Par Brenda Norrell
Censored News
15 février 2025
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
WINDOW ROCK, Navajo Nation – Un comité du Conseil de la Nation Navajo a demandé qui était responsable de l’accord avec Energy Fuels qui autorise des camions chargés de minerai d’uranium radioactif à passer par la Nation Navajo, et souligné que le Conseil de la Nation Navajo n’avait jamais été consulté et n’avait jamais approuvé l’accord avec Energy Fuels.
Après avoir louvoyé et évité de répondre aux questions, les avocats du gouvernement Navajo ont fini par dire que les responsables des négociations de l’accord étaient Ethel Branch, ex-Procureure Générale de la Nation Navajo, Heather Claw, actuelle Procureure Générale, avec le Département de la Justice Navajo et l’Agence pour la Protection de l’Environnement (EPA) Navajo.
Des camions transportant des déchets radioactifs d’uranium – couverts de simples toiles cirées – ont traversé la Réserve mercredi 13 février et deux autres jeudi 14. Le nombre de camions va augmenter. De deux à quatre camions passeront chaque jour jusqu’à la fin du mois. L’accord est prévu pour les deux à quatre ans à venir.
Les camions sont passés sans que les habitants soient prévenus.
Lors d’une réunion de jeudi, des Délégués du Conseil de la Nation Navajo ont rappelé qu’ils étaient le corps législatif de la Nation, mais n’avaient jamais été consultés sur l’accord avec Energy Fuels.
Réunion ordinaire du Comité Naabik’íyáti’, jeudi 13 février 2025
Questions de la tribu aux avocats et à l’EPA Navajo sur l’accord
La déléguée Eugenia Charles-Newton demanda qui avait négocié les termes de l’accord et qui avait décidé du montant à payer à la tribu par Energy Fuels.
« Qui en est arrivé au montant de 1,2 million de dollars ? »
« Nous n’aurions jamais dû accepter, parce qu’au cours de la dernière réunion que nous avons eu sur l’uranium, nous avons tous été d’accord pour ne pas autoriser que de l’uranium soit transporté dans notre Nation Navajo, parce que nous nous battons toujours avec le gouvernement fédéral sur ce qui est arrivé à notre peuple, et qu’il continue à balayer en disant ‘C’est arrivé il y a des années, pendant la deuxième Guerre Mondiale.’ »
E. Charles-Newton a mis en question la légalité de l’accord et si ceux qui l’avaient négocié avaient le pouvoir de le faire.
Elle dit que le 1,2 million de dollars d’Energy Fuels à la tribu n’étaient pas grand-chose, que ça ne couvrirait les coûts que d’une seule personne atteinte de cancer.
« Ce qui me préoccupe, ce sont les Navajos qui combattent toujours le cancer à cause des mines dans lesquelles ils ont travaillé, alors que le gouvernement fédéral avait choisi de ne pas leur donner d’informations, et je me demande si nous connaissons déjà tout les effets de l’uranium, pourquoi nous autorisons à ce que ça continue, et si nous voulons y mettre fin. »
Elle demanda pourquoi il n’y avait pas eu d’audiences publiques, ni de communiqués de presse importants, et pourquoi les Diné n’avaient pas été informés durant les négociations.
« Où est-il spécifié qu’ils peuvent signer ce contrat sans passer par le Conseil ? »
À la suite de ses questions, une longue et fastidieuse série d’explications fut donnée par les avocats tribaux et l’EPA Navajo au cours de la session du conseil.
Le directeur exécutif de l’EPA Navajo, Steven Etsitty, dit que le prix élevé de l’uranium sur le marché mondial stimulait la réouverture de la mine Pinyon Plain et d’autres mines d’uranium. Etsitty dit que l’autre facteur qui prouvait que ça allait continuer, est le fait que l’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels à White Mesa, en Utah, était la seule en service aux États-Unis.
L’avocat pour les ressources naturelles de la tribu, Dan Moquin, dit que des camions d’uranium étaient probablement passés dans la Nation Navajo autrefois, mais qu’on ne pouvait pas le savoir ni les surveiller.
L’EPA Navajo et les avocats tribaux affirmèrent que cet accord bénéficiait aux Navajos, mais les délégués du conseil n’étaient pas d’accord.
Le Délégué du Conseil, le Dr. Andy Nez dit que « cet accord ne bénéficie pas à notre peuple. »
Le Dr. Nez, qui représente Crystal, Fort Defiance, Red Lake et Sawmill, demanda si l’EPA Navajo avait un plan pour les situations d’urgence qui ne manqueront pas de se produire.
« Malheureusement, nous avons beaucoup de parents le long du trajet. Ils les empruntent, vous savez qu’ils vendent leurs marchandises le long de ces trajets, et cela met en danger nos parents et notre Agence de l’Ouest sur tout le chemin jusqu’en Utah. »
« Quand je pense aux bénéfices, ça ne bénéficie qu’à Energy Fuels […] »
« Pour moi, ça n’a pas de sens » dit le Dr. Nez à propos des négociations. Il fit aussi remarquer qu’aucun permis pour transports dangereux n’avait été délivré aux chauffeurs de camions par l’EPA Navajo.
S. Etsitty répondit que le permis était pour la compagnie de transport, Hammond Trucking, qui payait une redevance annuelle.
Les délégués du Conseil étaient visiblement frustrés par le manque de réponses. Le membre du Conseil George Tolth dit « je ne pense pas qu’ils vont nous donner des réponses. Ils ne font que se repasser la patate chaude. »
[…]
Tolth recommanda que le sujet soit renvoyé au Comité des Ressources et du Développement du Conseil Navajo. Il dit aussi qu’il faudrait probablement avoir recours à une assignation pour obtenir des réponses à leurs questions. […]
Le comité décida d’y revenir dans deux semaines, et comme il s’agit d’un contrat, la session ne sera pas publique.
Entretemps, des Navajos témoignent que les toiles cirées qui couvrent les déchets radioactifs des camions ne sont pas sûres, qu’elles s’ouvrent dans les coins à cause du vent, ce qui contamine l’air.
L’accord inclut aussi une autorisation future pour qu’Energy Fuels transporte des déchets radioactifs dans la partie est de la Nation Navajo, au Nouveau-Mexique, si Energy Fuels entreprend l’extraction d’uranium de la mine Roca Honda, près de la Montagne Sacrée Diné, le Mont Taylor, au Nouveau-Mexique.
Selon l’accord, Energy Fuels accepte de retirer de la Nation Navajo 10 000 tonnes de déchets des mines d’uranium abandonnées exploitées pendant la Guerre Froide.
Mais si ce nettoyage peut bénéficier à la tribu Navajo, les Navajos concernés et les Utes soulignent que ça va aggraver le danger pour les Utes de White Mesa, dont la communauté vit là où l’usine de traitement est située, un site de décharge de déchets radioactifs, dans l’Utah.
Les Utes de White Mesa ont témoigné en 2024 devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains en 2024, des effets de l’usine sur la santé. Ils veulent que l’usine ferme.
Le Président Navajo Buu Nygren dit que c’était la Procureure Générale Heather Claw qui avait signé l’accord avec Energy Fuels, pour la Nation Navajo. Lundi 10 février, un autre membre du Conseil de la Nation Navajo avait dit que l’accord avec Energy Fuels n’avait été ni négocié ni approuvé.
L’accord secret du Président Navajo avec Energy Fuels met en danger toute la région, y compris les Laguna et Acoma du Nouveau-Mexique qui souffrent déjà de cancers et autres maladies mortelles à cause de la mine d’uranium Jackpile, aujourd’hui abandonnée. L’accord avec le gouvernement Navajo permet aussi de transporter des déchets d’uranium dans la partie Est de la Nation Navajo, si Energy Fuels exploite une mine d’uranium près du Mont Taylor, au Nouveau-Mexique.
Nos amis de Haul NO! continuent de se battre contre le nucléaire et les mines d’uranium.
Par Brenda Norrell
Censored News
9 février 2025
Traduction Christine Prat
TUBA CITY, Nation Navajo – Leona Morgan, Diné, cofondatrice de Haul No!, dit que la Nation Navajo « fait marche arrière » en autorisant le transport de minerai d’uranium à travers des communautés Diné. Ce transport de matériaux radioactifs du Grand Canyon signifie aussi qu’encore plus de déchets mortels s’entasseront dans une autre communauté Autochtone, la communauté Ute de White Mesa, en Utah.
Actuellement, avec peu ou pas d’informations sur le trajet, le gouvernement Navajo considère que les Chapitres Diné sur le trajet auront tous un plan d’urgence. Leona demanda si les communautés Diné en étaient conscientes, et si les Chapitres Navajo étaient en mesure de faire face à des urgences radioactives.
« Qui sont les Premiers Intervenants ? »
Finalement, les Diné devront affronter le Président Navajo et le Service de la Justice Navajo, dit-elle.
« Nous ne sommes pas inclus dans cet accord » dit Leona à propos de l’accord entre la Nation Navajo et Energy Fuels.
« Il n’y a pas eu de consentement libre, préalable et informé » dit Leona en citant la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. « Les gens dans les communautés n’ont pas été consultés. »
« Comment peuvent-ils commencer le transport le 12 février, alors qu’il n’y a même pas de points de contrôle ? Nous n’avons pas de système de surveillance de l’air, » dit Leona du manque de préparation au transport radioactif dans la Nation Navajo.
Energy Fuels a l’intention de traverser les communautés Navajo avec de six à dix camions chargés de déchets radioactifs à partir du 12 février 2025.
Leona appela les communautés à s’organiser et souligna que les Chapitres Navajo pouvaient avoir leurs propres points de contrôle.
Avec la nouvelle incitation « creusez, creusez » du Président des États-Unis, la Nation Navajo fait face à un futur incertain, dit-elle. Les États-Unis investissent dans le développement de minéraux critiques et dans l’usine d’Energy Fuels chez les Utes de White Mesa.
« Nous devons faire pression sur notre gouvernement pour qu’il fasse ce que nous voulons – pas ce que veut le gouvernement fédéral. »
« Ça va empirer, parce qu’ils pensent que le nucléaire est de l’énergie propre » dit Leona à propos des pressions pour de l’énergie alternative.
L’accord de la Nation Navajo avec Energy Fuels signifie toujours plus de déversement de déchets radioactifs dangereux dans la communauté de White Mesa. Dans l’accord, Energy Fuels déclare avoir l’intention de transporter 10 000 tonnes de matériaux de décontamination contenant de l’uranium, des mines abandonnées dans la Nation Navajo.
Leona a été élue récemment par le Conseil de la Nation Navajo pour siéger à la Commission Consultative Diné de Réhabilitation [des zones touchées par] de l’Uranium, en tant que conseillère du Président et du Conseil Navajo.
À Tuba City, samedi, Leona dit que Haul No! avait débuté en 2016, quand il a été connu que l’extraction à la mine Pinyon Plain, dans le Grand Canyon allait commencer. Maintenant commence une nouvelle bataille, étant donné que le gouvernement de la Nation Navajo a approuvé le transport d’uranium à travers les communautés Navajo jusqu’à la communauté Ute de White Mesa.
La mine d’Energy Fuels Pinyon Plain et leur usine dans le sud de l’Utah, menacent des communautés Autochtones dans toute la région.
S’adressant au Forum de la Communauté samedi, Leona dit que le trajet des camions passera par la ville de Flagstaff – puis Cameron, Tuba City, Kayenta et Mexican Water, dans la Nation Navajo – avant d’atteindre l’usine en Utah. La région faisait partie de la campagne 2017 de Haul No!, avec de l’entrainement à l’action directe et une campagne de prise de conscience, commencée à l’usine de White Mesa et informant les communautés Navajo.
Maintenant, l’usine d’uranium fonctionne depuis un an et le transport par des camions radioactifs à travers la communauté Navajo a commencé en juillet 2024. Leona expliqua comment le Président Navajo a été impliqué en juillet, en même temps que le gouverneur d’Arizona.
« Beaucoup de gens n’ont pas compris que ce n’était qu’une pause. »
« Nous savons que quand les gens savent, ils peuvent parler et faire la différence » dit Leona à ceux qui étaient rassemblés à Tuba City. Elle expliqua les récents efforts pour faire fermer la mine et obtenir une nouvelle évaluation des risques et menaces environnementaux.
Cependant, la Nation Navajo n’a pas d’autorité sur les routes fédérales qui traversent la Réserve. Elles sont sous l’autorité de l’état et du gouvernement fédéral. Ainsi, par les négociations, le gouvernement Navajo a mis des restrictions au transport et la compagnie les a acceptées. L’une des restrictions est qu’il n’y ait pas de transport entre 8h du matin et 15h, quand les enfants sont à l’école.
« Les dirigeants de la compagnie essaient de passer pour des mecs bien, disant ‘Nous sommes pour la souveraineté tribale’ – mais ils ne le sont pas » dit-elle.
La réalité est que la pause n’était que pour six mois, le temps pour la Nation Navajo de mettre ses règles en place. La Nation Navajo travaille toujours sur ces règles, et comment en mettre de nouvelles, dit-elle.
« La communauté Ute de Ute Mountain nous en veut, » dit-elle, ajoutant qu’il y aurait maintenant encore plus de déchets radioactifs transportés dans leur communauté en Utah.
« Les gens des communautés n’ont pas été consultés. »
« Les autres tribus – Havasupai, Hualapai, vont probablement nous le reprocher, nous devons faire savoir à la Nation Navajo que nous ne voulons pas de cela » dit Leona à propos du trajet à travers d’autres terres et communautés Autochtones.
Leona parla de la bataille qui avait eu lieu dans sa communauté de l’est de la Nation Navajo, quand l’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis avait divulgué son projet d’emmener les déchets radioactifs de la fuite de Church Rock, au Nouveau-Mexique, et de les transporter jusqu’à l’usine de traitement, dans la communauté Ute de White Mesa, en Utah.
« Nous avons dit ‘Non ! » Leona dit que la Nation Navajo avait déclaré, il y a quelques années, qu’elle ne déchargerait pas ses déchets radioactifs dans une autre communauté Autochtone.
« Maintenant, ils font marche arrière, ils y mettent encore plus de déchets radioactifs. »
Leona dit que le rassemblement de samedi était organisé pour entendre les idées des gens sur le transport radioactif à travers leurs communautés. Elle demanda aussi : « Est-ce que la décontamination [des mines abandonnées] a vraiment été faite ? »
« Ce n’est pas de la décontamination, » dit Leona. Elle expliqua que les terres rares étaient nécessaires pour les batteries solaires, les téléphones portables et le développement d’énergie dite de transition.
Elle dit que la compagnie Energy Fuels, se fondant sur ces besoins, projetait de collecter les déchets d’uranium et de les traiter pour répondre à ce qu’elle croit être une forte demande.
« Qu’est-ce que cela signifie ? » demanda t-elle, à propos du nouvel accord de la Nation Navajo et de l’absence de consultation des communautés Diné.
Leona mit aussi en question le fait que le gouvernement Navajo demande à chaque Chapitre de réagir d’urgence en cas de menace, ne sachant pas si tous les Chapitres avaient un plan d’urgence en cas d’accident radioactif, ni qui étaient leurs Premiers Intervenants.
« Ont-ils les informations ? » demanda Leona.
Elle dit qu’en cas d’urgence, le Premier Intervenant est le chauffeur du camion – mais qu’arriverait-il s’il en était dans l’incapacité ? Alors, le premier témoin oculaire, en principe la police Navajo.
Elle encouragea les gens concernés à s’organiser et dit « Nous sommes là pour entendre vos préoccupations. »
Leona dit son admiration pour les jeunes qui se préparent à résister, comme Biddy Roots. « Ils sont comme une réponse à mes prières. »
« Nous ne sommes pas inclus dans cet accord. »
« Ça va être pire parce qu’ils pensent que le nucléaire est de l’énergie propre. » Elle indiqua aussi que des membres du Conseil Navajo soutenaient un nouveau gazoduc pour de l’hydrogène et l’exploitation de pétrole et de gaz.
Leona souligna qu’une nouvelle solution pour les déchets radioactifs dans la Nation Navajo n’est pas du tout une solution.
Et elle dit que le nouveau site d’enfouissement de Red Rock, au Nouveau-Mexique, à la frontière de la Nation Navajo, est salué comme étant « hors de la réserve », à moins de 10 km à l’est de Thoreau.
« Des parents y vivent encore, pour moi c’est toujours en pays Indien. »
L’accord Navajo avec Energy Fuels signifie encore plus de décharge radioactive dans la communauté Ute de White Mesa
La Nation Navajo n’est qu’une des communautés Autochtones en danger. La mine d’uranium Pinyon Plain, au sud du Grand Canyon, est creusée dans les terres ancestrales des Havasupai. La source d’eau de Supai est menacée et de la poussière radioactive se répand sur leurs plantes et dans l’air qu’ils respirent.
Les Supai, Paiutes, Hualapai, Diné, Hopi et Utes vivent près du trajet de transport.
Energy Fuels a annoncé l’accord avec la Nation Navajo le 29 janvier 2025.
Les Utes de White Mesa ont témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington en 2024, expliquant que les Utes sont malades de dizaines d’années de pollution radioactive dans leur communauté. Et maintenant, Energy Fuels y amène des déchets radioactifs du Japon et d’Europe.
Anferny Badback, Ute de Ute Mountain, de White Mesa, a témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington que l’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels avait pollué l’eau souterraine, les plantes, les oiseaux, la vie sauvage et l’air dans sa communauté du sud de l’Utah.
Les jeunes ont de l’asthme, les Utes doivent acheter de l’eau en bouteille.
« Nous voulons que l’usine ferme » dit-il à la Commission.
L’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis trompe le public en annonçant la décontamination de mines abandonnées
Les Havasupai, Diné, Utes, Arapahos et Lakotas ont témoigné devant la Commission le 28 février 2024 d’un racisme environnemental.
L’Agence pour la Protection de l’Environnement ne nettoie pas les déchets radioactifs laissés par l’extraction d’uranium de la Guerre Froide – elle ne fait qu’annoncer des projets de nettoyage. Il y a 524 sites de mines qui attendent toujours d’être décontaminés dans la Nation Navajo.
Voir aussi : « L’accord sur le transport d’uranium déshonore l’héritage de Klee Benally
Par Brenda Norrell
Censored News
3 février 2025
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
La Nation Navajo a déshonoré la mémoire de Klee Benally en donnant son accord pour autoriser des camions transportant de l’uranium radioactif à traverser la Nation Navajo. C’est ce que Klee avait passé les dernières années de sa vie à combattre.
Les transports mortels de la mine d’uranium d’Energy Fuels Pinyon Plain, dans le Grand Canyon du Colorado passera par le pays des Havasupai, puis par les territoires de Paiutes, de Diné (Navajos) et de Hopis, en Arizona, avant d’atteindre le lieu où ils seront déchargés : l’usine de traitement d’Energy Fuels, dans la Communauté Ute de White Mesa, dans le sud de l’Utah.
Klee recevra, à titre posthume, le Prix d’un Futur Sans Nucléaire, à New York, en mars.
L’association Un Futur Sans Nucléaire a déclaré, en annonçant le prix : « Klee Benally était un activiste et un musicien Navajo, des clans Diné Tódích’íí’nii et Nakai. Il avait eu aussi une carrière musicale avec ses frère et sœur, dans le groupe Blackfire. »
« Klee était un militant et réalisateur passionné, qui dénonçait l’héritage colonialiste de mines d’uranium et se battait pour la décontamination de plus de 500 mines d’uranium abandonnées qui continuent d’empoisonner la Nation Navajo. Un mois avant son décès, le 30 décembre 2023, Klee avait publié son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »
Le prix sera remis à sa mère, Berta Benally.
Klee, co-fondateur de Haul NO!, alertait sur le danger posé à l’eau et aux rivières par l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon et par le transport mortel de minerai radioactif, juste avant de nous quitter en décembre 2023.
« La radioactivité pourrait contaminer le sol, l’eau et l’air, à cause de la Mine du Canyon, de l’usine de White Mesa et du transport qui pourrait toucher le nord de l’Arizona, le sud-est de l’Utah, le fleuve Colorado, le cours d’eau de Moenkopi, la rivière San Juan, et les terres et ressources culturelles des Havasupai, Hopis, Navajos, Utes et Paiutes. »
Déplacer les déchets nucléaires d’une communauté Autochtone à une autre N’EST PAS une SOLUTION – et met tout le monde en danger le long du trajet mortel
Selon Haul NO! Energy Fuels a annoncé, le 29 janvier 2025, avoir trouvé un accord avec la Nation Navajo sur le transport d’uranium, mettant fin à l’arrêt temporaire du transport.
« L’accord inclut des dispositions stipulant qu’Energy Fuels retirera 10 000 tonnes de déchets de mines d’uranium abandonnées de la Nation Navajo, pour les déposer à l’usine de White Mesa, ce qui touchera nos parents Utes. »
« Le 30 janvier 2025, Energy Fuels a annoncé que le transport de minerai de la mine Pinyon Plain à travers la Nation Navajo, jusqu’à l’usine de White Mesa commencerait vers le 12 février 2025 », selon Haul NO!
La tromperie permanente et les décisions génocidaires du Gouvernement des États-Unis
L’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis (EPA) a trompé le public. Bien qu’ayant constamment annoncé la décontamination de sites de mines d’uranium abandonnées dans la Nation Navajo, elle ne décontamine pas les 524 sites, et il y a toujours des déchets radioactifs éparpillés depuis l’extraction d’uranium de la Guerre Froide.
Le directeur du Centre Légal pour l’Environnement du Nouveau-Mexique a témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains, soulignant que les États-Unis révélaient vouloir sacrifier des Autochtones pour plus de « sécurité nationale » – au lieu de s’occuper des dégâts. La Commission de Régulation du Nucléaire n’a pas respecté les commentaires publics. Quant à l’EPA, il est trop tard. Il y a toujours 524 sites de mines d’uranium à décontaminer dans la Nation Navajo. Aucune n’a été complètement décontaminée, dit-il en mars 2024.
« Les reliques de nos ancêtres ont été profanées pour construire l’usine » dit Anferny Badback, Ute de Ute Mountain, à la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington. Il a témoigné que l’usine avait contaminé l’eau souterraine, les plantes, les oiseaux, la vie sauvage et l’air, dans sa communauté du sud-est de l’Utah.
Les jeunes ont de l’asthme et les gens ne peuvent plus utiliser leur eau de source. Les Utes doivent acheter de l’eau en bouteille pour boire et ne peuvent plus chasser à cause de la pollution. Maintenant, l’usine importe des déchets internationaux et est devenu un dépotoir de déchets radioactifs de bas niveau, parce que les lois de l’Utah sont laxistes. « Nous voulons que l’usine ferme » dit A. Badback à la Commission.
Dans son témoignage, Carletta Tilousi, Havasupai, dit que la pollution de la mine d’uranium Pinyon Plain menace la fourniture d’eau aux Havasupai, dans leur territoire. La mine d’uranium est située au-dessus de la nappe phréatique, sur la rive sud du Grand Canyon.
« C’est une affaire grave et urgente » dit-elle.
« On ne peut pas autoriser la mine Pinyon Plain à continuer. »
« Il n’y a aucun respect des gens qui vivent dans ces territoires, et certainement pas de respect pour Notre Mère la Terre » dit Edith Hood, Diné de la communauté de Red Water Pond Road, à la Commission Interaméricaine des Droits Humains.
« Le gouvernement connaissait les risques et les dangers mais a négligé d’informer les gens » dit Edith Hood, qui vit en bas de la route de Church Rock, au Nouveau-Mexique, site de la pire fuite radioactive de l’histoire des États-Unis.
Des Diné, Havasupai, Arapahos du nord, Lakota Oglala et Utes de White Mesa ont témoigné sur l’exploitation de l’uranium par les États-Unis en janvier, au cours d’une session sur « les impacts de l’Exploitation d’Uranium sur les Droits des Peuples Autochtones. »
Le Bureau des Affaires Indiennes et la Commission de Régulation du Nucléaire ont fait leur propre éloge et tenté de cacher l’héritage de mort de l’extraction d’uranium, de l’éparpillement de déchets radioactifs et des usines de traitement en pays Indien, selon Censored News.
À propos de l’accord avec la Nation Navajo annoncé le 29 janvier 2025, Energy Fuels dit que le minerai de la mine Pinyon Plain serait traité à l’usine de White Mesa pour en faire des concentrés d’uranium (U3O8) utilisés pour produire la charge de base de l’énergie nucléaire.
Haul NO! tournée 2017