Keystone-pipeline-routeMardi 24 février 2015, le Président Barak Obama a utilisé son veto contre la proposition de loi des Républicains d’autoriser un nouveau tronçon de l’oléoduc Keystone XL.
D’après une dépêche de Reuters du 24 février « Le Président Obama a, mardi, comme promis, promptement opposé son veto à un projet de loi Républicain approuvant l’oléoduc Keystone XL, laissant par là le projet longtemps débattu dans les limbes pour une période indéterminée.
Le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, après réception du veto d’Obama, a immédiatement riposté en annonçant que la chambre dominée par les Républicains essaierait de le contrer le 3 mars.
C’est peu vraisemblable. En dépit de leur majorité, il manque quatre voix aux Républicains pour pouvoir renverser le veto d’Obama. » [Il faudrait pour cela une majorité des deux tiers – NdT]
D’après USA Today du 25 février, Obama a déclaré « […] je prends aussi au sérieux ma responsabilité vis-à-vis du peuple américain. Et parce que cet acte du Congrès est en conflit avec des procédures établies de l’exécutif et passe au-dessus de la prise en compte de problèmes qui pourraient peser sur notre intérêt national – entre autres notre sécurité et notre environnement – il mérite mon veto. »
La nouvelle a été ressentie comme une victoire par les communautés Autochtones directement concernées. Les (Sioux) Lakota de Rosebud, Dakota du Sud, ont publié un communiqué, traduit ci-dessous.

Christine Prat

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LES LAKOTA DE ROSEBUD CELEBRENT LE VETO CONTRE L’OLEODUC KEYSTONE XLOyate Wahacanka Woecun

Protégez le Peuple [Shield the People]

Pour publication immédiate : 24 février 2015

Salutations des Nations Lakota, Nakota et Dakota. La Tribu Sioux de Rosebud, Oyate Wahacanka Woecun, Protéger le Peuple, voudrait remercier le Président Barak Obama pour son veto contre l’oléoduc Keystone, 270-152. Nous le voyons comme une reconnaissance positive de notre longue relation de gouvernement à gouvernement, liée par nos traités, qui sont la loi suprême du pays.

[Nous sommes préoccupés par] les impacts négatifs du Keystone XL sur nos sites culturels, historiques et funéraires, et les nombreux problèmes majeurs qu’il crée pour l’environnement, les dangers pour la santé publique et les questions de sécurité. Le projet est situé à l’intérieur de nos territoires, et nous serons affectés directement, et, ce qui est extrêmement important, c’est une menace pour les droits non-négociables de nos femmes et nos enfants.

Cependant, la seule chose qui peut assurer la sécurité et le bien-être des générations à venir est le rejet total de l’oléoduc Keystone XL. La Déclaration d’Impact Environnemental inadéquate du Ministère pour ce projet doit être réévaluée et la consultation avec les tribus doit être au premier plan, pour servir d’exemple de ce que sont de véritables relations de gouvernement à gouvernement.

Nous serons vigilants et résilients dans notre opposition à toute continuation de ce projet et/ou de tout autre projet dans nos territoires. Nos efforts au niveau de l’état [du Dakota du Sud – NdT], auprès de la Commission des Services Energétiques Publiques du Dakota du Sud et d’autres canaux légaux, continueront. Nous affirmons nos droits en tant que gardiens et serviteurs d’origine du territoire, des ressources et de notre peuple.

Dans la solidarité, Protégeant le Peuple
Un cœur ~ un esprit ~ une prière, Mni Wiconi

Paula Antoine,
Coordinatrice

Sicangu Oyate Land Office
2807 Wasta Drive
PO Box 658
Rosebud, SD 57570
Phone: 605.747.4225
Fax: 605.747.4227
Email: wopila@gwtc.net
Alternate email (1): paula.antoine@rst-nsn.gov

“Sicangu Oyate Tamakoce Okawanyakapi ”
Gardiens du Territoire de Peuple de Rosebud

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Publié sur Censored News
Le 24 février 2015

 

NihigaalBeeIinaMntTaylor4-2-2015

LES MARCHEURS NAVAJO SONT ARRIVES AU MONT TAYLOR, BUT DE LEUR VOYAGE

Par Lyla June Johnston
Communiqué de presse
Publié sur Facebook
Et sur Censored News
10 février 2015
Traduction Christine Prat

 

Le 1er février 2015, les marcheurs de Nihígaal Bee Iina (prononcer ni-hi-gahl beh ii-nah, ce qui signifie « Notre Voyage pour l’Existence » ) ont achevé leur quête, un voyage à pied de 360 km, entreprise au nom de leurs enfants, leur terre et leurs ancêtres. La marche était une commémoration du 150ème anniversaire de la Longue Marche [de 1864] au cours de laquelle 9500 Diné (Navajo) ont été forcés de marcher, à la pointe du fusil, sur des centaines de kilomètres, jusqu’à Bosque Redondo – un camp de concentration où ils sont restés quatre ans. Seulement 7304 d’entre eux ont survécu à l’internement et sont retournés en Diné Tah, la terre d’origine des Navajo. En plus de rendre honneur à la résilience de leurs ancêtres, les marcheurs voulaient aussi faire prendre conscience des problèmes causés par l’extraction de pétrole et de gaz en Diné Tah. Finalement, le groupe a marché sur tout le trajet de Dził Naa’oodiłii (le Mont Huerfano) jusqu’à Tsoodził (le Mont Taylor) en 26 jours, au total 360 km.

NihigaalBeeIina5-2-2015« C’était merveilleux de grimper cette montagne, portant ces prières, de sentir le calme de Tsoodził, et justement ce jour-là, c’était vraiment calme, ensoleillé, étincelant » dit Kooper Curley, un des environs 70 marcheurs qui ont participé à tout le voyage.

« Mon moment préféré de ce voyage, c’est quand j’ai vu cette image de Tsoodził. Çà m’a vraiment fait venir les larmes aux yeux et j’ai pensé « ils ont réussi, ils ont réussi », dit Libby Williams, une Ancienne Diné qui a aidé les marcheurs pendant leur voyage.

« Ils n’arrêtaient pas de chanter ce chant, ‘Shee naashaa’, » dit Enoch Endwarrior d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique. « J’ai toujours entendu ce chant, mais je n’avais jamais su ce qu’il voulait dire. J’ai appris que c’était le chant que ceux qui avaient survécu à Hwééldi [‘Le Lieu de Souffrance’, c’est-à-dire Bosque Redondo] ont chanté quand ils ont éclaté de joie, soulagés de quitter cet endroit et de retourner au milieu des quatre montagnes sacrées. De voir le sommet m’a rappelé mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère. Elle était une toute petite fille lors de la rafle, puis à Hwééldi. C’était une famille de cinq et seules deux ont survécu – ma grand-mère et sa sœur. Je ne connaîtrai jamais le véritable degré de leur souffrance, mais çà a été un sentiment de joie bouleversant juste de voir le sommet de Tsoodził. Juste de savoir qu’elle en était sortie, qu’elle avait survécu, qu’elle avait tout enduré, juste pour que je puisse voir cela. »

 

D’après les marcheurs, leur voyage jusqu’à Tsoodził a été plein d’expériences incitant à l’humilité. En cours de route, à Lybrook au Nouveau-Mexique, ils ont parlé avec des enfants dont les écoles avaient dû être fermées à cause de la contamination de l’eau par les puits de pétrole des alentours. Ailleurs, ils ont marché pendant des kilomètres le long d’une file de voitures bloquées par l’explosion d’un réservoir de gaz. Un habitant rencontré leur a dit qu’un meurtre avait eu lieu dans sa famille, il était outré par les sommes d’argent offertes par l’industrie pétrolière. Une jeune femme leur a dit qu’elle ne pouvait plus courir seule le soir à cause des innombrables travailleurs du pétrole et du gaz qui sont partout dans la région.

Cheyenne Antonio, une jeune femme de Torreon, au Nouveau-Mexique – au cœur de l’industrie de fracturation hydraulique en pays Diné – s’est jointe aux marcheurs après qu’ils aient rendu visite à sa communauté. « C’était bon que des gens soient enfin venus pour parler réellement de la montée de la violence. On n’en parle presque jamais et il faut qu’on en parle. Il y a beaucoup de violence chez les enfants, chez nos femmes. Une fois que l’argent du pétrole arrive, vous avez une tout autre personne en face de vous. L’argent les contrôle. Et c’est nouveau dans ma vie, de devoir faire face à l’avidité. »

« Il s’agit de s’occuper des problèmes causés par la fracturation hydraulique, l’extraction de charbon et de gaz dans la région de Four Corners, que la NASA peut voir de l’espace » dit Leslynn Begay de Flagstaff, en Arizona. « Quand les gens voient les marcheurs, çà suscite leur intérêt, ils posent des questions et prennent conscience. »

NihigaalBeeIina10-2-2015La vue d’une grande troupe de marcheurs le long de la route a servi de base à de nombreuses discussions et conversations avec les habitants, disent les marcheurs. « Il y avait toujours quelqu’un qui venait demander ‘Pourquoi marchez-vous ?’Même un employé de Peabody est venu dire « je travail à la mine de charbon, mais ce n’est qu’un boulot et je vous soutiens.’ Des choses comme çà remettent tout en perspective. Ces travailleurs, ce ne sont pas seulement des gens, ils font partie de la famille » dit Curley.

Malgré les difficultés continuelles qu’ils rencontraient dans le corridor du pétrole et du gaz de Diné Tah, les marcheurs dirent que chaque jour se terminait sur une note d’espoir.

D’après Kim Smith de St. Michaels, Arizona, « les épreuves rencontrées ont été ce qu’il y a de plus mémorable dans ce voyage. Voir en réalité à quel point les nôtres sont pauvres et écrasés. Mais le plus beau, c’est quand nous leur avons parlé de notre marche de prières, quand nous leur avons dit que nous n’acceptons pas que les seuls emplois pour nous sont dans les champs pétrolifères et les mines de charbon. Çà les a stimulés. C’est ce que font les dirigeants. Et c’est un groupe de gens qui l’a fait. Ce n’était pas une personne, un sauveur venu leur donner cet espoir. C’était un groupe de jeunes. »

Une autre jeune organisatrice, Amber Hood, dit : « L’autre jour un Ancien m’a dit qu’avec ces marches nous insufflons à nouveau la vie dans le Hozhó [l’équilibre intérieur et extérieur] et je pense que c’est absolument correct. Je me suis rendu compte au tiers de la marche que ceci est plus grand que la fracturation, plus grand que le secteur de l’énergie, plus grand que l’extraction de ressources et qu’un gouvernement tribal corrompu. C’est vraiment un voyage de retour vers notre être d’origine, où à chaque marche, et j’espère chaque année où nous le ferons, nous parlons plus couramment notre langue, nous apprenons plus d’histoires sur notre pays et nos ancêtres. Au cours de la prochaine marche, je veux m’occuper de ramener notre herbologie traditionnelle aux marcheurs. »

Au cours de toutes les discussions avec les marcheurs, çà a été un thème récurant : la solution aux malheurs des Diné n’est pas nécessairement de se battre contre ce qu’ils ne veulent pas, mais d’incarner ce qu’ils veulent et retourner au mode de vie traditionnel.

NihigaalHorses5-2-2015« Quand nous étions à Tsoodził aujourd’hui, j’ai senti monter une vague de positivité » dit Dana Eldridge, une des principales organisatrices de la marche. « Nous avons vu beaucoup de mal, de choses horribles pendant notre voyage. Des choses qui font mal physiquement, émotionnellement et mentalement. Mais ce voyage m’a montré que Nihima Nahasdzáán [Notre Mère la Terre] a vraiment le pouvoir de guérir. Etre dehors, marcher dehors, çà vous soulève vraiment. En grimpant la montagne aujourd’hui, c’est tout ce que je sentais. Je ne pensais pas à la négativité. Je ne pensais pas combien toute cette destruction est affreuse. Je pensais seulement que tout est beau et combien je suis reconnaissante et heureuse d’avoir pu faire cette expérience. »

« Je pense que dans notre état d’origine nous étions un peuple d’espoir » dit Hood. « C’est en train de revenir. Il y a un an, bien que nous travaillions très dur pour comprendre ce qui se passe et travaillions avec la communauté, çà semblait sans espoir. J’ai ressenti une certaine forme de paralysie émotionnelle. Et cette marche me donne de l’espoir, maintenant. Je crois vraiment que les choses vont aller mieux. Je crois vraiment que nous reconstruisons nos vies, notre état d’origine. A chaque marche, je vois la beauté s’étendre de plus en plus, si on veut. »

D’après les organisateurs, cette marche était la première de quatre voyages principaux vers chacune des quatre montagnes sacrées des Diné (Tsoodził, Doo’ko’o’słííd, Dibe Nitsáá et Tsisnajini [Mont Taylor au Nouveau-Mexique, San Francisco Peaks en Arizona, Mont Hesperus dans le Colorado, Pic Blanca dans le Colorado]). Par cette première marche, les organisateurs disent avoir acquis beaucoup d’expérience utile pour les voyages à venir.

« Je suis très enthousiaste pour [la prochaine marche], sachant que nous en sommes capables, que ce ne sera pas un terrible échec » dit Eldridge. « Je crois vraiment que tout ce que nous devons faire après cela, c’est d’être avec la terre. Ce n’est que le début d’un réveil général. »

Comme le voyage avait commencé en mettant l’accent sur le rôle dirigeant des femmes et la guérison par les femmes, les personnes interviewées ont conclu leur mouvement par ce message :

« Je suis honorée et fière de marcher côte à côte avec ces vraies naataanii [leaders], nos femmes, des femmes Diné sans ego. C’est une marche de guérison pour notre terre, notre peuple, nos femmes, nos relations, notre mère, avec la confiance dans le fait de rétablir le hozhó [équilibre, harmonie]. C’est si ancien que c’est nouveau. C’est le remède dont on a besoin et seules les femmes peuvent l’apporter. Voir comment nos communautés vivent incite à l’humilité ; la fracturation hydraulique, les fuites d’eau toxique, la pollution, les explosions de réservoirs en face d’une école primaire. Il est temps. Nos Anciens en ont besoin. Notre Mère la Terre en a besoin. La nation aux cinq doigts en a besoin. Çà ne concerne pas seulement les Navajo, çà concerne tout le monde, tout ce qui vit, on a besoin de tout le monde. Quand les femmes se soutiennent, des choses incroyables se produisent » dit Kim Smith.

Amber Hood, une des principales militantes contre les épidémies de viols en Pays Indien dit : « Nous disons non à cette violence qui ne se produit pas par hasard. Notre pays subit la violence et cette violence se voit sur nos corps. Que ce soit les violences sexuelles dues à l’expansion des camps masculins, la contamination du lait maternel par les poisons, les fausses couches, les enfants nés avec des retards de développement, ce sont des façons diverses dont la violence imposée à notre terre touche directement le corps des femmes. Nous devons déchirer le voile qui nous fait croire que c’est normal, que c’est bien comme çà. Il est dit que pour chaque femme agressée, nous prions quatre fois pour le retour chez nous et sommes restaurées dans notre être et guéries. Que le plus de femmes possible marchent avec nous et reçoivent la guérison pour tous les traumatismes qu’elles portent, qu’elles soient restaurées dans leur être simultanément avec la guérison de notre terre, parce que quand nous guérissons, notre mère guérit et quand elle guérit, nous guérissons. »

Eldridge conclut son interview par de la gratitude : « Tsoodził est la montagne que les gens de notre peuple ont vue quand ils sont rentrés chez eux du camp de concentration. Quand je l’ai vue, je pensais combien j’étais exaltée et combien je me sentais positive et pleine d’espoir. Et c’est ce qu’on ressent en rentrant chez soi. »

Le prochain voyage doit commencer le 21 mars, jour de l’équinoxe de printemps. Pour plus d’informations, contacter nihigaalbeeiina@gmail.com

Photo Carina Dominguez/Cronkite News, article, en anglais, sur le site Tucson Sentinel

 

Par Christine Prat
10 février 2015

Le 5 février dernier, des dizaines de membres de la Tribu Apache San Carlos, d’Arizona, et de supporters se sont rassemblés près du bâtiment de l’administration tribale pour entreprendre une marche d’environs 65 km jusqu’au site de Oak Flat pour protester contre un échange de terres entre le gouvernement fédéral et la firme Resolution Copper. Le terrain ainsi acquis par l’entreprise minière inclut le site le plus sacré pour les Apaches San Carlos qui y cueillent des herbes médicinales et alimentaires et y organisent des cérémonies, entre autres les rites de passage à la puberté des jeunes filles. Le site inclut également la falaise appelée ‘Apache Leap’, dont des dizaines d’Apaches ont sauté – et se sont tués – à la fin du 19ème siècle pour échapper à la Cavalerie. La firme Anglo-australienne, branche de Rio Tinto et BHP Billiton, veut y creuser une gigantesque mine de cuivre. Presque toutes les tribus d’Arizona s’opposent à la mine. La zone inclut Oak Flat Campground, un site naturel ‘protégé’ depuis 1955. La résistance au projet dure depuis plusieurs années, une pétition a été signée.

En décembre 2014, le Congrès a adopté la résolution H.R.3979, ou Loi d’Autorisation de Défense Nationale, dont la section 3003 autorise le transfère de terrain fédéral à la firme Resolution Copper pour y ouvrir une mine. Le Président Obama a signé la résolution le 19 décembre, lui donnant force de loi. La loi demande seulement à Resolution Copper de proposer des ‘mesures mutuellement acceptables’ pour remédier aux impacts sur les sites sacrés.

Fin janvier, le dirigeant de la Tribu, Terry Rambler avait déclaré ‘Ce qui était une lutte pour protéger notre site le plus sacré est maintenant devenu une bataille’.carte EarthWorks Action

 

Voir aussi, en français, l’article du 3 janvier dernier

 

DES GROUPES DU NOUVEAU-MEXIQUE EXIGENT QUE LA COMMISSION DE REGULATION DE L’ETAT REJETTE LE PROJET DE LA FIRME PNM

La Commission Publique de Régulation du Nouveau-Mexique conclut les consultations sur le projet de la firme PNM pour la Centrale au charbon coûteuse et dépassée de San Juan

Lundi 2 février 2015
Par Shane Levy, Sierra Club – shane.levy@sierraclub.org
Mike Eisenfeld, San Juan Citizens Alliance – meisenfeld@frontier.net
Joan Brown, New Mexico Interfaith Power and Light (NMIPL) info@nm-ipl.org
Colleen Cooley, Dine’ CARE ccooley22@gmail.com
Julie Ruth, Positive Energy Solar julie@lokacreative.com
Traduction Christine Prat

 

ALBUQUERQUE, Nouveau-Mexique – Une coalition de groupes communautaires du Nouveau-Mexique a appelé aujourd’hui la Commission Publique de Régulation (PRC) à rejeter un projet de la firme PNM visant à étendre l’engagement énergétique à la Centrale Electrique au charbon de San Juan – San Juan Generating Station – menaçant par là la santé et la sécurité financière de familles du Nouveau-Mexique pour des années à venir. La PRC a récemment conclu des consultations sur la proposition de PNM, qui suscite une forte opposition au Nouveau-Mexique, de la part de leaders religieux, de groupes de santé publique, de partisans de l’énergie propre, d’organisations écologistes et beaucoup d’autres.
« Çà suffit, il est temps que PNM commence à investir dans des sources d’énergie plus propres, pour nos enfants et les générations futures » dit Colleen Cooley de Diné C.A.R.E. « Les Diné qui résident entre la centrale de San Juan et celle de Four Corners [photo ci-contre] souffrent des injustices climatiques depuis beaucoup trop longtemps et il faut que çà cesse. Nous ne sommes pas assez riches pour déménager du territoire de nos communautés et nous méritons de l’air pur et de l’eau propre. »
« Nous traversons ce que les Chrétiens appellent un Kairos, un moment de vérité, c’est-à-dire un moment décisif pour passer à l’action, pour se préoccuper de la justice environnementale et économique dans notre communauté, en choisissant une énergie plus propre et renouvelable au lieu d’un futur de charbon polluant » dit Sœur Joan Brown, Directrice Exécutive d’Interfaith Power and Light Nouveau-Mexique (NMIPL). « Les gens de foi sont très préoccupés et entreprennent des actions pour protéger notre air, notre sol et notre eau sacrés de la dangereuse pollution au charbon. De plus en plus de lieus de culte au Nouveau-Mexique investissent dans des solutions d’énergie propre en installant des panneaux solaires et en améliorant l’efficacité énergétique. Nous prions pour que la Commission (PRC) se rende compte de sa responsabilité vis-à-vis du bien commun, de la vie et des générations futures au cours de ses délibérations. »
San Juan, photo Theo Koppen

Au cours des dernières semaines, le soutien pour la continuation du charbon à la centrale de San Juan s’est évaporé quand la compagnie a admis qu’il y avait des risques financiers importants pour le futur de la centrale. Plus tôt en janvier, Farmington, au Nouveau-Mexique, la ville où se trouve la centrale, a abandonné ses projets d’acquérir une part accrue de la centrale à cause d’inquiétudes quant à la fiabilité et aux coûts énormes qui en résulteraient pour la communauté. D’autres intervenants du Nouveau-Mexique se sont également retirés d’un accord qui perpétuerait l’usage de charbon par PNM à la centrale, citant l’incertitude généralisée sur les opérations de San Juan.
« Alors que PNM fait pression pour faire avancer son projet d’accroitre sa part dans la centrale polluante et dispendieuse de San Juan, les municipalités et les services de notre région se retirent pour protéger les communautés des risques croissants de la centrale » dit Nellis Kennedy-Howard de la Campagne du Sierra Club Au-delà du Charbon. « Les intervenants économiques ont retiré leur soutien les uns après les autres au projet de PNM, mais PNM refuse de céder. Les actions de PNM affectent la santé et la sécurité financière de familles dans tout le Nouveau-Mexique en attirant des clients pour la centrale polluante et chère de San Juan tout en combattant des solutions énergétiques abordables et propres. Nous méritons mieux. »
« Avec la preuve évidente que continuer à investir dans la centrale de San Juan est une mauvaise décision pour les affaires, il apparaît que PNM va faire payer les coûts du contrôle de la pollution et des risques environnementaux aux usagers » dit Mike Eisenfeld, Coordinateur pour l’Energie de l’Alliance des Citoyens de San Juan. « Comme si çà ne suffisait pas, PNM envisage de devenir propriétaire de la source de charbon pour la centrale de San Juan : la Mine de San Juan ou une nouvelle mine de charbon. L’histoire ne fait qu’empirer. »
Le futur du charbon à la Centrale de San Juan est devenu de plus en plus incertain au cours des dernières semaines, au fur et à mesure que des augmentations de coûts et des défis surviennent, entre autres l’incertitude sur la provenance du charbon pour la centrale après 2017. Le mois dernier, la firme Tucson Electric Power, en Arizona, a annoncé qu’elle n’achèterait pas la mine de charbon de San Juan qui fournit la Centrale de San Juan. En plus, PNM a annoncé que la facture totale pour son projet d’accroitre la dépendance au charbon polluant et à d’autres fuels chers avait fait un bond de plus d’un milliard de dollars, ces coûts devant vraisemblablement être répercutés sur les usagers locaux. Çà vient seulement quelques semaines après que PNM ait présenté une proposition de nouveau tarif qui, si elle était approuvée, entrainerait une augmentation de près de 10 dollars par mois pour un ménage moyen, à cause des projets de continuer à brûler du charbon dans la centrale pour l’avenir prévisible.
« Le point de basculement est derrière nous. Les gens du Nouveau-Mexique veulent de l’énergie abordable et renouvelable – même PNM le reconnaît dans sa nouvelle campagne de publicité. Au cours des consultations, il a été démontré que l’énergie renouvelable est moins chère, plus sûre et fournit suffisamment d’électricité au Nouveau-Mexique. La Commission doit décider en faveur de la population et conduire le Nouveau-Mexique vers le futur d’énergie propre que les habitants demandent » dit Regina Wheeler, PDG de Positive Energy Solar.
« La Ligue des Femmes Electrices du Nouveau-Mexique s’oppose au projet de PNM pour remplacer l’électricité produite par les Unités 2 et 3 de la centrale de San Juan, en partie parce que c’est trop dépendant de fuel fossiles et pas assez d’énergies renouvelables, et en partie à cause des milliards de litres d’eau utilisés annuellement pour les centrales au charbon et nucléaires » dit Judy Williams de la Ligue des Femmes Electrices de Nouveau-Mexique.

 

Par Brenda Norrell
Censored News
26 janvier 2015
Traduction Christine Prat

Voir aussi
Témoignage écrit de Leonard Peltier ,
Témoignages devant le Tribunal en octobre 2014

 

GREEN BAY, Wisconsin – La Commission Vérité du Tribunal sur les Pensionnats pour Autochtones, qui s’est tenu ici en octobre dernier, a publié ses conclusions et recommandations, suite à trois jours de témoignages par ceux qui ont survécu aux sévices et à la torture dans les Pensionnats Indiens des Etats-Unis et du Canada.

Parmi les actes de maltraitance, on relève le fait que des enfants étaient kidnappés de chez eux et qu’on extirpait leur langue, leur culture et leur religion traditionnelle. Ces pensionnats ont créé des générations de traumatismes dans les familles Autochtones. Le nombre exact d’enfants Autochtones violés et assassinés dans ces pensionnats est inconnu.

Dans leurs conclusions les membres de la Commission déclarent que le gouvernement des Etats-Unis devrait appliquer la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones aux Etats-Unis. De plus, ils estiment que le gouvernement des Etats-Unis devrait reconnaître les violations des droits de l’homme qui se sont produites dans des pensionnats établis par le gouvernement des Etats-Unis.

Les membres de la Commission ont dit que le gouvernement des Etats-Unis devrait travailler à une nouvelle Convention Internationale sur les Droits des Peuples Autochtones, en collaboration avec toutes les communautés Autochtones des Etats-Unis, et ratifier la Convention sur les Droits de l’Enfant.

Les membres de la Commission ont recommandé un statut consultatif entre les communautés Autochtones et le gouvernement des Etats-Unis. Il a également été recommandé que la Convention sur les Droits de l’Enfant soit ratifiée par les Nations Autochtones Souveraines dans tous les Etats-Unis.

Les membres de la Commission ont recommandé que les jeunes, jusqu’à 25 ans, soient impliqués dans le processus d’énonciation de la vérité et du souvenir. Les Anciens ont été encouragés à non seulement partager leurs expériences dans les pensionnats, mais à parler aussi de leur résilience, de leur courage et de la force qui les a poussés à surmonter les défis auxquels ils ont fait face.

Il a aussi été recommandé qu’une date de commémoration soit fixée, pour honorer et rendre hommage aux individus qui sont allés dans les pensionnats et ont subi la discrimination, la violence et même la mort.

Des projets d’histoire orale et d’autres Tribunaux similaires devraient être coordonnés pour rassembler des récits d’impact des pensionnats sur d’autres communautés Autochtones à travers les Etats-Unis.

Les conclusions indiquent aussi la nécessité de publier un témoignage commun comprenant les histoires de toutes les tribus Autochtones des Etats-Unis sur l’impact des pensionnats sur leurs droits humains.

Les Membres de la Commission de Vérité étaient : Fasoha (Maldives), Aneeta Aahooja (Pakistan), Abalo Assih (Togo), Shiran Gooneratne (Sri Lanka), Athar Waheed (Pakistan), Kristi Rudelius-Palmer (Université du Minnesota, Centre des Droits de l’Homme). C’était organisé par la Fondation Blue Skies. Le reportage en direct a été fait par Censored News, avec une diffusion en direct et des archives vidéo par Govinda de Earthcycles.
Photo Brenda Norrell, Censored News

 

Ci-dessous, la déclaration des membres de la Commission Vérité :

 

TRIBUNAL SUR LES PENSIONNATS
Déclaration Récapitulative des Membres de la Commission Vérité

Nous avons trouvé que les incidents relatés devant le Tribunal sur les Pensionnats pour les Autochtones qui s’est tenu du 22 au 24 octobre 2014, représentaient des violations, inter alia, des articles suivants de la Convention sur les Droits de l’Enfance :

Article 7 (Nom et Nationalité), Article 8 (Droit à la Préservation de l’Identité), Article 12 (Droit à la Participation), Article 13 (Liberté d’Expression), Article 30 (Droit à l’Identité Culturelle), Article 5 (Droit à la Guidance Parentale et au Développement des Capacités), Article 9 (Liberté de (non) Séparation des Parents), Article 35 (Liberté de non-Abduction Forcée), Article 6 (Droit à la Vie, à la Survie et au Développement), Article 24 (Droit à la Santé et aux Services de Santé), Article 25 (Droit à un Contrôle Périodique du Placement), Article 39 (Droits aux Soins Réparateurs), Article 14 (Liberté de Pensée, de Conscience et de Religion), Article 16 (Droit à la Correspondance et à la Vie Privée), Article 17 (Liberté d’Information), Article 19 (Protection contre les Sévices et la Négligence), Article 20 (Protection Spéciale des Enfants sous la Tutelle de l’Etat), Article 34 (Protection contre l’Exploitation Sexuelle), Article 36 (Protection contre d’autres formes d’Exploitation), Article 37 (Liberté de ne pas subir la Torture et des Châtiments Cruels, Inhumains et Dégradants).

Ces violations sont décrites en détail plus bas.

En plus de ces violations spécifiques, des articles fondamentaux de la Convention sur les Droits de l’Enfance, sujets à des violations systématiques, concernent l’Article 2 (Discrimination), l’Article 3 (l’Intérêt Supérieur de l’Enfant), l’Article 27 (Droit à un Niveau de Vie Décent), les Articles 28 et 29 (Droit à l’Education), l’Article 31 (Droit au Repos, aux Loisirs, à la Récréation et aux Activités Culturelles).

Cette Déclaration Récapitulative ne constitue pas une liste exhaustive des violations des Droits de l’Homme causées par le système des pensionnats. Les violations énumérées ci-dessous ne sont qu’un compte-rendu partiel du mal causé par les pensionnats, et ne limitent en aucun cas l’exposition d’autres violations dans le futur, que ce soit par nous ou par une autre instance. Nous avons été extrêmement honorés par l’invitation de participer à cet exercice de la vérité et de présenter nos réactions dans une déclaration récapitulative. Nous soumettons cette déclaration au tribunal comme un humble testament du fait que nous sommes solidaires des survivants des pensionnats et des communautés Autochtones qui continuent à souffrir des effets du système des pensionnats.

DROIT A LA LANGUE ET L’IDENTITE. Les témoins ont raconté comment on interdisait aux enfants de parler leur langue autochtone dans les pensionnats. Les enfants étaient punis pour parler leur propre langue et n’étaient autorisés à utiliser que l’anglais. De plus, on leur donnait de nouveaux noms et vêtements, pour détruire d’avantage leur identité culturelle, et les amener à en avoir honte. La coiffure et la longueur des cheveux des enfants étaient liées à leurs croyances spirituelles et leurs coutumes ; dans les pensionnats, leurs cheveux étaient coupés pour les punir et éradiquer leurs traditions spirituelles. Les enfants étaient privés du droit à leurs croyances traditionnelles et à leurs pratiques culturelles, du droit à leurs noms et à leurs nationalités tribales et du droit à participer librement à leur propre culture et à leur société avec leurs amis, leurs familles et les êtres chers. (Convention sur les Droits de l’Enfance, Article 7 – Nom et Nationalité, Article 8 – Droit à la Préservation de l’Identité, Article 12 – Droit de Participer, Article 13 – Liberté d’Expression, et Article 30 – Droit à l’Identité Culturelle).

En fait, non seulement ces droits étaient niés, mais il y avait des tentatives actives de la part des officiels des écoles pour détruire le lien des enfants avec leur culture et leur nationalité. On faisait honte aux enfants et on les punissait pour leur identité culturelle, leur langue, leur religion, leurs vêtements, leurs cheveux et leurs noms. On leur apprenait que leurs identités mêmes étaient mauvaises et erronées, et que pour être bon et dans le vrai, ils devaient cesser d’être Autochtones. Des témoins ont fait le lien entre cette démolition de la culture et la honte et l’injure systématiques et les forts taux de suicide et d’addictions qui ont ravagé les communautés Autochtones.

DROIT A UNE FAMILLE. Des témoins ont décrit une politique de stérilisation forcée de femmes Autochtones pour limiter les droits à la reproduction des familles Autochtones. Cette politique a existé de concert et parallèlement à la politique consistant à envoyer les enfants Autochtones dans des pensionnats.

Par le système des pensionnats, les enfants étaient retirés à la garde et aux soins de leurs parents, parfois explicitement à l’encontre de la volonté de leurs parents. Même lorsqu’il semblait qu’il y ait eu accord des parents, l’environnement de coercition et d’usage de la force dans les réserves rendait ce consentement en réalité non-existent. Il était interdit aux enfants d’avoir des contacts avec leurs parents et les parents n’avaient pas la possibilité d’établir un lien avec leurs enfants et de développer leurs capacités de parents. De plus, des frères et sœurs n’étaient pas autorisés à se parler dans les pensionnats. Les enfants étaient encouragés à se conduire violemment entre eux, dans les pensionnats, dans une tentative de détruire les relations de solidarité entre eux. En conséquence, des générations suivantes d’enfants Autochtones ont été affectées par les impacts physiques et psychologiques de ce qu’avaient subi leurs aînés dans les pensionnats.

La violence était institutionnalisée dans les pensionnats. On apprenait aux enfants que la violence contre les enfants était la norme, et même que c’était positif et accepté. Au lieu des qualités de bons parents, les élèves des pensionnats apprenaient à brutaliser leurs propres enfants, perpétuant ainsi ce cycle de violence et de traumatisme intergénérationnel. Certains témoins ont parlé de leur dure tâche pour apprendre à être de bons parents, abandonnant la violence qui leur avait été imposée dans les pensionnats, brisant ainsi le cycle des sévices. Ces témoins devraient être cités en exemple pour leur lutte contre la violence et les sévices institutionnalisés. Malheureusement, bien que des survivants des pensionnats aient été capables de se guérir eux-mêmes et leurs familles, le traumatisme intergénérationnel des pensionnats continue à faire des victimes, comme le démontre les forts taux de suicide et d’addictions dans les communautés Autochtones, comme il a été dit plus haut. (Convention sur les Droits de l’Enfance, Article 5 – Responsabilité des Parents et Possibilités de Développement, Article 9 – Liberté de [non] Séparation d’avec les Parents, Article 35 – Liberté de non-Abduction Forcée).

DROIT A LA SURVIE ET AU DEVELOPPEMENT & DROIT A LA SANTE. Les enfants ne recevaient pas de nourriture adéquate ni d’accès aux services de santé pour garantir leur développement complet. (Convention sur les Droits de l’Enfance, Article 6 – Droit à la vie, la Survie et le Développement, Article 24 – Droit à la Santé et aux Services de Santé, Article 25 – Droit au Contrôle Périodique du Placement, Article 39 – Droit aux Soins Réparateurs).

DROIT DE RELIGION OU DE CROYANCE. Les enfants étaient baptisés de force et obligés de participer et d’effectuer des activités religieuses qui ne venaient pas de leur origine. Ils étaient privés du droit de participer à leurs propres cérémonies spirituelles. (Convention sur les Droits de l’Enfance, Article 14 – Liberté de Pensée, de Conscience et de Religion).

CORRESPONDANCE PRIVEE. Des témoignages ont révélé que les officiels des écoles se mêlaient de la correspondance privée entre la famille et les enfants, créant des déchirements entre les familles et brisant les liens familiaux, ajoutant encore aux chocs psychologiques, physiques et spirituels subis par les enfants. Les papiers d’identité des enfants étaient saisis et ils ne savaient pas comment retourner chez eux. Les enfants pouvaient être transférés d’un pensionnat à un autre sans le consentement des parents. (Convention sur les Droits de l’Enfance, Article 16 – Droit à la Correspondance et la Vie Privée, Article 17 – Liberté d’Information).

CHATIMENTS CORPORELS, SEVICES ET EXPLOITATION. D’après les nombreux témoignages présentés au Tribunal, il est clair que beaucoup d’enfants des pensionnats subissaient différentes formes de châtiments corporels. Les enfants étaient envoyés dans des pensionnats à un très jeune âge. Il a été noté que les enfants devaient effectuer des travaux physiques inappropriés à leur âge. Là où les enfants étaient amenés avec leurs frères et sœurs, il est apparu que les écoles s’efforçaient de les séparer, leur infligeant ainsi un traumatisme mental supplémentaire. A part les châtiments corporels, un certain nombre de témoignages permettent de conclure que beaucoup d’enfants ont été abusés sexuellement dans les pensionnats. (Convention sur les Droits de l’Enfance, Article 19 – Protection contre les Sévices et la Négligence, Article 20 – Protection Spéciale des Enfants sous Tutelle de l’Etat, Article 34 – Protection contre l’Exploitation Sexuelle, Article 36 – Protection contre les autres formes d’Exploitation, Article 37 – Protection contre la Torture et les Traitements ou Punitions Cruels, Inhumains et Dégradants).

 

RECOMMANDATIONS

Que :

Les Peuples Autochtones

Impliquent les jeunes de moins de 25 ans dans le processus de révélation de la vérité et le souvenir

Encouragent les anciens à ne pas seulement raconter leurs expériences dans les pensionnats, mais à parler aussi de leur résilience, de leur courage et de leur force de surmonter les défis auxquels ils étaient confrontés

Fixent une date commémorative pour honorer et rendre hommage aux individus qui ont été dans les pensionnats et ont fait face à la discrimination, la violence et même la mort

Coordonnent des projets d’histoire orale et des Tribunaux similaires pour rassembler des histoires sur les impacts des pensionnats dans d’autres communautés Autochtones des Etats-Unis

Publient un témoignage commun incluant les histoires de toutes les tribus Autochtones des Etats-Unis sur les effets des pensionnats sur leurs droits humains

Mettent en place un statut consultatif entre les communautés Autochtones et le gouvernement des Etats-Unis

Encouragent la ratification de la Convention des Droits de l’Enfance par les Nations Autochtones Souveraines dans tous les Etats-Unis

Le Gouvernement des Etats-Unis

Reconnaisse les violations des droits de l’homme qui ont eu lieu par le fait des pensionnats établis par le Gouvernement des Etats-Unis

Applique la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones aux Etats-Unis

Travaille à une nouvelle Convention Internationale sur les Droits des Peuples Autochtones, en collaboration avec les communautés Autochtones des Etats-Unis

Ratifie la Convention sur les Droits de l’Enfance
Les Membres de la Commission Vérité : Fasoha (Maldives), Aneeta Aahooja (Pakistan), Abalo Assih (Togo), Shiran Gooneratne (Sri Lanka), Athar Waheed (Pakistan), Kristi Rudelius-Palmer (Université du Minnesota, Centre des Droits de l’Homme)

DECLARATION DE LEONARD PELTIER DESTINEE A ETRE LUE POUR LE DOSSIER DU TRIBUNAL DE LA FONDATION BLUE SKIES, QUI S’EST TENU A ONEIDA, WISCONSIN, DU 22 AU 25 OCTOBRE 2014

Par Leonard Peltier
Publié sur Censored News,
Le 29 janvier 2015
Traduction Christine Prat

A l’automne 1953, je vivais avec ma grand-mère, Mary Dubois Peltier (originaire du Canada), veuve, ma sœur Betty Ann et ma cousine Pauline Peltier. J’avais 9 ans, Betty et Pauline 6 ans. Nous habitions dans une hutte en bois de deux pièces, sur la colline réputée la plus haute de la réserve. Grand-père (Alex O. Peltier) l’avait construite à la fin des années 1940. Grand-père venait de mourir de pneumonie vers novembre ou décembre 1952. Nous vivions dans la bande d’Autochtones du Petit Coquillage de la Montagne de la Tortue, à Belcourt, dans le Dakota du Nord.
En ce jour de septembre, je jouais dehors, en attendant le petit-déjeuner. Je pouvais voir venir d’en bas de la route, à quelques kilomètres, cet énorme nuage de poussière qui semblait provenir d’une voiture très rapide. Je savais que les gens avec des voitures si rapides étaient du Bureau des Affaires Indiennes. Je savais que j’étais supposé courir dans les bois et me cacher, c’était normal et on l’apprenait aux enfants dès leur plus jeune âge. Si nous ne nous cachions pas, le gouvernement nous volerait et nous pourrions ne jamais revenir. J’étais intrigué et voulais voir où cette voiture allait si vite. Je regardais, comme en transe et hypnotisé, je regardais cette voiture rouler tout droit vers notre entrée. Ce type Blanc en descendit et commença à marcher avec notre grand-mère.
Grand-mère ne le connaissait pas, elle parlait très peu d’anglais et avait des difficultés à le comprendre. Je ne parlais pas beaucoup d’anglais non plus et avais aussi des difficultés à le comprendre, mais j’ai entendu le mot pensionnat. Ce mot, tous les enfants Autochtones le connaissaient et étaient terrifiés en l’entendant prononcer. J’ai eu peur. Je voulais m’enfuir dans les bois pour me cacher mais je ne voulais pas laisser ma grand-mère, ma sœur et ma cousine. Tout ce que je voulais, c’était me mettre à pleurer et crier de nous laisser tranquilles. Je voyais l’homme commençant à paraître frustré et terriblement furieux de ce que ma grand-mère ne comprenait pas tout ce qu’il disait. Là, j’avais peur qu’il leur fasse du mal.

Grand-mère me disait « Leonard cours te cacher » (en Midcef, un langage franco-Chippewa créé par les Autochtones). Mais j’étais comme hypnotisé. Je ne pouvais pas bouger, j’étais gelé sur place. Finalement, ma grand-mère comprit qu’elle pouvait être emmenée en prison. En pleurant, elle nous dit que nous devions suivre cet homme, sinon il la mettrait en prison et nous prendrait quand même. Betty et Pauline se mirent à pleurer et à crier, ce qui me fit frissonner du haut en bas. Grand-mère continuait à me dire que je devais être fort, être un homme et prendre soin de ma sœur et ma cousine. Elle dit : « Ne leur fais pas voir que tu pleures, ou ils te puniront ». MAIS je ne voulais pas être un homme. Je voulais appeler au secours. Je ne les ai plus jamais laissé me voir pleurer depuis, même quand mes partisans leur ont demandé de me passer le téléphone, dans mon lit, en prison, quand mon père mourut.

La voiture nous emmenait à toute allure et tout ce que je pouvais voir était un gros nuage de poussière par la vitre arrière, sur le chemin de Belcourt, notre plus grande communauté sur la Réserve. Dans la cour d’école de Belcourt, nous voyions des bus jaunes, de la fin des années 1940, début des années1950, alignés. Les pauvres Betty et Pauline pleuraient toujours, comme de pauvres petits bébés. Aujourd’hui encore, je ne peux pas oublier ces pleurs. J’ai tout essayé pour qu’elles cessent de pleurer. Elles étaient si jeunes, je crois maintenant qu’elles n’auraient pas pu s’arrêter même si elles avaient voulu. La peur sur leurs visages est une image que j’ai essayé d’oublier mais qui me hante toujours après toutes ces années. J’ai essayé de leur expliquer qu’elles devaient faire attention au cas où nous pourrions nous échapper. NOUS DEVIONS SAVOIR QUEL ETAIT LE CHEMIN DE LA MAISON. C’est tout ce à quoi je pouvais penser pour échapper à ces gens qui nous avaient capturés, nous ne savions pas si nous allions en prison ou quoi, vu que personne ne nous expliquait rien, si ce n’est que nous allions dans un pensionnat. Nous avions appris à les fuir et nous cacher dans les bois, sauf quand les anciens voulaient nous faire peur pour nous faire obéir et nous menaçaient de ce qui devait être un monstre pour nous, un pensionnat Indien, et c’est tout ce à quoi je pouvais penser pendant les 400-480 km suivant. Je ne savais absolument pas comment j’allais protéger ma sœur et ma cousine.

Il me semblait que nous avions voyagé toute la journée. Je me souviens que nous nous sommes arrêtés une fois pour aller aux toilettes sur une aire de repos. A cette époque, elles étaient toutes à l’extérieur. Betty et Pauline ne voulaient pas bouger de leurs sièges et j’ai dû les supplier d’aller aux toilettes. Ils nous ont donné un sandwich mais les filles ne mangeaient pas, alors j’ai mis les sandwichs dans mes poches, au cas où nous nous évaderions. Je me suis rendu compte plus tard qu’elles refusaient de manger JUSQU’AU JOUR SUIVANT ET SEULEMENT APRES M’AVOIR VU DANS LA CANTINE.

Betty me dit qu’elle ne souvient pas de tout çà. Je suppose que c’est un souvenir dont elle ne veut pas se rappeler. Qui le voudrait ? Je sais que j’ai essayé d’oublier ces souvenirs-là toute ma vie. Pauline ne s’est jamais vraiment remise. Elle a été placée dans une institution psychiatrique à Grafton, dans le Dakota du Nord, pendant plusieurs années, jusqu’à ce que les lois de la fin des années 1960 et des années 1970 deviennent plus souples et qu’elle soit libérée. Ils ont prétendu qu’elle était tombée des marches en ciment au pensionnat et avait un léger traumatisme au cerveau. Je lui ai rendu visite une fois et n’ai pas pu supporter ce que je voyais. Je n’ai jamais pu y retourner. Je le regrette maintenant et le regretterai jusqu’à ma mort. J’ai grandi en me demandant quel crime nous avions commis, à part nous entendre dire que nous n’étions que des Indiens. Nous sommes arrivés quelques heures plus tard au pensionnat Indien de Wahpeton, dans le Dakota du Nord. Je dirais qu’il était environs 14-15 heures. On nous a dit de tous nous mettre en rang et ils ont commencé à nous classer par âge et par niveaux scolaires. Je ne savais pas dans quelle classe j’étais, donc quand l’enfant à côté m’a dit 3ème [de l’école primaire, CE2 – NdT], j’ai dit oui, 3ème.

Nous étions tous en rang, par âge et par taille et en formation comme dans une maison de redressement. On nous a fait défiler jusqu’à ce que nous ayons appris à connaître le Hall Central. Il y avait des pièces à l’est et à l’ouest, toutes dans le sous-sol. A l’est il y avait la laverie, le coiffeur, la distribution de vêtements et les douches. A l’ouest il y avait les salles de récréation pour l’hiver ou quand il faisait trop froid ou pleuvait trop pour aller dehors.

On nous a dit de nous mettre en rang devant les chaises de coiffeur et nous avons tous eu les cheveux coupés ras, façon militaire. Tout à coup, nous étions différents et ne reconnaissions plus les enfants avec qui nous étions devenus copains. Les plus jeunes se mirent à pleurer, nous les grands, enfin, nous croyons maintenant que nous étions les grands, essayions de les faire cesser et les prenions dans les bras pour les assurer qu’ils étaient toujours avec leurs amis. Un petit appelé Macloud s’est accroché à moi de toutes ses forces et on m’en a rendu responsable pour le faire se laver, m’assurer qu’il se levait le matin et était au lit à 21h tous les soirs, avait à manger, faire nos lits, ce que je ne savais pas faire moi-même, mais des plus grands m’ont appris à plier le bout du lit au carré, façon militaire. Les garçons et les filles mangeaient dans la même cantine.

Quand nous sommes allés aux douches, avant que nous ne nous mettions en rang, ils nous ont arrosés de DDT pour tuer les poux. Çà brûlait terriblement. Là encore, les plus jeunes pleuraient. Quand çà a été notre tour d’entrer dans la douche, comme le petit s’accrochait à moi, on m’a dit qu’il faudrait que je le lave et on m’a appris comment utiliser le savon et la brosse (j’ai appris plus tard que c’était le même genre de savon et de brosse utilisés pour les sols en ciment) pour le frotter derrière les talons, les avant-bras et les coudes et un chiffon pour les parties intimes. On nous mettait de la vaseline sur les avant-bras, les coudes et les talons puis ils nous frottaient ces endroits avec une serviette blanche, et si des peaux mortes se détachaient, ceux d’entre nous qui étaient responsables de quelqu’un étaient frappés avec une lourde règle. C’était le surveillant plus grand qui frappait. Certains grands refusaient de frapper des petits. Ceux-là étaient qualifiés de causeurs de troubles, nous les appelions les résistants, LES GUERRIERS !! Les autres, qui acceptaient de frapper les petits, nous les appelions Indiens du BIA [Bureau des Affaires Indiennes – NdT], les vendus, les Indiens de l’homme blanc. Nous avions beaucoup de noms pour les qualifier.
Lors de cette première douche, j’ai goûté à la règle pour la première fois, parce que le petit se mettait à pleurer quand je le frottais trop fort et ils ont trouvé des peaux mortes derrière ses talons. Alors j’ai vite rejoint les résistants et haï les surveillants et les mouchards.

Puis nous sommes allés à la laverie et avons reçu des tabliers comme ceux qu’utilisaient les fermiers, et des chaussures de travail marron. On nous a attribué des lits et entretemps c’était l’heure du dîner/souper. Nous étions tous affamés. J’étais très impatient quand on m’a dit que je pourrais revoir Betty et Pauline.

Plus tôt, j’avais été appelé dans le dortoir des filles et on m’avait dit que je devais faire cesser Betty et Pauline de pleurer. Je leur ai expliqué que je ne pouvais pas rester mais que j’étais juste à côté et que si elles n’arrêtaient pas de pleurer je serais encore puni. Je leur ai montré ce qu’ils avaient fait à mes cheveux et les marques encore rouges sur mon dos. J’ai dit : « S’il vous plait, ne pleurez plus. Je ne vais pas vous quitter. S’il vous plait. Nous allons bientôt manger et je vous verrai au dîner. »

Quand nous sommes allés bouffer, j’ai vu Betty et Pauline assises à la table qui leur avait été assignée, penchant leurs têtes. De temps en temps, Betty relevait la sienne, me cherchant. Elle finit par me voir et hurla à Pauline : « Leonard est là-bas » en faisant des signes de la main, très excitée ! Je souris et leur fit signe de manger, alors elles ont commencé à manger. Je ne me souviens pas qu’elles aient jamais pleuré pour moi depuis.

La première fois que j’ai pu les rencontrer seules dans la cour, je leur ai dit que nous devions grandir et être forts pour pouvoir nous échapper. IL A FALLU AU MOINS 2 ANS AVANT QUE JE FASSE MA PREMIERE TENTATIVE D’EVASION ET MANQUE DE ME NOYER dans la Red River. C’était le printemps et mon cousin Daniel Peltier me dit qu’il voulait rentrer à la maison et me demanda si je voulais m’enfuir avec lui. Le temps se réchauffait, MAIS, si la maison me manquait et aussi grand-mère, vu qu’elle était la seule mère que j’avais connu ou pouvais me rappeler, je lui dis que je ne pouvais pas partir sans ma sœur et la cousine Pauline. Je leur manquerais et elles recommenceraient à pleurer, mais Danny a insisté et j’ai accepté. Sans argent et sans vêtements de rechange, et surtout sans nourriture, nous sommes partis sans savoir quelle était la bonne direction à prendre. Nous sommes partis, comme cela, pour ce que nous pensions être une longue route, et nous avons ri, poussé des cris de joie et dansé à notre nouvelle liberté. Puis nous sommes arrivés à la Red River et nous avons vu que la glace était mince et que ce serait très dangereux de traverser. Ne pouvant trouver d’endroit pour traverser et sachant que nous allions devoir traverser, nous avons choisi l’endroit le plus étroit et nous sommes séparés de quelques mètres.

Je me rappelle que d’autres gosses de la Nation m’avaient dit comment traverser la glace mince si je devais vraiment le faire, ce à quoi faire attention et écouter la glace. Je dis à Danny, « Surveille la glace et si çà craque cherche l’endroit le plus court vers la berge. Si nécessaire, allonge-toi sur la glace. » Et nous avons commencé à traverser. Quand nous avons approché de la berge, Danny y est arrivé et s’est mis à rire de bonheur. J’étais probablement à 1,5 mètre de la rive et la glace a commencé à craquer, si fort que j’ai su qu’elle allait casser. J’ai essayé de glisser et de me faire léger. J’ai vu la branche d’un très jeune arbre au-dessus de la rive et ai essayé de l’atteindre. Juste au moment où j’y arrivais, la glace a cédé et j’ai coulé complètement dans l’eau glacée. Ma main a saisi la branche et je me suis hissé vers le haut. Quand ma tête fut hors de l’eau, j’ai saisi une autre branche et me suis tiré, Danny a saisi ma main et m’a tiré, et j’ai rejoint la terre, terriblement trempé mais vivant. Après quelques minutes j’ai commencé à trembler comme un fou, comme si le soleil s’était couché et que le froid s’intensifie rapidement. J’ai retiré tous mes vêtements et nous les avons essorés, nous demandant comment faire du feu, vu que le froid s’intensifiait rapidement. Il se mettait aussi à faire nuit très vite et j’avais de plus en plus froid, alors nous nous sommes demandé que faire. Danny dit « Retournons-y », alors nous avons réfléchi une seconde et décidé que c’était peut-être mieux et avons marché dans une certaine direction jusqu’à ce que nous arrivions sur une route. Nous avons marché un peu et une voiture est arrivée qui nous a pris en stop jusqu’à l’école. Nous nous sommes rendu compte que nous n’étions pas allés loin et étions un peu honteux de notre tentative de fuite.

Maintenant il fallait faire face. Nous décidions de dire que nous avions eu l’idée tous les deux, nous sentant seuls vu que nous n’avions pas vu nos familles depuis plus de 2 ans. Mais vu que nous avions enfreint les règles, nous devions tout de même être punis. Dix coups de règles sur les fesses et une autre coupe de cheveux à ras et nous devions porter des chaussures et vêtements trop grands pour que les gens puissent voir que nous étions des fuyards. Nous étions aussi privés de cinéma en ville pour un an. Mais çà, çà n’avait pas d’importance vu que nous n’avions pas l’argent pour payer des billets à 10 cents.

J’ai finalement pu sortir de Wahpeton après que des changements soient survenus à Washington D.C. en 1956, un des changements de règlement étant qu’ils ne pouvaient plus nous garder si nous avions quelque part où aller. Dès lors, ils ne pouvaient plus nous retenir pendant les mois d’été à cause de manquements mineurs au règlement, afin que les employés aient une raison d’y être et de toucher leur salaire. Si nos parents voulaient venir nous chercher, nous pouvions rentrer à la maison. J’ai écrit à ma mère, pensant toujours que j’étais à des centaines de kilomètres, pour voir si elle pourrait venir nous chercher. Elle est venue dès qu’elle a reçu la lettre, quelques jours après que je l’aie envoyée, mais elle ne pouvait pas emmener Pauline qui n’était pas son enfant, ce qui nous amène à un autre passage dur de cette histoire. Nous avons dû laisser la pauvre Pauline, qui, d’après ce qu’on en a entendu, a pleuré pendant des jours. Peu de temps après, elle a été placée dans une institution.

Ainsi, au bout de 3 ans, j’ai quitté la prison du pensionnat. Je ne sais pas ce qui a changé depuis mon époque. Certains disent que ce n’est plus comme avant, d’autres disent que si. Je sais que personne dans ma famille, aucun de mes enfants n’ont jamais été mis dans une de ces écoles. Cependant, je sais que certaines familles ne s’occupent pas de leurs enfants et que certains internats sont nécessaires. MAIS je sais que mes expériences à Wahpeton resterons le souvenir d’un enfer, qui me poursuivra jusqu’à ma mort.
J’ai été un résistant à la tentative de génocide de mon peuple depuis ce temps, et pour cela je vais plus que probablement mourir en prison. Le 6 février 2015, j’aurai passé 40 ans dans des prisons fédérales, même après que le procureur d’une haute Cour ait dit en 1984 que le gouvernement ne savait pas qui avait tué ses agents et n’avait pas de preuve contre moi, vu qu’il n’y en a pas. J’ai été condamné 2 fois à la perpétuité, peines qui ne peuvent être confondues. Lorsque j’ai été condamné, la perpétuité se ramenait en fait à 7 ans, ce qui veut dire que j’ai fait 5 fois la perpétuité plus 4 ans, pour avoir résisté au génocide des Autochtones. Je suis seulement coupable d’être Indien.