CAMERON, Nation Navajo: Hommage au guerrier Klee Benally pour ses actions contre l’uranium et le nucléaire, entre autres avec ‘Haul NO!’
Les Navajos, les Havasupai, et des organisations pour l’environnement comme le Grand Canyon Trust, luttent depuis des décennies contre l’exploitation d’une mine d’uranium située à proximité du Grand Canyon du Colorado. Klee Benally a lutté jusqu’à la fin de sa vie contre cette mine et contre le nucléaire. Le premier article qu’il m’a donné à traduire, lors d’une tournée en Europe, concernait la mine. Il venait de recevoir un mail prévenant de la menace d’ouverture. C’est ainsi que mon blog a commencé. Depuis cette époque, nous nous sommes rendus ensemble sur de nombreux sites de mines d’uranium et rencontré des gens qui souffraient des effets de la radioactivité. (Récemment, la mine appelée ‘Canyon Mine’ a été rebaptisé ‘Pinyon Plain Mine’, probablement pour que les gens qui ne sont pas sur place croient qu’il s’agissait d’un autre site). Encore plus de gens sont concernés par le projet de transport de minerai d’uranium de cette mine à l’usine de traitement de Ute Mountain, passant par des villes et traversant la Nation Navajo.
En décembre 2016, Klee a participé à la création du groupe Haul No! (Non au transport). Depuis, la commune de Flagstaff a interdit le transport d’uranium dans la ville, puis les dirigeants Navajos ont interdit le transport à travers la Réserve.
Cependant, fin novembre 2023, la compagnie minière a entamé la préparation de l’exploitation de la mine. Puis, début 2024, l’extraction a commencé. Récemment, la route de transport du minerai vers White Mesa a été révélée. La route ne passe pas dans la ville de Flagstaff, mais par l’autoroute qui la traverse, mais qui ne relève pas de son autorité. Elle traverse toujours la Nation Navajo malgré l’interdiction. Le 30 juillet, le Président Navajo a condamné, lors d’une déclaration officielle, le transport illégal de minerai à travers la Réserve. Le même jour, il a envoyé la police Navajo bloquer les camions de transport. (Cependant, les mérites qui lui sont attribués dans l’article ci-dessous sont assez surprenants : s’il est allé à la manifestation du 2 août à Cameron, c’est surtout pour défendre son – peu d’ – autorité. Après tout ce qu’il a fait pour les autorités des États-Unis…).
En 2012, le Secrétaire à l’Intérieur du gouvernement Obama, avait prononcé un moratoire de 20 ans sur l’extraction d’uranium de la région (le cours de l’uranium avait baissé). Les grandes compagnies ont attaqué le moratoire en justice. Bien sûr, Trump s’est assis dessus.
Christine Prat
CAMERON, 2 JUILLET 2024: DES NAVAJOS PROTESTENT CONTRE DES CAMIONS DE TRANSPORT DE MINERAI D’URANIUM
Par Brenda Norrell
Censored News
2 août 2024
Traduction Christine Prat
CAMERON, Nation Navajo – Des Diné se sont exprimés sur la longue histoire d’extraction d’uranium, des cancers et de la mort, et ont rendu hommage à Klee Benally pour avoir consacré sa vie à l’action [contre l’uranium, la destruction de l’environnement, et toutes les injustices]. Ensuite, ils ont défilé sur 800 mètres de la route principale, jusqu’au Bureau du Chapitre de Cameron, pour s’opposer à ce que des camions de la mine d’uranium traversent la Nation Navajo.
La Commissaire Navajo aux Droits Humains, Cora Maxx-Phillips dit aux Diné « Nous sommes dans une Zone de Sacrifice, mes chers frères et sœurs, et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui ! »
« On ne nous réduira pas au silence ! »
« Nous avons tous autant de valeur. Cessez de nous utiliser, nous les Peuples Autochtones, pour être dans vos zones sacrifiées. Décrivant 80 ans de cancers, de corruption, d’avidité toxique, elle dit « C’est du racisme environnemental. »
« Combien de gens de plus doivent mourir ! »
« Vous ne nous tromperez pas » dit-elle, ajoutant que toute l’infrastructure est faite pour aider les grandes compagnies. « Tant qu’il s’agira de pousser et creuser, les grandes compagnies obtiendront ce qu’elles veulent. »
« Le caractère sacré de la vie n’est plus respecté. »
Le Président Navajo fait une Déclaration
Des manifestants envahissent les routes nationales 89 et 64 pour dire : « Fermez les mines d’uranium maintenant ! »
CAMERON, Arizona [Nation Navajo] – Le Président de la Nation Navajo, Buu Nygren, et la Première Dame Jasmine Blackwater-Nygren, ont défilé avec les manifestants, aujourd’hui, pour s’opposer au transport illégal d’uranium à travers le pays Navajo.
Le 2 août, la Première Dame avait organisé un rassemblement de dizaines de membres de la communauté Diné pour qu’ils expriment leurs inquiétudes et leur opposition aux dangers de l’exposition à l’uranium.
« Respectez notre souveraineté, respectez nos lois » dit Madame Blackwater-Nygren. « Et nous disons ‘non’ ».
Avant de commencer la marche, le Délégué du Conseil de la Nation Navajo, Casey Allen Johnson, a loué le Président Nygren pour sa collaboration avec le Conseil, pour demander au Président Biden de mettre fin au transport d’uranium à travers le pays Navajo.
Il dit que les Navajos ne voulaient pas que de l’uranium soit transporté à travers le pays Navajo.
Energy Fuels Resource, Inc., commença à transporter du minerai d’uranium de la Mine Pinyon Plain, au sud du Grand Canyon, mardi 30 juillet. Les deux trajets pour transporter l’uranium de la mine passent à travers de communautés tribales pour se rendre à l’usine White Mesa de Blanding, en Utah. Ces communautés sont les Navajos, les Hopis, les Havasupai et les Utes de Ute Mountain.
[…]
Quand le Président et la Première Dame arrivèrent au Bureau du Chapitre, le Président Nygren répondit aux inquiétudes de la communauté, sur les menaces de l’uranium, et donna tout le mérite à la Première Dame.
« La compagnie dit avoir suivi toutes les règles et règlements. Mais qu’en est-il de nos règles et règlements ? » demanda-t-il. « Qu’en est-il de nous, de notre santé, de nos communautés ? Ce n’est pas seulement à nous qu’ils font du mal, ils en font aussi à d’autres communautés tribales. Ont-ils suivi leurs règles et règlements ? C’est absolument inacceptable. »
Le Président Navajo avait publié un décret pour arrêter les camions d’uranium
[…]
Mais…
Le permis pour la compagnie Canadienne Energy Fuels avait été accordé par le Service des Forêts, et c’est une des compagnies minières qui met maintenant en danger les communautés Autochtones dans tout le Sud-ouest.
Le gouvernement des États-Unis a accordé des permis pour extraire du lithium à la compagnie Canadienne Lithium Americas, qui détruit actuellement le site d’un massacre de Païutes dans le Nevada. Le Bureau de Gestion du Territoire, du Secrétariat à l’Intérieur, a accordé un permis pour une mine de lithium en train d’être creusée près d’une source sacrée pour les Hualapai, près du Grand Canyon.
ET…
Sous le prétexte d’ « énergie verte », le PDG de l’entreprise tribale Navajo, Navajo Energy Transition Company, dirige la profanation du site cérémoniel Hualapai pour le compte de Hawthorne Energy, une compagnie Australienne. La compagnie de la Nation Navajo soi-disant d’ « énergie transitionnelle » possède aussi des mines de charbon dans le Wyoming et le Montana.
LE MONT TAYLOR RISQUE DE SUBIR DES DEGRADATIONS CULTURELLES ‘PERMANENTES ET GRAVES’
Par Klee Benally @eelk
See original article in English
23 avril 2013
Traduction Christine Prat
LE PROJET DE DECLARATION D’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT REVELE QUE LE SERVICE DES FORETS A L’INTENTION DE ‘DEVIER’ DES LOIS EXISTANTES
GALLUP, Nouveau-Mexique – Le Service des Forêts Nationales de Cibola (CNFS) a publié un Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement [Draft Environmental Impact Statement – DEIS] pour un projet de mine sur le Mont Taylor qui enfreint le Plan de Gestion des Forêts existant.
Au lieu de s’en tenir à ses normes actuelles concernant le patrimoine historique et culturel, le CNFS a l’intention d’en ‘dévier’ pour autoriser la profanation du Mont Taylor par un « Amendement, Spécifique au Projet, du Plan de Gestion des Forêts ».
La mine d’uranium est un projet de Roca Honda Resources (RHR) et menace le Mont Taylor, situé près de Grants, au Nouveau-Mexique, qui est considéré comme sacré par de nombreuses Nations Autochtones du Sud-ouest, dont les Diné [Navajo], Hopi, Acoma, Laguna et Zuni.
RHR est un partenariat entre Strathmore Minerals (Canada) et Sumitomo (Japon). Le projet de RHR est d’ouvrir une des plus grandes mines d’uranium des Etats-Unis pour les trente années à venir. Strathmore estime que la production annuelle d’uranium devrait être de plus d’un million de kilos.
Le Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement indique que l’extraction d’uranium sur le Mont Taylor « … aurait pour effet l’interruption, l’altération et le déplacement d’activités culturelles traditionnelles cruciales pour la continuité des croyances et des pratiques de ces tribus ».
Le Mont Taylor a été classé définitivement Patrimoine Culturel Traditionnel. Lorsque des représentants de Strathmore ont été questionnés sur ce classement, Juan Velasquez, vice-président pour les affaires gouvernementales, environnementales et de réglementation, a déclaré que le classement PCT n’était qu’ « une tentative d’empêcher toute extraction d’uranium ».
« Chacune des alternatives aurait un effet adverse sur ce patrimoine historique car elle occasionnerait un changement des caractéristiques qui lui permette d’être inclus au Registre National des Sites Historiques [NRHP] à un point qui diminuerait son intégrité quant à sa relation à l’ensemble, son état et sa situation. Ces effets… seraient permanents et graves ». Page 352
« Le bien-être spirituel de la montagne, et la relation spirituelle entre les gens et les Etres Spirituels de la montagne seraient affectés par les changements de l’écosystème et on ne sait pas si ces dégâts seraient réparables. L’effet pourrait être permanent ». Page 354
Le Service des Forêts examine trois alternatives dans le Projet de Déclaration, l’ « Alternative 1 » est l’ « Alternative Ne Rien Faire » c’est-à-dire pas de mine d’uranium, l’ « Alternative 2 » est la totalité du projet de RHR et l’ « Alternative 3 » est une version réduite de la mine projetée.
AMENDEMENT SPECIFIQUE AU PROJET DU PLAN DE GESTION DES FORETS
D’après le Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement, « … le Service des Forêts approuverait un amendement spécifique au projet du plan de gestion des forêts, pour permettre au projet de Roca Honda de dévier des normes du plan de gestion concernant le patrimoine historique… L’amendement permettrait des atteintes au patrimoine historique résultant de ce projet, en accord avec la loi applicable normalement… »
Les normes actuelles du plan de gestion du Service des Forêts indiquent que le patrimoine historique « sera géré durant la réalisation d’activités de manière à arriver à une conclusion de ‘non effet’ [sic] après consultation de l’Office d’Etat de Préservation Historique [SHPO – State Historic Preservation Office] et du Conseil Consultatif de Préservation Historique » (Réglementation du Service des Forêts – USFS, 1985:63) . Le Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement indique que « La Norme n. 5 concerne les cas de conflits dans la gestion des ressources. Elle comprend une liste de conditions dans lesquelles ‘la préservation des ressources culturelles en place doit être l’option préférentielle’ ».
Le Projet de Déclaration révèle que ces conditions s’appliquent entre autres:
« Lorsque la valeur culturelle vient essentiellement de qualités autres qu’un potentiel pour la recherche et que cette valeur ne peut exister pleinement que si les vestiges culturels sont laissés intacts dans leur contexte d’origine (par exemple, associés à des personnages ou évènements historiques importants, à des valeurs religieuses ou ethniques spéciales ou des valeurs interprétatives uniques). (USFS, 1985:63) (Dans le Projet de Déclaration, pages 354-355).
‘ACCORD PROGRAMMATIQUE’
Le Service des Forêts de Cibola n’indique aucune mesure claire pour atténuer les effets culturels négatifs, mais au lieu de cela propose un « accord programmatique » visant à établir une relation de travail continue avec les Nations Autochtones touchées.
« Conformément à la Section 106 de la Loi Nationale sur la Préservation Historique, le Service des Forêts développerait un accord programmatique après consultation du Conseil Consultatif sur la Préservation Historique et des parties ayant un rôle consultatif. Cet accord programmatique définirait des mesures à prendre pour éviter, minimiser et atténuer les effets négatifs causés au patrimoine historique et prendre en considération les effets sur d’autres ressources et pratiques culturelles. Bien que ces effets négatifs soient toujours là, les mesures d’atténuation les résoudraient selon 36 CFR Paragraphe 800. Cependant, l’impact sur les ressources culturelles en générale et les pratiques culturelles traditionnelles resterait important ».
Les seules mesures d’atténuation mentionnées dans le Projet de Déclaration sont citées comme « exemples à prendre en considération… » Le Projet de Déclaration cite ces exemples :
. Effectuer des excavations de récupération de données sur les sites archéologiques ;
. Effectuer des recherches sur divers sujets concernant les questions de ressources culturelles pertinentes ;
. Mettre en place des pratiques spécifiques durant les activités de construction et d’exploitation pour contrôler l’érosion et les changements dans les schémas d’érosion ;
. Formation des personnels de RHR impliqués dans la construction, l’exploitation et la restauration du site, et des personnels des sous-traitants, à reconnaître la découverte de ressources archéologiques ou de restes humains, à reconnaître quand des dommages accidentels ont été causés, à arrêter les activités susceptibles de perturber le sol, et à prévenir le personnel qualifié ; et
. Inculquer au personnel de RHR et des sous-traitants l’importance des ressources culturelles, leur apprendre les lois et réglementations protégeant les ressources culturelles, la nécessité de rester dans des zones de travail définies et les implications légales du vandalisme et du pillage.
‘ASSECHEMENT’
Page 354, le Projet de Déclaration révèle que « …l’exploitation de la mine et l’assèchement qui y est associé entraîneraient la baisse du niveau des nappes aquifères, le transfère de l’eau d’un bassin à un autre et la contamination de l’eau. Ces changements sont considérés comme conduisant à des conséquences négatives sur l’approvisionnement en eau dont les tribus dépendent pour leurs usages religieux et de subsistance ».
Le Projet de Déclaration poursuit :
« Pendant la construction de la Mine Roca Honda, les puits traverseraient deux nappes aquifères qui contiennent assez d’eau pour qu’un assèchement partiel soit nécessaire : les couches calcaires Gallup et Dakota. Au cours des opérations d’extraction, il faudrait assécher l’unité exploitée, la Branche Westwater Canyon de la Formation Morrison. Sur la durée de vie de la mine, on estime que 1,5 millions de m³ seraient pompés de la nappe aquifère Gallup, 286000 m³ de la nappe Dakota et 97 millions de m³ de la nappe Westwater ». Page 353
« Les pratiques culturelles traditionnelles seraient affectées par la perturbation physique de toutes les ressources culturelles et naturelles dans le secteur pendant la construction, l’exploitation et la restauration. Les pratiques en question seraient également affectées par l’extraction du minerai, l’assèchement et les activités de surface. Ces effets seraient importants et les deux alternatives entraîneraient des conséquences négatives pour le patrimoine historique ». Page 358
QUELQUES ELEMENTS DE LA PROPOSITION DE ROCA HONDA RESOURCES (RHR)
. RHR propose un permis d’extraction pour une surface de 8 km², comprenant 0,2 km² de routes de transport, un couloir de service et un pipeline pour évacuer les eaux d’assèchement.
. Ils estiment que le site serait perturbé sur une largeur de 6 m et une distance de près de 9 km pour l’installation du pipeline, Page 34 du Projet de Déclaration.
. RHR voudrait extraire du minerai situé à environs 500-800 mètres de profondeur.
. RHR voudrait exploiter la mine pendant une période d’environs 18-19 ans.
Le Projet de Déclaration indique que « cependant, la durée d’activité de la Mine Roca Honda dépendrait du marché de l’uranium et de la découverte potentielle de plus de minerai. Donc, la période d’exploitation pourrait très bien dépasser les 18-19 ans ».
Le Projet de Déclaration répond prématurément à d’éventuels litiges en citant le précédent de l’affaire des San Francisco Peaks :
« La Loi sur la Restauration de la Liberté Religieuse est souvent citée comme protection des sites religieux et sacrés. La loi, adoptée en 1993, stipule que le gouvernement ne peut pas créer d’obstacles significatifs à la pratique religieuse d’une personne, même si les obstacles sont le résultat d’une règle généralement applicable… La loi limite la capacité du gouvernement Fédéral à imposer des obstacles significatifs à la libre pratique de la religion. Pour imposer des obstacles significatifs à la libre pratique de la religion, il doit y avoir une pression coercitive du gouvernement à agir contrairement aux croyances religieuses sous la menace de sanction civile ou criminelle, ou une condition pour recevoir des prestations du gouvernement fondée sur une conduite qui violerait les croyances religieuses (Navajo Nation v. USFS, 535 F.3d 1058, 9th Circuit 2008). Des telles conditions n’existent pas dans ce projet ».
D’après le Service des Forêts de Cibola, la Déclaration Finale d’Impact sur l’Environnement devrait être publiée fin 2013.
Le texte intégral du Projet de Déclaration d’Impact sur l’Environnement (DEIS) est sur :
www.fs.fed.us/nepa/nepa_project_exp.php?project=18431
Plus d’infos (en anglais) : www.masecoalition.org
Traduction française de l’article précédent sur le projet de mine