Le musicien et compositeur Hopi Ryon Polequaptewa
Par Brenda Norrell
Censored News
3 février 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Chants de l’Eau
Des Voix Autochtones du Plateau du Colorado s’élèvent en opposition à l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon
FLAGSTAFF, Arizona – Dans un bel hommage, Ed Kabotie, Hopi, a interprété « The Trail » [La Piste], en l’honneur de ceux qui ne sont plus là, qui voyagent parmi les étoiles, au cours de Rumble on the Mountain, qui a duré sept heures, au Théâtre l’Orpheum, samedi dernier.
Ed Kabotie a remémoré l’artiste Diné Baje Whitehorne Sr., Rainy Ortiz, fille de Simon Ortiz et Joy Harjo, et le Diné Klee Benally.
Radmilla Cody, Sage Bond, Ed Kabotie
Avec un extraordinaire plateau de stars, au cours du 10ème Rumble on the Mountain, Kabotie a parlé de guerre, une guerre de paradigmes et de philosophies, et de l’extractivisme industriel qui ne respecte pas les gens ni la valeur du territoire.
Ed Kabotie et les Tha Yoties ont interprété « War » en l’honneur des Havasupai.
« Cette petite Réserve dans le Grand Canyon nous a appris à combattre. »
Photo Carletta Tilousi
La guerre, c’est maintenant le combat contre la mine d’uranium dans le Grand Canyon, qui menace l’eau du Petit Colorado et l’eau potable des Supai.
« Coyote Soldier » exprimait le mode de vie Hopi d’humilité et de lutte pour protéger l’eau. Leur chanson « Génocide », parlait de l’Holocauste Américain. Kabotie et Tha Yoties ont été rejoints sur scène par la chanteuse Diné-Apache Sage Bond.
« Il n’y a pas de paix sans justice » rappelle la chanson « Génocide ».
Appelant tout le monde à crier ‘Haul No!’ Kabotie dit que le transport d’uranium de la mine – qui venait juste de commencer dans le Grand Canyon, dans le nord de l’Arizona – à l’usine de traitement de White Mesa, dans le sud-est de l’Utah, est une menace pour tous ceux qui vivent le long des trajets de transport. L’uranium transporté en camions, menace tout le monde, du Grand Canyon à Williams, à travers les terres Hopi et Navajo, et finalement les Utes de White Mesa.
L’usine de traitement d’Energy Fuels est à White Mesa, territoire ancestral des Utes de White Mesa, déjà dévasté par des années de largage de déchets radioactifs.
Leona Morgan, Diné membre de ‘Haul No!’, dit « Nous sommes fatigués d’être une colonie de ressources. »
« Nous ne sommes pas une zone de sacrifice » dit Leona, se référant aux nouveaux projets de mines d’hydrogène dans la Nation Navajo.
« La Nation Navajo en a assez d’être creusée pour l’extractivisme. »
Leona a prévenu du projet de Biden de tripler la production mondiale d’énergie nucléaire. Elle souligna qu’il n’y avait pas de place pour mettre les déchets des centrales nucléaires – des déchets radioactifs pour toujours.
Leona dit que Holtec International avait été empêché de construire la plus grande décharge de déchets radioactifs au monde, au Nouveau-Mexique, l’an dernier. Ça a été empêché par une loi de l’état du Nouveau-Mexique, après que la Commission de Régulation Nucléaire des États-Unis ait déjà délivré un permis. Une autre décharge de déchets radioactifs a été bloquée au Texas.
« Nous pouvons arrêter la mine Pinyon Plain, dit Leona. La mine, appelée jusqu’à maintenant Canyon Mine, a déjà violé des lois.
Bien que la mine n’ait commencé ses opérations que récemment, Leona dit que de l’uranium avait déjà été transporté dans des camions banalisés à l’usine de traitement de White Mesa, en Utah.
Les opérateurs de la Mine du Canyon ont déjà été pris en train de pulvériser de l’eau contaminée par l’uranium sur des terres du Service des Forêts, près du Grand Canyon. La semaine dernière, un tracteur s’était retourné, ce qu’ils ont signalé.
Leona a demandé au public d’aller surveiller la mine d’uranium, qui se trouve sur des terres publiques, et de signaler les violations.
Leona a expliqué comment Haul No! était né de l’inquiétude causée par Energy Fuels, propriétaire d’une mine d’uranium sur la montagne sacrée des Diné, le Mont Taylor, au Nouveau-Mexique. Puis, il y a eu la menace de la mine d’uranium d’Energy Fuels, Canyon Mine/Pinyon Plain, près du Grand Canyon.
Leona dit que la menace était que deux mines pourraient transporter de l’uranium à travers la Nation Navajo, qui a des lois interdisant l’extraction et le transport d’uranium en terre Diné.
Leona rappela les discussions qu’elle avait eu avec Serena Riggs, de la lutte pour protéger la Confluence, et avec Klee Benally.
« Nous étions assis autour de la table, discutant de nos inquiétudes, et Klee Benally dit ‘On l’appellera Haul No!’ »
« C’est comme cela que Haul No! A commencé, » dit Leona.
Il fut montré une vidéo du premier Rumble on the Mountain, avec un discours de Vernon Masayesva, Hopi de Hotevilla et ex-président, qui encourageait à chercher un nouveau paradigme dans la vie.
Photo Black Mesa Trust.
« L’eau c’est la vie, sans eau la vie n’existe pas. »
Il parlait des Pics sacrés San Francisco comme d’une Kiva sacrée, il disait que les gens devaient maintenant aller au-delà d’ici, et dans le monde, pour assurer qu’il y aura une continuité au-delà du Quatrième Monde des Hopis.
Les gens doivent imaginer le Cinquième Monde.
« Nous venons de la mer, l’eau est ce qui nous connecte tous. Tous ensemble, nous pouvons ramener le sacré à la Terre, notre mère, que nous avons insultée. »
« Elle nous appelle à l’aide, mais personne ne semble écouter. Mais maintenant, nous les Autochtones devons nous exprimer et dire que l’eau n’est pas une chose qu’on vend ou achète, l’eau est sacrée, l’eau est spirituelle. »
« L’Eau nous relie au Créateur. »
Des savants et des ingénieurs croient qu’ils peuvent contrôler et gérer l’eau, et ils ont placé des centaines de réservoirs sur le Fleuve Colorado.
« Ça a perturbé notre voyage de retour vers la mer. »
« Maintenant le fleuve s’assèche. »
« Nous ne contrôlons pas l’eau, c’est l’eau qui contrôle. C’est le nouveau paradigme. »
« C’est qui nous sommes en tant qu’Autochtones. Ce que nous faisons à l’eau, nous le faisons à nous-mêmes. »
Radmilla Cody a exprimé de la solidarité avec la Palestine et les bénédictions de ses chansons.
Le groupe Innastate, Pueblo Jemez, a célébré sa dixième année, en même temps que Rumble.
La soirée a été terminée par le groupe Summit Dub Squad avec le reggae « Sovereign Land » et « Hop Ska Honey ».
Rumble on the Mountain 10 a été produit avec le soutien de Wild Arizona, Protégez le Grand Canyon, le Sierra Club, le Grand Canyon Trust, la Radio Publique Hopi KUYI, le Centre pour la Diversité Biologique et Haul No!
Voir la Déclaration de la Tribu Havasupai à Propos d’Energy Fuels
Les Utes de White Mesa, en Utah, s’opposent depuis longtemps à une usine de traitement d’uranium proche de leur Réserve. En 2017, j’avais rencontré Yolanda Badback, qui avait expliqué quelles étaient les conséquences désastreuses de la radioactivité sur les membres de la tribu, cancers, malformations congénitales, etc. Elle suppliait les autorités de ne pas renouveler le permis de l’usine. Hélas, en février 2018, le permis a été renouvelé. Vous trouverez en bas de cet article la vidéo de l’interview de Yolanda, sous-titrée en français.
Christine Prat
RASSEMBLEMENT, MANIFESTATION ET MARCHE SPIRITUELLE LE 22 OCTOBRE 2022
Par Brenda Norrell
Censored News
11 octobre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Les Utes de White Mesa, au sud-est de l’Utah, protesterons contre l’usine de traitement d’uranium de White Mesa au cours d’une marche spirituelle pour les protéger. Luttant pour protéger leurs sites sacrés et leur territoire, les Utes de White Mesa s’oppose à l’usine qui met leur communauté en danger, et à ce qu’elle devienne un site de décharge international pour des déchets radioactifs.
Les Utes de White Mesa s’inquiètent pour la santé, l’eau, l’air, la terre et la culture de leur communauté et accueilleront ceux qui voudront se joindre à eux, samedi 22 octobre 2022, à 11h du matin, heure locale, pour leur rassemblement. Le rassemblement sera suivi d’une marche spirituelle de protestation jusqu’à l’usine de traitement d’uranium de White Mesa.
Yolanda Badback, de la Communauté Concernée de White Mesa, dit « Ils amènent des déchets toxiques, des déchets radioactifs d’un peu partout aux Etats-Unis à l’usine de White Mesa. Dans le passé, il y a eu des fuites. »
« Je peux sentir l’usine de ma maison, quand elle tourne. Nous sommes la communauté la plus proche. S’il y a une fuite ou un accident, ce sont nos enfants qui prennent le bus scolaire sur ces routes tous les matins [qui seront touchés]. C’est pourquoi nous résistons et disons : ‘Assez. Nous voulons préserver la sécurité de nos foyers et de nos enfants.’ »
Thelma Whiskers, de la Communauté Concernée de White Mesa, veut que son territoire soit protégé pour les générations futures.
« Ici, dans notre réserve de White Mesa, je suis inquiète à cause de l’usine. Nous ne sommes qu’une petite communauté d’environ 300 personnes. »
« Samedi est un jour que je passerai avec ma famille, mes enfants et petits-enfants. S’il vous plait, venez marcher avec nous et défendre de l’air et de l’eau purs pour nos enfants et petits-enfants, ici dans notre communauté de Utes de Ute Mountain. »
L’usine appartient à une corporation canadienne, et contribue à l’exploitation de mines dangereuses et à la décharge de déchets radioactifs venant du monde entier, par des compagnies domiciliées au Canada.
L’usine appartient à l’entreprise de Toronto Energy Fuels. Elle se trouve sur l’autoroute 191 entre Blanding et le territoire de la Nation Ute de Ute Mountain, sur White Mesa.
Cette année, un nouveau rapport a révélé que l’usine de traitement d’uranium au sud-est de l’Utah, agit comme décharge irrégulière de déchets radioactifs. Des membres de la tribu et des écologistes appellent à changer la manière dont elle est dirigée, selon KUER Radio.
L’usine de White Mesa, qui est juste au sud de Blanding, produit et recycle de l’uranium. Le rapport publié par le Grand Canyon Trust, dit que les déchets radioactifs d’activités industrielles et militaires y sont envoyés. Seulement une petite quantité d’uranium est extraite des déchets, selon le rapport, et le surplus reste à l’usine.
« Tim Peterson, directeur des paysages culturels du Grand Canyon Trust, dit que plus de 300 millions de kilos de déchets ont été enterrés sur le site. »
« C’est meilleur marché pour les pollueurs d’envoyer leurs déchets à l’usine qu’à un site licencié pour les déchets faiblement radioactifs » dit-il lors d’une conférence de presse.
« La conclusion du rapport et notre recommandation est que si l’usine veut fonctionner comme affaire de récupération des déchets radioactifs, est qu’elle devrait le faire légalement. »
L’usine – proche des limites du Monument National de Bears Ears – a ouvert dans les années 1980 et était alors supposée fonctionner pour seulement 15 ans, mais elle est restée ouverte à cause de ce changement d’activités.
Rassemblement, Manifestation et Marche de la Communauté Concernée de White Mesa
https://protectwhitemesa.org/https://protectwhitemesa.org/
Contact : Yolanda Badback, Communauté Concernée de White Mesa, ybadback427@gmail.com
Bradley Angel, Greenaction for Health & Environmental Justice bradley@greenaction.org
Rassemblement annuel, manifestation et marche spirituelle pour protéger la santé, l’eau, l’air, la terre, la culture et les sites sacrés de la communauté Ute de White Mesa d’une usine d’uranium proche et s’opposer à ce que l’usine devienne une décharge internationale pour des déchets radioactifs du monde entier. La manifestation et la marche sont parrainées par la Communauté Concernée de White Mesa et la Tribu Ute de Ute Mountain. Tous les soutiens sont les bienvenus.
Samedi 22 octobre 2022 à 11h du matin, heure locale.
[…]
Les citoyens de la communauté Ute de Ute Mountain de White Mesa et la Tribu Ute de Ute Mountain s’inquiètent de la contamination d’une usine de traitement d’uranium proche et de la profanation de sites sacrés et de ressources culturelles.
La Communauté Concernée de White Mesa est un groupe de base de citoyens concernés, de la communauté Ute de Ute Mountain de White Mesa, Utah, située au sud de l’usine d’uranium de White Mesa. Nous travaillons pour informer nos concitoyens et protéger notre communauté, la santé, l’eau, l’air, la terre, la culture et les sites sacrés d’une contamination toxique.
Le Rassemblement et la Marche Spirituelle de 2022 sont co-sponsorisés par la Coalition Intertribale de Bears Ears, l’Action Verte pour la Santé et la Justice Environnementale, Uranium Watch, Indigenous Environmental Network, Grand Canyon Trust, l’Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sain, l’Alliance pour la Vie Sauvage du Sud de l’Utah [Southern Utah Wilderness Alliance], Rivières Vivantes [Living Rivers], HEAL Utah, Protecteurs de l’Air SLC [SLC Air Protectors], Chapitre de l’Utah du Sierra Club, Great Old Broads for Wilderness, National Parks Conservation Association, PANDOS.
Interview de Yolanda Badback, sous-titrée en français, septembre 2017: