LE RESEAU ENVIRONNEMENTAL AUTOCHTONE REAGIT A L’EVACUATION FORCEE DES CAMPS DE RESISTANCE AU DAPL

CANNON BALL, Dakota du Nord – Le 22 février 2017, à 14h, heure locale, les protecteurs de l’eau du camp Oceti Sakowin ont été expulsés par le Corps des Ingénieurs de l’Armée. En dépit des demandes des dirigeants du camp de plus de temps pour nettoyer le camp, le Corps d’Armée n’a pas cédé et maintenu sa décision de vider le camp. Le Corps d’Armée prétend avoir juridiction sur le terrain où est situé le camp, bien que ce terrain soit compris dans les territoires non-cédés selon le Traité de Fort Laramie.

Les individus ayant volontairement quitté le camp avant 14h, ont eu le choix de prendre un bus pour être transportés jusqu’à un centre d’évacuation, ou de déménager dans d’autres camps situés hors de la zone d’évacuation. Les protecteurs de l’eau restés dans le camp risquent maintenant d’être arrêtés.

Il y a trois autres camps aux alentours où les protecteurs de l’eau peuvent déménager : Sacred Stone, Cheyenne River, et 7ème Génération.

Diverses catégories de forces de l’ordre étaient sur le site, celles du Sheriff du Comté de Morton, la Patrouille des Autoroutes de l’état du Dakota du Nord, la Garde Nationale du Dakota du Nord et les Rangers du Service du Parc National. Les Policiers du Bureau des Affaires Indiennes a établi un point de contrôle et une barricade sur le territoire de la Réserve de la Tribu Sioux de Standing Rock, sur l’autoroute 1806, au sud du pont sur la Rivière Cannonball.

 

La déclaration suivante est de Tom Goldtooth, Directeur Exécutif du Réseau Environnemental Autochtone:

«Nous sommes consternés par les évacuations forcées d’Autochtones aujourd’hui au Camp de Standing Rock, elles constituent une négation violente et superflue du droit constitutionnel des protecteurs de l’eau de protester pacifiquement et d’exercer leur droit à la liberté d’expression. Ça empêche de nettoyer le camp convenablement et crée une confusion et un chaos qui met le Fleuve Missouri en danger d’être pollué par les travaux de construction et des débris du camping.

«L’expulsion d’aujourd’hui est la perpétuation d’une pratique ayant cours depuis des siècles, par laquelle le Gouvernement des Etats-Unis déplace de force les Autochtones de nos terres et territoires. Nous demandons instamment à ceux qui soutiennent les protecteurs de l’eau de continuer à résister à cette mascarade en organisant des mobilisations de masse, des actions partout, s’exprimant contre les violations des droits selon les Traités de la Tribu Sioux de Standing Rock et du Conseil des Sept Feux de la Grande Nation Sioux, et de continuer à alimenter la capacité à aller en justice et à organiser la base contre l’oléoduc Dakota Access.

« Nos cœurs ne sont pas vaincus. La fermeture du camp n’est pas la fin d’un mouvement ou d’un combat, c’est un nouveau début. Ils ne peuvent pas éteindre le feu que Standing Rock a allumé. Il brûle en chacun de nous. Nous nous relèverons, nous résisterons, nous réussirons. Nous envoyons nos pensées pleines d’amour aux protecteurs de l’eau le long de la Rivière Cannonball aujourd’hui. Que tous soient aussi saufs que possible. »

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Indigenous Rising Media (sur Facebook)

En préparation pour aujourd’hui [22 février] les Protecteurs de l’Eau et les Peuples Autochtones à Oceti Sakowin/Le Grand Camp, ont mis le feu à leurs logements traditionnels.

Ce matin, Indigenous Rising a parlé avec Darren Begay, qui a géré les structures de style Navajo à Oceti. Il nous a dit que, comme Cette évacuation forcée s’approchait, il avait consulté les Anciens de ses terres ancestrales, et qu’ils étaient tous tombés d’accord, se référant à la conduite des forces de l’ordre dans le passé, qui, pendant les raids, cassaient et jetaient au rebus des objets sacrés et manifestaient un mépris total et un horrible manque de respect pour les tipis et autres habitats sacrés, pour dire qu’il valait mieux brûler ces structures sacrées plutôt que de les voire profanées par le Comté de Morton et les forces de l’ordre du Dakota du Nord.

Mettre le feu à nos habitations est un signe de respect pour elles. C’est un signe de respect pour ce à quoi elles ont servi pendant ces derniers mois. Elles ont servi à prier et à rassembler des gens. En y mettant le feu, nous envoyons leur fumée comme des prières. En y mettant le feu, nous nous assurons que ces structures partent dans la dignité.

 

 

Le 20 février, l’IEN [Réseau Environnemental Autochtone] avait publié le communiqué suivant:

 

RENOUVELLEMENT DE NOTRE SERMENT D’

ACCROITRE LA RESISTANCE (#GrowTheResistance)

 

Nous sommes à un moment critique de la résistance. Dans les quelques heures qui ont suivi la détention d’immigrants et de réfugiés dans des aéroports de tout le pays, des milliers de gens se sont précipités pour demander l’entrée et l’accueil d’immigrants de toutes nations. Dès que les raids de l’ICE [Immigration and Customs Enforcement] ont commencé, des jeunes se sont alignés devant les centres de détention, risquant l’arrestation pour avoir appelé à en finir avec la violente machine à déporter qui touche tant de nos familles, amis et voisins

Quand le Corps des Ingénieurs de l’Armée a approuvé l’autorisation de passage pour creuser sous le Fleuve Missouri, en violation des lois des traités Autochtones, les dirigeants Autochtones et leurs alliés ont immédiatement organisé des actions directes non-violentes aux bureaux des Corps des Ingénieurs de l’Armée, dans des bureaux fédéraux et dans des banques à Bellingham, Chicago, la Région de la Baie [de San Francisco – NdT], et à Seattle. C’est dans ces moments critiques que nous sommes appelés à réagir en tant qu’organisations, individuellement et en tant que mouvement plus large.

Tout en affirmant que les attaques contre nos communautés se produisent depuis des générations, le Réseau Environnemental Autochtone, GGJ [Grassroots Global Justice] et d’autres se sont engagés à soutenir et impliquer nos membres dans la résistance en ce nouveau moment politique. Nous continuerons à réagir aux évènements petits et grands tandis que nous renouvelons notre engagement de soutenir une vision de base d’un monde plus juste.

Pour renforcer notre opposition et notre vision, GGJ continue à joindre ses forces à celles du Réseau Environnemental Autochtone, de l’Alliance pour la Justice Climatique, et l’Alliance pour le Droit à la Ville, sous la bannière « Ça Prend Racine ».

 

Ensemble, quatre puissantes alliances de militants de base et de dirigeants communautaires sur la ligne de front, approfondissent notre force collective pour combattre la montée des attaques du Gouvernement Trump contre les acquis pour lesquels les gens de couleur, les femmes, les immigrants, les communautés LGBTQ et les ouvriers se sont battus.

Pour ceux d’entre vous qui ont manqué le compte-rendu de nos mobilisations pour l’inauguration, nous avons voulu partager une vidéo [en anglais] :

 

 

Nous appliquons une stratégie translocale, renforçant et reliant les luttes de résistance locales que nos membres mènent dans les communautés où ils sont implantés. Nous publierons un calendrier des actions d’It Takes Roots vers la fin de ce mois.

Les organisations de ce mouvement ont surmonté bien des tempêtes dans le passé et nous continuerons de même, spécialement si nous partageons nos ressources et nos leçons.

 


Capture d’écran par Censored News

 

STANDING ROCK: EVACUATION FORCEE IMMINENTE?

Mercredi 15 février, le Gouverneur du Dakota du Nord a publié un décret ordonnant l’évacuation des camps. La police a déjà commencé à mettre des barrières de ciment près des camps.

Jeudi 16 février, la police du Bureau des Affaires Indiennes a distribué des notifications d’effraction aux personnes se trouvant dans le camp de Sacred Stone. Le camp de Sacred Stone est un camp de prières, pas de combat. Il est situé sur la propriété privée de LaDonna Brave Bull Allard, dont la famille possède ce terrain depuis plusieurs générations. Il semble que LaDonna et sa famille soient également susceptibles de payer une amende pour effraction! Les agents du BIA ont dit agir sur ordre du Conseil Tribal de Standing Rock! Des protecteurs commencent à parler de trahison.

Normalement, l’attaque devrait avoir lieu le 22, mais les autorités se souciant peu de légalité, on peut craindre des violences avant.

Vous pouvez suivre en direct – et en anglais – sur Facebook les vidéos et commentaires de Johnny Dangers, qui se trouve sur place. Aller sur sa page et cliquer ‘Follow’.

Christine Prat

 


Photo Christopher Francisco

Photos publiées sur Censored News

 

 

Le 7 février 2017, l’Armée des Etats-Unis a décidé d’accorder l’autorisation de passage pour l’oléoduc Dakota Access. Un mémorandum de Trump avait d’expédier l’approbation du projet, donc en passant outre à des procédures exigées par la loi. De nombreuses manifestations ont déjà eu lieu le 8 février, en réponse à l’appel lancé au monde entier par le Camp de Sacred Stones. La ville de Seattle a décidé de retirer plus de 3 milliards de ses comptes à la Wells Fargo, une des banques qui financent le DAPL. Ci-dessous, une traduction approximative d’une interview du 8 février de Chase Iron Eyes et Dallas Goldtooth sur Democracy NOW! et un résumé de l’appel publié le 7 février sur le site du Camp de Sacred Stones.

Christine Prat

 

Democracy NOW! 8 février 2017

©Democracy NOW!

 

AMY GOODMAN: Vous êtes sur Democracy NOW! democracynow.org, l’Information sur la Guerre et la Paix. Je suis Amy Goodman, nous continuons notre conversation sur le combat contre l’oléoduc de 3,8 milliards de dollars, Dakota Access. Mardi, le Corps d’Armée des Ingénieurs a dit qu’il donnerait son feu vert pour la phase finale de construction de l’oléoduc. Amnesty International a qualifié l’annonce de « violation illégale et déplorable des droits de l’homme. » Au cours des derniers mois, la police a lancé, avec une escalade de la violence, des attaques pour briser la résistance à Standing Rock. La semaine dernière, plus de 70 personnes ont été arrêtées après un raid de la police militarisée contre un nouveau camp de résistance installé sur un territoire historiquement Sioux selon les traités. Parmi les personnes arrêtées, il y avait la journaliste Pueblo primée Jenni Monet, qui y était en mission pour Indian Country Media Today.

Nous allons être rejoints par deux invités. De Chicago, nous avons maintenant Dallas Goldtooth, un organisateur du Réseau Environnemental Autochtone (IEN). Et de Vancouver, le membre de la Tribu Sioux de Standing Rock, Chase Iron Eyes, qui a aussi été arrêté au cours du raid du weekend dernier.

Bienvenus sur Democracy NOW! Chase Iron Eyes, après la nouvelle que l’autorisation sera accordée pour terminer la construction de l’oléoduc sous le Fleuve Missouri, quelle est votre réaction?

CHASE IRON EYES: Je pense que c’est une chose à laquelle nous nous attendions depuis le début. Ça sonne vrai, et donne raison à ceux d’entre nous qui déclaraient, le 4 décembre, que le rejet de l’autorisation par le gouvernement Obama était une victoire vide et insignifiante. Et maintenant le gouvernement Trump montre très clairement qu’il a l’intention de détruire notre seule source d’eau potable dans la Nation de Standing Rock – et celle des 10 millions de gens qui vivent au sud du futur oléoduc. Le forage peut commencer d’une minute à l’autre. Et nous sommes face à l’éventualité d’un raid armé ou par la force après le 22 février, jour où le Corps d’Armée a dit nous déclarer intrus sur notre propre territoire, tout comme l’Armée des Etats-Unis avait dit nous déclarer hostiles si nous ne retournions pas dans les réserves en 1875.

AMY GOODMAN: Alors qu’avez-vous l’intention de faire ?

CHASE IRON EYES: Eh bien, en ce moment, il y a probablement de 400 à 500 personnes, des protecteurs de l’eau, au nord de la frontière de 1889, qui résulta en l’annexion illégale de territoire des traités par les Etats-Unis, non seulement contre la Nation de Standing Rock, mais contre toute la Nation Lakota et des membres de la Grande Nation Sioux, l’Oceti Sakowin. Ainsi, d’autres gouvernements tribaux soutiennent et pèsent dans un combat sur le terrain, comme ils en ont le droit. Il y a de 400 à 500 personnes au nord de la Rivière Cannonball, dans la zone contestée, la zone du traité, à l’endroit où, selon le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis, nous ne sommes pas supposés être. Et ils vont camper sur leur position. Il y a déjà des gens en route pour rejoindre cet exercice pacifique, pieux et non-violent de nos droits humains, par traité, constitutionnels et civils, qui sont en jeu, qui sont constamment empiétés par ce qui semble être la tyrannie de Trump.

Parlons des arrestations. Le nombre des arrestations dépasse 700. Ça comprend des journalistes, et vous-même, Amy. Ça comprend les graves violences contre une jeune femme appelée Sophia Wilansky. Ça comprend la perte de la vue pour une autre jeune femme. Ça comprend des mutilations continues par l’emploi à bout portant de balles non mortelles. Ça comprend des attaques de chiens. Ça comprend l’utilisation de canons à eau quand il gèle, la mise en danger de vies humaines par négligence où intentionnellement. Ça comprend le mensonge – mensonge des forces de l’ordre du Comté de Morton sur une conduite criminelle. Et ainsi, il se passe beaucoup de choses. Il a beaucoup de choses dont ils doivent rendre des comptes.

Et il n’y a pas seulement des gens au nord de la Rivière Cannonball, il y a des gens de la Réserve de Standing Rock sur place. Je sais qu’il y a des divergences d’opinion, mais nous sommes unis à la Nation de Standing Rock pour vouloir que le barrage le plus fortement militarisé de l’histoire du Dakota du Nord soit levé, parce qu’il fonctionne comme une sanction économique efficace. C’est l’équivalent du temps où ils refusaient les rations de notre peuple quand nous n’étions pas d’accord avec les dictats du gouvernement des Etats-Unis et des agents de l’époque. Ils pouvaient – la main qui vous nourrit est la main qui peut vous affamer.

AMY GOODMAN: Je veux faire intervenir –

CHASE IRON EYES: Et c’est ce qui se passe en ce moment même.

AMY GOODMAN: Je veux faire intervenir Dallas Goldtooth du Réseau Environnemental Autochtone, qui nous rejoint de Chicago. Dallas, pouvez-vous nous parler des protestations en cours, le Conseil de Seattle dit qu’ils vont désinvestir de la Wells Fargo, et il y a d’autres actions en ce moment? Vos intentions?

DALLAS GOLDTOOTH: Merci beaucoup, Amy, de m’avoir invité. Et avant tout, je veux dire – que j’envoie ma reconnaissance et mon appréciation à notre jeunesse et à nos femmes Autochtones, qui ont conduit ces efforts, ce qui n’est pas nécessairement reflété par ces interviews, mais qui sont vraiment la colonne vertébrale de ce mouvement et nous ont conduits pendant tout son développement.

Vous savez, ce qui a commencé avec littéralement 20 à 30 personnes au milieu de la prairie, ce combat de la base contre cette méga-compagnie à des milliards de dollars, a culminé dans ce qui s’est passé l’autre jour à Seattle, où la ville a annoncé qu’ils allaient désinvestir plus de 3 milliards de dollars de cette compagnie – ou de Wells Fargo, qui finance cette compagnie. Je pense que ça montre la puissance d’une action unifiée. Ça montre le pouvoir de mobilisation. Et ça montre notre pouvoir, à nous, le peuple, et ce que nous pouvons faire quand nous mettons vraiment toute notre énergie et notre concentration pour construire un monde meilleur et durable.

Ainsi, en ce moment, nous avons un appel à l’action à travers toute la planète, et plus spécialement Turtle Island, aussi connue comme la prétendue Amérique du Nord, pour que les gens descendent dans les rues, se soulèvent et se joignent à Standing Rock en une mobilisation de masse, pour soutenir nos efforts et ce combat contre l’abrogation des droits des Autochtones, et le mépris complet de la loi du pays. Ainsi nous avons des actions à Washington, D.C., en fin d’après-midi. Il y en aura à Seattle, Los Angeles, San Francisco, Denver, Albuquerque et New York. Et ceux qui veulent vraiment suivre peuvent consulter EveryDayOfAction.org. C’est un nœud pour les actions que de nombreux groupes Autochtones qui ont combattu et ont été sur place à Standing Rock ont créé, afin que les gens aient un lieu centralisé d’information sur les actions de solidarité ayant lieu dans tout le pays. C’est donc EveryDayOfAction.org. Et le but de tout ceci –

AMY GOODMAN: Nous avons cinq secondes.

DALLAS GOLDTOOTH: Nous combattons un système et il faut que nous le fassions ensemble. Nous devons nous soulever ensemble –

AMY GOODMAN: Bien sûr, nous continuerons à suivre tout cela. Je sais, Dallas, que vous prenez l’avion pour Washington, pour cette action d’aujourd’hui. Dallas Goldtooth, du Réseau Environnemental Autochtone, des peuples Dakota et Diné. Chase Iron Eyes, du Projet Légal du Peuple Lakota [Lakota People’s Law Project] et de la Tribu Sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Nord.

©DemocracyNOW!

 


 

STANDING ROCK: L’AUTORISATION DE PASSAGE POUR LE DAPL APPROUVEE DEFINITIVEMENT

Par Sacred Stone Camp
7 février 2017

 

Mardi 7 février, le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis a émis une déclaration d’intention pour accorder l’autorisation de passage définitive pour que l’oléoduc Dakota Access traverse le Mni Sose (Fleuve Missouri). Ils passent outre à la Déclaration d’Impact Environnemental ordonnée en décembre, et ils passent outre à la période de notification au Congrès exigée par la loi. C’est la réponse au mémorandum du Président Trump, ordonnant au Corps d’Armée d’expédier l’approbation du projet.

La Tribu Sioux de Standing Rock et la Tribu Sioux de Cheyenne River vont probablement poursuivre en justice et demander un ordre de gel temporaire pour interrompre la construction pendant que la légalité de cette décision est examinée par la Cour. En attendant, DAPL va probablement commencer à creuser immédiatement. Les médias ont rapporté récemment que DAPL disait que le « meilleur scénario » était de 83 jours de l’autorisation jusqu’à ce que le pétrole coule.

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Le Camp de Sacred Stone avait également appelé à des actions dans le monde entier, pour le 8 février. L’appel disait : « Nous encourageons des groupes du monde entier à relier nos prières pour l’eau à d’autres combats contre le fascisme et la domination de peuples et de Notre Mère la Terre (déportations, bannissement de Musulmans, attaques contre le travail, dérégulation de Wall Street, autres projets de carburants fossiles, censure de la presse et des universités, etc) ».

L’appel citait aussi les cibles stratégiques à viser pour des actions, parmi elles, les banques investissant dans le DAPL (il est encore temps de les boycotter).

Et les messages à faire passer :

« – Levez-vous avec Standing Rock, contre les violations de souveraineté, les crimes contre Notre Mère la Terre, le fascisme, les violations de la loi, etc.

– Continuez à mettre en avant ce qui se passe sur le terrain dans le Dakota du Nord – démontrez que c’est une chose grave qui parle à tous les peuples, en face de la tyrannie du gouvernement Trump.

– Soutenez la demande des Tribus pour une Ordonnance Restrictive Temporaire / injonction !

– Résistez à l’attaque directe de Trump contre les communautés Autochtones par ses décrets sur le DAPL et le KXL. Les communautés Autochtones ne reculent pas.

– La violence policière semble inévitable et des victimes en masse sont très probables. Le seul moyen d’assurer la sécurité des gens est d’exécuter la Déclaration d’Impact Environnemental. Sinon, le sang versé sera sur les mains de Trump et celles du Corps d’Armée. »

 

Photo Red Hawk

 

Par Ladonna Brave Bull Allard
Sur le site de Sacred Stone Camp
Egalement publié sur Censored News
4 février 2017
Traduction Christine Prat

 

La police est venue au Camp Last Child en plein jour, avec des blindés et des fusils dégainés, pour arracher les gens à notre terre. Beaucoup de protecteurs de l’eau étaient en train d’effectuer des marches de prières et des cérémonies. Nous regardions du haut de la colline le Camp Oceti Oyate alors que les troupes marchaient sur eux. Nous avons envoyé nos prières à ces innocents et aux braves guerriers venus pour résister avec les gens de Standing Rock, et protéger les eaux sacrées d’Unci Maka (Notre Mère la Terre).

Puis ils sont venus à notre Camp de Sacred Stone, le camp spirituel d’origine, que nous avions construit pour y offrir nos prières et protéger notre eau de l’oléoduc Dakota Access. Mais cette fois-ci, ils étaient accompagnés par le Conseil Tribal Sioux de Standing Rock. Ils n’avaient pas de mandat, mais ils ont forcé l’entrée de mon terrain privé, le terrain de ma famille, où j’ai grandi sur les rives de la Rivière Cannonball. C’était les membres de notre propre Conseil, avec le Service des Poissons et de la Vie Sauvage de Standing Rock, le Bureau des Affaires Indiennes (BIA), le Bureau de l’Alcool, du Tabac, des Armes à feu et des Explosifs (ATF), et le Corps de l’Armée des Etats-Unis, tous venus pour me chasser de ma terre natale.

Le monde veut soutenir Standing Rock, mais Standing Rock se dresse contre nous. Le Président Dave Archambault a jeté nos gens aux chiens quand il a dit que les actions des camps « …ne représentent ni la tribu, ni les intentions initiales des protecteurs de l’eau. » Il oublie que nous, au Camp de Sacred Camp, avons été les premiers à résister pour l’eau, et que nous sommes avec tous les camps qui ont rejoint notre lutte.

Ce mouvement a été initié par les gens, et conduit par nos jeunes. La décision de la Tribu Sioux de Standing Rock de négocier avec l’état et de disqualifier les gens venus combattre pour notre eau, est ce qui pourrait finalement mener à notre chute. Nous avons eu des milliers de gens, prêts à résister ensemble devant ces machines. Les Nations Autochtones de Turtle Island n’avaient jamais été aussi unies auparavant. Mais maintenant que la division s’accroît, c’est très difficile de voir comment avancer.

Je n’ai pas pu dormir la nuit dernière, je suis restée assise et fait du tabac. Ça a quelque chose de calmant de travailler avec du saule rouge, assise en pensant aux temps passés avec ma Grand-mère, à laquelle je pense beaucoup. C’est l’hiver ; c’est supposé être le temps de raconter des histoires et de transmettre notre histoire aux jeunes.

C’était à cette époque de l’année, il y a un siècle et demi, que les ‘Longs Couteaux’ des forts militaires et les agents [des affaires] Indiennes ont dit aux gens qu’ils devaient partir pour les réserves ou mourir (Loi du 28 février 1877, connue comme Vendre ou Mourir de Faim).

Historiquement, la résistance de notre peuple a été réprimée par des batailles sanglantes et des massacres – aussi de la main de collaborateurs Indiens. Nos parents ne voyaient pas qui était l’ennemi, parce que c’était leurs propres parents qui se retournaient contre eux, permettant le même genre de mensonges par le même genre de médias dominants.

Nos dirigeants traditionnels ont été mis de côté de force, par la Loi de Réorganisation Indienne de 1936, par laquelle les autorités fédérales ont imposé la création de conseils tribaux dans les réserves. C’est un système de gouvernement colonial, qui n’a aucune base dans la culture ou les enseignements Lakota/Dakota/Nakota. C’est la même tactique que celle qu’ils ont utilisé avec les agents Indiens et les trahisons de ceux qui traînaient autour du Fort [the Hangs Around the Fort]. Ils fabriquent un dirigeant qui leur permettra de nous prendre tout ce qu’ils veulent. La soif de pouvoir peut diviser un peuple.

Comme chacun sait, il y a beaucoup de dirigeants dans ce mouvement, et pourtant il n’y en a aucun. C’est un mouvement populaire ; c’est un mouvement pour l’eau, ni possédé ni contrôlé par qui que ce soit.

Comme Red Cloud et Spotted Tail, et autres Lakota « des services » qui ont livré si vite nos terres et nos modes de vie pendant que des milliers de gens se défendaient avec Sitting Bull et Crazy Horse, aujourd’hui, notre conseil tribal n’a pas bien compris ce qui est vraiment en jeu.

Photo Red Hawk

 

Ce mouvement ne concerne pas seulement un oléoduc. Nous combattons pour un changement de direction, ou pour une meilleure procédure dans les tribunaux de l’homme Blanc. Nous nous battons pour nos droits en tant qu’Autochtones de ce pays ; nous nous battons pour notre libération et la libération d’Unci Maka, Notre Mère la Terre. Nous voulons que tous les oléoducs et gazoducs jusqu’au dernier soient retirés de son corps. Nous voulons la guérison. Nous voulons de l’eau saine. Nous voulons déterminer notre propre futur.

Chacun de nous combat pour nos petits-enfants et leurs petits-enfants, et pour nos parents qui ne peuvent ni parler ni se défendre. Imaginez que nous ayons résisté tous ensemble le 27 octobre, le jour où ils nous ont repoussés du Camp du Traité que nous avions construit en travers du trajet du Serpent Noir – notre position la plus forte au cours de toute cette lutte. Si nos gens n’avaient pas négocié la renonciation à notre pouvoir ? Si nos gens n’avaient pas ouvert les routes et ne s’étaient pas retournés pour marcher contre nous les bras tendus, alignés sur la police anti-émeute et les blindés ? Pourquoi adopter des résolutions appelant les agents fédéraux à attaquer notre peuple et supprimer les camps tandis que la foreuse creuse sous notre eau sacrée ? Quelle puissance aurions-nous si nous décidions de tenir sur notre territoire des traités où nous avons déposé des milliers de prières ?

Nos ancêtres n’ont pas abandonné Pȟežísla Wakpá (la Rivière Little Bighorn), lorsque nous avons uni pour la dernière fois Oceti Sakowin pour défendre notre terre du Septième de Cavalerie ; nous non plus, ne devons pas abandonner Mni Sose (le Fleuve Missouri). Nous ne devons pas vendre le sang, la terre et l’eau de notre peuple pour maintenir le disfonctionnement sous lequel nous vivons maintenant. Nous n’avons pas le choix, nous devons briser le cycle du traumatisme afin que nos générations futures puissent avoir une meilleure vie. Je crois que ça commence par l’eau et finit par l’eau. L’eau c’est la vie. Serez-vous avec nous ?

 

 

De nombreux Protecteurs de l’Eau qui avaient dû abandonner le camp situé dans la plaine inondable, se sont déplacés un peu plus haut (voir article précédent). Mercredi 1er février au matin, ils ont commencé à ériger un nouveau camp constitué de sept tipis représentant les sept tribus, à environs 400m de camp d’origine, Oceti Sakowin. Ils ont appelé le nouveau camp « Last Child Camp », en hommage à la Société de Guerriers fondée par Crazy Horse, Last Child Warriors Society. Avant même que tous les tipis soient érigés, les forces de l’ordre sont arrivés avec un convoi de ‘humvees’ [High Mobility Multipurpose Wheeled Vehicles, c.à.d. des 4×4 militaires] et d’équipement lourd pour repousser les Protecteurs. Ils ont refusé de bouger, et 76 d’entre eux ont été arrêtés, parmi lesquels figure un ancien Candidat au Congrès pour le parti Démocrate, Chase Iron Eyes.
La veille, l’assistant Secrétaire par intérim de l’Armée avait entamé la procédure d’autorisation de passage pour terminer la construction de l’oléoduc controversé DAPL. Cependant, cette autorisation n’est pas finalisée, contrairement à ce que des membres du Congrès pour le Dakota du Nord avaient affirmé le 31 janvier
Les Protecteurs de Standing Rock et de beaucoup d’autres sites menacés par des projets d’oléoducs ou de mines ont plus que jamais besoin de soutien.
Ce soir nous apprenons que la police est entrée dans le camp de Sacred Stones. Les 76 personnes arrêtées hier passeront encore la nuit en prison.

Christine Prat

 

Par Brenda Norrell
Censored News
1er février 2017

Arrestation de 76 Protecteurs de l’Eau par la Police Militaire sur le Nouveau Camp, Last Child Camp, ce mercredi.
Chase Iron Eyes était parmi les 76 personnes arrêtées, alors que les Protecteurs de l’Eau affirmaient les droits selon les Traités. Iron Eyes avait demandé aux Protecteurs de l’Eau de se rassembler au nouveau camp, Last Child Camp, ainsi nommé en l’honneur de la Société de Guerriers créée par Crazy Horse.

In honor of the Last Child Warrior Society, the only such society created by Crazy Horse we are asking all frontliners in camp to come to the high ground west of the Oceti camps to put out a call for others to join this stand. It’s time brothers & sisters. Our conscience won’t let us back down. In the spirit of Crazy Horse. *song by Mercedes Terrance. By Chase Iron Eyes before his arrest.

 

Censored News
2 février 2017

La police, des agents fédéraux et du Corps d’Armée sont entrés sans permission dans le camp de Sacred Stones, à midi, heure locale.

[…]

Le camp de Sacred Stones est situé sur un terrain appartenant à LaDonna Allard, c’est donc une propriété privée. D’après LaDonna, des agents du BIA (Bureau des Affaires Indiennes) et des gens du Conseil Tribal participent au raid du camp.

Commentaire de Censored News sur Facebook (Jeudi soir, heure française):
Le Conseil Tribal et le Président ont amenés dans les camps tous les flics – ceux-là même qui ont tiré sur les Protecteurs de l’Eau. Et ça se produit après que le Conseil Tribal ait “réattribué” pour l’utilisation de la Tribu, 9,2 millions de dollars des fonds donnés pour les Protecteurs. En ce moment, les flics du BIA et du Corps d’Armée sont dans le camp de Sacred Stone.

 

Lauren Howland (Apache Jicarilla), 21 ans, face à la police pour résister à l’oléoduc Dakota Access. L. Howland fait partie des milliers de gens qui ont protesté avec la Tribu Sioux de Standing Rock pour soutenir leur combat pour protéger le Fleuve Missouri de l’oléoduc. Photo Jenni Monet pour PBS NewsHour.

 

Brenda Norrell
Sur Censored News
31 janvier 2017

Un membre du Congrès pour le Dakota du Nord dit que l’autorisation finale pour l’oléoduc Dakota Access est imminente, mais la Tribu Sioux de Standing Rock dit ne pas avoir été informée.De plus, la Tribu dit qu’elle attaquera la décision en justice, étant donné que la Déclaration d’Impact Environnemental est encore cours d’étude.Les Guerriers Dakota, Lakota et Nakota ont publié un appel urgent demandant aux Protecteurs de l’Eau de retourner au camp.LaDonna Allard, propriétaire du terrain sur lequel se trouve le Camp de Sacred Stones, presse les gens de revenir tout de suite et d’être avec eux dans la prière et l’action directe vigoureuse, au nom des Sept Générations à venir.« C’est le moment final » dit L. Allard, priant de partager ce message avec le monde entier. « Nous résisterons parce que nous n’avons pas peur. Que le monde le sache. »

 

Censored News joignait à l’article un communiqué de la Tribu Sioux de Standing Rock, daté du 31 janvier 2017 :

Réaction à la Déclaration du Sénateur Hoeven sur le DAPL.

Ce jour, le Sénateur John Hoeven a publié une déclaration affirmant que l’Assistant par Intérim du Secrétaire de l’Armée avait ordonné au Corps d’Armée de conclure la décision finale nécessaire pour terminer le trajet projeté pour l’oléoduc Dakota Access. Bien que la nouvelle soit décevante, elle n’est malheureusement pas une surprise. Ce n’est pas non plus un permis formel – c’est une notification que l’autorisation est imminente. Le Corps d’Armée doit encore prendre en considération divers facteurs mentionnés dans le Mémorandum Présidentiel, informer le Congrès, et effectivement accorder l’autorisation.Si et quand l’autorisation est accordée, la Tribu Sioux de Standing Rock poursuivra avec détermination une action en justice.Nous n’avons à ce jour pas reçu de notification formelle disant que l’EIS [Déclaration d’Impact Environnemental] était suspendue ou annulée. Abandonner l’EIS équivaudrait à un changement inexplicable et arbitraire fondé sur les vues personnelles du Président et, potentiellement, ses investissements personnels.De plus, le Corps d’Armée n’a pas l’autorité statutaire pour interrompre la préparation de l’EIS et produire l’autorisation. Nous sommes prêts à engager cette bataille contre les intérêts financiers privés ayant priorité sur la procédure normale du gouvernement et la santé et le bien-être de millions d’Américains.

#standwithstandingrock

 

Et cette déclaration du membre du Congrès Kevin Cramer :

Le membre du Congrès Kevin Cramer a produit la déclaration suivante, après que le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis ait informé le Congrès ce jour qu’il accorderait l’autorisation pour que l’oléoduc Dakota Access passe sous le Lac Oahe. C’est la dernière approbation nécessaire pour terminer la construction du projet et fait suite au mémorandum du Président Trump du 24 janvier au Secrétaire de l’Armée, décidant que toutes les études de services fédéraux soient expédiées pour terminer les dernières portions de l’oléoduc.

«On m’a fait savoir que le Ministère de la Défense donne l’autorisation nécessaire pour l’oléoduc Dakota Access et que la notification au Congrès est imminente. Il est temps de se mettre au travail et de terminer cet élément important de l’infrastructure énergétique qui améliore la sécurité énergétique de l’Amérique et remet les habitants du Dakota du Nord et les Américains au travail. Le Président Trump a prouvé qu’il était un homme d’action et je suis reconnaissant de sa détermination sur ce projet et d’autres projets d’infrastructure tellement vitaux pour notre nation. »

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Ce même 31 janvier 2017, l’IEN publiait le communiqué suivant :

Indigenous Environmental Network Réagit à la Recommandation du Secrétaire par Intérim du Corps d’Armée d’Accorder l’Autorisation à DAPL

Communiqué : 31 janvier 2017

Contact :
Jade Begay, jade@ienearth.org (00 1) 505-699-4791
Nina Smith, nina@megaphonestrategies.com (00 1) 301-717-9006

“Nous tombons dans une zone dangereuse où le gouvernement des Etats-Unis fabrique ses propres règles. »

Cannon Ball, Dakota du Nord – Aujourd’hui, Robert Speer, Secrétaire par intérim du Corps des Ingénieurs de l’armée, a ordonné au Corps d’avancer dans l’autorisation de terminer la construction de l’oléoduc Dakota Access. Bien que ce ne soit pas un accord officiel d’autorisation, ça montre bien que le Corps ignore la Déclaration d’Impact Environnemental (EIS) ordonnée par le gouvernement Obama et la réalisation de l’oléoduc controversé pourrait commencer dès cette semaine.

Ce qui suit est une déclaration d’Indigenous Environmental Network :

« Nous sommes écœurés mais pas surpris par la décision du Secrétaire de l’Armée de recommander l’autorisation pour l’oléoduc Dakota Access. Au lieu de suivre la procédure légale adéquate et de terminer l’Etude d’Impact Environnemental, l’Armée a choisi de faire escalader une situation déjà tendue, d’aller à l’encontre de ses propres procédures, et potentiellement de mettre les gens en danger.

Nous tombons dans une zone dangereuse où le gouvernement des Etats-Unis fabrique ses propres règles. Nous savons que le Gouvernement Trump a à gagner de ce projet, le Président des Etats-Unis est l’un des investisseurs, et leurs actions révèlent un mépris total de la règle de la loi et un intérêt évident de remplir leurs poches. Cette décision vient après les regrettables attaques de Trump contre les immigrants, les femmes et la presse. Maintenant il travaille avec encore plus d’ardeur à attaquer les nations tribales souveraines et les traités historiques.

Trump et son cabinet de négationnatistes climatiques font clairement ce qui avantage leurs affaires privées et veulent mettre le profit avant les droits de l’homme et l’environnement. Mais ne vous trompez pas : nous sommes prêts à nous mobiliser et à résister à cette impudente confiscation du pouvoir. »

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