photo autorisée par Carletta Tilousi, Havasupai
À la fin de la marche de prière, à Red Butte, Carletta Tilousi, Havasupai, déclara « Des moines Japonais ont prié pour la paix et les sites sacrés. Les marcheurs venaient de diverses origines, des Oglala de Pine Ridge, des membres de l’AIM de Californie, des Navajos, des Aztèques Chichimèques, des Hawaïens, des Havasupai, des Pomo de Californie et des Akwesasne de New York. » Elle a ajouté que la marche avait pu se faire grâce à un travail d’équipe, a remercié pour le soutien, et dit que cet article était pour ceux qui n’avaient pas pu se joindre à la marche.
EN MÉMOIRE DE KLEE BENALLY – QUI A COMBATTU LES MINES D’URANIUM PENDANT DES DÉCENNIES
8 OCTOBRE 2024, DES MARCHEURS PACIFISTES SONT ARRIVÉS À RED BUTTE POUR UN MONDE SANS NUCLÉAIRE
Par Brenda Norrell
Censored News
3 octobre 2024
Traduction Christine Prat
2 premières photos, Berta Benally
FLAGSTAFF, Arizona – Jones et Clayson Benally, Diné, se sont joints aux marcheurs qui avaient commencé leur voyage de Flagstaff à Red Butte, site sacré Havasupai, le mercredi 2 octobre, en une Marche de Prière pour un Monde Sans Nucléaire.
Jun San Yasuda et d’autres moines bouddhistes ont marché sur plus de 10 km en solidarité avec la lutte pour fermer la mine d’uranium de Pinyon Plain.
« Jun San, marcheur pour la paix, a parcouru des milliers de kilomètres à pied à travers l’Île de la Tortue, au cours des 46 années passées. Tout le monde est invité à cette marche de méditation pour un monde sans nucléaire » dirent les marcheurs.
En août dernier, à Santa Fe, Carletta Tilousi, Havasupai, avait demandé du soutien pour leur eau sacrée et pour Red Butte, contre la mine d’uranium de Pinyon Plain. Racontant comment elle avait grandi dans son pays, au fond du Grand Canyon du Colorado, elle dit qu’elle avait combattu depuis l’âge de 14 ans.
« Havasu Creek est une des plus vieilles nappes aquifères du Sud-ouest » dit-elle, ajoutant qu’elle coulait dans son village et créait des chutes d’eau ».
« C’est l’eau que nous essayons de protéger » dit-elle en soulignant qu’il s’agit d’une petite tribu de 597 membres.
« Nous ne savons pas quand la pollution nous atteindra, ce n’est qu’une question de temps. »
Bien que 600 baux pour l’extraction d’uranium aient été annulés, la mine d’uranium de Pinyon Plain garde son bail et extrait du minerai d’uranium.
« Cette mine est juste à côté de notre montagne sacrée, Red Butte, où commencent nos Histoires de la Création. C’est en train d’être profané » dit-elle, soulignant qu’on ne sait pas ce que l’extraction d’uranium envoie dans l’air, ni comment les plantes médicinales, le cèdre et la sauge, sont affectées.
« Notre voix s’exprime dans notre art, notre voix s’exprime dans nos chants. »
C. Tilousi appela à l’unité, à ce que tous les gens soient ensemble pour protéger les eaux.
Un corridor mortel
Une nouvelle carte du Grand Canyon Trust montre les lieux de risques d’accidents graves sur le trajet des camions radioactifs allant de la mine de Pinyon Plain à l’usine de traitement de White Mesa – mettant en danger les Havasupai, les Paiutes, les Diné, les Hopis et les Utes, au nord de l’Arizona et au sud-est de l’Utah.
La mine de Pinyon Plain et l’usine mortelle de White Mesa sont la propriété d’Energy Fuels, une compagnie canadienne, qui met des vies en danger tout le long de cette route.
L’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels, sur un territoire ancestral Ute, empoisonne la terre, l’eau et l’air, et importe maintenant des déchets radioactifs d’autres pays. Les déchets radioactifs qui étaient trop dangereux pour être laissés sur le Site de Tests Nucléaires du Nevada, ont été largués là-bas, empoisonnant les Utes.
Amber Reimondo, Directrice de l’Énergie pour le Grand Canyon Trust, dit « Une analyse récente des accidents mortels sur le trajet que parcourent les camions d’uranium entre la Mine du Canyon (rebaptisée Mine Pinyon Plain), près du Grand Canyon, et l’usine de traitement de l’uranium à White Mesa, montre un risque majeur sur de longues portions du trajet de près de 500 km, particulièrement dans la Nation Navajo. »
« Les portions les plus dangereuses sont entre 240% et 700% plus dangereuses qu’une portion de route moyenne aux États-Unis, en termes d’accidents mortels par mile (1,6 km) parcouru. »
« Cela signifie que tous les véhicules parcourant ces portions de route, courent un risque élevé d’accidents mortels. Energy Fuels a dit avoir l’intention d’envoyer de six à huit gros camions chargés de minerai d’uranium par jour, de la mine à son usine en Utah. » dit A. Reimondo.
L’extraction d’uranium et de lithium menace et détruit des Sites Sacrés Autochtones
Tandis que les Havasupai combattent la mine d’uranium du Grand Canyon, la Nation Hualapai juste à côté, lutte pour fermer une mine de lithium à leur Source Cérémonielle.
Les Hualapai ont déposé une plainte auprès de la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland. La juge fédérale Diane Humetewa, Hopi, de Phoenix, a accordé un ordre restrictif temporaire pour empêcher la firme australienne Hawkstone Energy, autrement dit Arizona Lithium, de forer pour du lithium sur le Site Cérémoniel Hualapai. Le PDG de la Compagnie d’Énergie Transitionnelle Navajo a signé un accord pour opérer la destruction pour la compagnie australienne. L’entreprise tribale Navajo se trouve à Farmington, au Nouveau-Mexique.
Dans le nord du Nevada, Lithium Americas, une compagnie canadienne, creuse Peehee Mu’huh, le site d’un massacre de Paiutes, pour extraire du lithium, en violation de toutes les lois fédérales qui protègent les sites historiques et religieux Autochtones et l’environnement. Un juge fédéral a décidé en faveur de la destruction du Site du Massacre de Paiutes. La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland a déclaré à Associated Press qu’elle soutenait la mine de lithium.
Klee Benally, Diné, était parmi les fondateurs du mouvement Haul No! qui combattait l’ouverture de la mine du Grand Canyon et le trajet mortel. Avant de passer dans le Monde de l’Esprit en décembre dernier, Klee avait partagé l’histoire de sa vie et de son travail dans son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Une Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »
Le musicien et compositeur Hopi Ryon Polequaptewa
Par Brenda Norrell
Censored News
3 février 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Chants de l’Eau
Des Voix Autochtones du Plateau du Colorado s’élèvent en opposition à l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon
FLAGSTAFF, Arizona – Dans un bel hommage, Ed Kabotie, Hopi, a interprété « The Trail » [La Piste], en l’honneur de ceux qui ne sont plus là, qui voyagent parmi les étoiles, au cours de Rumble on the Mountain, qui a duré sept heures, au Théâtre l’Orpheum, samedi dernier.
Ed Kabotie a remémoré l’artiste Diné Baje Whitehorne Sr., Rainy Ortiz, fille de Simon Ortiz et Joy Harjo, et le Diné Klee Benally.
Radmilla Cody, Sage Bond, Ed Kabotie
Avec un extraordinaire plateau de stars, au cours du 10ème Rumble on the Mountain, Kabotie a parlé de guerre, une guerre de paradigmes et de philosophies, et de l’extractivisme industriel qui ne respecte pas les gens ni la valeur du territoire.
Ed Kabotie et les Tha Yoties ont interprété « War » en l’honneur des Havasupai.
« Cette petite Réserve dans le Grand Canyon nous a appris à combattre. »
Photo Carletta Tilousi
La guerre, c’est maintenant le combat contre la mine d’uranium dans le Grand Canyon, qui menace l’eau du Petit Colorado et l’eau potable des Supai.
« Coyote Soldier » exprimait le mode de vie Hopi d’humilité et de lutte pour protéger l’eau. Leur chanson « Génocide », parlait de l’Holocauste Américain. Kabotie et Tha Yoties ont été rejoints sur scène par la chanteuse Diné-Apache Sage Bond.
« Il n’y a pas de paix sans justice » rappelle la chanson « Génocide ».
Appelant tout le monde à crier ‘Haul No!’ Kabotie dit que le transport d’uranium de la mine – qui venait juste de commencer dans le Grand Canyon, dans le nord de l’Arizona – à l’usine de traitement de White Mesa, dans le sud-est de l’Utah, est une menace pour tous ceux qui vivent le long des trajets de transport. L’uranium transporté en camions, menace tout le monde, du Grand Canyon à Williams, à travers les terres Hopi et Navajo, et finalement les Utes de White Mesa.
L’usine de traitement d’Energy Fuels est à White Mesa, territoire ancestral des Utes de White Mesa, déjà dévasté par des années de largage de déchets radioactifs.
Leona Morgan, Diné membre de ‘Haul No!’, dit « Nous sommes fatigués d’être une colonie de ressources. »
« Nous ne sommes pas une zone de sacrifice » dit Leona, se référant aux nouveaux projets de mines d’hydrogène dans la Nation Navajo.
« La Nation Navajo en a assez d’être creusée pour l’extractivisme. »
Leona a prévenu du projet de Biden de tripler la production mondiale d’énergie nucléaire. Elle souligna qu’il n’y avait pas de place pour mettre les déchets des centrales nucléaires – des déchets radioactifs pour toujours.
Leona dit que Holtec International avait été empêché de construire la plus grande décharge de déchets radioactifs au monde, au Nouveau-Mexique, l’an dernier. Ça a été empêché par une loi de l’état du Nouveau-Mexique, après que la Commission de Régulation Nucléaire des États-Unis ait déjà délivré un permis. Une autre décharge de déchets radioactifs a été bloquée au Texas.
« Nous pouvons arrêter la mine Pinyon Plain, dit Leona. La mine, appelée jusqu’à maintenant Canyon Mine, a déjà violé des lois.
Bien que la mine n’ait commencé ses opérations que récemment, Leona dit que de l’uranium avait déjà été transporté dans des camions banalisés à l’usine de traitement de White Mesa, en Utah.
Les opérateurs de la Mine du Canyon ont déjà été pris en train de pulvériser de l’eau contaminée par l’uranium sur des terres du Service des Forêts, près du Grand Canyon. La semaine dernière, un tracteur s’était retourné, ce qu’ils ont signalé.
Leona a demandé au public d’aller surveiller la mine d’uranium, qui se trouve sur des terres publiques, et de signaler les violations.
Leona a expliqué comment Haul No! était né de l’inquiétude causée par Energy Fuels, propriétaire d’une mine d’uranium sur la montagne sacrée des Diné, le Mont Taylor, au Nouveau-Mexique. Puis, il y a eu la menace de la mine d’uranium d’Energy Fuels, Canyon Mine/Pinyon Plain, près du Grand Canyon.
Leona dit que la menace était que deux mines pourraient transporter de l’uranium à travers la Nation Navajo, qui a des lois interdisant l’extraction et le transport d’uranium en terre Diné.
Leona rappela les discussions qu’elle avait eu avec Serena Riggs, de la lutte pour protéger la Confluence, et avec Klee Benally.
« Nous étions assis autour de la table, discutant de nos inquiétudes, et Klee Benally dit ‘On l’appellera Haul No!’ »
« C’est comme cela que Haul No! A commencé, » dit Leona.
Il fut montré une vidéo du premier Rumble on the Mountain, avec un discours de Vernon Masayesva, Hopi de Hotevilla et ex-président, qui encourageait à chercher un nouveau paradigme dans la vie.
Photo Black Mesa Trust.
« L’eau c’est la vie, sans eau la vie n’existe pas. »
Il parlait des Pics sacrés San Francisco comme d’une Kiva sacrée, il disait que les gens devaient maintenant aller au-delà d’ici, et dans le monde, pour assurer qu’il y aura une continuité au-delà du Quatrième Monde des Hopis.
Les gens doivent imaginer le Cinquième Monde.
« Nous venons de la mer, l’eau est ce qui nous connecte tous. Tous ensemble, nous pouvons ramener le sacré à la Terre, notre mère, que nous avons insultée. »
« Elle nous appelle à l’aide, mais personne ne semble écouter. Mais maintenant, nous les Autochtones devons nous exprimer et dire que l’eau n’est pas une chose qu’on vend ou achète, l’eau est sacrée, l’eau est spirituelle. »
« L’Eau nous relie au Créateur. »
Des savants et des ingénieurs croient qu’ils peuvent contrôler et gérer l’eau, et ils ont placé des centaines de réservoirs sur le Fleuve Colorado.
« Ça a perturbé notre voyage de retour vers la mer. »
« Maintenant le fleuve s’assèche. »
« Nous ne contrôlons pas l’eau, c’est l’eau qui contrôle. C’est le nouveau paradigme. »
« C’est qui nous sommes en tant qu’Autochtones. Ce que nous faisons à l’eau, nous le faisons à nous-mêmes. »
Radmilla Cody a exprimé de la solidarité avec la Palestine et les bénédictions de ses chansons.
Le groupe Innastate, Pueblo Jemez, a célébré sa dixième année, en même temps que Rumble.
La soirée a été terminée par le groupe Summit Dub Squad avec le reggae « Sovereign Land » et « Hop Ska Honey ».
Rumble on the Mountain 10 a été produit avec le soutien de Wild Arizona, Protégez le Grand Canyon, le Sierra Club, le Grand Canyon Trust, la Radio Publique Hopi KUYI, le Centre pour la Diversité Biologique et Haul No!
Voir la Déclaration de la Tribu Havasupai à Propos d’Energy Fuels
Par Haul No!
15 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Nous appelons Buu Nygren à prendre des mesures concrètes pour FERMER la mine d’uranium PINYON PLAIN, près du Grand Canyon, et juste à côté du site sacré de Red Butte.
Haul No! a été fondé fin 2016, comme initiative conduite par des Diné, dans le but d’arrêter la Mine du Canyon (maintenant rebaptisée Pinyon Plain) et l’usine de traitement de White Mesa, et le projet de transport à travers Diné Bikeyah, notre terre traditionnelle.
Les cofondateurs Leona Morgan, Sarana Riggs, et Klee Benally, récemment passé dans l’autre monde, ont conduit une tournée de prise de conscience et d’action en 2017, informant et entrainant les communautés le long du trajet de transport, partant de l’usine de traitement d’uranium en territoire Ute à son point d’origine : la mine en territoire Havasupai.
Vidéo du 14 mars sous-titrée en français:
Dans une interview de Democracy Now! du 14 mars 2014, portant sur Pinyon Plain/Canyon Mine et le problème général de l’extraction d’uranium, Klee s’est référé aux 15000 à 20000 mines d’uranium abandonnées à travers les soi-disant États-Unis, comme « héritage toxique qui nous touche jusqu’à aujourd’hui. C’est en vérité un génocide lent des gens, pas seulement les Peuples Autochtones de cette région. »
Haul No! avait été fondé spécialement pour faire ce travail, en tant que bénévoles, pour prévenir toute nouvelle contamination de nos terres, notre eau, notre air et des générations futures, par la compagnie Energy Fuels, aux deux extrémités du trajet de transport, de Pinyon Plain/Canyon Mine à l’usine de White Mesa.
En ce qui concerne l’eau et l’environnement, Klee disait « Il n’y a pas de gagnants quand on détruit Notre Mère la Terre, quand on détruit l’eau dont nous avons besoin pour boire, [quand] on détruit l’air dont nous avons besoin pour respirer, et la terre dont nous avons besoin pour nous nourrir. » Haul No! Travaille pour protéger, pas pour détruire, notre Mère la Terre. Klee disait aussi « Où que ce soit où il y a une crise environnementale, il y a une crise culturelle, parce que nous sommes des gens de la Terre. »
Haul No! est cohérent dans l’appel à FERMER LA MINE et ARRÊTER L’USINE. Après le départ de notre frère, notre collègue, notre camarade, notre mentor et notre ami, nous continuons le combat pour la protection de nos Peuples, la défense du sacré, et pour mettre fin au colonialisme nucléaire.
Nous en avons assez d’être une colonie de ressources ! Nous en avons assez de laisser nos Peuples souffrir et mourir, uniquement pour fournir le monde extérieur en pouvoir et en carburant. Nous en avons assez de l’insuffisance ou de l’ABSENCE DE NETTOYAGE de toutes les industries extractivistes, y compris la nouvelle vague imminente d’énergie soi-disant propre qui ne fait que violer notre Mère la Terre.
Le 14 janvier 2024, le Président de la Nation Navajo, Nygren, a publié une déclaration via les médias sociaux, datée du 11 janvier 2024, à propos de la mine d’uranium Pinyon Plain. En réponse à cette déclaration, Haul No! Exige que le Président Nygren S’ENGAGE FERMEMENT AVEC DES MESURES CONCRÈTES POUR NOTRE PEUPLE ! Nous avons besoin d’action après les mots.
Nous exigeons que Buu Nygren se serve de son autorité en tant que Président de la plus grande Nation Autochtone (en km²) pour travailler avec le Gouverneur d’Arizona Hobbs pour EXIGER LA FERMETURE en limitant le permis d’Energy Fuels aux activités de fermeture et d’après fermeture, avec un nettoyage de la mine et des forêts publiques autour, de la plus haute qualité.
Nous exigeons que le Président de la Nation Navajo s’engage à se servir de son autorité pour travailler avec le Président Biden pour corriger le cercle vicieux, le racisme environnemental et l’assaut culturel contre le nouveau monument national qui autorise Pinyon Plain et d’autres possédant « des droits existants valables » à profaner nos terres ancestrales sacrées.
Au-delà du monde de la légalité occidentale et de la quasi-souveraineté limitée de notre gouvernement colonial de la Nation Navajo, nous exigeons que Buu Nygren s’aligne sur les obligations de nos enseignements Diné de protéger nos sites sacrés, nos terres et nos eaux, et nos générations futures.
Nous invitons Buu Nygren et tous les dirigeants Diné à nous rejoindre sur le front, pour arrêter cette mine et arrêter le transport si on en arrive là. Nous en avons assez des déclarations toutes préparées et des gestes vides. NOUS EXIGEONS DE L’ACTION MAINTENANT !
Reprise de l’extraction d’uranium sur des terres sacrées, près du Grand Canyon du Colorado, menace l’eau et l’existence même des Havasupai
Par Brenda Norrell
Censored News
12 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Les Havasupai disent que leurs pires craintes se réalisent, maintenant qu’Energy Fuels extrait de l’uranium radioactif, violent leur site sacré, et menacent leur eau, ce qui compromet leur existence.
Le Conseil Tribal Havasupai dit, « C’est les cœurs lourds que nous devons reconnaitre que notre plus grande peur se réalise. »
« Malgré des décennies d’opposition active et sans relâche, Energy Fuels, une compagnie minière étrangère qui ne cherche que le profit, a agi uniquement dans son propre intérêt et extrait de l’uranium toxique de la Mine de Pinyon Plain (ex-Mine du Canyon), profanant l’un de nos sites les plus sacrés et compromettant l’existence de la Tribu Havasupai. »
Le Conseil Tribal Havasupai dit que les Supai, Gardiens du Grand Canyon, luttent pour protéger leur terre ancestrale. La Mine Pinyon Plain se trouve au-dessus de la nappe phréatique dont dépendent les Supai pour l’eau. Energy Fuels a déjà contaminé une des deux nappes phréatiques en creusant le puit de la mine.
Voir la Déclaration officielle du Conseil Tribal.
Haul No! avait prévenu que si Energy Fuels allait effectivement transporter du minerai d’uranium – du nord de l’Arizona à l’usine de traitement White Mesa dans le sud-est de l’Utah, et passer à travers la Nation Navajo – ça violerait la loi Navajo. Ce transport dangereux ferait courir des risques aux Diné tout le long du trajet.
Energy Fuels a l’intention de faire passer jusqu’à 12 camions par jour, transportant chacun 30 tonnes d’uranium de la mine à l’usine.
« Energy Fuels n’a pas d’obligation légale de signaliser les camions. Le minerai ne sera couvert que de toiles cirées. On n’a pas trouvé d’entité responsable pour intervenir en cas d’urgence, agir légalement ou nettoyer » dit Haul No!
« Ça enfreint la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium à travers le territoire Diné. »
« L’Usine de Traitement de White Mesa appartient à et est gérée par Energy Fuels, et c’est la seule usine des soi-disant Etats-Unis qui a une licence pour traiter du minerai d’uranium »
Le nouveau classement comme monument – Monument National de Baaj Nwaavjo l’tah Kukveni – a empêché près de 600 concessions d’être développées comme mines. Cependant, le classement n’a pas arrêté la Mine du Canyon, qui a été conçue sous la Loi Minière de 1872.
Depuis la Guerre Froide, alors que les terres des Shoshones de l’Ouest étaient utilisées pour le Site de Test de la bombe atomique du Nevada, les terres des Navajos et des Pueblos étaient utilisées pour extraire de l’uranium. Les mineurs étaient envoyés à la mort sans combinaisons de protection, et les terres des Pueblos étaient utilisées pour expérimenter la bombe, dans le nord du Nouveau-Mexique. Le gouvernement des États-Unis a utilisé les Autochtones et leurs terres comme sacrifiables.
Aujourd’hui, l’horrible héritage continue, avec des déchets radioactifs éparpillés dans la Nation Navajo, la nouvelle extraction par Energy Fuels en terre Havasupai qui menace leur eau, et l’usine de traitement d’Energy Fuels qui rejette des déchets radioactifs en terre Ute, dans le sud-ouest de l’Utah.
Les terres Autochtones du Sud-ouest ont été choisies pour les essais nucléaires et le stockage les plus mortels, et utilisées comme décharges des déchets radioactifs, par le gouvernement des États-Unis et ses corporations.
Les Utes de White Mesa en Utah: l’uranium de l’usine de traitement d’Energie Transfer nous empoisonne
La marche spirituelle et le rassemblement des Utes de Ute Mountain a appelé à arrêter l’usine de traitement d’uranium qui empoisonne la terre, l’eau et l’air, dans le sud-est de l’Utah, dans la région de Four Corners, le 14 octobre 2023.
L’usine de White Mesa, dirigée par Energy Fuels, apporte des déchets radioactifs d’autres pays, après avoir déjà stocké des déchets nucléaires trop dangereux pour rester sur le Site de Test du Nevada.
Le Président Ute de Ute Mountain Manuel Heart, dit que l’usine de traitement d’uranium n’est pas seulement un problème Ute, et que les ressources doivent être protégées pour le futur. « Nous voulons avoir des ressources pour le futur de nos enfants et petits-enfants qui ne sont pas encore là. »
« Les montagnes sont notre pays. Nous y avons été placés par notre Créateur pour prendre soin des montagnes partout, jusqu’à cette région » dit le Président Heart.
Voir le message urgent publié par Haul No! le 9 janvier 2024
Voir aussi vidéo sous-titrée en français, d’une interview de 2017 de Yolanda Badback, Ute de Ute Mountain
URANIUW, HAUL NO! DÉCLARATION DES HAVASUPAI: LA MENACE EST RÉELLE
Déclaration de la Tribu Havasupai Concernant Energy Fuels
Le 11 janvier 2023, les Havasupai ont publié cette déclaration sur le démarrage de l’extraction d’uranium à la mine de Pinyon Plain. Ils expriment leur douleur et leur détermination sans faille de fermer cette mine. La Mine de Pinyon Plain menace leur seule source d’eau.
Haul No! soutient nos parents Havasupai, les Gardiens du Grand Canyon.
Nous disons Haul No! [Pas de transport!] Protégez le territoire et tous nos parents du transport d’uranium et de l’exposition aux radiations !
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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
CONSEIL TRIBAL HAVASUPAI
P.O. Box 10 • Supai, Arizona 86435
(928) 448-2731 • Fax (928) 448-2551
CONTACT : ABBIE S. FINK
afink@hmapr.com / 602-957-8881
11 janvier 2024
PINYON MINE : DÉCLARATION HAVASUPAI
Déclaration de la Tribu Havasupai au sujet d’Energy Fuels (12-1-2024)
C’est le cœur lourd que nous devons reconnaitre que notre plus grande peur est devenue réalité. Malgré des décennies d’opposition active et sans relâche, Energy Fuels, une compagnie minière étrangère qui ne cherche que le profit, a agi uniquement dans son propre intérêt et extrait de l’uranium toxique de la Mine de Pinyon Plain (ex-Mine du Canyon), profanant l’un de nos sites les plus sacrés et compromettant l’existence de la Tribu Havasupai.
En tant que Gardiens du Grand Canyon, nous, les Havasuw ‘Baaja, la Tribu Havasupai, nous sommes opposés à l’extraction d’uranium dans et autour de notre Réserve et du Grand Canyon depuis des temps immémoriaux. Nous faisons cela pour protéger notre peuple, notre terre, notre eau, notre passé, notre présent et notre futur. Et cependant, en dépit de l’assistance et de la défense historique et actuelle de nombreux alliés, et d’innombrables lettres, coups de téléphone et demandes personnelles, nos requêtes urgentes d’arrêter cette action qui menace la vie, ont été ignorées.
L’unique source d’eau de notre communauté tribale est alimentée par des nappes phréatiques, qui sont malheureusement situées directement sous la Mine Pinyon Plain. Le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona et l’EPA fédérale prétendent qu’il n’y a pas de danger pour nous, qu’aucun effet néfaste ne viendra chez nous de cette source d’énergie supposée « verte ». Mais comment peuvent-ils affirmer cela avec une telle assurance, alors qu’Energy Fuels a déjà contaminé une des deux nappes aquifères en creusant le puit de mine, ce qui a fait qu’à l’époque, la compagnie a vaporisé de l’eau toxique dans l’air, qui a été étalée par les vents sur les plantes et animaux précieux. Toute une série de problèmes inconnus et nouveaux vont se présenter quand la compagnie commencera à transporter l’uranium par voie terrestre.
C’est un problème qui n’affecte pas seulement notre lointaine Tribu. En fait, des millions de gens seront maintenant forcés de passer près d’une mine d’uranium active sur leur route allant au majestueux Grand Canyon du Colorado. Tous les êtres devraient pouvoir connaitre librement cette merveille naturelle sans risquer leur vie. Honte à Energy Fuels, et à tous ceux qui n’ont pas assez de courage pour faire ce qui est juste et nécessaire.
Nous n’abandonnerons pas. Nous le devons à nos ancêtres, nos enfants, et les générations à venir. Nous continuerons le combat.
Article publié sur le site d’Indigenous Action, diffusé par notre amie Leona Morgan, membre de Haul No! Il s’agit de continuer le combat de Klee Benally et des Autochtones de la région. Le premier article qu’il m’a donné à traduire concernait cette mine d’uranium, contre laquelle les Autochtones luttent depuis des décennies. Récemment, les propriétaires ont rebaptisé la mine « Pinyon Plain ». Ils l’ont longtemps appelée Mine du Canyon, mais les opposants ont trop fait savoir qu’il s’agissait d’une mine proche du Grand Canyon du Colorado, qu’elle se trouvait tout près de l’endroit où les visiteurs entrent, et surtout qu’elle menaçait les sources d’eau qui coulent des parois du Canyon et qui sont la seule source d’eau potable pour les Autochtones qui vivent au fond du Canyon. La petite ville appelée Pinyon est à quelques centaines de kilomètres de là…
Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Haul No!
9 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
MISE À JOUR URGENTE :
Nihi K’é dóó nihi Diné – Parents, amis, soutiens partout dans le monde, maintenant que nous avons observé le protocole culturel pour notre tant aimé Klee Benally, nous sommes prêts à continuer notre travail – continuer le travail de Klee – FERMER LA MINE PINYON PLAIN/CANYON MINE !!
Nous honorons sa détermination de protéger Notre Mère la Terre. Nous honorons son cri de guerre et son appel à l’action.
Nous n’arrêtons pas. Nous mettons au point la stratégie, l’organisation, la résistance. Nous devenons seulement de plus en plus forts!
Haul No! appelle Buu Van Nygren et la Nation Navajo à EXIGER LA FERMETURE DE LA MINE D’URANIUM PINYON PLAIN MAINTENANT !!!
Le 21 décembre 2023, Energy Fuels a publié un communiqué de presse déclarant que la production avait commencé à la Mine de Pinyon Plain. La Mine d’Energy Fuels est juste au sud de Grand Canyon et tout près du site Sacré de Red Butte – lieu d’émergence des Havasupai, enregistré comme Propriété Culturelle Traditionnelle des 11 Tribus Associées du Grand Canyon. Energy Fuels projette de transporter l’uranium à travers l’ouest des réserves Navajo et Hopi, jusqu’à l’usine de traitement de White Mesa, en pays Ute, près de Blanding, dans l’Utah.
Mardi 9 janvier 2024, Haul No! confirmait qu’Energy Fuels avait commencé à extraire et stocker du minerai d’uranium. Ils se sont préparés pour le transport par route, mais n’ont pas encore commencé à le faire.
Si le transport commence, Energy Fuels a l’intention de faire partir 12 camions par jour, chacun transportant 30 tonnes de minerai d’uranium, de la mine à l’usine. Energy Fuels n’est pas obligé légalement d’indiquer sur les camions ce qu’ils transportent. Le minerai sera seulement couvert de toile cirée. Aucune entité n’a été identifiée pour intervenir en cas d’urgence, appliquer la loi ni pour décontaminer.
Ça viole la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium dans les terres Diné.
L’usine de White Mesa est la propriété d’Energy Fuels, qui assure son fonctionnement, et la seule usine des soi-disant Etats-Unis à avoir une licence pour traiter le minerai d’uranium.
C’est un moment crucial pour agir!
Il y a des développements internationaux et nationaux qui accroissent le risque d’une nouvelle vague d’extraction d’uranium :
Le prix de l’uranium est le plus haut depuis 2006-2007 ; et les Etats-Unis ont approuvé la Loi sur la Sécurité du Carburant Nucléaire (plus de production d’uranium) ; et à la COP28 à Dubaï, les états/industries du nucléaire ont appelé à tripler l’énergie nucléaire au niveau mondial d’ici 2050.
NOUS NE VOULONS PAS D’UN NOUVEAU BOOM DE L’URANIUM!
Nous faisons appel à vous tous pour AIDER À FAIRE COMPRENDRE, DIFFUSER LA PRISE DE CONSCIENCE, SURVEILLER LES MINES+LES ROUTES pour la protection de Nihímá Nahásdzáán, du SOL et de l’EAU, nos communautés et les générations futures.
Rejoignez-nous pour EXIGER que nos gouvernements coloniaux FERMENT PINYON PLAIN MAINTENANT !
EXIGEZ DU PRÉSIDENT BUU ET DE LA NATION NAVAJO D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Gouverneur Hobbs d’Arizona D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ de la Secrétaire à l’Intérieur Haaland D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Président Biden D’AGIR MAINTENANT!!
Ahéhéé Nitsáágo pour votre soutien !
Suivez les mises à jour sur haulno.com et nos médias sociaux!
#SHUTDOWNPINYONPLAN!
#HAULNO! uranium dans nos communautés!
#endnuclearcolonialism! #nonaucolonialismenucleaire!
#waterislife! #leaucestlavie!
Par Haul NO!
Également publié par Indigenous Action
22 avril 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
La controverse à propos de cette mine dure depuis des décennies. Pour plus de précisions, voir l’article de 2011. Obama avait prononcé un moratoire de 20 ans, immédiatement levé quand Trump est arrivé au pouvoir. Biden, ex-vice Président d’Obama, n’a rien fait pour le rétablir. Ch. P.
Des travaux à l’explosif, souterrains et en surface, ont commencé à la Mine Pinyon Plain / ex-Canyon, à seulement quelques kilomètres du Grand Canyon.
Des travailleurs sont prêts à commencer l’extraction d’uranium de la mine. Selon le Service des Forêts, les ouvriers font exploser la roche tous les jours, mais le minerai n’est pas encore déplacé.
Quand Energy Fuels commencera à transporter le minerai radioactif, ils ont l’intention d’en transporter 30 tonnes par jour à travers le Nord de l’Arizona, jusqu’à l’usine de traitement de la compagnie, 480 km plus loin.
Le Grand Canyon, le site sacré de Red Butte, l’eau si précieuse et les communautés habitant le long du trajet sont en danger !
Comme toutes les options légales ont échoué, nous avons besoin de toute votre aide pour organiser des actions et empêcher cette catastrophe nucléaire d’empoisonner nos communautés de façon irréversible
Allez sur notre chaine télégramme pour participer à des actions et du soutien : https://t.me/haulno
Pour plus d’informations et faire des dons pour la défense en justice : www.haulno.com
Trajet de transport de la Mine Pinyon Plain/Canyon, des Faits :
• Distance totale 480 kilomètres.
• 12 camions avec la capacité de transporter jusqu’à 30 tonnes par jour de minerai hautement radioactif.
• Les chargements seulement couverts d’une mince toile cirée, comme seule protection de l’uranium et de la contamination de l’environnement.
• Le trajet projeté traversera des zones très peuplées, comme Valle, Williams et Flagstaff ; et des zones rurales de la Réserve Navajo, passant entre autres par Cameron, Tuba City et Kayenta ; près de la Réserve Hopi, et arrivera finalement à l’usine de traitement d’Energy Fuel White Mesa, à seulement 4,8 kilomètres de la communauté Ute de Ute Mountain, à White Mesa, en Utah.
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#dontnukethegrandcanyon #nepasnucleariserlegrandcanyon
Commentaire de la vidéo par Klee Benally. La traduction est dans le texte ci-dessus.
Text Leona Morgan and Christine Prat En français
February 16, 2020
Also published on Censored News
Leona Morgan, a Diné [Navajo] antinuclear activist, was invited by the CSIA-Nitassinan on February 16th, 2020. She talked about her work, nuclear colonialism, historical and present impacts of uranium on the people of her community, actions that have been undertaken and actions to be undertaken in order to resist.
You can find on this site more information on Leona’s work and on her visit in 2019 to Bure, France, where a waste burial site is being dug. (A waste burial site is also planned in New Mexico, where she lives). The Navajo Nation [“reservation”] and the surroundings, have been particularly impacted by uranium mines and other nuclear industries.
[Click on maps and photos to see them in larger, readable format]
Leona started her presentation by showing a picture of Monument Valley, a world-famous image, as many movies, especially ‘Western’ movies, were made there. This is also where uranium was first mined in the Navajo Nation, in the 1940’s. Mining developed continuously during the Cold War time.
She then gave a definition of nuclear colonialism, a term first created by Winona La Duke. Leona explained “Quite simply, nuclear colonialism can be explained as a systematic way by which the governments have exploited and destroyed Indigenous Peoples lands, for use of uranium to make nuclear weapons, as well as today, nuclear energy. This is a form of institutionalized racism, and also environmental racism. It is also nuclear colonialism which caused a lot of contamination and impacts to people by weapons testing.”
She further stated that “In the whole world, uranium mining happens mostly on Indigenous Peoples lands. We do not have an exact number but we estimate that 70% of uranium mining happen on Indigenous lands. Many of the weapons tests were also done on Indigenous Peoples lands.” [France tested their atomic bombs in Tuareg territory in Algeria, until 1967, then in Mururoa, in ‘French’ Polynesia. Then, the national uranium company – which has changed names several times – destroyed the Tuareg territory in Northern Niger].
She also pointed out that most weapons testing occurred in Western Shoshone territory, in Nevada. When media mention it, they always call the region the ‘Nevada Desert’, neglecting to mention the fact that it is still the territory of Indigenous communities, mainly Western Shoshone, but there is also a Paiute reservation nearby the testing area. Leona: “There were over 900 tests done in that area,” “and I want to say that a friend of mine, Ian Zabarte, explains that, as Indigenous people, they cannot go back to their homeland, because of the contamination.” [In the early 1960’s, they also tested bombs on the Island Bikini, which is still unhabitable today. Strange enough, the name became fashionable for sexy bath suits and a silly popular song].
Talking about the history of nuclear colonialism, she said “I shall start from the beginning of the systematic way that racism and genocide have become a law. There is a document that was created in 1493, called ‘The Doctrine of Discovery’. I am wondering how many of you know of that document? Most of the time maybe one or two people raise their hands, there are more than one or two here, so that’s great!” She further explained that the document – as a matter of fact a ‘Papal Bull’ – was created in Europe, in order to give the Church blessings to colonialism: “this was a document that was created here in Europe, that basically started to open ways to colonization of lands in different parts of the world. And then this is what allowed the various countries to take lands, to take people, to enslave people and to kill people. The idea was that Indigenous people are not really human, that we are less than human, so therefore it is okay to take our land and commit genocide in the name of, at the time, Christendom or to promote the Church. It’s okay because we don’t have rights as others, we are not humans, it’s the idea. So, moving forward in the United States, this was also used as the foundational papers for the United States and other countries.”
She then described the different periods of the policy of European settlers towards Native Americans: “At the beginning – the founding of the United States – they created what is called the federal Indian periods. So, in the United States, at the beginning, the first Indian period was Removal. So, when the western settlers came in, they wanted to move on the land. In order to clear the land, that meant clear the land of the people, which is legalized genocide. And also, Relocation, which was pushing the Indigenous Peoples westward. Later, they moved to what was called Assimilation, where they took young Indigenous children to western schools, where they were forced to speak English and change their way of life.” As well in the United States as in Canada, children were kidnapped from their family and put in Indian Boarding schools, where they were very badly treated – close to torture – and many of them died. Recently, many Indigenous people in the United States and Canada started to talk about their parents’ stories in those school, and to make it to the media. [The same happened, and was still happening not so long ago, in French Guiana].
Leona then named other tools that were used for colonization, such as railroads and mining, and the creation of ‘Tribal governments’: “there was also the creation of what we call ‘tribal governments’, which is a typical type of western government that was not natural to our people. These western governments often do not promote the will of the community people, most of the time they are puppets of the federal government.” She added “at the beginning, they were often puppets of the United States, but today there is a move toward decolonization. These western governments, in the beginning focused more on capitalism and things that were no part of our traditional ways of living. In the last 50 years, there has been a great change, for tribal governments, to create our own laws that are for the protection of our traditional ways, our sacred sites, our human rights, and it is getting stronger and stronger every day.”
For Europeans who believe that most Indigenous people are extinct, (‘killed by John Wayne’,) she stated “I just want to remind everybody that right now in the United States, there are hundreds of Indigenous Peoples. In North America – we call it Turtle Island – there are many, many, many Indigenous Nations that are still alive and speaking our own languages, and practicing our traditional ways today. Of course, there are also many Indigenous Peoples in South America and other parts of the world who are practicing their cultures until today. In the United States, there are 573 Nations that are recognized by the federal government.”
She then said that, in her presentation, she would focus on her own community, the Navajo Nation, but also talk about the neighbors around, tribes known as ‘Pueblos’, who are also impacted by uranium mining and nuclear activities.
She first explained where her community lives, pointing out the difference between what is now called the Navajo Nation (originally the Reservation) and the traditional land of the Diné, between four sacred mountains.
She then mentioned the transport issue – of uranium ore, contaminated water, waste – an issue that made local activists create the Haul NO! campaign, about which she told more later. A map was circulated among the audience:
She further went to “explain a little bit more, about the difference between the western government and the traditional people. It is a very important thing to understand that we call ourselves ‘Diné’, but our government is called ‘Navajo’. To be Diné and to live as a Diné, is to continue the way our ancestors lived. The community at home often is more concerned about protection of our Mother Earth, because this is our home, and if we damage our Mother, then we also will suffer. However, the Navajo Nation as a government was created by outside forces and was more concerned with economic development. This included resources extraction, as you can see on the flag, some oil drilling operation, and other forms of economic development.”
Although the focus of her talk was on uranium mining, she also mentioned other types of extraction impacting the Navajo Nation, mainly coal mines and coal fired power plants, as well as fracking for gas and oil. “There are many, many frontline communities that are directly impacted by different types of resources extraction.” She pointed out that the strategy of community people is quite different of that of big NGO’s. “There are many, many frontline communities that are directly impacted by different types of resources extraction.” She added “I speak here today as an Indigenous person who works on these issues, but I do not consider myself an environmentalist. I am an Indigenous person working to protect our Diné lands and culture.” She went on explaining in which ways the environmentalists differ from Diné people: “The perspective of many environmentalists is to separate themselves from the environment, but we view the Earth as our Mother and coal is the liver of our Mother, we are protecting the Earth as a living, breathing entity. So, we are part of the Earth, we are from the land, so we consider the elements and places on the land as sacred. We consider coal as the liver of our Mother, water is like her blood, and the same goes for uranium, it is also a part of our Mother and should not be taken out but left in the ground. The place where I come from is also being impacted by a lot of fracking. Some of you may know of Chaco canyon, it is also a place impacted by fracking.”
Uranium mining in Navajo Land
“I shall look into uranium mining now. Just keep in mind where there is uranium mining in my people’s land there is also coal and fracking as well. How many of you are aware of the uses of uranium? Do you understand what uranium is used for? [They all raise their hands]. Sometimes people do not understand that uranium is used for both weapons, which is for imperialism and oppression, and the energy, now also a big issue because of climate change. And we know this year is a big year because it is the 75th anniversary of the first nuclear weapon test and the two nuclear bombs that were dropped in Japan. The first nuclear weapon test was in New Mexico on July 16th 1945. I live in New Mexico and my family has been in New Mexico for many, many generations. The country that have the most uranium is Australia. And this is where the uranium is in the United States. So, my people live here, in this region, this is Arizona and this is New-Mexico. And you can see there is uranium in Wyoming, and South Dakota, and Texas as well. The use of uranium from the 1940’s to the 1980’s was mainly for weapons, before nuclear energy, 100% of uranium was for weapons. During the time of the manufacturing of weapons, the United States mined uranium all over the country and did not have any laws to clean up the uranium mines. One of the laws in the 19th century was a mining law that helped to colonize the United States. That law is still used today, and, again, it did not require the cleaning up of the mining. So, today there are over 15000 abandoned uranium mines in the United States. There is over 600 000 abandoned mines of various minerals, but 15000 that are uranium.”
Most uranium mines are in an area between Utah and Colorado, and also in the area in New Mexico around the sacred Mount Taylor, near Grants.
Then, Leona explains that uranium comes from deep in the earth and naturally moves up toward the surface. That happens, of course, in millions of years, but because of mining, it moves more and much quicker. When it is exposed to oxygen, it changes chemically and moves in the environment. When it rains, it can move to places where people live and go into the water ways. Leona, showing a picture, says “This is a mesa, a rock in Monument Valley. This rock is in an area where there was a mine”, “the waste came down the rock and it goes down by houses.”
“On our Navajo Nation, on our people’s land, we have 523 abandoned uranium mines.” The tribal government, working with the federal government, said that they cleaned up about 200 mines.” The work stopped because of lack of funds, cleaning being much more expensive than what they had first thought. Leona: “They tried to find old companies and tried to make them pay. Many of those companies no longer exist, but some companies were bought by bigger companies such as General Electric. So, when the tribe or the federal government find these companies, they try to hold them accountable to pay for some of the old mess. But I learned, about two weeks ago, that 200 or so have been cleaned up, and now they say there is no more money for the other 300.” Leona adds that mining is only one part of the nuclear fuel chain. The second part is processing. “A mill is much dirtier than a mine, because it is where they use chemicals to separate the uranium from the rock.” Nowadays, there is only one uranium mill still operating in the United States, in South Utah, on the land of the community of Ute Mountain Utes.
The Church Rock Disaster in 1979
Then, Leona talked about the Church Rock disaster, the biggest nuclear disaster in the history of the United States, although it got very little press coverage, as compared to the Three-Miles-Island accident, which happened the same year. “On July 16th, the same day as the Trinity test, but in 1979, there was an accident at this uranium mill.” There were two uranium mines there, which had been operated from the 1950’s to the late 1970’s, early 1980’s. The uranium ore was processed in the mill nearby. The mill produced waste, the liquid waste being stored in a tailings pond. “The tailings pond was closed by a dam that was made of clay, to keep the water inside of the dam. The dam had a crack in it, the company knew this, but they kept putting in more and more waste. About 5.30 in the morning, on July 16th, the dam broke. More than 90 million liquid gallons of radioactive waste flowed out of the tailings pond. It went into this little ditch. The river was dry, there was no water. When the water came from the tailings pond, it got into the river and flowed over 100 miles into Arizona.” The area is still contaminated. In July 2015, a Navajo scholar, Tommy Rock, in the course of his research, found out that the drink water of a Navajo community in Sanders, at the border between Arizona and New Mexico, was radioactive. Exceptionally, the Rio Puerco had water in 2015. The area of the old mill had been watched by the EPA, but the water of the river had never been studied.
Fighting uranium mines since 2007
Leona started her work with fighting a new uranium mine in 2007. The new mine was to be situated near where her family lives. [Crownpoint, see map below]. The company claimed they were going to use a new type of mining called ‘In situ leaching’. Uranium ore found in aquifers does not dissolve naturally. Thus, this process means injecting chemicals (poisonous too) into the aquifer to loosen the uranium. Then, they pump and filter the water to get the uranium. Of course, the water they leave in the aquifer is radioactive. People had been fighting against the project for some time, Leona got involved in 2007, when she was a student. They were lucky to manage to stop the project. (However, people usually manage to stop uranium mining projects when the price of uranium on the world market is low. Many mines which got a permit to start extracting uranium are still waiting for the price to go up). Still, Leona is optimistic about that victory, she says “Our belief is that if we can stop uranium mining, we can also stop nuclear weapons and nuclear energy.” But she pointed out that even after cleaning up, the land is never the same. And, those changes affect their entire way of life. In the Church Rock community, sheep have been affected too, and Navajos eat a lot of sheep meat. Diné students are doing studies about the effects of the contamination and recommend to eat only the meat, but not the organs – which used to be quite common, and delicious! “So, you can see this issue spans not only the environment but food sovereignty as well as reproductive justice and so many issues.”
Leona’s work with Radiation Monitoring Project
Leona thus started a project called “Radiation Monitoring Project”, which is mainly an educational project. She says “Part of the work I do is mostly popular education.” The group had to gather data and make pictures on how radiations get in people’s body. Radiations mostly impact women and children, most of all the unborn children. For the ‘Radiation Monitoring Project’, they raise money to buy Geiger counters which people can borrow for as long as they need, to measure the radiations in their community. The training they give is designed for each community, according to their needs. Some communities are impacted by uranium mines, others by nuclear reactors or a uranium mill. They provide education and tools at no cost.
Fighting the whole nuclear cycle
“We talked a lot about the past mining that was used for weapons, but now there are many, many new threats from the nuclear cycle.” Leona showed a picture of the Navajos’ sacred mountain of the south, Mount Taylor, Tsoodził in Diné. The mountain is sacred to all local Indigenous Peoples. The Acoma who live nearby call it ‘Kaweshti’. They are one of the closest communities to the mountain. They depend on it for the water that comes down from it. The area is full of abandoned mines. At the moment, there is no uranium mining in New Mexico, but there are proposals for two uranium mines on Mount Taylor. [At a time, AREVA was involved]. Another proposal for mining at a sacred site is the Canyon Mine, in Arizona, near the Grand Canyon. The company at Canyon Mine, Energy Fuels, also has a project called Roca Honda, at Mount Taylor.
The ‘Haul NO!’ campaign
In 2015, anti-nukes activists started a campaign called ‘Haul NO!’. For Americans, it sounds as ‘Hell, NO!’ The campaign was about the transport of uranium from Canyon Mine to the processing mill in Utah, through the Navajo Nation. Leona said “We worked together with the different Indigenous peoples in this campaign. It is an Indigenous led fight with support from many non-Indigenous allies, supporters and other folks.” The focus of the campaign was to create awareness and action. They started at the mill in Utah. They stopped at communities and did workshops on the way. Many people became aware of the problem because of the campaign. The company claimed that they were not moving any uranium, but the activists managed to catch them. They also managed to make a video showing the reality of what was happening at Canyon Mine:
They got support from the Sierra Club, but the company did not get in trouble. “The government agency changed the permit to include this.” The mine is only 6 miles away from the Grand Canyon. The Havasupai community, which lives in the Grand Canyon, depend on the water coming down and fear that the sources are contaminated. They also have their sacred site, Red Butte, 4 miles away from the mine. They also use the place and the water sources for ceremonial purpose.
THE WIPP AND WCS
The WCS is a dump for less radioactive waste, in Texas, on the border with New Mexico. The company wants to build a new waste dump there to take about half of the reactors waste in the United States. The WIPP is a Waste Pilot Project. Now, the biggest fight is against a company called Holtec. They are trying to build a dump for much more waste. Holtec buy waste to be recycled or enriched to make money out of it. The authorities of New Mexico are against dumps, but friends of the company are trying to change the law in Congress. New Mexico only has two Senators and three Representatives in Congress, which means very little political power. However, opponents have a national network of activists working together. What happens in the United States and many other countries with nuclear energy, is that there is a lot of very dangerous waste and nowhere to put it. Leona then talked about her visit to Bure, on invitation from Pascal Grégis, member of the CSIA, as well as her visits to German friends also fighting nuclear waste. She says “The thing we all need to work on, I think, is to stop making nuclear waste, stop making nuclear weapons, stop making nuclear energy, stop uranium mining, and this will require a lot of working together.” Unfortunately, there are now many divisions in the fight, the weapons fight is separate from the energy fight. Moreover, “As Indigenous Peoples we are also dealing with racism and other issues when we talk about nuclear colonialism.”
One issue is climate change. Western leaders and companies claim that nuclear energy is carbon free, which is not true. “They only count the carbon from the reactor, and they say ‘oh it’s just steam, there is no carbon’. They don’t count the mining, the milling, the enrichment, and all the steps that make the fuel. They don’t count the transport, and they don’t count the waste storage, which is radioactive for millions of years.”
As a conclusion, Leona said that we have to figure out a way to push changes. This can only be achieved by knowing the problems, and knowing and educating the impacted communities.
“We need to support one another in solidarity and to unite our fight all together. And, very important is to respect each other’s culture. I think that when we work together, we might understand one another and this can be done by sharing our stories. For the protection of sacred sites, the protection of water, the protection of life, for our future generations.”
LEONA MORGAN, DINÉ, UNE VIE CONTRE LE NUCLÉAIRE
D’après une interview de Leona Morgan
Albuquerque, Nouveau-Mexique
21 septembre 2017
Par Christine Prat
Traduction Christine Prat
Les Territoires Autochtones du sud-ouest des “Etats-Unis” ont été, et sont encore, dévastés par l’extraction d’uranium et les usines de traitement depuis les années 1940, et surtout durant les années 1950 et 1960, pendant la Guerre Froide. Aucune mesure de sécurité n’avait été prise par les compagnies privées, qui ne cherchaient que le profit. De nombreux mineurs, pour la plupart Navajos, et des membres de leurs familles sont morts de cancers et autres maladies. Dans les années 1980, le prix de l’uranium s’est effondré, la plupart des mines ont été abandonnées – mais pas décontaminées. En 2006, le prix de l’uranium a de nouveau explosé. Les compagnies minières ont cherché à rouvrir les mines. Leona Morgan, une jeune Diné [Navajo], dont la famille a été directement touchée, consacre sa vie à organiser les gens contre l’uranium et le nucléaire depuis des années. Actuellement, elle travaille aussi avec des organisations internationales. En novembre 2017, elle est venue à Paris pour des réunions, puis elle s’est rendue à Bonn, pour la COP23, afin d’attirer l’attention sur la question nucléaire, laissée de côté par les participants officiels des COP de ces dernières années, qui veulent limiter la portée de ces évènements à la lutte contre le CO², afin de promouvoir l’énergie nucléaire, en tant que soi-disant ‘énergie propre’. J’ai rencontré Leona en septembre 2017, elle m’a fourni beaucoup d’informations sur son travail (bénévole) et les problèmes d’uranium et de nucléaire au Nouveau-Mexique, où elle vit. En ce moment – printemps 2018 – elle-même et d’autres personnes et groupes anti-nucléaire luttent principalement contre un projet d’enfouissement de déchets extrêmement radioactifs, dans le sud-est du Nouveau-Mexique.
ALBUQUERQUE, Nouveau-Mexique, 21 septembre 2017 – Une jeune Diné parle de sa vie et de son travail contre le nucléaire et les mines d’uranium.
“Je m’appelle Leona Morgan. Je travaille sur les problèmes d’uranium depuis environs dix ans, et j’ai commencé à travailler sur les problèmes nucléaires depuis à peu près cinq ans. Dans l’état du Nouveau-Mexique, nous avons plusieurs sites nucléaires. Mon travail se concentre sur les communautés Autochtones. J’ai commencé à organiser les gens à l’université, il y a peut-être 15 ans.”
A l’époque, elle s’est impliquée, comme étudiante, dans une organisation appelée le Conseil SAGE, qui défendait un site sacré, le Monument National des Pétroglyphes, à l’ouest d’Albuquerque. La ville voulait s’étendre, mais elle est limitée à l’est par la montagne, au sud par la Nation Pueblo d’Isleta, et au nord par les Pueblos Sandia. Donc, les autorités voulaient l’étendre vers l’ouest, aux dépens du Monument National des Pétroglyphes. “Pete Domenici (Républicain), un de nos représentants au Congrès, a sacrifié une partie du Parc National, il l’a soustraite au contrôle fédéral pour l’attribuer à la ville. Ils ont fait passer la décision comme amendement d’un projet de loi du Congrès, qui a été adopté pour aider la Bosnie-Herzégovine.” Leona ajouta “C’est comme cela que j’ai appris comment s’organiser, par la protection des pétroglyphes. Ainsi, j’ai entendu parler des Sites Sacrés, j’ai entendu parler de la construction des mouvements Autochtones, et puis, aussi, j’ai appris la différence entre l’organisation et le militantisme. Puis, j’ai rencontré énormément de gens, à Albuquerque et dans l’état. Ils m’ont mis sur la voie, pour avoir des relations avec des organisateurs, des Peuples Autochtones, et c’est comme cela que j’ai commencé, à Albuquerque.”
Puis, en 2007, Leona entendit parler de l’extraction d’uranium, et assista à des réunions sur la question.
“… au début des années 2000, ma grand-mère est morte d’un cancer du poumon. Nous étions très surpris, nous nous demandions comment elle pouvait avoir un cancer du poumon, elle ne fumait pas. Et ce n’était pas quelque chose de courant, donc elle est morte, sans savoir pourquoi elle avait un cancer. Ça s’est passé ici, à Albuquerque, à l’Hôpital Universitaire du Nouveau-Mexique, quand j’étais étudiante. J’habitais à la résidence universitaire, donc je rendais visite à ma grand-mère. Quand elle est morte, nous ne savions pas quelle était la cause.
Environs six ans plus tard, j’ai entendu parler de l’extraction d’uranium, après avoir terminé mes études. Ils ne nous apprennent pas l’histoire de l’extraction, ils ne nous apprennent pas rien sur les problèmes nucléaires du Nouveau-Mexique, au lycée ou à l’université.”
“Alors, après avoir terminé mes études universitaires, j’ai entendu parler des mines d’uranium, et j’ai été absolument convaincue que c’était ce qui avait tué ma grand-mère. A la même époque, une de mes tantes a eu un cancer des seins, ils lui ont enlevé les deux, et j’ai pensé que ce devait être à cause des mines d’uranium. Une autre tante – mon oncle, son mari, avait été mineur dans une mine d’uranium – a eu une maladie des reins. C’est aussi quelque chose qui peut être causé par l’extraction d’uranium. Ils attribuaient la maladie au fait que les femmes lavaient les vêtements contaminés de leurs maris, alors elle a dû ingérer de l’uranium comme cela. Et elle est morte, je suis convaincue que c’était aussi à cause de l’uranium…”
D’autres membres de la famille sont morts de cancers, mais vu la période de latence, c’est difficile de prouver que c’était à cause de l’uranium. Les compagnies essaient toujours de nier leur responsabilité dans les maladies qui touchent les régions minières. De plus, les compagnies fusionnent, sont vendues, achetées, changent de noms et même de nationalité, et peuvent rejeter la responsabilité sur leurs prédécesseurs pour ce qui est arrivé dans le passé.
La famille de Leona est de la région de Crownpoint, à l’est de la Réserve Navajo, au Nouveau-Mexique. C’est dans cette région que les compagnies minières voulaient à nouveau extraire de l’uranium en 2006. Il y a eu un projet de mine d’uranium à Crownpoint.
Leona est allée à sa première réunion sur l’uranium en 2007. Cette réunion portait sur l’extraction d’uranium sur le Mont Taylor, près de Grants, au Nouveau-Mexique. Le Mont Taylor est une des quatre Montagnes Sacrées pour les Diné, une des limites du Territoire Diné, Dinetah. Il est également sacré pour d’autres Nations Autochtones de la région, qui veulent toutes protéger le Mont Taylor. Actuellement, le territoire de la Nation Navajo se trouve en grande partie au nord de l’Arizona, débordant un peu dans le sud de l’Utah et le nord-ouest du Nouveau-Mexique. Au Nouveau-Mexique, il y a aussi 19 Nations Pueblo, principalement le long du Rio Grande. Les Pueblos ont unifié leur gouvernement, leurs dirigeants se rencontrent une fois par mois. En 2007, à la réunion à laquelle Leona a assisté pour la première fois, ils ont adopté une résolution contre l’extraction au Mont Taylor. Leona se souvient: “Je ne savais pas ce qu’était l’uranium, je n’en connaissais pas l’histoire, mais j’ai appris plus tard qu’il y avait eu beaucoup d’extraction d’uranium au Mont Taylor dans le passé, surtout pour la Guerre Froide, principalement pour les armes. Donc, il y avait beaucoup d’uranium ici. La raison pour laquelle nous avons demandé plus de protection était l’énorme boum du prix de l’uranium en 2006. Donc, les compagnies voulaient recommencer à en extraire. C’est ainsi que j’ai commencé à y travailler.” Mais surtout, Leona s’inquiétait pour la petite ville de Crownpoint, où vit sa famille. “Cette communauté est très petite, mais il y a un hôpital, des facultés, des écoles, des bureaux et des logements, et l’usine de traitement d’uranium était prévue exactement ici:
L’entreprise a commencé par projeter d’extraire de l’uranium à Church Rock, dans les années 1980, et de le transporter sur plus de 72 km à l’usine prévue à Crownpoint. Church Rock, près de Gallup, au Nouveau-Mexique, est le lieu de la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis, qui s’est produite en 1979: une digue contenant un bassin de déchets nucléaires s’est rompue et les déchets se sont déversés dans la rivière Puerco. Lorsqu’ils ont décidé de reprendre l’extraction, ils ont prétendu qu’ils allaient utiliser une technique totalement différente, qui n’impliquait ni tas de déchets, ni bassins, ni digues: la lixiviation in-situ [en anglais, “leaching” signifie “infiltration”, mais les exploitants de mines d’uranium francophones préfèrent utiliser un mot que personne ne comprend – NdT]. Ça consiste à extraire l’uranium de la nappe aquifère. A l’état naturel, l’uranium colle aux roches et les eaux souterraines ne le dissolvent pas. La “lixiviation” in-situ se fait en injectant des produits chimiques dans la nappe aquifère afin de détacher l’uranium, puis en pompant l’eau et en filtrant l’uranium. Leona remarque: “Nous, nous ne sommes pas idiots, nous savions que si l’eau profonde est irradiée, ils la pompent, mais dès qu’ils font ça, ça se déplace, et notre eau souterraine est contaminée. Donc, nous nous sommes battus contre.”
En 2005, la Nation Navajo a adopté une loi interdisant l’extraction d’uranium. Cependant, Church Rock et Crownpoint se trouvent juste en dehors des limites de la Réserve Navajo, dans une région appelée ‘l’échiquier’. Leona dit “C’est d’où mes parents sont originaires, ils sont de cette région. C’est un chaos. Il y a beaucoup de pression dans cette région pour la fracturation hydraulique, il y a toutes sortes de minéraux, il y a de l’uranium, du pétrole, du gaz et du charbon.” Donc, la région appelée ‘l’échiquier’ a été divisée en petits lots, qui sont soi des propriétés privées, soi des terres d’Etat. Les Amérindiens considèrent que les terres – qui appartiennent à La Terre – ne peuvent pas être des propriétés, mais seulement utilisées en commun par les créatures qui y vivent. Cependant, les pays capitalistes ne reconnaissent pas les terres ‘d’usage commun’, mais seulement la propriété privée ou d’Etat. De plus, les gouvernements Américains croyaient qu’en faisant des Autochtones des propriétaires, ils pourraient les pousser à adopter le Mode de Vie Occidental. Ainsi, en 1887, les Etats-Unis ont adopté le ‘General Allotment Act’ [Loi d’Attribution Générale de Lots]. Cette loi divisait le Territoire Indien en petits lots, dont certains étaient attribués à des chefs de famille Autochtones (masculins), alors que d’autres devenaient terres d’Etat. Les lots attribués à des Autochtones et les lots d’Etat pouvaient être vendus à des propriétaires privés Blancs. En tant que propriétés privées, les petits lots passaient aux héritiers quand le propriétaire initial décédait, et pouvaient ainsi être divisés entre de nombreuses personnes, qui ne pouvaient pas en vivre. Certains Navajos ont soutenu le projet minier parce qu’ils voulaient de l’argent. Leona dit “Il n’y a pas beaucoup d’emplois, pas beaucoup d’écoles, pas beaucoup d’endroits pour faire les courses, les gens ne cultivent plus leur nourriture eux-mêmes, et vont au magasin pour l’acheter. Parfois, les gens n’ont pas beaucoup d’eau, et ils doivent aller quelque part pour acheter de l’eau. Souvent, les gens déménagent, quittent leur terre, et si une compagnie minière leur dit ‘nous voulons extraire de l’uranium de votre terre, et nous vous donnerons tant d’argent’, c’est facile pour les gens d’accepter. S’ils ne vivent pas sur leur terre, ça leur importe peu. Il n’y a pas beaucoup d’emplois, donc c’est de l’argent facile.” Dès que les compagnies ont acheté un terrain, elles peuvent obtenir une ‘exemption aquifère’ sous leur terrain, ce qui signifie que l’eau sous leur terrain privé est exemptée de la Loi sur la Sécurité de l’Eau. Alors que les permis (de polluer) sont normalement attribués pour un temps limité, ceux-ci sont éternels, vu que, comme dit l’Agence pour la Protection de l’Environnement, “une fois que vous avez exempté une nappe aquifère de la loi, vous ne pouvez plus la nettoyer”.
Leona se souvient d’avoir entendu ses parents parler du boom de l’uranium dans les années 1950. C’était la Guerre Froide, l’Etat avait besoin d’uranium pour les armes. “Mes parents disaient que des gens devenaient riches du jour au lendemain. Alors, les gens qui possédaient un terrain, ceux qui avaient reçu des lots, en bénéficiaient immédiatement, dès qu’ils avaient signé un contrat. Mais personne n’imaginait les impacts et les effets négatifs qui allaient durer toujours, la radioactivité, les cancers. Le cancer n’arrive pas comme ça: la période de latence est d’environs 20 ans. Alors, ils avaient empoché un gros chèque, mais 20 ans plus tard, ils avaient le cancer. Beaucoup de gens en sont morts.”
Dans les années 1980, le prix de l’uranium a baissé et la plupart des mines ont cessé d’être exploitées. Mais en 2006, le prix a recommencé à monter et les compagnies ont voulu rouvrir les sites dont elles étaient propriétaires. Depuis, les prix ont monté et descendu, mais la menace de réouverture des mines ou de l’ouverture de nouvelles, existe toujours. Leona a commencé à travailler contre les mines en 2007, à cause de la menace sur la région de Crownpoint.
En février 2014, elle a commencé à travailler avec Diné No Nukes, une organisation qu’elle a co-fondée et qui a pour but de créer “une Nation Navajo Délivrée de la Contamination Radioactive” – , et, en septembre 2014, pour le Projet de Contrôle des Radiations [Radiation Monitoring Project , qui a été fondé par Diné No Nukes avec deux autres organisations –, en décembre 2016 avec Haul No! et en juillet 2016 avec le Groupe d’Etude du Problème Nucléaire [ Nuclear Issue Study Group]. “Notre équipe consiste en trois personnes: David Kraft, Nuclear Energy Information Service; Leona Morgan, Diné No Nukes; Yuko Tonoshira, Sloths Against Nuclear States. Le groupe de David – NEIS – est de Chicago, Diné No Nukes est d’ici, quant à SANS, Yuko Tonoshira, qui fait la plupart de nos graphiques et dessins, s’y est impliquée après Fukushima. David a travaillé sur les problèmes d’énergie nucléaire dans l’Illinois, l’Illinois ayant le plus grand nombre de réacteurs nucléaires des Etats-Unis, 14 réacteurs. Et nous faisons appel à des instructeurs, à l’expertise de nos amis. L’une est Cindy Folkers, l’autre Lucas Hixon. Notre travail porte essentiellement sur l’éducation: Instructions sur les principes de base de la radioactivité et des radiations. Matériel pédagogique approprié. Instruments pour mesurer et informer sur les radiations. Traduire le jargon compliqué et scientifique de l’industrie en langage ordinaire et compréhensible.”
“Ainsi, nous, le Groupe d’Etude du Problème Nucléaire, nous formons une équipe ici, nous ne voulons pas que notre état devienne une ‘zone de sacrifice’, nous pensons que le Nouveau-Mexique ne devrait pas devenir la poubelle des déchets nucléaires de la nation.” Ce groupe diffère des autres organisations anti-nucléaires du Nouveau-Mexique par sa façon de travailler, la composition de ses membres, et les communautés qu’il essaie de toucher. “Il y a de très nombreuses organisations anti-nucléaires au Nouveau-Mexique, la plupart de leurs membres sont âgés, et beaucoup sont des hommes blancs âgés. Trop souvent, ces gens deviennent experts et travaillent beaucoup, mais ils ne partagent pas leurs connaissances de manière accessible, avec les jeunes. Ils voudraient peut-être impliquer des gens plus jeunes, mais ils ne sont pas organisateurs. Nous sommes organisateurs, nous sommes des artistes, des gens de la communauté.” Leona ajoute “Nous incorporons toutes nos cultures différentes, la plupart des dirigeants du groupe sont des femmes. Nous sommes aussi sensibles aux problèmes de la communauté LGBT, pas seulement à ceux des gens de couleur”. Le groupe est nouveau, “…nous sommes encore préoccupés par la façon dont nous allons travailler. Mais, parce que nous sommes nouveaux, nous avons beaucoup de flexibilité, et nous avons beaucoup d’occasions de faire de ce groupe ce que nous voulons qu’il soit. Parce qu’à l’heure actuelle, beaucoup de groupes ne savent pas comment se parler, ne s’aiment pas, tandis que nous, nous voulons travailler avec tout le monde.”
Actuellement, juin 2018, le groupe s’occupe essentiellement de la lutte contre un projet d’enfouissement de déchets nucléaires extrêmement radioactifs, dans le sud-est du Nouveau-Mexique. Officiellement, il s’agit d’un site ‘temporaire’, mais les opposants craignent qu’il ne soit permanent (voir article précédent).