Article publié sur le site d’Indigenous Action, diffusé par notre amie Leona Morgan, membre de Haul No! Il s’agit de continuer le combat de Klee Benally et des Autochtones de la région. Le premier article qu’il m’a donné à traduire concernait cette mine d’uranium, contre laquelle les Autochtones luttent depuis des décennies. Récemment, les propriétaires ont rebaptisé la mine « Pinyon Plain ». Ils l’ont longtemps appelée Mine du Canyon, mais les opposants ont trop fait savoir qu’il s’agissait d’une mine proche du Grand Canyon du Colorado, qu’elle se trouvait tout près de l’endroit où les visiteurs entrent, et surtout qu’elle menaçait les sources d’eau qui coulent des parois du Canyon et qui sont la seule source d’eau potable pour les Autochtones qui vivent au fond du Canyon. La petite ville appelée Pinyon est à quelques centaines de kilomètres de là…

Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Haul No!
9 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

MISE À JOUR URGENTE :

Nihi K’é dóó nihi Diné – Parents, amis, soutiens partout dans le monde, maintenant que nous avons observé le protocole culturel pour notre tant aimé Klee Benally, nous sommes prêts à continuer notre travail – continuer le travail de Klee – FERMER LA MINE PINYON PLAIN/CANYON MINE !!

Nous honorons sa détermination de protéger Notre Mère la Terre. Nous honorons son cri de guerre et son appel à l’action.

Nous n’arrêtons pas. Nous mettons au point la stratégie, l’organisation, la résistance. Nous devenons seulement de plus en plus forts!

Haul No! appelle Buu Van Nygren et la Nation Navajo à EXIGER LA FERMETURE DE LA MINE D’URANIUM PINYON PLAIN MAINTENANT !!!

Le 21 décembre 2023, Energy Fuels a publié un communiqué de presse déclarant que la production avait commencé à la Mine de Pinyon Plain. La Mine d’Energy Fuels est juste au sud de Grand Canyon et tout près du site Sacré de Red Butte – lieu d’émergence des Havasupai, enregistré comme Propriété Culturelle Traditionnelle des 11 Tribus Associées du Grand Canyon. Energy Fuels projette de transporter l’uranium à travers l’ouest des réserves Navajo et Hopi, jusqu’à l’usine de traitement de White Mesa, en pays Ute, près de Blanding, dans l’Utah.

Mardi 9 janvier 2024, Haul No! confirmait qu’Energy Fuels avait commencé à extraire et stocker du minerai d’uranium. Ils se sont préparés pour le transport par route, mais n’ont pas encore commencé à le faire.

Si le transport commence, Energy Fuels a l’intention de faire partir 12 camions par jour, chacun transportant 30 tonnes de minerai d’uranium, de la mine à l’usine. Energy Fuels n’est pas obligé légalement d’indiquer sur les camions ce qu’ils transportent. Le minerai sera seulement couvert de toile cirée. Aucune entité n’a été identifiée pour intervenir en cas d’urgence, appliquer la loi ni pour décontaminer.

Ça viole la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium dans les terres Diné.

L’usine de White Mesa est la propriété d’Energy Fuels, qui assure son fonctionnement, et la seule usine des soi-disant Etats-Unis à avoir une licence pour traiter le minerai d’uranium.

C’est un moment crucial pour agir!

Il y a des développements internationaux et nationaux qui accroissent le risque d’une nouvelle vague d’extraction d’uranium :

Le prix de l’uranium est le plus haut depuis 2006-2007 ; et les Etats-Unis ont approuvé la Loi sur la Sécurité du Carburant Nucléaire (plus de production d’uranium) ; et à la COP28 à Dubaï, les états/industries du nucléaire ont appelé à tripler l’énergie nucléaire au niveau mondial d’ici 2050.

NOUS NE VOULONS PAS D’UN NOUVEAU BOOM DE L’URANIUM!

Nous faisons appel à vous tous pour AIDER À FAIRE COMPRENDRE, DIFFUSER LA PRISE DE CONSCIENCE, SURVEILLER LES MINES+LES ROUTES pour la protection de Nihímá Nahásdzáán, du SOL et de l’EAU, nos communautés et les générations futures.

Rejoignez-nous pour EXIGER que nos gouvernements coloniaux FERMENT PINYON PLAIN MAINTENANT !

EXIGEZ DU PRÉSIDENT BUU ET DE LA NATION NAVAJO D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Gouverneur Hobbs d’Arizona D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ de la Secrétaire à l’Intérieur Haaland D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Président Biden D’AGIR MAINTENANT!!

Ahéhéé Nitsáágo pour votre soutien !

Suivez les mises à jour sur haulno.com et nos médias sociaux!

#SHUTDOWNPINYONPLAN!
#HAULNO! uranium dans nos communautés!
#endnuclearcolonialism! #nonaucolonialismenucleaire!

#waterislife! #leaucestlavie!

Klee Benally
20 juillet 2023
Publié par Indigenous Action
Traduction Christine Prat

Nous avons vu ce film, après un conflit sur les médias sociaux avec des apologistes du nucléaire, qui nous accusaient d’être mal informé, n’ayant pas vu le film biographique de Christopher Nolan… (et si vous ne l’avez pas déjà lu, voir l’article initial pour le contexte).

Klee Benally

‘Oppenheimer’ est une glorification du « génie complexe » et des ambitions d’hommes blancs prenant de terribles décisions qui mettent le monde en péril.

Beaucoup ont fait remarquer que le film n’est pas une glorification, cependant, Christopher Nolan lui-même dit, « Que ça plaise ou pas, J. Robert Oppenheimer est la personne la plus importante ayant jamais vécu. »

Certains d’entre vous ont peut-être même éclaté de rire pendant la scène où Truman demande à Oppenheimer ce qu’il pensait que le sort de Los Alamos devrait être et que « Oppie » réplique « Rendez la terre aux Indiens. » Mais hélas, le paysage ravagé accueille aujourd’hui un « Festival Oppenheimer » de 10 jours. Pour souligner la déconnexion des héritages, une petite commémoration, près du site de la fuite de Church Rock, a également eu lieu le jour anniversaire de la détonation Trinity, à quelques centaines de kilomètres. Oui, quelle glorification ?

Le film est essentiellement un western à la John Wayne. Ça aurait très bien pu s’appeler « Le Jugement du Sheriff de Los Alamos. »

Oppenheimer monte à cheval avec un chapeau noir et arrache un poster d’un pilier de clôture. Puis il se lance dans un débat sur l’ « impact du gadget sur la civilisation. » Pour répondre à la question de comment des scientifiques peuvent justifier l’utilisation de la Bombe Atomique sur des êtres humains, Oppenheimer déclare « Nous sommes des théoriciens, oui, nous imaginons un futur et ce que nous imaginons nous horrifie. Ils n’en n’auront pas peur jusqu’à ce qu’ils la comprennent et ils ne la comprendront pas tant qu’ils ne l’auront pas utilisée. Quand le monde apprendra le terrible secret de Los Alamos, notre travaille ici sera d’assurer une paix que l’espèce humaine n’a jamais vue. Une paix fondée sur la coopération internationale. »

Nolan confectionne le seul narratif qui compte pour sa tentative de rédemption historique, il dépeint Oppenheimer comme une victime. Tandis que, peut-être, certains pas autant dépolitisés que Nolan y ont fait allusion dans des interviews (comme la politique de loyauté américaine et la Terreur Rouge qui dirige le drame), les conséquences des armes et de l’énergie nucléaires sont à peine prises en considération (voire pas du tout, si on considère le problème). C’est un déshabillage politique des plus insidieux et le film n’en est que pire.

Le film se préoccupe plus de construire et disculper Oppenheimer comme victime du MacCarthisme que des effets de la bombe atomique et de son héritage mortel de colonialisme nucléaire. Comme il est dit, il y a « un prix à payer pour être un génie. » Tout le reste n’est que notes dramatiques. Nolan donne à Oppenheimer l’audience du public qu’il estime lui avoir été déniée, pour finalement prouver qu’il était un patriote américain. À la fin, la question « le monde vous pardonnerait-il si vous le laissiez vous crucifier ? » compte plus que toutes autres considérations. Le film pose le problème « science contre militarisme » pendant que le monde et les Peuples Autochtones continuent de souffrir des conséquences permanentes des armes et de l’énergie nucléaires en silence. Un silence mortel, plus assourdissant que le portrait cinématographique de l’essai Trinity par Nolan. Mais hein, il y a même une minute d’acclamations après l’essai.

Nolan nous fait écouter la radio pendant que deux villes sont détruites et que des centaines de vies sont arrachées. Nolan continue de pointer sa caméra sur le visage de son acteur principal pendant que les horreurs de sa bombe sont montrées sur des diapositives. Simplement, Oppenheimer s’en détourne. Que devons-nous savoir de plus sur ce film ?

15 000 mines d’uranium abandonnées empoisonnent nos corps, nos terres et notre eau. 1000 bombes ont explosé sur les terres des Shoshones de l’Ouest… la liste continue (nous ne nous arrêtons ici que parce que nous en avons déjà dit beaucoup dans notre article d’origine). Tous oubliés et condamnés à souffrir dans un silence catastrophique. Des films comme ‘Oppenheimer’ ne sont possibles que parce que les gens continuent à détourner leur regard de la réalité mortelle des armes et de l’énergie nucléaires.


Klee Benally, réalisateur et musicien Diné, dit: “J’annonce avec enthousiasme ma première courte vidéo en réalité virtuelle, ‘Poise/End'”. Elle sera installée au Centre Coconino pour les Arts, dans le cadre de l’exposition Hope and Trauma in a Poisoned Land [Espoir et Traumatisme sur une Terre Empoisonnée], qui aura lieu du 15 août au 28 octobre 2017. (Photos Klee Benally)

 

ESPOIR ET TRAUMATISME SUR UNE TERRE EMPOISONNEE

 

Par le Conseil des Arts de Flagstaff (Arizona)
Centre Coconino pour les Arts
Publié sur Censored News
Le 4 août 2017
Traduction Christine Prat

 

Espoir et Traumatisme sur une Terre Empoisonnée montrera l’impact de l’extraction d’uranium sur les terres et les habitants Navajos. L’exposition présentera des œuvres de plus de deux douzaines d’artistes, Navajos et Autochtones. Le samedi 12 août, il y aura une Réception pour les membres du Conseil pour les Arts. L’exposition sera ouverte au public du 15 août au 28 octobre 2017.

Par l’intermédiaire des artistes participants, Hope and Trauma fera connaître des histoires et points de vue de Navajos sur leurs expériences résultant d’impacts radioactifs, sur leurs corps, leurs terres, leur eau, leurs animaux, et les objets et matériaux naturels qu’ils utilisent dans la vie quotidienne. Les œuvres d’art auront pour base une série d’interactions, d’histoires relatées, et de programmes éducatifs qui ont eu lieu à Cameron et à Flagstaff, en Arizona, en octobre 2016. Les artistes ont participé à un programme éducatif de quatre jours, au cours duquel ils ont été immergés dans le paysage où l’uranium a été extrait et où la pollution radioactive s’est produite, dans la Nation Navajo. Ils ont appris de membres de la communauté Navajo, de scientifiques, de professionnels de la santé, de spécialistes de la santé mentale et autres experts, ce qu’étaient les impacts de l’extraction d’uranium.

Cette exposition de grande envergure est financée en partie par une subvention du National Endowment for the Arts [Fonds National pour les Arts].


Chip Thomas

 

De 1944 à 1986, près de 30 millions de tonnes de minerai d’uranium ont été extraites des terres Navajo. A l’époque, les mineurs Navajos et les habitants n’avaient pas été informés des effets sur la santé du travail dans les mines, ni de l’impact sur les terres. De nombreux Navajos sont décédés d’insuffisance rénale ou de cancers à cause de la pollution par l’uranium. Des recherches par les Centres pour le Contrôle des Maladies montrent qu’il y a encore de l’uranium dans le corps de bébés nés aujourd’hui.

Il y a plus de mille mines d’uranium abandonnées dans la Réserve Navajo, en Arizona, en Utah et au Nouveau-Mexique. Des centaines se trouvent à moins de 80 km de Flagstaff, et à Cameron, en Arizona. Le gouvernement fédéral a récemment accepté de consacrer plus d’un milliard de dollars pour nettoyer 94 mines abandonnées dans la Nation Navajo. Le coût d’un nettoyage de toutes les mines abandonnées est vraisemblablement trop élevé pour être calculé.

 

Hope and Trauma in a Poisoned Land est organisée en partenariat entre le Siège du Chapitre de Cameron, dans la Nation Navajo, le Conseil pour les Arts de Flagstaff, le Programme pour la Santé Environnementale Communautaire de l’Université du Nouveau Mexique, et l’Université du Nord de l’Arizona [à Flagstaff].

Les partenaires du projet ont suivi le modèle bien établi pour des expositions artistiques, qui a commencé avec Fires of Change [expo présentée par le Conseil des Arts de Flagstaff en 2015]. L’exposition a aussi compris un entrainement d’une semaine pour les artistes participants, sur l’écologie des forêts et le feu, donnant aux artistes des informations sur la taille et la fréquence des incendies dans le Sud-ouest américain, et plus particulièrement dans le nord de l’Arizona. Ceci assure que les artistes participants ont été suffisamment informés du problème complexe posé par l’extraction d’uranium, avant de créer des œuvres pour l’exposition.

Hope and Trauma comprendra plusieurs séances informatives qui seront planifiées au cours de l’exposition.

 

kleeuranium1-11-2016
Voir vidéo plus bas

 

MINE D’URANIUM PRES DU GRAND CANYON DU COLORADO: MENACE IMMINENTE POUR UN SITE SACRE HAVASUPAI & DES COMMUNAUTES DINE (NAVAJO)

 

Par Klee Benally
Indigenous Action Media
1er novembre 2016

 

Grand Canyon, Arizona – Le 13 octobre 2016, le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona (ADEQ) a accordé trois permis controversés, relatifs à la qualité de l’air, à des mines d’uranium près du Grand Canyon. L’extraction d’uranium profanera des sites sacrés et intoxiquera encore plus des communautés déjà affectées depuis des décennies par des mines d’uranium abandonnées encore radioactives.

« Notre Mère la Terre est très précieuse, tout ce qui vit en dépend, » dit le président du Chapitre de Cameron, Milton Tso, « l’uranium appartient à notre Mère, c’est en elle et devrait y rester. Il va y avoir une bataille, je vous garantie qu’il va y avoir une bataille, de ma part et de celle de tous les autres, si ce minerai arrive dans notre direction. »

« Nous sommes furieux de ce que l’ADEQ ait approuvé les permis concernant la qualité de l’air. » dit la membre du conseil Havasupai Carletta Tilousi, « Bien que nous ayons toujours eu une position ferme sur la protection des terres et des sites sacrés, une fois de plus, l’état d’Arizona s’abstient de protéger nos territoires du Grand Canyon en continuant à accorder des permis relatifs à la qualité de l’air. Nous sommes très déçus par le Service de la Qualité de l’Environnement. »

La compagnie Energy Fuels Resources, Inc. (EFRI) gère trois mines d’uranium avec des baux du Service des Forêts des Etats-Unis, sur des terres publiques près du Grand Canyon. Les mines EZ et Arizona 1 sont situées au nord du Parc National du Grand Canyon, et la Mine du Canyon est située à environs 10 km au sud du Parc. Les opérations à la mine Arizona 1 ont cessé, mais l’uranium est toujours entreposé sur le site et transporté à l’usine de retraitement de la compagnie, à White Mesa, en Utah. Les mines d’Energy Fuel EZ et Canyon sont actuellement en cours de développement.

 

LE MINERAI D’URANIUM DE LA MINE DU CANYON DEVRAIT ETRE TRANSPORTE DANS DES CAMIONS DE 30 TONNES, JUSQU’A 25 FOIS PAR JOUR, SUR 400 KM, PAR FLAGSTAFF, CAMERON, TUBA CITY, KAYENTA ET MEXICAN WATER, A L’USINE DE LA COMPAGNIE, A WHITE MESA, PRES DE BLANDING, EN UTAH.

 

La seule protection contre la pollution radioactive, pour les communautés le long du trajet, seraient des bâches goudronnées recouvrant le minerai radioactif.

Bien que la Nation Navajo ait interdit l’exploitation et le retraitement de l’uranium depuis 2005, rien n’empêche le transport de ce matériau dangereux en territoire Diné. L’interdiction de 2005 était largement due aux centaines de mines d’uranium abandonnées qui empoisonnent la réserve.

Des régions comme celle de Cameron continuent de faire face à un taux élevé de cancers et à l’empoisonnement de l’eau potable par les mines d’uranium laissées à l’abandon, héritage mortel de l’industrie nucléaire.

D’après l’EPA (Agence de Protection de l’Environnement US), « Approximativement, 30 % de la population Navajo n’a pas accès au réseau d’eau potable publique et est susceptible d’utiliser l’eau de sources rendues radioactives par l’uranium. »

Sur près de 290 km, le trajet de transport traverse la Nation Navajo, et emprunte des ponts au-dessus du Petit Colorado et de la rivière San Juan. En 1987, il y a eu deux accidents de camions de transport et du minerai d’uranium a été renversé sur des routes dans la Nation Navajo.

L’ADEQ a d’abord été contrainte de suspendre les permis relatifs à la pollution de l’air pour les trois mines, à cause du fort taux de radiation détecté à l’une des mines existantes. Le service a organisé récemment une série de consultations publiques dans le nord de l’Arizona, à propos des permis.

Au cours de la consultation du 30 août 2016 à Flagstaff, Arizona, Milton Tso a déclaré: « Maintenant nous parlons d’un des lieus les plus sacrés sur terre, que vous voulez creuser pour exploiter de l’uranium, le Grand Canyon du Colorado. Il n’est pas seulement sacré pour nous en tant qu’Autochtones, il l’est pour le monde entier. Des millions de gens viennent, juste pour admirer ce Canyon. Et l’eau qui y coule est très sacrée. Il n’y a pas de garantie de sécurité pour l’uranium, le pétrole ou quoique ce soit extrait de notre Mère. Il n’y a aucune garantie que ce sera sans danger, il n’y en a jamais, il y aura toujours une fuite, il y aura toujours un accident », dit Tso.

En approuvant les permis relatifs à la qualité de l’air pour les mines d’uranium, l’ADEQ a réagi aux inquiétudes du public concernant les bâches devant couvrir le minerai radioactif en imposant des exigences plus ‘strictes’ pour les bâches couvrant les camions. L’ADEQ a déclaré que « la bâche devrait dépasser de chaque côté de la plateforme du camion d’au moins 15 cm, et être attachée par une corde tous les 1,20 m. »

La Mine du Canyon, où EFRI fore actuellement pour extraire de l’uranium, est près de Red Butte, une montagne sacrée pour la Nation Havasupai. Red Butte, y compris le site de la Mine du Canyon, a été déclarée susceptible de figurer au Registre National des Lieus Historiques, en tant que Propriété Culturelle Traditionnelle, en 2009.

Carletta Tilousi, membre du conseil Havasupai, a témoigné lors de la consultation, « nous sommes la communauté la plus touchée, en première ligne de cette pollution cependant on ne nous a jamais donné l’occasion de donner notre avis et je pense que c’est un tort. Notre site le plus sacré, notre montagne sacrée la plus distinguée, nous a été ravie et a été totalement polluée. Nous ne pouvons plus y aller ni y tenir nos cérémonies comme nous l’avons fait pendant des siècles. Nous ne pouvons plus cueillir la sauge et le cèdre ni les brûler. »

En réponse au problème de la profanation de Red Butte, l’ADEQ a déclaré que « la loi de l’état n’autorise pas le Service à introduire des exigences non liées à la qualité de l’air dans la procédure d’attribution de ces permis; cependant, EFRI doit respecter toutes les autres exigences de l’état ou fédérales pour la protection de ces ressources et propriétés. » Aucune loi actuelle n’assure la protection de sites sacrés situés sur des terres fédérales.

Un commentaire soumis à l’ADEQ demandait que le service fasse faire des calculs pour déterminer les quantités d’émissions radioactives sur tout le trajet du transport en Arizona. Les gens de l’ADEQ ont répondu que l’ « ADEQ ne pouvait prendre en compte les émissions des camions hors du site pour prendre une décision d’accorder un permis. »

Plusieurs intervenants ont demandé que l’ADEQ fasse une évaluation des effets cumulatifs du radon, des radiations et de la poussière radioactive dans la région du Grand Canyon. Le service a déclaré que « la loi de l’état n’autorise pas le Service à prendre en considération les résultats d’une telle étude lors d’une décision d’accorder un permis pour un site spécifique. »

 

« IL ME SEMBLE QUE DES VIES HUMAINES SONT PLUS IMPORTANTES QUE LE PROFIT. QUE L’EAU EST PLUS IMPORTANTE QUE LE PROFIT » DIT CARLETTA TILOUSI AU COURS DE LA CONSULTATION, « J’AIMERAIS QUE VOUS CONSIDERIEZ SERIEUSEMENT CE QUE VOUS AVEZ DEVANT VOUS AVANT D’ACCORDER DE NOUVEAU VOTRE APPROBATION AUX COMPAGNIES MINIERES. »

 

Les mines d’uranium menacent de polluer d’avantage le Fleuve Colorado qui coule dans le Grand Canyon. Plus de 40 millions de gens dépendent de l’eau du Colorado. D’après l’Etude Géologique fédérale, 15 sources et cinq puits du bassin hydrologique du Grand Canyon ont déjà des hauts niveaux de radioactivité dus à l’extraction d’uranium passée dans la région.

EFRI déclare que la « Mine du Canyon a la plus haute teneur des Etats-Unis. » Le taux de production de la mine du Canyon est de 109 500 tonnes de minerai d’uranium par an. La compagnie est aussi autorisée à entreposer jusqu’à 13100 tonnes de minerai à la mine. Les piles de stockage radioactives seront arrosées pour contrôler la formation de poussière « et si cela s’avère insuffisant », une réduction de la taille des piles de stockage pourrait être instituée, ainsi que la construction de paravents, ou bien des bâches goudronnées seraient placées sur les piles de stockage.

En octobre 1984, Energy Fuel Nuclear a soumis un Projet d’Opérations pour une mine d’uranium de la concession de Canyon Mine sur des terres du Service National de la Forêt de Kaibab. La Déclaration finale d’Impact sur l’Environnement a été publiée en 1986, approuvant la mine. Bien qu’il n’y ait pas eu d’exploitation minière, des préparatifs ont immédiatement suivi cette décision. La Nation Havasupai et d’autres ont engagé des poursuites, mais ont perdu en 1991. En 1987, un groupe appelé la Conspiration Internationale Eco Terroriste d’Evan Mecham – EMETIC – a coupé 29 poteaux électriques de la Mine du Canyon, coûtant 200 000 dollars à la compagnie. La chute des cours de l’uranium a alors entrainé l’abandon du projet de mine, jusqu’à ce que Denison Mines, le propriétaire précédent des mines du Canyon, n’informe le Service des Forêts de leur intention de reprendre le développement de la mine, en 2011.

En 2006, les cours de l’uranium ont remonté et l’effet immédiat a été que des milliers de nouvelles demandes de concessions pour des mines d’uranium ont été déposées autour du Grand Canyon. En 2009, cette menace a poussé le Ministre de l’Intérieur des Etats-Unis à imposer un moratoire de 2 ans sur les nouvelles demandes de concessions sur plus de 4000 km² de terres fédérales autour du Grand Canyon. Le moratoire a été étendu à une halte de 20 ans des concessions pour extraire de l’uranium près du Grand Canyon en 2012. Cette interdiction aurait dû être rendue permanente par une proposition de loi visant à créer le Monument National de l’Héritage de la Région du Grand Canyon. Cependant, ni le moratoire ni la proposition de Monument National n’empêchent les mines d’uranium existantes, comme la Mine du Canyon, de fonctionner.

Le 27 octobre 2016, EFRI a annoncé avoir localisé du cuivre à haute teneur en forant le puits de la Mine du Canyon. La compagnie étudie actuellement si elle va ou non extraire le cuivre comme ‘sous-produit’ de l’exploitation d’uranium. EFRI a annoncé que ses actions avaient monté de 8% à Wall Street, après avoir annoncé que du cuivre avait été trouvé dans la mine.

« Nous n’avons été ni informés ni consultés convenablement à propos d’une quelconque nouvelle découverte de minerai » dit Carletta Tilousi. « Si c’est le cas, nous devons être consultés immédiatement par la compagnie minière et le Service des Forêts de Kaibab. »

La Forêt Nationale de Kaibab, qui a approuvé l’extraction minière sur la base d’une antique Loi sur les Mines de 1872, a été impliquée dans le litige concernant la Mine du Canyon depuis mars 2013. En 2015, La Cour de District fédérale a décidé en faveur du Service des Forêts des Etats-Unis contre une plainte déposée par le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique, le Sierra Club et la Tribu Havasupai.

Le 19 avril 2016, la Tribu Havasupai est allée en appel auprès de la Cour du 9ème Circuit, et le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club l’ont suivie. Les arguments oraux en appel concernant la Mine du Canyon seront entendus par la Cour du 9ème Circuit à San Francisco, Californie, le jeudi 15 décembre 2016 à 9h30 du matin dans la Salle d’Audience 4. Les appels concernant l’affaire de 2012 sur le retrait de minéraux passeront juste après.

Il y a plus de 15000 mines d’uranium abandonnées (AUM) dans tous les Etats-Unis. Clean Up The Mines, qui a proposé une loi pour résoudre le problème de la décontamination des AUM, milite pour que la décontamination des mines abandonnées soit entamée immédiatement.

« Les Nations Autochtones d’Amérique du Nord sont le canari du mineur des Etats-Unis, qui essaie d’éveiller les consciences des peuples du monde sur les dangers de la pollution radioactive » dit Charmaine White Face qui travaille dans une organisation du Dakota du Sud, Defenders of the Black Hills, et Clean Up The Mines.

Le Dakota du Sud a 272 mines d’uranium abandonnées qui polluent des cours d’eau comme la Rivière Cheyenne et profane des sites sacrés et cérémoniels. On estime que 169 mines d’uranium abandonnées sont situées à moins de 80 km du Mont Rushmore où des millions de touristes risquent d’être exposés à la radioactivité chaque année. Les communautés Autochtones sont touchées hors de toutes proportions, étant donné qu’environs 75% des mines abandonnées sont situées sur des terres fédérales ou Tribales.

 

« LA COLONISATION N’EST PAS SEULEMENT LE VOL ET L’ASSIMILATION DE NOS TERRITOIRES ET DE NOS PEUPLES, AUJOURD’HUI NOUS COMBATTONS LE COLONIALISME NUCLEAIRE QUI VOLE NOTRE AVENIR » DIT LEONA MORGAN.

 

Lors d’un récent Forum Autochtone sur les Problèmes Nucléaires tenu en territoire Shoshone de l’ouest et Paiute du sud, Leona Morgan, de Diné No Nukes a déclaré: « Alors que les Etats-Unis ont plus de 15000 mines d’uranium abandonnées, ça n’a pas de sens de continuer à produire plus de déchets nucléaires alors qu’on ne sait pas où les mettre. Au lieu de dépenser des milliards pour moderniser les armes et subventionner les réacteurs nucléaires obsolètes, nous devons nous mettre à utiliser ces fonds pour décontaminer les régions touchées. Et commencer par laisser l’uranium dans le sol. »

« La colonisation n’est pas seulement le vol et l’assimilation de nos territoires et de nos peuples, aujourd’hui nous combattons le colonialisme nucléaire qui vole notre avenir » dit Leona Morgan.

 

Vidéo des interventions de Milton Tso et Carletta Tilousi:

 

Voir articles précédents sur les mines d’uranium dans le Grand Canyon,
en particulier l’article de Klee Benally publié en mars 2011