Par Arvol Looking Horse
Publié sur
Censored News
20 janvier 2021
Traduction Christine Prat
20 janvier 2021
À Joseph Robinette Biden Jr., Président des Etats-Unis d’Amérique
1600 Pennsylvania Avenue NW
Washington D.C 20500
Cher Président Biden,
Nous, Anciens et Hommes et Femmes Médecine Autochtones, vous souhaitons la bienvenue, à vous, votre famille et votre gouvernement, à votre nouvelle responsabilité de Président des Etats-Unis d’Amérique. La tradition de bien recevoir les nouveaux arrivant a commencé longtemps avant la formation des Etats-Unis. Elle a commencé avec la première arrivée de nos parents venus de l’océan. Cet acte cérémoniel a pour but de promouvoir des relations pacifiques, de se respecter mutuellement, et de se reconnaitre réciproquement comme faisant partie intégrale de la Création.
Nous sommes le Peuple Spirituel de la Terre, unis sous la Loi Naturelle du Créateur, agissant dans l’unité pour restaurer la paix, l’harmonie et l’équilibre pour tous les êtres vivants du futur. Nous offrons notre assistance pour restaurer la paix et la santé à ce pays.
Vous entrez dans le rôle de dirigeant d’une Nation qui a perdu sa direction et sa compréhension de ses responsabilités vis-à-vis du Créateur et des uns des autres. Votre obligation envers toute vie future va bien au-delà de la guérison d’une Nation divisée. Ça comprend la guérison d’un peuple qui a causé des destructions environnementales et un changement climatique irréversibles, en abandonnant sa responsabilité sacrée et sa relation au Monde Naturel.
Si nous nous rappelons les prophéties, l’ancienne sagesse de nos ancêtres, le sentiment d’urgence extrême est là, et nous devons une fois de plus tendre la main pour aider à guider cette jeune Nation. Notre science sacrée Autochtone d’origine et votre science occidentale doivent s’unir pour donner de l’espoir pour le futur. Cela exige que nous tous, gens de toutes les religions, mettions ensemble notre bonne intelligence pour commencer à corriger toutes les lois et les politiques qui maltraitent Notre Mère la Terre et les peuples de la Terre. Nous croyons que la paix est possible de notre vivant si nous prenons la Loi Naturelle du Créateur comme fondement de toutes les décisions.
Nous parlons au nom de toute la Création, avec une foi et une croyance inébranlables dans le Créateur. Nous sommes les Nations et les Peuples d’Origine de ce pays, et donc, devons être inclus dans les discussions et les prises de décisions dès le début. Pour maintenir les Lois de la Création et créer une voie pacifique vers elles, il est impératif que nous vous rencontrions personnellement, vous et votre équipe.
Respects,
Chef Arvol Looking Horse
19ème Gardien de la Pipe Sacrée de la Femme Bison Blanc
Dirigeant Spirituel
De La Grande Nation Sioux
Shawn Mulford, Diné
Leland Grass, No’hooka’ Diné Traditionaliste
Big Buck, Wokotaqa
Photos de ©John Clark-Dvorak, publiées avec permission
Les Kumeyaay sont des Autochtones dont le territoire est divisé par la frontière US/Mexique, dans le Comté de San Diego, en Californie, et Baja California, au Mexique.
Par Brenda Norrell
Censored News
24 janvier 2021
Traduction Christine Prat
Les Kumeyaay se sont réunis ce jour des deux côtés de la frontière pour tenir une cérémonie et attirer l’attention sur les dégâts environnementaux et culturels causés par la construction du mur-frontière.
Leurs communautés ont été séparées par le mur-frontière, dans ce qu’on appelle le Comté de San Diego, en Californie, et Baja California, au Mexique.
Réagissant à un Appel National à l’Action, l’Ancien Kumeyaay Stan Rodriguez, Santa Ysabel Kumeyaay, décrivit la destruction de sites sacrés par la construction du mur-frontière, et comment la frontière sud passait à travers leurs communautés.
Vidéo des déclarations de Stan Rodriguez résumées ci-dessous:
Le message du Président Biden disait, « arrêtez la construction du mur-frontière et réparez les dégâts. »
Tenez parole. »
Rodriguez dit que le territoire ancestral des Kumeyaay allait de l’Océan Pacifique au désert.
« Nous sommes ici depuis des temps immémoriaux, depuis des milliers d’années. »
Les Kumeyaay ont d’anciens villages où ils ont vécu autrefois, qui sont maintenant sous l’Océan Pacifique, depuis la dernière ère glaciaire, et ils ont des pièges pour attraper du poisson dans le désert, là où il y a eu un grand lac, dit-il.
« Les Kumeyaay ne sont pas étrangers au changement climatique, et nous ne sommes pas étrangers aux pandémies » dit Rodriguez au cours d’une interview, aujourd’hui.
Les Kumeyaay se voient maintenant interdire l’accès à leurs sites sacrés, et nier leur droit à pratiquer leur religion, garanti par la Loi sur la Liberté Religieuse des Amérindiens, à cause du mur-frontière.
Tout le long de la frontière sud, les Carrizo, les Yoeme, les Tohono O’odham, les Cocopah et les Kickapoo luttent contre les empiètements et la profanation de leurs sites sacrés, dit-il.
Sans que les Kumeyaay soient consultés, le mur-frontière a profané un site de crémation sacré et des sources chaudes sacrées, utilisées pour des guérisons, dit-il.
« Nous ne sommes pas propriétaires de ce pays, nous en faisons partie. »
Rodriguez dit que les Kumeyaay des deux côtés de la frontière s’étaient rassemblés ce jour pour un cercle de prière et des chants sacrés traditionnels.
« Nous n’allons pas laisser cette frontière nous empêcher d’être qui nous sommes. »
Les Kumeyaay ont tout une richesse de savoir, une bibliothèque de savoir, acquise par des milliers d’années à prendre soin de leur terre. Les Kumeyaay prenaient soin du territoire de manière à le rendre beau, utilisant un système d’agriculture avec des glands.
« Elle attrape la fièvre, une fièvre pour brûler le virus. »
A la veille de son entrée en fonction, le Président Joe Biden a déclaré, entre autres, que « plus un pouce de Mur à la frontière ne serait construit. »
Censored News annonçait, dans un article du 20 janvier : « Le Président Biden a signé des décrets révoquant le permis pour l’oléoduc Keystone XL, stoppant le financement pour le Mur-frontière, révisant les limites de Bears Ears et mettant un moratoire sur le forage de pétrole et de gaz dans le Refuge National de la Vie Sauvage de l’Arctique. »
Mais dès le lendemain, un nouvel article signalait que la construction du mur continuait, au mépris du décret pris la veille par le Président.
LA CONSTRUCTION DU MUR À LA FRONTIÈRE US/MEXIQUE CONTINUE AU MÉPRIS DU DÉCRET DE BIDEN
Par Brenda Norrell
Censored News
23 janvier 2021
Traduction Christine Prat
La construction du Mur continue à la frontière de l’Arizona, bien que le Président Biden ait signé un décret pour l’interrompre, le premier jour de son entrée en fonction.
Les compagnies construisant le Mur ont continué leurs destructions, faisant sauter des montagnes et détruisant un habitat vital pour les espèces menacées, après que le Président ait signé l’ordre d’y mettre fin.
Il y a des documents montrant les destructions dans trois zones de la frontière en Arizona, parmi lesquelles il y a le Monument National du Cactus Tuyau d’Orgue, où une bataille est toujours en cours pour protéger des sources sacrées.
Déjà, des sites funéraires Tohono O’odham été dynamités, à Monument Hill, pour la construction du mur-frontière.
Maintenant, un employé, près de Lukeville, dit que rien n’indique qu’ils vont arrêter le travail.
Ici, près d’Ajo, la compagnie est Southwest Valley Constructors.
Laiken Jordahl dit vendredi [22 janvier] que la construction du mur-frontière continuait au sud-est de Tucson au Mémorial de Coronado, à l’est de Nogales, et au sud de la Sierra Vista, mettant plus que jamais en danger l’habitat du jaguar.
La construction du Mur continuait samedi, sur ce site sacré.
Dans un autre site sauvage, la construction du Mur continuait cette semaine au Refuge National Buenos Aires de la Vie Sauvage, au sud-ouest de Tucson, près de la frontière est de la Nation Tohono O’odham, et près d’un poste-frontière plus éloigné, à Sasabe, et de la ville d’Arivaca.
La construction de ces portions de Mur a détruit des sites funéraires O’odham, des espèces protégées en danger, et drainé l’eau précieuse du désert de Sonora.
Le mur-frontière est un symbole de racisme et de haine, et de l’infâme politique vouée à l’échec des Etats-Unis.
À la frontière du Texas, les compagnies de construction continuaient encore, vendredi, leurs destructions près du Centre National du Papillon.
Et, à la frontière du Texas, des bornes continuaient à arriver pour la construction du Mur à Laredo, après que Biden ait publié le décret exigeant l’arrêt de la construction.
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Note de Brenda Norrell :
La vérité sur les agents de la Patrouille des Frontières US est parmi les questions les plus censurées dans les médias. Mais il suffit d’une simple recherche sur le web pour voir combien d’agents de la Patrouille des Frontières US ont été arrêtés pour trafic de drogue. Des agents ont été arrêtés pour viol et pour meurtre, avec peu de conséquences. Dans la Nation Tohono O’odham, les agents de la Patrouille des Frontières harcèlent les plus vulnérables. Actuellement, alors que le coronavirus se répand dans la Patrouille des Frontières, les agents continuent le profilage racial et le harcèlement sans porter de masques et ils ne notifient pas qui ils ont exposé. Au cours de leurs crimes contre l’humanité, les agents de la Patrouille des Frontières ont été filmés en train de répandre de l’eau qui pouvait sauver des vies, de l’aide humanitaire, dans le Désert de Sonora. – Censored News.
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Texte du décret de Biden (en anglais)
Par Apache Stronghold [le Bastion Apache]
Publié par Censored News
15 janvier 2021
Traduction Christine Prat
OAK FLAT, Arizona – Le Bastion Apache, représentant les chefs religieux et culturels traditionnels, a demandé une garantie pour Oak Flat, le mercredi 13 janvier 2021, auprès du Bureau du Registraire du Comté de Pinal. La garantie empêche le transfert d’Oak Flat, ou Chi’chil Bildagoteel, à une corporation minière étrangère, jusqu’à ce que la poursuite récemment déposée par le Bastion Apache soit finalisée.
La garantie et l’une des réclamations de la plainte sont fondées sur le Traité de Santa Fe de 1852, entre les Etats-Unis et les Apaches, qui promet que les terres Apaches, au centre desquelles se trouve Chi’chil Bildagoteel, restent une propriété Apache. Le Traité de Santa Fe s’applique toujours.
« Ce qui se faisait autrefois avec la poudre des fusils et la maladie, se fait aujourd’hui par des irrégularités législatives et bureaucratiques, et une mythologie sur le passé qui traite les Autochtones comme s’ils étaient invisibles ou n’existaient pas » dit l’ex-Président Tribal et dirigeant du Bastion Apache, le Dr. Wendsler Nosie Sr.
« La publication de la Déclaration Finale d’Impact Environnemental (FEIS) déclenche la possibilité pour le Service des Forêts, de transférer Oak Flat à la compagnie minière » dit l’avocat du Bastion Apache Michael Nixon. « Mais la garantie est comme un gigantesque bouclier Apache sur Oak Flat, qui le protège pour la durée de l’affaire. Oak Flat est une Terre Sainte Apache. Les Etats-Unis n’ont aucun droit légal de la donner. »
Les réclamations de la poursuite du Bastion Apache impliquent aussi la violation de la Loi sur la Liberté Religieuse et les droits constitutionnels à la liberté religieuse, de l’exigence de procédure officielle, du droit de pétition et de recours, l’abus de confiance et la violation d’obligations fiduciaires.
La corporation étrangère, Resolution Copper, propriété de Rio Tinto et de BHP, admet qu’elle transformera Oak Flat en un cratère de décombres de plus de 300m de profondeur et 3,6km de large.
L’audience est fixée au 27 janvier 2021, par Zoom. Le Juge Fédéral Steven P. Logan, n’a pas encore décidé si le public sera autorisé à y assister. Après que le Juge Logan ait ordonné une audience d’injonction, le Service des Forêts a accepté de repousser le transfert de terres pour 55 jours.
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Note de la traductrice : Il n’est pas sûr que le report arrange le nouveau gouvernement Démocrate. Joe Biden a nommé Deb Haaland, Autochtone, à l’Intérieur, dont dépendent les Parcs Nationaux, les sites historiques, le Bureau des Affaires Indiennes, les Réserves, etc. Mais le Service des Forêts dépend de l’Agriculture, poste auquel il a nommé – une fois de plus – Tom Vilsack, qui a occupé le poste pendant les 8 ans de la Présidence d’Obama, et est l’homme des grandes compagnies, contre l’environnement. Sa nomination est totalement contradictoire avec celle de Deb Haaland et le programme environnemental affiché par Joe Biden. C’est toujours le Service des Forêts qui décide d’accorder les permis de détruire aux compagnies minières. Il y aura peut-être un conflit entre l’Intérieur et l’Agriculture…
Certains Français défenseurs de la laïcité, et nos camarades anarchistes, seront peut-être réticents vis-à-vis de cette affaire, vu que les arguments avancés sont tous religieux. En fait, c’est parce que toutes les autres objections – Oak Flat est aussi une réserve naturelle d’oiseaux protégés n’existant nulle part ailleurs, le site était visité par des observateurs d’oiseaux, c’était aussi le principal centre d’entrainement des alpinistes des Etats-Unis – ont été rejetées. Ça se produit dans beaucoup de ces affaires, tous les arguments étant rejetés par le Service des Forêts, il ne reste plus que la possibilité de se référer à la liberté religieuse des Autochtones, qui relève de la Constitution. Hélas, en général ça n’aboutit pas non plus.
Christine Prat
LES APACHES ENGAGENT DES POURSUITES POUR PROTÉGER LEUR LIBERTÉ RELIGIEUSE, ET SAUVER LE SITE SACRÉ D’OAK FLAT DE LA DESTRUCTION
Par Apache Stronghold [le Bastion Apache]
Publié par Censored News
12 janvier 2021
Traduction Christine Prat
TUCSON, Arizona – Le Bastion Apache, au nom des dirigeants traditionnels religieux et culturels, a aujourd’hui engagé des poursuites contre le gouvernement Trump, auprès de la Cour de District de Phoenix, pour bloquer le transfert d’Oak Flat, ou Chi’chil Bildagoteel, au géant minier Australobritannique Rio Tinto et sa branche Resolution Copper.
La plainte cherche à empêcher la publication le 15 janvier par le Service des Forêts des Etats-Unis, d’une déclaration définitive d’impact environnemental, qui entrainera le transfert d’Oak Flat à Resolution Copper.
Le Service des Forêts hâte la publication afin d’aider Rio Tinto à prendre possession d’Oak Flat avant la fin du mandat de Trump*, malgré l’opposition du Bastion Apache, de la Tribu Apache San Carlos, de la Tribu Apache de White Mountain et de centaines d’autres tribus Autochtones.
La plainte d’aujourd’hui contre le gouvernement des Etats-Unis, dit que faire cadeau d’Oak Flat et le détruire viole la Loi sur la Restauration de la Liberté Religieuse et les droits constitutionnels des Apaches à la liberté religieuse, à une vraie procédure, et à une pétition et une solution. Le ‘cadeau’ constitue aussi un abus de confiance et un non-respect d’obligations fiduciaires.
« Oak Flat est saint et sacré. Chi’chil Bildagoteel tient une place centrale dans notre religion traditionnelle et notre identité en tant que peuple Apache, » dit l’ex-président tribal des Apaches de San Carlos, et dirigeant du Bastion Apache, le Dr. Wendsler Nosie Sr. « Le don de notre terre sacrée par le gouvernement des Etats-Unis pour sa destruction par une compagnie minière étrangère, détruit notre possibilité de pratiquer notre religion. Ça viole notre droit selon le Premier Amendement, d’exercer notre droit, protégé par la Constitution, de pratiquer librement notre religion. »
En décembre 2014, après avoir été contrecarré pendant près de dix ans, le Sénateur Républicain d’Arizona John McCain, accompagné par les Représentants Ann Kirkpatrick (Démocrate, Arizona) et Paul Gosar (Républicain, Arizona), a ajouté un avenant à la loi d’autorisation du budget de la Défense, qui donnait Oak Flat à Resolution Copper.
Oak Flat est situé à un peu plus de 100 km à l’est de Phoenix, sur le territoire de la Forêt Nationale de Tonto, sur des terres partagées historiquement par de nombreuses tribus, dont les Apaches, les Yavapai, les Pee-Posh et les O’odham. Avant l’ajout du fameux article, Oak Flat avait été protégé des activités minières depuis 1955, quand le Président Eisenhower avait déclaré la zone protégée, pour sa valeur culturelle et environnementale. Rio Tinto admet que sa mine à Oak Flat créera un cratère de près de 3,2 km de large et de plus de 300 m de profondeur. Oak Flat sera détruit.
« Des corporations minières d’autres pays veulent détruire notre terre sacrée, détruire nos croyances religieuses et détruire notre liberté religieuse », dit la membre du Bastion Apache Naelyn Pike. « Oak Flat, ou Chi’chil Bildagoteel, est un cadeau de Dieu, que notre créateur nous a donné pour des buts sacrés et ça doit être protégé pour cette raison. »
En novembre 2013, le Président Tribal actuel de San Carlos, Terry Rambler, dit au Congrès : « …creuser une mine sur la zone d’Oak Flat aura un impact très négatif sur l’intégrité de la zone en tant que site sacré et religieux. Il n’y a pas d’atténuation possible pour la destruction de ressources culturelles Apaches… Il n’y a pas d’actions humaines ni de mesures qui pourraient réparer ce site ou le restituer une fois qu’il sera perdu. »
Cet été, Rio Tinto a détruit les Gorges de Juukan, un site sacré en Australie. Le mois dernier, le Président de Rio Tinto, Simon Thompson, a promis : « En tant qu’entreprise, nous sommes engagés à apprendre de cette affaire, pour assurer que la destruction de sites d’une telle importance archéologique et culturelle ne se produise plus jamais. » [Il s’agit de la destruction d’un site aborigène vieux de 46000 ans ! NdT].
En dépit de la promesse de Thompson, Rio Tinto essaie de répéter sa parodie des Gorges de Juukan à Oak Flat.
« Oak Flat est sacré. C’est là où la religion des peuples Apaches a commencé. Où l’alliance entre le divin et l’humain a été établie. C’est comme le Mont Sinaï, où les Chrétiens et les Juifs croient que Moïse a reçu l’Alliance, » dit le Révérend Dr. William J. Barber, co-président de la Campagne des Pauvres, en décembre. « Ce gouvernement ne devrait en aucun cas prendre ces terres et les donner à cette multinationale, Resolution Copper, seulement pour le profit et le pouvoir. »
« Comme pasteur Chrétien engagé pour la liberté religieuse de tous, j’appelle tous les gens de foi à soutenir Wendsler Nosie et le Bastion Apache avant qu’il ne soit trop tard » dit le Révérend John Mendez, de l’Eglise Baptiste d’Emmanuel, au cours d’un rassemblement des ‘Réparateurs de la Brèche’ en novembre 2019.
*La fin du mandat de Trump risque de ne pas changer grand-chose à l’affaire. Comme vous avez pu le lire dans l’article, c’est en décembre 2014 que John McCain et quelques autres ont introduit un « avenant » dans la loi sur le budget de la Défense, accordant Oak Flat à Resolution Copper. Ça s’est donc passé sous la présidence d’Obama, avec Joe Biden comme vice-président. Quelques jours après avoir présenté son ‘équipe de choc’ pour sauver l’environnement, Joe Biden a nommé – encore – Tom Vilsack à l’Agriculture, dont dépend le Service des Forêts. Récemment, le Conseil Consultatif pour la Préservation Historique a envoyé une lettre au Service des Forêts de la Forêt de Tonto, objectant à l’attribution d’Oak Flat à Resolution Copper, en contradiction avec de nombreuses règles relevant de la Préservation Historique. La Préservation Historique dépend de l’Intérieur, donc bientôt de Deb Haaland, première Autochtone ministre, figure de proue de l’‘équipe de choc’. Retarder la décision concernant Oak Flat pourrait conduire à une confrontation entre l’Intérieur et l’Agriculture… Tom Vilsack est l’homme des grandes compagnies, il est lui-même à la tête de la plus grande compagnie laitière des Etats-Unis. En fait, ça arrange aussi les Démocrates que l’affaire soit réglée avant le départ de Trump.
Par Indigenous Action
10 janvier 2021
Traduction Christine Prat (CSIA-Nitassinan)
Territoires Occupés Piscataway (Washington, DC) – Quand des milliers de nationalistes blancs ont attaqué le Capitol, nous avons été stupéfaits par la relative facilité avec laquelle ils ont pu accéder à ce pinacle de l’ordre Américain. Cependant, nous n’avons pas été surpris du tout, ni choqués, par ces convulsions de chauvins néo-fascistes occidentaux, ni par la collusion tacite de la police.
La tension derrière cette escalade monte depuis des années, avec des pseudo- et des vrais fascistes comme Milo, Spencer, Bannon, Oath Keepers, Proud Boys et d’autres, rivalisant pour être sous les projecteurs de l’archaïque scène de la xénophobie, que Trump et ses troupes ont remise à neuf et rebaptisée, pour « protéger » la « civilisation occidentale » et « l’héritage blanc ».
Trump a joué avec le feu des politiques nationalistes autoritaires depuis des années, avec sa rhétorique à la Pyrrhus. De ce point de vue, nous voyons les actions du 6 janvier comme une blessure auto-infligée, comme l’une des nombreuses actions du pacte mortel qu’est le projet colonial, ou ce qu’ils appellent « l’Amérique ». Nous ne voyons pas cela comme une « attaque » exceptionnelle contre la démocratie, mais comme une glissade en direct d’un ordre établi sur la violence contre les noirs et basanés, le territoire et les êtres non-humains. Ce n’est pas une spirale descendante, dans le contexte du colonialisme, c’est un cercle complet.
Ce qui s’est passé au Capitol était parfaitement prévisible comme partie intégrante de leur cri de guerre « arrêtez le vol », dans leur fantasme d’une « guerre civile Américaine ». Nous ne nous préoccupons pas beaucoup de leurs théories conspirationnistes ni de leur fixation sur des élections « volées », ni de placer toute la responsabilité sur un seul démagogue. La suprématie blanche est une conspiration qui a inventé le projet d’une soi-disant démocratie aux Etats-Unis, projet fondé sur l’annihilation physique des Autochtones et le vol de terres à grande échelle. Alors, pour effectivement arrêter « le vol » de terres volées, les pierres du Capitol devraient être remises dans la terre et le territoire accueillir le retour des Piscataway.
Que l’Etat soit désinvolte pour contrôler une émeute conduite par des colons blancs, et particulièrement musclé quand les Noirs, Autochtones et Gens de Couleur résistent et se révoltent, est un argument fait pour justifier les sentiments progressistes, ce n’est absolument pas une accusation radicale exprimant ce qui est évident depuis 1492 dans ces territoires.
Bien que nous partagions certaines observations de nos parents [Autochtones] qui voient de l’hypocrisie dans la manière dont la violence d’état s’est déchainée contre les protecteurs de l’eau Autochtones à Standing Rock, ou contre les révoltes contre les violences policières conduites par des Noirs, nous voyons peu d’utilité dans ces comparaisons morales et ces condamnations politiques. Alors que la répression et la violence définit et a toujours défini, la politique de « l’Amérique ». Souligner les contradictions, ou moraliser certaines fausses équivalences entre les bonnes et les mauvaises formes de protestation et de désaccord, sert en fin de compte à renforcer la violence d’état dans son ensemble et implique la suggestion progressiste que l’état peut être réformé pour que la loi soit appliquée égalitairement. Alors que « La Loi » elle-même est de la violence. Que l’état soit désinvolte pour contrôler une émeute conduite par des colons blancs, et particulièrement musclé quand les Noirs, Autochtones et Gens de Couleur [BIPOC] résistent et se révoltent, est un argument fait pour justifier les sentiments progressistes, ce n’est absolument pas une accusation radicale exprimant ce qui est évident depuis 1492 dans ces territoires. Faire la police en « Amérique » a commencé par entretenir la « propriété blanche ». Sa première fonction a été de s’emparer de vies Noires volées et de défendre des terres Autochtones volées. L’état et sa soi-disant « démocratie », est un projet de suprématie blanche et, en tant que tel, sera toujours de connivence avec ses bénéficiaires.
La gauche libérale et les pontes centristes, et quelques voix de droite, ont fermement condamné le siège du Capitol, et appelé à la « guérison » de l’ordre démocratique. Partout dans le monde un chœur de politiciens néo-libéraux a appelé à une « passation de pouvoir pacifique ». Cependant, il n’y a jamais rien eu de pacifique dans l’existence des Etats-Unis pour les Autochtones qui ont désiré protéger leurs terres, les gens et leurs modes de vie. De plus, la politique des Etats-Unis dans le monde a fomenté l’instabilité politique de ceux qui s’y opposent depuis son inception. De la destruction pure et simple et la manipulation de sociétés culturelles Autochtones pour financer des coups d’état et des insurrections, à l’invasion et la guerre dans le monde entier, de Big Mountain à la Palestine, et littéralement partout entre les deux.
La notion de « moyens pacifiques », plus particulièrement de la part de ceux qui sont dans les bras législatifs de l’état, ses agents au sens littéral et ses représentants, n’est pas simplement hypocrite, c’est de la tromperie flagrante et intentionnelle. Ça a pour but évident de minimiser et d’obscurcir, non seulement l’existence de l’état dont la perpétuation dérive de la violence, mais le fait que le rôle même joué par l’appareil politique et ses polititrucs est celui d’une institution orchestrée de la violence. Régulée par la façade de la légitimité, en tant que « la loi » ; ou les nombreux mois nous ont-ils échappé, d’abjecte indifférence de l’état à la détresse de ses propres citoyens, étranglés par une économie en chute libre, saisis par une pandémie à laquelle il n’était pas possible d’échapper, alors que, simultanément, le plus gros budget militaire de l’histoire des Etats-Unis était imposé, et que toute stipulation à propos du changement climatique, de la protection de l’environnement et des ressources et de la protection personnelle, a été attaquée et sapée ? Y avait-il une forme de violence que nous n’avons pas vue fouler aux pieds les masses ? Les impacts hors de proportions des tempêtes incendiaires, des canicules, des coups de froid, des ouragans et des inondations gigantesques, n’étaient-ils pas de la violence ? Et pourtant évitables si seulement ceux qui clament que gouverner est pacifique n’avaient pas manqué d’agir ?
La quantité de violence précipitée à partir de l’institution du Capitol des Etats-Unis comme loi à faire respecter, contre les corps Autochtones et contre les terres sacrées, est incalculable. Des politiciens dénonçant la violence politique du dais du Capitol, et les progressistes hochant la tête en guise d’approbation, sont d’autant plus coupables de cet héritage brutal qui dure encore.
Dans l’incrédulité, les suppliques demandant justice pour les Femmes, Filles, Trans et Deux-Esprits Autochtones, ont été faites aux mêmes législateurs qui ont écrit ces lois mêmes qui ont précipité les conditions pour que tant de nos parents [Autochtones] périssent.
Nous rejetons toute ouverture pour guérir cet ordre colonial, nous cherchons sa totale abolition.
Le 6 janvier a mis à nu la vulnérabilité et la peur d’un empire qui se consume lui-même.
Nous voyons cette volatilité actuelle, cet abandon, peu importe que ce soit momentané, comme offrant une possibilité, ou l’opportunité stratégique de la violence de colon contre colon.
Après la fin des soi-disant « Guerres Indiennes », les Etats-Unis ont perfectionné leur stratégie de conquérir et diviser, utilisant simultanément les tactiques ouvertes et couvertes de la « terre brûlée » pour perpétuer le génocide et le vol de terres à grande échelle. Comme étudiants involontaires de cet héritage de violence, nous voyons la même possibilité de division et déstabilisation : saisir toutes les occasions de faire de la propagande sur la division, en utilisant tout moyen corrosif, narratif ou pratique, pour employer de façon créative la déstabilisation d’une structure fondamentale par des actions directes asymétriques, ouvertes ou souterraines. Ce système économique et politique a été brûlé par la pandémie. La chaleur monte en même temps que le réchauffement, produit industriellement, de la terre. Ainsi, peut-être que ces crises combinées peuvent être une opportunité anticoloniale tactique pour précipiter l’instabilité, tout en construisant, stabilisant et multipliant simultanément des travaux collectifs vers des communautés saines et justes.
Le 6 janvier a mis à nu la vulnérabilité et la peur d’un empire qui se consume lui-même.
Nous prévoyons que la réponse autoritaire aux actions du 6 janvier frappera tout le spectre politique. Nous ne nous faisons pas d’illusions, l’habitude de vilipender ceux qui s’organisent contre le fascisme et le racisme ne va pas cesser. Ainsi, nous devons continuer à nous renforcer et à accroître et adapter les pratiques de la culture de la sécurité et soutenir ceux qui sont visés par l’état dans l’escalade de l’environnement politique.
Bien que l’état cherche à poursuivre ceux qui ont attaqué le Capitol, nous prévoyons aussi que ces fascistes seront enhardis dans leurs attaques directes contre les plus vulnérables dans nos communautés. Nous sommes plus intéressés par l’organisation d’une défense collective et par la construction de nos propres capacités et infrastructure pour le conflit.
C’est une proposition de survie, de libération et de renouveau, tant qu’elle est fondée sur des actions qui restaurent l’autonomie Autochtone, la réparation pour les Noirs et se recentrent sur les forces LGBTQ, Deux-Esprits et BIPOC [Noirs, Autochtones et Gens de Couleur]. Tant que c’est décentralisé, anti-autoritaire, et férocement intersectionnel.
C’est une stratégie de ruines, ce qui est la trajectoire naturelle des empires. Il y a une tendance à aller vers la cendre pour ceux qui jouent avec le feu, et bien que les flammes qui emportent cet empire n’aient pas été allumées par nous, nous jetterons de l’huile sur le feu et attiserons ces flammes.
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Réaction d’Indigenous Action à la nomination de Deb Haaland à l’Intérieur (dont dépendent les ‘Affaires Indiennes’), sur Facebook, le 17 décembre 2020:
Les politiques des Etats-Unis envers les Peuples Autochtones ont toujours été un processus d’annihilation sociale et culturelle.
Le Bureau des Affaires Indiennes (BIA) a été créé en 1824, comme faisant partie du Département de la Guerre, afin de faciliter les invasions coloniales vers l’ouest des Terres Autochtones.
C’est aussi le BIA qui a fondé le premier pensionnat Indien.
La stratégie qui consiste à voter pour insérer les Peuples Autochtones dans une structure de pouvoir coloniale, n’est pas un acte de décolonisation, c’en est la réalisation complète.
Nous avons toute une histoire de membres de nos peuples qui ont été utilisés contre nous par les forces coloniales, en particulier par l’assimilation d’Autochtones servant de « Scouts Indiens » pour aider la force militaire de l’ennemi.
Nous avons affronté des membres de notre peuple qui soutenaient les politiques de colonialisme de ressources, qui ravagent nos terres sacrées depuis des siècles ; donc, nous sommes profondément sceptiques dans le cas présent.
Nous exigeons aussi que Mme Haaland rende compte de sa politique d’exclusion des Freedmen [esclaves qui ont rejoint des tribus Autochtones] lorsqu’elle siégeait au Congrès. La collaboration de Mme Haaland avec l’état et la perpétuation de l’hostilité envers les Noirs ne doivent pas être ignorées.
Nous sommes pour la libération totale, pas pour une politique d’assimilation.