Bates et le Président Ben Shelly ont publié une requête officielle adressée au Président Tribal Hopi Herman G. Honanie de se rencontrer le 3 novembre pour discuter des saisies de bétail en cours.
De nombreux récits de divers résidents des HPL révèlent des confiscations de bétail qui ont causé de graves inquiétudes parmi les propriétaires de bétail Navajo de la zone, plusieurs d’entre eux ayant témoigné que les autorités avaient brandi des armes à feu durant les captures de bétail.
« Pour beaucoup de familles, le bétail est la principale source de nourriture » dit le Président Shelly. « Nous voulons tous que ce soit résolu. »
« Nous avons entendu les inquiétudes des gens, en particulier ces Navajos âgés qui dépendent énormément de leur bétail pour vivre » dit le Président Intérimaire Bates. « Confisquer le bétail de Navajos est une violation délibérée de leurs droits de pratiquer notre culture et nos traditions et doit cesser immédiatement. »
Dans un mémorandum du 24 octobre du directeur exécutif du NHLCO Raymond Maxx au Président Tribal Hopi Herman Honanie, il était demandé d’instaurer un délai de grâce de dix jours pour permettre de conférer avec les résidents afin de leur demander de retirer l’excédent de bétail des HPL.
« Si le surpâturage est le principal souci des officiels Hopi, c’est sans aucun doute un problème que nous pouvons tenter de résoudre en nous réunissant pour en discuter » ajouta le Président Intérimaire Bates.
La Commission des Terres Navajo-Hopi a récemment adopté la Résolution NHLCO-21-14, demandant à la Tribu Hopi une accommodation pour le bétail des familles Navajo vivant dans les HPL.
Deux membres de la Commission, les Délégués du Conseil Dwight Witherspoon et Walter Phelps, ont rencontré des officiels Hopi et du Bureau des Affaires Indiennes et des résidents affectés.
D’après le Délégué Witherspoon, d’autres discussions entre toutes les parties sont prévues pour cette semaine.

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AGISSEZ MAINTENANT !

Demandez l’arrêt immédiat des attaques contre les résidents de Black Mesa de la zone des « HPL ».

Hopi Chairman Herman G. Honanie
Email: hehonanie@hopi.nsn.us

BIA Superintendent Wendell Honanie
Email: Wendell.Honanie@bia.gov

Hopi Tribal Council
Email: hopicouncil@hopi.nsn.us

Hopi Tribal Council via Neva Poneoma, legislative secretary
Email: ptalayumptewa@hopi.nsn.us

Director Natural Resources, Clayton Honyumptewa
Email: chonyumptewa@hopi.nsn.us