UN FIL DANS LA BELLE ETOFFE DE LA RESISTANCE

Par Debra White Plume

Censored News
Original article in English

Traduction Christine Prat

Jeudi 19 janvier 2012

L’eau est finie, et sacrée. “Mni wicozani », par l’eau il y a la vie. Nous devons boire de l’eau propre, nourrissante, pour vivre. Tout comme notre Mère la Terre est faite de beaucoup d’eau, nos corps humains contiennent 70% d’eau. C’est pourquoi à la Pleine Lune, et aux changements de marée, certains humains ont un comportement imprévisible. Pour nous, peuple Lakota, mni (l’eau) est notre premier médicament, notre première demeure. Il y a tout un corpus d’enseignement spirituel et social que nous apprenons en grandissant, la Vision du Monde Lakota concernant l’eau. Mni est notre parente, et la Loi Lakota exige que nous protégions les membres de nos familles. Notre Mère la Terre est notre parente.

Cette croyance a conduit notre organisation, Owe Aku (Bring Back the Way – Ramenez la Voie traditionnelle), qui s’occupe de préservation et revitalisation de la culture, des Droits garantis par les Traités et des Droits de l’homme, à s’interroger sur le taux anormal de cancer et de diabète sur la réserve de Pine Ridge. Cette recherche nous a conduit en des lieus où nous n’aurions jamais pensé aller ! Nous avaons consulté les études sur la qualité de l’air et de l’eau, ce qui nous a conduit à la mine d’uranium de Cameco, Inc. qui pratique la dissolution sur place [terme officiel : lixiviation in situ], à 30 minutes de notre frontière sud. Nous avons appris que cette technique d’exploitation contamine chaque jour une incroyable quantité d’eau. Cameco était sur le point de demander le renouvèlement de sa license et avait déposé une demande pour ouvrir une deuxième mine. Nous avons fait des recherches sur la procédure et nous sommes aperçus que nous pouvions intervenir, sur la base de la science et de la loi. Nous l’avons fait et sommes maintenant partie civile dans le procès contre le soi-disant ‘droit’ de Cameco d’empoisonner notre eau. C’était il y a sept and. Depuis çà continue.

Le travail de protection de l’eau exige une recherche constante, c’est ainsi que j’ai entendu parler du forage de sables bitumineux sur le territoire de Premières Nations dans le bassin de la Rivière Athabasca, près de Fort McMurray, au Canada. Ce que j’ai appris sur cette mine et ces effets sur Notre Mère la Terre a été un choc, alors j’ai commencé à parler de plus en plus de cette horrible profanation de Notre Mère la Terre et de nos parents des Premières Nations. Le forage des sables bitumineux se fait depuis des décennies et est devenu l’opération d’exploitation minière la plus sale au monde. Les grandes compagnies se sont introduites il y a des dizaines d’années, en trompant les élus pour leur faire signer des contrats d’exploitation, contrats qui ont résulté en une augmentation de formes rares de cancer, les gens meurent, les poissons aussi, ainsi que les orignacs [ou orignaux, sortes d’élans du Canada] et d’autres animaux dont les gens dépendent pour se nourrir. C’est devenu un problème d’alimentation. Est-ce que çà va devenir un problème de famine ? La forêt vierge boréale a été abattue, l’Amazonie du Nord est en train d’être détruite, des millions d’oiseaux et d’autres animaux sont morts, des espèces se sont éteintes. Le forage utilise 3 à 4 barils d’eau potable pure pour obtenir 1 baril de pétrole, chaque jour. Cela produit tant de gaz à effet de serre qu’il est quasiment impossible de les mesurer.

L’étude du forage des sables bitumineux nous a amené à découvrir l’intention de la compagnie TransCanada de construire et d’utiliser l’oléoduc Keystone XL, allant du site de forage au Canada, à travers le Montana, le Dakota du Sud, le Nebraska, le Kansas, l’Oklahoma jusqu’à la côte du Texas, ou le pétrole serait raffiné et expédié on ne sait où. Nous avons appris que le Keystone XL aurait 90 cm de diamètre, serait plutôt mince, et que le pétrole brut très lourd, soumis à une haute pression, devrait être chauffé à 65,5 degrés pour être suffisamment liquide pour couler dans l’oléoduc. Un ouvrier syndiqué a été licencié pour avoir signalé que le tuyau était défectueux, alors que les employés de la compagnie le déclaraient agréé. L’ouvrier licencié a renoncé à sa carrière de toute une vie. Je l’ai rencontré à Washington, DC.

L’oléoduc devrait croiser notre aqueduc d’Eau Rurale, qui transporte de l’eau potable du fleuve Missouri sur 320 km jusqu’à Pine Ridge. L’oléoduc Keystone XL devrait traverser 200 lacs, cours d’eau et rivières. Il serait enterré dans la nappe aquifère Ogallala, qui irrigue 30% des cultures vivrières des Etats-Unis et qui fournit l’eau potable à 2 million d’habitants, ainsi qu’aux troupeaux, aux chevaux, aux bisons et autres créatures à quatre pattes. TransCanada devrait utiliser beaucoup d’eau potable pour la mélanger au pétrole brut très lourd. Des enseignements sacrés et issus de ma société sur l’eau m’ont pousser à consacrer de plus en plus de temps au combat pour la vie (et contre la mort) que cette histoire d’oléoduc est devenue. Je connaissais les menaces des mines d’uranium pour notre sol et ce qui vit à la surface, et ce que j’ai appris sur cet oléoduc m’a fait prendre conscience que çà menaçait notre vie, car où trouverions nous assez d’eau potable pour les 50 000 Oglala de Pine Ridge si l’oléoduc craquait ou fuyait ? Qui se sentirait suffisamment concerné pour y faire quelque chose ? La technologie pour nettoyer ce genre de pétrole lourd n’existe pas. Et on n’a pas encore invité le tuyau qui ne fuit pas et ne craque pas.

Des amis du Réseau Environnemental Indigène ont pris contact avec moi et nous avons amorcé un dialogue sur la protection de l’eau, la contamination et quelques autres sujets. Les tribus vivant sur le trajet projeté pour l’oléoduc ont entrepris des actions pour s’y opposer. Toutes les Nations Amérindiennes des Etats-Unis se sont fait entendre pour dire ‘Non’. J’ai décidé d’aller à Washington, DC, pour participer à une audience du Sénat et rencontrer des officiels du Département d’Etat pour leur parler des violations du Traite de Fort Laramie et de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones adoptée par les Nations Unies en 2007. Je me suis rendue avec d’autres personnes à Pierre, Dakota du Sud, pour témoigner à une audience du Département d’Etat, mais je n’ai pas pu le faire, vu que j’étais le numéro 152. J’ai vu des syndiqués ivres témoigner qu’ils avaient besoin d’un emploi de soudeur. La plupart venaient de l’extérieur.

Alors ma famille et moi avons décidé que j’irais à Washington, DC. J’ai pris part à l’action directe de désobéissance civile, je suis entrée par effraction à la Maison Blanche, et j’ai été arrêtée, comme 1200 autres personnes qui voulaient aider à faire entre la question dans la tête de l’Amérique moyenne et attirer l’attention du Président Obama. Une douzaine d’entre nous, Amérindiens, ont été arrêtés. Les Lakota de Pine Ridge ont reçu Tom Weis, qui a été du Montana au Texas sur une moto marchant à l’énergie solaire pour éveiller la conscience des gens le long de la route prévue pour l’oléoduc Keystone SL. Nous avons aussi reçu à Pine Ridge un Rassemblement pour Notre Mère la Terre et une marche. Nous avons accueilli un tour de Solidarité avec les éleveurs, les fermiers, le peuple Lakota, et une star de cinéma Américaine, Darryl Hannah. Nous avons fait des émissions de radio, écrit des articles, assisté à divers évènements. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée dans une Tournée de Résistance, j’ai fait 16 000 km en avion en 5 semaines. En route, j’ai perdu ma brosse à cheveux, mon peigne et il ne me restait plus qu’une chaussette. Heureusement, c’était presque fini entretemps ! Le 15 janvier, un groupe de Lakota parmi lesquels j’étais, ont reçu Winyan Ituwan, une réunion de femmes sur Notre Mère la Terre et l’Eau Sacrée, avec comme invités Kandi Mosset du Réseau Environnemental Indigène, et Tantoo Cardinal, une star de cinéma Cree du Canada. Tout cela dans le but d’encourager la prise de conscience et la résistance à l’exploitation d’uranium, à l’oléoduc Keystone XL et au forage des sables bitumineux, et la protection de notre eau sacrée.

Au départ, le Nebraska protégeait la nappe aquifère Ogallala, mais a depuis accepté de s’engager dans des négociations pour autoriser un oléoduc sur un trajet encore inderterminé. Le Dakota du Sud a accordé $30 millions de réduction d’impôts à Keystone XL pour s’installer ici, le Montana a fait des concessions aussi. Cependant, des individus et des groupes se sont engagés, de façon spectaculaire. Des groupes écologistes, beaucoup de groupes citoyens, des milliers de gens de part et d’autre de la frontière en le Canada et les Etats-Unis, ont dit d’une seule voix ARRETEZ L’OLEODUC. Des Prix Nobel, des chefs et présidents Autochtones et des Premières Nations, des scientifiques, des militaires en retraite, des médaillés olympiques, des sénateurs, des membres du congrès, des acteurs, des écrivains, des étudiants, des gens de toutes origines sociales ont fait entendre leur vois et risqué leur liberté pour bloquer l’oléoduc. Les grands media des Etats-Unis ont rarement couvert ces évènements, mais dans les petites villes, les journaux et radios locaux l’ont fait. L’information s’est répandue, le nombre de résistants s’est accru. La dernière fois que je suis allée à Washington, DC, j’ai parlé devant un rassemblement de 15 000 personnes, nous avons fait 4 fois le tour de la Maison Blanche. Les gens venaient de partout, pour parler d’une seule vois. Nous nous sommes fait des amis et des alliés.

Les politiciens du Nebraska ont tenu une audience spéciale pour autoriser Keystone XL à y pénétrer, mais la Maison Blanche a entendu l’appel à protéger la nappe aquifère Ogallala. Ensuite, TransCanada a exercé des pressions sur les Etats-Unis pour qu’ils prennent une décision et des politiciens élus se sont empressés de soutenir le projet Keystone XL, ont lié une nouvelle proposition de loi à une proposition sur l’emploi, et ont donné 60 jours à la Maison Blanche pour autoriser Keystone XL ou le rejeter comme contraire à l’intérêt national.

Le 18 janvier 2012, le Département d’Etat et le Président Obama ont rejeté le projet d’oléoduc, vu qu’il n’était pas possible d’effectuer les études sur l’impact écologique en 60 jours. Cependant, TransCanada peut toujours déposer une nouvelle demande de permis.

Nous tous qui avons travaillé sur cette question de vie ou de mort, sommes un fil dans cette étoffe de résistance. Des gens ont écrit des lettres, prononcé des discours, préparé des repas, écrit des courriels, transmis sur Twitter et Facebook, ont fabriqué des banderoles, ont payé l’essence, ont fait des t-shirts, ont donné des coups de téléphone, fait des recherches, des photocopies, ont fait la queue pour témoigner, ont été arrêtés, ont fait pression sur des Sénateurs et des membres du Congrès, ont gardé des enfants, ont prêté leurs voitures, ont offert leur canapé ou une chambre d’amis, des musiciens et artistes ont fait des concerts et spectacles de soutien, ont pris des photos, récolté des fonds, ce fut une action vraiment collective pour protéger notre eau et Notre Mère la Terre.

Ce n’est pas une personne, ou une organisation particulière, qui a arrêté l’oléoduc, cette victoire n’est peut-être que temporaire, cette victoire est partielle, vu que le forage des sables bitumineux continue. Mais c’est l’amour de beaucoup de gens pour Notre Mère la Terre et les générations futures, toutes leurs prières et leurs sacrifices, qui ont donné une telle force à ce mouvement. Je crois que l’amour est plus fort que la cupidité. Je crois que les gens agissant ensemble peuvent être aussi efficaces que les plus grands conglomérats du monde. Je crois que Notre Mère la Terre veut vivre, et que nous ne pouvons pas vivre sans elle. Je crois en notre prophétie Lakota, « Un jour la Terre pleurera, Elle pleurera des larmes de sang. Vous devez choisir. Vous L’aidez, ou Elle mourra. Si Elle meurt, vous mourrez aussi. »

Partout dans le monde, des choses se produisent, du genre 200 tornades en deux jours l’été dernier ? Des tremblements de terre là où il n’y en avait pas eu depuis des centaines d’années ? Des inondations ? Des vagues de sécheresse ? Ce sont évidemment des phénomènes météorologiques courants, mais pas à ce rythme et pas dans ces endroits. Chaque été a été plus chaud que le précédent depuis 1996. Notre Mère la Terre nous dit quelque chose, Elle pleure, et Elle se soulève. La Terre qui Pleure se Soulève ! Tout ce qui arrive à Notre Mère la Terre arrive à tous les gens de la Terre. Une telle lutte est faite de beaucoup, beaucoup de fils, tous ensemble nous formons une belle étoffe de résistance, et une protection pour notre Mère, Notre Mère la Terre.

La dernière fois que nous avons quitté Washington, DC, mon amie et moi, nous avons vu un grand vautour à queue rouge qui a tourné au-dessus de nous et au-dessus de la Maison Blanche, et s’est envolé vers l’ouest. Le jour de Winyan Ituwan, le Rassemblement de l’Hiver, nous avons vu un aigle chauve tourner au-dessus de nous, puis s’envoler vers l’Ouest. Des messages Sacrés… Si nous écoutons, nous pouvons entendre, si nous entendons, nous pouvons comprendre. Quand nous comprenons, nous remercions. Lila wopila iciciyapi. Hecetuye.

 

LES DANGEREUSES EMISSIONS DE LA CENTRALE NAVAJO INVENTORIÉES SUR LA CARTE INTERACTIVE DE L’EPA (Agence de Protection de l’Environnement – ‘US Environmental Protection Agency’)

Par Brenda Norrell
Original Article in English

Traduction Christine Prat

13 janvier 2012

LES CENTRALES AU CHARBON, L’INDUSTRIE DU PETROLE ET DU GAZ DE LA RESERVE NAVAJO EMPOISONNENT L’ATMOSPHERE DE LA RESERVE ET SONT UNE SOURCE MAJEURE DE GAZ A EFFET DE SERRE

L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis (US EPA) a publié une carte interactive montrant l’émission de gaz à effet de serre des trois centrales de la Nation Navajo et d’autres grands complexes toxiques en pays Indien.

Les dangereuses toxines qui émanent des centrales électriques au charbon de la réserve Navajo à la Centrale Navajo près de Page, Arizona, et aux centrales de Four Corners et San Juan au nord-ouest du Nouveau-Mexique, sont indiquées sur la carte.

Mais il y a d’autres émissions toxiques sur le territoire Navajo que les gens ne connaissent pas. Il y a la centrale au gaz naturel El Paso, à St. Michaels près de la capitale Navajo Window Rock, en Arizona, et les émissions de gaz dans la région de Bloomfield, au Nouveau-Mexique. La région de Bloomfield est inondée par les forages de pétrole et de gaz, et les émissions des centrales électriques. Cette région est le site sacrée de l’Origine, le lieu de L’Emergence, Dinetah, pour les Navajos.
[Navajo Land ou Navajo Nation désigne l’actuelle réserve Navajo. Dinetah désigne ce qu’ils considèrent comme leur territoire d’avant l’arrivée des colonisateurs Européens, un trapèze limité à ses angles par quatre montagnes sacrées – les San Francisco Peaks à l’ouest, le Mont Hespérus au nord, le Pic Blanco à l’Est et le Mont Taylor au sud – et vers le centre, le lieu sacré d’où les premiers hommes, pas encore tout à fait semblables à ceux d’aujourd’hui, ont émergé – NdT]

La carte de l’Agence pour la Protection de l’Environnement révèle des émissions d’oxyde de carbone, d’oxyde d’azote et de méthane. Les graphiques indiquent que les centrales Navajo, et d’autres centrales similaires aux Etats-Unis, sont responsables pour la plus grande part d’émissions de gaz à effet de serre.

Louise Benally, une Navajo qui continue à résister à la déportation des Navajos de Big Mountain , Arizona, Nation Navajo, a appelé les Navajos et ceux qui les soutiennent à mettre un terme à l’industrie d’exploitation de centrales au charbon à grande échelle, qui est responsable de maladies, de l’épuisement des nappes aquifères et détruit la qualité de la vie des Navajos.

Sur le territoire de la Nation Navajo [la réserve Navajo – NdT] il n’y a jamais eu d’études analysant les dangers pour la santé des Navajos de la combinaison de mines de charbon, de centrales électriques, de fumées de gaz, de la décharge de produits toxiques et des déchets radioactifs de l’exploitation de mines d’uranium pendant la Guerre Froide.

Ces dangers sanitaires multiples sont concentrés dans le région de Four Corners et la région de Page, Monument Valley et Black Mesa, près de la frontière entre l’Arizona et l’Utah. Une autre région fortement contaminée est celle de Gallup, au Nouveau-Mexique, à cause des émissions de gaz et de pétroles toujours en cours, et des radiations dues à l’accident de Church Rock, Nouveau-Mexique, lorsque des déchets d’uranium se sont déversés dans le Rio Puerco.

« Il est temps d’abattre le monstre, » a déclaré Louise Benally aux gens rassemblés à Tucson le mardi 10 janvier, pour défendre les études ethniques. L. Benally a souligné que c’était le même monstre – les compagnies multinationales – qui est responsable pour le racisme et l’impérialisme qui interdit les études Mexicano-Américaines en Arizona, et pour les effets génocidaires sur les Navajos des mines de charbons, des centrales électriques et des forages de pétrole et de gaz.

L. Benally et d’autres Navajos ont récemment rejoint le mouvement de protestations des Indiens O’odham contre le Projet Salt River qui contrôle la Centrale Navajo. Le projet Salt River est aussi responsable de l’assèchement des voies d’eau dont les O’odham dépendent pour leur mode de vie et leur agriculture dans le sud de l’Arizona. Le mouvement de protestations s’est tenu pendant la réunion d’ALEC (American Legislative Exchange Council), qualifié par les opposants d’association de profiteurs récupérant les législateurs d’Arizona, développant les prisons privées et visant le Territoire Indien pour installer des centrales au charbon, des mines et des forages génocidaires.


 

 

 

 

 

 

Photos en plus grand format:
https://chrisp.lautre.net/gallery/thumbnails.php?album=19

 

 

 

 

 

La carte interactive de l’Agence pour la Protection de l’Environnement révèle les sites d’émissions dangereuses en Pays Indien et dans tous les Etats-Unis :
http://ghgdata.epa.gov/ghgp/main.do

 

Note de la traductrice :
Le fait qu’on parle de Centrales Navajos ne veut pas dire que les Navajos en sont les initiateurs ou les propriétaires, seulement qu’elles sont situées dans la réserve Navajo, que les habitants en subissent la pollution et que certains d’entre eux y font le sale boulot. Ces centrales fournissent surtout l’électricité des grandes villes du sud-ouest avides de climatisation, comme Los Angeles ou Phoenix. Beaucoup de familles Navajos empoisonnées par les émissions ne sont pas relíées au réseau électrique. Le gouvernement Navajo touche des sommes dérisoires pour la « vente » de ressources à un prix 10 fois inférieur au cours mondial…

Voir aussi:
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=549
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=543
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=541

Photos récentes des centrales:
http://www.thk-photo.net/gallery/thumbnails.php?album=48

 

SABLES BITUMINEUX :

OBAMA REJETTE LE PROJET D’OLÉODUC KEYSTONE XL

Original article in English

Par Noah Greenwald
Censored News

Mercredi 18 janvier 2012

Traduction Christine Prat

 

WASHINGTON- Ce jour le Président Obama a rejeté le projet controversé d’oléoduc Keystone XL, estimant que sa contruction n’était pas d’intérêt national. Les trajets alternatifs mis en avant par la compagnie TransCanada, qui construit l’oléoduc, ont a peine été mentionnés, et il semble qu’ils devront recommencer toute la procédure d’examen du permis.

« Le Président Obama a pris la bonne décision en refusant l’oléoduc Keystone XL, » dit Noah Greenwald, directeur du programme espèces menacées au Centre pour la Diversité Biologique. « L’oléoduc Keystone XL aurait prolongé notre dépendance aux énergies fossiles qui polluent notre air, notre pays et notre eau et nous empêchent de stabiliser le climat en nous tournant vers les énergies propres dans le futur. »

La décision a déjà été attaquée par les Républicains qui prétendent que çà va coûter « des dizaines de milliers » d’emplois. En fait, le Ministère avait estimé que Keystone XL amènerait tout au plus 20 emplois permanents aux Etats-Unis, et de 2 500 à 4 650 emplois temporaires.

« Il est absolument ridicule de prétendre que l’abandon de Keystone XL détruit des dizaines de milliers d’emplois. Les faits ne soutiennent pas cette affirmation » dit Greenwald.

Le gouvernement subit de fortes pressions de la part des Républicains au Congrès et de l’industrie du pétrole poussant à l’agrément de l’oléoduc. En décembre les Républicains ont lié la question de lois devant être passées – sur l’extension des diminutions d’impôts sur le revenu et les allocations de chômage – forçant le gouvernement à prendre une décision en 60 jours, ce qui a précipité la décision d’aujourd’hui. Plus récemment, le président de l’Institut Américain du Pétrole, Jack Gerard, a menacé le Président d’avoir à faire face à « d’énormes conséquences politiques » s’il rejetait l’oléoduc.

« En résistant à la riche et puissante industrie du pétrole et du gaz ajourd’hui, le Président Obama a entendu la vois des gens et nous a donné de nouveaux espoirs de pouvoir mettre de côté les intérêts à court terme et faire ce qu’il faut pour le monde et pour nos enfants, » dit Greenwald. « Il est d’importance vitale que le Président rejette toute future proposition d’oléoducs pour les sables bitumineux, ainsi que les forages offshore dans l’Arctique. »

Des dizaines de milliers d’Américains ont exprimé leur opposition au Keystone XL, entre autres en novembre dernier, par une action au cours de laquelle au moins 12 000 personnes ont encerclé la Maison Blanche. En septembre le Centre pour la Diversité Biologique a porté plainte arguant de l’illégalité des travaux de construction de l’oléoduc avant que le permis ne soit accordé, et des conséquences pour une espèce menacée, l’ « American burying beetle » ou nécrophore. Le Centre poursuit son combat juridique afin d’obliger TransCanada, la compagnie derrière l’oléoduc, à limiter les effets de ses travaux illégaux sur le coléoptère et sur les Sand Hills du Nebraska.

« Tôt ou tard, la destruction de l’environnement pour l’extraction de ressources laisse les gens dans la misère » dit Greenwald. « Aujourd’hui est une bonne journée pour des millions d’Américains qui dépendent de l’eau de la nappe aquifère Ogallala et des nombreuses rivières traversées par l’oléoduc : ils n’auront plus à craindre qu’une fuite pollue leur eau. »

Keystone XL aurait transporté du pétrole très polluant extrait des sables bitumineux, sur 2 700 km à travers six états et des centaines de sources d’eau, entraînant un risque de fuites inacceptable. Un oléoduc existant nommé Keystone 1 a déjà fuit 14 fois depuis qu’il en entré en service en juin 2010, l’une des fuites entraînant l’écoulement de près de 80 000 litres de brut de sables bitumineux. Un autre oléoduc transportants du pétrole de sables bitumineux en a déversé 3 millions de litres dans le fleuve Kalamazoo.

De plus l’exploitation à ciel ouvert des sables bitumineux en Alberta a détruit des milliers d’hectares de forêt boréale et pollué des centaines de millions de litres d’eau de la rivière Athabasca, créant des marécages toxiques si grands qu’on peut les voir de l’espace. L’extraction et le raffinage du pétrole des sables bitumineux produit deux à trois fois plus de gaz à effet de serre par baril que le pétrole conventionnel et constitue une gigantesque source de carburants fossiles que le spécialiste du climat Dr. James Hansen considère fatale  [« game over »] pour toute tentative d’éviter une catastrophe climatique.

 

Noah Greenwald M.S.
Directeur du Programme sur les Espèces Menacées
Centre pour la Biodiversité
PO Box 11374
Portland, OR 97211

 

Pour plus d’informations voir articles précédents sur Keystone XL dans la catégorie ‘Sables bitumineux d’Alberta’

 

PARTIES CIVILES DANS L’AFFAIRE DES PICS: LE PUBLIC AURA UN ROLE DECISIF SUR LA QUESTION DES EAUX USEES RECYCLEES

Interview téléphonique de Jeneda Benally (bassiste de Blackfire)

 

Navajo Times, 9 janvier 2012

Original article in English http://navajotimes.com/news/2012/0112/011212peaks.php

Par Cindy Yurth
Tséyi’ Bureau

CHINLE

Traduction Christine Prat

Bien qu’elle ne soit pas sûre de la décision des juges fédéraux de la Cour d’Appel du 9ème Circuit après l’audience de lundi sur l’affaire d’Arizona Snowbowl, la musicienne et écologiste Jeneda Benally s’est dite encouragée par ce qui se passait à l’extérieur du tribunal.

Une caravane de jeunes indigènes d’Arizona et du Nouveau Mexique opposés à l’utilisation d’eaux usées pour fabriquer de la neige sur Dook’o’oosliid (Pics San Francisco en Diné’) a été rejointe par des activistes locaux devant le tribunal fédéral James R. Browning à San Francisco, pour réclamer une enquête suplémentaire sur les effets sur la santé de contacts directs avec l’eau d’égouts recyclée.

« Quoiqu’il arrive sur le plan judiciaire, le problème de l’ingestion d’eau d’égouts recyclée se pose maintenant sur un plan national, et les gens se posent des questions » dit Jeneda Benally dans une interview téléphonique, à son retour à Flagstaff, où elle réside. « Ils veulent savoir ce qu’il y a dans cette eau ».

Un journaliste du Navajo Times a essayé de laisser un message au manager de la station Snowbowl mardi, mais la boîte vocale de la station était saturée.

Howard Shanker, avocat des parties civiles, la Coalition Sauvez les Pics et plusieurs plaignants individuels, a défendu l’argument selon lequel les effets possibles sur la santé de faire du ski sur de la neige faite d’eaux uséees n’avaient pas été suffisamment étudiés. Il a dit qu’il était possible qu’un skieur avale délibérément ou accidentellement de la neige.

Les avocats du Service des Forêts des Etats-Unis, qui a délivré le permis d’utiliser de l’eau recyclée, ont dit qu’il était possible de placer des panneaux prévenant les gens qu’il ne fallait pas manger la neige, et que l’Agence pour la Protection de l’Environnement avait réglé les problèmes de santé dans sa déclaration sur l’impact environnementale du projet.

J. Benally dit dans l’interview de mardi que les skieurs n’avaient pas toujours le choix.

« Aujourd’hui, par exemple, vous pouvez voir que la neige sur la piste de ski est en train de fondre. Si vous imaginez que la neige est de l’eau d’égouts recyclée, c’est effrayant de penser que quelqu’un pourrait tomber, et s’écraser avec son visage dans une bouillabaisse de neige contaminée ».

J. Benally dit que les recherches de la Coalition indiquent que l’eau recyclée de Flagstaff contient des produits chimiques classés comme « perturbateurs endocriniens », qui peuvent avoir des effets sur le développement des enfants. Ces produits chimiques ne sont pas inclus dans les standards fédéraux sur l’eau potable, critères utilisés pour le traitement d’eaux usées.

« Ce que nous disons est qu’il n’y a pas eu d’analyses suffisantes. Dans le passé, notre gouvernement nous a dit que le DDT n’était pas dangereux, que l’amiante n’était pas dangereuse, et nous avons appris plus tard que ce n’était pas vrai ».

Mais elle nous a dit aussi en tant que partie civile, que ce qui la gênait le plus au cours de l’audience, était que les témoins de la défense semblaient contredire leurs témoignages précédents sur l’expansion de la station de ski Snowbowl et le projet de fabrication de neige artificielle.

Lors d’une audience auprès d’un tribunal d’un autre niveau, en 2010, la défense avait affirmé que le projet était « presque réalisé » et que les opposants étaient des obstructionnistes de dernière minute.

« Cette fois-ci, leur avocat a dit qu’ils n’avaient même pas entrepris de travaux avant le mois d’avril, longtemps apès que notre avocat ait enregistré notre plainte en février », dit-elle « Çà montre qu’ils ne sont pas honnêtes vis-à-vis de la population d’Arizona et de la justice ».

Elle a aussi déploré la tentative de la compagnie Snowbowl de « diluer notre affaire » en exerçant des pressions sur le Conseil de la Nation Navajo, en proposant d’utiliser de l’eau de source au lieu d’eaux usées recyclées.

« Si le Conseil avait accepté, nous n’aurions pas eu notre audience au tribunal et le public n’aurait pas su ce qui se passait », dit elle. « Quoiqu’il arrive sur les Pics, au moins les gens peuvent dire : ‘Qu’est-ce qu’il y a dans cette eau recyclée ? Quels sont les dangers de l’utiliser de différentes manières ? Est-ce utilisé dans ma communauté ? »

Bien que J. Benally dise s’être souvent sentie « frustrée » pendant l’audience, elle considère ce lundi comme « un beau jour ».

« Voir la caravane de gens venus d’Arizona et du Nouveau-Mexique, et les autres communautés tribales qui se sentent des affinités avec les Pics San Francisco, c’était merveilleux », dit-elle.

Çà pourrait prendre jusqu’à six mois avant que les juges annoncent leur décision, dit J. Benally, mais entretemps elle appelle le public à l’action.

« Le public doit faire entendre sa voix, » dit-elle. « Dites à l’ADEQ (Departement de la Qualité de l’Environnement de l’Arizona) que nous ne voulons pas que la santé de nos enfants subissent d’éventuels  effets négatifs de leurs eaux usées insuffisamment analysées. »

J. Benally a tenu à souligner que si les juges ne décidaient pas en leur faveur, cela ne devrait en aucun cas donner une mauvaise image de l’avocat des parties civiles.

« Howard Shanker s’est occupé de notre affaire gratuitement. C’est un avocat formidable, qui l’a fait avec son cœur, parce qu’il s’agit de sa communauté et qu’il s’en soucie. »

L’affaire est une prolongation d’un procès intenté en 2005 par des tribus et des écologistes de la région qui estimaient que la liberté religieuse des tribus était enfreinte par la perspective de déversement d’eau d’égout sur leur montagne sacrée.

In 2007 une Cour du 9ème Circuit composée de trois juges s’était prononcé en faveur des tribus. Cependant cette décision a été infirmée l’année suivante par la Cour en session plénière et la Cour Suprême des Etats-Unis a refusé d’examiner un appel.

Les Cours ont refusé de prendre en considération un autre argument présenté par les parties civiles au motif qu’il ne faisait pas partie de la plainte initiale : le fait que le Service des Forêts des Etats-Unis avait négligé de prendre en considération les risques d’ingestion de neige artificielle dans leur étude sur l’impact écologique du projet.

Cet argument est central dans le procès en appel d’aujourd’hui. La Tribu Navajo et plusieurs autres plaignants du premier procès ne prennent pas part à  l’affaire actuelle, mais certains membres de la tribu sont présents à titre individuel.

Le procès concernant les inquiétudes pour la santé est passé devant le tribunal fédéral de district en 2010 et la Juge Mary Murguia a décidé en faveur de la partie adverse.

Un procès similaire à été intenté par la tribu Hopi, qui a fait valoir que l’utilisation d’eaux usées pour faire de la neige constituait une violation des règles de l’état sur la qualité de l’eau, a été rejeté le 23 décembre par le Juge Joseph L. Lodge de la Cour Supérieure d’Arizona, qui a affirmé que cette question avait déjà été débattue dans une affaire précédente concernant la station Snowbowl.

Le Chef Tribal Hopi Leroy Shingoitewa s’est juré de faire appel.

Au moins 14 personnes, dont le frère de Jeneda, Klee Benally, ont été arrêtées l’été dernier et accusées d’effraction et de troubles à l’ordre public pour s’être enchaînés au matériel de construction ou tenté d’empêcher la progression des travaux à la station Snowbowl de diverses manières.

 

L’Interdiction de Livres Annonce une Révolution à Tucson

PARMI LES LIVRES INTERDITS FIGURENT CEUX DE LESLIE MARMON SILKO, BUFFY SAINTE MARIE ET WINONA LADUKE

Par Brenda Norrell, Censored News

Original Article in English

Traduction Christine Prat

Samedi 14 janvier 2012

 

Cet article a été mis à jour dimanche avec la liste des livres interdits et la réaction de l’auteur et professeur Roberto Rodriquez, l’un des auteurs censurés.

 

TUCSON, Arizona – « Scandalisés ! » a été la réaction samedi à l’annonce que les écoles de Tucson avaient interdit des livres, parmi lesquels l’ouvrage collectif « Rethinking Columbus », qui comprend un essai de l’auteur Pueblo résident de Tucson, lauréat de prix littéraires Leslie Marmon Silko, des œuvres de Buffy Sainte Marie, de Winona LaDuke, Leonard Peltier et Rigoberta Menchu (Prix Nobel de la Paix – NdT).

La décision d’interdire des livres découle du vote de 4 contre 1, mardi dernier au Conseil de Direction du District Scolaire Unifié de Tucson (TUSD), choisissant de se soumettre à l’état d’Arizona, et d’interdire le programme d’Etudes Mexicano-Américaines, plutôt que de combattre la décision de l’état.

Des élèves ont dit que des livres ont été saisis dans leurs classes et même arrachés de leurs mains, y compris un livre de photos du Mexique. Des élèves en larmes ont dit que çà rappelait l’Allemagne Nazie et qu’ils ne pouvaient plus dormir depuis.

L’un des livres interdits, « Rethinking Columbus, » contient des articles écrits par de nombreux Amérindiens, suivant les informations de Debbie Reese de Nambe Pueblo. Textes publiés dans le livre :

Suzan Shown Harjo’s “We Have No Reason to Celebrate”
Buffy Sainte-Marie’s “My Country, ‘Tis of Thy People You’re Dying”
Joseph Bruchac’s “A Friend of the Indians”
Cornel Pewewardy’s “A Barbie-Doll Pocahontas”
N. Scott Momaday’s “The Delight Song of Tsoai-Talee”
Michael Dorris’s “Why I’m Not Thankful for Thanksgiving”
Leslie Marmon’s “Ceremony”
Wendy Rose’s “Three Thousand Dollar Death Song”
Winona LaDuke’s “To the Women of the World: Our Future, Our Responsibility”

La liste des ouvrages maintenant interdits dans le programme d’études Mexicano-Américaines des écoles de Tucson comprend au moins deux livres de l’écrivain Amérindien Sherman Alexie et un recueil de poésies de la poétesse O’odham Ofelia Zepeda.

Jeff Biggers écrit dans Salon :

La liste des livres supprimés inclut l’ouvrage vieux de 20 ans « Rethinking Columbus : The Next 500 Years », qui contient un essai par l’écrivain de Tucson Leslie Silko. Lauréat du prix du Cercle des Ecrivains Autochtones d’Amérique pour les prestations d’une vie entière et d’une bourse de la  Fondation MacArthur pour les génies, Silko a beaucoup soutenu le programme d’études ethniques.

Bigger indique que la pièce de Shakespeare « La Tempête » a aussi été interdite lors de la réunion de cette semaine. Des Administrateurs ont dit aux enseignants du programme d’études Mexicano-Américaines d’éviter tous les éléments d’enseignements dans lesquels « la race, l’ethnicité et l’oppression constituaient des thèmes centraux. »

Parmi les autres livres censurés, on trouve « Pedagogy of the Oppressed » par le célèbre pédagogue Brésilien Paolo Freire et « Occupied America : A History of Chicanos » par Rodolfo Acuña, deux ouvrages particulièrement visés par le superintendant de l’instruction publique John Huppenthal, qui a fait campagne en 2010 sur le thème d’arrêter « la raza ». Huppenthal, qui autrefois a expliqué aux enseignants du public qu’il fondait ses propres principes éducatifs pour les enfants sur les directives de management d’entreprises du Fortune 500, a comparé l’automne dernier les études Mexicano-Américaines à l’endoctrination des Jeunesses Hitlériennes.
http://www.salon.com/2012/01/13/whos_afraid_of_the_tempest/singleton/

Bill Bigelow, co-auteur de “Rethinking Columbus”, écrit:

Imaginez notre surprise.
L’association Repenser les Ecoles (Rethinking Schools) a appris aujourd’hui que pour la première fois depuis ses plus de 20 and d’existence, son ouvrage « Rethinking Columbus » a été interdit dans un district scolaire : Tucson, Arizona…

Comme je l’ai dit à Biggers quand nous nous sommes rencontrés, la dernière fois qu’un de mes livres a été interdit, c’était pendant l’Etat d’Urgence dans l’Afrique du Sud de l’Apartheid en 1986 : le régime a interdit l’ouvrage que j’avais écrit, « Etrangers dans Leur Propre Pays » (Strangers in Their Own Country), probablement parce que j’y avais mis des extraits d’un discours de Nelson Mandela, alors emprisonné. Confronté à une opposition massive à l’intérieur comme à l’étranger, le gouvernement Blanc minoritaire craignait pour sa survie, en 1986. Il serait intéressant de se demander ce que les autorités de l’éducation en Arizona craignent aujourd’hui.
http://rethinkingschoolsblog.wordpress.com/2012/01/13/rethinking-columbus-banned-in-tucson

Roberto Rodriguez, professeur à l’Université d’Arizona, fait aussi partie des grands auteurs Chicano et Latino cités dans la liste à bannir des Etudes Mexicano-Américaines. L’éditorial de Rodriguez sur la décision de cette semaine et publié par Censored News, est intitulé : « Les officiels de l’enseignement de Tucson pris en train de d’uriner sur les étudiants Mexicains ». http://drcintli.blogspot.com/

Rodriguez a réagit dimanche sur Censored News à propos de l’interdiction de ses livres dans les écoles de Tucson.

« Les attaques en Arizona sont ahurissantes. Interdire une discipline dans l’enseignement est une mesure draconienne en soi. Mais en plus, une liste de livres interdits accompagne la mesure. Je crois que deux de mes livres figurent sur la liste, « Justice : Une Question de Race » et « The X in La Raza ». Deux autres pourraient aussi y figurer ».

« C’est choquant en soi, mais il ne faut pas oublier le contexte. Ce n’est pas seulement l’interdiction de certains livres ; d’après Tom Horn, l’ancien superintendant des écoles de l’état qui a préparé la loi HB 2281, cela fait partie d’une guerre de civilisations. Il a établi que les Etudes Mexicano-Américaines n’étaient pas fondées sur un savoir Gréco-Romain, et étaient donc exclus de la Civilisation Occidentale.

« En un sens, il a raison. Le fondement théorique des études Mexicano-Américaines est une philosophie « du maïs » millénaire et Autochtone sur ce continent. Ce qui vient d’arriver est proche d’un Autodafé – proche de ce qui s’est passé en 1562 à Mani, Yucatan, quand les livres Maya ont été brûlés. Au District Scolaire Unifié de Tucson (TUSD), la liste des livres interdit sera peut-être de 50 au total, y compris des œuvres d’art et des posters.

« Pour nous à Tucson, ce n’est pas fini. Au minimum, l’interdiction de livres révèlera précisément au reste du monde ce qu’est la mentalité agissant ici ; dans l’ère précédente, çà aurait été qualifié de reduccion (génocide culturel) de tout ce qui est Autochtone. Dans l’ère présente, çà peut aussi être vu comme reduccion ».

La liste inclut des auteurs Chicano et Latino mondialement célèbres et des auteurs Amérindiens. On y trouve des livres de Corky Gonzales, « The House on Mango Street » de Sandra Cisneros, « Black Mesa Poems » de Jimmy Santiago Baca et « The Devil’s Highway » de L.A. Urreas. Et des auteurs comme Henry David Thoreau et le livre populaire « Like Water for Chocolate ».

La liste comporte également des livres du célèbre auteur Amérindien Sherman Alexie, « Ten Little Indians », « The Lone Ranger » et « Tonto Fist Fight in Heaven ». Le recueil « Ocean Power, Poems from the Desert » de la poétesse et professeur Ofelia Zepeda est aussi sur la liste.

DA Morales écrit dans Three Sonorans, sur Tucson Citizen, sur le rôle du chef des Ecoles Publiques John Huppenthal. « Big Brother Huppenthal a prononcé ses vœux au TEA Party et juré de reprendre l’Arizona… de la reprendre il y a quelques siècles, avec une censure officielle de livres, y compris Shakespeare ! »
http://tucsoncitizen.com/three-sonorans/2012/01/13/did-you-know-even-shakespeare-got-banned-from-tusd-with-mas-ruling/

 

LISTE DES OUVRAGES INTERDITS : voir article précédent :

https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=575

 

OFFENSIVE CONTRE LES CULTURES « MINORITAIRES »

DES LIVRES INTERDITS ET SAISIS DANS LES ECOLES DU DISTRICT SCOLAIRE DE TUCSON, ARIZONA

 

Suite à un vote du Conseil de Direction du District Scolaire Unifié de Tucson (TUSD) mardi 10 janvier, des livres ont été interdits dans les écoles et certains ont été saisis. Des élèves en larmes ont raconté que des livres avaient été retirés dans leurs classes et même arrachés de leurs mains.

Ce vote s’inscrit dans le cadre de la loi HB 2281, adoptée en Arizona en mai 2010, dans le but d’interdire les études à caractère ethnique. Cette loi visait officiellement à interdire les études Mexicano-Américaines, mais aboutit aussi à l’interdiction des études Afro-Américaines et Amérindiennes.

La loi HB 2281 émane de milieux très conservateurs, ceux-là même qui font la chasse aux immigrés à la frontière sud.

Cependant, les populations visées ne sont pas vraiment immigrées : l’Arizona – comme d’autres états du sud-ouest, de la Californie au Texas inclus – a fait partie du Mexique jusqu’en 1846, quand les Etats-Unis ont déclaré la guerre et conquis beaucoup de territoires par le traité de 1848. Les Mexicains et les Amérindiens sont soit descendants de gens qui vivaient là depuis des siècles, bien avant les Anglo-Saxons, soit des gens qui ont « immigré » parce que la nouvelle frontière de 1848 coupe leur territoire, leurs villages, leurs familles…

Il est actuellement très en vogue de s’insurger contre le « communautarisme » et l’ « ethnicisme », mais contrairement aux apparences, cette loi ne vise pas à combattre la propagande raciale mais plutôt les idées « de gauche », les aspects de l’histoire réelle qui ne conviennent pas aux intérêts dominants et toute critique de la société ou des ‘valeurs’ occidentales. (Ainsi, dans la liste des livres interdits dans les écoles de Tucson, on trouve, à côté d’ouvrages d’auteurs latino-américains ou amérindiens, le livre de Howard Zinn « Une histoire populaire des Etats-Unis »…Mais il y a aussi « The Tempest » de Shakespeare…). Les élèves – ‘non-Blancs anglophones d’origine’- d’Arizona n’auront plus le droit d’apprendre leur histoire d’avant 1848, et sous prétexte de n’être que des individus sans appartenance ‘ethnique’, ils seront considérés soit comme des citoyens des Etats-Unis devant s’intégrer et adopter la seule culture officielle de l’Amérique Blanche et ultra libérale, soit comme des immigrés pas vraiment légitimes.

Sources et infos:
http://bsnorrell.blogspot.com/2012/01/banning-of-books-signals-revolution-in.html
http://www.azleg.gov/legtext/49leg/2r/bills/hb2281p.pdf
http://ethnicstudiesweekoctober1-7.org/arizona-hb-2281-fact-sheet.html
http://www.salon.com/2012/01/13/whos_afraid_of_the_tempest/singleton/
http://rethinkingschoolsblog.wordpress.com/2012/01/13/rethinking-columbus-banned-in-tucson/
http://motherjones.com/mojo/2010/05/ethnic-studies-banned-arizona

 

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LISTE DES OUVRAGES INTERDITS (liste du 2 mai 2011)

(D’après Brenda Norrell http://bsnorrell.blogspot.com/2012/01/banning-of-books-signals-revolution-in.html)

 

High School Course Texts and Reading Lists Table 20: American Government/Social Justice Education Project 1, 2 – Texts and Reading Lists

Rethinking Columbus: The Next 500 Years (1998), by B. Bigelow and B. Peterson
Ouvrage qui inclut les textes suivants :
Suzan Shown Harjo’s “We Have No Reason to Celebrate”
Buffy Sainte-Marie’s “My Country, ‘Tis of Thy People You’re Dying”
Joseph Bruchac’s “A Friend of the Indians”
Cornel Pewewardy’s “A Barbie-Doll Pocahontas”
N. Scott Momaday’s “The Delight Song of Tsoai-Talee”
Michael Dorris’s “Why I’m Not Thankful for Thanksgiving”
Leslie Marmon’s “Ceremony”
Wendy Rose’s “Three Thousand Dollar Death Song”
Winona LaDuke’s “To the Women of the World: Our Future, Our Responsibility”

The Latino Condition: A Critical Reader (1998), by R. Delgado and J. Stefancic

Critical Race Theory: An Introduction (2001), by R. Delgado and J. Stefancic

Pedagogy of the Oppressed (2000), by P. Freire

United States Government: Democracy in Action (2007), by R. C. Remy

Dictionary of Latino Civil Rights History (2006), by F. A. Rosales

Declarations of Independence: Cross-Examining American Ideology (1990), by H. Zinn

Table 21: American History/Mexican American Perspectives, 1, 2 – Texts and Reading Lists

Occupied America: A History of Chicanos (2004), by R. Acuna

The Anaya Reader (1995), by R. Anaya

The American Vision (2008), by J. Appleby et el.

Rethinking Columbus: The Next 500 Years (1998), by B. Bigelow and B. Peterson

Drink Cultura: Chicanismo (1992), by J. A. Burciaga

Message to Aztlan: Selected Writings (1997), by C. Jiminez

De Colores Means All of Us: Latina Views Multi-Colored Century (1998), by E. S. Martinez

500 Anos Del Pueblo Chicano/500 Years of Chicano History in Pictures (1990), by E. S. Martinez

Codex Tamuanchan: On Becoming Human (1998), by R. Rodriguez

The X in La Raza II (1996), by R. Rodriguez

Dictionary of Latino Civil Rights History (2006), by F. A. Rosales

A People’s History of the United States: 1492 to Present (2003), by H. Zinn

Course: English/Latino Literature 7, 8

Ten Little Indians (2004), by S. Alexie

The Fire Next Time (1990), by J. Baldwin

Loverboys (2008), by A. Castillo

Women Hollering Creek (1992), by S. Cisneros

Mexican WhiteBoy (2008), by M. de la Pena

Drown (1997), by J. Diaz

Woodcuts of Women (2000), by D. Gilb

At the Afro-Asian Conference in Algeria (1965), by E. Guevara

Color Lines: “Does Anti-War Have to Be Anti-Racist Too?” (2003), by E. Martinez

Culture Clash: Life, Death and Revolutionary Comedy (1998), by R. Montoya et al.

Let Their Spirits Dance (2003) by S. Pope Duarte

Two Badges: The Lives of Mona Ruiz (1997), by M. Ruiz

The Tempest (1994), by W. Shakespeare

A Different Mirror: A History of Multicultural America (1993), by R. Takaki

The Devil’s Highway (2004), by L. A. Urrea

Puro Teatro: A Latino Anthology (1999), by A. Sandoval-Sanchez & N. Saporta Sternbach

Twelve Impossible Things before Breakfast: Stories (1997), by J. Yolen

Voices of a People’s History of the United States (2004), by H. Zinn

Course: English/Latino Literature 5, 6

Live from Death Row (1996), by J. Abu-Jamal

The Lone Ranger and Tonto Fist Fight in Heaven (1994), by S. Alexie

Zorro (2005), by I. Allende

Borderlands La Frontera: The New Mestiza (1999), by G. Anzaldua

A Place to Stand (2002), by J. S. Baca

C-Train and Thirteen Mexicans (2002), by J. S. Baca

Healing Earthquakes: Poems (2001), by J. S. Baca

Immigrants in Our Own Land and Selected Early Poems (1990), by J. S. Baca

Black Mesa Poems (1989), by J. S. Baca

Martin & Mediations on the South Valley (1987), by J. S. Baca

The Manufactured Crisis: Myths, Fraud, and the Attack on America’s Public Schools (19950, by D. C. Berliner and B. J. Biddle

Drink Cultura: Chicanismo (1992), by J. A Burciaga

Red Hot Salsa: Bilingual Poems on Being Young and Latino in the United States (2005), by L. Carlson & O. Hijuielos

Cool Salsa: Bilingual Poems on Growing up Latino in the United States (1995), by L. Carlson & O. Hijuielos

So Far From God (1993), by A. Castillo

Address to the Commonwealth Club of California (1985), by C. E. Chavez

Women Hollering Creek (1992), by S. Cisneros

House on Mango Street (1991), by S. Cisneros

Drown (1997), by J. Diaz

Suffer Smoke (2001), by E. Diaz Bjorkquist

Zapata’s Discipline: Essays (1998), by M. Espada

Like Water for Chocolate (1995), by L. Esquievel

When Living was a Labor Camp (2000), by D. Garcia

La Llorona: Our Lady of Deformities (2000), by R. Garcia

Cantos Al Sexto Sol: An Anthology of Aztlanahuac Writing (2003), by C. Garcia-Camarilo, et al.

The Magic of Blood (1994), by D. Gilb

Message to Aztlan: Selected Writings (2001), by Rudolfo “Corky” Gonzales

Saving Our Schools: The Case for Public Education, Saying No to “No Child Left Behind” (2004) by Goodman, et al.

Feminism if for Everybody (2000), by b hooks

The Circuit: Stories from the Life of a Migrant Child (1999), by F. Jimenez

Savage Inequalities: Children in America’s Schools (1991), by J. Kozol

Zigzagger (2003), by M. Munoz

Infinite Divisions: An Anthology of Chicana Literature (1993), by T. D. Rebolledo & E. S. Rivero

…y no se lo trago la tierra/And the Earth Did Not Devour Him (1995), by T. Rivera

Always Running – La Vida Loca: Gang Days in L.A. (2005), by L. Rodriguez

Justice: A Question of Race (1997), by R. Rodriguez

The X in La Raza II (1996), by R. Rodriguez

Crisis in American Institutions (2006), by S. H. Skolnick & E. Currie

Los Tucsonenses: The Mexican Community in Tucson, 1854-1941 (1986), by T. Sheridan

Curandera (1993), by Carmen Tafolla

Mexican American Literature (1990), by C. M. Tatum

New Chicana/Chicano Writing (1993), by C. M. Tatum

Civil Disobedience (1993), by H. D. Thoreau

By the Lake of Sleeping Children (1996), by L. A. Urrea

Nobody’s Son: Notes from an American Life (2002), by L. A. Urrea

Zoot Suit and Other Plays (1992), by L. Valdez

Ocean Power: Poems from the Desert (1995), by O. Zepeda

 

Communiqué

9 janvier 2012

Par Save The Peaks, traduction Christine Prat

Contact:

savethepeaks@gmail.com

L’AFFAIRE PASSÉE DEVANT LA COUR DU 9ÈME CIRCUIT AUJOURD’HUI POURRAIT FAIRE JURISPRUDENCE ET EMPECHER DES RISQUES POUR LA SANTÉ

Les plaignants sont optimistes après que leur appel soit passé en audience, dans l’affaire de la « neige d’égouts » sur les Pics San Francisco

SAN FRANCISCO – Cinq plaignants et des représentants de la Coalition Sauvez les Pics, avec leur avocat et des supporters, étaient optimistes en sortant du tribunal fédéral James R. Browning ce jour, après que les arguments oraux aient été entendu devant la Cour d’appel du 9ème Circuit dans l’affaire opposant la Coalition Sauvez les Pics et le Service des Forêts US.

Les Pics San Francisco courent le danger imminent de devenir un centre de loisirs toxique, qui exposerait les gens à des produits dangereux, étant donné que le Service des Forêts des Etats-Unis autorise l’utilisation d’eaux usées recyclées pour la station de ski et le projet d’aire de jeux dans la neige. L’affaire opposant la Coalition Sauvez les Pics au Service des Forêts constitue une bataille juridique cruciale pour la protection du public et de l’environnement de produits pharmaceutiques et de perturbateurs endocriniens qui pourraient avoir des conséquences sur la santé publique. L’affaire a permis d’affirmer que, selon la Loi sur la Politique Environnementale et la Loi de Procédure Administrative, le Service des Forêts n’a pas suffisamment pris en considération les conséquences possibles de l’ingestion de neige fabriquée à partir d’eaux usées recyclées dans l’examen de l’impact écologique exigé par son mandat fédéral.

« Nous sommes des citoyens concernés, ayant absolument le droit de tenir nos institutions gouvernementales pour responsables de la santé de nos enfants. J’aimerais savoir pourquoi il n’y a toujours pas de réponse à la question de savoir comment cela affectera les générations futures. Et pourquoi les responsables continuent d’ignorer des preuves scientifiques qui suggèrent que cette neige d’égout peut causer des perturbations endocriniennes importantes. Aujourd’hui, notre montagne et notre eau potable sont menacées, et les mêmes dangers pourraient menacer notre communauté dans le futur » explique Clayson Benally, l’un des plaignants.

En 2005, le projet d’expansion présenté par la station de ski Snowbowl et le Service des Forêts de Coconino, a été approuvé, autorisant l’utilisation d’eaux usées recyclées de la station d’épandage de Flagstaff, Rio de Flag, pour fabriquer de la neige à la station de ski. Depuis mai 2011, les propriétaires d’Arizona Snowbowl ont placé plusieurs kilomètres de tuyaux pour transporter les eaux usées et abattu plus de 20 hectares de forêt alpine rare, alors que l’affaire était toujours en cours devant la justice. Les Pics San Francisco sont sacrés pour 13 tribus autochtones d’Arizona.

« La décision du jury de trois juges qui a siégé aujourd’hui déterminera d’une part, si le Service des Forêts des Etats-Unis a manqué à son obligation conformément à la Loi sur la Politique Nationale d’Environnement et d’autre part, si le cas « Laches » fait jurisprudence dans cette affaire. » a déclaré l’avocat Howard Shanker. Le cas « Laches » concerne une possible redondance de la part des plaignants ou dans le cours de l’affaire [ce qui veut dire que le tribunal devra déterminer si le problème invoqué l’a déjà été dans des étapes précédentes de l’affaire ou si les plaignants l’ont évoqué sur le tard, faute d’arguments vraiment nouveaux – NdT].

Sur les marches devant le tribunal, les plaignants et les avocats ont rencontré la presse et une centaine de supporters, entre autres une caravane intertribale de jeunes venus du Nouveau-Mexique et d’Arizona pour entrevoir le déroulement de l’affaire devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit. Avec des chants et des prières, ils ont uni leurs efforts pour sauver la montagne sacrée en Arizona et protéger les enfants de la contamination des eaux usées.

« Nous faisons confiance à notre avocat. Nous avons prié là-bas pour être entendus et compris. Notre avocat a développé des arguments de poids et avec nos prières, nous croyons en une issue favorable pour les Pics San Francisco » dit Alberta Nells, membre de la caravane intertribale.
Pour plus d’informations, vous pouvez appeler (00 1) 928 380 80 14 ou envoyer un mail à savethepeakscaravan@yahoo.com

 

Monday, January 9th 2012

 Carletta Tilousi

 

The U.S. Department of Interior Kent Salazar officially declared a million acres (404 686 hectares) of the Grand Canyon to be protected from no new uranium mines and uranium exploratory drilling. The havasupai elders and tribal leaders have fought to protect our home lands and waters for more than 25 years from uranium corporations. We can breathe a sigh of relief, as we drink and swim in havasu creek. We appreciate all the support from congressman Raul Giralvaj, NGO’s, and activist’s who stood in the front lines with a common vision to protect the grand canyon. Hangyu!

 

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Traduction:

Lundi 9 janvier 2012

Carletta Tilousi, traduction Christine Prat

 

Le Ministre de l’Intérieur des Etats-Unis Ken Salazar a déclaré officiellement qu’un territoire de 404 686 hectares dans la région du Grand Canyon du Colorado est protégé contre l’exploitation et la prospection de nouvelles mines d’uranium. Les Anciens et chefs tribaux Havasupai se sont battus pour protéger notre pays et nos sources d’eau depuis plus de 25 ans contre les entreprises d’uranium (AREVA était dans le coup – NdT). Maintenant nous pouvons respirer et être soulagés, quand nous buvons l’eau de la rivière Havasu et nageons dedans. Nous apprécions le soutien du membre du Congrès Raul Giralvaj, des ONG et des militants qui sont montés en première ligne dans une vision commune pour protéger le Grand Canyon. Hangyu ! (Çà c’est du havasupai… NdT)

 

LES TOURS DE SURVEILLANCE EN ARIZONA, LA BLAGUE A UN MILLIARD DE DOLLAR, SONT DE RETOUR

Par Brenda Norrell, 12 décembre 2011

Publié sur narcosphere Original article in English

Article et photos de Brenda Norrell, traduction Christine Prat

QUELQUE PART SUR LA FRONTIERE US/Mexique – La Sécurité Intérieure a décidé que d’avoir gaspillé 1 milliard de dollars pour placer des tours de surveillance inutiles en Arizona ne suffisait pas. Maintenant, la Sécurité Intérieure a décidé de gaspiller 1 milliard et demi de plus pour placer plus de tours de surveillance. (Oui, oui, nous savons pourquoi. Nous comprenons qu’il s’agit d’un nouveau ‘cadeau’ à Boeing et leur bon copain, la société d’armement Israélienne pour l’Apartheid en Palestine, Elbit Systems.)

La plupart des gens n’ont pas remarqué que, quand la Sécurité Intérieure a mis un terme au dernier cadeau d’1 milliard pour les tours de surveillance, un nouveau projet pour un autre cadeau 1,5 milliard était déjà prêt à être lancé.

Il n’y a pas encore eu d’appel d’offre officiel pour le nouveau contrat. Çà doit se faire en janvier 2012. Mais cela n’a pas empêché Boeing de recruter pour un emploi lié à ces nouvelles tours, Integrated Fixed Towers, dès novembre à Tucson. L’emploi a été attribué à un technicien de Ajo, pour travailler à ces nouvelles tours de surveillance destinées à remplacer le gâchis des initiatives de la Sécurité Intérieure des années précédentes.

Les districts Tohono O’odham ont déjà été sollicités pour approuver les nouvelles tours de surveillance US sur leurs territoires souverains.

La compagnie Israëlienne Elbit Systems se profile déjà pour le boulot. Elbit organise aussi quelques fuites sur des choses supposées secrètes, comme font tous les profiteurs. Elbit, l’entreprise d’armement Israëlienne, se vante d’avoir procuré un grand drone, utilisé sur la frontière sud entre les Etats-Unis et le Mexique.

En Novembre, afin de faire sa propre promotion, Elbit a déclaré : « L’un des principaux fournisseurs de UAS (drones – NdT), la branche Américaine d’Elbit Systems, a été l’une des premières compagnies aux Etats-Unis a faire voler un grand drone au dessus de la frontière sud dans le cadre d’un projet de la Police des Frontières, prouvant l’efficacité des drones comme complément aux missions sécuritaires aux frontières. »

Lors du gâchis précédent concernant des tours de surveillance, Boeing a sous-traité à Elbit. Tout comme Elbit l’a fait pour le Mur en Palestine, Elbit dit pouvoir livrer le matériel suivant aux frontières des Etats-Unis : capteurs, radars, optique électronique combinés avec des capteurs au sol, des systèmes aériens et des véhicules au sol, tous télécommandés, pour détecter, tracer et identifier.

Entretemps, les Etats-Unis et le Canada ont entamé des négociations secrètes pour accroître la sécurité sur la frontière nord. En public, les Etats-Unis et le Canada tentent de présenter comme une bonne chose le fait qu’ils veuillent partager les biographies des personnes traversant les frontières et envahir la vie privée des citoyens de toutes les manières possibles. Ne vous faites pas avoir pas la campagne de communication vantant le miracle des détecteurs à pied ou des drones sans pilote. Le drone qui s’est écrasé près de Nogales, en Arizona, et tous les civils tués par des drones américains dans d’autres pays, prouvent le danger des drones, qui volent maintenant au dessus des frontières nord et sud des Etats-Unis. Les drones américains, à l’intérieur des Etats-Unis et dans le reste du monde, sont contrôlés par des militaires US basés au Nevada. Une erreur humaine, une erreur informatique ou une panne technique sont toujours possibles.

A la frontière sud de l’Arizona, il est surprenant qu’il y ait encore de la place dans les airs pour des drones. Le ciel est bourré d’hélicoptères en patrouille et de jets d’entraînement, de Tucson au site de bombardement Barry Goldwater dans le désert près de Yuma (situé au même endroit que l’espèce menacée d’antilopes américaines). Ces jets se sont régulièrement écrasés dans et autour de la Nation Tohono O’odham et sont un danger pour la vie de ses habitants. De plus, les Etats-Unis violent l’espace aérien d’autres pays, y compris le Mexique, avec leurs drones, comme l’a révélé l’enquête sur le meurtre de l’agent du ICE Jaime Zapata, tué dans le nord du Mexique avec des armes fournies par les Etats-Unis aux trafiquants de drogue mexicains dans le cadre du Projet Gunrunner de l’ATF.

Mais ne vous méprenez pas : ces tours espionnes nous amusent énormément, nous qui vivons à la frontière sud de l’Arizona. Mais des milliards de l’argent des contribuables semblent un peu exagérés juste pour rigoler. Il y a quelques étés, en tant que journaliste ayant beaucoup de temps, j’ai entrepris d’enquêter sur ces tours de surveillance à la frontière de l’Arizona. D’abord, mon ami et moi avons dû nous envelopper dans des serviettes mouillées – vu qu’il y avait plus de 45 degrés – afin de ne pas défaillir dans la voiture non-climatisée. Et alors, la rigolade a commencé.

On a beaucoup rit. « Ils croyaient vraiment que les tours de surveillance allaient marcher à la frontière de l’Arizona, en Wi-fi, dans ce désert de montagnes rocailleuses. Je n’arrive même pas à fonctionner en Wi-fi dans un hôtel avec des murs épais. » Et : « Pourquoi ils n’ont pas embauché des gosses de 10 ans branchés ordinateur ? »

C’est ainsi qu’on discutait avec les braves gens d’Arivaca au sujet de leur tour de surveillance (celle que vous pouvez voir sur la photo). La tour était dirigée vers leurs maisons, pas vers la frontière. Ils faisaient voler des cerf-volant autour pour saboter. Puis, les officiels de la Patrouille des Frontières ont dit que les tours ne fonctionnaient pas du tout.

D’abord la Patrouille des Frontières a admis que les tours ne pouvaient pas vraiment faire la différence entre une vache, un coyote ou un être humain quand les capteurs se déclenchaient. On rit encore plus : « C’est un code 10-4. La patrouille des Frontières qui poursuit une vache découvre que le coyote a marché sur le capteur. » Côté sérieux, on s’inquiétait à l’idée que le radar pourrait désaxer les chauve-souris qui fournissent le pollen aux cactus du Désert du Sonora. Et, en fait, qu’est-ce qu’un désert sans cactus ?

A Arivaca, c’était toujours bon de faire un piquenique ou de regarder les colibris, même si les tours de surveillance ne marchaient pas.

Puis nous sommes allés à Sasabe pour demander aux braves gens s’ils avaient pu exprimer leurs commentaires sur la tour qui devait être installée dans leur petite ville-frontière. (Le gros guide officiel enterré à la bibliothèque dit que les commentaires populaires sont exigés par la loi). « Quelle tour de surveillance ? » demandèrent les braves gens de Sasabe. Nous nous sommes baladés et nous avons regardé la tour de surveillance de Sasabe. Il n’y avait pas grand-chose à faire, pas d’immigrés en vue, alors nous sommes allés à la boutique où les agents de la Police des Frontières achetaient leurs sucreries, leurs snacks et leur café.

Alors, j’ai fait un reportage sur certains agents de la Police des Frontières. Les agents jetaient les emballages et les gobelets sur le sol (infraction, dépôt d’ordures illicite). Sinon, les agents de la Police des Frontières restaient assis dans leurs véhicules climatisés et parlaient sur leurs téléphones mobiles. Puis, ils démarraient soudain à une vitesse extrême, mettant en danger la vie de quiconque circulait sur l’autoroute. Plus tard, ils revenaient, seuls, pour acheter plus de snacks et se livrer à plus de communications téléphoniques.

Il faisait chaud, vraiment très chaud. Le chauffeur du bus Wackenhut G4S était là aussi, à la boutique, sans immigrés dans son bus. Wackenhut G4S, dont le siège principal est à Londres, a un contrat pour transporter les immigrés. Wackenhut a très tôt trouvé le moyen de doubler ses bénéfices à la frontière de l’Arizona. Wackenhut s’est scindée en deux sociétés, Wackenhut Transport avec ses bus, et GEO, une prison privée parasite qui profite de l’incarcération de nombreux immigrés dans tout le Sud-Ouest.

Ainsi, au moins deux des compagnies qui font des profits à la frontière de l’Arizona sont étrangères, la société Israëlienne Elbit Systems et les transports Wackenhut, dont le propriétaire G4S a son siège à Londres.

Revenons-en aux tours de surveillance. Tandis que les jours de grande chaleur continuaient, nous sommes allés jusqu’à une réserve d’oiseaux à la frontière, un endroit stérile à l’exception de quelques arbres du désert, que les oiseaux semblent apprécier. De temps en temps, un hélicoptère passait juste au dessus, pour nous harceler. Puis, soudain, deux véhicules sont apparus, sortis de nulle part. L’un des véhicules était une voiture de tourisme, conduite par un type coiffé du genre à venir de Las Vegas, l’autre une petite camionette. Les deux conducteurs ont sauté de leurs véhicules avec leurs chiens de chasse en laisse, ont échangé quelques mots, et se sont précipités vers la réserve d’oiseaux et en direction de la frontière. (Aucune explication pour la présence de ces types).

A la fin de l’été, la chaleur suffocante a fait place à la saison des pluies, la terre dure et craquelée s’est transformée en petites rivières dans le désert. Notre enquête sur les tours de surveillance s’est terminée.

Nous nous sommes beaucoup amusés en enquêtant sur les tours, mais on ne peut pas dire que çà valait le milliard de dollars payé par les contribuables. D’accord, j’ai entendu parler de nouvelles tours, et j’ai souri en pensant comment on pourrait rigoler en enquêtant sur les prochaines tours à 1,5 milliard.

Bien entendu, les nouvelles tours sont très secrètes jusqu’à maintenant, donc n’en parlez pas à tout le monde !

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