photo autorisée par Carletta Tilousi, Havasupai

À la fin de la marche de prière, à Red Butte, Carletta Tilousi, Havasupai, déclara « Des moines Japonais ont prié pour la paix et les sites sacrés. Les marcheurs venaient de diverses origines, des Oglala de Pine Ridge, des membres de l’AIM de Californie, des Navajos, des Aztèques Chichimèques, des Hawaïens, des Havasupai, des Pomo de Californie et des Akwesasne de New York. » Elle a ajouté que la marche avait pu se faire grâce à un travail d’équipe, a remercié pour le soutien, et dit que cet article était pour ceux qui n’avaient pas pu se joindre à la marche.

EN MÉMOIRE DE KLEE BENALLY – QUI A COMBATTU LES MINES D’URANIUM PENDANT DES DÉCENNIES


8 OCTOBRE 2024, DES MARCHEURS PACIFISTES SONT ARRIVÉS À RED BUTTE POUR UN MONDE SANS NUCLÉAIRE

Par Brenda Norrell
Censored News
3 octobre 2024
Traduction Christine Prat
2 premières photos, Berta Benally

FLAGSTAFF, Arizona – Jones et Clayson Benally, Diné, se sont joints aux marcheurs qui avaient commencé leur voyage de Flagstaff à Red Butte, site sacré Havasupai, le mercredi 2 octobre, en une Marche de Prière pour un Monde Sans Nucléaire.

Jun San Yasuda et d’autres moines bouddhistes ont marché sur plus de 10 km en solidarité avec la lutte pour fermer la mine d’uranium de Pinyon Plain.

« Jun San, marcheur pour la paix, a parcouru des milliers de kilomètres à pied à travers l’Île de la Tortue, au cours des 46 années passées. Tout le monde est invité à cette marche de méditation pour un monde sans nucléaire » dirent les marcheurs.

En août dernier, à Santa Fe, Carletta Tilousi, Havasupai, avait demandé du soutien pour leur eau sacrée et pour Red Butte, contre la mine d’uranium de Pinyon Plain. Racontant comment elle avait grandi dans son pays, au fond du Grand Canyon du Colorado, elle dit qu’elle avait combattu depuis l’âge de 14 ans.

« Havasu Creek est une des plus vieilles nappes aquifères du Sud-ouest » dit-elle, ajoutant qu’elle coulait dans son village et créait des chutes d’eau ».

« C’est l’eau que nous essayons de protéger » dit-elle en soulignant qu’il s’agit d’une petite tribu de 597 membres.

« Nous ne savons pas quand la pollution nous atteindra, ce n’est qu’une question de temps. »

Bien que 600 baux pour l’extraction d’uranium aient été annulés, la mine d’uranium de Pinyon Plain garde son bail et extrait du minerai d’uranium.

« Cette mine est juste à côté de notre montagne sacrée, Red Butte, où commencent nos Histoires de la Création. C’est en train d’être profané » dit-elle, soulignant qu’on ne sait pas ce que l’extraction d’uranium envoie dans l’air, ni comment les plantes médicinales, le cèdre et la sauge, sont affectées.

« Notre voix s’exprime dans notre art, notre voix s’exprime dans nos chants. »

C. Tilousi appela à l’unité, à ce que tous les gens soient ensemble pour protéger les eaux.

Un corridor mortel

Une nouvelle carte du Grand Canyon Trust montre les lieux de risques d’accidents graves sur le trajet des camions radioactifs allant de la mine de Pinyon Plain à l’usine de traitement de White Mesa – mettant en danger les Havasupai, les Paiutes, les Diné, les Hopis et les Utes, au nord de l’Arizona et au sud-est de l’Utah.

La mine de Pinyon Plain et l’usine mortelle de White Mesa sont la propriété d’Energy Fuels, une compagnie canadienne, qui met des vies en danger tout le long de cette route.

L’usine de traitement d’uranium d’Energy Fuels, sur un territoire ancestral Ute, empoisonne la terre, l’eau et l’air, et importe maintenant des déchets radioactifs d’autres pays. Les déchets radioactifs qui étaient trop dangereux pour être laissés sur le Site de Tests Nucléaires du Nevada, ont été largués là-bas, empoisonnant les Utes.

Amber Reimondo, Directrice de l’Énergie pour le Grand Canyon Trust, dit « Une analyse récente des accidents mortels sur le trajet que parcourent les camions d’uranium entre la Mine du Canyon (rebaptisée Mine Pinyon Plain), près du Grand Canyon, et l’usine de traitement de l’uranium à White Mesa, montre un risque majeur sur de longues portions du trajet de près de 500 km, particulièrement dans la Nation Navajo. »

« Les portions les plus dangereuses sont entre 240% et 700% plus dangereuses qu’une portion de route moyenne aux États-Unis, en termes d’accidents mortels par mile (1,6 km) parcouru. »

« Cela signifie que tous les véhicules parcourant ces portions de route, courent un risque élevé d’accidents mortels. Energy Fuels a dit avoir l’intention d’envoyer de six à huit gros camions chargés de minerai d’uranium par jour, de la mine à son usine en Utah. » dit A. Reimondo.

L’extraction d’uranium et de lithium menace et détruit des Sites Sacrés Autochtones

Tandis que les Havasupai combattent la mine d’uranium du Grand Canyon, la Nation Hualapai juste à côté, lutte pour fermer une mine de lithium à leur Source Cérémonielle.

Les Hualapai ont déposé une plainte auprès de la Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland. La juge fédérale Diane Humetewa, Hopi, de Phoenix, a accordé un ordre restrictif temporaire pour empêcher la firme australienne Hawkstone Energy, autrement dit Arizona Lithium, de forer pour du lithium sur le Site Cérémoniel Hualapai. Le PDG de la Compagnie d’Énergie Transitionnelle Navajo a signé un accord pour opérer la destruction pour la compagnie australienne. L’entreprise tribale Navajo se trouve à Farmington, au Nouveau-Mexique.

Dans le nord du Nevada, Lithium Americas, une compagnie canadienne, creuse Peehee Mu’huh, le site d’un massacre de Paiutes, pour extraire du lithium, en violation de toutes les lois fédérales qui protègent les sites historiques et religieux Autochtones et l’environnement. Un juge fédéral a décidé en faveur de la destruction du Site du Massacre de Paiutes. La Secrétaire à l’Intérieur Deb Haaland a déclaré à Associated Press qu’elle soutenait la mine de lithium.

Klee Benally, Diné, était parmi les fondateurs du mouvement Haul No! qui combattait l’ouverture de la mine du Grand Canyon et le trajet mortel. Avant de passer dans le Monde de l’Esprit en décembre dernier, Klee avait partagé l’histoire de sa vie et de son travail dans son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Une Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »

https://tumult.noblogs.org/commander/

Par Brenda Norrell
Censored News
28 février 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

WASHINGTON – La Commission Interaméricaine des Droits Humains a entendu des témoignages de Navajos, Utes, et Lakota Oglala, sur les impacts de l’exploitation d’uranium sur les droits humains des Peuples Autochtones, à Washington, le 28 février 2024.

« Nahasdzáán Shimá – Notre Mère la Terre – fournit tout ce dont nous avons besoin pour nous maintenir en vie – les quatre choses dont les Navajos parlent – l’air, l’eau, le sol et la lumière – et c’est chez nous » dit Edith Hook, Présidente de l’Association de la Communauté de la Route de Red Water Pond.

« Nous avons vécu avec ce tueur silencieux sans en connaitre les dangers. Après le début de l’extraction, après que la mine ait été creusée, nous ne nous sommes pas rendu compte que nous étions contaminés. »

« Quand nous étions enfants et jouions et gardions les moutons, nous ne comprenions pas que nous étions exposés à des radiations dangereuses » dit Edith Hood.

Elle remercia la commission pour l’avoir entendue et ajouta « Notre propre gouvernement tribal ne nous écoute pas. »

La Commission Interaméricaine des Droits Humains avait été d’accord pour une audience thématique sur comment les politiques d’exploitation de l’uranium avaient conduit à des violations des droits humains dans les communautés Autochtones dans tout le pays. Ça coïncide avec la recrudescence de l’extraction d’uranium, dit le représentant du Centre de Droit Environnemental du Nouveau-Mexique.

« Comme les États-Unis ont mis les bouchées doubles sur la base de l’idée fausse selon laquelle l’énergie nucléaire serait une solution à la crise climatique, l’industrie de l’uranium commence à bénéficier de cadeaux de généreux contribuables à toute l’industrie nucléaire. »

« Des subventions du gouvernement Biden ont stimulé l’extraction d’uranium au point de rouvrir 3 mines en quelques mois, en Utah, dans le Wyoming et en Arizona, près du Grand Canyon. Comme ça a toujours été le cas depuis l’aube de l’Age Atomique, les effets de l’extraction d’uranium ont été largement mis de côté dans le débat sur l’énergie nucléaire. »

Energy Fuels dit accroitre la production d’uranium aux États-Unis, comme les prix atteignent leur niveau le plus haut depuis 16 ans. Energy Fuels avait dit en décembre que la production d’uranium serait augmentée dans trois mines, Pinyon Plain près du Grand Canyon, et La Sal et Pandora dans le sud-est de l’Utah.

Le minerai des trois mines, en 2024, sera entassé à l’usine d’Energy Fuels de White Mesa, en Utah, pour être traité en 2025. Ils préparent aussi deux mines, Whirlwind dans le sud-est de l’Utah, et Nichols Ranch au centre du Wyoming, pour démarrer la production d’uranium d’ici un an, dit Energy Fuels.

L’extraction d’uranium a commencé à Pinyon Plain et menace maintenant l’eau des Havasupai qui vivent dans le Grand Canyon. La mine menace aussi les Navajos, les Hopis, les Utes et les résidents du sud-ouest, le long de la route de transport du minerai d’uranium, du Grand Canyon à l’usine d’Energy Fuels dans le sud-est de l’Utah.

Le Centre de Droit de l’Environnement du Nouveau-Mexique dit :

L’audience thématique doit permettre aux communautés Autochtones, qui vivent depuis des générations avec les déchets de l’extraction et du traitement de l’uranium historiques, de tenir les officiels du gouvernement des États-Unis pour responsables de n’avoir jamais pris de mesures pour régler le problème des déchets de la production d’uranium efficacement.

  • Pour Red Water Pond, Edit Hood, Diné dit « Il n’y avait pas de respect pour les gens qui vivaient sur ces terres, et certainement pas de respect pour notre Mère la Terre. Le gouvernement connaissait les risques et les dangers mais a négligé d’en informer notre peuple. »
  • Yolanda Badback, Ute de Ute Mountain, décrivit ce que c’était de vivre à côté de l’usine de White Mesa, au sud-est de l’Utah. Les représentants des États-Unis prétendent que le gouvernement Biden a entamé une consultation et que la Commission de Régulation Nucléaire est attachée aux droits des Autochtones – ce ne sont que des camouflages de ce long héritage de cancers et de morts de l’extraction d’uranium, des déchets radioactifs et de la décharge de l’industrie nucléaire dans les terres Autochtones.
  • Tonia Sands, Oglala, dit « Des gens viennent du monde entier pour partager la connexion que nous avons avec l’eau, la terre et nos parents maintenant silencieux ». Tout en décrivant la beauté de la culture Lakota, elle souligne que l’extraction d’uranium conduit à un accroissement des cérémonies de guérison et à la contamination par les radiations de ceux qui participent à la cérémonie. Et maintenant, il y a la menace de nouvelle extraction d’uranium. Elle dit, qu’alors que l’eau pompée dans la rivière Missouri est supposée sauver les Lakotas de la contamination de leur propre eau, en fait ça apporte de l’eau contaminée par l’uranium du Wyoming à cause du manque de filtrage.
  • Carletta Tilousi, Havasupai, a témoigné de l’exploitation d’uranium qui menace maintenant l’eau Supai dans le Grand Canyon. « C’est un problème grave et urgent » dit-elle à la Commission Interaméricaine des Droits Humains. La Tribu Havasupai demande que la Commission présente leur affaire à la Cour Interaméricaine pour obtenir un ordre exigeant l’adoption de mesures provisoires. L’héritage de l’extraction d’uranium dans le sud-ouest, c’est la mort par cancer et les mines d’uranium abandonnées non nettoyées. Maintenant, la contamination menace le Colorado. C. Tilousi demande à la Commission de faire pression pour que les États-Unis changent la loi de 1872 qui autorise les compagnies internationales à s’emparer de terres publiques pour leurs mines.
  • Big Wind Carpenter Northern Arapaho. « Ils ont redéfini le nucléaire comme énergie verte » dit Big Wind Carpenter à la Commission Interaméricaine sur les droits humains. « Les dommages fait à notre terre natale sont loin d’être verts. Nos communautés et notre terre ont souffert assez longtemps. » En territoire Arapaho, dans le Wyoming, l’extraction et le traitement d’uranium ont empoisonné la terre et laissé des impacts éternels pour des sites sacrés, l’eau et les générations futures. Les partisans du nucléaire ont souvent réduit au silence les voix de ceux qui souffrent le plus de ses effets. « Nous exigeons la justice environnementale » dit Carpenter, pressant la Commission de tenir pour responsables ceux qui exploitent les ressources.

Jonathan Perry, coordinateur de l’Alliance Multiculturelle pour un Environnement Sûr, dit « C’est une bonne occasion pour les communautés Autochtones de la ligne de front, de faire connaitre les injustices qu’ils continuent d’endurer. L’héritage de l’industrie de l’uranium continue de frapper beaucoup d’Autochtones à travers le continent, sans vraies solutions du gouvernement des États-Unis. »

Larry King, ENDAUM, dit “Nous n’avons qu’une Terre Mère, et en tant que gardiens, nous avons TOUS la responsabilité de protéger notre Mère la Terre si nous voulons laisser un environnement sain à nos générations futures.

Eric Jantz, directeur du Centre de Droit Environnemental du Nouveau-Mexique, dit « Depuis des décennies, le lamentable record du gouvernement des États-Unis concernant les droits humains liés à l’exploitation d’uranium dans les communautés Autochtones, a été ignoré. C’est la première fois que le gouvernement des États-Unis est appelé à expliquer pourquoi la politique d’extraction d’uranium des États-Unis continue à détruire les communautés Indigènes. »

Le musicien et compositeur Hopi Ryon Polequaptewa

Par Brenda Norrell
Censored News
3 février 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Chants de l’Eau

Des Voix Autochtones du Plateau du Colorado s’élèvent en opposition à l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon

FLAGSTAFF, Arizona – Dans un bel hommage, Ed Kabotie, Hopi, a interprété « The Trail » [La Piste], en l’honneur de ceux qui ne sont plus là, qui voyagent parmi les étoiles, au cours de Rumble on the Mountain, qui a duré sept heures, au Théâtre l’Orpheum, samedi dernier.

Ed Kabotie a remémoré l’artiste Diné Baje Whitehorne Sr., Rainy Ortiz, fille de Simon Ortiz et Joy Harjo, et le Diné Klee Benally.


Radmilla Cody, Sage Bond, Ed Kabotie

Avec un extraordinaire plateau de stars, au cours du 10ème Rumble on the Mountain, Kabotie a parlé de guerre, une guerre de paradigmes et de philosophies, et de l’extractivisme industriel qui ne respecte pas les gens ni la valeur du territoire.

Ed Kabotie et les Tha Yoties ont interprété « War » en l’honneur des Havasupai.
« Cette petite Réserve dans le Grand Canyon nous a appris à combattre. »
Photo Carletta Tilousi

La guerre, c’est maintenant le combat contre la mine d’uranium dans le Grand Canyon, qui menace l’eau du Petit Colorado et l’eau potable des Supai.

« Coyote Soldier » exprimait le mode de vie Hopi d’humilité et de lutte pour protéger l’eau. Leur chanson « Génocide », parlait de l’Holocauste Américain. Kabotie et Tha Yoties ont été rejoints sur scène par la chanteuse Diné-Apache Sage Bond.
« Il n’y a pas de paix sans justice » rappelle la chanson « Génocide ».

Appelant tout le monde à crier ‘Haul No!’ Kabotie dit que le transport d’uranium de la mine – qui venait juste de commencer dans le Grand Canyon, dans le nord de l’Arizona – à l’usine de traitement de White Mesa, dans le sud-est de l’Utah, est une menace pour tous ceux qui vivent le long des trajets de transport. L’uranium transporté en camions, menace tout le monde, du Grand Canyon à Williams, à travers les terres Hopi et Navajo, et finalement les Utes de White Mesa.

L’usine de traitement d’Energy Fuels est à White Mesa, territoire ancestral des Utes de White Mesa, déjà dévasté par des années de largage de déchets radioactifs.

Leona Morgan, Diné membre de ‘Haul No!’, dit « Nous sommes fatigués d’être une colonie de ressources. »
« Nous ne sommes pas une zone de sacrifice » dit Leona, se référant aux nouveaux projets de mines d’hydrogène dans la Nation Navajo.
« La Nation Navajo en a assez d’être creusée pour l’extractivisme. »

Leona a prévenu du projet de Biden de tripler la production mondiale d’énergie nucléaire. Elle souligna qu’il n’y avait pas de place pour mettre les déchets des centrales nucléaires – des déchets radioactifs pour toujours.

Leona dit que Holtec International avait été empêché de construire la plus grande décharge de déchets radioactifs au monde, au Nouveau-Mexique, l’an dernier. Ça a été empêché par une loi de l’état du Nouveau-Mexique, après que la Commission de Régulation Nucléaire des États-Unis ait déjà délivré un permis. Une autre décharge de déchets radioactifs a été bloquée au Texas.

« Nous pouvons arrêter la mine Pinyon Plain, dit Leona. La mine, appelée jusqu’à maintenant Canyon Mine, a déjà violé des lois.
Bien que la mine n’ait commencé ses opérations que récemment, Leona dit que de l’uranium avait déjà été transporté dans des camions banalisés à l’usine de traitement de White Mesa, en Utah.

Les opérateurs de la Mine du Canyon ont déjà été pris en train de pulvériser de l’eau contaminée par l’uranium sur des terres du Service des Forêts, près du Grand Canyon. La semaine dernière, un tracteur s’était retourné, ce qu’ils ont signalé.
Leona a demandé au public d’aller surveiller la mine d’uranium, qui se trouve sur des terres publiques, et de signaler les violations.

Leona a expliqué comment Haul No! était né de l’inquiétude causée par Energy Fuels, propriétaire d’une mine d’uranium sur la montagne sacrée des Diné, le Mont Taylor, au Nouveau-Mexique. Puis, il y a eu la menace de la mine d’uranium d’Energy Fuels, Canyon Mine/Pinyon Plain, près du Grand Canyon.

Leona dit que la menace était que deux mines pourraient transporter de l’uranium à travers la Nation Navajo, qui a des lois interdisant l’extraction et le transport d’uranium en terre Diné.

Leona rappela les discussions qu’elle avait eu avec Serena Riggs, de la lutte pour protéger la Confluence, et avec Klee Benally.
« Nous étions assis autour de la table, discutant de nos inquiétudes, et Klee Benally dit ‘On l’appellera Haul No!’ »
« C’est comme cela que Haul No! A commencé, » dit Leona.

Il fut montré une vidéo du premier Rumble on the Mountain, avec un discours de Vernon Masayesva, Hopi de Hotevilla et ex-président, qui encourageait à chercher un nouveau paradigme dans la vie.
Photo Black Mesa Trust.

« L’eau c’est la vie, sans eau la vie n’existe pas. »

Il parlait des Pics sacrés San Francisco comme d’une Kiva sacrée, il disait que les gens devaient maintenant aller au-delà d’ici, et dans le monde, pour assurer qu’il y aura une continuité au-delà du Quatrième Monde des Hopis.

Les gens doivent imaginer le Cinquième Monde.

« Nous venons de la mer, l’eau est ce qui nous connecte tous. Tous ensemble, nous pouvons ramener le sacré à la Terre, notre mère, que nous avons insultée. »

« Elle nous appelle à l’aide, mais personne ne semble écouter. Mais maintenant, nous les Autochtones devons nous exprimer et dire que l’eau n’est pas une chose qu’on vend ou achète, l’eau est sacrée, l’eau est spirituelle. »

« L’Eau nous relie au Créateur. »

Des savants et des ingénieurs croient qu’ils peuvent contrôler et gérer l’eau, et ils ont placé des centaines de réservoirs sur le Fleuve Colorado.

« Ça a perturbé notre voyage de retour vers la mer. »
« Maintenant le fleuve s’assèche. »
« Nous ne contrôlons pas l’eau, c’est l’eau qui contrôle. C’est le nouveau paradigme. »
« C’est qui nous sommes en tant qu’Autochtones. Ce que nous faisons à l’eau, nous le faisons à nous-mêmes. »

Radmilla Cody a exprimé de la solidarité avec la Palestine et les bénédictions de ses chansons.

Le groupe Innastate, Pueblo Jemez, a célébré sa dixième année, en même temps que Rumble.

La soirée a été terminée par le groupe Summit Dub Squad avec le reggae « Sovereign Land » et « Hop Ska Honey ».

Rumble on the Mountain 10 a été produit avec le soutien de Wild Arizona, Protégez le Grand Canyon, le Sierra Club, le Grand Canyon Trust, la Radio Publique Hopi KUYI, le Centre pour la Diversité Biologique et Haul No!

Voir la Déclaration de la Tribu Havasupai à Propos d’Energy Fuels

Petuuche Gilbert et Kurumi Sugita

PETUUCHE GILBERT, ACOMA, PARLE DES PROBLEMES NUCLEAIRES AU NOUVEAU-MEXIQUE LORS DE SON PASSAGE EN FRANCE

DE L’OUEST DES ETATS-UNIS A FUKUSHIMA, DES GENS LUTTENT CONTRE LE NUCLÉAIRE

Le 10 juillet 2019, Petuuche Gilbert, Acoma, activiste anti-nucléaire, a été invité, à l’occasion de sa visite annuelle en Europe, à participer à une réunion organisée par Kurumi Sugita, d’origine Japonaise, et son mari Jon Gomon, du Michigan. La réunion a eu lieu chez eux, en Isère, où ils vivent maintenant.
Kurumi Sugita est socio-anthropologue et chercheur retraitée du CNRS. Elle a fait de la recherche sur les victimes de Fukushima. Elle a créé le blog et l’Association “Nos Voisins Lointains 3.11” en 2013, dans le but de développer les relations entre les populations Françaises et Japonaises, menacées par l’omniprésence du nucléaire.
Petuuche Gilbert était accompagné par Hervé Courtois, également activiste anti-nucléaire, qui a vécu au Japon et dont la fille Franco-Japonaise vit à Iwaki, dans le district de Fukushima, à environs 50 km de la centrale Daiichi de Fukushima. Il est membre de la C.A.N. (Coalition Against Nukes), et blogger sur Nuclear News et Fukushima 3.11 Watchdogs. Au cours des dernières années, il s’est rendu plusieurs fois dans le sud-ouest des Etats-Unis. Lors de son dernier voyage, il a rencontré Petuuche Gilbert et Leona Morgan, au cours du Festival International de Films sur l’Uranium, qui, l’en passé, a eu lieu à Window Rock, capitale de la Nation Navajo, en Arizona. Il a assuré la traduction simultanée de la présentation de Petuuche Gilbert, lors de la réunion du 10 juillet.
Je suis moi-même allée à de nombreuses reprises dans le sud-ouest des Etats-Unis. En 2017, j’ai effectué un long périple passant par les principaux sites concernés par le nucléaire. J’étais accompagnée par Ian Zabarte, Shoshone, dans le Nevada ; Klee Benally, Navajo, dans le nord de l’Arizona et le sud de l’Utah ; et par Petuuche Gilbert, Acoma, et Leona Morgan, Navajo, au Nouveau-Mexique. La plupart des photos ont été prises au cours de ce voyage.
L’assistance était composée d’activistes anti-nucléaire et de gens directement menacés par une centrale nucléaire ou une mine d’uranium abandonnée.

Christine Prat

 

Miribel-les-Echelles, Isère, 10 juillet 2019
Article basé sur la transcription de la présentation de Petuuche Gilbert
Enregistrement, transcription, traduction et photos Christine Prat
La plupart des lieux cités figurent sur les cartes au bas de l’article, cliquer pour voir les cartes en plus grand.

In English on Censored News

Voir aussi l’article de François VALLET, également présent à la réunion avec Petuuche.

Le Nouveau-Mexique est particulièrement touché par l’industrie nucléaire. Comme Petuuche l’a rappelé “la première bombe atomique a été fabriquée et testée au Nouveau-Mexique”. C’était la bombe ‘Trinity’, développée par des scientifiques à Los Alamos, et testée au centre du Nouveau-Mexique, sur le site de tir de White Sands. Ce premier test a eu lieu le 16 juillet 1945, seulement quelques semaines avant que des bombes soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki. Les médias continuent de prétendre que ce site se trouve dans le désert du Nouveau-Mexique, dans une région dépeuplée, mais en réalité ce n’est pas loin de la Réserve Apache Mescalero. Depuis, les sites nucléaires se sont multipliés au Nouveau-Mexique : armes, laboratoires, et maintenant sites d’enfouissement. Partout dans le monde, les territoires Autochtones sont les plus touchés. Il ne faut cependant pas oublier que la France, comme le Japon, vit sous la menace permanente de centrales nucléaires, et d’armes dont on peut difficilement connaître exactement le nombre et l’emplacement.

L’uranium

Petuuche a commencé son intervention en disant “Au Nouveau-Mexique aussi, il y a de l’uranium pour faire des bombes. L’uranium a nui à mon peuple, à leur terre, l’eau et l’air, là où nous vivons. Cette région, le District Minier de Grants, c’est là où il y avait des mines d’uranium et des usines de traitement. Donc, je vais parler de l’uranium, qui est le premier stade de la chaîne du carburant nucléaire. Et je veux dire à quel point ça touche les Autochtones, là où je vis, aux Etats-Unis.”

“Cette région, c’est l’Ouest des Etats-Unis.” C’est ce que les films d’Hollywood appellent le ‘far-west’. “Dans l’ouest des Etats-Unis, il est dit qu’il y a près de 15 000 mines d’uranium abandonnées. Le terme mines ‘abandonnées’ signifie que la compagnie minière s’est retirée et que personne ne sait qui a ouvert les mines.” Les compagnies changent souvent de nom et de nationalité, ce qui rend toute poursuite ou demande d’indemnités extrêmement difficiles.

Petuuche ajouta “Ils veulent reprendre l’extraction d’uranium, par exemple dans le Grand Canyon. Et pas loin de chez moi, ils veulent rouvrir des mines d’uranium. Aux Etats-Unis, il n’y a plus qu’une usine de traitement, où ils produisent le ‘yellow cake’, elle se trouve dans l’Utah.” “Autrefois, près des mines d’uranium, il y avait cinq usines de traitement, pour le minerai d’uranium, pour faire le ‘yellow cake’. A l’époque, quand on extrayait l’uranium, il fallait qu’il y ait des usines de traitement.” A une question du public demandant d’où vient l’uranium maintenant, Petuuche répondit que ça venait principalement du Canada et d’Australie. Le traducteur, Hervé Courtois, ajouta que le territoire des Déné, au Saskatchewan, était totalement contaminé.

Donc, Petuuche Gilbert commença par la question “Qu’est-ce que l’uranium ?” Il expliqua “C’est un minerai qui se trouve dans le sol. C’est naturel, c’est là, c’est dans le sous-sol. Ça a toujours été là, depuis des milliers d’années, ça fait partie de la géologie du sol. Certains Autochtones, comme les Navajos et des Autochtones du Canada ont des noms pour l’uranium. Pour les Navajos, c’est łeetso, ‘saleté jaune’.” Hervé Courtois ajouta que les Déné du Canada l’appellent ‘pierre noire’, ce qui signifie ‘poison’.

Puis il expliqua qu’une fois que l’uranium a été extrait, les roches devaient être broyées dans une usine de traitement, pour fabriquer le ‘yellow cake’. “L’uranium, lorsqu’il est dérangé, est instable et se répand partout. Ça envahit l’air, que nous respirons, l’eau et le sol. Evidemment, nous buvons l’eau, les plantes aussi, alors qu’elle est devenue radioactive.”

Petuuche expliqua comment l’uranium s’introduisait dans l’organisme. “Que ce soit par la peau, les cheveux, ou en buvant. Les ouvriers qui travaillaient dans les usines de traitement pour broyer le minerai, avaient de la poussière d’uranium dans leurs vêtements.” A l’époque, les ouvriers Autochtones, principalement Navajos, n’avaient aucune protection, ni masque ni combinaison. “Ils ramenaient leurs vêtements chez eux, ça contaminait leurs femmes et leurs enfants, et, bien sûr, leur maison.” “En plus, le minerai d’uranium produit du gaz radon.” Le radon est un gaz produit dans les mines d’uranium, dès que l’uranium est remué et entre en contact avec l’air. Le radon a une existence très courte, moins de 3 jours, après quoi il se change en infimes particules, appelées ‘les filles du radon’, qui sont assez fines pour pénétrer les poumons et d’autres organes très profondément. “Ensuite, après que l’uranium ait été transformé en ‘yellow cake’, les déchets se retrouvent entassés à proximité. L’uranium nuit à la santé, les radiations nuisent à la santé. Et il est dit que quand l’uranium s’introduit dans l’organisme, ça peut prendre beaucoup d’années avant que des maladies, comme différentes sortes de cancer, ne se déclarent. Et si l’uranium est laissé sur le sol, ou après des tests de bombes atomiques, ça continue d’affecter l’environnement et les gens 50 ans après. Actuellement, ils font des tests sur des femmes et des bébés, qui montrent qu’il y a de l’uranium dans leur sang et leur urine. L’uranium cause toutes sortes de maladies.” “Les gens qui vivent à proximité des zones, les gens eux-mêmes, ont dit de quoi ils souffraient : de cancers des poumons et des os, de leucémie, de maladies des reins, de maladies cardiaques, de tension trop haute, de diabète, de maladies auto-immunes ; conséquences de l’uranium et des produits chimiques utilisés pour séparer l’uranium de la roche. Beaucoup de gens ont eu des problèmes pulmonaires, ou de thyroïde, de reins, d’estomac, etc. à cause de ce qu’ils respiraient.”

“Certaines de ces usines étaient à 100 m des maisons. Les gens qui vivaient dans les villages autour de l’usine ont eux-mêmes établi une carte qui montrait combien de gens de la région étaient morts de cancers.”

“Maintenant, ils essaient un autre procédé pour extraire l’uranium, ils enfoncent des tuyaux dans le sol et pompent le minerai. Mais ça contamine l’eau souterraine.”

“Un autre problème posé par l’uranium, est qu’il coexiste avec le charbon. Donc, quand le charbon est brûlé dans les centrales électriques, ça émet des matériaux radioactifs. On dit aussi, que quand on utilise la fracturation hydraulique pour obtenir du charbon, du pétrole ou du gaz, ça remue aussi l’uranium du sous-sol et le fait remonter à la surface.” En plus, ils utilisent de l’uranium ‘appauvri’ pour fracturer… “Le problème avec la fracturation, est l’eau usée, l’eau contenant de l’uranium, qu’ils arrosent sur le sol pour maintenir la poussière. Les routes peuvent devenir radioactives.” “L’uranium va sur le sol et même dans ce que vous buvez, partout. Particulièrement quand il pleut, l’eau se répand, les animaux la boivent, les plantes aussi. Et, bien sûr, ça contamine l’eau souterraine”.

Puis, Petuuche montra sur une carte le District de l’Uranium de Grants, où il vit. Il ajouta “Et voilà d’autres mines. La Nation Navajo a environ 1000 mines abandonnées.” “Quand les Etats-Unis fabriquaient des bombes atomiques, ils extrayaient l’uranium du territoire Navajo. Aujourd’hui, les Navajos essaient toujours de les décontaminer.” Petuuche Gilbert a participé à des manifestations organisées par un groupe appelé ‘Clean Up the Mines’, ‘Nettoyer les Mines’.

“Nos voisins, les Laguna, notre tribu sœur, a eu la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert au monde. La compagnie aime à prétendre qu’elle a été décontaminée. Mais ça continue à irradier le sol, l’air et l’eau. A la grande époque de l’extraction d’uranium, des années 1950 aux années 1990, dans notre région, la petite ville de Grants se définissait elle-même comme capitale mondiale de l’uranium.”

Puis, Petuuche montra sur une carte les montagnes de lave, de basalte, dans le District de Grants. “La Montagne Sacrée de mon peuple est ici, dans une forêt nationale, ça s’appelle le Mont Taylor.” En Acoma, ça s’appelle Kaweshti, dans la langue des Navajos, pour qui c’est aussi une montagne sacrée, ça s’appelle Tsoodził. “Mon peuple, les Acoma, vivent ici.” [Voir cartes].

La radioactivité est toujours là

“La radioactivité émise par l’uranium continue de toucher les villages et les communautés.” “Les maisons sont très proches des mines. Quand les mines et les usines étaient en activités, elles ont irradié les gens et leurs maisons.” “Et les gens utilisaient l’eau souterraine, qui était irradiée.” Par exemple, dans la région de Cameron, dans la Nation Navajo, les gens n’avaient pas d’autre eau que celle des puits irradiés. Même après qu’ils s’en soient aperçus, ils ne pouvaient pas vivre sans eau, dans un climat désertique. Il y a quelques années encore, les endroits radioactifs n’étaient pas indiqués, et des enfants jouaient dans des déchets d’uranium. Petuuche ajoute “Même après des décennies d’extraction d’uranium, la radioactivité nuit toujours aux gens. Le gouvernement des Etats-Unis et l’état du Nouveau-Mexique n’ont jamais fait d’études sérieuses sur la santé des gens touchés. Alors, aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’études scientifiques fiables qui montrent comment et pourquoi les gens meurent de cancers.”

En 2015, un taux de radioactivité anormal a été mesuré dans l’eau ‘potable’ d’une communauté Autochtone à Sanders, en Arizona. Les gens devaient collecter de l’argent pour acheter de l’eau en bouteille. Les recherches menées pour comprendre d’où venait la radioactivité ont abouti à la conclusion qu’elle devait venir de la très vieille usine de Churchrock, où un bassin de rétention de déchets s’était rompu en 1979 !

La catastrophe de Churchrock de 1979

Le 16 juillet 1979, le bassin de rétention des déchets de l’usine de Churchrock, au Nouveau-Mexique, s’est rompu. C’était un bassin en terre, fermé par une digue en argile [comme à Malvési]. Il y avait des fissures dans le barrage, l’Etat fédéral et la compagnie le savaient, mais n’ont rien fait. Le 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu, causant la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis. L’eau radioactive s’est répandue dans un arroyo qui se déversait dans le Rio Puerco, une rivière généralement à sec, mais peut se remplier s’il y a des pluies abondantes, ce qui s’est produit en 1979. L’eau radioactive a coulé jusqu’à 160 km en Arizona. En juillet 2015, il y avait de toute évidence eu des pluies abondantes aussi, il restait encore de l’eau et des traces de courant abondant à Sanders, en septembre 2015.

La catastrophe de Churchrock a eu lieu la même année que l’accident de Three-Miles-Island, mais bien que ça ait été plus grave, les médias n’en ont pratiquement pas parlé.

Chaque 13 juillet, les Autochtones commémorent la catastrophe. Cette année, Leona Morgan a demandé aux associations européennes – entre autres au CSIA – d’envoyer des déclarations de solidarité.

Nouveaux projets de mines d’uranium

Actuellement, des compagnies minières présentent de nouveaux projets d’extraction d’uranium dans la région. “C’est ce contre quoi nous nous battons” dit Petuuche. “Etant donné qu’il n’y a pas d’études sanitaires montrant que l’extraction et le traitement d’uranium nuisent à la santé et à l’environnement, certains trouvent très bien de rouvrir des mines d’uranium, parce que les gens veulent de l’argent et du travail.”

“Cette compagnie [Strathmore] est l’une de celles qui veulent exploiter de nouvelles mines d’uranium : le projet s’appelle Roca Honda. Ainsi, depuis dix ans, ils ont mené une étude, gouvernementale, pour s’approprier cette nouvelle mine. A l’époque, la firme Sumitomo, du Japon, possédait environs 40% de la mine Roca Honda. Puis nous sommes allés au Japon, et nous leur avons dit que nous nous opposions à ce qu’ils soient propriétaires de cette mine. Finalement, Les Japonais ont vendu leurs intérêts. Mais le gouvernement des Etats-Unis, qui est propriétaire du terrain où la mine Roca Honda sera construite, ont réussi à faire dire au Service des Forêts des Etats-Unis, qu’il allait accorder un permis pour la mine. Mais il y a encore deux autres mines d’uranium qu’ils veulent exploiter, dans le même secteur. Et la seule raison pour laquelle ils n’extraient pas d’uranium aujourd’hui, c’est que le cours de l’uranium est trop bas. Pour ma tribu, c’est sur notre territoire et la mine sera là, sur la portion gérée par le Service des Forêts. C’est sur le flanc ouest de notre Montagne Sacrée, le Mont Taylor.” “Cette montagne n’est pas seulement sacrée pour notre tribu, elle l’est aussi pour les Navajos, les Zuni, les Laguna et les 19 autres tribus du Nouveau-Mexique. C’est pourquoi les tribus l’appellent une Propriété Culturelle Traditionnelle, TCP.” [Ce statut est reconnu par la loi Américaine]. “Ça n’empêche pas l’extraction minière, mais ça nous donne un siège à la table de négociations. Toutes les terres autour, sont des territoires Autochtones. Cette montagne, le Mont Taylor, produit de l’eau, qui vient de ses sources, [qui coulent dans le Rio San Jose]. C’est la seule eau qui coule chaque jour de chaque année. Et c’est une toute petite rivière. C’est de l’eau sacrée. Alors nous continuons de nous battre pour protéger ce peu d’eau que nous avons”.

“Un autre exemple est la mine qu’ils veulent exploiter près du Grand Canyon.” Ça concerne directement les Havasupai, qui vivent au fond du Grand Canyon et vivent de l’eau des sources qui s’y jettent. Et pour eux, Red Butte – juste à côté de la mine – est leur Montagne Sacrée. Mais les Hopi et d’autres tribus se sentent aussi concernés par cette région. Petuuche dit “Ils ont beaucoup d’amis dans tout les Etats-Unis, qui protègent le Grand Canyon et disent ‘Non aux mines d’uranium’. Le Président Obama avait gelé l’extraction d’uranium dans la région du Grand Canyon, mais le Président Donald Trump l’a à nouveau autorisée.”

“Aujourd’hui, nous nous battons au Nouveau-Mexique, où ils veulent entreposer les déchets des centrales nucléaires au Nouveau-Mexique et au Texas. Le nom sur le t-shirt que je porte, est celui de la compagnie, Holtec International. Ils travaillent avec une compagnie Canadienne. Ils sont du New-Jersey, et ils achètent des centrales pour récupérer les déchets. C’est pourquoi ils se sont intéressés à Yucca Mountain, mais l’état du Nevada n’en veut pas. Alors, ils cherchent toujours un endroit, et disent qu’ils veulent un site de stockage temporaire, temporaire pour 10 ou 150 ans ! L’un de ces sites est au Nouveau-Mexique.”

“Il y a 97 centrales nucléaires aux Etats-Unis. Ils veulent trouver un site pour entreposer les déchets, au Nouveau-Mexique et au Texas, et ils veulent les transporter par rail. Au Nouveau-Mexique, les grandes villes s’y opposent, et beaucoup de communautés disent ‘pas par notre ville’.”

Protestations et actions

“Quelques fois, nous protestons, pour protéger la montagne et l’eau.” Petuuche montra une photo de coureurs et expliqua qu’il s’agissait d’une course de protestation. Il ajouta “Des gens de chez les Hopi, les Navajos, les autres Pueblos nous rejoignent. Et aussi quelques Blancs. Nous avons beaucoup d’alliés et de soutiens, qui nous aident et se joignent à nos manifestations.”

Ils se sont aussi tournés vers les Nations Unies. Petuuche expliqua “Mon ONG s’appelle Association Autochtone Mondiale. Nous avons fait trois présentations aux Nations Unies – je viens chaque année aux Nations Unies – l’une à l’occasion du Pacte International Relatif aux Droits Civiques et Politiques. La suivante était pour le Comité sur l’Elimination de la Discrimination Raciale, et la troisième, pour le Droit Politique Universel, sur ce que le Mont Taylor est une Montagne Sacrée qui ne devrait pas être profanée par l’extraction d’uranium, afin de respecter les droits des Autochtones. Cependant les Etats-Unis n’écoutent pas.”

“Des activistes étaient contre le fait que le Nouveau-Mexique participe à l’élaboration d’armes nucléaires. Au Nouveau-Mexique, il y a deux laboratoires nationaux qui font de la recherche sur les armes nucléaires. Et c’est une chose à laquelle nous nous opposons aussi, l’utilisation d’uranium pour faire des bombes atomiques. Même au Nouveau-Mexique, à Carlsbad, ville polluée depuis 50 ans, ils sont tous d’accord avec le site d’enfouissement. La gouverneure du Nouveau-Mexique a dit non. Mais c’est le gouvernement des Etats-Unis qui combat les états, les activistes et bien d’autres gens. Ils utilisent le terme ‘consentement’. Le Nouveau-Mexique ne consent pas, mais le gouvernement fédéral et Holtec font pression. Le Congrès des Etats-Unis a passé une loi, et 340 Représentants ont voté en faveur du transport des déchets nucléaires au Nouveau-Mexique et à Yucca Mountain. Le Sénat doit encore voter. Il y a une forte opposition à cette loi.”

Il y a eu une manifestation le 16 juillet, pour commémorer le tout premier test atomique de ‘Trinity’, au Nouveau-Mexique.

Petuuche a également participé à la tournée de protestation de ‘Clean Up the Mines’ [Nettoyez les Mines] avec, entre autres, Leona Morgan (Diné), Klee Benally (Diné), Ian Zabarte (Shoshone) et Sarah Fields (militante anti-nucléaire).

Conclusion

Petuuche a expliqué pourquoi, selon lui, les Etats-Unis et leur Président veulent reprendre l’extraction d’uranium. Aujourd’hui, l’extraction d’uranium est reportée parce que le cours de l’uranium est bien trop bas pour que les compagnies fassent des bénéfices. Cependant, le Gouvernement et le Président font pression pour reprendre l’extraction. Le Président Trump “dit que nous utilisons beaucoup trop d’uranium venant d’autres pays, que nous devrions le prendre dans nos propres terres. Il s’efforce de dire que le minerai d’uranium est un risque pour la sécurité nationale.” Petuuche expliqua “les compagnies prêtes à exploiter l’uranium subissent aussi des pressions de la part du Gouvernement Fédéral et du Président Trump pour le faire. Le Président a déclaré que c’était un risque pour la sécurité nationale, afin d’extraire de l’uranium, de créer des emplois et de l’argent.” A propos des compagnies, Petuuche dit “Ils pensent que les centrales nucléaires ont besoin d’uranium. Ainsi, ils croient que si les Etats-Unis obtiennent plus d’uranium local, ça fera monter les prix.” Cependant, “ça coûte très cher d’entretenir des centrales nucléaires, et encore plus d’en construire. Il n’y a eu que deux centrales en construction au cours des 30 dernières années. Il y a plus d’énergie solaire, d’éoliennes, de centrales géothermiques, mais Trump veut aider les compagnies charbonnières, alors pour lui, même le charbon est bon. Mais les centrales électriques disent non, parce que c’est trop cher et que ça pollue l’air.”

Petuuche dit “Je pense que tout le monde doit être instruit sur ce qu’est la chaîne nucléaire, de l’uranium aux centrales et aux déchets, et aux armes nucléaires.”

Puis il montra une diapositive d’un slogan, en expliquant “Tous les gens sont des Autochtones de la Terre, vous tous, nous tous, nous devons protéger notre sol, notre eau, notre air, et nous protéger les uns les autres. C’est pourquoi nous faisons ce travail contre l’énergie nucléaire. C’est trop dangereux pour la terre, pour tous les humains et pour toute la vie sauvage.”

Cartes (La première carte donne la localisation des cartes détaillées. Si elles ne sont pas lisibles, cliquer pour les voir en plus grand formats)

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

Mardi 7 novembre 2017
Contact: Klee Benally
stopcanyonmine@gmail.com
https://www.haulno.org
Egalement publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

 

La ville de Flagstaff adopte une résolution contre l’extraction et le transport d’uranium
Elle s’engage à mener une action légale aux niveaux fédéral, de l’état, et municipal

Crédit photos: Caleb Eckert

 

Flagstaff, Arizona – Le Conseil Municipal de la ville de Flagstaff a adopté une résolution s’opposant à l’extraction et au transport d’uranium de Canyon Mine, une mine située à 10 km de la Rive Sud du Grand Canyon du Colorado.

Le scrutin a été de six voix pour et une contre, celle du conseiller Scott Overton.

Leilani Clark, une bénévole de Haul No! a déclaré au conseil: “Adoptez la résolution, adoptez un arrêté municipal, faites tout ce que vous pouvez, parce que nous, le public, ferons tout, par tous les moyens nécessaires, pour empêcher des camions transportant du poison de traverser nos communautés.”

Après le vote, Clark a déclaré “L’acte du Conseil Municipal de la ville de Flagstaff de ce soir est une des nombreuses mesures à prendre pour soulager le traumatisme historique et la souffrance des Peuples Autochtones, causés par l’industrie nucléaire. Nous ferons tout pour nous assurer que nos communautés, les sites sacrés, l’eau si précieuse et le Grand Canyon soient à l’abri des effets toxiques de l’extraction d’uranium.”

Plus de 100 personnes s’étaient entassées dans la salle du conseil, dont une écrasante majorité en faveur d’une action allant plus loin qu’une résolution symbolique. Les personnes présentes ont exprimé leurs inquiétudes face à la perspective de voir jusqu’à 12 camions par jour, transportant chacun 30 tonnes de minerai d’uranium hautement radioactif de Canyon Mine. Le minerai d’uranium serait transporté sur un total de près de 500 km, par Flagstaff et les communautés de la Réserve [Navajo], jusqu’à l’usine de retraitement controversée d’Energy Fuels Inc., “White Mesa Mill”, près de Blanding, en Utah, située sur des terres ancestrales des Ute de Ute Mountain.

Des membres de communautés Autochtones de la région, dont six représentants du Conseil Tribal Havasupai, ainsi que des représentants des nations Diné (Navajo), Hopi, Apache et Pueblo, étaient présents pour être témoins de l’adoption de cette résolution historique. Et on pouvait ressentir de la solidarité à l’échelle de tout l’état, étant donné que des habitants de l’Arizona étaient venus d’aussi loin que Phoenix et Tucson pour manifester leur soutien à l’adoption de la résolution par le Conseil, et pour appuyer un futur arrêté municipal.

Ophelia Watahomigie-Corliss, membre du Conseil Tribal Havasupai, s’est exprimée au nom de tout le Conseil Tribal pour soutenir la résolution et un arrêté municipal: “Depuis plus de 40 ans, la Tribu Havasupai a systématiquement utilisé tous les moyens possibles pour s’opposer à l’extraction d’uranium sur le Plateau du Colorado. Nous considérons l’extraction d’uranium et de métaux lourds dans notre région comme une menace pour notre eau, notre territoire, nos sites sacrés, et notre survie même en tant que peuple.”

Watahomigie-Corliss dit qu’elle était parfaitement consciente des inquiétudes du Conseil Municipal de Flagstaff quant à des conflits possibles avec la loi fédérale, si un arrêté était adopté, [mais] “c’est aussi du pouvoir que d’essayer de créer un précédent en faveur des citoyens, dans un mouvement positif qui durera pendant des générations après la fin de votre mandat.” Watahomigie-Corliss a aussi parlé des inquiétudes causées par l’annonce récente du gouvernement Trump, envisageant d’annuler un moratoire de 2012 sur de nouvelles mines d’uranium autour du Grand Canyon. “Cela rend notre coopération d’autant plus urgente. Nous nous considérons tous chez nous sur ce territoire et nous devons nous unir pour protéger les citoyens et l’environnement des effets nocifs de l’extraction d’uranium.”

Canyon Mine est située près de Red Butte, une montagne sacrée et une Propriété Culturelle Traditionnelle de la Nation Havasupai. La Nation Havasupai a poursuivi en justice le Service des Forêts des Etats-Unis pour ne pas avoir effectué de consultation effective à propos de Canyon Mine, dans sa Déclaration d’Impact Environnemental de 1986. Une décision de la Cour d’Appel du 9ème Circuit pourrait tomber d’un jour à l’autre.

Milton Tso, Président du Chapitre de Cameron, dans la Nation Diné, a mis la menace de l’uranium en perspective, étant donné que sa communauté compte plus de 100 mines d’uranium abandonnées. Pendant qu’il s’adressait aux conseillers de Flagstaff, son fils brandissait des photos de pancartes prévenant des dangers de l’exposition à la radioactivité. “C’est notre réalité, à Cameron. Ces pancartes se trouvent près d’habitations, près d’enfants. Si ça passe par Flagstaff, ça passera dans ma ville. Nous ne sommes pas seulement contre l’extraction d’uranium, mais contre tout type d’activités minières qui détruit notre eau, et pour beaucoup d’entre nous, nous sommes touchés personnellement par l’uranium. J’ai un grand-père en train de mourir lentement, il était mineur, et ils n’avaient pas été instruits sur les dangers de l’uranium. Donc, ça me touche personnellement, ainsi que ma petite sœur ici présente, qui va avoir un bébé. Ils habitent juste sous cette pancarte. Le danger n’est pas de savoir si un accident va arriver, mais quand. Dans ma ville, nous sommes mal préparés pour quelque chose de ce genre. Nous n’avons pas eu d’instructions sur le nettoyage des fuites importantes. Nous avons toujours des puits ouverts autour de ma ville. Nous avons perdu beaucoup de parents morts de cancers, beaucoup de gens de la région de Cameron ont des cancers à cause des mines. C’est là, et on nous ignore. Je vous en prie, prenez position et combattez ça” dit Tso.

Wenona Benally, membre de la Chambre des Représentants d’Arizona, District 7, a assisté à la réunion et s’est engagée à soutenir l’impulsion du Conseil Municipal de Flagstaff pour prévenir l’extraction et le transport d’uranium, au niveau de l’état et au niveau fédéral.

Wenona Benally déclara “Ce soir, la Sénatrice de l’état Jamescita Peshlakai, le Représentant de l’état Eric Descheenie et moi-même avons publié une déclaration écrite au Conseil Municipal de Flagstaff, soutenant l’adoption de la Résolution No. 2017-38, qui s’oppose au transport de minerai d’uranium par la ville de Flagstaff et les territoires Autochtones. Notre district est malheureusement connu pour son héritage empoisonné de l’extraction d’uranium. Nous remercions la Ville de Flagstaff d’adopter cette résolution et d’accepter de se joindre à nous pour arrêter le cycle mortel qui a ravi des vies dans notre peuple et détruit nos communautés.”

Juste avant que la résolution ne soit soumise au vote, le Maire de Flagstaff, Coral Evans dit “Je veux parler de l’aspect constitutionnel et légal de ceci. Dans sa ‘Lettre de la Prison de Birmingham’, le Dr. King parle de ce qu’il appelle des lois justes et injustes. Je voudrais dire que dans ce pays, historiquement, nous avons vu plusieurs lois changer ou être abolies, au cours des temps, parce que nous, le peuple, avons jugé qu’elles étaient injustes.”

“L’héritage des mines d’uranium dans le Nord de l’Arizona est injuste. Je crois que cela a été clairement démontré par les routes que prend ce minerai… [et] clairement démontré par le taux de cancer et les morts par cancer chez le Peuple Autochtone de notre région.

“Nous avons des voisins Autochtones qui se sont battus et ont demandé de remédier à ce problème depuis des décennies, depuis des générations. Et ils nous demandent, en tant que principale ville du Nord de l’Arizona, de les aider.”

La Conseillère Celia Barotz s’apprêtait à voter et était secondée par la Conseillère Eva Putzova. Celia Barotz déclara: “Avant de passer au vote de la résolution, je veux rappeler à tous que ce n’est qu’un début et que nous allons avoir besoin de vous tous pour nous aider à tous les stades des diverses procédures, au niveau de l’état et au niveau fédéral, si nous voulons réaliser des changements significatifs au cours des prochaines années. Le conseil municipal ne peut certainement pas le faire seul, je vous invite donc tous à rester engagés, ceci n’est qu’un début.”

Après le vote, Eva Putzova fit la déclaration suivante: “Avec cette résolution, le Conseil Municipal rejoint les communautés Autochtones dans leur combat pour la justice sociale et environnementale. Je suis impatiente de travailler avec notre représentant au Congrès et les représentants de l’état à une législation qui interdirait pour de bon l’extraction d’uranium et le transport du minerai.”

Après le vote en faveur de la résolution, un tonnerre d’applaudissements éclata dans la foule.

Haul No! a réussi à obtenir des résolutions s’opposant au transport de minerai dans des communautés Diné comme Cameron, Coal Mine, Oljato, Monument Valley, Kayenta, l’Agence Navajo de l’Ouest, et des Tribus Hualapai et Havasupai.

Flagstaff est la première communauté hors réserves à adopter une résolution et pourrait être la première communauté à prendre un arrêté municipal défiant l’autorité fédérale sur le transport d’uranium de Canyon Mine.

 

Pour plus d’informations (en anglais): https://www.haulno.org/

 

 

 

Haul No! Rassemblement à Flagstaff et Réunion du Conseil Municipal

Par Haul! Administrateurs
13 octobre 2017
Traduction Christine Prat

 

Flagstaff, Arizona – Mardi 10 octobre 2017, le Conseil Municipal de Flagstaff a tenu une session de travail pour discuter, entre autres, de la possibilité d’adopter une résolution et une ordonnance pour empêcher le transport d’uranium à travers la commune. Plus de 75 personnes s’étaient rassemblées à l’extérieur, avant la réunion.

“Nous avons besoin d’eau, l’eau c’est la vie” dit Odettie Jones, de la Tribu Havasupai, “Il y a beaucoup d’armes nucléaires déjà fabriquées. Pourquoi ont-ils besoin de plus d’uranium? C’est déjà fait. Laissez-le dans le sol.” Odettie Jones faisait partie d’une délégation d’une douzaine de membres de la Tribu Havasupai, venus du Grand Canyon pour exprimer leur opposition à la mine dite Canyon Mine.

Canyon Mine est une mine d’uranium située près de Red Butte, une montagne sacrée et Propriété Culturelle Traditionnelle, à seulement 10 km du bord sud du Grand Canyon. Une compagnie canadienne, Energy Fuels Inc. (EFI), projette d’en extraire de l’uranium en 2018.

Jusqu’à 12 camions par jour, transportant chacun 30 tonnes de minerai d’uranium hautement radioactif, devraient traverser des communautés, pour la plupart dans la Réserve. L’uranium serait transporté sur une distance totale de près de 500 km jusqu’à l’usine controversée d’EFI de White Mesa, près de Blanding, en Utah. L’usine de White Mesa est située sur les terres ancestrales des Ute de Ute Mountain et est la seule usine de retraitement d’uranium commerciale aux Etats-Unis.

La Nation Havasupai a poursuivi en justice le Service des Forêts des Etats-Unis, pour ne pas avoir effectué de consultation significative à propos de Canyon Mine, dans leur Déclaration d’impact Environnemental de 1986. Une décision de la Cour d’Appel du 9ème Circuit pourrait tomber d’un jour à l’autre.

Bien que la Nation Navajo ait interdit le transport d’uranium sur son territoire depuis 2012, EFI obtiendrait l’autorisation de l’état d’Arizona, pour des questions de juridiction.

Une possible pollution radioactive du sol, de l’eau et de l’air par la Mine du Canyon, l’usine de White Mesa et le transport d’uranium affecterait le nord de l’Arizona, le sud-est de l’Utah, le fleuve Colorado, le cours d’eau Moenkopi, la rivière San Juan, et les territoires et ressources culturelles des peuples Havasupai, Hopi, Navajo, Ute et Paiute.

“Ça va toucher chacun d’entre nous, les gens basanés, les Noirs, les animaux, le ciel… Connaissant le gouvernement, ils ne vont pas le bloquer pendant le transport” dit Frankie Tso, Diné, résidente de Cameron, “C’est un acte de génocide, un génocide nucléaire. Des gens meurent. Tout récemment, une de mes grand-mères est décédée d’un cancer, elle avait des plaies ouvertes sur tout le corps. Elle vivait à 400 mètres d’une des mines abandonnées les plus radioactives de Cameron.” F. Tso ajoute, “Nous sommes ici pour que ça s’arrête, nous n’allons pas risquer un essai, nous allons le bloquer. Les gens avant le profit!”

La bénévole de Haul No! Leilani Clark, Diné (Navajo) et Santa Clara Pueblo, raconta comment le Conseil Municipal de Flagstaff avait d’abord supprimé la discussion de son agenda. “En 24 heures, la question était revenue sur l’agenda,” dit L. Clark, “et ceci parce que vous vous êtes mobilisés et vous êtes assurés que la Ville prendrait le problème au sérieux. Merci.”

Le Conseil est prêt à agir et Envisage de combattre les Règles Fédérales

Cinq membres du Conseil Municipal de Flagstaff ont immédiatement exprimé leur soutien à une résolution. Ils ont aussi appelé à une action de plus grande envergure, sous la forme d’une ordonnance interdisant le transport sur une petite section de la route sur laquelle la ville a juridiction.

Donn Pillmore, représentant EFI, a contredit une déclaration antérieure du président de la compagnie, Mark Chalmers, lors d’une session précédente du Conseil Municipal. Chalmers avait dit “les trajets projetés ne devraient pas passer par Flagstaff”, malgré le fait qu’en 1986, le Service des Forêts ait approuvé deux trajets, l’un traversant Flagstaff et un autre passant par une route d’accès du Service des Forêts et des terre privées au nord de Flagstaff. Le Service des Forêts avait indiqué dans sa déclaration d’impact environnemental, que le trajet par Flagstaff était l’option “préférée”.

Des membres du Conseil ont discuté une série d’options, dont une régulation plus stricte du transport d’uranium, en utilisant des containers “plus sûrs” que de simples bâches goudronnées. L’équipe de la Ville a déclaré ne pas pouvoir adopter une ordonnance limitant le transport, à cause de la “préemption” des règles Fédérales. La membre du Conseil Putzova a réagi, déclarant “ça ne me gênerait pas de demander au gouvernement Fédéral de changer ses règles concernant l’uranium.”

La Vice-Maire Jamie Whelan dit “Nous devons agir, même si nous semblons ne pas avoir de pouvoir là-dessus.” Coral Evans, Maire de Flagstaff, déclara “Je suis très troublée par le fait que les communautés [Autochtones] doivent supporter l’essentiel des risques.” C. Evans dit aussi qu’elle avait dû faire face au cancer du sein par deux fois et que ça pourrait être génétique, sa mère ayant vécu ‘sous le vent’. J. Whelan dit aussi avoir eu un cancer. “Quand la question s’est posée, d’un cancer de la gorge, le chirurgien m’a demandé ‘Combien de temps avez-vous passé dans la réserve? Et ce n’est pas bon” dit J. Whelan.

Ophelia Watahomigie-Corliss, membre du Conseil Tribal Havasupai, dit “Je vous implore de vous activer pour remettre en cause [les règles Fédérales].” Elle parlait de l’impact que l’extraction d’uranium pourrait avoir sur des millions de gens.

Sarana Riggs, de la Nation Diné (Navajo) et bénévole de Haul No!, a remis au conseil une déclaration écrite en ces termes: “Nous avons organisé ce soir un rassemblement, auquel non seulement des résidents de Flagstaff étaient présents, mais où sont venus des gens de toute la région, d’aussi loin que Havasupai, Tucson, Las Vegas, Gallup et Albuquerque. Canyon Mine n’est qu’à 10 km du bord sud du Grand Canyon – l’une des destinations touristiques les plus importantes au monde, pour sa beauté et son caractère sacré – cela aura un impact énorme sur les conditions de vie hors de la région – sans parler des territoires ancestraux et actuels des peuples Havasupai et Hualapai, qui ressentent directement les effets de l’exposition à l’uranium et de la profanation de Sites Sacrés, si ceci est autorisé. Le Fleuve Colorado, qui coule dans le Grand Canyon et contribue à la vie des régions autour, y compris la Californie et le Nevada, sera irréversiblement détruit.”

Des représentants de Haul No! ont appelé le conseil à se préoccuper de la profanation des sites sacrés. “En tant que partie prenante dans cette affaire, nous pressons le Conseil de demander des contributions des résidents Autochtones touchés et des voisins, sur comment la ville peut soutenir leurs efforts pour protéger des sites sacrés et écologiques importants, comme Red Butte et les San Francisco Peaks.”

Benjamin Jones, du Service Havasupai des Ressources Naturelles, dit “Canyon Mine est située sur une Propriété Culturelle Traditionnelle des Havasupai, notre montagne sacrée Red Butte, et juste au-dessus de notre nappe aquifère. Nous sommes ici pour protéger nos eaux souterraines de la pollution. Je suis ici en tant que gardien du Grand Canyon. Nous sommes unis, ici, aujourd’hui, pour parler de l’eau. L’eau c’est la vie.”

Red Butte est située sur des terres ancestrales des Havasupai, ils appellent le site sacré Wii’i Gdwiisa, ou “montagne au poing serré.”

Energy Fuels: un Palmarès d’Irresponsabilité

Le Directeur des opérations d’Energy Fuels Inc. (EFI), Donn Pillmore, répondit à des questions de membres du Conseil sur le trajet de transport. Il dit que la compagnie avait une équipe qui s’occuperait des fuites de minerai d’uranium qui pourraient se produire en route.

La membre du Conseil Eva Putzova demanda: “Alors, si [un accident] devait se produire à Flagstadf ou près de Flagstaff, d’où votre équipe serait-elle envoyée?”
Pillmore répondit: “Nous avons un officier pour la sécurité des radiations en poste à notre usine de Blanding.”
E. Putzova demanda alors “A quelle distance, à combien d’heures de Flagstaff est-ce?”
Pillmore: “…de Flagstaff, c’est à environ 3 heures et demie.”

Alicyn Gitlin, résidente de Flagstaff et membre de la section du Grand Canyon du Sierra Club dit: “Pouvons-nous faire confiance à l’industrie de l’uranium pour tenir à cœur nos intérêts? Pouvons-nous leur faire confiance pour nous protéger de la contamination, de la poussière, et des accidents?” A. Gitlin rapporta un point d’histoire concernant les accidents de transport d’uranium dans la région. “Avant 1986, date où le compte-rendu de décision de Canyon Mine a été signé par le Service des Forêts, cinq fuites s’étaient déjà produites de camions transportant du minerai des mines du plateau du Colorado, l’un d’entre eux en ayant renversé plus de deux tonnes. Dans l’un des cas, des officiels de la Nation Navajo ont trouvé en arrivant des ouvriers recouvrant de sable à coup de pied le minerai renversé.” A. Gitlin ajouta “En 2015 et 2016, il y a eu deux fuites de camions transportant des matériaux radioactifs et une autre fuite en janvier 2017. A. Gitlin signala le fait que EFI avait refusé de mettre à jour le Plan d’Opérations de Canyon Mine de 1984, et la Déclaration d’Impact Environnemental de 1986, ainsi que le compte-rendu de Décision. “Les opérateurs de la mine nous disent que l’extraction d’uranium est plus propre et plus sûre aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Mais pas à Canyon Mine!”

Des intervenants ont continué toute la nuit à parler du bilan d’irresponsabilité d’EFI et des menaces à la santé et la sécurité que l’entreprise fait peser.

En mars 2017, des bénévoles de Haul No! ainsi que des représentants du Sierra Club, du Centre pour la Diversité Biologique, de Diné No Nukes et de Clean Up The Mines, ont découvert que Canyon Mine avait été inondée, parce que des ouvriers avaient percé par inadvertance une nappe aquifère de surface. Il a été établi que l’eau contenait de l’uranium et un fort taux d’arsenic, et était pulvérisée dans l’air pour “s’évaporer”. Une enquête plus poussée a révélé que l’eau avait été illégalement transportée par camions en Utah, en violation de la loi de l’état d’Arizona.

Le 24 mars 2017, un accident majeur s’est produit à Canyon Mine, interrompant les travaux de construction du puits pour des mois. Les accidents doivent être signalés à l’Administration de la Sécurité des Mines (MSHA), dans les 15 minutes. Au lieu de cela, un anonyme a finalement alerté la MSHA, qui est venue enquêter, et a finalement découvert que la scène de l’accident avait déjà été compromise.

Alycin Gitlin demanda “Alors, pourquoi devrions-nous faire confiance à Energy Fuels s’ils conduisent leurs camions à travers le nord de l’Arizona? Pourquoi devrions-nous leur faire confiance en quoique ce soit? Pourquoi leur confierions-nous notre santé et notre sécurité?”

Leona Morgan, Diné (Navajo) et coorganisatrice de Haul No!, s’adressa au Conseil au sujet de propositions de sites d’enfouissement dans le sud-est du Nouveau Mexique et à Yucca Mountain, pour les déchets de réacteurs nucléaires. Leona Morgan expliqua que cela signifierait que des déchets au taux radioactif mortel seraient transportés à travers Flagstaff, sur l’autoroute I-40, et par rail de plus de 100 réacteurs dans le pays. “Je vous implore de prendre en considération la question du transport, au-delà de la simple extraction d’uranium.”

Haul No! a déjà réussi à obtenir des résolutions opposées au transport de minerai, de plusieurs communautés Diné, comme celles de Cameron, de Coal Mine, d’Oljato, de Monument Valley, de Kayenta, de l’Agence Navajo de l’Ouest, et des Tribus Hualapai et Havasupai.

Flagstaff serait la première communauté hors-réserve à adopter une telle résolution, et pourrait être la première communauté à adopter une ordonnance qui défierait l’autorité Fédérale en ce qui concerne le transport d’uranium de Canyon Mine.

L’organisation de Phoenix ‘l’Arizona Résiste’ a organisé un rassemblement de solidarité au siège principal du Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona (ADEQ) à Phoenix, Arizona, le même jour. L’ADEQ a la responsabilité de délivrer des permis environnementaux de l’Etat d’Arizona pour Canyon Mine.

Pliny Draper, un Diné de Chinle, en Arizona, s’est adressé au rassemblement pour dire: “Moi, je ne n’hésite pas à défendre ceux dont j’ai la responsabilité… Quel genre de dirigeants avons-nous élu, qui nous laissent tomber comme cela? Ce sont des gens diaboliques. Nous devons en finir avec ça. Je ne sais pas pourquoi ils ont l’idée de sortir cet uranium du sol.” Draper dit aussi qu’il connaissait bien la menace de l’uranium, étant donné qu’il a quatre mines d’uranium abandonnées, qui n’ont jamais été décontaminées, sur son terrain.

Pour plus d’informations (en anglais) et des actions: https://www.haulno.org