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Photos : © Marquis Valdez
Publié par Indigenous Action,
26 novembre 2021
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

25 novembre 2021 – Lenapehoking (Philadelphie, Pennsylvanie) – Dans le cadre d’actions coordonnées contre le colonialisme conduites par des matriarches dans toute l’île de la Tortue, des femmes Autochtones activistes ont perturbé la plus ancienne parade du Jour de « Thanksgiving », exigeant que la vraie histoire de Thanksgiving soit dite. Des Activistes ont interrompu la parade et marché dans le quartier. Elles portaient des châles de danse fantaisie ornés des messages « Land Back » [« Rendez les Terres »], « MMIW », et « No Thanks No Giving » [« Pas de Merci, Pas de Dons »] en scandant « Pas de fierté dans un génocide ». Bien que la plupart des spectateurs soient calmes et sympathisants, quelques-uns ont fait du chahut en criant « rentrez chez vous » et « dégagez de Philly ». Parmi les Autochtones, il y avait des membres de plusieurs tribus de toutes les soi-disant Amériques, entre autres des Algonquins et des Lenapes locaux, qui sont les régisseurs légitime de Lenapehoking, la terre ancestrale des Lenapes qui comprend Philadelphie et New York et d’autres régions de ce que les colons appellent Pennsylvanie, New Jersey, Delaware et New York.

Le mythe de Thanksgiving, perpétué dans les écoles de toute la nation, célèbre des « Indiens » non identifiés, ayant sauvé la vie de colons Européens d’une mort certaine, dans les bois de la Côte Est. Aujourd’hui, les tables sont garnies de nourritures Autochtones des Bois de l’Est, comme la dinde, les courges et les haricots, et d’autres choses originaires des Amériques, entre autres des pommes de terre et du riz. On nous sert l’histoire d’un repas pacifique devant honorer l’amitié et la prospérité entre les colonisateurs et ceux qui ont été colonisés par la violence. Et, bien qu’il y ait certainement de la vérité dans la générosité des Autochtones, cette version romantisée d’un jour de fête est bien loin de la violence coloniale et du génocide que ce jour férié commémore en réalité. En 1636, des Anciens, des enfants et des familles Pequot se sont rassemblés dans leurs villages pour leur cérémonie annuelle de Dance du Maïs Vert, une cérémonie de récolte commémorée par des danses, des fêtes, un jeûne, et des cérémonies religieuses. Ces célébrations sacrées étaient souvent la cible de la violence coloniale, les colons armés les utilisant pour lancer des attaques et assassiner des familles entières. C’est exactement ce qu’a été le premier Thanksgiving, des colons Anglais et Hollandais de la Colonie de la Baie du Massachussetts, ont encerclé un village Pequot et implacablement assassiné plus de 700 Pequots, vieillards, hommes, femmes, enfants et personnes à deux esprits, brûlé leur village et tiré sur toute personne qui essayait de fuir les flammes. Le lendemain, le gouverneur de la colonie a déclaré un jour de Thanksgiving pour célébrer et remercier Dieu pour leur victoire. C’était le premier Thanksgiving.

Ça fait 529 ans qu’a eu lieu l’invasion des Tainos, 497 ans depuis qu’il a été fait mention pour la première fois de l’esclavage d’un Wampanoag, 384 ans depuis ce massacre de Pequots, et 158 ans depuis que Lincoln a déclaré Thanksgiving fête nationale. Mais jusqu’à ce jour, les Autochtones de toute l’île de la Tortue se battent pour leur souveraineté, entre autres les Lenapes qui continuent de travailler à la reconnaissance de leurs propres terres ; les Anishinaabeg et d’autres se battent contre la Ligne 3 ; les Carrizo-Comecrudo, les Tohono O’odham et d’autres combattent le mur frontière ; et les Autochtones et les Afro-Autochtones d’Amérique Centrale et du Sud, des Caraïbes, d’Afrique et bien d’autres encore, sont retenus dans des centres de rétention aux Etats-Unis et terrorisés par la police et les militaires. Aujourd’hui, nous exigeons qu’une véritable histoire coloniale des Etats-Unis soit dite, y compris Thanksgiving.

Citations : « Thanksgiving est doux-amer. D’une part, c’est la continuation moderne des temps très anciens d’amitié et de communauté. D’autre part, la version lavée plus blanc et Eurocentriste de Thanksgiving qui nous est donnée, avec des chapeaux de pèlerins et des coiffures Indiennes est insultante, pas seulement envers cette très ancienne tradition, mais aussi envers la mémoire et les esprits de ceux qui ont été assassinés par les colonisateurs qui voulaient leur terre et leurs ressources. » – Kate Thorn, Lenape/Seneca.

« Nous prenons parti parce que notre génocide n’a jamais cessé. Ils empoisonnent toujours notre eau, notre nourriture et notre air. Ils volent toujours nos enfants et emprisonnent nos parents dans des prisons et des centres de rétention. Ils infiltrent des drogues dans nos foyers et nous accusent des épidémies. Ils nous empêchent de circuler librement sur nos terres. Ils nous effacent de la conscience collective, et tuent nos mémoires quand ils ne peuvent pas nous tuer. Les colonisateurs continuent d’effacer l’histoire en renommant leurs jours fériés, sans changer leur participation au projet colonial appelé les Etats-Unis. La seule vraie célébration des Autochtones arrivera quand les Etats-Unis seront abolis et que nous serons libres. » – Felicia Teter, Yakama

Sur l’histoire de Thanksgiving voir aussi l’intervention de Hartman Deetz de 2019.

 

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