Apache Leap. Photo prise au pied de la falaise, le chantier de Resolution Copper n’est pas visible d’en bas. Voir vue aérienne plus bas.

Christine Prat, CSIA-Nitassinan
25 novembre 2020

Le 18 novembre 2020, Wendsler Nosie Sr., Apache de San Carlos, a lancé un appel urgent dans une vidéo publiée sur YouTube.
Depuis des années, les Apaches de San Carlos, de nombreuses autres tribus et des groupes écologistes se battent contre un monstrueux projet de mine de cuivre, d’une firme appelée Resolution Copper, (en fait une alliance entre les compagnies Rio Tinto et BHP Billiton), qui met en danger un site sacré pour les Apaches, et classé depuis 1955 comme site historique et naturel, qui héberge, entre autres, des espèces d’oiseaux n’existant nulle part ailleurs.

C’est donc le Service des Forêts des Etats-Unis qui doit produire un rapport environnemental pour autoriser définitivement le projet. Il y a quelques semaines, les opposants au projet ont appris que la production définitive dudit rapport, avait été avancée d’un an et devrait avoir lieu en décembre 2020. Il s’agit, pour la compagnie et pour le Secrétariat à l’Agriculture dont dépend le Service des Forêts, de rendre la situation irréversible avant le départ de Trump. L’approbation du rapport risque de rendre définitif un projet « d’échange de terres » rendu légal en 2015, des politiciens favorables au projet l’ayant introduit dans la loi de budget de la Défense, qui devait absolument être approuvée. Cela implique que le site d’Oak Flat soit échangé contre des bouts de terres éparpillés en Arizona, appartenant à Resolution Copper.

L’actuel Secrétaire [Ministre] à l’Agriculture est George Ervin ‘Sonny’ Perdue III. Il est connu pour soutenir les énergies fossiles et être un négationniste des effets du changement climatique. Il soutient aussi le projet de mine de cuivre à Oak Flat. D’après le Guardian du 24 novembre, qui a pu voir les notes d’une réunion des autorités locales avec des groupes écologistes, les officiels ont dit subir des pressions du plus haut niveau du Département [Ministère] de l’Agriculture.

La compagnie affirme avoir pris toutes les précautions écologiques nécessaires, mais, selon le Guardian, c’est peu crédible, vu qu’en mai dernier, Rio Tinto a fait sauter un site aborigène vieux de 46 000 ans, dans l’ouest de l’Australie !

De toutes façons, quel que soit le gouvernement, le Service des Forêts ne refuse jamais, à ma connaissance, des permis de détruire aux grandes compagnies extractivistes. Lorsque la loi sur l’échange de terres est passée avec le budget de la Défense, Barak Obama était Président. Mais son Secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack, a soutenu tous les projets destructeurs dans les forêts nationales. Il a d’ailleurs insisté pour rester à l’Agriculture lors du deuxième mandat d’Obama, ce qui ne se fait pas habituellement. N’ayant jamais entendu dire que M. Vilsack ait fait quelque chose pour l’agriculture, je pense qu’il tenait à ce poste pour tenir les promesses faites aux entreprises extractivistes. Espérons que Joe Biden ne reprendra pas M. Vilsack dans son gouvernement. Espérons aussi que le Représentant Démocrate d’Arizona Raúl Grijalva restera à son poste, vu qu’il est farouchement opposé au projet de mine à Oak Flat.

Il faut savoir aussi que l’accélération de projets destructeurs – généralement en terres Autochtones – ne concerne pas seulement Oak Flat. Par exemple, les constructions d’oléoducs sont également accélérées, même lorsqu’elles ont été interdites par des tribunaux. Les compagnies comptent sur le gouvernement Trump pour les soutenir et profitent de la pandémie, qui empêche les Autochtones de lutter comme ils l’auraient fait s’il n’y avait ce danger d’être contaminés.

BESOIN DE SOUTIENS D’URGENCE !

Pour protester :

Adresses du Secrétariat à l’Agriculture : agsec@usda.gov
U.S. Department of Agriculture
1400 Independence Ave., S.W.
Washington, DC 20250

Service des Forêts: https://www.fs.usda.gov/tonto

Pour plus de détails sur la problématique d’Oak Flat, voir mon article de septembre 2019: https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=5295

Et tous les articles en français sur Oak Flat traduits ou écrits sur ce site.


Par Chili Yazzie, Diné
Publié sur Censored News
10 novembre 2020
Traduction Christine Prat

Dans son rapport à la Reine Isabella et au Roi Ferdinand, Christophe Colomb écrivait: « Ces gens sont si dociles, si pacifiques, que je jure à vos Majestés qu’il n’y a pas de meilleure nation au monde. Ils aiment leurs voisins comme eux-mêmes, et ils parlent toujours d’une manière douce et aimable, accompagnée d’un sourire; et bien que ce soit vrai qu’ils sont nus, leurs manières sont polies et dignes d’éloge.» Il décrivait les Arawak et les Tainos des Caraïbes ; cette description aurait généralement pu s’appliquer à tous les Peuples Autochtones de l’hémisphère occidental.

Il commença par rafler des Autochtones pour le marché d’esclave en Espagne. Leur capture préférée était celle de jeunes filles, entre 10 et 13 ans, comme esclaves sexuelles. Et il revint encore et encore, pour mériter la distinction de premier marchand d’esclaves d’Amérique. Tandis que Colomb étendait ses cruels exploits, toute résistance était vite écrasée, ils coupaient les jambes et les bras des indigènes qui résistaient et les brûlait vifs. Avec ces atrocités, il a créé le précédent pour ses successeurs sous tous les drapeaux de l’impérialisme.

En 1455, le Pape publia des bulles déclarant que les gens de couleur devaient être vaincus et toutes leurs possessions saisies ; en 1493, le Pape fit ‘cadeau’ de l’hémisphère occidental à l’Espagne. Ces décisions papales ont évolué en ce qu’on appelle la Doctrine de la Découverte, qui fut, et est toujours, l’autorisation et la justification pour les nouveaux venus de s’enrichir par tous les moyens, amorçant le plus grand vol de terres et le plus grand génocide de l’histoire. La Doctrine de la Découverte est inhumaine, immorale et illégale, c’est une violation impudente des droits humains. Inexplicablement, c’est resté un principe de la loi américaine.

La richesse personnelle était une des intentions dans la formation de l’Amérique. Les pères fondateurs (de riches blancs propriétaires d’esclaves) ont créé un gouvernement qui bénéficierait à leur statut de minorité de 1%. Si le slogan de liberté, justice et prospérité pour tous avait été vrai, les femmes, les travailleurs, les pauvres et les gens de couleur n’auraient pas eu à se battre et à mourir pour leurs droits avant que la constitution ne soit amendée. Cependant, les injustices continuent.

La violence est commise de façon exponentielle contre la terre et les gens de bien. La violence est exigée par ceux qui se bagarrent férocement pour plus de richesse et pour avoir ou garder le pouvoir. L’appel à l’équité et la justice raciales se heurte à une force brute. Il y a beaucoup de déséquilibre en Amérique. L’Amérique est en danger de s’effondrer comme « grande civilisation » à cause des conditions d’avidité et de préjugé suprématiste blanc à son fondement, intentionnels ou naïfs. C’est le tort fondateur de l’Amérique.

Le Créateur Tout-Puissant a mis l’humanité sur cette terre, avec pour tous des instructions communes pour y vivre. Les principes fondamentaux étant d’honorer la création et d’avoir de la compassion. La description de Colomb des peuples Autochtones Caribéens corrobore le fait que les peuples Autochtones sont restés fidèles à ces instructions, même jusque dans ces temps modernes. Le seul véritable espoir pour une vraie grandeur de l’Amérique serait d’honorer et de vivre les instructions premières du Créateur, faites intentionnellement pour tout le genre humain.

Chili Yazzie

Shiprock, Nation Navajo, Nouveau-Mexique

The Shiprock, le rocher qui a donné son nom à la ville

Photo Ofelia Rivas

Par Ofelia Rivas, Tohono O’odham
Publié sur Censored News
6 novembre 2020
Traduction Christine Prat

Nous vivons dans une société sans conscience. Les morts sont commémorés et enterrés, des mères et des pères, des Grand-mères et des Grands-pères, et des enfants. C’est irresponsable de déterrer quelqu’un de sa tombe, pour une voie d’eau faite par l’homme, un terrain de golf, un bâtiment et de la technologie pour la frontière, ou n’importe quel progrès économique ou des développements similaires, pour le divertissement humain, l’avancement de l’humain et la prétendue évolution humaine continuellement névrotique.

Dans le monde du peuple premier, du peuple autochtone, du peuple O’odham (Le Peuple) une personne enterrée n’est pas dérangée et beaucoup de sépultures ne sont pas indiquées. C’est seulement à partir de l’assimilation et de l’endoctrinement par des religions étrangères que les tombes ont des croix et des signes indicatifs et sont confinées dans un site désigné.

Le monde de la conscience vivante O’odham a été fortement dérangé d’innombrables fois, quand un parent enterré, enterré depuis des milliers de décennies, a été dérangé. C’est une période de très grand chagrin pour les ancêtres qui sont déterrés, déplacés, examinés et catégorisés, et entreposés dans des boîtes. C’est scandaleux de fouiller ces restes déterrés, de prendre leurs objets personnels et de les vendre pour un profit individuel.

Le gouvernement des Etats-Unis a opportunément mis de côté toutes les lois de protection, les lois, les règlements et les protocoles créés par son système de contrôle. Les Etats-Unis ont mis ces lois de côté pour autoriser les pratiques déjà anciennes, de pillage de tombes, de vol de poteries, et autres soi-disant objets archéologiques qui appartiennent aux morts.

Les gens de ma génération sont témoins et ont effectué des offrandes pour honorer les ancêtres de la manière qui convient, restreinte et privée. C’est une coutume O’odham que nous considérons comme sacrée, bien qu’au cours de ma vie beaucoup de violations ont eu lieu, des violations des prières d’origine et des discussions publiques d’un savoir qui doit être restreint à certains et des informations restreintes à un genre.

Les Anciens ont continué dans le respect absolu de la restriction du savoir et des références à des cérémonies restreintes et des restrictions par genre pour les sites sacrés et les informations, mais dans la période récente, ces violations ont créé sans nécessité du travail de réparation et de purification. J’ai vu une femme révéler des informations destinées à une catégorie restreinte et j’ai vu des non-O’odham utiliser des objets sacrés et chanter des chants ne devant être chantés que par une catégorie restreinte de gens.

Autrefois, nous étions un peuple très discipliné, en ce qui concerne la protection du sacré et tenions en haute estime ces informations devant bénéficier à tous les O’odham et à toute vie. En fait, il y avait très peu de documentation sur les O’odham et c’était souvent mal documenté et mis dans des sous-catégories erronées, par exemple être appelés Pima, comme dans le livre La Révolte Pima.

Tout le reste des Etats-Unis et le monde savaient très peu de choses sur la Nation Tohono O’odham, autrefois appelée la Tribu Papago, jusqu’au lendemain du 11 septembre 2001. Il fut déclaré que le mode de vie Américain devait être protégé des terroristes, ce qui a directement touché près de 120 km de frontière internationale, c’est-à-dire les terres O’odham. Avant le 11 septembre, les O’odham avaient toujours ignoré la frontière internationale qui divise des communautés, des gens et des villages, et ils ont continué à voyager à travers leurs territoires. Tous ces changements récents sont causés par la militarisation complète de la réserve et des communautés aux alentours. Ce sont des restrictions de la mobilité, et des lois sur la régulation de l’immigration sont utilisées pour attaquer et harceler physiquement et verbalement, surveiller et mettre en danger les vies des O’odham.

La terre de nos pays d’origine est devenue un terrain de jeu pour les agents de la Patrouille des Frontières, pour jouer avec leur équipement militaire du gouvernement, ce qui menace le mode de vie O’odham jusqu’à un point critique. Les cérémonies, le système de nourriture naturelle et le bien-être même des O’odham sont fortement touchés par la soi-disant tactique de guerre de faible intensité contre les terres et les gens.


Photo : Elbit Systems, un sous-traitant Israélien responsable de la sécurité de l’Apartheid en Palestine, détruit un site funéraire et des lieux de cérémonie Tohono O’odham pour construire des tours d’espionnage fixes

Ceci est un message appelant les gens de conscience, à reconnaitre une fois de plus ces atrocités continuelles et tenir responsables tous les militaires du Gouvernement des Etats-Unis appelés patrouilles des frontières, et tous leurs composants, comme tous leurs sous-traitants : le Corps des Ingénieurs des Etats-Unis, Elbit Systems et Meridian Engineering, et tous les contrôleurs d’élite.

Ensuite, je mets au défi les jeunes Autochtones d’aujourd’hui, qui sont intégrés dans ce système, éduqués, ont des ressources et des capacités médiatiques, de créer directement des lois de conscience Autochtone. Ils ont les moyens et les capacités de créer une législation et de réécrire des lois et des réglementations, sans les échappatoires rhétoriques et opportunistes, pour la survie de notre génération future.

Photo by Jason Jaacks

En toute solidarité,

Ofelia Rivas
P.O. Box 1835
Sells, AZ 85634
http://tiamatpublications.com/

Ofelia Rivas a fondé il y a longtemps Voix O’odham Contre le Mur, et elle vit sur sa terre natale, dans la Nation Tohono O’odham. Ofelia a passé sa vie à lutter pour les droits humains et pour stopper la militarisation de son territoire.

©Ofelia Rivas. Aucun extrait de cet article ne peut être utilisé en aucune façon sans autorisation.


Par Indigenous Environmental Network
Publié sur Facebook
7 novembre 2020
Traduction Christine Prat

Nous, le Réseau Environnemental Autochtone, applaudissons la défaite de Donald Trump, comme rappel de notre pouvoir collectif d’affronter la suprématie blanche et le fascisme. Un effort national de la base, organisé par les Noirs, les Peuples Autochtones, LGBTQIA et les Gens de Couleur, a fourni des votes essentiels nécessaires pour gagner cette élection. Nous ne le dirons jamais assez : C’est notre victoire, nous l’avons faite pour nos communautés. Nous n’allons pas mâcher les mots. Les Etats-Unis sont un état de colons qui a toujours exploité la terre, son peuple et ses ressources. Même avec le changement de l’Exécutif, nous savons que les systèmes qui ont réduit à l’état de marchandises notre peuple, nos terres, notre eau et notre ciel, ne seront pas ceux qui les sauveront. Ainsi, nous applaudissons ce moment en tant que baromètre de la direction et de la stratégie des BIPOC [Black, Indigenous, People Of Color] et nous fixons notre attention sur la récompense d’imaginer radicalement un futur meilleur pour nous tous. Un futur qui dépend d’une nouvelle économie et d’un paradigme environnemental.

Les Etats-Unis ont un nouveau président. Notre réseau continuera d’être une force motrice pour tenir les pouvoirs en place responsables vis-à-vis des peuples d’origine de ces terres et territoires. Dans toute l’Île de la Tortue, des Peuples Autochtones se soulèvent pour affirmer nos droits souverains inhérents, défendre nos territoires et protéger les générations futures. Pour la santé et le respect du caractère sacré de Notre Mère la Terre et Notre Père le Ciel, nous ne faiblirons pas, les voix Autochtones seront entendues.

Nous exigeons la justice climatique, nous exigeons une transition juste, nous exigeons un redressement économique juste, dirigé par la justice et l’éthique environnementales, nous exigeons que nos droits souverains soient respectés et renforcés. La nouvelle présidence doit accepter le rejet d’une économie extractive et construire une relation avec le sacré de Notre Mère la Terre et tout ce qui est en relation avec elle.

Nous devons voir un changement systémique dans les relations entre les Amérindiens, les Autochtones d’Alaska et d’Hawaï, et ce gouvernement fédéral. Nous devons voir une reconnaissance et une application complètes de nos droits selon les traités, que nos terres nous soient rendues, et la mise en pratique totale du principe de Consentement Libre, Préalable et Informé.

Nous concevons un nouveau paradigme qui reconnaitrait l’intégrité territoriale et les droits de Notre Mère la Terre, et l’auto-détermination des premiers peuples de ce pays. Et nous soutenons les Afro-américains, les gens de couleur, les pauvres, les migrants, LGBTQIA et tous les autres gens marginalisés qui demandent exactement le même changement de système.

Nous n’avons qu’Une Terre Mère et Un Père Ciel. Dans l’intérêt des sept prochaines générations de vie sur cette planète, nous continuerons à renforcer le pouvoir menant à des lendemains meilleurs.

Nous vous reverrons sur les lignes de front,

L’équipe d’Indigenous Environmental Network

Photo : Nedahness Greene

 


Par Indigenous Action
7 novembre 2020
Traduction Christine Prat

Biden a remplacé Trump.

Pendant que certains célébraient une forme « moins dangereuse » de violence coloniale, nous nous sommes préparés à ce que la guerre reprenne. Ce n’est pas seulement que Trump ait mis les bouchées doubles en matière de nationalisme autoritaire suprématiste blanc (c.à.c. le fascisme) et ait presque accompli la continuation de son héritage explicitement violent, ce n’est pas seulement que les colonisateurs libéraux se soient tout juste hissés avec les ongles jusqu’à la victoire. C’est qu’au bout du compte, Trump et Biden sont deux faces de la même médaille. Nous allons à nouveau être soumis à la ferveur politique bruyante d’après l’élection, jusqu’à ce que la marée libérale se retire et que nous nous retrouvions confrontés à la même violence écologique et sociale qu’avant.

Le gouvernement Obama-Biden a été responsable de la déportation de plus de gens qu’aucun autre régime des Etats-Unis dans l’histoire. Entre 2009 et 2015, Obama-Biden ont déporté de force plus de 2,5 millions de gens, ce qui constitue plus que la somme de toutes les déportations sous tous les autres présidents du XXème siècle. Les communautés Tohono O’odham et Hia Ced O’odham ont subi une forte militarisation et ont été coupées par la frontière coloniale US/Mexique. Des villages entiers ont été déplacés et des sites sacrés profanés dans les nombreuses communautés Autochtones occupées de la frontière. Ça a été consolidé par le « mur frontière » de Trump, mais la militarisation de la frontière et l’occupation coloniale des terres Autochtones continuera, que les Etats-Unis soient sous contrôle Républicain ou Démocrate. Les colonisateurs sont unis dans leur croyance et leurs pratiques du colonialisme. Le régime Obama-Biden n’a pas apporté de répit à ceux qui ont été bombardés et attaqués par des drones, ce qui, en Afghanistan, signifiaient 90% du temps, l’assassinat d’innocents. Nous ne pouvons rien célébrer en sachant qu’avec Biden (ou n’importe qui d’autre), l’impérialisme des États-Unis et leur guerre sans fin contre les gens de couleur partout dans le monde, continuera.

Biden s’est lui-même taillé l’image d’un restaurateur d’une « normalité » dans laquelle nous sommes tués, agressés, disparus, bombardés, pollués, incarcérés, réduits à la pauvreté, et profanés. Un retour à la normalité néolibérale est un retour à la mort pour les Autochtones, les Noirs et les Basanés partout dans le monde.

Il y a un discours sur le moindre mal et une diatribe sur un espoir quelque part là-dedans, mais ces thèmes ont été gravés dans notre chair sous les coups, au point que notre peau a perdu la faculté de cicatriser. C’est comme si nos corps étaient la terre profanée à chaque pas de notre agresseur. Dans le cas de la politique électorale, le cycle n’est pas mis en question, l’agression non plus. Seule la mesure dans laquelle le voile couvre les blessures compte. Il ne s’agit pas de voir l’agression, c’est voir ses effets qui fait bouger la zone de confort jusqu’au bord de l’inquiétude.

Nous avons refusé la domination, le contrôle et l’exploitation de ces terres par les forces coloniales depuis 1492. Être ingouvernables signifie que nous ne faisons pas allégeance à l’autorité coloniale, ni ne dépendons de leurs systèmes pour notre survie, notre identité, notre appartenance, ou notre bien-être.

Face au COVID-19 et à un fascisme plus visiblement déclaré, nous célébrons les expressions puissantes d’une action directe sans médiation et les interventions contre le capitalisme, la suprématie blanche, l’hétéro-patriarcat, et l’état policier colonial. Des puissants soulèvements de Black Lives Matter, au renversement de statues racistes, des zones autonomes aux milliers de projets d’aide mutuelle dans toute l’île de la Tortue, qui fournissent les provisions nécessaires et du soutient, nos communautés ont entrepris des actions directes et construit une infrastructure alternative pour des générations, afin que nous ne soyons pas dépendants de l’état ni des compagnies privées.

Nous nous efforçons d’organiser et d’intervenir le plus directement possible au niveau des causes primaires qui maintiennent des ordres sociaux oppressifs, et nous travaillons à construire et soutenir de façon créative des alternatives fondées sur l’aide mutuelle, la dignité, et l’autodétermination collective au-delà du capitalisme. Nous sommes ingouvernables et devons rendre impossible pour le système colonial, de gouverner sur des terres volées et occupées. Construisez, soutenez et faites proliférer les organisations autonomes, et remplissez votre rôle dans ces luttes.

16 choses que vous pouvez faire pour être ingouvernables :

  1. Créez un groupe d’affinité.

Un groupe d’activité est un petit groupe de 5 à 20 personnes qui travaillent ensemble de manière autonome à des actions directes ou d’autres projets. Des groupes d’affinité sont généralement formés de gens qui partagent la même vision et se rejoignent pour que quelque chose soit fait. Si vous avez déjà un groupe d’affinité, liez-le à d’autres et regroupez-vous !

  1. Augmentez vos compétences.

Briser les liens avec le capitalisme et les appareils coloniaux demande que nous apprenions à faire les choses pour nous-mêmes, au-delà d’acheter, vendre, travailler ou demander à l’état de nous aider. De la défense collective au jardinage, la construction de bicyclettes, la non-scolarisation et prendre soin les uns des autres – nous pouvons apprendre et partager des compétences. Nous pouvons changer notre façon de valoriser les compétences et démanteler les hiérarchies de classes et de capacités.

  1. Etablissez et pratiquez une bonne culture de la sécurité.

La culture de la sécurité est nécessaire pour survivre à la répression d’état. Nous pouvons empêcher beaucoup d’infiltration et de désinformation en améliorant nos façons de communiquer et de nous mouvoir dans le conflit. Nous pouvons rester droits et transparents sans sacrifier notre sécurité.

  1. Pratiquez une justice transformatrice et réparatrice.

Des communautés fortes rendent la police et les prisons obsolètes. Nous pouvons changer notre culture pour prévenir la violence et les agressions. Nous pouvons construire nos capacités à affronter et résoudre les conflits. Nous pouvons renforcer nos liens et éliminer ce qu’il y a de toxique dans nos relations afin que le mal n’ait pas d’espace pour se développer dans nos communautés.

  1. Aide mutuelle.

Démarrez un groupe d’aide mutuelle et apportez le soutient nécessaire à ceux qui sont dans le besoin. Organiser l’aide mutuelle peut assurer que nos communautés ne soient pas dépendantes de firmes privées ni de l’état. Transférez votre utilisation de ressources à des choses que vous pouvez cultiver et faire, ou vous procurer auprès d’autres en résistance. Construisez des réseaux d’aide et de ressources au-delà du capitalisme.

  1. Défense mutuelle.

De l’entrainement à l’usage des armes aux tactiques de rues, en passant par les interventions de passants et d’équipes de sécurité, nous devons avoir les capacités et les ressources pour défendre nos communautés d’attaques fascistes contre notre peuple, les êtres non-humains et les terres.

  1. Construisez et entretenez une infrastructure de conflit.

Une infrastructure de conflit est toute structure que nous organisons, qui nous aide à être plus efficaces dans nos combats. C’est une infrastructure qui va au-delà de procurer une prise de conscience et des services, mais construit notre capacité à mener une véritable résistance. Des jardins communautaires et des fermes coordonnées collectivement aux infoshops et aux médias et communications indépendants.

  1. Ouvrez des squats pour les SDF.

Un loyer est un vol. La propriété privée est de la violence coloniale contre le territoire. Abolissez les loyers et la propriété privée. Ramatriez les terres à leurs gardiens d’origine. Créez des espaces pour vivre au-delà des propriétaires.

  1. Défendre et restaurer les terres ancestrales.

Parce que #landback signifie mettre fin à l’occupation coloniale et restaurer la gestion Autochtone de nos terres ancestrales. Régénérez nos relations sacrées, et tout ce que ça implique spirituellement et matériellement, avec nos territoires d’origine. Libérez le sacré.

  1. Réparations.

Emparez-vous de tout ce qui a été volé aux Peuples Noirs et Autochtones et libérez-le. Une redistribution radicale est nécessaire.

  1. Supprimez tout ce qui est de la merde.

Intervenez dans une infrastructure critique aux points où le capitalisme et le colonialisme sont les plus vulnérables. Emparez-vous des rues, des usines, des ports, des sites temporaires de fracturation, des oléoducs, des centrales électriques, détruisez les frontières, soyez intelligents et créatifs ! C’est aussi un moyen efficace de viser ces industries qui perpétuent le changement climatique.

  1. Soyez furieusement intersectionnels.

Vu que nous n’acceptons pas de trainer ces vieilles conduites de merde avec nous. Merde aux anti-afro, merde à l’orientalisme, merde à l’islamophobie, merde à la transphobie, merde à l’hétéro-patriarcat, merde à la suprématie blanche, merde à l’impérialisme, merde à l’élitisme, merde à la hiérarchie, merde au racisme, merde à la citoyenneté, merde aux privilèges, merde à tout ce qui est merdique !

  1. Mettez en pratique le Soi Radical & les Soins Collectifs

Pour rester dangereux pour le pouvoir, nous devons prendre soin de nous-mêmes et de chacun.

Apprenez les déclics communs et comment communiquer sans se faire entuber. Apprenez à communiquer vos besoins, vos limites, et vos manques efficacement et de manière non-toxique – souvenez-vous que pour les gens dans la lutte et la résistance, c’est très dur d’accéder aux ressources de soins mentaux et spirituels. Le travail dans un mouvement peut être insoutenable pour ceux qui ont eu beaucoup d’expérience de politique de colons et de déclencheurs de violence – trouvez des moyens de communiquer et négociez des normes et des limites de groupe satisfaisant aux besoins des gens, s’ils sont raisonnables. Sachez identifier des formes de communication toxiques et apprenez ou créez des façons de les démanteler et communiquez dans des formes plus saines et moins dommageables. Soyez honnêtes sur vos limites et prenez soin de vous et de chacun. L’état capitaliste colonial christianisé nous a appris à ne jamais nous reposer ou guérir. Rejetez toutes les tentatives de forcer les gens à aller au-delà de leurs limites. Le soin de soi radical nous met en sécurité et nous rend invulnérables quand nous nous engageons de façon cohérente dans l’agitation de la gouvernabilité par l’état.

  1. Rendez tout accessible à tous.

Rejetez la hiérarchie des capacités et l’objectivisation de nos corps et de nos vies, établissez des réseaux de soins communautaires avec des gens équipés pour fournir de l’aide d’urgence et prêts à soutenir tout un éventail de besoins. Défiez l’élitisme dans votre langage, dans la façon de nous organiser, et dans la façon dont nous nous estimons les uns les autres. Nous sommes tous suffisants.

  1. Abolissez la Culture du Viol.

Etudiez la culture du viol et comment elle est liée à la profanation de terres sacrées. Transformez votre culture et vos pratiques de flirt, d’humour, de relations, de sexualité, de consentement, de boums, de travail du sexe, et de jeu pour abolir la culture du viol. Tenez les mactivistes, les violeurs, les agresseurs, les opportunistes et les canailles pour responsables. Mettez le consentement et les relations saines au centre de tout ce que nous faisons partout.

  1. Répandez la joie radicale et militante.

Nous pouvons foutre la merde en dansant, en chantant, en faisant la fête, en riant, en jouant, en admirant, en ayant des conversations profondes, en racontant des histoires, en faisant de l’art, en faisant l’amour, en faisant de la magie, en étant brillant, en étant grandiose, et en nous amusant.

Ajoutez des moyens d’être ingouvernable importants pour vous en adressant des commentaires à Indigenous Action.