PREMIERE DE ‘CRYING EARTH RISE UP’ AU FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE SEDONA

Article et photos Natalie Hand
Lakota Media Project/Owe Aku
Publié sur Censored News
2 mars 2015
Traduction Christine Prat

SEDONA, Arizona – Le documentaire, chargé d’émotions, « Crying Earth Rise Up” a été présenté devant une salle comble cette semaine, au Festival International du Film de Sedona.
La réalisatrice Suree Towfighnia et la monteuse Sharon Karp étaient présentes à la projection. « C’est la quatrième projection du film. Nous l’avons terminé il y a tout juste une semaine. Alors, je me sens soulagée et j’ai l’impression d’un accomplissement » dit S. Towfighnia.
Le film porte principalement sur deux femmes Oglala Lakota de la Réserve Indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud. Elisha Yellow Thunder est une jeune mère dont la fille, Laila, est née avec des anomalies internes. Le seul rein de Laila qui fonctionnait lâche à 8 ans. La recherche d’Elisha pour déterminer la cause des anomalies congénitales de sa fille la mène jusqu’à l’eau de sa terre natale. Diplômée en géologie, elle est dirigée par le Dr. Hannan La Garry, professeur de géologie et auteure d’une étude de 5 ans de l’hydrologie de la nappe aquifère Oglala. E. Yellow Thunder présente H. La Garry comme le mentor qui lui enseigne comment étudier l’eau et les résidus d’uranium dans sa terre natale comme cause possible du taux élevé de malformations congénitales ou de bébés mort-nés à Pine Ridge. « L’histoire de ma petite fille implique trop de choses pour ne pas être dite » a déclaré E. Yellow Thunder.

La réalisatrice Suree Towfighnia,  sa fille,
Debra White Plume,la monteuse
Sharon Karp, et Elisha Yellow Thunder

C’est l’eau qui a rapproché Elisha de Debra White Plume, une activiste de première ligne qui défie le géant minier canadien Cameo, qui exploite la mine d’uranium de Crow Butte, près de Crawford, dans le Nebraska, non loin de la réserve de Pine Ridge. Debra White Plume a déposé une intervention s’opposant au renouvellement pour 10 ans de la licence de Cameo et à sa demande d’expansion de ses opérations d’extraction en décembre 2007. Elle est la seule personne impliquée dans cette affaire contre Cameo. Dans le film, Debra White Plume attribue à la lixiviation in-situ de l’extraction à Crown Butte la contamination de la nappe aquifère sous sa terre. Le Dr. La Garry est témoin expert pour la défense de Debra White Plume.
« Le sujet de cette œuvre est de protéger l’eau précieuse, pour nous tous, pour Notre Mère la Terre et pour les générations à venir. Ce film nous aidera à dire la vérité au monde, partout où on manque d’eau, où il y a des sécheresses ou des inondations, ou où l’eau est tellement polluée qu’elle ne peut être consommée par des êtres humains. Nous exprimons notre vérité sur la base de notre amour pour nos générations futures » dit Debra White Plume devant un public debout pour l’ovationner.
C’est la deuxième production de S. Towfighnia qui met en scène l’activiste Oglala Debra White Plume. Sa première collaboration avec Debra White Plume était le film « Standing Silent Nation ».

 

 

Le film doit être projeté à Portland, Oregon ; Santa Fe, Nouveau Mexique ; en Californie, au Nebraska, dans la réserve Navajo et en d’autres endroits.

Pour plus d’informations ou pour organiser une projection, voir la page Facebook de « Crying Earth Rise Up »

 

Janine Yazzie, Diné, Six World Solutions initiative,
Debra et Louise Benally, Diné, anti-extraction minière.

Debra avec Klee Benally, chanteur et réalisateur.

 

LakotaMediaProjectInfoLakota Media Project est animé par des jeunes gens utilisant les multimédias pour présenter l’histoire des Lakota Oyate de notre propre point de vue. Ils font intégralement partie du travail de Owe Aku et sont un apport précieux pour enregistrer, documenter et partager la parole de nos jeunes, nos dirigeants et nos anciens. Avec le lien ci-dessous, vous pouvez vous abonner à leur page You Tube pour vous tenir au courant de ce travail critique de nos jeunes, qui contribue à nos efforts.
https://www.youtube.com/user/LakotaMediaProject1

 

 

Par Lyla Johnston
2 janvier 2015
Traduction Christine Prat

HUERFANO, Nouveau-Mexique – A l’aube du 6 janvier 2015, un groupe de jeunes femmes Diné (Navajo) et leurs supporters se rassembleront près d’une caserne de pompiers au pied de Dził Na’oodiłii (Mont Huerfano). De là, le groupe entreprendra une marche de 350 km à travers l’est du Nouveau-Mexique – en hommage au 150ème anniversaire de la tragique « Longue Marche ». Au cours de ce voyage, ils ont l’intention de faire prendre conscience des défis historiques et présents auxquels les Diné sont confrontés, et d’inspirer des solutions pour résoudre ces problèmes.

Les organisateurs lancent un appel à la communauté pour les soutenir en marchant avec eux, en les hébergeant ou en les aidant à se procurer le matériel de base. Le premier voyage se terminera à Tsoodził (Mont Taylor), leur montagne sacrée du sud. Trois autres marches seront organisées, au printemps, durant l’été et en automne, afin que chacune des quatre montagnes sacrées* soit visitée. Les marcheurs comptent parcourir 1600 km en 2015.

L’évènement commémoré a eu lieu en 1864, quand le Colonel Christopher ‘Kit’ Carson – sous le commandement du Général James Carleton – a appliqué une politique impitoyable de terre brûlée pour soumettre les Diné. A l’époque, près de 9000 Diné et 500 Apaches Mescalero, hommes, femmes, enfants et vieillards, ont été forcés de marcher à la pointe du fusil sur 480 km jusqu’à un petit morceau de terre aride connu sous le nom de Bosque Redondo, au Nouveau-Mexique. Beaucoup d’entre eux ont péri en route.

Pendant leurs quatre années d’internement dans cette ‘réserve expérimentale’** – appelée en Diné Hwééldii ou ‘lieu de la souffrance’ – des centaines sont morts de faim, de maladie et de violence physique. En 1868, le coût élevé des rations et des soldes des soldats ont conduit le gouvernement fédéral à annuler l’expérience et les libérer, les laissant retourner à Diné Tah, la patrie des Navajo.

« Nous marchons pour rendre honneur à la résilience de nos ancêtres qui, il y a 150 ans, ont été forcés de marcher sur des centaines de kilomètres au cours d’un hiver mortel, pour une marche génocidaire » dit Dana Eldridge, l’une des femmes organisatrices de la marche. « Ils ont tant sacrifié et tans souffert pour que nous puissions vivre au milieu de ces quatre montagnes sacrées. Alors nous marchons pour les honorer. »

D’après les organisateurs, la marche n’est pas une simple répétition de la Longue Marche, mais un retour au style de vie traditionnel.

« C’est quelque chose que les gens ne connaissent plus. Nous avons le confort d’avoir des véhicules. Mais marcher tout un voyage est quelque chose de révolutionnaire en un sens » dit le jeune organisateur Nick Ashley, de Gallup, au Nouveau-Mexique.

« Nos ancêtres ont marché afin que nous puissions être ici, dans notre pays, pour chanter, danser et prier leurs chants d’alors. Mais maintenant tout le monde poursuit le Rêve Américain et néglige notre pays, notre langue et notre mode de vie » dit Kimberly Smith de St. Michaels, en Arizona.

Plusieurs Anciens Diné, parmi lesquels Larry W. Emerson, pensent que les problèmes actuels pourraient être causés par « un abandon de soi-même. »

« L’un des buts de la marche pourrait être de nous ramener à nous-mêmes par le savoir traditionnel – dans nos foyers, nos familles, nos parents, nos communautés et le savoir de la terre et du ciel. Ké et k’é hwiindzin – être conscient de nos relations interdépendantes fondées sur la compassion, l’amour et l’éducation mutuelle – sont vitaux pour notre survie et nous ne pouvons pas revenir à nous-mêmes sans ces enseignements essentiels. [Nous] offrons plusieurs enseignements [aux marcheurs] pouvant concerner la pratique du retour à nous-mêmes chez nous, entre autres des chants de prière. »

D’après les organisateurs, la prière fondée sur la terre est une partie importante de leur voyage. « Tout ce que nous faisons est une prière pour retourner à notre être d’origine » dit Laura Red Elk de Pueblo Pintado, au Nouveau-Mexique. « Les montagnes étaient nos naat’áanii [leaders] d’origine, avant les gouvernements selon l’Indian Reorganization Act [de 1934] ou les conseils tribaux. Etant donné que notre gouvernement échoue à nous protéger, nous retournons à notre direction d’origine en laissant les montagnes déterminer comment nous marchons à travers notre terre. »

Les organisateurs et leurs Anciens ont choisi d’appeler leur mouvement « Nihígaal Bee Iiná » ou « Notre Voyage pour l’Existence. » A cause de la présence de l’uranium, du charbon et de l’extraction de gaz, largement répandus sur tout le territoire de Diné Tah, les organisateurs ont le sentiment que leur situation environnementale a atteint un point d’explosion.

« Il y a cent cinquante ans, nos ancêtres ont vu leur extinction en face. Et aujourd’hui, nous les jeunes voyons notre extinction en face. Notre foyer va devenir une friche toxique invivable si rien n’est fait » dit Dana Eldridge.

D’après l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis [EPA], près de 4 millions de tonnes d’uranium ont été extraits de Diné Tah depuis 1944. Avec plus de 500 mines d’uranium abandonnées dans la région, les maisons et les sources d’eau sont contaminées avec des taux de radiation élevés.

De plus, plus de 20000 tonnes de charbon par jour sont extraites par explosion, de mines à ciel ouvert, des terres Diné et Hopi, rien que par la firme Peabody Coal. Ce charbon alimente la Centrale Navajo, estimée par l’EPA comme étant le premier émetteur d’oxyde nitrique toxique des Etats-Unis.

Les organisateurs prévoient que la prochaine menace majeure sera le boom du pétrole et du gaz naturel obtenus par fracturation hydraulique – un procédé qui vient d’être interdit dans l’état de New York.

Erin Konsmo, du Réseau pour la Santé Sexuelle des Jeunes Autochtones d’Alberta, au Canada, dit que l’extraction de ressources n’est pas seulement une menace pour l’environnement : « Certains des plus forts taux de disparitions et de meurtres de femmes se trouvent dans les zones d’extraction de sables bitumineux. C’est lié aux camps de travailleurs et au manque de protection juridique pour les femmes sur les terres tribales. » Les organisateurs indiquent que la forte présence d’industries d’extraction a un effet similaire pour les femmes Diné***.

« Nous donnons la vie et nous l’entretenons, comme fait la terre. Notre structure de direction traditionnelle est matrilinéaire parce que nous sommes la colonne vertébrale de la société, nous donnons les premiers enseignements aux enfants. Nous voyageons pour retourner à notre moi d’origine, y compris notre responsabilité en tant que femmes de protéger la terre et d’en prendre soin » dit Laura Red Elk.

« C’est une raison de plus pour que cette marche soit conduite en majorité par des femmes. Dans la mesure où elles prennent soin de la terre, leur présence physique est en soi et pour soi une résistance à l’extraction minière » dit Konsmo.

Le salaire hebdomadaire des mineurs et travailleurs des centrales Diné rappelle constamment leur dépendance économique de l’industrie du carburant fossile. Les marcheurs espèrent faire prendre conscience de l’autosuffisance comme alternative à l’économie d’extraction minière. Ils disperseront les graines de maïs ancestrales dans les communautés le long de leur trajet et parleront de la souveraineté et de l’autonomie alimentaires.

« On nous dit d’investir dans notre propre destruction au nom de l’économie » dit Dana Eldridge. « Les gens disent que nous avons besoin de ces emplois, mais ce n’est pas vrai. Çà demandera une incroyable quantité de travail de prendre soin de nous-mêmes, mais c’est un beau rêve et en plus, c’est possible. »

Les organisateurs appellent d’autres à les rejoindre, spécialement s’ils sont Diné, pour faire une partie de la marche.

Kimberly Smith résume l’esprit de la marche en ces termes : « Nous devons retourner là où la sagesse est intrinsèque. Nous devons nous faire connaître à nouveau par ces lieus. C’est notre droit et notre responsabilité inhérents. La motivation dont notre peuple a besoin est là. Nous devons le rendre à notre peuple, nous voulons honorer nos Anciens, nos enfants, et, plus important, nous voulons honorer la Terre. »

Pour plus d’informations sur « Le Voyage Pour l’Existence » contacter nihigaalbeeiina@gmail.com .
Pour soutenir la campagne de financement du groupe aller sur le site : http://igg.me/p/1055200/x.

Lyla Johnston
2 janvier 2015
(00 1) (575) 779 4443

 

* Les quatre montagnes sacrées qui délimitent le territoire d’origine des Navajo : au sud, le Mont Taylor (Nouveau-Mexique), à l’ouest, les San Francisco Peaks (Arizona), au nord, le Mont Hesperus (Colorado), à l’est le Pic Blanca (Colorado). [NdT]

Courtesy Lyla Johnston

 

** En fait, ce fut le premier ‘camp de concentration’ : il a servi de modèle, d’abord à Lord Kitchener en Afrique du Sud, puis aux Nazis qui s’y sont spécifiquement référés. Se ce n’est pas allé jusqu’à l’extermination totale, c’est, comme il est dit dans l’article, faute de moyens pour entretenir les soldats qui gardaient le camp: il faut se souvenir que çà s’est passé pendant la Guerre de Sécession, que l’armée yankee combattait les Sudistes et disposait de fort peu de moyens en hommes et en matériel à mettre ailleurs. [NdT]

*** Les Lakota et Dakota du Dakota du Sud se sont aussi plaints des agressions de femmes aux alentours des camps de travailleurs construisant le pipeline, voir les articles suivants:
Faith Spotted Eagle Yankton Dakota, 24 avril 2014
(F. Spotted Eagle a dit que les ‘camps masculins’ pour les équipes des compagnies pétrolières avaient accru la violence envers les Nations Indiennes. Une femme Yankton sur trois a été agressée sexuellement par des non-Indiens, dit-elle)
Lakota de Rosebud, Christine Prat, 15 avril 2014
Société de la Femme Bison Blanc, 17 août 2013