Publié par Indigenous Action Media
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Traduction Christine Prat
Communiqué de presse
7 mars 2013
La Tribu Havasupai et des Groupes de Protection de la Nature attaquent la mine d’uranium qui menace le Grand Canyon
Le Service des Forêts approuve l’exploitation d’uranium sans consulter les tribus ni mettre à jour une étude environnemental vieille de 27 ans
PARC NATIONAL DU GRAND CANYON – La Tribu Havasupai et trois groupes de protection de la nature ont entrepris ce jour de poursuivre le Service des Forêts des Etats-Unis pour sa décision d’autoriser Energy Fuels Resources, Inc. à commencer l’exploitation d’une mine d’uranium près du Parc National du Grand Canyon, sans entreprendre ni mener à terme des consultations formelles avec les tribus ni mettre à jour une étude environnementale fédérale dépassée, datant de 1986. La Mine du Canyon menace des valeurs culturelles, la vie sauvage et les espèces protégées et accroît le risque de pollution du sol, et de pollution et d’épuisement des eaux souterraines qui alimentent les sources et les puits dans le Grand Canyon et les alentours. La plainte allègue que cette autorisation enfreint des lois sur l’environnement, l’exploitation minière, les terres publiques et la préservation de sites historiques.
« Nous regrettons que le Service des Forêts ne protège pas notre site sacré de Red Butte, Propriété Culturelle Traditionnelle, des destructions causées par l’exploitation d’uranium » dit Don Watahomigie, président de la Tribu Havasupai. « Les Havasupai retournent devant les tribunaux fédéraux pour protéger notre peuple, notre religion et notre eau. »
La mine est située dans les limites de la Propriété Culturelle Traditionnelle de Red Butte, définie en 2010 par le Service des Forêts en raison de son importance religieuse et culturelle cruciale pour plusieurs tribus, en particulier les Havasupai. En tant que « propriété culturelle traditionnelle », Red Butte est susceptible d’être mise au Registre National des Sites Historiques. La plainte allègue que le Service des Forêts enfreint la Loi sur la Préservation Nationale [du patrimoine] Historique en n’engageant pas, comme la Loi l’exige, de procédure de consultation des tribus concernées pour déterminer comment les effets négatifs de la mine sur Red Butte pourraient être évités ou réduits, avant d’approuver l’exploitation.
« Le Service des Forêts devrait protéger le Grand Canyon plutôt que de préserver les projets dangereux de l’industrie de l’uranium de tout contrôle public, tribal, écologique ou scientifique » dit Taylor McKinnon du Centre pour la Diversité Biologique. « Sacrifier l’eau, la culture et la vie sauvage à l’industrie de l’uranium était déjà une mauvaise idée en 1986, le faire maintenant sans tenir compte de 27 ans de nouvelles informations est absurde. »
La mine se trouve à l’intérieur des 4000 km² de « retrait minier » approuvé par le gouvernement Obama en janvier 2012 pour protéger le bassin du Grand Canyon de nouveaux impacts de l’exploitation d’uranium. Le ‘retrait’ interdit toute nouvelle concession minière et l’exploitation d’anciennes concessions sans « droits établis ». En avril 2012, le Service des Forêts a décidé qu’il y avait des « droits établis » pour la mine du Canyon et a publié en juin un rapport tentant d’expliquer sa décision d’autoriser la mine à ouvrir sans mettre à jour l’étude environnementale vieille de 27 ans.
« Après 27 ans, le Service des Forêts ne tient toujours pas compte des effets nocifs importants de ce projet de mine d’uranium, si près du Grand Canyon et de Red Butte, au cœur d’une région qui constitue un habitat important pour la vie sauvage » dit Sandy Bahr du Sierra Club de la circonscription du Grand Canyon. « Le Service devrait être l’intendant de ces terres au lieu de servir de courtier à l’industrie de l’uranium. »
La plainte allègue aussi que le Service des Forêts a enfreint la Loi sur la Politique Nationale de l’Environnement [NEPA] en n’assurant pas de « déclaration supplémentaire sur l’impact environnemental » analysant les changements dans le projet d’exploitation et les nouvelles connaissances et circonstances intervenues depuis la déclaration d’impact environnemental de la mine de 1986. Ces nouveaux éléments incluent la désignation en 2010 de Red Butte comme Propriété Culturelle Traditionnelle, la réintroduction du condor de Californie menacé, et diverses autorisations. Des études scientifiques publiées depuis 1986 ont démontré le potentiel pour une recharge rapide des nappes aquifères et la connectivité entre les nappes aquifères peu et plus profondes et les sources et ruisseaux de la région.
« Ne pas prendre en considération les études exhaustives réalisées dans les années 90 des eaux souterraines de la région au sud du Grand Canyon est de l’inconscience » dit Roger Clark du Grand Canyon Trust. « Pourquoi le Service des Forêts ignore-t-il délibérément des informations qui pourraient prévenir des dégâts irréversibles aux sources qui constituent le seul approvisionnement en eau des Havasupai et sont vitales pour les plantes, les animaux et les randonneurs du Grand Canyon ? »
La plainte a été déposée par la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club. Le but est d’obtenir un redressement par injonction mettant un terme à toutes les opérations minières et enjoignant au Service des Forêts de n’autoriser des activités en relation avec la mine qu’en conformité avec la loi.
Informations :
La Mine du Canyon [Canyon Mine] est située sur le territoire de la Forêt Nationale de Kaibab, à un peu moins de 10 km au sud du Parc National du Grand Canyon. L’approbation initiale de la mine 1986 a fait l’objet de protestations et de poursuites judiciaires de la part de la tribu Havasupai et d’autres, objectant aux effets néfastes potentiels de l’extraction d’uranium sur les eaux souterraines, les sources, les ruisseaux, les écosystèmes et les valeurs culturelles attachées à Red Butte. L’infrastructure extérieure de la mine a été construite au début des années 90, mais un effondrement du prix de l’uranium a entraîné la fermeture de la mine en 1992 avant que le puits proprement dit ait été creusé. Des forages exploratoires ont drainé de l’eau souterraine sous le site de la mine, privant les sources de la région d’une quantité d’eau estimée à 5000 m³ par an. Un rapport d’Etude Géologique U.S. de 2010 notait que des échantillons d’eau prélevés sous la mine indiquaient des concentrations d’uranium dissout excédant les normes autorisées pour l’eau potable. Les eaux souterraines menacées par la mine approvisionnent des puits municipaux et les eaux de ruissellement et les cascades du Grand Canyon, y compris les Cascades Havasu et Havasu Creek. Les Permis de Protection Aquifère délivrés par le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona [ADEQ] n’exigent pas la surveillance des nappes aquifères profondes et ne prévoient pas de plans de réparation ou de décontamination des nappes profondes. La mine, à l’origine propriété de Energy Fuels Nuclear, a été achetée par Denison Mines en 1997, puis en 2012 par Energy Fuels Resources Inc. qui la gère actuellement.
Contact:
Don Watahomigie, Chairman, Havasupai Tribe, htchair@havasupai-nsn.gov
Matthew Putesoy, Vice Chairman, Havasupai Tribe, mattputesoy@yahoo.com
Roger Clark, Grand Canyon, rclark@grandcanyontrust.org
Taylor McKinnon, Center for Biological Diversity, tmckinnon@biologicaldiversity.org
Sandy Bahr, Sierra Club, sandy.bahr@sierraclub.org
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