LES MARCHEURS NAVAJO SONT ARRIVES AU MONT TAYLOR, BUT DE LEUR VOYAGE
Par Lyla June Johnston
Communiqué de presse
Publié sur Facebook
Et sur Censored News
10 février 2015
Traduction Christine Prat
Le 1er février 2015, les marcheurs de Nihígaal Bee Iina (prononcer ni-hi-gahl beh ii-nah, ce qui signifie « Notre Voyage pour l’Existence » ) ont achevé leur quête, un voyage à pied de 360 km, entreprise au nom de leurs enfants, leur terre et leurs ancêtres. La marche était une commémoration du 150ème anniversaire de la Longue Marche [de 1864] au cours de laquelle 9500 Diné (Navajo) ont été forcés de marcher, à la pointe du fusil, sur des centaines de kilomètres, jusqu’à Bosque Redondo – un camp de concentration où ils sont restés quatre ans. Seulement 7304 d’entre eux ont survécu à l’internement et sont retournés en Diné Tah, la terre d’origine des Navajo. En plus de rendre honneur à la résilience de leurs ancêtres, les marcheurs voulaient aussi faire prendre conscience des problèmes causés par l’extraction de pétrole et de gaz en Diné Tah. Finalement, le groupe a marché sur tout le trajet de Dził Naa’oodiłii (le Mont Huerfano) jusqu’à Tsoodził (le Mont Taylor) en 26 jours, au total 360 km.
« C’était merveilleux de grimper cette montagne, portant ces prières, de sentir le calme de Tsoodził, et justement ce jour-là, c’était vraiment calme, ensoleillé, étincelant » dit Kooper Curley, un des environs 70 marcheurs qui ont participé à tout le voyage.
« Mon moment préféré de ce voyage, c’est quand j’ai vu cette image de Tsoodził. Çà m’a vraiment fait venir les larmes aux yeux et j’ai pensé « ils ont réussi, ils ont réussi », dit Libby Williams, une Ancienne Diné qui a aidé les marcheurs pendant leur voyage.
« Ils n’arrêtaient pas de chanter ce chant, ‘Shee naashaa’, » dit Enoch Endwarrior d’Albuquerque, au Nouveau-Mexique. « J’ai toujours entendu ce chant, mais je n’avais jamais su ce qu’il voulait dire. J’ai appris que c’était le chant que ceux qui avaient survécu à Hwééldi [‘Le Lieu de Souffrance’, c’est-à-dire Bosque Redondo] ont chanté quand ils ont éclaté de joie, soulagés de quitter cet endroit et de retourner au milieu des quatre montagnes sacrées. De voir le sommet m’a rappelé mon arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère. Elle était une toute petite fille lors de la rafle, puis à Hwééldi. C’était une famille de cinq et seules deux ont survécu – ma grand-mère et sa sœur. Je ne connaîtrai jamais le véritable degré de leur souffrance, mais çà a été un sentiment de joie bouleversant juste de voir le sommet de Tsoodził. Juste de savoir qu’elle en était sortie, qu’elle avait survécu, qu’elle avait tout enduré, juste pour que je puisse voir cela. »
D’après les marcheurs, leur voyage jusqu’à Tsoodził a été plein d’expériences incitant à l’humilité. En cours de route, à Lybrook au Nouveau-Mexique, ils ont parlé avec des enfants dont les écoles avaient dû être fermées à cause de la contamination de l’eau par les puits de pétrole des alentours. Ailleurs, ils ont marché pendant des kilomètres le long d’une file de voitures bloquées par l’explosion d’un réservoir de gaz. Un habitant rencontré leur a dit qu’un meurtre avait eu lieu dans sa famille, il était outré par les sommes d’argent offertes par l’industrie pétrolière. Une jeune femme leur a dit qu’elle ne pouvait plus courir seule le soir à cause des innombrables travailleurs du pétrole et du gaz qui sont partout dans la région.
Cheyenne Antonio, une jeune femme de Torreon, au Nouveau-Mexique – au cœur de l’industrie de fracturation hydraulique en pays Diné – s’est jointe aux marcheurs après qu’ils aient rendu visite à sa communauté. « C’était bon que des gens soient enfin venus pour parler réellement de la montée de la violence. On n’en parle presque jamais et il faut qu’on en parle. Il y a beaucoup de violence chez les enfants, chez nos femmes. Une fois que l’argent du pétrole arrive, vous avez une tout autre personne en face de vous. L’argent les contrôle. Et c’est nouveau dans ma vie, de devoir faire face à l’avidité. »
« Il s’agit de s’occuper des problèmes causés par la fracturation hydraulique, l’extraction de charbon et de gaz dans la région de Four Corners, que la NASA peut voir de l’espace » dit Leslynn Begay de Flagstaff, en Arizona. « Quand les gens voient les marcheurs, çà suscite leur intérêt, ils posent des questions et prennent conscience. »
La vue d’une grande troupe de marcheurs le long de la route a servi de base à de nombreuses discussions et conversations avec les habitants, disent les marcheurs. « Il y avait toujours quelqu’un qui venait demander ‘Pourquoi marchez-vous ?’Même un employé de Peabody est venu dire « je travail à la mine de charbon, mais ce n’est qu’un boulot et je vous soutiens.’ Des choses comme çà remettent tout en perspective. Ces travailleurs, ce ne sont pas seulement des gens, ils font partie de la famille » dit Curley.
Malgré les difficultés continuelles qu’ils rencontraient dans le corridor du pétrole et du gaz de Diné Tah, les marcheurs dirent que chaque jour se terminait sur une note d’espoir.
D’après Kim Smith de St. Michaels, Arizona, « les épreuves rencontrées ont été ce qu’il y a de plus mémorable dans ce voyage. Voir en réalité à quel point les nôtres sont pauvres et écrasés. Mais le plus beau, c’est quand nous leur avons parlé de notre marche de prières, quand nous leur avons dit que nous n’acceptons pas que les seuls emplois pour nous sont dans les champs pétrolifères et les mines de charbon. Çà les a stimulés. C’est ce que font les dirigeants. Et c’est un groupe de gens qui l’a fait. Ce n’était pas une personne, un sauveur venu leur donner cet espoir. C’était un groupe de jeunes. »
Une autre jeune organisatrice, Amber Hood, dit : « L’autre jour un Ancien m’a dit qu’avec ces marches nous insufflons à nouveau la vie dans le Hozhó [l’équilibre intérieur et extérieur] et je pense que c’est absolument correct. Je me suis rendu compte au tiers de la marche que ceci est plus grand que la fracturation, plus grand que le secteur de l’énergie, plus grand que l’extraction de ressources et qu’un gouvernement tribal corrompu. C’est vraiment un voyage de retour vers notre être d’origine, où à chaque marche, et j’espère chaque année où nous le ferons, nous parlons plus couramment notre langue, nous apprenons plus d’histoires sur notre pays et nos ancêtres. Au cours de la prochaine marche, je veux m’occuper de ramener notre herbologie traditionnelle aux marcheurs. »
Au cours de toutes les discussions avec les marcheurs, çà a été un thème récurant : la solution aux malheurs des Diné n’est pas nécessairement de se battre contre ce qu’ils ne veulent pas, mais d’incarner ce qu’ils veulent et retourner au mode de vie traditionnel.
« Quand nous étions à Tsoodził aujourd’hui, j’ai senti monter une vague de positivité » dit Dana Eldridge, une des principales organisatrices de la marche. « Nous avons vu beaucoup de mal, de choses horribles pendant notre voyage. Des choses qui font mal physiquement, émotionnellement et mentalement. Mais ce voyage m’a montré que Nihima Nahasdzáán [Notre Mère la Terre] a vraiment le pouvoir de guérir. Etre dehors, marcher dehors, çà vous soulève vraiment. En grimpant la montagne aujourd’hui, c’est tout ce que je sentais. Je ne pensais pas à la négativité. Je ne pensais pas combien toute cette destruction est affreuse. Je pensais seulement que tout est beau et combien je suis reconnaissante et heureuse d’avoir pu faire cette expérience. »
« Je pense que dans notre état d’origine nous étions un peuple d’espoir » dit Hood. « C’est en train de revenir. Il y a un an, bien que nous travaillions très dur pour comprendre ce qui se passe et travaillions avec la communauté, çà semblait sans espoir. J’ai ressenti une certaine forme de paralysie émotionnelle. Et cette marche me donne de l’espoir, maintenant. Je crois vraiment que les choses vont aller mieux. Je crois vraiment que nous reconstruisons nos vies, notre état d’origine. A chaque marche, je vois la beauté s’étendre de plus en plus, si on veut. »
D’après les organisateurs, cette marche était la première de quatre voyages principaux vers chacune des quatre montagnes sacrées des Diné (Tsoodził, Doo’ko’o’słííd, Dibe Nitsáá et Tsisnajini [Mont Taylor au Nouveau-Mexique, San Francisco Peaks en Arizona, Mont Hesperus dans le Colorado, Pic Blanca dans le Colorado]). Par cette première marche, les organisateurs disent avoir acquis beaucoup d’expérience utile pour les voyages à venir.
« Je suis très enthousiaste pour [la prochaine marche], sachant que nous en sommes capables, que ce ne sera pas un terrible échec » dit Eldridge. « Je crois vraiment que tout ce que nous devons faire après cela, c’est d’être avec la terre. Ce n’est que le début d’un réveil général. »
Comme le voyage avait commencé en mettant l’accent sur le rôle dirigeant des femmes et la guérison par les femmes, les personnes interviewées ont conclu leur mouvement par ce message :
« Je suis honorée et fière de marcher côte à côte avec ces vraies naataanii [leaders], nos femmes, des femmes Diné sans ego. C’est une marche de guérison pour notre terre, notre peuple, nos femmes, nos relations, notre mère, avec la confiance dans le fait de rétablir le hozhó [équilibre, harmonie]. C’est si ancien que c’est nouveau. C’est le remède dont on a besoin et seules les femmes peuvent l’apporter. Voir comment nos communautés vivent incite à l’humilité ; la fracturation hydraulique, les fuites d’eau toxique, la pollution, les explosions de réservoirs en face d’une école primaire. Il est temps. Nos Anciens en ont besoin. Notre Mère la Terre en a besoin. La nation aux cinq doigts en a besoin. Çà ne concerne pas seulement les Navajo, çà concerne tout le monde, tout ce qui vit, on a besoin de tout le monde. Quand les femmes se soutiennent, des choses incroyables se produisent » dit Kim Smith.
Amber Hood, une des principales militantes contre les épidémies de viols en Pays Indien dit : « Nous disons non à cette violence qui ne se produit pas par hasard. Notre pays subit la violence et cette violence se voit sur nos corps. Que ce soit les violences sexuelles dues à l’expansion des camps masculins, la contamination du lait maternel par les poisons, les fausses couches, les enfants nés avec des retards de développement, ce sont des façons diverses dont la violence imposée à notre terre touche directement le corps des femmes. Nous devons déchirer le voile qui nous fait croire que c’est normal, que c’est bien comme çà. Il est dit que pour chaque femme agressée, nous prions quatre fois pour le retour chez nous et sommes restaurées dans notre être et guéries. Que le plus de femmes possible marchent avec nous et reçoivent la guérison pour tous les traumatismes qu’elles portent, qu’elles soient restaurées dans leur être simultanément avec la guérison de notre terre, parce que quand nous guérissons, notre mère guérit et quand elle guérit, nous guérissons. »
Eldridge conclut son interview par de la gratitude : « Tsoodził est la montagne que les gens de notre peuple ont vue quand ils sont rentrés chez eux du camp de concentration. Quand je l’ai vue, je pensais combien j’étais exaltée et combien je me sentais positive et pleine d’espoir. Et c’est ce qu’on ressent en rentrant chez soi. »
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Le prochain voyage doit commencer le 21 mars, jour de l’équinoxe de printemps. Pour plus d’informations, contacter nihigaalbeeiina@gmail.com
Par Lyla Johnston
2 janvier 2015
Traduction Christine Prat
HUERFANO, Nouveau-Mexique – A l’aube du 6 janvier 2015, un groupe de jeunes femmes Diné (Navajo) et leurs supporters se rassembleront près d’une caserne de pompiers au pied de Dził Na’oodiłii (Mont Huerfano). De là, le groupe entreprendra une marche de 350 km à travers l’est du Nouveau-Mexique – en hommage au 150ème anniversaire de la tragique « Longue Marche ». Au cours de ce voyage, ils ont l’intention de faire prendre conscience des défis historiques et présents auxquels les Diné sont confrontés, et d’inspirer des solutions pour résoudre ces problèmes.
Les organisateurs lancent un appel à la communauté pour les soutenir en marchant avec eux, en les hébergeant ou en les aidant à se procurer le matériel de base. Le premier voyage se terminera à Tsoodził (Mont Taylor), leur montagne sacrée du sud. Trois autres marches seront organisées, au printemps, durant l’été et en automne, afin que chacune des quatre montagnes sacrées* soit visitée. Les marcheurs comptent parcourir 1600 km en 2015.
L’évènement commémoré a eu lieu en 1864, quand le Colonel Christopher ‘Kit’ Carson – sous le commandement du Général James Carleton – a appliqué une politique impitoyable de terre brûlée pour soumettre les Diné. A l’époque, près de 9000 Diné et 500 Apaches Mescalero, hommes, femmes, enfants et vieillards, ont été forcés de marcher à la pointe du fusil sur 480 km jusqu’à un petit morceau de terre aride connu sous le nom de Bosque Redondo, au Nouveau-Mexique. Beaucoup d’entre eux ont péri en route.
Pendant leurs quatre années d’internement dans cette ‘réserve expérimentale’** – appelée en Diné Hwééldii ou ‘lieu de la souffrance’ – des centaines sont morts de faim, de maladie et de violence physique. En 1868, le coût élevé des rations et des soldes des soldats ont conduit le gouvernement fédéral à annuler l’expérience et les libérer, les laissant retourner à Diné Tah, la patrie des Navajo.
« Nous marchons pour rendre honneur à la résilience de nos ancêtres qui, il y a 150 ans, ont été forcés de marcher sur des centaines de kilomètres au cours d’un hiver mortel, pour une marche génocidaire » dit Dana Eldridge, l’une des femmes organisatrices de la marche. « Ils ont tant sacrifié et tans souffert pour que nous puissions vivre au milieu de ces quatre montagnes sacrées. Alors nous marchons pour les honorer. »
D’après les organisateurs, la marche n’est pas une simple répétition de la Longue Marche, mais un retour au style de vie traditionnel.
« C’est quelque chose que les gens ne connaissent plus. Nous avons le confort d’avoir des véhicules. Mais marcher tout un voyage est quelque chose de révolutionnaire en un sens » dit le jeune organisateur Nick Ashley, de Gallup, au Nouveau-Mexique.
« Nos ancêtres ont marché afin que nous puissions être ici, dans notre pays, pour chanter, danser et prier leurs chants d’alors. Mais maintenant tout le monde poursuit le Rêve Américain et néglige notre pays, notre langue et notre mode de vie » dit Kimberly Smith de St. Michaels, en Arizona.
Plusieurs Anciens Diné, parmi lesquels Larry W. Emerson, pensent que les problèmes actuels pourraient être causés par « un abandon de soi-même. »
« L’un des buts de la marche pourrait être de nous ramener à nous-mêmes par le savoir traditionnel – dans nos foyers, nos familles, nos parents, nos communautés et le savoir de la terre et du ciel. Ké et k’é hwiindzin – être conscient de nos relations interdépendantes fondées sur la compassion, l’amour et l’éducation mutuelle – sont vitaux pour notre survie et nous ne pouvons pas revenir à nous-mêmes sans ces enseignements essentiels. [Nous] offrons plusieurs enseignements [aux marcheurs] pouvant concerner la pratique du retour à nous-mêmes chez nous, entre autres des chants de prière. »
D’après les organisateurs, la prière fondée sur la terre est une partie importante de leur voyage. « Tout ce que nous faisons est une prière pour retourner à notre être d’origine » dit Laura Red Elk de Pueblo Pintado, au Nouveau-Mexique. « Les montagnes étaient nos naat’áanii [leaders] d’origine, avant les gouvernements selon l’Indian Reorganization Act [de 1934] ou les conseils tribaux. Etant donné que notre gouvernement échoue à nous protéger, nous retournons à notre direction d’origine en laissant les montagnes déterminer comment nous marchons à travers notre terre. »
Les organisateurs et leurs Anciens ont choisi d’appeler leur mouvement « Nihígaal Bee Iiná » ou « Notre Voyage pour l’Existence. » A cause de la présence de l’uranium, du charbon et de l’extraction de gaz, largement répandus sur tout le territoire de Diné Tah, les organisateurs ont le sentiment que leur situation environnementale a atteint un point d’explosion.
« Il y a cent cinquante ans, nos ancêtres ont vu leur extinction en face. Et aujourd’hui, nous les jeunes voyons notre extinction en face. Notre foyer va devenir une friche toxique invivable si rien n’est fait » dit Dana Eldridge.
D’après l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis [EPA], près de 4 millions de tonnes d’uranium ont été extraits de Diné Tah depuis 1944. Avec plus de 500 mines d’uranium abandonnées dans la région, les maisons et les sources d’eau sont contaminées avec des taux de radiation élevés.
De plus, plus de 20000 tonnes de charbon par jour sont extraites par explosion, de mines à ciel ouvert, des terres Diné et Hopi, rien que par la firme Peabody Coal. Ce charbon alimente la Centrale Navajo, estimée par l’EPA comme étant le premier émetteur d’oxyde nitrique toxique des Etats-Unis.
Les organisateurs prévoient que la prochaine menace majeure sera le boom du pétrole et du gaz naturel obtenus par fracturation hydraulique – un procédé qui vient d’être interdit dans l’état de New York.
Erin Konsmo, du Réseau pour la Santé Sexuelle des Jeunes Autochtones d’Alberta, au Canada, dit que l’extraction de ressources n’est pas seulement une menace pour l’environnement : « Certains des plus forts taux de disparitions et de meurtres de femmes se trouvent dans les zones d’extraction de sables bitumineux. C’est lié aux camps de travailleurs et au manque de protection juridique pour les femmes sur les terres tribales. » Les organisateurs indiquent que la forte présence d’industries d’extraction a un effet similaire pour les femmes Diné***.
« Nous donnons la vie et nous l’entretenons, comme fait la terre. Notre structure de direction traditionnelle est matrilinéaire parce que nous sommes la colonne vertébrale de la société, nous donnons les premiers enseignements aux enfants. Nous voyageons pour retourner à notre moi d’origine, y compris notre responsabilité en tant que femmes de protéger la terre et d’en prendre soin » dit Laura Red Elk.
« C’est une raison de plus pour que cette marche soit conduite en majorité par des femmes. Dans la mesure où elles prennent soin de la terre, leur présence physique est en soi et pour soi une résistance à l’extraction minière » dit Konsmo.
Le salaire hebdomadaire des mineurs et travailleurs des centrales Diné rappelle constamment leur dépendance économique de l’industrie du carburant fossile. Les marcheurs espèrent faire prendre conscience de l’autosuffisance comme alternative à l’économie d’extraction minière. Ils disperseront les graines de maïs ancestrales dans les communautés le long de leur trajet et parleront de la souveraineté et de l’autonomie alimentaires.
« On nous dit d’investir dans notre propre destruction au nom de l’économie » dit Dana Eldridge. « Les gens disent que nous avons besoin de ces emplois, mais ce n’est pas vrai. Çà demandera une incroyable quantité de travail de prendre soin de nous-mêmes, mais c’est un beau rêve et en plus, c’est possible. »
Les organisateurs appellent d’autres à les rejoindre, spécialement s’ils sont Diné, pour faire une partie de la marche.
Kimberly Smith résume l’esprit de la marche en ces termes : « Nous devons retourner là où la sagesse est intrinsèque. Nous devons nous faire connaître à nouveau par ces lieus. C’est notre droit et notre responsabilité inhérents. La motivation dont notre peuple a besoin est là. Nous devons le rendre à notre peuple, nous voulons honorer nos Anciens, nos enfants, et, plus important, nous voulons honorer la Terre. »
Pour plus d’informations sur « Le Voyage Pour l’Existence » contacter nihigaalbeeiina@gmail.com .
Pour soutenir la campagne de financement du groupe aller sur le site : http://igg.me/p/1055200/x.
Lyla Johnston
2 janvier 2015
(00 1) (575) 779 4443
* Les quatre montagnes sacrées qui délimitent le territoire d’origine des Navajo : au sud, le Mont Taylor (Nouveau-Mexique), à l’ouest, les San Francisco Peaks (Arizona), au nord, le Mont Hesperus (Colorado), à l’est le Pic Blanca (Colorado). [NdT]
** En fait, ce fut le premier ‘camp de concentration’ : il a servi de modèle, d’abord à Lord Kitchener en Afrique du Sud, puis aux Nazis qui s’y sont spécifiquement référés. Se ce n’est pas allé jusqu’à l’extermination totale, c’est, comme il est dit dans l’article, faute de moyens pour entretenir les soldats qui gardaient le camp: il faut se souvenir que çà s’est passé pendant la Guerre de Sécession, que l’armée yankee combattait les Sudistes et disposait de fort peu de moyens en hommes et en matériel à mettre ailleurs. [NdT]
*** Les Lakota et Dakota du Dakota du Sud se sont aussi plaints des agressions de femmes aux alentours des camps de travailleurs construisant le pipeline, voir les articles suivants:
Faith Spotted Eagle Yankton Dakota, 24 avril 2014 (F. Spotted Eagle a dit que les ‘camps masculins’ pour les équipes des compagnies pétrolières avaient accru la violence envers les Nations Indiennes. Une femme Yankton sur trois a été agressée sexuellement par des non-Indiens, dit-elle)
Lakota de Rosebud, Christine Prat, 15 avril 2014
Société de la Femme Bison Blanc, 17 août 2013