Par Brenda Norrell
Censored News
9 février 2025
Traduction Christine Prat
TUBA CITY, Nation Navajo – Leona Morgan, Diné, cofondatrice de Haul No!, dit que la Nation Navajo « fait marche arrière » en autorisant le transport de minerai d’uranium à travers des communautés Diné. Ce transport de matériaux radioactifs du Grand Canyon signifie aussi qu’encore plus de déchets mortels s’entasseront dans une autre communauté Autochtone, la communauté Ute de White Mesa, en Utah.
Actuellement, avec peu ou pas d’informations sur le trajet, le gouvernement Navajo considère que les Chapitres Diné sur le trajet auront tous un plan d’urgence. Leona demanda si les communautés Diné en étaient conscientes, et si les Chapitres Navajo étaient en mesure de faire face à des urgences radioactives.
« Qui sont les Premiers Intervenants ? »
Finalement, les Diné devront affronter le Président Navajo et le Service de la Justice Navajo, dit-elle.
« Nous ne sommes pas inclus dans cet accord » dit Leona à propos de l’accord entre la Nation Navajo et Energy Fuels.
« Il n’y a pas eu de consentement libre, préalable et informé » dit Leona en citant la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones. « Les gens dans les communautés n’ont pas été consultés. »
« Comment peuvent-ils commencer le transport le 12 février, alors qu’il n’y a même pas de points de contrôle ? Nous n’avons pas de système de surveillance de l’air, » dit Leona du manque de préparation au transport radioactif dans la Nation Navajo.
Energy Fuels a l’intention de traverser les communautés Navajo avec de six à dix camions chargés de déchets radioactifs à partir du 12 février 2025.
Leona appela les communautés à s’organiser et souligna que les Chapitres Navajo pouvaient avoir leurs propres points de contrôle.
Avec la nouvelle incitation « creusez, creusez » du Président des États-Unis, la Nation Navajo fait face à un futur incertain, dit-elle. Les États-Unis investissent dans le développement de minéraux critiques et dans l’usine d’Energy Fuels chez les Utes de White Mesa.
« Nous devons faire pression sur notre gouvernement pour qu’il fasse ce que nous voulons – pas ce que veut le gouvernement fédéral. »
« Ça va empirer, parce qu’ils pensent que le nucléaire est de l’énergie propre » dit Leona à propos des pressions pour de l’énergie alternative.
L’accord de la Nation Navajo avec Energy Fuels signifie toujours plus de déversement de déchets radioactifs dangereux dans la communauté de White Mesa. Dans l’accord, Energy Fuels déclare avoir l’intention de transporter 10 000 tonnes de matériaux de décontamination contenant de l’uranium, des mines abandonnées dans la Nation Navajo.
Leona a été élue récemment par le Conseil de la Nation Navajo pour siéger à la Commission Consultative Diné de Réhabilitation [des zones touchées par] de l’Uranium, en tant que conseillère du Président et du Conseil Navajo.
À Tuba City, samedi, Leona dit que Haul No! avait débuté en 2016, quand il a été connu que l’extraction à la mine Pinyon Plain, dans le Grand Canyon allait commencer. Maintenant commence une nouvelle bataille, étant donné que le gouvernement de la Nation Navajo a approuvé le transport d’uranium à travers les communautés Navajo jusqu’à la communauté Ute de White Mesa.
La mine d’Energy Fuels Pinyon Plain et leur usine dans le sud de l’Utah, menacent des communautés Autochtones dans toute la région.
S’adressant au Forum de la Communauté samedi, Leona dit que le trajet des camions passera par la ville de Flagstaff – puis Cameron, Tuba City, Kayenta et Mexican Water, dans la Nation Navajo – avant d’atteindre l’usine en Utah. La région faisait partie de la campagne 2017 de Haul No!, avec de l’entrainement à l’action directe et une campagne de prise de conscience, commencée à l’usine de White Mesa et informant les communautés Navajo.
Maintenant, l’usine d’uranium fonctionne depuis un an et le transport par des camions radioactifs à travers la communauté Navajo a commencé en juillet 2024. Leona expliqua comment le Président Navajo a été impliqué en juillet, en même temps que le gouverneur d’Arizona.
« Beaucoup de gens n’ont pas compris que ce n’était qu’une pause. »
« Nous savons que quand les gens savent, ils peuvent parler et faire la différence » dit Leona à ceux qui étaient rassemblés à Tuba City. Elle expliqua les récents efforts pour faire fermer la mine et obtenir une nouvelle évaluation des risques et menaces environnementaux.
Cependant, la Nation Navajo n’a pas d’autorité sur les routes fédérales qui traversent la Réserve. Elles sont sous l’autorité de l’état et du gouvernement fédéral. Ainsi, par les négociations, le gouvernement Navajo a mis des restrictions au transport et la compagnie les a acceptées. L’une des restrictions est qu’il n’y ait pas de transport entre 8h du matin et 15h, quand les enfants sont à l’école.
« Les dirigeants de la compagnie essaient de passer pour des mecs bien, disant ‘Nous sommes pour la souveraineté tribale’ – mais ils ne le sont pas » dit-elle.
La réalité est que la pause n’était que pour six mois, le temps pour la Nation Navajo de mettre ses règles en place. La Nation Navajo travaille toujours sur ces règles, et comment en mettre de nouvelles, dit-elle.
« La communauté Ute de Ute Mountain nous en veut, » dit-elle, ajoutant qu’il y aurait maintenant encore plus de déchets radioactifs transportés dans leur communauté en Utah.
« Les gens des communautés n’ont pas été consultés. »
« Les autres tribus – Havasupai, Hualapai, vont probablement nous le reprocher, nous devons faire savoir à la Nation Navajo que nous ne voulons pas de cela » dit Leona à propos du trajet à travers d’autres terres et communautés Autochtones.
Leona parla de la bataille qui avait eu lieu dans sa communauté de l’est de la Nation Navajo, quand l’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis avait divulgué son projet d’emmener les déchets radioactifs de la fuite de Church Rock, au Nouveau-Mexique, et de les transporter jusqu’à l’usine de traitement, dans la communauté Ute de White Mesa, en Utah.
« Nous avons dit ‘Non ! » Leona dit que la Nation Navajo avait déclaré, il y a quelques années, qu’elle ne déchargerait pas ses déchets radioactifs dans une autre communauté Autochtone.
« Maintenant, ils font marche arrière, ils y mettent encore plus de déchets radioactifs. »
Leona dit que le rassemblement de samedi était organisé pour entendre les idées des gens sur le transport radioactif à travers leurs communautés. Elle demanda aussi : « Est-ce que la décontamination [des mines abandonnées] a vraiment été faite ? »
« Ce n’est pas de la décontamination, » dit Leona. Elle expliqua que les terres rares étaient nécessaires pour les batteries solaires, les téléphones portables et le développement d’énergie dite de transition.
Elle dit que la compagnie Energy Fuels, se fondant sur ces besoins, projetait de collecter les déchets d’uranium et de les traiter pour répondre à ce qu’elle croit être une forte demande.
« Qu’est-ce que cela signifie ? » demanda t-elle, à propos du nouvel accord de la Nation Navajo et de l’absence de consultation des communautés Diné.
Leona mit aussi en question le fait que le gouvernement Navajo demande à chaque Chapitre de réagir d’urgence en cas de menace, ne sachant pas si tous les Chapitres avaient un plan d’urgence en cas d’accident radioactif, ni qui étaient leurs Premiers Intervenants.
« Ont-ils les informations ? » demanda Leona.
Elle dit qu’en cas d’urgence, le Premier Intervenant est le chauffeur du camion – mais qu’arriverait-il s’il en était dans l’incapacité ? Alors, le premier témoin oculaire, en principe la police Navajo.
Elle encouragea les gens concernés à s’organiser et dit « Nous sommes là pour entendre vos préoccupations. »
Leona dit son admiration pour les jeunes qui se préparent à résister, comme Biddy Roots. « Ils sont comme une réponse à mes prières. »
« Nous ne sommes pas inclus dans cet accord. »
« Ça va être pire parce qu’ils pensent que le nucléaire est de l’énergie propre. » Elle indiqua aussi que des membres du Conseil Navajo soutenaient un nouveau gazoduc pour de l’hydrogène et l’exploitation de pétrole et de gaz.
Leona souligna qu’une nouvelle solution pour les déchets radioactifs dans la Nation Navajo n’est pas du tout une solution.
Et elle dit que le nouveau site d’enfouissement de Red Rock, au Nouveau-Mexique, à la frontière de la Nation Navajo, est salué comme étant « hors de la réserve », à moins de 10 km à l’est de Thoreau.
« Des parents y vivent encore, pour moi c’est toujours en pays Indien. »
L’accord Navajo avec Energy Fuels signifie encore plus de décharge radioactive dans la communauté Ute de White Mesa
La Nation Navajo n’est qu’une des communautés Autochtones en danger. La mine d’uranium Pinyon Plain, au sud du Grand Canyon, est creusée dans les terres ancestrales des Havasupai. La source d’eau de Supai est menacée et de la poussière radioactive se répand sur leurs plantes et dans l’air qu’ils respirent.
Les Supai, Paiutes, Hualapai, Diné, Hopi et Utes vivent près du trajet de transport.
Energy Fuels a annoncé l’accord avec la Nation Navajo le 29 janvier 2025.
Les Utes de White Mesa ont témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington en 2024, expliquant que les Utes sont malades de dizaines d’années de pollution radioactive dans leur communauté. Et maintenant, Energy Fuels y amène des déchets radioactifs du Japon et d’Europe.
Anferny Badback, Ute de Ute Mountain, de White Mesa, a témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington que l’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels avait pollué l’eau souterraine, les plantes, les oiseaux, la vie sauvage et l’air dans sa communauté du sud de l’Utah.
Les jeunes ont de l’asthme, les Utes doivent acheter de l’eau en bouteille.
« Nous voulons que l’usine ferme » dit-il à la Commission.
L’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis trompe le public en annonçant la décontamination de mines abandonnées
Les Havasupai, Diné, Utes, Arapahos et Lakotas ont témoigné devant la Commission le 28 février 2024 d’un racisme environnemental.
L’Agence pour la Protection de l’Environnement ne nettoie pas les déchets radioactifs laissés par l’extraction d’uranium de la Guerre Froide – elle ne fait qu’annoncer des projets de nettoyage. Il y a 524 sites de mines qui attendent toujours d’être décontaminés dans la Nation Navajo.
Voir aussi : « L’accord sur le transport d’uranium déshonore l’héritage de Klee Benally
Le musicien et compositeur Hopi Ryon Polequaptewa
Par Brenda Norrell
Censored News
3 février 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Chants de l’Eau
Des Voix Autochtones du Plateau du Colorado s’élèvent en opposition à l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon
FLAGSTAFF, Arizona – Dans un bel hommage, Ed Kabotie, Hopi, a interprété « The Trail » [La Piste], en l’honneur de ceux qui ne sont plus là, qui voyagent parmi les étoiles, au cours de Rumble on the Mountain, qui a duré sept heures, au Théâtre l’Orpheum, samedi dernier.
Ed Kabotie a remémoré l’artiste Diné Baje Whitehorne Sr., Rainy Ortiz, fille de Simon Ortiz et Joy Harjo, et le Diné Klee Benally.
Radmilla Cody, Sage Bond, Ed Kabotie
Avec un extraordinaire plateau de stars, au cours du 10ème Rumble on the Mountain, Kabotie a parlé de guerre, une guerre de paradigmes et de philosophies, et de l’extractivisme industriel qui ne respecte pas les gens ni la valeur du territoire.
Ed Kabotie et les Tha Yoties ont interprété « War » en l’honneur des Havasupai.
« Cette petite Réserve dans le Grand Canyon nous a appris à combattre. »
Photo Carletta Tilousi
La guerre, c’est maintenant le combat contre la mine d’uranium dans le Grand Canyon, qui menace l’eau du Petit Colorado et l’eau potable des Supai.
« Coyote Soldier » exprimait le mode de vie Hopi d’humilité et de lutte pour protéger l’eau. Leur chanson « Génocide », parlait de l’Holocauste Américain. Kabotie et Tha Yoties ont été rejoints sur scène par la chanteuse Diné-Apache Sage Bond.
« Il n’y a pas de paix sans justice » rappelle la chanson « Génocide ».
Appelant tout le monde à crier ‘Haul No!’ Kabotie dit que le transport d’uranium de la mine – qui venait juste de commencer dans le Grand Canyon, dans le nord de l’Arizona – à l’usine de traitement de White Mesa, dans le sud-est de l’Utah, est une menace pour tous ceux qui vivent le long des trajets de transport. L’uranium transporté en camions, menace tout le monde, du Grand Canyon à Williams, à travers les terres Hopi et Navajo, et finalement les Utes de White Mesa.
L’usine de traitement d’Energy Fuels est à White Mesa, territoire ancestral des Utes de White Mesa, déjà dévasté par des années de largage de déchets radioactifs.
Leona Morgan, Diné membre de ‘Haul No!’, dit « Nous sommes fatigués d’être une colonie de ressources. »
« Nous ne sommes pas une zone de sacrifice » dit Leona, se référant aux nouveaux projets de mines d’hydrogène dans la Nation Navajo.
« La Nation Navajo en a assez d’être creusée pour l’extractivisme. »
Leona a prévenu du projet de Biden de tripler la production mondiale d’énergie nucléaire. Elle souligna qu’il n’y avait pas de place pour mettre les déchets des centrales nucléaires – des déchets radioactifs pour toujours.
Leona dit que Holtec International avait été empêché de construire la plus grande décharge de déchets radioactifs au monde, au Nouveau-Mexique, l’an dernier. Ça a été empêché par une loi de l’état du Nouveau-Mexique, après que la Commission de Régulation Nucléaire des États-Unis ait déjà délivré un permis. Une autre décharge de déchets radioactifs a été bloquée au Texas.
« Nous pouvons arrêter la mine Pinyon Plain, dit Leona. La mine, appelée jusqu’à maintenant Canyon Mine, a déjà violé des lois.
Bien que la mine n’ait commencé ses opérations que récemment, Leona dit que de l’uranium avait déjà été transporté dans des camions banalisés à l’usine de traitement de White Mesa, en Utah.
Les opérateurs de la Mine du Canyon ont déjà été pris en train de pulvériser de l’eau contaminée par l’uranium sur des terres du Service des Forêts, près du Grand Canyon. La semaine dernière, un tracteur s’était retourné, ce qu’ils ont signalé.
Leona a demandé au public d’aller surveiller la mine d’uranium, qui se trouve sur des terres publiques, et de signaler les violations.
Leona a expliqué comment Haul No! était né de l’inquiétude causée par Energy Fuels, propriétaire d’une mine d’uranium sur la montagne sacrée des Diné, le Mont Taylor, au Nouveau-Mexique. Puis, il y a eu la menace de la mine d’uranium d’Energy Fuels, Canyon Mine/Pinyon Plain, près du Grand Canyon.
Leona dit que la menace était que deux mines pourraient transporter de l’uranium à travers la Nation Navajo, qui a des lois interdisant l’extraction et le transport d’uranium en terre Diné.
Leona rappela les discussions qu’elle avait eu avec Serena Riggs, de la lutte pour protéger la Confluence, et avec Klee Benally.
« Nous étions assis autour de la table, discutant de nos inquiétudes, et Klee Benally dit ‘On l’appellera Haul No!’ »
« C’est comme cela que Haul No! A commencé, » dit Leona.
Il fut montré une vidéo du premier Rumble on the Mountain, avec un discours de Vernon Masayesva, Hopi de Hotevilla et ex-président, qui encourageait à chercher un nouveau paradigme dans la vie.
Photo Black Mesa Trust.
« L’eau c’est la vie, sans eau la vie n’existe pas. »
Il parlait des Pics sacrés San Francisco comme d’une Kiva sacrée, il disait que les gens devaient maintenant aller au-delà d’ici, et dans le monde, pour assurer qu’il y aura une continuité au-delà du Quatrième Monde des Hopis.
Les gens doivent imaginer le Cinquième Monde.
« Nous venons de la mer, l’eau est ce qui nous connecte tous. Tous ensemble, nous pouvons ramener le sacré à la Terre, notre mère, que nous avons insultée. »
« Elle nous appelle à l’aide, mais personne ne semble écouter. Mais maintenant, nous les Autochtones devons nous exprimer et dire que l’eau n’est pas une chose qu’on vend ou achète, l’eau est sacrée, l’eau est spirituelle. »
« L’Eau nous relie au Créateur. »
Des savants et des ingénieurs croient qu’ils peuvent contrôler et gérer l’eau, et ils ont placé des centaines de réservoirs sur le Fleuve Colorado.
« Ça a perturbé notre voyage de retour vers la mer. »
« Maintenant le fleuve s’assèche. »
« Nous ne contrôlons pas l’eau, c’est l’eau qui contrôle. C’est le nouveau paradigme. »
« C’est qui nous sommes en tant qu’Autochtones. Ce que nous faisons à l’eau, nous le faisons à nous-mêmes. »
Radmilla Cody a exprimé de la solidarité avec la Palestine et les bénédictions de ses chansons.
Le groupe Innastate, Pueblo Jemez, a célébré sa dixième année, en même temps que Rumble.
La soirée a été terminée par le groupe Summit Dub Squad avec le reggae « Sovereign Land » et « Hop Ska Honey ».
Rumble on the Mountain 10 a été produit avec le soutien de Wild Arizona, Protégez le Grand Canyon, le Sierra Club, le Grand Canyon Trust, la Radio Publique Hopi KUYI, le Centre pour la Diversité Biologique et Haul No!
Voir la Déclaration de la Tribu Havasupai à Propos d’Energy Fuels
L’annonce, le 4 décembre, de la décision de Trump de réduire considérablement le territoire du Monument National de Bears Ears, en Utah, a provoqué des réactions immédiates. La Tribu Indienne Ute a publié un communiqué, le Grand Canyon Trust a publié un article et annoncé sa décision de porter plainte, et des manifestations ont éclaté à Salt Lake City.
LE GRAND CANYON TRUST EXPLIQUE POURQUOI TRUMP A FAIT UNE ERREUR MONUMENTALE EN VOULANT ETRIPER LES TERRITOIRES DE BEARS EARS ET DU GRAND ESCALIER
Extrait d’un article du Grand Canyon Trust
4 décembre 2017
Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
L’attaque d’aujourd’hui contre Bears Ears et le Grand Escalier, vient après que le Ministre de l’Intérieur Ryan Zinke ait procédé à une revue biaisée et opaque de ces monuments, en seulement quelques mois. Dans de nombreux cas, les actions pour protéger ces lieus en les faisant classer comme monuments ont pris des années, voire des décennies.
Zinke a rendu ses recommandations définitives à la Maison Blanche le 24 août 2017, et, en un exemple extrême de la dissimulation qui a entaché toute l’opération, il a gardé ses recommandations secrètes. Le projet de recommandations a fui en septembre, mais il devait encore rendre publiques ses recommandations définitives.
Pendant son examen, Zinke a “gracié” plusieurs des 27 monuments sur la liste des cibles. Parlant de quelques monuments qu’il avait recommandé de laisser tranquilles, Zinke a dit des Canyons des Anciens “l’histoire de ce site couvre des milliers d’années, et la protection fédérale de ces objets et de leur histoire nous aidera à préserver ce site pour mille ans de plus.” Il dit aussi, à propos des Cratères de la Lune, “en tant qu’ex-géologue, je me rends compte que c’est une représentation vivante de l’histoire géologique de notre pays.” Et il dit également que le Grand Canyon-Parashant représente “l’histoire scientifique de notre terre et contient des reliques humaines et des fossiles datant de milliers d’années.”
Les Monuments Nationaux du Grand Escalier et de Bears Ears ont toutes ces qualités et plus encore. Ils sont plus qu’un record étourdissant de milliers d’années d’histoire humaine, un paysage magnifique, de la géologie et un trésor de fossiles et d’os de dinosaures. Ils sont notre héritage naturel et culturel commun. Les recommandations du Ministre Zinke et les actions du Président Trump sont tout bonnement une tentative de démolir l’héritage de leurs prédécesseurs aux dépends des générations futures.
Les Américains veulent que nos parcs et monuments soient renforcés pour les générations futures, pas étripés pour des intérêts à court terme issus des carburants fossiles et de l’uranium. 99,2% de ceux qui ont commenté durant le passage en revue des monuments nationaux l’ont dit.
NE PAS CROIRE LE BATTAGE MEDIATIQUE
Vous avez peut-être entendu des officiels du gouvernement Trump dire que ces zones, dont les protections en tant que monuments nationaux viennent d’être éviscérées, sont déjà protégées. Bien que certaines zones fassent partie des Zones d’Etude des Lieus Sauvages du Bureau d’Aménagement du Territoire, ce genre de classification n’a jamais eu pour but d’être permanent, contrairement aux monuments nationaux. Beaucoup de lieus à Bears Ears, entre autres des milliers d’hectares de forêt nationale qui ont été abattus, n’ont pas de telle protection, et sont bourrés de biens culturels irremplaçables qui sont maintenant susceptibles d’être pillés, livrés au développement de sources d’énergie et autres projets qui détruisent les sites culturels.
Afin de protéger les terres publiques de façon permanente, soit le Congrès, soit le Président doit prendre des mesures pour convertir les protections temporaires en protection permanente, comme monuments nationaux ou zones sauvages. Mais la délégation de l’Utah au Congrès s’est révélée incapable de rédiger ou de faire passer des lois qui protègeraient effectivement les terres publiques. L’Utah a toujours moins de zones sauvages classées que n’importe quel autre état de l’Ouest. Si le gouvernement Trump essaie de vous faire avaler l’idée que ces lieus sont toujours protégés, n’y croyez pas. Le Président Trump a supprimé les protections du plus vieux site artistique sur des rochers près de Bluff, du site du village le plus au nord de l’ère de Chaco en Utah, et d’innombrables autres sites culturels importants.
Sur le site du Grand Canyon Trust, on peut lire aussi:
Le Grand Canyon Trust déposera une plainte contre cet affront inacceptable à nos valeurs essentielles, à notre mission et à la loi du pays. Nous soutenons les tribus qui ont travaillé dur pour protéger Bears Ears, et nous continuerons à défendre les intérêts des Américains qui aiment les monuments nationaux, au cours de la longue bataille juridique qui s’annonce.
MANIFS A SALT LAKE CITY
Le 4 décembre, jour de l’annonce de la décision de Trump, des manifs ont éclaté à Salt Lake City. Bien entendu, les Autochtones pour qui Bears Ears est sacré sont allés manifester leur colère, mais d’autres groupes se sont affrontés à la police et ont crié des obscénités à l’égard de Trump. ABC a publié une vidéo, mais recommande la prudence, les obscénités en question étant passibles de poursuites et, en tous cas, d’interdiction sur Internet.
Ces photos, et d’autres, ont été publiées sur Censored News.