En allant à la Foire de Shiprock [Nouveau-Mexique] Klee Benally évoquait le stockage de déchets d’uranium sur les rives de la rivière San Juan


Par Brenda Norrell
Censored News
29 août 2024
Traduction Christine Prat

SHIPROCK, Nation Navajo – Dans son livre publié peu de temps avant qu’il quitte ce monde, Klee Benally se rappelait aller à la Foire Navajo du Nord et évoquait le stockage de déchets d’uranium à Shiprock, dont personne ne parle. C’est le long de la rivière San Juan, celle qui a débordé cette semaine, huit mois après le départ de Klee.

« La Foire Navajo du Nord à Tsé Bit A’í (Shiprock, Nouveau-Mexique) existe depuis plus de cent ans », écrivait Klee dans son livre ‘Pas de Capitulation Spirituelle : Anarchie Autochtone en Défense du Sacré’. [Éditions Tumult]

Klee explique comment la Foire, chaque automne, marque le changement de saison et la récolte. Il décrit le scintillement des néons du carnaval dans les nuits froides et poussiéreuses, et les feux de genévrier.

« Toutes ces festivités ont lieu sur le Boulevard de l’Uranium, à seulement quelques kilomètres d’un énorme dépôt de déchets radioactifs de près de 43 hectares, qui contient 2,5 millions de tonnes de déchets sur le site d’une ancienne usine de traitement (à seulement 183 mètres de la Rivière San Juan) ».

Les études du stockage de déchets d’uranium de Shiprock ont montré que plus d’1,8 million de litres d’eau souterraine était contaminé par de l’uranium, du sélénium, du radium, du cadmium, des sulfates et des nitrates.

Maintenant, la Nation Navajo est à nouveau la cible de l’industrie nucléaire et l’agenda radioactif de Deb Haaland est ignoré.

Dans un discours à Farmington, la Secrétaire à l’Intérieur Haaland dit que la transition vers l’énergie verte dans la région de Four Corners sera menée par l’industrie de la bombe atomique, au Laboratoire National de Los Alamos [où furent fabriquées les bombes de Hiroshima et Nagasaki – Ndt], qui a déjà empoisonné des terres Pueblo dans le nord du Nouveau-Mexique. [Deb Haaland est elle-même Pueblo! Ndt]

On ne mentionne jamais le fait qu’il n’y a pas de moyen sûr de stocker des déchets nucléaires.

Maintenant, rajoutant une couche de tromperie, l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) des États-Unis trompe le public. L’EPA ne décontamine pas vraiment les sites de déchets d’uranium, ni les résidus radioactifs de l’extraction d’uranium dans la Nation Navajo du temps de la Guerre Froide – elle ne fait qu’annoncer des projets et des promesses de le faire.

Eric Jantz, directeur juridique du Centre de Loi Environnementale du Nouveau-Mexique, dit en mars à la Commission Interaméricaine des Droits Humains, que l’EPA n’avait achevé aucune décontamination.

La vérité est que les gens parlent rarement du site de stockage de Shiprock parce qu’il y a tellement de déchets d’uranium répandus, et tellement de mines d’uranium non nettoyées, et des déchets étalés de Cameron à Monument Valley et dans la région de Four Corners.

 Au cours des années 1990, quand je travaillais pour USA Today, j’ai parlé avec des Diné dans Red Valley et Cove, au sud de Shiprock, au pied de la montagne où je vivais. Dans chaque famille, il y avait des cancers. Dans chaque famille quelqu’un mourait du cancer, ou en était déjà mort, à cause de l’extraction d’uranium.

Une octogénaire Diné vivait dans une maison construite en pierre radioactive. Nous avions un compteur Geiger avec nous.

Gilbert Badoni, près de Shiprock, montre un poster de sa famille à un camp d’extraction d’uranium au sud du Colorado. Tous les membres de sa famille ont eu des cancers ou des maladies pulmonaires. Son père est mort du cancer. Gilbert, en bas à gauche du poster, dit que le gouvernement des États-Unis utilisait des Navajos pour travailler dans les mines d’uranium, comme cobayes. Les Navajos travaillaient dans des mines d’uranium sans aucune protection. Les femmes lavaient la poussière radioactive des vêtements, les familles mangeaient de la nourriture couverte de poussière d’uranium et mangeaient les moutons contaminés dans les chams. Photo Brenda Norrell

 

 

Aujourd’hui – après que des camions aient transporté le minerai radioactif de la mine d’uranium du Grand Canyon du Colorado, sur les terres ancestrales des Havasupai, à travers la Nation Navajo, jusqu’à l’usine de traitement mortelle en pays Ute, en Utah, comme Klee nous en avait prévenu – nous nous souvenons de Klee, et de la vie et de l’héritage qu’il nous laisse.

Klee termine son chapitre sur la Foire Navajo du Nord en prévenant :

« Ce n’était pas le pain frit ni la politique des colons qui ont ramené nos ancêtres dans les montagnes sacrées de Hwéeldi, c’était la cérémonie et l’action. Comme mes Anciens ont prévenu, « La Longue Marche ne s’est jamais terminée pour nous. »

Commander le livre de Klee

En français:
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En anglais:
https://detritusbooks.com/products/no-spiritual-surrender-indigenous-anarchy-in-defense-of-the-sacred

 

[Parution] Pas de capitulation spirituelle. Anarchie autochtone en défense du sacré. (Klee Benally)


446 p. // 14 euros (-30% pour les librairies)
Éditions Tumult // été 2024

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Sud-Ouest

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18, rue Léon Gambetta
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36 rue Danielle Casanova
31000 Toulouse

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7 rue du Muguet
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La Gare
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Auvergne-Rhone-Alpes

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5 rue Sébastien Gryphe
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L’Hydre
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26400 Crest

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Infokiosque Bokal
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5, rue Marulaz
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54000 Nancy

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c/o Molodoï
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Nord

Lucane Distro, kiosque itinérant
Lille

 

Belgique

Bibliothèque Acrata
32, rue de la Grande Ile
1000 Bruxelles

Suisse

Infokiosque « L’Angle d’Attaque »
La Coutellerie
Grand-Fontaine 1
1700 Fribourg
Suisse

Librairie Basta
Petit-Rocher 4
1003 Lausanne

Librairie du Boulevard
Rue de Carouge 34
1205 Genève

Canada

L’insoumise
2033 St Laurent Boulevard
Montreal, Quebec

Nederland

De Verdieping (bij Kaboem)
Anna Spenglerstraat 83
Amsterdam

“Il y a une raison qui a fait que les colonisateurs devinrent si
furieusement effrayés par les chants et la Dance du Fantôme des peuples
autochtones. Que leur médicine fut une telle menace. Bien que les champs
aient été brûlés et les bisons massacrés, les envahisseurs savaient
qu’ils ne pourraient jamais se battre contre la force de la nature. Que
les peuples autochtones ne seraient pas complètement vaincus à moins que
nos esprits soient coupés du sol sacré. Ainsi, les profanations ont
précédé les massacres. Les esprits inébranlables de la terre et de nos
ancêtres sont toujours vivants, ainsi que notre spiritualité, et des
sites sacrés sont toujours attaqués à ce jour par des nouvelles mines,
centrales photovoltaïques, oléoducs, lignes à haute tension, usines. Le
génocide culturel et physique, la profanation de la Terre continuent
sous le signe fatal d’une transition énergétique entamée par une
civilisation au bord du précipice.
C’est seulement à Nahasdzáán, Notre Mère la Terre, que nous devons
rendre des comptes et pour laquelle nous prenons nos responsabilités.
Notre affinité est avec les montagnes, le vent, les fleuves, les arbres
et autres êtres, nous ne serons jamais les patriotes d’un quelconque
ordre social politique. En tant que force ingouvernable de la Nature,
nous défendons, protégeons et prenons l’initiative de frapper.”

Sommaire

TʼAALAʼI – ENRAGER EN BEAUTE
Enrager en beauté
L’illettrisme du colonialisme de peuplement

NAAKI – DEFENDRE LE SACRE
Défendre le sacré
Dook’o’oosłííd et les politiques de génocide culturel
Sous Standing Rock
Une existence profanée
La politique du pain frit

TAA’ – ATTENDEZ-VOUS A LA RESISTANCE
Action directe autochtone
Une solidarité décoloniale
Táala Hoghan
Pas d’allégeance
Voter n’est pas choisir le moindre mal
Déraciner le colonialisme

DÍÍʼ – ANARCHIE AUTOCHTONE
Covid-19, colonialisme de ressources et résistance autochtone
Inconnaissable : contre une théorie anarchiste autochtone
L’autonomie sacrée
Vers le néant colonial : la destruction du colon est une cérémonie

Extrait de l’introduction

Yáát’ééh shik’éi dóó shidine’é, Shi éi Klee Benally yinishyé, Todichiini
bashishchiin, Nakai Diné’ dashinalí, shí ma éí bilagaana ado bilagaana
dashicheii. Ákót’éego diné nishłį́. Dził Yijiin déé’naashá ndi Kinłani
kééhasht’į́.
Ce livre est le fruit d’une tension entre l’expérience vécue et les
enseignements culturels. L’écrire a été un tourment et une joie
fanatique. Ce processus a été un conflit entre les défis et les
bénédictions de mon éducation par le biais de la cérémonie, et les
antagonismes pernicieux de l’enseignement académique et des politiques
gauchistes qui m’ont conduit à ce que j’ai adopté, avec des réserves,
comme antipolitique anticoloniale.
En écrivant et repensant mon travail précédent et mon évolution (ou
désintégration), je me suis rendu compte combien – très probablement
grâce à une leçon transmise par certains de mes aînés – j’avais résisté
à l’attraction vers un point fixe. Vous me trouverez intentionnellement
belliqueux et évasif ici et là. Je ne m’excuse ni pour l’un ni pour
l’autre. Ce que j’ai appris de la vie, je l’ai appris par la cérémonie.
Ce que j’ai appris de la politique, je l’ai appris de beaucoup de
violences politiques et en m’organisant pour intervenir par des moyens
aussi bien réactifs que proactifs. J’ai tendance à dériver loin des
textes de Terre brûlée du terrain universitaire. Si mes conclusions de
cette expérience vous frustrent (ce dont j’avais anticipé que ce serait
le cas pour beaucoup), je suggère que vous accumuliez tout ce que vous
pourrez recueillir en consultant vos aînés, en participant à des
cérémonies, et en examinant d’un œil critique les échecs de l’activisme
progressiste, ce qui serait tout aussi utile – si ce n’est plus.
Certains s’empresseront de qualifier ce livre d’ « ethnocentrique » mais
ce n’est que de la paresse. Vous ne trouverez ici aucune proposition ou
hypothèse de supériorité ethnique. Je suis métis, élevé par Tádídíín
K’eh Atiin et j’ai beaucoup d’expériences pratiques dans les luttes en
première ligne sur des terres sacrées, en nommant ce qui est merdique
dans ce monde de mon point de vue amer (je suis né pour le clan
Tódích’íí’nii, l’Eau Amère, après tout).
Ce livre est devenu un peu plus autobiographique que je ne le voulais au
départ, ce qui est étrange car j’ai généralement un léger dédain pour ce
genre d’histoires. En écrivant ceci, je n’arrêtais pas de réfléchir à
certaines expériences qu’il me semblait judicieux de faire connaitre,
qu’elles soient bonnes, mauvaises ou entre les deux. En relisant des
textes qui m’avaient inspiré à un moment de ma vie, en parcourant des
vieilles brochures, et les nouvelles polémiques en ligne ou pas, et en
analysant mon évolution en tant qu’antagoniste et écrivain, il m’est
difficile de ne pas remarquer à quel point les contradictions de ces
textes ressortent encore plus. J’essaie d’aller à ce qui compte,
d’accepter les imperfections – et probablement, je ne prends pas
certaines choses aussi au sérieux que vous pourriez en les lisant.
Vous trouverez des répétitions et des incohérences dans le texte,
surtout dans les passages écrits au cours de différentes périodes de ma
vie, et de l’évolution qui s’en est suivie. J’ai amélioré certains
passages déjà écrits, laissé d’autres intacts et ajouté quelques notes.
Il y a aussi des passages où je passe du je au nous – pour la plupart à
cause du contexte, mais je n’ai jamais beaucoup aimé le « je ». « Nous »
m’a toujours semblé plus approprié pour inviter, et certains passages
ont été écrits collectivement. Je vous invite aussi à lire cet ouvrage
de façon non linéaire (dans l’ordre et dans le désordre).
Je parle du sacré, mais je suis mesuré dans ce que je partage, ainsi
vous ne trouverez pas d’ « exploration du savoir spirituel Diné ». J’ai
été élevé avec le sentiment que ce savoir sacré ne devrait pas être
livré à des pages, des mots, des enregistrements, et ne devrait pas être
traduit. Cela peut sembler contradictoire dans un livre sur la défense
du sacré, et c’est le cas. Le désir de « faire partie du sacré » est un
désir foireux du New Age anthropologique colonial. Les autopsies
fétichistes de la profanation du sacré autochtone remplissent des
étagères, des musées, des salles de vente aux enchères, des magasins de
souvenirs – et des comptes en banque. Si vous comptez trouver ici une
telle validation, je suis heureux de vous décevoir. Si vous avez lu ce
livre et trouvé des moyens d’améliorer votre activisme, vous l’avez mal
lu. Quand je parle de libération, ce n’est pas pour fomenter un énième
projet de justice sociale, c’est une agitation inclusive et fervente
contre la domination et l’exploitation de l’existant, car la libération
de notre Mère la Terre, c’est la libération de tout ce qui existe.
Plus que toute autre chose, ce livre est pour toi, cher voyageur, à
contre-courant du temps des colons, qui écoute les murmures des voix
ancestrales et qui est déchiré dans l’espace entre le cauchemar et le
rêve qui constitue cette existence maltraitée. En désirant quelque chose
de plus, ou peut-être par inquiétude, curiosité, ennui ou quelle que soit
l’impulsion qui vous a mené à lire ces mots, nous y voilà.
Si vous êtes venu chercher des réponses, vous pourriez trouver un peu de
taquinerie mêlée d’angoisse. J’ai écrit surtout dans cet espace profane
et étroit entre l’invocation et la provocation, cet espace qui
désoriente et où le processus de guérison vit aussi. Il s’agit d’une
histoire dans et hors du temps, le long d’un chemin sur lequel je suis
aussi un voyageur.
Asseyez-vous un moment, prenez du thé. Il faut que je m’occupe de tout
un fatras – de mots maintenant cristallisés qui ont été un jour autant
d’éclats de verre.

 

CAMERON, Nation Navajo: Hommage au guerrier Klee Benally pour ses actions contre l’uranium et le nucléaire, entre autres avec ‘Haul NO!’

Les Navajos, les Havasupai, et des organisations pour l’environnement comme le Grand Canyon Trust, luttent depuis des décennies contre l’exploitation d’une mine d’uranium située à proximité du Grand Canyon du Colorado. Klee Benally a lutté jusqu’à la fin de sa vie contre cette mine et contre le nucléaire. Le premier article qu’il m’a donné à traduire, lors d’une tournée en Europe, concernait la mine. Il venait de recevoir un mail prévenant de la menace d’ouverture. C’est ainsi que mon blog a commencé. Depuis cette époque, nous nous sommes rendus ensemble sur de nombreux sites de mines d’uranium et rencontré des gens qui souffraient des effets de la radioactivité. (Récemment, la mine appelée ‘Canyon Mine’ a été rebaptisé ‘Pinyon Plain Mine’, probablement pour que les gens qui ne sont pas sur place croient qu’il s’agissait d’un autre site). Encore plus de gens sont concernés par le projet de transport de minerai d’uranium de cette mine à l’usine de traitement de Ute Mountain, passant par des villes et traversant la Nation Navajo.


En décembre 2016, Klee a participé à la création du groupe Haul No! (Non au transport). Depuis, la commune de Flagstaff a interdit le transport d’uranium dans la ville, puis les dirigeants Navajos ont interdit le transport à travers la Réserve.

Cependant, fin novembre 2023, la compagnie minière a entamé la préparation de l’exploitation de la mine. Puis, début 2024, l’extraction a commencé. Récemment, la route de transport du minerai vers White Mesa a été révélée. La route ne passe pas dans la ville de Flagstaff, mais par l’autoroute qui la traverse, mais qui ne relève pas de son autorité. Elle traverse toujours la Nation Navajo malgré l’interdiction. Le 30 juillet, le Président Navajo a condamné, lors d’une déclaration officielle, le transport illégal de minerai à travers la Réserve. Le même jour, il a envoyé la police Navajo bloquer les camions de transport. (Cependant, les mérites qui lui sont attribués dans l’article ci-dessous sont assez surprenants : s’il est allé à la manifestation du 2 août à Cameron, c’est surtout pour défendre son – peu d’ – autorité. Après tout ce qu’il a fait pour les autorités des États-Unis…).
En 2012, le Secrétaire à l’Intérieur du gouvernement Obama, avait prononcé un moratoire de 20 ans sur l’extraction d’uranium de la région (le cours de l’uranium avait baissé). Les grandes compagnies ont attaqué le moratoire en justice. Bien sûr, Trump s’est assis dessus.

Christine Prat

CAMERON, 2 JUILLET 2024: DES NAVAJOS PROTESTENT CONTRE DES CAMIONS DE TRANSPORT DE MINERAI D’URANIUM

Par Brenda Norrell
Censored News
2 août 2024
Traduction Christine Prat

CAMERON, Nation Navajo – Des Diné se sont exprimés sur la longue histoire d’extraction d’uranium, des cancers et de la mort, et ont rendu hommage à Klee Benally pour avoir consacré sa vie à l’action [contre l’uranium, la destruction de l’environnement, et toutes les injustices]. Ensuite, ils ont défilé sur 800 mètres de la route principale, jusqu’au Bureau du Chapitre de Cameron, pour s’opposer à ce que des camions de la mine d’uranium traversent la Nation Navajo.

La Commissaire Navajo aux Droits Humains, Cora Maxx-Phillips dit aux Diné « Nous sommes dans une Zone de Sacrifice, mes chers frères et sœurs, et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui ! »

« On ne nous réduira pas au silence ! »

« Nous avons tous autant de valeur. Cessez de nous utiliser, nous les Peuples Autochtones, pour être dans vos zones sacrifiées. Décrivant 80 ans de cancers, de corruption, d’avidité toxique, elle dit « C’est du racisme environnemental. »

« Combien de gens de plus doivent mourir ! »

« Vous ne nous tromperez pas » dit-elle, ajoutant que toute l’infrastructure est faite pour aider les grandes compagnies. « Tant qu’il s’agira de pousser et creuser, les grandes compagnies obtiendront ce qu’elles veulent. »

« Le caractère sacré de la vie n’est plus respecté. »

Le Président Navajo fait une Déclaration
Des manifestants envahissent les routes nationales 89 et 64 pour dire : « Fermez les mines d’uranium maintenant ! »

CAMERON, Arizona [Nation Navajo] – Le Président de la Nation Navajo, Buu Nygren, et la Première Dame Jasmine Blackwater-Nygren, ont défilé avec les manifestants, aujourd’hui, pour s’opposer au transport illégal d’uranium à travers le pays Navajo.
Le 2 août, la Première Dame avait organisé un rassemblement de dizaines de membres de la communauté Diné pour qu’ils expriment leurs inquiétudes et leur opposition aux dangers de l’exposition à l’uranium.
« Respectez notre souveraineté, respectez nos lois » dit Madame Blackwater-Nygren. « Et nous disons ‘non’ ».
Avant de commencer la marche, le Délégué du Conseil de la Nation Navajo, Casey Allen Johnson, a loué le Président Nygren pour sa collaboration avec le Conseil, pour demander au Président Biden de mettre fin au transport d’uranium à travers le pays Navajo.
Il dit que les Navajos ne voulaient pas que de l’uranium soit transporté à travers le pays Navajo.
Energy Fuels Resource, Inc., commença à transporter du minerai d’uranium de la Mine Pinyon Plain, au sud du Grand Canyon, mardi 30 juillet. Les deux trajets pour transporter l’uranium de la mine passent à travers de communautés tribales pour se rendre à l’usine White Mesa de Blanding, en Utah. Ces communautés sont les Navajos, les Hopis, les Havasupai et les Utes de Ute Mountain.
[…]
Quand le Président et la Première Dame arrivèrent au Bureau du Chapitre, le Président Nygren répondit aux inquiétudes de la communauté, sur les menaces de l’uranium, et donna tout le mérite à la Première Dame.
« La compagnie dit avoir suivi toutes les règles et règlements. Mais qu’en est-il de nos règles et règlements ? » demanda-t-il. « Qu’en est-il de nous, de notre santé, de nos communautés ? Ce n’est pas seulement à nous qu’ils font du mal, ils en font aussi à d’autres communautés tribales. Ont-ils suivi leurs règles et règlements ? C’est absolument inacceptable. »

Le Président Navajo avait publié un décret pour arrêter les camions d’uranium

[…]

Mais…
Le permis pour la compagnie Canadienne Energy Fuels avait été accordé par le Service des Forêts, et c’est une des compagnies minières qui met maintenant en danger les communautés Autochtones dans tout le Sud-ouest.
Le gouvernement des États-Unis a accordé des permis pour extraire du lithium à la compagnie Canadienne Lithium Americas, qui détruit actuellement le site d’un massacre de Païutes dans le Nevada. Le Bureau de Gestion du Territoire, du Secrétariat à l’Intérieur, a accordé un permis pour une mine de lithium en train d’être creusée près d’une source sacrée pour les Hualapai, près du Grand Canyon.
ET…
Sous le prétexte d’ « énergie verte », le PDG de l’entreprise tribale Navajo, Navajo Energy Transition Company, dirige la profanation du site cérémoniel Hualapai pour le compte de Hawthorne Energy, une compagnie Australienne. La compagnie de la Nation Navajo soi-disant d’ « énergie transitionnelle » possède aussi des mines de charbon dans le Wyoming et le Montana.

‘Personne ne peut briser l’esprit d’un Danseur du Soleil’

Par Brenda Norrell
Censored News
12 juillet 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

GENÈVE – Les mots de Leonard Peltier ont conclu la session d’une semaine du Mécanisme d’Experts sur les Droits des Peuples Autochtones des Nations Unies, à Genève, ce matin.

« Je ne pouvais pas m’imaginer que cinquante ans plus tard je serai enterré dans un cauchemar d’enfermement. J’ai été choisi pour être le sacrifice qui devait couvrir les crimes commis contre notre peuple » dit Peltier dans un message à la session des Nations Unies.

Parlant d’un autre cycle autour du soleil, Peltier dit « Je suis toujours là ».

« Le temps m’a encore arraché une année de plus » dit Peltier de la cage de béton et d’acier où il est emprisonné.

« Je suis en fait enfermé depuis 60 ans » dit Peltier. « Je pourrais quitter ce monde dans une boite réfrigérée, c’est la dure vérité. Mais j’ai mis tout mon cœur et mon âme à rendre notre monde meilleur ».

Peltier dit qu’il peut imaginer ce qui se passe en dehors de ces murs, et peut voir le réveil de l’ancienne fierté Autochtone qui lui réchauffe le cœur.

Il a évoqué les Guerriers Spirituels qui combattent le racisme, l’oppression et l’avidité.

« Personne ne peut briser l’Esprit d’un Danseur du Soleil. Parce que je ne leur ai jamais abandonné mon intégrité. Je reste intact ».

« Souvenez-vous de qui vous êtes, même s’ils viennent pour votre terre, votre eau, votre famille ».

« Nous sommes les enfants de notre Mère la Terre » dit-il.

« Je désire ardemment tourner mon visage vers le ciel. Dans cette cage, on me refuse ce plaisir simple. Je suis en prison, mais dans mon esprit, je reste comme quand je suis né, un Esprit Autochtone libre. C’est ce qui me permet de rire, de continuer à rire ».

« Ces murs ne peuvent pas retenir mon rire ni mon espoir » dit Peltier, ajoutant que ceux qui travaillent toute la journée pour sa libération lui donnent de l’espoir.

« J’espère respirer à l’air libre avant de mourir ».

« L’espoir est dur à maintenir, mais personne n’est assez fort pour me le prendre ».

« Je vous aime. J’espère pour vous. Je prie pour vous. La prière est plus qu’un cri adressé au Créateur qui se déroule dans votre tête, la prière est une action. C’est ce que disent les grands-pères et les grands-mères ».

Une personne qui parle, une personne qui chante, une personne qui danse, le combat continue avec l’autodétermination.

« Notre combat continuera » dit Peltier.

Le message de Peltier, transmis par sa fille, a été lu avant les prières de clôture, ce matin à la session du Mécanisme d’Experts sur les Droits des Peuples Autochtones, à Genève.

Maintenant, le Mécanisme d’Experts envoie les recommandations des Peuples Autochtones du monde au Conseil des Droits Humains des Nations Unies.

Les recommandations, qui ont été lues ce matin, incluent l’application de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones ; la nécessité de maintenir les droits des Peuples Autochtones pendant la transition énergétique verte ; la nécessité de protéger les Peuples Autochtones de la militarisation, et le besoin de protection des défenseurs de la terre menacés par les grandes entreprises, en particulier les femmes Autochtones.

Au cours de la session, des menaces et du harcèlement contre plusieurs Autochtones qui faisaient leurs déclarations, ont été signalés, ce que le Mécanisme d’Experts a dit prendre au sérieux. Plus de 100 participants n’ont pas pu faire leurs déclarations à cause du grand nombre de personnes présentes. Ces déclarations seront mises sur le site web.

 

Par Shannonlynn Chester
Censored News
13 juin 2024
Traduction Christine Prat

En Février dernier, un journal local a publié un article sur Klee, disant « ENRAGER. En Beauté ». Mais quelque fois, le monde ne le voyait pas (ni lui ni aucun d’entre nous associés avec lui) de cette manière. Sa façon d’ « enrager en beauté » ne convenait pas du tout à ce que la société voyait comme normal ou pacifique, mais je me suis souvenue aujourd’hui que Klee voyait de la beauté dans toute chose. Si elle n’existait pas dans une chose, il s’en occupait, il en disait la vérité. C’était quelqu’un qui vivait, respirait la beauté, l’amour, la parenté, le respect… il incarnait hózhó – nous devrions tous être comme cela.

Je suis l’une des trois personnes qui sont encore ici, à l’Infoshop Taala Hooghan. Je l’entretiens toujours, j’ai été là régulièrement depuis janvier. Il y a des moments où il faut que je fasse une pause d’une ou deux semaines, car c’est un « travail » épuisant …pas seulement physiquement, mais émotionnellement et mentalement aussi.

La plupart du temps, je suis ici en pilote automatique – je nettoie, j’organise et j’emballe, mais certains jours sont différents… parce que je tombe sur des choses qui me rappellent tout ce que nous avons fait ici, au nom de l’aide mutuelle. J’ai passé 4 ans ici, je connais chaque fissure du plancher, chaque trou dans le mur. Depuis que Klee a rejoint les ancêtres, ça n’a pas été facile d’être ici, mais la plupart du temps ça guérit et c’est devenu une partie intégrante de mon processus de deuil, je crois.

Certains jours, des parents sans abri viennent et je dois leur dire que nous fermons. Et souvent, quelqu’un vient demander Klee, quelques fois juste en le décrivant – disant qu’il les aidés il y a des années et qu’ils veulent le remercier. Il faut encore que j’annonce la nouvelle à d’autres ici et là. Beaucoup de larmes ont été versées sur le parking… ça nous donne de la force et de la résilience et des affirmations de mieux faire. Et d’aller mieux.

J’arrive enfin aux dernières provisions que nous distribuions en tant qu’Aide Mutuelle de Kinłani et Soutien des Guérisseurs Diné (faisant partie d’un collectif et d’un réseau plus étendu que nous avions d’abord appelé Aide Mutuelle Autochtone). Avec l’aide de quelques personnes, je me suis assurée que tout retournait à la communauté, d’une manière ou d’une autre, parce que tout ici a toujours été pour les gens de notre peuple.

Merci Shannonlynn de partager tes souvenirs, et le bon travail que tu faisais avec Klee, et continues à faire – Brenda, Censored News

Livraisons de l’Aide Mutuelle de Kinłani à Black Mesa, Photos Klee Benally en mai 2020

 

Les Tohono O’odham dirent que ça leur brisait le cœur de voir la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland [Acoma, première Autochtone à entrer au gouvernement] promouvoir le projet d’énergie éolienne de SunZia. Les terres ancestrales des Tohono O’odham et des Apaches San Carlos sont passées au bulldozer pour faire passer des lignes de transmission dans la vallée naturelle primaire de la Rivière San Pedro. Les Bulldozers détruisent d’anciens villages, des sites funéraires et des sols où poussent des plantes médicinales. – Censored News

Une Juge Fédérale Prend Parti pour l’Intérieur sur la Fausse Énergie Verte : il rejette une plainte déposée par les Nations Tohono O’odham et Apache San Carlos

Énergie Propre, Mensonge Sale

Par Brenda Norrell,
Censored News,
8 juin 2024
Traduction Christine Prat

Une juge fédérale a rejeté la plainte déposée par les Nations Tohono O’odham et Apache San Carlos, qui avaient demandé une injonction restrictive contre la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland et une injonction d’arrêter les bulldozers qui creusent à travers leurs anciens territoires, et détruisent des sites d’anciens villages, des sites funéraires et des terres où poussent les herbes médicinales.

« L’héritage américain prévaut, traités non respectés, lois de protection laissées de côté et des traitres qui leur montrent les failles », dit Ophelia Rivas, Tohono O’odham.
« C’est la soi-disant souveraineté tribale. Le territoire tient bon et n’est renforcé que par les gens authentiques qui y mettent de la farine de maïs, pas par des politiciens ».

Les Nations Tohono O’odham et Apache San Carlos et des écologistes essayaient d’arrêter la construction d’une partie d’une ligne de transmission à 10 millions de dollars, qui transportera de l’énergie produite par des éoliennes, du Nouveau-Mexique à la Californie.

Le projet de Transmission SunZia est la propriété privée du Fond de Pension du Canada.

Á Tucson, la juge fédérale Jennifer Zipps a rejeté la plainte contre la ligne de transmission qui démolira des sites sacrés et des zones sauvages du Sud-ouest.

Zipps dit, dans sa décision, que les plaignants arrivent des années trop tard pour leurs objections. Cela fait suite à une décision précédente par laquelle elle rejetait leurs demandes d’injonction préliminaire, disant que le Bureau de Gestion du Territoire avait rempli ses obligations de recenser les sites historiques et de préparer un inventaire des ressources culturelles, selon Associated Press.

La Nation Tohono O’odham, la Tribu Apache San Carlos, le Centre pour la Diversité Biologique et Archéologie Sud-ouest avaient poursuivi en janvier, espérant arrêter les travaux de dégagement de routes et de sentiers, afin d’avoir plus de temps pour identifier les sites culturels importants dans une bande de 80 km de la Vallée de San Pedro, dans le sud de l’Arizona, à l’est de Tucson.

Les Tohono O’odham et les Apaches disaient que l’Intérieur violait des lois fédérales.

Les tribus ont demandé l’intervention d’une cour d’appel fédérale en avril, avançant que le gouvernement fédéral a des obligations légales et distinctes selon la Loi Nationale sur la Préservation Historique et la Loi Nationale sur la Politique Environnementale, et que l’interprétation du Bureau de Gestion du Territoire de la façon dont ses obligations s’appliquent au projet SunZia doit être revue, selon Associated Press.

Pour faire la promotion de la compagnie privée SunZia, la Secrétaire Haaland a qualifié le projet d’ « énergie propre ».

Les Autochtones disent que le canular de l’énergie verte est utilisé au bénéfice d’entreprises privées qui détruisent des sites historiques et sacrés. La compagnie canadienne Lithium America est en train de creuser le Site d’un Massacre de Païutes pour du lithium, et des projets de mines de lithium visent maintenant les sites sacrés Hualapai, en Arizona, et Quechan, dans le sud de la Californie.

Extrait du texte de la plainte :

  1. Le plaignant LA NATION TOHONO O’ODHAM (« la Nation ») est une tribu Indienne reconnue au niveau fédéral avec une instance gouvernante reconnue par la Secrétaire à l’Intérieur. En plus des terres de la réserve de la Nation Tohono O’odham, la Nation maintient des liens historiques, culturels et spirituels profonds avec ses territoires ancestraux plus étendus qui incluent la Vallée de San Pedro. Beaucoup de membres de la tribu retracent leurs origines aux Sobaipuri O’odham, dont de nombreux villages le long de la Rivière San Pedro ont été cités par les premiers conquistadors Espagnols lorsqu’ils sont arrivés dans la région au début des années 1500. De plus, les membres tribaux de la Nation sont descendants des Hohokam, l’ancien peuple qui vivait et prospérait le long des rivières du Sud de l’Arizona, entre autres la Rivière San Pedro. La Vallée de San Pedro est un Paysage Culturel Traditionnel de la Nation Tohono O’odham et de nombreuses tribus avec lesquelles elle a partagé cette vallée pendant des millénaires.

Klee Benally
20 novembre 2023
Traduction Christine Prat

C’est ce à quoi ressemble la profanation/dévastation.

Hier, comme je lançais mon nouveau livre sur la défense du sacré et l’anarchisme Autochtone, j’ai reçu un appel d’un activiste local disant qu’il y avait une alerte à la mine d’uranium Pinyon Plain, qui se prépare à commencer à extraire du minerai (probablement dans quelques semaines). Une violation possible devait être vérifiée et signalée. Alors, j’ai répondu à l’appel à l’action… bien que nous n’ayons pas trouvé de preuve concernant l’alerte, c’est clair que la mine toxique est plus près que jamais d’opérer (voir www.HaulNo.com pour plus d’informations) …

Alors, pourquoi suis-je en train de regarder d’abord des images de Dook’o’oosłííd (Pics San Francisco, Arizona Snowbowl) ?

Eh bien, ils ont ouvert vendredi sans neige naturelle. 100% de neige artificielle faite d’eaux usées traitées qu’ils achètent sous contrat à la ville de Flagstaff #cityofflagstaff

Ils sont autorisés par les Service des Forêts à pomper Près de 700 millions de litres d’eau d’égouts pour faire de la neige sur la montagne.

Mon livre réfléchit sur les leçons et (surtout) les échecs dont j’ai appris beaucoup depuis 30 ans que ce combat dure. Le livre aurait pu porter seulement sur ce problème, mais j’avais déjà réalisé un documentaire et il y a d’autres sources… Ce qui est important, c’est que cela soit possible sur une montagne considérée comme sacrée par 13 Nations Autochtones.

Ce qui est important, c’est qu’il soit même possible d’extraire de l’uranium de Red Butte sacrée, à seulement quelques kilomètres du Grand Canyon du Colorado et de le transporter à travers des communautés déjà irréparablement empoisonnées.

Ces deux catastrophes capitalistes coloniales de ressources sont le paysage sacré conflictuel de notre existence et de notre survie en tant que Peuples Autochtones, ici.

Les progressistes ont les mains vides quand ils supplient les politiciens d’admettre leur douleur et de lâcher quelques poignées de reconnaissance.

Autoriserons-nous que l’uranium soit extrait à Red Butte sacrée et transportée à travers nos communautés déjà empoisonnées par des centaines de mines d’uranium abandonnées ?

Est-ce que Snowbowl, la Ville de Flagstaff et le Service des Forêts pourront continuer à violer nos sites les plus sacrés sans protestation ?

Il est temps de passer à l’action, encore…

Où êtes-vous, chers guerriers ?
#defendthesacred #nospiritualsurrender

Klee Benally ‘Carry On’

Par Brenda Norrell
Censored News
9 avril 2024
Traduction Christine Prat

À propos de l’extraction de ressources, et comment le Conseil Tribal Navajo a été créé pour signer des baux pour du pétrole et du gaz, Klee cite l’aimable fermier de Shiprock Larry Emerson [2e à gauche sur la photo], qui a reçu son diplôme de doctorat juste avant de quitter ce monde.

« Ça ne sert à rien d’essayer de décoloniser le gouvernement Navajo – il n’était pas bon pour nous, dès le départ. Sa structure et son fonctionnement sont une réplique du système américain, et le système américain parait être au bord de gouffre et de l’échec, comme le grand Empire Romain ».

Au sujet des monstres que sont l’extraction de pétrole et de gaz et les mines de charbon, Klee cite Louise Benally, de Big Mountain, sa tante, dont les membres de la famille ont passé leur vie à résister à l’extraction de charbon, à la relocalisation forcée et à la machine du gouvernement tribal.

Louise dit « Les lois naturelles et les Peuples Autochtones étaient déjà là, en bonne intelligence, avant l’arrivée de la société coloniale qui trace des lois et des frontières. Cependant, nous, les Peuples Autochtones, auront toujours des liens avec ces terres, nous continueront à vivre de la même manière avec la nature et nous la perpétuerons ».

Klee rapporte les paroles de sa grand-mère, Roberta Blackgoat, qui n’a jamais renoncé au combat. « Le charbon qu’ils minent par explosion est le foie de la Terre. »

Bien que tant aient disparu et que trop soient décédés les cœurs brisés, il y a ceux qui vivent, qui continuent.

Klee écrit « Ceux qui restent de la résistance à la relocalisation forcée ont survécu au monstre qui consumait nos terres, volait notre eau et polluait nos poumons ».

Avant de nous quitter, Klee avait décrit les monstres, la rage contre la machine et les façons de restaurer l’équilibre et l’harmonie.

À propos du livre de Klee Benally, « No Spiritual Surrender : Indigenous Anarchy in the Defense of the Sacred », Detritus Books, automne 2023

Des Australiens se ruent pour extraire du lithium d’un Site Sacré Hualapai et une entreprise Navajo a l’intention de conduire l’opération

Par Brenda Norrell
Censored News
11 avril 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

SYDNEY, Australie – En buvant un verre à l’Opéra de Sydney, des investisseurs entendent combien d’argent ils peuvent se faire en extrayant du lithium en Arizona. L’enthousiaste dirigeant du projet est heureux de leur dire que l’Arizona aime l’extraction minière, comme le montrent toutes ses mines de cuivre.

« C’est un état favorable à l’extraction minière », dit Paul Lloyd, directeur général d’Arizona Lithium, qui a son siège à Perth, en Australie. « Ils sont très favorables à la production de lithium ».

De l’autre côté du monde, les Hualapai font des prières à leur source sacrée, Ha’Kamwe’, site sacré où ils font des rites de guérison et de passage, comme la naissance et les cérémonies de puberté des jeunes femmes. C’est leur lieu de cérémonies depuis des temps immémoriaux.

Pas loin de là, Farmington, Nouveau-Mexique – une ville frontière qui a une longue histoire de crimes contre les Autochtones – est en train de devenir un nouvel épicentre pour des projets de fausse énergie verte.

La Compagnie Navajo d’Energie Transitionnelle, propriété de la Tribu, est prête à se jeter sur l’occasion, obtenir des permis, creuser et développer la mine, et empoisonner l’eau, à un jet de pierre de la source chaude sacrée des Hualapai.

Vern Lund, le PDG de la soi-disant « compagnie d’énergie transitionnelle » a signé un accord formel avec la firme Australienne Arizona Lithium en mars, qui doit lui permettre d’entrer au conseil d’administration. Lund est déjà au conseil d’administration d’une autre compagnie minière au Texas.

Le fait est que l’entreprise Navajo possède quatre mines de charbon, parmi les industries les plus polluantes du monde. Un fait que la nouvelle compagnie d’énergie verte mentionne rarement, est qu’elle pollue la région des Montagnes Rocheuses. Elle est propriétaire des mines de charbon Antelope et Cordero Rojo dans le Wyoming, la mine de charbon de Spring Creek dans le Montana et de la Mine Navajo dans la Nation Navajo.

À Sydney, Australie, où les investisseurs boivent un cocktail, Arizona Lithium a encore plus de bonnes nouvelles pour les faiseurs d’argent Australiens. Arizona Lithium doit aussi extraire du lithium dans le Saskatchewan, à la frontière du Canada avec le Dakota du Nord et le Montana.

À l’opéra de Sydney, Lloyd assure aux investisseurs qu’il y a beaucoup d’argent à se faire, parce que les revenus du pétrole et du gaz, au Saskatchewan, déclinent.

Il y a un boum du lithium en Amérique du Nord, et cela signifie des gains énormes pour les Australiens, selon Lloyd qui ne mentionne pas que sa compagnie – qui a récemment changé son nom de Hawthorne en Arizona Lithium – est dans le rouge et ne fait aucun profit actuellement.

« Il y a un énorme manque d’approvisionnements, je n’ai jamais rien vu de pareil au cours de ma carrière » dit Lloyd enthousiaste aux investisseurs.

Et en plus, ajoute Lloyd, il y a Elon Musk qui pousse le type d’extraction de Big Sandy, en Arizona, extraire du lithium de sédiments. Lloyd dit qu’il y a une demande de lithium dans tout le pays, la mine de lithium de Thacker Pass, dans le Nevada, a maintenant du financement, de GM qui promet d’investir 650 millions de dollars dans la firme canadienne Lithium Americas.

La nouvelle industrie faussement verte

Cette nouvelle industrie faussement verte ce concentre sur les batteries au lithium pour les véhicules électriques, ignorant les coûts réels de la nouvelle conspiration verte – de la mort d’enfants travaillant dans les mines de cobalt en Afrique aux batteries qui explosent, aux coûts élevés de transport et d’importation pour l’industrie des véhicules électriques.

Lloyd ne dit pas que la firme canadienne Lithium Americas creuse le Site d’un Massacre de Païutes et que Lithium Americas poursuit actuellement des Païutes et des Shoshones de l’Ouest dans un tribunal fédéral, pour avoir défendu leur site sacré où se trouvent les restes de leurs ancêtres. Lloyd ne dit pas que Lithium Americas viole toutes les lois fédérales qui protègent les sites religieux et sacrés Autochtones à Peehee Mu’huh, Thacker Pass.

Lloyd ne mentionne par la consultation obligatoire des tribus Autochtones, ni la déclaration obligatoire d’impact environnemental, parce que, comme chacun sait, la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland et son Bureau de Gestion du Territoire, ont trouvé des moyens de fausser la consultation, d’ignorer les inquiétudes de la tribu, et d’approuver soudain les déclarations d’impact environnemental.

C’est ce qui s’est passé dans le Grand Canyon. Les Havasupai ont dit récemment à la Commission Interaméricaine des Droits Humains que l’état et les services fédéraux n’avaient pas consulté les tribus et que leurs soucis avaient été ignorés.

Maintenant, l’eau des Havasupai est menacée par la mine d’uranium Pinyon Plain qui a commencé l’extraction d’uranium en décembre 2023.

Le Département de l’Intérieur de Biden, le Bureau de Gestion du Territoire et les firmes minières étrangères n’ont pas beaucoup de soucis à se faire – parce que les juges fédéraux sont de leur côté. Les juges fédéraux ont violé toutes les lois fédérales qui protègent les sites sacrés Autochtones, et mis en danger des espèces sauvages et l’eau.

Et Lloyd n’a pas à s’inquiéter du coût pour les défenseurs, les anciens et les tribus qui sont forcés de mener des batailles en justice coûteuses, dans des cours fédérales, pour protéger leurs sites sacrés à Peehee Mu’huh dans le Nevada, à Oak Flat en Arizona, et maintenant, contre un autre faux projet vert de Haaland, dans le sud de l’Arizona, là où sont les mines de cuivre glorifiées par Lloyd.

Les Nations Tohono O’odham et Apache San Carlos ont déposé une ordonnance restrictive contre la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland à la cour fédérale de Tucson, en mars dernier, pour empêcher ses bulldozers de détruire des sites historiques et culturels, pour faire passer des lignes de transmission pour le projet d’éoliennes SunZia.

Haaland et ses avocats dirent que leurs bulldozers n’avaient rien détruit d’important là-bas, dans les terres ancestrales des O’odham San Xavier et leurs ancêtres, les Hohokam. Dans la Vallée de San Pedro, les Apaches San Carlos cueillent leurs plantes médicinales et font des prières.

Tout près, les Apaches San Carlos continuent à défendre leur site sacré Oak Flat et livrent une bataille légale coûteuse de plus dans une cour fédérale. Ils s’opposent à la firme Australienne Rio Tinto, qui avait fait sauter 46000 ans d’histoire et de culture Aborigène d’Australie dans la caverne Juukan Gorge.

Rio Tinto a aussi admis les nombreuses agressions contre des femmes près des sites de ses opérations minières. Le plus grand nombre d’agressions sexuelles ont été commis dans ses mines d’Australie et d’Afrique du Sud, dit Rio Tinto.

La destruction d’histoire Aborigène et les nombreuses agressions sexuelles près de ses mines partout dans le monde n’ont pas empêché le gouvernement Biden de se joindre à Rio Tinto dans la poursuite fédérale contre le Bastion Apache, actuellement jugée dans une cour fédérale. Le projet de mine de cuivre sur le site cérémoniel Apache à Oak Flat détruirait aussi un ancien village O’odham proche, avec les déchets de la mine.

À l’Opéra de Sydney, Lloyd se concentre sur les tas de dollars.

« Nous sommes à la bonne place au bon moment » dit Lloyd, assurant les investisseurs Australiens qu’il y a beaucoup d’argent à se faire en extrayant du lithium en Amérique du Nord.

Arizona Lithium, d’Australie, projette, avec l’aide de l’entreprise Navajo, de forer sur trois côtés de la source des Hualapai, ce qui détruirait des sites culturels et bloquerait l’accès à l’oasis des espèces sauvages du désert.

Cette terre de tabac du désert, de cane à sucre, de cactées et de graines d’herbe comestibles, est un site cérémoniel sacré et un lieu de rassemblement pour les Hualapai depuis des temps immémoriaux.

Hualapai, avec environ 2300 membres, est l’une des plus petites tribus des États-Unis.

« Nous n’allons pas avoir de véhicules électriques » dit une Hualapai.

« Cette source est un lieu de guérison et de médecine et de bien d’autres choses. Les gens de notre peuple y sont enterrés. Il y a une tombe juste de l’autre côté de cette colline » dit le directeur des Ressources Naturelles Hualapai, Richard Powskey.

Le Hualapai Ivan Bender, gardien de la source sacrée, dit : « Pour moi, ça retient une vallée de vie vraiment, vraiment sacrée. »

Par Brenda Norrell
Censored News
28 février 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

WASHINGTON – La Commission Interaméricaine des Droits Humains a entendu des témoignages de Navajos, Utes, et Lakota Oglala, sur les impacts de l’exploitation d’uranium sur les droits humains des Peuples Autochtones, à Washington, le 28 février 2024.

« Nahasdzáán Shimá – Notre Mère la Terre – fournit tout ce dont nous avons besoin pour nous maintenir en vie – les quatre choses dont les Navajos parlent – l’air, l’eau, le sol et la lumière – et c’est chez nous » dit Edith Hook, Présidente de l’Association de la Communauté de la Route de Red Water Pond.

« Nous avons vécu avec ce tueur silencieux sans en connaitre les dangers. Après le début de l’extraction, après que la mine ait été creusée, nous ne nous sommes pas rendu compte que nous étions contaminés. »

« Quand nous étions enfants et jouions et gardions les moutons, nous ne comprenions pas que nous étions exposés à des radiations dangereuses » dit Edith Hood.

Elle remercia la commission pour l’avoir entendue et ajouta « Notre propre gouvernement tribal ne nous écoute pas. »

La Commission Interaméricaine des Droits Humains avait été d’accord pour une audience thématique sur comment les politiques d’exploitation de l’uranium avaient conduit à des violations des droits humains dans les communautés Autochtones dans tout le pays. Ça coïncide avec la recrudescence de l’extraction d’uranium, dit le représentant du Centre de Droit Environnemental du Nouveau-Mexique.

« Comme les États-Unis ont mis les bouchées doubles sur la base de l’idée fausse selon laquelle l’énergie nucléaire serait une solution à la crise climatique, l’industrie de l’uranium commence à bénéficier de cadeaux de généreux contribuables à toute l’industrie nucléaire. »

« Des subventions du gouvernement Biden ont stimulé l’extraction d’uranium au point de rouvrir 3 mines en quelques mois, en Utah, dans le Wyoming et en Arizona, près du Grand Canyon. Comme ça a toujours été le cas depuis l’aube de l’Age Atomique, les effets de l’extraction d’uranium ont été largement mis de côté dans le débat sur l’énergie nucléaire. »

Energy Fuels dit accroitre la production d’uranium aux États-Unis, comme les prix atteignent leur niveau le plus haut depuis 16 ans. Energy Fuels avait dit en décembre que la production d’uranium serait augmentée dans trois mines, Pinyon Plain près du Grand Canyon, et La Sal et Pandora dans le sud-est de l’Utah.

Le minerai des trois mines, en 2024, sera entassé à l’usine d’Energy Fuels de White Mesa, en Utah, pour être traité en 2025. Ils préparent aussi deux mines, Whirlwind dans le sud-est de l’Utah, et Nichols Ranch au centre du Wyoming, pour démarrer la production d’uranium d’ici un an, dit Energy Fuels.

L’extraction d’uranium a commencé à Pinyon Plain et menace maintenant l’eau des Havasupai qui vivent dans le Grand Canyon. La mine menace aussi les Navajos, les Hopis, les Utes et les résidents du sud-ouest, le long de la route de transport du minerai d’uranium, du Grand Canyon à l’usine d’Energy Fuels dans le sud-est de l’Utah.

Le Centre de Droit de l’Environnement du Nouveau-Mexique dit :

L’audience thématique doit permettre aux communautés Autochtones, qui vivent depuis des générations avec les déchets de l’extraction et du traitement de l’uranium historiques, de tenir les officiels du gouvernement des États-Unis pour responsables de n’avoir jamais pris de mesures pour régler le problème des déchets de la production d’uranium efficacement.

  • Pour Red Water Pond, Edit Hood, Diné dit « Il n’y avait pas de respect pour les gens qui vivaient sur ces terres, et certainement pas de respect pour notre Mère la Terre. Le gouvernement connaissait les risques et les dangers mais a négligé d’en informer notre peuple. »
  • Yolanda Badback, Ute de Ute Mountain, décrivit ce que c’était de vivre à côté de l’usine de White Mesa, au sud-est de l’Utah. Les représentants des États-Unis prétendent que le gouvernement Biden a entamé une consultation et que la Commission de Régulation Nucléaire est attachée aux droits des Autochtones – ce ne sont que des camouflages de ce long héritage de cancers et de morts de l’extraction d’uranium, des déchets radioactifs et de la décharge de l’industrie nucléaire dans les terres Autochtones.
  • Tonia Sands, Oglala, dit « Des gens viennent du monde entier pour partager la connexion que nous avons avec l’eau, la terre et nos parents maintenant silencieux ». Tout en décrivant la beauté de la culture Lakota, elle souligne que l’extraction d’uranium conduit à un accroissement des cérémonies de guérison et à la contamination par les radiations de ceux qui participent à la cérémonie. Et maintenant, il y a la menace de nouvelle extraction d’uranium. Elle dit, qu’alors que l’eau pompée dans la rivière Missouri est supposée sauver les Lakotas de la contamination de leur propre eau, en fait ça apporte de l’eau contaminée par l’uranium du Wyoming à cause du manque de filtrage.
  • Carletta Tilousi, Havasupai, a témoigné de l’exploitation d’uranium qui menace maintenant l’eau Supai dans le Grand Canyon. « C’est un problème grave et urgent » dit-elle à la Commission Interaméricaine des Droits Humains. La Tribu Havasupai demande que la Commission présente leur affaire à la Cour Interaméricaine pour obtenir un ordre exigeant l’adoption de mesures provisoires. L’héritage de l’extraction d’uranium dans le sud-ouest, c’est la mort par cancer et les mines d’uranium abandonnées non nettoyées. Maintenant, la contamination menace le Colorado. C. Tilousi demande à la Commission de faire pression pour que les États-Unis changent la loi de 1872 qui autorise les compagnies internationales à s’emparer de terres publiques pour leurs mines.
  • Big Wind Carpenter Northern Arapaho. « Ils ont redéfini le nucléaire comme énergie verte » dit Big Wind Carpenter à la Commission Interaméricaine sur les droits humains. « Les dommages fait à notre terre natale sont loin d’être verts. Nos communautés et notre terre ont souffert assez longtemps. » En territoire Arapaho, dans le Wyoming, l’extraction et le traitement d’uranium ont empoisonné la terre et laissé des impacts éternels pour des sites sacrés, l’eau et les générations futures. Les partisans du nucléaire ont souvent réduit au silence les voix de ceux qui souffrent le plus de ses effets. « Nous exigeons la justice environnementale » dit Carpenter, pressant la Commission de tenir pour responsables ceux qui exploitent les ressources.

Jonathan Perry, coordinateur de l’Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sûr, dit « C’est une bonne occasion pour les communautés Autochtones de la ligne de front, de faire connaitre les injustices qu’ils continuent d’endurer. L’héritage de l’industrie de l’uranium continue de frapper beaucoup d’Autochtones à travers le continent, sans vraies solutions du gouvernement des États-Unis. »

Larry King, ENDAUM, dit “Nous n’avons qu’une Terre Mère, et en tant que gardiens, nous avons TOUS la responsabilité de protéger notre Mère la Terre si nous voulons laisser un environnement sain à nos générations futures.

Eric Jantz, directeur du Centre de Droit Environnemental du Nouveau-Mexique, dit « Depuis des décennies, le lamentable record du gouvernement des États-Unis concernant les droits humains liés à l’exploitation d’uranium dans les communautés Autochtones, a été ignoré. C’est la première fois que le gouvernement des États-Unis est appelé à expliquer pourquoi la politique d’extraction d’uranium des États-Unis continue à détruire les communautés Indigènes. »