Plusieurs femmes Autochtones ont été assassinées par un tueur en série dans la région de Winnipeg. Le tueur a été arrêté. Il s’est débarrassé des corps dans une décharge, mais les autorités du Manitoba refusent de la fouiller pour retrouver les corps de deux femmes. Des Autochtones ont dressé un camp, le Camp Morgan, il y a plus de sept mois, afin de protester. Depuis le jeudi 6 juillet, ils ont bloqué la route d’accès à une décharge.
Selon CBC Canada, « des protestataires ont bloqué l’entrée de la décharge de Brady Road jeudi après-midi, après que le gouvernement du Manitoba ait annoncé ne pas soutenir des fouilles de la décharge de Prairie Green, au nord de Winnipeg, pour rechercher les corps de deux femmes Autochtones, au désespoir et à la déception des familles. »

« Jeremy Skibicki est accusé d’assassinat en relation avec la mort de R. Contois et trois autres femmes, dont Morgan Harris et Mercedes Myran, dont les corps ont atterri, selon la police, dans la décharge de Prairie Green. »
Des milliers de femmes ont été assassinées ou ont disparu au Canada.

« FOUILLEZ LES DÉCHARGES. NOS FEMMES NE SONT PAS DES DÉCHETS »

Par Brenda Norrell,
Censored News
10 juillet 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

WINNIPEG, Manitoba, Canada – Des défenseurs Autochtones se préparent à une possible attaque de la police, pour enlever leur barricade de la route, tandis qu’ils demandent une fouille des décharges pour des femmes Autochtones assassinées. Des membres des familles des femmes assassinées qu’on croit être dans la décharge, sont sur la barricade. L’Assemblée des Chefs du Manitoba y prépare une conférence de presse (voir plus bas le texte de la conférence de presse publié entretemps).

Des Protecteurs ont bloqué l’entrée de la décharge de Brady Road, jeudi après-midi [6 juillet], après que le gouvernement du Manitoba ait annoncé qu’il ne soutiendrait pas une fouille dans la décharge proche de Prairie Green, au nord de Winnipeg, pour retrouver les corps de deux femmes Autochtones. Les Protecteurs ont reçu une injonction de démonter la barricade avant lundi à 12h.

Alors que des soutiens affluaient, Alfred Bone Shirt, Lakota, dit « Nous prions pour votre protection, votre sécurité et une Justice satisfaisante pour ces Dames et leurs familles, mes pensées sont avec vous, des terres Lakota Sicangu, aka Rosebud, dans le Dakota du Sud. »

Le Camp Morgan est sur le site de la décharge de Brady depuis plus de sept mois pour protester contre la façon dont la Police de Winnipeg a enquêté sur les affaires concernant des femmes et des filles Autochtones disparues ou assassinées, après que la police ait trouvé des restes partiels de Rebecca Contois, dans la décharge administrée par la ville.

Selon Global News : les protestataires à la décharge de Brady Road disent qu’ils ne cèderont pas, même si la police de Winnipeg vient en force pour les évacuer.

« Les membres du Camp Morgan, qui campent à la décharge juste à côté de Winnipeg depuis plus de sept mois, n’ont pas l’intention de démonter leur barricade érigée jeudi pour protester contre la décision du gouvernement du Manitoba de ne pas fouiller la décharge de Prairie Green pour chercher les corps de deux femmes dont on pense qu’elles ont été assassinées et jetées sur le site. »

« La ville a publié un ordre de quitter les lieux, selon la Loi de Gestion de l’Urgence, vendredi en fin d’après-midi, disant plus tard qu’ils avaient l’intention de rétablir l’accès à la décharge lundi à midi. »

Selon CTV News, “Heather Stefanson a dit que la Province ne s’engagerai pas dans des fouilles de la décharge de Prairie Green, au nord de Winnipeg. La police croit que les corps de Morgan Harris et Mercedes Myran sont dans la décharge.

« Le supposé tueur en série Jeremy Skibicki est accusé des leurs morts, ainsi que de celle de Rebecca Contois, dont une partie des restes a été trouvée l’an dernier dans la décharge de Brady Road, propriété de la ville. »

Le Camp Morgan dit :

« Nous sommes ici pour une raison !
Nous sommes ici pour nos sœurs.
Nos mères.
Nos filles.
Pour toutes nos parentes.
Nous sommes ici pour demander que la décharge de Brady soit fouillée, pas seulement pour les corps de Morgan, Mercedes et Buffalo Woman, mais pour tous les MMIWG2S ! Nous sommes ici pour exiger qu’on arrête immédiatement d’y jeter les corps de nos sœurs. »

Rebecca Contois, Morgan Harris et Mercedes Myran

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LES CHEFS DU MANITOBA EXPRIMENT LEUR EXTRÊME DÉCEPTION APRÈS LA DÉCISION DE LA VILLE DE WINNIPEG DE DÉMANTELER LA BARRICADE DU CAMP MORGAN

TERRITOIRE TRAITÉ UN, MANITOBA
AMC COMMUNICATIONS
10 juillet 2023
Également publié sur Censored News

TERRITOIRE TRAITÉ UN, Manitoba – L’Assemblée des Chefs du Manitoba (AMC) et la Cheffe Kyra Wilson, de la Première Nation de Long Plain, expriment leur profonde déception à propos de la décision de la Ville de Winnipeg de démanteler le Camp Morgan, un camp sacré dont on pense qu’il est le site funéraire de trois femmes des Premières Nations. L’AMC s’inquiète également de l’injonction imposée à la barricade du Camp Morgan, qui empêche de chercher la justice pour les Femmes, Filles et 2Esprits (MMIWG2S+) Disparues ou Assassinées dans le Manitoba.

« Le Camp Morgan, un important symbole de mémoire et de guérison, est un lieu d’unité et de solidarité pour les familles touchées par la perte tragique de leurs proches, de la main du dernier tueur en série en date, à Winnipeg » dit la Grande Cheffe Cathy Merrick. « Ça sert aussi à rappeler le besoin urgent de se préoccuper des problèmes systémiques qui perpétuent la violence contre les femmes et les filles des Premières Nations dans notre province. C’est un lieu où nous nous sommes rassemblés pour nous remémorer celles que nous aimons et qui nous manquent et faire savoir à ceux qui ont essayé de nous en empêcher, que nous n’abandonnerons pas ces femmes. »

« Le démantèlement du Camp Morgan et l’imposition d’une injonction à la barricade non seulement nient les souhaits des familles qui demandent la justice pour leurs proches, mais envoie aussi le message désastreux aux citoyens des Premières Nations, que leur douleur et leurs appels à la justice sont ignorés. » dit la Cheffe Kyra Wilson. « Cette action est profondément démoralisante et contreproductive pour la réconciliation et la guérison. Si vous voulez que le camp parte, faites honneur à l’étude de faisabilité et continuez à travailler au lieu de nous mettre à nouveau sous le tapis. »

L’AMC croit sérieusement que le démantèlement du Camp Morgan sans un plan complet d’enquête sur la disparition de trois femmes des Premières Nations, est un revers pour la justice. Ça mine la confiance des Premières Nations, et renforce un scepticisme déjà courant envers la détermination du système de justice à s’occuper sérieusement de la crise des MMIWG.

À la lumière de développements récents, l’AMC souligne aussi la décision du gouvernement d’extraire des matériaux dangereux de l’Immeuble du Parlement à Ottawa pour un nouvel office du Tourisme. Ce projet onéreux, estimé à près de 5 milliards de dollars pour les deux bâtiments, et devant être terminé en une décennie, contraste avec le manque d’investissements et d’urgence pour se préoccuper du problème des MMIWG. L’excavation a déjà coûté 5 millions de dollars.

« La précipitation du gouvernement pour allouer des fonds considérables pour une excavation, tout en négligent le problème crucial des femmes, filles et 2esprits disparues ou assassinées, est décourageant. Ça reflète la marginalisation continue des citoyens des Premières Nation, » dit la Grande Cheffe Merrick.

L’AMC appelle les Services de Police de Winnipeg et les autorités gouvernementales concernées à reconsidérer leur décision et entreprendre des consultations sérieuses avec les familles touchées, la direction des Premières Nations, et les organisations de base. Les voix et les inquiétudes des personnes affectées doivent être entendues et respectées. De plus, l’AMC exige que les gouvernements, provincial et fédéral, mettent en route en priorité une enquête indépendante, tenant compte de la culture, sur les causes systémiques des cas de MMIWG2S dans le Manitoba.

L’AMC continue à se consacrer aux droits et à la sécurité de femmes et des filles des Premières Nations, tout en travaillant pour la justice, la guérison et la réconciliation.

Pour plus d’information, contactez s.v.p. :
Communications Team
Assembly of Manitoba Chiefs
Email : media@manitobachiefs.com

À propos de l’Assemblée des Chefs du Manitoba
L’AMC a été fondée en 1988 par les Chefs du Manitoba, pour parler des problèmes qui affectent communément les Premières Nations du Manitoba. L’AMC est une représentation autorisée de 62 des 63 Premières Nations du Manitoba, avec un total de plus de 151000 citoyens de Premières Nations dans la province, ce qui représente approximativement 12% de la population de la province. L’AMC représente une diversité de peuples, Anishinaabe (Ojibway), Nehetho / Ininew (Cree), Anishininew (Ojibway-Cree), Denesuline (Dene) et Dakota Oyate (Dakota).



Censored News
12 décembre 2022
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Des Dirigeants Tribaux, des Autochtones et des Groupes Écologistes Appellent le Bureau d’Aménagement du Territoire à Rejeter un « Camp Masculin » dans le Paysage du Grand Chaco

Un camp masculin augmenterait les impacts du pétrole et du gaz et les risques de violence sexuelle et de trafic pour les communautés Autochtones de la région

FARMINGTON, Nouveau-Mexique – Une coalition de dirigeants Tribaux, d’organisations Autochtones, et de groupes écologistes ont envoyé une lettre au Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) exigeant qu’il rejette une proposition de Logos Operating de construire un « camp pour personnel » dans le Paysage du Grand Chaco, dans le but d’étendre l’extraction de pétrole et de gaz.

La lettre soulignait que les camps pour personnel, ou « camps masculins » comme ils sont couramment appelés, sont bien connus pour accroitre les risques de violence sexuelle et de trafic pour les femmes et les jeunes filles et autres personnes Autochtones. Le camp projeté exacerberait aussi les impacts sur la santé et les ressources culturelles de l’extraction de pétrole et de gaz, auxquels les communautés du Paysage du Grand Chaco sont déjà confrontées.

Le camp masculin de Logos devrait loger jusqu’à 75 personnes, sur un sentier de puits abandonné dans le comté de Rio Arriba, jusqu’en novembre 2025, où les ouvriers travailleraient à étendre les opérations de forage de la compagnie. Logos n’est qu’une des nombreuses entreprises de pétrole et de gaz dans le Paysage du Grand Chaco, où 90% des terres vacantes ont déjà été données en concessions pour le forage.

Les communautés Navajo de l’est ont déjà subi un accroissement de la violence qui a coïncidé avec le récent boom de la fracturation dans cette région.


« Depuis des décennies, les services responsables ont exclu les voix des communautés en première ligne et les rapports sur les Autochtones Disparus ou Assassinés. La violence continue, avec ce dernier projet de camp masculin » dit Cheyenne Antonio, un organisateur communautaire de la Coalition du Grand Chaco. « Nous continuons à demander que quelque chose soit fait pour arrêter ce projet de camp masculin dans le Grand Chaco. Nous comprenons tous les impacts que ça peut avoir et exigeons que le BLM rejette les camps masculins dans les communautés Tribales du Nouveau-Mexique. »

La proposition de construire ce camp masculin saute à la figure de l’Initiative Honorer Chaco, un processus de planification au niveau du paysage, conduit par le BLM, conçu pour mieux protéger et gérer les terres publiques et les ressources dans la région culturellement importante du Grand Chaco. Le projet est de plus en contradiction avec l’engagement du Nouveau-Mexique de se préoccuper de l’épidémie de Femmes et Parents Autochtones Disparus ou Assassinés et avec la promesse de la Secrétaire à l’Intérieur de faire de même.

Le Nouveau-Mexique a le plus grand taux de femmes, petites filles et personnes Autochtones disparues ou assassinées du pays, Albuquerque et Gallup étant parmi les dix villes du pays comptant le plus grand nombre de femmes et petites filles disparues ou assassinées, et Farmington comptant aussi un grand nombre de cas.

Comme les groupes l’ont déclaré dans la lettre, les promesses de l’Initiative Honorer Chaco ne peuvent pas être tenues si le BLM continue d’approuver des projets comme ce camp pour personnel, qui mine la mise en œuvre de garanties pour préserver l’intégrité culturelle du paysage, la santé publique et les communautés.

 

Jour de Rage des Peuples Autochtones, Deuxième Round – à Kinłani
Publié par Indigenous Action Media
14 octobre 2021
Traduction française Christine Prat

Au coucher du soleil, ce dimanche 10 octobre, une foule d’Autochtones et de complices s’est rassemblée devant l’hôtel de ville de Flagstaff et a monté trois tentes. Les flics sont venus pour intimider, mais de ce que nous pouvions voir, personne n’écoutait ce qu’ils essayaient d’exprimer.

Un contingent d’un groupe Autochtone ‘progressiste’ appelé ‘Cercle Autochtone de Flagstaff’ a essayé de communiquer ce que la police n’avait pas pu. Quelque chose comme ‘le changement vient de la politique’, ‘ne pas vouloir que quelque chose de « mal » arrive aux manifestants’. Il y eut quelque chose qui ressemblait à un débat, mais nous n’étions pas assez proche pour entendre ce qui se passait et avons décidé d’ignorer cette tentative claire de réguler le mouvement. Après tout, la nuit arrivait et nous n’étions pas là pour discuter avec des Autochtones qui tournent autour du pouvoir.

Un numéro de soutien a été distribué avec le message « Nous ne sommes pas là pour que plus d’entre nous soient enfermés par le système. Notre intention est de ne pas se faire arrêter, et s’ils essaient, de faire en sorte que ça n’arrive pas. » Des mots furent dits dans un mégaphone, mais nous avons appris à zapper cette fréquence-là, après des années de manifestations, le mégaphone se retrouve toujours dans les mêmes mains et nos oreilles sont fatiguées des acclamations.

Une banderole orange ouvrait la marche, avec le slogan « Vengez les Enfants Autochtones », en référence au violent héritage des pensionnats, qui a refait surface avec de puissants appels à la reconnaissance des responsabilités, dans tous les soi-disant Etats-Unis et le KKKanada. Le groupe a commencé à marcher rapidement sur le trottoir. Des flics en vélo essayaient de nous diriger, mais nous étions rapides. Nous les avons dépassés en les poussant et en scandant « À qui sont ces rues ? Nos rues. À qui est ce pays ? Le pays des Autochtones. » et nous avons pris le croisement de la Route 66 et de la rue San Francisco, qui est le croisement le plus fréquenté du centre-ville. Des voitures de flics sont arrivées en trombe. La circulation dans le centre était complètement arrêtée. Le joueur de tambour a entamé un chant de ronde, et d’abord il semblait que certains d’entre nous hésitaient entre danser et tenir des banderoles. Mais nous avons pris notre temps. Le tambour continuait et le son rebondissait sur les murs de cette colonie, moins vieille que nos grands-parents. Sur les banderoles, on pouvait lire ‘le Colonialisme est une Peste’, ‘Résistance Autochtone’, ‘Rendez Nos Terres’ [‘Land Back’] et beaucoup d’autres slogans. Elles furent entrainées dans la danse qui a duré environ 20 minutes.

A un moment, la foule s’est rassemblée autour d’une statue odieuse et controversée d’un ouvrier des chemins de fer Blanc (ce qui cache la réalité du travail forcé Chinois et l’arrivée de vagues successives d’envahisseurs coloniaux par les chemins de fer). La statue fut ornée de peinture rouge. Des participants utilisèrent des banderoles comme couverture tactique, puis continuèrent leur chemin.

Des flics suivaient, essayant de prendre la tête du cortège. Quelqu’un a déclenché un tir massif de fumigènes. Les rues du centre de ‘Flagstaff’ semblaient emplies d’ancêtres en colère émergeant de la fumée en scandant « On emmerde Colomb, on emmerde la police ! » Ça semblait être les cauchemars des colonisateurs venus hanter le futur qu’ils ont volé. En déversant des millions de litres d’eau des chiottes recyclée sur les Pics San Francisco sacrés. En attaquant les Autochtones SDF et en les laissant geler durant les mois d’hiver. En arrêtant ce qui représente la moitié de la population Autochtone chaque année. En ne faisant absolument rien quand des femmes Autochtones sont disparues ou assassinées. Vanessa Lee. Ariel Bryant. Nicole Joe. Nous avons hurlé leurs noms et renforcé notre rage. Nous n’étions pas là pour débattre, plaider ou négocier, comme les Autochtones pacifiés qui ont essayé de nous faire de la place dans leurs chaînes. Nous étions là pour célébrer notre digne rage (comme les Zapatistas ont si bien nommé cette colère qui est un puissant composant de siècles de résistance au colonialisme). Un autre carrefour très fréquenté fut pris et une ronde s’en est suivie. Des colonisateurs hurlèrent quelque chose et s’entendirent promptement signifier d’aller ‘se faire foutre’. Il y eut un moment où la manifestation s’est arrêtée dans une zone centrale de la ville, et une de nos sœurs, qui avait été là à chaque stade intense du parcours, prit la parole (nous la citons de mémoire) : « Ariel Bryant était ma meilleure amie. Elle a disparu et les flics m’ont dit de ne pas la rechercher. Elle a été trouvée morte et rien n’a été fait. Je suis ici pour toutes les femmes, les filles, les trans et les deux-esprits Autochtones assassinées ou disparues. » Une autre personne Autochtone, qui dit être de Tsé Bit’a’í, parla d’une Diné âgée, qui s’appelait Ella Mae Begay, disparue depuis des mois. « Personne ne prend cela au sérieux, à part sa famille et quelques membres de la communauté. » Elles dirent que descendre dans la rue pour exprimer leur rage pour la disparition de parents, était une expérience forte.

L’an dernier, il y avait plus de monde dans la rue (moins de gens parce que les protestations s’essoufflent ? On emmerde les activistes, de toutes façons). Mais cette année, l’esprit et le feu était tout aussi intense. Certains de nos amis ne sont pas venus parce qu’ils avaient des affaires en justice. D’autres amis en ont assez de protester et se concentrent sur des actions directes clandestines. (Ce qui nous a donné le plaisir de voir des redécorations colorées se produire dans d’autres espaces à travers la ville).

Partout, les politiciens, les flics, les colons et les vendus étaient effrayés de découvrir combien est fragile en réalité la façade de leurs structures coloniales. Les proclamations reconnues officiellement de Jour des Peuples Autochtones et leurs ‘célébrations’ leur épargnent la responsabilité et d’avoir à rendre des comptes, dus depuis si longtemps. Quelque fois, c’est l’alchimie de la catharsis qui nous aide à tenir face au désespoir du traumatisme produit par le colonialisme et la violence physique que nous (et le territoire aussi traumatisé) devons affronter chaque jour. Ce que nous ressentions était une guérison. Ce que nous ressentions était la lutte anticoloniale. Quand des monuments (et les systèmes de violence qui les maintiennent) tombent, notre peuple ne peut que s’élever. Foutons-les tous en l’air. Que le contrôle du mouvement et les ‘scouts Indiens’ aillent se faire foutre. On emmerde la proclamation par Biden d’un Jour des Peuples Autochtones.

Un hashké Diné anonyme

Par bonnabella.xvx
Publié par Indigenous Action
Le 5 mai 2020
Traduction Christine Prat

L’héritage du colonialisme est fondé sur la violence sexuelle.

Si on prend en compte tout ce que cette crise a amené au monde – nous savons maintenant plus que jamais que l’Etat colonial est fait pour perpétuer la violence contre et à l’intérieur des communautés qui ont le plus souffert du colonialisme – Noirs/Peuples Autochtones et de Couleur (BIPOC).

L’un des principaux déclencheurs de la violence sexuelle est la pression économique. Des agresseurs de toutes sortes exploitent au maximum la pression à laquelle sont confrontés les travailleurs salariés du monde entier. Mais qui sont vraiment les gens les plus dépendants financièrement, pour leur nourriture et leur toit, dans cet Etat ? Nos enfants.

La population la plus susceptible d’être agressée sexuellement en ce moment, ce sont les enfants. Les agresseurs ont tout le temps accès aux victimes dépendantes financièrement, pour leur nourriture et leur logement, prises au piège dans leur propre maison. Et pendant ce temps, les propriétaires demandent des faveurs sexuelles à leurs locataires vulnérables, pour s’assurer d’un abri.

L’Etat dit « restez en sécurité, restez en bonne santé, restez chez vous. » Pour beaucoup, le foyer n’est pas plus sûr. Certainement pas quand un foyer signifie être dépendant d’agresseurs, financièrement, pour se nourrir et avoir un toit.

Nous savons que le taux de violences sexuelles contre des victimes, particulièrement des enfants, était plus qu’alarmant avant le COVID-19. Ce qui est officiellement connu, et en aucun cas complet, c’est que 63 000 enfants par an sont victimes d’agression sexuelle, plus de la moitié des femmes Autochtones sont agressées par leur compagnon, et 22% des SDF, des transsexuels, des individus à deux esprits qui ont eu accès à des foyers agréés par l’Etat, ont été agressés sexuellement par le personnel ou des résidents.

Que se soit parfaitement clair, s’il n’y avait pas cette dépendance d’un système qui nous a trahis depuis des siècles, transformé les BIPOC (Peuples de couleur et Autochtones) en rouages d’une machine, nous a empoisonnés en introduisant l’alcool et la violence sexuelle et domestique, en serions-nous là on nous en sommes maintenant ? Serions-nous si inquiets pour nos parents pris au piège dans les logements de propriétaires pourris ?

Nous pouvons rester là toute la journée à parler de ces problèmes, et nous l’avons fait depuis des siècles. Les survivants, non seulement de la violence sexuelle et domestique, mais aussi de la violence coloniale de d’Etat, ont montré la voie dans ces conversations depuis que les terroristes Européens ont mis le pied sur ce continent. Le fait est que les femmes et les deux-esprits survivants, qui constituent la majorité de ceux qui réclament un monde sans violence sexuelle, n’ont pas été entendus.

Il est temps, pour les cis-hommes, qui commettent 98% des crimes violents, de faire quelque chose. Le changement doit venir de, et être conduit par des hommes – parce que si les femmes et les deux-esprits survivants pouvaient réaliser le changement, nous l’aurions déjà fait maintenant, avec tous les efforts que nous y avons consacré.

Les hommes doivent aider à créer un monde dans lequel tous les hommes et les garçons aiment et respectent toutes les femmes, les filles, et où les adultes et les enfants à deux esprits sont estimés et en sécurité.

Les hommes doivent aider à créer un monde où la perpétuation de la violence des hommes envers les femmes, les filles et les individus à deux esprits, est vu comme équivalent à la violence coloniale des colons Européens d’abord perpétrée contre nos femmes, nos enfants, et nos parents à deux esprits, et notre principale gardienne – Notre Mère la Terre.

Les hommes doivent aider à créer un monde où le matriarcat est rétabli et le colonialisme aboli.

Le combat pour mettre un terme aux agressions sexuelles et à la violence entre personnes/fondée sur le genre, dans nous communautés, est notre lutte commune. La responsabilité ne commence ni ne finit quand les violences sont perpétuées, mais doit faire profondément partie de ce que, et qui, nous sommes quotidiennement.

Quelques mesures :

  • Honorer le consentement
  • Honorer et respecter (et aider à renforcer) les limites personnelles.
  • Apprendre, écouter, et construire des ententes sur les causes de base et affronter directement la violence fondée sur le genre, comme l’hétéro-patriarcat, le traumatisme historique, la suprématie blanche, le capitalisme, l’oppression intériorisée, et l’écocide.
  • Confronter les conduites sexistes, homophobes, et transphobes sous toutes leurs formes.
  • Honorer nos parents à deux esprits et transsexuels.
  • Pratiquer le ‘survivant-centrisme’ et montrer un intérêt féroce, de la sensibilité, de la compassion, de la compréhension et tout autre moyen de soutien.
  • Respecter l’autonomie des survivants.
  • Ne pas perpétuer le rejet de la faute sur les victimes.
  • Ne pas perpétuer ou introduire des conduites apologétiques.
  • S’engager dans des processus de transformation et de justice réparatrice.
  • Soutenir la guérison des survivants et leur assurer l’accès aux services indispensables.
  • Eduquer les jeunes garçons et les hommes sur le consentement et le respect des limites.
  • S’opposer à l’humour et au langage insultants.
  • Bloquer le machisme, le masculinanarchisme, et toutes les autres actions/conduites de merde.
  • Reconnaitre que l’agression peut n’être pas seulement physique, mais aussi psychologique, verbale, économique, indirecte et internalisée.
  • Reconnaitre que la violence fondée sur le genre n’est pas un problème personnel ou individuel, mais un effondrement de nos communautés et de nos cultures.
  • Travailler à l’abolition totale de la culture du viol.

Si nos mouvements doivent être vraiment libérateurs, nous ne devons pas hésiter à nous engager dans cette lutte cruciale. C’est toute notre responsabilité.

#mmiwgt2s #nomorestolensisters #smashcolonialism #smashheteropatriarchy.