Par le Bastion Apache
Publié par Censored News
22 octobre 2021
Traduction Christine Prat, CSIA

SAN FRANCISCO – Ce jour, la position du Gouvernement des Etats-Unis dans l’affaire opposant le Bastion Apache aux Etats-Unis, à l’audience en appel de la Cour du 9ème Circuit, a confirmé que la destruction de la Religion Apache ne préoccupe pas le Gouvernement des Etats-Unis et n’est pas une obligation pour les Etats-Unis, confirmant le fait que l’oppression des Autochtones n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais un obstacle à leurs actions.

« Nous savions où nous en étions depuis le début, maintenant le Gouvernement des Etats-Unis admet que nous ne comptons pas et qu’ils sont propriétaires de toutes les terres fédérales et des décisions concernant les terres, notre connexion avec elles ne les préoccupe pas. »

Le Dr. Wendsler Nosie Sr avait déclaré avant les débats, « Restez concentrés, écoutez ce que sera la réfutation des Etats-Unis. » À la conférence de presse finale, Nosie déclara : « Vous avez bien entendu. En Pays Indien, tout ce qui se trouve sur des terres fédérales n’est pas en sécurité, notre existence ne compte pas, car nous sommes toujours considérés comme des prisonniers de guerre dans ce pays. En ce qui concerne la religion, toute religion est menacée, ils possèdent toutes les terres, et toutes les propriétés, peu importe ce qui est sacré ou saint, ça ne veut rien dire. »

Le Bastion Apache a voyagé d’Oak Flat à San Francisco, visitant des Tribus et obtenant des prières, dans cette lutte religieuse pour empêcher une grande compagnie étrangère de détruire Oak Flat. Ça a été autorisé par le Gouvernement des Etats-Unis par un avenant ajouté à la Loi d’Autorisation du Budget de la Défense en 2015, permettant des exemptions de lois qui protègent la Terre et protègent la liberté Religieuse.

La Cour du 9ème Circuit a entendu les arguments déterminant si une injonction préliminaire allait empêcher le Gouvernement de procéder à l’échange de terres avant qu’une décision soit prise dans l’affaire. Les décisions dans cette affaire affecteront la définition de « dommage imminent » à des sites sacrés, « de fardeau considérable » pour les droits religieux, l’empêchement d’exercer la religion, la reconnaissance d’une religion Amérindienne comme les autres religions du monde, la capacité du Congrès d’utiliser le « pouvoir plénier » pour contourner sa propre législation. En substance, l’autorisation pour de l’argent privé d’acheter et d’influencer les membres du Congrès, en dépit des lois établies pour protéger les religions.

Les Cours qui décideront soit de voir le Mal pour ce qu’il est, soit d’autoriser la destruction parce que les Juges suivent les mêmes règles que celles qui nous ont menés jusque là (les règles qui les ont autorisés à prendre des décisions sans remords ni conséquences).

L’avocat du Bastion Apache, Luke Goodrich a expliqué les arguments au cours d’une conférence de presse après l’audience, « ce que vous venez entendre aujourd’hui, c’était les arguments oraux de la Cour d’Appel du 9ème Circuit des Etats-Unis, et c’est la Cour qui va décider si oui ou non le Gouvernement peu continuer dans ses projets de livrer Oak Flat à une compagnie minière étrangère et autoriser sa destruction complète, et les faits ne sont pas discutables dans cette affaire.

« Oak Flat était un territoire Apache avant que les Etats-Unis n’existent, jusqu’à ce que le Gouvernement des Etats-Unis ne le prenne par la force. Oak Flat est le centre de l’existence religieuse des Apaches, c’est le site de pratiques religieuses cruciales qui ne peuvent pas être délocalisées, et cependant, notre Gouvernement a l’intention de transférer Oak Flat à une mine de cuivre pour sa destruction complète, et mettre fin à ces pratiques religieuses pour toujours. Alors, ce que nous défendons devant la Cour aujourd’hui, c’est que cette action de notre Gouvernement n’est pas seulement injuste, mais aussi qu’elle viole de multiples lois fédérales, entre autres la loi de restauration de la liberté religieuse, la clause de libre exercice de la Constitution, et les propres traités du Gouvernement, signés en 1852 avec les Apaches de l’Ouest » dit l’avocat Goodrich.

« Les Etats-Unis, notre gouvernement, l’Administration Biden, a déclaré avoir l’autorité complète sur toutes les terres fédérales, pour détruire tous les sites sacrés qu’il désire et ne se soumettra à aucun contrôle pour cela. C’était un argument d’une ampleur considérable de la part du gouvernement fédéral, et ça devrait être profondément inquiétant pour tous les Américains, en particulier les Américains croyants, parce que ce n’est pas seulement le Bastion Apache, ni les Apaches de l’Ouest et leurs pratiques qui sont en question aujourd’hui, la position du gouvernement d’aujourd’hui menace tous les gens de foi. Je pense que le bon côté de la dureté et de la brutalité du gouvernement aujourd’hui, c’est que la position du gouvernement a été complètement dévoilée. »

« Les Juges ont posé quelques questions très difficiles au gouvernement, et le gouvernement n’avait pas de bonnes réponses, et l’espoir que j’emporte est que le gouvernement U.S., le gouvernement Biden, n’a pas le dernier mot, la Cour aura le dernier mot dans cette affaire, et si cette Cour ne prend pas la bonne décision, nous pourrons aller en appel à la Cour Suprême. À la fin de la journée, ce que fait le gouvernement, ici, est si flagrant et si regrettable, que nous avons la ferme conviction que nous allons l’emporter.

« Le gouvernement ne va pas être autorisé à détruire Oak Flat, et les grand-mères, les mères et les filles qui ont tenu leurs cérémonies ici, seront autorisées à les transmettre aux générations futures et c’est une bonne chose, non seulement pour les Apaches, mais pour tout le monde dans ce pays » dit l’avocat Goodrich.

Quand il lui fut demandé s’il y avait un préjugé dans la façon dont d’autres religions étaient traitées par opposition aux Apaches, l’avocat Goodrich répondit que c’était une question qui s’était effectivement posée ce jour, et que si c’était la Cathédrale St. Patrick dont le gouvernement s’emparait et la détruisait, le gouvernement devrait admettre que c’est un fardeau considérable pour la religion, mais le gouvernement a pris Oak Flat, a chassé les Apaches du territoire, et il dit maintenant que ce n’est pas un fardeau trop lourd. Donc, sans aucun doute, il y a bien un préjugé, c’est un fait dans l’histoire des Etats-Unis. »

Le Bastion Apache remercie tous les avocats pour leur énorme travail, et tous les gens qui étaient présents à l’audience. Le Dr Wendsler Nosie Sr déclara : « Ce message est transmis à toutes les directions tribales, tous les gouvernements tribaux, tous les gens de ce pays que nous devons maintenant défendre. La terre à l’intérieur des limites de notre réserve est une terre fédérale, et notre croyance que « c’est notre terre » s’y oppose complètement. Vivre sur des terres Tribales n’est pas une sécurité pour notre avenir et c’est justement ce que le gouvernement qui contrôle, le gouvernement des Etats-Unis, nous dit. »

Dr. Wendsler Nosie Sr.
(00 1 928) 200-7762

 


Par Indigenous Action Media
8 octobre 2021
Traduction Christine Prat

Les organisations Autochtones à but non-lucratif sont le problème.

Le Complexe Industriel Non-Lucratif [Non-profit Industrial Complex – NPIC – ci-après CINL] est un système de relations conçu par les forces coloniales et capitalistes pour gérer et neutraliser les véritables organisations radicales.

  1. Le Complexe Industriel Non-Lucratif [CINL] est par essence profiteur et colonial.
    Le CINL a été établi pour gérer les groupes sociaux et environnementaux avec la même structure que les grandes entreprises. Les Organisations à But Non-Lucratif [Non-Profit Organizations – NPOs – ci-après OBNL] cooptent la dynamique du mouvement dans des campagnes qu’ils arrivent à contrôler et à capitaliser. Fondées sur le modèle de la charité, les OBNL concentrent leurs ressources dans la construction du pouvoir organisationnel, et non du pouvoir de la communauté, et par là dépouillent l’organisation radicale libératoire de première ligne de ressources essentielles, tout en reproduisant ou prolongeant l’inégalité et les hiérarchies sociales.
  2. Le Complexe Industriel Non-Lucratif entretient le capitalisme.
    Des familles, des individus, des fondations riches, des classes possédantes et des grandes compagnies utilisent le CINL pour protéger leur fortune des impôts. Ces capitalistes donnent des millions mais économisent bien plus de millions en profitant de la déductibilité des impôts des CINL. Ils n’ont pas le but sincère de mettre un terme aux injustices qu’ils ont souvent perpétuées et dont ils profitent.
  3. Les Organisations à But Non-Lucratif sont responsables devant leurs donateurs, pas leurs communautés.
    les rapports sur le financement de la plupart des OBNL ne sont pas transparents. Elles opèrent avec un certain niveau de secret pour s’assurer que les communautés désespérées, auxquelles elles imposent leur représentation, ne voient pas quel profit ils tirent de leur misère. Ils conçoivent souvent des budgets gonflés pour leur gain personnel et ne sont pas créatifs de ressources. En dernière analyse, ils créent des incitations à exploiter les luttes.
  4. Les Organisations à But Non-Lucratif encouragent des relations de pouvoir abusives.
    À cause de leur structure artificielle, et de la nature de l’attribution de postes comme ‘emplois’ du mouvement ou comme titres professionnels, la culture de la sécurité et les pratiques intersectionnelles sont presque toujours compromises dans ces groupes. Le plus souvent, les qualifications sont limitées à ceux qui ont des dossiers universitaires ou d’activisme, et ne sont pas fondées sur le dévouement ni l’engagement pour les causes défendues, ni sur le gros travail nécessaire pour faire face à des actions et des conduites répressives. Les OBNL Autochtones hiérarchiques sont facilement corrompues par le copinage, le népotisme et l’hétéro-patriarcat. Les « leaders » exploitent généralement les causes pour construire leur capital social et leur pouvoir. Une fois ces organisations établies, les individus abusifs qui les gèrent ont souvent les mains libres, à cause d’un manque de responsabilité fondée sur la communauté, et de leurs positions attitrées qui les absolvent de causer du tort. Les OBNL sont aussi des gardiennes notoires qui ont transformé et déformé ce pourquoi des mouvements politiques de la base, comme l’abolition et l’aide réciproque, avaient combattu dans l’histoire. Elles sapent aussi et délégitimisent les radicaux, dont elles cooptent le travail tout en canalisant et accumulant les ressources de ces individus, groupes ou activités. D’une manière générale, elles aliènent implicitement les tendances radicales par leur existence même, ce qui ne compromet pas seulement des ressources et du soutien potentiels, mais aussi leur sécurité. La professionnalisation de l’activisme et des mouvements en a piégé beaucoup, par le solide mensonge de l’indépendance et des relations réifiées qui sont dans une tension constante avec la pratique réelle de l’Aide Mutuelle.
    Les OBNL ont aussi collaboré ouvertement avec les agences de l’état et les forces de l’ordre, pour dénoncer, distancer et criminaliser les radicaux. Ceci a historiquement régulé notre résistance à ces structures répressives.
  5. Les stratégies des Organisations à But Non-Lucratif sont explicitement réformistes.
    En dépit du jargon radical et révolutionnaire de décolonisation qu’elles emploient, les OBNL ne veulent pas mettre fin au colonialisme et au capitalisme, parce qu’elles n’auraient pas d’emploi sans ces systèmes d’oppression. Les OBNL observent les mouvements et les cassent en campagnes gérables conformes aux conditions posées par les grandes fondations capitalistes pour obtenir des subventions. Elles éradiquent les tendances radicales en s’organisant avec des tactiques de gestion telles que « Désobéissance Civile Non-Violente » et redirige l’énergie populaire afin de mendier des concessions des politiciens coloniaux. Leur langage peut être radical, mais leurs actions sont modelées par la respectabilité et la légitimité qu’elles cherchent à maintenir auprès de leurs donateurs capitalistes et pour leurs buts politiques. Les colonisateurs ne vont pas renoncer à leur pouvoir par de la mauvaise publicité, les élections ou du lobbying agressif. Ces tactiques servent à renforcer le pouvoir colonial et à déradicaliser tous les efforts libérateurs.
  6. Les Organisations à But Non-Lucratif Peuvent Perpétuer une Fausse Représentation.
    Certaines OBNL paraissent être conduites radicalement par des Peuples Autochtones, mais leurs financiers ne sont pas Autochtones et elles n’ont pas de connexion réelle avec les communautés et les luttes qu’elles prétendent représenter. Seeding Sovereignty, en tant que mouvement conduit par des Non-Autochtones, est un exemple de base de cette mystification insidieuse et de course au profit. D’autres OBNL peuvent être dirigée par des Peuples Autochtones et fondées sur un mouvement de la base, et pourtant utiliser ces mouvements comme tremplin pour des gains personnels (financiers ou en influence) ou pour poursuivre des carrières politiques. Etant donné leurs ressources (et leur accès à des ressources), elles dominent souvent les discours des luttes. Agissant comme seules voix des questions Autochtones, beaucoup de OBNL dans le Mouvement pour la Justice Climatique ont des agendas dirigés par des OBNL sociales et environnementales de colons, comme 350.org ou le Sierra Club.

La stratégie générale du Complexe Industriel À But Non-Lucratif ne fait que maintenir les relations de pouvoir et le capitalisme.

Des groupes comme le Collectif NDN sont les meilleurs exemples des problèmes dus au Complexe Industriel Non-Lucratif. Ils ont coopté le terme ‘collectif’, qui est une pratique radicale non-hiérarchique, mais sont structurés avec un président et un PDG. Ils achètent et entretiennent de la propriété privée en tant que campagne ‘Rendez les Terres’, qui n’est pas une action radicale anticoloniale destinée à construire l’autonomie Autochtone, mais une stratégie capitaliste. Leur PDG est payé plus de 200 000 dollars par an et leur budget de fonctionnement annuel est de plus de 10 millions de dollars. Ils ont reçu récemment plus de 10 millions de dollars du capitaliste extrême et exploiteur de la classe ouvrière, Jeff Bezos. Le Collectif NDN s’organise avec l’idée de ‘Décoloniser la Richesse’, ce qui n’est en fait qu’une stratégie de marketing pour réduire en marchandises et gagner de l’argent des luttes Autochtones. Au plus haut point de la pandémie de COVID-19, en 2020, les Organisations Autochtones à But Non-Lucratif se sont précipitées pour s’approprier des fonds et appeler leurs actions ‘Aide Mutuelle’, alors qu’elles distribuaient des fonds et des ressources sous forme d’assistanat. Ce n’est pas de l’aide mutuelle, mais des actes de charité qui servent à maintenir les communautés dans la dépendance vis-à-vis des systèmes hiérarchiques et exploiteurs que nous voulons abolir.

Le Complexe Industriel à But Non-Lucratif est une barrière à la construction d’un pouvoir collectif vers la libération.

Le capitalisme Autochtone n’est pas la libération. Il faut détruire le Complexe Industriel à But Non-Lucratif !

Financez et soutenez directement les communautés de base en première ligne et les groupes et organisateurs Autochtones autonomes.

Voir aussi (en anglais) :

The Revolution Will Not Be Funded: Beyond the Non-Profit Industrial Complex
Decolonization is not a metaphor
Anti-History : An Indigenous Anti-Capitalist Analysis
Nonprofit Industrial Complex 101: a primer on how it upholds inequity and flattens resistance
What’s the Nonprofit Industrial Complex and why should I care?

 

Jour de Rage des Peuples Autochtones, Deuxième Round – à Kinłani
Publié par Indigenous Action Media
14 octobre 2021
Traduction française Christine Prat

Au coucher du soleil, ce dimanche 10 octobre, une foule d’Autochtones et de complices s’est rassemblée devant l’hôtel de ville de Flagstaff et a monté trois tentes. Les flics sont venus pour intimider, mais de ce que nous pouvions voir, personne n’écoutait ce qu’ils essayaient d’exprimer.

Un contingent d’un groupe Autochtone ‘progressiste’ appelé ‘Cercle Autochtone de Flagstaff’ a essayé de communiquer ce que la police n’avait pas pu. Quelque chose comme ‘le changement vient de la politique’, ‘ne pas vouloir que quelque chose de « mal » arrive aux manifestants’. Il y eut quelque chose qui ressemblait à un débat, mais nous n’étions pas assez proche pour entendre ce qui se passait et avons décidé d’ignorer cette tentative claire de réguler le mouvement. Après tout, la nuit arrivait et nous n’étions pas là pour discuter avec des Autochtones qui tournent autour du pouvoir.

Un numéro de soutien a été distribué avec le message « Nous ne sommes pas là pour que plus d’entre nous soient enfermés par le système. Notre intention est de ne pas se faire arrêter, et s’ils essaient, de faire en sorte que ça n’arrive pas. » Des mots furent dits dans un mégaphone, mais nous avons appris à zapper cette fréquence-là, après des années de manifestations, le mégaphone se retrouve toujours dans les mêmes mains et nos oreilles sont fatiguées des acclamations.

Une banderole orange ouvrait la marche, avec le slogan « Vengez les Enfants Autochtones », en référence au violent héritage des pensionnats, qui a refait surface avec de puissants appels à la reconnaissance des responsabilités, dans tous les soi-disant Etats-Unis et le KKKanada. Le groupe a commencé à marcher rapidement sur le trottoir. Des flics en vélo essayaient de nous diriger, mais nous étions rapides. Nous les avons dépassés en les poussant et en scandant « À qui sont ces rues ? Nos rues. À qui est ce pays ? Le pays des Autochtones. » et nous avons pris le croisement de la Route 66 et de la rue San Francisco, qui est le croisement le plus fréquenté du centre-ville. Des voitures de flics sont arrivées en trombe. La circulation dans le centre était complètement arrêtée. Le joueur de tambour a entamé un chant de ronde, et d’abord il semblait que certains d’entre nous hésitaient entre danser et tenir des banderoles. Mais nous avons pris notre temps. Le tambour continuait et le son rebondissait sur les murs de cette colonie, moins vieille que nos grands-parents. Sur les banderoles, on pouvait lire ‘le Colonialisme est une Peste’, ‘Résistance Autochtone’, ‘Rendez Nos Terres’ [‘Land Back’] et beaucoup d’autres slogans. Elles furent entrainées dans la danse qui a duré environ 20 minutes.

A un moment, la foule s’est rassemblée autour d’une statue odieuse et controversée d’un ouvrier des chemins de fer Blanc (ce qui cache la réalité du travail forcé Chinois et l’arrivée de vagues successives d’envahisseurs coloniaux par les chemins de fer). La statue fut ornée de peinture rouge. Des participants utilisèrent des banderoles comme couverture tactique, puis continuèrent leur chemin.

Des flics suivaient, essayant de prendre la tête du cortège. Quelqu’un a déclenché un tir massif de fumigènes. Les rues du centre de ‘Flagstaff’ semblaient emplies d’ancêtres en colère émergeant de la fumée en scandant « On emmerde Colomb, on emmerde la police ! » Ça semblait être les cauchemars des colonisateurs venus hanter le futur qu’ils ont volé. En déversant des millions de litres d’eau des chiottes recyclée sur les Pics San Francisco sacrés. En attaquant les Autochtones SDF et en les laissant geler durant les mois d’hiver. En arrêtant ce qui représente la moitié de la population Autochtone chaque année. En ne faisant absolument rien quand des femmes Autochtones sont disparues ou assassinées. Vanessa Lee. Ariel Bryant. Nicole Joe. Nous avons hurlé leurs noms et renforcé notre rage. Nous n’étions pas là pour débattre, plaider ou négocier, comme les Autochtones pacifiés qui ont essayé de nous faire de la place dans leurs chaînes. Nous étions là pour célébrer notre digne rage (comme les Zapatistas ont si bien nommé cette colère qui est un puissant composant de siècles de résistance au colonialisme). Un autre carrefour très fréquenté fut pris et une ronde s’en est suivie. Des colonisateurs hurlèrent quelque chose et s’entendirent promptement signifier d’aller ‘se faire foutre’. Il y eut un moment où la manifestation s’est arrêtée dans une zone centrale de la ville, et une de nos sœurs, qui avait été là à chaque stade intense du parcours, prit la parole (nous la citons de mémoire) : « Ariel Bryant était ma meilleure amie. Elle a disparu et les flics m’ont dit de ne pas la rechercher. Elle a été trouvée morte et rien n’a été fait. Je suis ici pour toutes les femmes, les filles, les trans et les deux-esprits Autochtones assassinées ou disparues. » Une autre personne Autochtone, qui dit être de Tsé Bit’a’í, parla d’une Diné âgée, qui s’appelait Ella Mae Begay, disparue depuis des mois. « Personne ne prend cela au sérieux, à part sa famille et quelques membres de la communauté. » Elles dirent que descendre dans la rue pour exprimer leur rage pour la disparition de parents, était une expérience forte.

L’an dernier, il y avait plus de monde dans la rue (moins de gens parce que les protestations s’essoufflent ? On emmerde les activistes, de toutes façons). Mais cette année, l’esprit et le feu était tout aussi intense. Certains de nos amis ne sont pas venus parce qu’ils avaient des affaires en justice. D’autres amis en ont assez de protester et se concentrent sur des actions directes clandestines. (Ce qui nous a donné le plaisir de voir des redécorations colorées se produire dans d’autres espaces à travers la ville).

Partout, les politiciens, les flics, les colons et les vendus étaient effrayés de découvrir combien est fragile en réalité la façade de leurs structures coloniales. Les proclamations reconnues officiellement de Jour des Peuples Autochtones et leurs ‘célébrations’ leur épargnent la responsabilité et d’avoir à rendre des comptes, dus depuis si longtemps. Quelque fois, c’est l’alchimie de la catharsis qui nous aide à tenir face au désespoir du traumatisme produit par le colonialisme et la violence physique que nous (et le territoire aussi traumatisé) devons affronter chaque jour. Ce que nous ressentions était une guérison. Ce que nous ressentions était la lutte anticoloniale. Quand des monuments (et les systèmes de violence qui les maintiennent) tombent, notre peuple ne peut que s’élever. Foutons-les tous en l’air. Que le contrôle du mouvement et les ‘scouts Indiens’ aillent se faire foutre. On emmerde la proclamation par Biden d’un Jour des Peuples Autochtones.

Un hashké Diné anonyme

 

Jour de Rage des Peuples Autochtones 2021 : Rapport sur l’Action
Par www.Indigenouspeoplesdayofrage.org
Publié par Indigenous Action Media
14 octobre 2021
Traduction française Christine Prat

De soi-disant Edmonton, Alberta, au nord, jusqu’à ‘Tampa, Floride’, et à travers toute l’île de la Tortue, de Sacramento, en Californie, à Washington D.C. – des résistants ont foncé, dimanche 10 octobre 2021 (et quelques jours avant et après) pour le Jour de Rage des Peuples Autochtones (Contre le Colonialisme) – Deuxième Round.

Nous avons vu flotter des banderoles, des marches militantes, des attaques à la peinture contre des institutions de colons, et beaucoup de gêne sur les visages des colonisateurs avant même que le jour commence. Apparemment, les politiciens, entre autres les maires de villes durement touchées par les actions du Jour de Rage des Peuples Autochtones de l’an dernier, ont inscrit des heures supplémentaires pour leurs lignes de défense de plus en plus minces, tandis que des membres du clergé se penchaient aux fenêtres anxieusement, alors qu’ils montaient la garde 24h sur 24 en anticipation de ce qui allait advenir. C’était vraiment un beau jour pour être Autochtone – pas un si beau jour pour être une relique coloniale, comme a été démontré par la statue de l’infâme génocidaire maniaque Andrew Jackson, dans le Parc Lafayette, dont la base a été bombée avec « VOUS NOUS TROUVEREZ », en référence au slogan classique de la résistance Autochtone, « Respectez-nous ou vous nous trouverez ».

Maintenant que des monuments à la gloire de colonisateurs, partout dans le monde, ont été vandalisés, démolis, et/ou cérémonieusement jetés dans des rivières, au cours des deux dernières années – c’était grandiose de voir Andrew Jackson entrer dans le club ! Tout comme la statue de Colomb à Tampa, en Floride, et celle d’Abraham Lincoln à soi-disant Bennington, dans le Vermont (pas de photos).

La ruine qu’est devenu le commissariat du 3e district [à Minneapolis], entièrement brûlé l’an dernier, au cours des manifestations pour George Floyd, a été décorée avec une banderole « Vengez les Enfants Autochtones », rendant compte des milliers de vies perdues dans des pensionnats ou des écoles résidentielles dans tout le continent, de la fin du XIXème siècle jusqu’au milieu du XXème.

Le Sud-ouest a connu des manifestations proclamant « Plus de Sœurs Volées », au nom de la campagne MMIWG2ST, et un rassemblement appelant à la démascottisation d’images Autochtones, utilisées par une vieille compagnie raciste de Durango, dans le Colorado. À Kinłani occupée (‘Flagstaff, Arizona’), un rassemblement et une manifestation ont conduit au blocage des principaux carrefours, pour une ronde radicale qui a piégé la circulation. Une statue coloniale a été vandalisée et des fumigènes lancés dans tout le centre-ville, en une sorte de pagaille anticoloniale.

Entre-temps, sur la Côte Ouest, les routes étaient bordées de banderoles, de la Californie occupée jusqu’au KKKanada. Des gens à San Rafael occupé exigeaient que la ville abandonne les poursuites contre des Protecteurs/Défenseurs (voir https://ip5solidarity.org/ ), tandis que le long de routes à Sacramento, des graffitis clamaient « Colomb s’Était Perdu », « Souveraineté Autochtone MAINTENANT ! » et « Pas de Justice en Terre Volée ! » Nos parents du nord, à Amiskwaciwaskahikan (“Edmonton, Alberta”) rappelaient aux automobilistes qu’il n’y a « Pas de Gloire dans un Génocide. »

À propos de terre volée, cette année il semble qu’un cri retentissant dominait. Qu’il soit éclaboussé à travers des barrières d’espaces publiques à soi-disant Las Vegas, Nevada, ou gravé hardiment sur un mur, sous le regard de la surveillance constante de l’hôtel de ville de ‘Asheville, Caroline du Nord’, écrit à la main dans un style coloré, plus urbain, par un anonyme, ou habillé du bon vieux A dans un cercle simplement en noir, en Diné Bikéyah (‘La Nation Navajo’) – le slogan sur le mur est clair : RENDEZ NOS TERRES.

Les enseignes d’institutions coloniales n’ont pas été épargnées. À Portland, Oregon, l’Université Lewis & Clark s’est vu suggérer pas trop subtilement, ‘CHANGEZ DE NOM’. Et le garage et station-service ouvert récemment de Tesla, dans le Pueblo Nambe, au Nouveau-Mexique, n’a pas échappé à la rage contre la trahison qu’est la décision de Pueblos de coucher avec Elon Musk et de devenir des capitalistes verts.

On comprendra que beaucoup d’autres actions ne pouvaient ou ne voulaient pas être médiatisées, comme le sabotage de lignes de chemin de fer dans le soi-disant Nord-ouest du Pacifique, d’excavatrices menaçant des terres sacrées dans le ‘Midwest’ qui ont été rendues inutilisables, de l’Eglise Catholique de ‘Denver, Colorado’, qui a vu ses vérités étalées aux yeux de monde avec de la peinture rouge vif sur ses murs, et nos parents là-haut à ‘Portland, Oregon’, qui ont frappé comme des fantômes de nuit, ne laissant que le film des équipes de nettoyage balayant du verre, et les larmes coloniales versées le jour suivant au réveil. Certaines des déclarations les plus fortes sont faites discrètement, tout comme certaines de nos actions sont devenues un cri de guerre silencieux – une menace toujours présente – qui pousse les colonisateurs à agripper leurs perles et leurs portefeuilles, en s’apercevant qu’il y a une résistance Autochtone vivante, griffes dehors et non-apprivoisée, féroce et grandissante. Ça ne peut pas être proprement consigné à une journée du calendrier, notre agitation anticoloniale dure toute l’année et nous la célébrons DE TOUTES LES FAÇONS qui nous arrangent.

Cette année, les justifications de notre rage ont été ressenties plus violemment, en particulier aux soi-disant U.S.A. où l’autorité coloniale a proclamé le « Jour des Peuples Autochtones ». Nous avons vu la farce de cette politique de reconnaissance pour ce qu’elle est, et c’est pourquoi nous sommes enragés ; pour miner leur cooptation et leur laver plus blanc ou rouge. Nous tenons à souligner que les arrestations n’étaient pas le sujet cette année, surtout si l’on considère comment les Actions Directes Non-Violentes ont poussé tant des nôtres dans les mains de l’Etat policier. Nous ne voulons pas que les gens de notre peuple et nos complices soient enfermés pour toujours, surtout pendant une pandémie. Nous n’allons pas mendier auprès des politiciens, négocier des traités, et nous ne ferons pas de concessions – nous combattons pour la libération totale.

Pour radicaliser, inspirer, émanciper et attaquer – c’est à quoi ressemble la lutte anticoloniale et nous sommes partout.

Amour & Rage

Que les ponts que nous brûlons éclairent notre chemin.

 

Les assassinats d’activistes, souvent d’écologistes et d’Autochtones, se multiplient au Mexique. Les parents qui recherchent des proches disparus sont assassinés à leur tour. Le Président Andrés Manuel López Obrador ne semble pas vouloir remédier à cette situation. Ch.P.

LES YAQUI DE LOMA DE BACÚM DEMANDENT JUSTICE

Les Yaqui de Bacúm n’étaient pas invités et ont été expulsés quand le Président du Mexique a présenté son soi-disant ‘Plan de Justice’ à Vicam, dans l’état du Sonora. Les Yaqui de Bacúm demandent le retour en vie des membres de leurs familles kidnappés, et disent que l’identification par les autorités de cinq des dix hommes n’est pas crédible. Lorsqu’ils ont été kidnappés, ils assuraient la sécurité du Pueblo de Bacúm, qui s’oppose au gazoduc du Sonora, et à l’extraction minière dans le Sonora, au sud de la frontière avec l’Arizona. Les Yaqui de Bacúm disent que le ‘Plan de Justice’ du Président n’interrompra pas le vol de l’eau de la Rivière Yaqui pour la ville d’Hermosillo.

Par le Collectif Grieta
1er octobre 2021
En Español
Traduit en anglais par Deepl
Sur Censored News
Traduction française Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Ignorant la crise actuelle de violence et d’insécurité qui frappe les Yaqui, le Président Andrés Manuel López Obrador a demandé pardon pour les torts et les tentatives d’extermination… sous la présidence du général Porfirio Diaz, à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème.

Au cours de sa visite à Vicam, dans le Sonora, le 28 septembre 2021, le Président du Mexique a inauguré le soi-disant ‘Plan de Justice pour le Peuple Yaqui’ et demandé pardon pour les torts du passé, sans mentionner l’augmentation des meurtres, kidnappings et disparitions de membres du peuple Yaqui dans les derniers mois, et en ignorant les demandes de justice des habitants de Loma Bacúm, l’un des huit Pueblos traditionnels Yaqui.

Ça a commencé il y a plus de deux mois, après que dix Yaqui de Loma de Bacúm aient été kidnappés et aient disparu, sans que des investigations sérieuses n’aient été menées à ce jour. Les membres des Yaqui de Loma de Bacúm, qui ont demandé aujourd’hui le retour en vie de leurs frères et sœurs, n’ont pas seulement été exclus des invités de cet évènement historique, mais ils en ont même été expulsés. Monica Valencia Flores, dirigeante de la garde traditionnelle de Loma Bacúm, n’a même pas été mentionnée au cours de la cérémonie, bien qu’elle soit une autorité de la communauté de cette ville.

Les parents et amis des disparus sont venus sans être invités, à la cérémonie, portant des banderoles avec des photos des disparus et demandant à dialoguer avec le chef de l’Exécutif, mais encore une fois, ils n’ont pas été écoutés. Les Yaqui de Loma de Bacúm demandent que de nouvelles investigations soient entreprises pour identifier les corps des disparus, parce que, jusqu’à maintenant, le rapport du bureau du procureur de l’état, faisant état de supposées preuves de restes de squelettes trouvés il y a quelques jours, n’est ni conforme ni convaincant pour les parents.

Il est bon de rappeler que les dix Yaqui disparus le 14 juillet à Loma de Bacúm faisaient de la surveillance et assuraient la sécurité pour la communauté lorsqu’ils ont été kidnappés.

Il s’agit de Benjamín Portela, 65 ans ; Artemio Arballo, 60 ans ; Martín Hurtado, 53 ans ; Gustavo Acosta, 49 ans ; Heladio Molina, 44 ans ; Braulio Pérez, 40 ans ; Leocadio Galaviz, 38 ans ; Fabián Sombra, 34 ans ; Juan Justino Galaviz, 28 ans ; et Fabián Valencia, 27 ans…

La demande de justice de la Tribu Yaqui a une longue histoire de défense de son territoire contre les mégaprojets. Au cours des dernières années, les gens ont lutté contre la construction de l’Aqueduc Independencia, qui ne sera pas annulée par le Plan de Justice, en dépit d’une protestation collective contre ce mégaprojet d’infrastructure qui a commencé en 2010, comme pierre angulaire du Projet de Système Intégral du Sonora, qui doit devenir la principale source d’eau pour la capitale de l’état, Hermosillo.

Bien que la réunion officielle de signature du plan inclût une cérémonie pour le retour de l’eau dans la Rivière Yaqui, des saluts au soleil et des bénédictions pour les animaux et les arbres, ce projet à grande échelle contre lequel les Yaqui se battent depuis plus d’une décennie, ne sera pas interrompu par le soi-disant ‘Plan de Justice’, au contraire, le plan envisage, pami ses accords, « la construction d’un aqueduc de 158 kilomètres pour la fourniture d’eau. »

Bien qu’ayant joué un rôle central dans la lutte contre le Gazoduc du Sonora, les Yaqui de Loma de Bacúm ont été exclus de la signature des accords, ce qui ressemble à une volonté de réduire au silence toute voix qui pourrait rompre le caractère idyllique de la cérémonie officielle.

Dans la région des huit villages Yaqui, 25 concessions minières ont été accordées à des entreprises du Canada, des Etats-Unis et du Mexique qui opèrent déjà, selon la Cartographie Minière du Ministère de l’Economie Mexicain. Mais rien n’en a été dit pendant la dernière visite du Président.

La résistance des Yaqui a dû faire face à des assassinats, des menaces, des emprisonnements et des disparitions forcées. La militarisation du territoire a été exacerbée, au cours des dernières années, sans que la violence et les disparitions cessent ; au contraire, il semble qu’elles augmentent, en relation avec les gros intérêts commerciaux qui s’installent dans la région.

Peut-être que le fait que les Yaqui de Loma de Bacúm aient mis en question la destruction et l’accaparement de leurs terres par des multinationales et la construction en cours du mégaprojet ont un rapport avec la volonté de les réduire au silence. Leur exigence de revoir leurs parents disparus vivants et d’obtenir justice remet en question la base de ce que le président veut maintenant appeler le ‘Plan de Justice’ dans cette région.

 

D’après un article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Mis à jour le 30 septembre 2021
Traduction et mise en forme Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Le dimanche 26 septembre 2021, Myron Dewey, 49 ans, Paiute-Shoshone, a été tué dans un accident de voiture, après avoir tourné, le samedi, une vidéo sur le champ de tir [de bombes] de la Marine des Etats-Unis, sur la terre de son enfance, à Yomba, dans le Nevada.

Myron était cinéaste, journaliste, conteur en ligne, et fondateur de la compagnie de production de médias Digital Smoke Signals, qui a pour but de fournir une plate-forme aux voix Autochtones. Il avait reçu de nombreuses distinctions en tant que journaliste et producteur de médias. Myron était aussi coréalisateur du film ‘Awake : A Dream From Standing Rock’.

Le dimanche, Digital Smoke Signals déclarait : « Nous venons de recevoir la terrible nouvelle que le fondateur de Digital Smoke Signals, Myron Dewey, est maintenant en route pour son voyage vers le Monde de l’Esprit. »

Myron dénonçait la destruction de sa terre natale à partir du champ de tir de la Marine. Sur les terres ancestrales des Paiutes et des Shoshone, dans ce qu’on appelle aujourd’hui « le Nevada », il y a les cicatrices, les poisons, la piste de la mort du Site de Tests Nucléaires, des radiations et des cancers largement répandus, et les pratiques et jeux militaires irresponsables qui détruisent des sites sacrés.

De façon très similaire à celle dont le gouvernement des Etats-Unis protégeait le Dakota Access Pipeline – où Myron avait filmé par drone l’assaut contre l’eau et les Protecteurs de l’Eau – le même gouvernement des Etats-Unis continue son génocide perpétuel avec des bombes et des tirs qui tuent, sur la terre ancestrale des Paiutes et des Shoshone, dans le désert du Nevada.

Actuellement, comme Myron le souligne, c’est l’extraction de lithium qui vise le nord du Nevada.

C’est après avoir filmé en direct le samedi, que Myron a été tué dans un tragique accident de voiture le dimanche matin.

Le choc frontal s’est produit sur une piste, dans le désert, au centre du Nevada.

Le jeudi 30 septembre, Julie Nicholson, Technicienne Administrative du Sheriff du Comté de Nye, dit à Censored News qu’il s’agissait d’une collision frontale, sur Ione Road, une piste non goudronnée, à 11 km au nord de la Route d’Etat 844.

Nicholson dit que la conductrice de l’autre véhicule avait été transportée à l’hôpital. Elle ne savait rien de la gravité des blessures de l’autre chauffeur.

Une Cérémonie de Danse des Larmes [Cry Dance Ceremony] devait avoir lieu le vendredi 1er octobre, en territoire Paiute de Walker River, à Schurz, Nevada. Les funérailles devaient avoir lieu le samedi, avec une escorte de Protecteurs de l’Eau, jusqu’au cimetière.

L’article d’Associated Press est un hommage au travail de Myron à Standing Rock

L’implication et le travail de Myron à Standing Rock, en tant que Protecteur de l’Eau, journaliste et opérateur de drone, sont décrits dans l’article de Sam Metz, d’Associated Press. L’article d’AP a paru dans des médias dans tout le pays, entre autres dans USA Today et le Los Angeles Times.

« Dewey a été applaudi pour ses reportages en direct des manifestations de 2016 contre le Dakota Access Pipeline, près de la Réserve de Standing Rock, qui chevauche la frontière entre les Dakota du Nord et du Sud. Ses images d’Autochtones arrosés avec des canons à eau alors qu’il gelait, ont été vues par des centaines de milliers de gens, après avoir été montrées en ligne et aux informations » écrit Metz pour l’AP.

« Il a réussi à montrer une perspective et un point de vue qui étaient purement et simplement ignorés, à cause de la répression systématique à laquelle les nôtres se sont heurtés tout le temps où nous y étions, » dit le cousin de Dewey, Lance West. « C’était son histoire, et seulement quelqu’un comme lui pouvait la partager d’une manière qui nous parlait vraiment. »

Samedi, dans son reportage en direct, Myron s’est adressé aux générations futures.

Myron Dewey : ‘Survivre au Génocide’

Dans son reportage en direct, le samedi 25 septembre, sur le champ de tir de Yomba, Myron décrivait le complexe militaro-industriel avec lequel il avait grandi, dans le désert du Nevada. Dans un message à ses futurs petits-enfants, il dit « Je suis un témoin, ceci est ce à quoi nous avons survécu. »

Le bouton tueur des drones et le reportage en direct du désert du Nevada

Ce samedi-là, Yahoo News dénonçait le projet de la CIA de kidnapper le fondateur de Wikileaks, Julian Assange. C’est la dénonciation des assassinats par drones des Etats-Unis qui ont fait d’Assange une cible.

Dans le désert du Nevada, à la Base de l’Armée de l’Air de Creech, des pilotes de drones assassinent des gens partout dans le monde. Wikileaks a dénoncé ces assassinats à distances, comme « Meurtres Collatéraux ».

Le même samedi, Myron Dewey faisait un reportage en direct du désert autour du Complexe d’Entrainement de Fallon, le champ de tir de la Marine, à Yomba.

Le champ de tir [de bombes], situé à l’est de Reno, au centre du Nevada, est utilisé par la Marine – les ‘Navy Seals’ – pour bombarder, faire des manœuvres terrestres et la guerre électronique, selon la Marine des Etats-Unis.

Alors qu’on pousse à l’expansion, les Autochtones sont exposés à une extension massive du champ de tir. Myron et des dirigeants Autochtones de la région se sont exprimés pour combattre toute expansion.

De retour à la terre de son enfance, à Yomba, ce samedi-là, Myron dit en direct sur les médias sociaux, au cours de la vidéo, « C’est où nous avons grandi, près du complexe militaro-industriel. »

Myron disait que les militaires volaient au-dessus de sites sacrés. Il décrivait les destructions du sacré là-bas, et dit que l’extractivisme et les champs de tir avaient profané des sites sacrés.

Myron dit aussi que, lorsqu’il entendait « Merci pour votre service, » une autre image lui venait : « Massacres, viols, génocide. » « Je suis un survivant d’un génocide massif au travers des Etats-Unis. » Remarquant que le génocide est pratiqué partout dans le monde, il dit « Dans le Nevada, c’est encore frais. »

À Standing Rock, Myron et les Protecteurs de l’Eau ont également vu un lanceur de missile Avenger. Samedi 26 septembre, cinq ans après Standing Rock, sur le champ de tir dans le désert du Nevada, Dewey a filmé cet Avenger, et souligné qu’il est là pour protéger l’équipement de communication.

Myron dit que cette vidéo est faite pour prévenir ses petits-enfants de la rapacité des grandes entreprises, et de la rapacité qui exige du pouvoir et une force militaire.

À propos du changement climatique, il dit qu’il n’y avait pas assez de pignons de pin pour nourrir les gens au cours de cérémonies, cette année.

Myron a aussi parlé, dans la vidéo, du laver-plus-vert, et de l’extraction de lithium qui menace maintenant le Nevada, et du besoin de protéger et défendre la terre et l’eau.

« Faites une pause », dit-il « Prenez juste un moment pour apprécier ce que vous avez. »

La vidéo tournée par Myron:

Hommages

Karena Acree-Páez, membre de l’équipe de Digital Smoke Signals, écrivit : « Mon frère, nous nous sommes encore parlé hier et tu m’as encore rappelé pourquoi tu faisais ce travail, et maintenant tu vas être avec les ancêtres. Je ne pourrai jamais te remercier assez pour tout ce que tu m’as appris et supporté à Standing Rock, pour tous tes sacrifices visibles et non-visibles. Merci pour ton exemple de courage, de détermination et d’amour des gens. Tu m’as appris qu’il fallait que nous apportions des médias à travers des yeux Autochtones, et tant de choses précieuses !!!

« Tu m’as dit que c’est parce que tu avais vu tant de violence étant enfant que tu as été incité à participer à l’entrainement au trauma historique avec des jeunes et des tribus.

« Les mots me manquent. Maintenant tu es parmi les grands dans le Monde de l’Esprit. Je t’aimerai toujours, mon frère Myron !!! Je te reverrai de l’autre côté. Je me souviendrai toujours de toi comme sur la photo prise pendant Standing Rock. #NoDAPL, Pesha u, » dit Acree-Páez.

Parmi les nombreux articles rendant hommage à Myron Dewey, voir celui de Darren Thompson, du dimanche 26 septembre, sur Native News Online.

QUI ÉTAIT MYRON DEWEY

Duke University Center for Documentary Studies
Lehman Brady, Professeur
Printemps 2019

Myron Dewey est cinéaste, journaliste, conteur en ligne et fondateur de Digital Smoke Signals, une compagnie de production qui a pour but de fournir une plate-forme aux voix Autochtones dans les médias. Son reportage par drone sur le mouvement de Standing Rock, qui protestait contre le Dakota Access Pipeline (DAPL) fait de lui l’une des voix journalistiques les plus importantes sur les questions environnementales et Autochtones aujourd’hui. Par Digital Smoke Signals et son propre travail médiatique, Dewey cherche à combler la division digitale en Pays Indien, et à ‘indigéniser’ les médias avec des valeurs culturelles Autochtones fondamentales.

Dewey a reçu de nombreuses récompenses pour son journalisme et sa production médiatique, entre autres le Prix Michelle Moor pour le Journalisme de Communauté, et celui d’Homme de l’Année, de Medicine Winds News. En 2018, un Prix du Mérite lui a été attribué par la Faculté du Film et des Médias de l’Université du Kansas ; il est parmi les vainqueurs de 2017 du Festival du Film de Drone de New-York, dans la catégorie Informations/Documentaire, pour un court-métrage montrant la police du Dakota du Nord sur le site de protestation NoDAPL ; et il a coréalisé le film couronné en 2017, ‘Awake : A Dream from Standing Rock’, qui raconte l’histoire du mouvement NoDAPL et de la résistance pacifique dirigée par des Autochtones, et le combat pour l’eau pure, l’environnement et l’avenir de la planète.

Dewey a plus de vingt ans d’expérience dans son travail pour combler la division digitale dans les médias et la technologie dans tout le Pays Indien, aussi bien comme éducateur que comme expert dans la construction d’infrastructures technologiques. Il a commencé sa carrière comme soldat du feu en terre sauvage et comme instructeur au combat contre le feu à aux Universités des Nations Indiennes d’Haskell et du Kansas, de 2000 à 2007. De 2009 à 2013, il a enseigné l’informatique, les médias digitaux et la programmation d’applications pour mobiles, au Northwest Indian College de Tulalip, dans l’état de Washington, où il a reçu le prix du Meilleur Enseignant de l’Année en 2010. Cette année-là, il a été reçu au prestigieux Programme des Ambassadeurs Américains pour l’Opportunité Indienne (AIO), où il a étendu ses projets pour construire l’équité technologique pour les Autochtones.

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LE SITE DE TESTS NUCLÉAIRES : Les Shoshone, le Peuple le plus Bombardé de la Terre

Le Peuple Shoshone n’a jamais consenti aux tests d’armes nucléaires. Les tests nucléaires sont une violation du Traité de Paix avec les Shoshone, le Traité de Ruby Valley, et de la Constitution des Etats-Unis, Article 6 Section 2, la clause suprématie du traité.