Par Indigenous Action Media
15 juin 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

L’ICWA a été adoptée en 1978, à cause de la pratique génocidaire rampante, poussée légalement par des chrétiens blancs, de retirer des enfants Autochtones de chez eux et de les placer dans des familles blanches chrétiennes. La loi a été créée pour résoudre un problème que le colonialisme avait créé. L’état colonial de peuplement ne voyait pas l’intérêt de « garder les enfants Autochtones dans leurs Tribus » jusqu’à ce qu’il soit certain que ces enfants seraient assimilés passivement à l’ordre « civilisé ».

Que des familles blanches qui volent des enfants Autochtones, devrait être un non-problème. Qu’une discussion justifie le fait de laisser les enfants Autochtones avec les gens de leur peuple ait lieu, fait partie du problème plus large de la suprématie blanche, de l’hétéronormativité et du génocide des Autochtones.

Avant que l’ICWA ne soit adoptée en 1978 :

  • 25 à 30% de tous les enfants Autochtones étaient enlevés à leurs foyers ;
  • Parmi eux, 85% étaient placés hors de leurs familles et de leurs communautés – même lorsque des membres de la famille étaient capables et désireux [de s’en charger].
  • Aujourd’hui, les familles Autochtones ont 4 fois plus de chance qu’on leur retire leurs enfants pour les placer dans des foyers ou familles d’accueil que des Blancs dans la même situation.

(Infos du site https://nicwa.org/about-icwa )

Avant 1492, les enfants Autochtones n’étaient pas volés par des prédateurs coloniaux.

Alors que l’ICWA est célébrée comme affirmation de la souveraineté Autochtone, en réalité elle affirme le pouvoir du Congrès de réguler les échanges (La Clause du Commerce) avec les Peuples Autochtones et les pleins pouvoirs sur les « affaires Indiennes ». Les pleins pouvoirs ou une autorité plénière sont un pouvoir absolu d’engager une action sur un problème particulier, sans aucune limitation.

La bataille légale autour de ICWA efface les enfants Autochtones qui ne sont pas de tribus reconnues au niveau fédéral, de communautés de la frontière, et des migrants, et ne concerne pas les problèmes de désenrôlement. Particulièrement dans la mesure où l’ICWA pose spécifiquement « des exigences qui s’appliquent à un enfant pupille de l’état, s’agissant d’un enfant Indien qui est membre ou susceptible de le devenir, d’une tribu reconnue au niveau fédéral. » L’ICWA remet en vigueur une politique de citoyenneté « Indienne » que certains gouvernements Tribaux utilisaient pour exclure les descendants métis. À part l’ICWA, le vol d’enfants se produit toujours dans le système de foyers d’accueil, où les jeunes Autochtones finiront très probablement.

Le discours autour de l’ICWA est aussi intrinsèquement cis-hétéronormatif, étant donné qu’il laisse tomber les familles queer & deux-esprits. L’ICWA définit l’enfant Indien comme « une personne non-mariée, âgée de moins de dix-huit ans et est soit (a) membre d’une tribu Indienne, soit (b) satisfait aux règles d’appartenance à une tribu Indienne et est l’enfant biologique d’un membre d’une tribu Indienne… »

Quelle justice pouvons-nous attendre d’un système colonial qui applique aussi des lois anti-Autochtones, qui sanctionnent la profanation de terres sacrées et attaquent l’autonomie corporelle ?

Nos cultures et nos communautés sont-elles si désespérées et brisées que nous en arrivons à célébrer le fait que des colonisateurs décident si nos enfants doivent être avec nous ? La « nécessité » apparente de l’ICWA démontre la fausseté des lois coloniales et la violence prédatrice de la suprématie blanche qui rode en permanence autour de nos foyers.

Que des lois coloniales soient nécessaires pour empêcher des blancs de voler purement et simplement des bébés Autochtones, est le résultat d’un problème systémique beaucoup plus profond que ce que des lois comme l’ICWA peuvent traiter.

Beaucoup de nos familles et de nos foyers sont brisés à cause de la colonisation, encore plus de lois coloniales ne vont pas les réparer.

Quelles sont les solutions enracinées culturellement et non-fondées par l’état, pour garder les enfants Autochtones dans nos familles ?

www.indigenousaction.org

Par bonnabella.xvx
Publié par Indigenous Action
Le 5 mai 2020
Traduction Christine Prat

L’héritage du colonialisme est fondé sur la violence sexuelle.

Si on prend en compte tout ce que cette crise a amené au monde – nous savons maintenant plus que jamais que l’Etat colonial est fait pour perpétuer la violence contre et à l’intérieur des communautés qui ont le plus souffert du colonialisme – Noirs/Peuples Autochtones et de Couleur (BIPOC).

L’un des principaux déclencheurs de la violence sexuelle est la pression économique. Des agresseurs de toutes sortes exploitent au maximum la pression à laquelle sont confrontés les travailleurs salariés du monde entier. Mais qui sont vraiment les gens les plus dépendants financièrement, pour leur nourriture et leur toit, dans cet Etat ? Nos enfants.

La population la plus susceptible d’être agressée sexuellement en ce moment, ce sont les enfants. Les agresseurs ont tout le temps accès aux victimes dépendantes financièrement, pour leur nourriture et leur logement, prises au piège dans leur propre maison. Et pendant ce temps, les propriétaires demandent des faveurs sexuelles à leurs locataires vulnérables, pour s’assurer d’un abri.

L’Etat dit « restez en sécurité, restez en bonne santé, restez chez vous. » Pour beaucoup, le foyer n’est pas plus sûr. Certainement pas quand un foyer signifie être dépendant d’agresseurs, financièrement, pour se nourrir et avoir un toit.

Nous savons que le taux de violences sexuelles contre des victimes, particulièrement des enfants, était plus qu’alarmant avant le COVID-19. Ce qui est officiellement connu, et en aucun cas complet, c’est que 63 000 enfants par an sont victimes d’agression sexuelle, plus de la moitié des femmes Autochtones sont agressées par leur compagnon, et 22% des SDF, des transsexuels, des individus à deux esprits qui ont eu accès à des foyers agréés par l’Etat, ont été agressés sexuellement par le personnel ou des résidents.

Que se soit parfaitement clair, s’il n’y avait pas cette dépendance d’un système qui nous a trahis depuis des siècles, transformé les BIPOC (Peuples de couleur et Autochtones) en rouages d’une machine, nous a empoisonnés en introduisant l’alcool et la violence sexuelle et domestique, en serions-nous là on nous en sommes maintenant ? Serions-nous si inquiets pour nos parents pris au piège dans les logements de propriétaires pourris ?

Nous pouvons rester là toute la journée à parler de ces problèmes, et nous l’avons fait depuis des siècles. Les survivants, non seulement de la violence sexuelle et domestique, mais aussi de la violence coloniale de d’Etat, ont montré la voie dans ces conversations depuis que les terroristes Européens ont mis le pied sur ce continent. Le fait est que les femmes et les deux-esprits survivants, qui constituent la majorité de ceux qui réclament un monde sans violence sexuelle, n’ont pas été entendus.

Il est temps, pour les cis-hommes, qui commettent 98% des crimes violents, de faire quelque chose. Le changement doit venir de, et être conduit par des hommes – parce que si les femmes et les deux-esprits survivants pouvaient réaliser le changement, nous l’aurions déjà fait maintenant, avec tous les efforts que nous y avons consacré.

Les hommes doivent aider à créer un monde dans lequel tous les hommes et les garçons aiment et respectent toutes les femmes, les filles, et où les adultes et les enfants à deux esprits sont estimés et en sécurité.

Les hommes doivent aider à créer un monde où la perpétuation de la violence des hommes envers les femmes, les filles et les individus à deux esprits, est vu comme équivalent à la violence coloniale des colons Européens d’abord perpétrée contre nos femmes, nos enfants, et nos parents à deux esprits, et notre principale gardienne – Notre Mère la Terre.

Les hommes doivent aider à créer un monde où le matriarcat est rétabli et le colonialisme aboli.

Le combat pour mettre un terme aux agressions sexuelles et à la violence entre personnes/fondée sur le genre, dans nous communautés, est notre lutte commune. La responsabilité ne commence ni ne finit quand les violences sont perpétuées, mais doit faire profondément partie de ce que, et qui, nous sommes quotidiennement.

Quelques mesures :

  • Honorer le consentement
  • Honorer et respecter (et aider à renforcer) les limites personnelles.
  • Apprendre, écouter, et construire des ententes sur les causes de base et affronter directement la violence fondée sur le genre, comme l’hétéro-patriarcat, le traumatisme historique, la suprématie blanche, le capitalisme, l’oppression intériorisée, et l’écocide.
  • Confronter les conduites sexistes, homophobes, et transphobes sous toutes leurs formes.
  • Honorer nos parents à deux esprits et transsexuels.
  • Pratiquer le ‘survivant-centrisme’ et montrer un intérêt féroce, de la sensibilité, de la compassion, de la compréhension et tout autre moyen de soutien.
  • Respecter l’autonomie des survivants.
  • Ne pas perpétuer le rejet de la faute sur les victimes.
  • Ne pas perpétuer ou introduire des conduites apologétiques.
  • S’engager dans des processus de transformation et de justice réparatrice.
  • Soutenir la guérison des survivants et leur assurer l’accès aux services indispensables.
  • Eduquer les jeunes garçons et les hommes sur le consentement et le respect des limites.
  • S’opposer à l’humour et au langage insultants.
  • Bloquer le machisme, le masculinanarchisme, et toutes les autres actions/conduites de merde.
  • Reconnaitre que l’agression peut n’être pas seulement physique, mais aussi psychologique, verbale, économique, indirecte et internalisée.
  • Reconnaitre que la violence fondée sur le genre n’est pas un problème personnel ou individuel, mais un effondrement de nos communautés et de nos cultures.
  • Travailler à l’abolition totale de la culture du viol.

Si nos mouvements doivent être vraiment libérateurs, nous ne devons pas hésiter à nous engager dans cette lutte cruciale. C’est toute notre responsabilité.

#mmiwgt2s #nomorestolensisters #smashcolonialism #smashheteropatriarchy.

Michelle Cook, avocate Diné [Navajo], était invitée à la Journée Annuelle de Solidarité du CSIA-Nitassinan 2019. Elle a fondé le « Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau » pour aider ceux qui avaient tenté d’empêcher la construction de l’oléoduc DAPL, à Standing Rock, de février 2016 à avril 2017. Elle prépare actuellement un doctorat en Sciences Politiques à l’université d’Arizona, sur les questions, indissolublement liées aux Etats-Unis, de Droits Humains Autochtones, de désinvestissement de projets nuisibles et de sexisme. Elle est membre du WECAN (Women Earth and Climate Action Network – Réseau d’Action des Femmes pour la Terre et le Climat) et a effectué une tournée en Europe pour la Campagne intitulée « Divest, Invest, Protect », visant à faire pression sur les banques et les compagnies d’assurance européennes qui investissent dans des projets racistes. Le 12 octobre, au cours de la Journée Annuelle de Solidarité, elle s’est exprimée comme suit.

Michelle Cook  in English
12 octobre 2019
Also in English on Censored News
Traduction et photos Christine Prat

« Je pense qu’en termes de campagne de désinvestissement, je ne me considère pas tant comme une lobbyste, que comme un agent de contrôle de la réalité, et quelqu’un qui ne fait qu’exprimer des faits et des vérités. En fin de compte, je pense qu’une chose importante, dans ce que nous faisons, est que nous ne demandons pas à ces banques d’avoir pitié de nous, mais que nous leur donnions un clair avertissement de ce que leur temps de domination de cette Terre touche à son terme.

« Après l’affaire du Dakota Access Pipeline, un oléoduc combattu par plus de 10 000 personnes, au cœur même des Etats-Unis d’Amérique, nous avions pu obtenir, sous le gouvernement Obama, que la construction de l’oléoduc soit interrompue. Cependant, lorsque le gouvernement Trump est arrivé au pouvoir, en quelques jours cette décision a été niée, et le projet d’oléoduc a été autorisé à continuer, et à passer sous le Fleuve Missouri. Avant cela, à partir du 20 août 2016, j’avais dû voir comment les gens de notre peuple étaient maltraités. J’ai vu, j’ai été témoin, et j’ai fait des rapports sur les attaques de chiens, les traces de morsures sur la poitrine de mes semblables, sur la poitrine des femmes. J’ai dû dormir en me demandant si mais amis ne seraient pas assassinés. Nous avons dû voir deux de nos précieux membres de tribus Diné gravement blessés. Ils ont perdu des yeux à cause de l’utilisation par la police d’armes soi-disant ‘non-léthales’.

« Ainsi, lorsque l’oléoduc a été autorisé, après que le gouvernement Trump entre en fonction, pour moi, pour ma propre guérison et mon propre bien-être, j’ai eu besoin de savoir qui payait pour cela. Il fallait que je les voie, c’était important. Il fallait que j’aille là où ils se croyaient en sécurité. Et il fallait qu’ils me voient, afin que toutes les larmes et toute la souffrance que je devais porter ne soient plus les miennes, et qu’ils reprennent pour eux toute la violence et tous les traumatismes qui nous ont été causés par leurs finances. Alors, quand nous sommes allées dans ces banques, j’ai laissé toute cette souffrance avec eux, j’ai laissé les traumatismes dans les murs de leurs institutions. Je pense que si, à la base, ce que nous faisons est d’essayer de changer les lois de finance, à un niveau beaucoup plus profond, ce qui nous faisons est en fait un exorcisme du système, de l’esprit de prédation, qui existe depuis longtemps sur cette planète et nous a déconnecté de qui nous sommes, nous a aliéné de notre héritage en tant que créatures sacrées, d’enfants sacrés de cette terre.

« Ainsi, j’ai appris beaucoup de ces réunions. En particulier d’une Assemblée Générale Annuelle des actionnaires. Quand nous nous sommes approchées de l’immeuble, je pouvais voir des snipers sur le toit. Et nous étions là, des femmes Indiennes. Qu’avions nous fait ? Pourquoi fallait-t-il un sniper au-dessus de nos têtes ? Qu’avions-nous de plus que mes plumes, du pollen et des herbes médicinales ? Donc, je suis allée à cette réunion avec ces fusils pointés sur nous, et c’est ce qu’ont fait aussi les autres femmes. Et nous étions surveillées et suivies, probablement par des agents de la sécurité. Chaque fois que j’allais aux toilettes, j’étais suivie, chaque geste que je faisais été surveillé. Parce que nous étions entrées dans le temple de leur dieu. Parce que l’argent est le dieu des colonialistes. Il a remplacé le sacré. Alors, au lieu d’incantations on entend leurs chansons affairistes, au lieu de voir les symboles sacrés de la vie, on voit leur image affairiste. C’est une prière renversée. Quand je me suis trouvée dans cette réunion, j’ai ressenti … Beaucoup de gens qui nous ont vu disent ‘Oh, vous devez être si courageuses !’, mais nous ne sommes courageuses que parce que nous devons l’être, courageuses par nécessité, il le faut, il faut que je le sois. Et, malgré ces hommes armés qui me suivaient, j’ai dû méditer et me dire ‘je vais le faire, je peux le faire.’ Je pense que tout le monde a de ces moments où on va être confronté à quelque chose qu’on pense ne pas pouvoir faire. Mais il faut s’efforcer de surmonter ces peurs, afin d’être capable de faire ce qui va être nécessaire pour sauver cette planète. J’étais la dernière à prendre la parole à cette Assemblée Générale des actionnaires, mais dès que ma première collègue fut sur scène, le public s’est mis à nous siffler, à hurler et à nous huer. Immédiatement, lorsque nous sommes montées sur scène, bien qu’il y eût encore des actionnaires qui parlaient, nous avons senti comme une vague de méchanceté et d’hostilité. Et la méditation indispensable, face à l’adversité, fut très difficile. Parce qu’il faut savoir qu’ils veulent vous faire tomber, afin que vous ne puissiez pas dire la vérité. Mais j’ai compris ce qui se passait, et grâce à la méditation et la prière, j’ai pu maintenir un certain calme intérieur et leur délivrer un message qui leur donnait de bonnes raisons de nous huer. Alors, je pense que le simple fait d’amener des femmes Autochtones dans ces institutions est en soi un acte d’exorcisme, parce que je pense que la présence même de femmes Autochtones est un acte de purification de ces temples de la soi-disant ‘Civilisation’ Occidentale.

« Je pense que ce qui est unique dans cette campagne et dans le message que nous portons, en tant que femmes Autochtones, dans ce mouvement de désinvestissement, c’est qu’il n’est pas seulement question de retirer de l’argent de ces mauvaises banques pour le placer ailleurs. Essentiellement, ce que nous demandons, c’est aux individus de remettre en question cette abstraction qu’est l’argent lui-même. Il faut absolument comprendre l’histoire de la création des banques d’Europe, afin de comprendre et de raviver, de rétablir les anciennes traditions économiques des Peuples Autochtones comme alternatives possibles qui pourraient conjurer le génocide climatique auquel nous sommes actuellement confrontés. Je pense que nous demandons aussi aux gens : ‘demandez vous quelles sont vos valeurs, que vous a-t-on dit sur votre valeur ? Est-ce que votre valeur est seulement fondée sur ce que vous gagnez ? Est-ce que votre valeur est fondée sur votre sexe ? Est-ce que votre valeur est fondée sur votre race ? Etes-vous assez bien, sommes-nous jamais assez bien ? Sommes-nous complets ? Atteignons-nous jamais la plénitude ?’ Nous n’atteignons jamais la plénitude dans ce système capitaliste, il n’y en a jamais assez et est-ce cela, la valeur ? Pour nous, Autochtones, on nous l’enseigne avant la naissance. Quand le bébé est encore dans le ventre de sa mère, il entend des chants, in-utero, et a déjà reçu le code de l’ancienne connaissance de qui on est. C’est comme ça que ça marche, parce que quand on vous a ôté votre véritable identité, en tant qu’être sacré de cet univers, on ne peut plus comprendre qu’on a du pouvoir, ni comprendre qu’on n’est jamais seul, qu’on est toujours relié, toujours entouré des Ancêtres et de la Création, et que les Eléments sont nos parents.

« Et ça a été la mission ‘civilisatrice’ de la soi-disant ‘Civilisation’ Occidentale, depuis le début du culte de Rome. Et se sont les bulles papales, prononcées par le Pape Alexandre Borgia, qui ont produit la Doctrine de la Découverte, qui a permis la théorie de la ‘Destinée Manifeste’, pour autoriser la colonisation du monde entier, également ici, contre les tribus d’Europe. Vous êtes seulement plus près du siège de l’empire, depuis des siècles. Il se trouve que nous en sommes plus éloignés, et qu’ainsi, nous nous souvenons du temps d’avant le culte de Rome. Mais ce savoir et vos connections vous ont été arrachés violemment par l’Inquisition. Cette histoire de la colonisation, de l’impérialisme, et du racisme et du féminicide qui y sont inhérents, fait partie des forces d’intersection qui nous ont amenés à ce problème actuel de génocide climatique.

« Ainsi, nous les Peuples Autochtones, sommes les gardiens du savoir du temps d’avant, et c’est pourquoi il est si important d’écouter les Peuples Autochtones et de suivre leur direction. Parce que, pour survivre, nous devons nous réaligner, pour que nous survivions tous, vous devez vous guérir. Nous approchons le 400ème anniversaire du débarquement des premiers navires sur nos côtes, et maintenant, des Autochtones reviennent ici, et nous voyons le cercle s’accomplir. Et je vois votre présence ici comme ce que j’espère être un réveil des peuples d’Europe. Se réveiller et rallumer l’esprit sacré à l’intérieur de nous tous, afin que nous puissions guérir et recoller ce qui a été brisé. Alors, je vous invite à vous joindre à nous, et à bien comprendre que je ne suis pas différente de vous, que nous ne sommes qu’Un, que nous sommes un seul peuple. Nous ne devrions pas être divisés et nous devons nous unir, nous devons nous rassembler maintenant, il ne reste plus de temps. Je vous invite à nous rejoindre et à vous autoriser à suivre votre but le plus élevé et à trouver comment vous pouvez contribuer et ce que vous pouvez faire pour participer à la guérison de cette Terre et guérir ce qui a été blessé par la colonisation. En ce qui concerne les banques, c’est la partie la plus simple, il suffit de leur demander de respecter les Droits Humains. Mais pour vraiment changer et transformer la société, nous devons vous changer et vous transformer. Alors, de quoi avez-vous besoin, que voulez-vous entendre, étant donné que vous nous écoutez, que vous êtes tous ici, que voulez-vous entendre de nous ? Je veux que vous exigiez ceci de vous-mêmes : de vous lever à l’aube – c’est ce que nous faisons et ce peut être un savoir que je vous donne afin que vous puissiez vous reconnecter. Donc, levez-vous très tôt le matin, quand le soleil commence juste à se lever. Soyez disciplinés. Réveillez-vous et donnez ce que vous avez, un peu de tabac, ou du pollen de maïs, ou de la farine de maïs. Offrez-le à la Terre. Et demandez à guérir, demandez au Créateur de vous en donner la force et le savoir. C’est par cette réciprocité, cette monnaie spirituelle que vous pouvez vous réaligner et trouver ce qu’est le véritable pouvoir. Et c’est votre véritable héritage en tant qu’enfant sacré de cet univers. »

 

Dernière partie de la conférence donnée par Wendsler Nosie Sr. à Paris, le 23 mars 2019. Voir également les 1ère et 2ème partie. Tout le monde, chez les Autochtones et d’autres, n’est pas d’accord avec sa vision de la manière de mener le combat. Cependant, la situation est particulièrement difficile pour les Apaches. Comme il le rappelle, 90% des Apaches ont été exterminés. Les survivants ont été disséminés dans de nombreuses petites réserves, éloignées les unes des autres. A San Carlos, qui fut d’abord un camp de prisonniers avant de devenir une réserve, 15 branches différentes d’Apaches se sont retrouvés ensemble. Selon sa propre voie – spirituelle – M. Nosie combat pour les droits, pour le respect, et, par-dessus tout, pour Notre Mère la Terre.

Christine Prat

Discours de Wendsler Nosie Sr.
Transcription et traduction Christine Prat   English

“Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est toujours la même chose depuis le début, lorsqu’ils sont arrivés dans notre pays. Je veux dire par là que, quand les premiers sont venus, c’était pour les ressources naturelles, qu’ils voulaient ramener en Europe. Jusqu’à ce que ceux qui étaient là se rendent compte qu’ils pouvaient les garder pour eux-mêmes. Beaucoup de tribus de l’est des Etats-Unis ont été exterminées ou chassées, forcées d’aller vers l’ouest. C’est une histoire très triste, parce que ces tribus avaient essayé de respecter les traités signés avec les pays coloniaux d’alors. C’est comme quand vous regardez une étendue d’eau calme, ça ne bouge pas. Et vous jetez un petit caillou. Ça forme un premier cercle, puis ça s’étend. De plus en plus de cercles se forment. Et là, je dis que le premier cercle a menti aux autres, ils se déplaçaient, ils arrivaient. C’est pourquoi je veux dire ce qui m’a été dit : ‘N’aie pas de haine’, parce qu’il y a une tromperie. Même les gens qui sont venus d’Europe comme 2e, 3e, 4e, 5e générations, on leur avait menti. En tant qu’Autochtones, nous devons apprendre cela nous-mêmes.

“Mais certains n’approuvent pas cette voie, ils veulent être durs, violents, retords. Mais je leur dis ‘Nous devons être plus intelligents’. Parce que la stratégie Américaine était bonne pour les premiers Américains. 90% de nos peuples ont été éliminés. Alors, il n’est plus possible de se rebeller. Ce qui veut dire qu’il faut être plus intelligents.

“Et maintenant, on en vient aux dirigeants. Les Anciens disaient que ça devait être spirituel. Parce qu’ils sont de votre famille aussi. Le Créateur nous a tous créés. Il n’y a qu’un Dieu. Et nous sommes tous ses enfants. Alors, c’est la voie que je suis. Et c’est ce que je devais enseigner à mon peuple. Alors, vous imaginez, aller l’enseigner à toutes les tribus d’Amérique ! Ce qui m’inquiétait, c’était comment ils le ressentiraient. Mais ce qui réchauffait mon cœur, c’était qu’ils cherchent tous la même route.

“Je suis vraiment heureux qu’en Amérique, ce soit devenu un combat pour l’eau. A Standing Rock, ils l’ont mise en avant pour tous les Américains, l’importance de l’eau. Les enfants parlent – et maintenant on voit beaucoup d’Amérindiens, d’Américains Blancs, d’Africains-Américains, de Mexicains Américains – beaucoup de jeunes gens qui résistent ensemble. Je suis très fier des jeunes. Ils assument plus de responsabilité en posant des questions. Parce que ça nous ramène à nous autres. Ainsi, je dis aux gens ‘soyez honnêtes, dites la vérité’. Alors, je dis à l’Amérique, quand on parle de ce qui est le mal, les fantômes – nous sommes supposés dire ‘fantôme’ et ‘c’est le mal’ – on nous convainc, quand on le regarde, d’en avoir peur. Mais tout change, tout se modifie. Et il faut regarder très profondément pour découvrir ce qu’est vraiment le mal. Les gens que j’ai rencontrés dans le pays, aux Etats-Unis et ailleurs – je ne suis pas allé en Inde, mais j’ai eu l’occasion de rencontrer des gens de là-bas, d’Afrique, d’Amérique du Sud, de Jakarta, en Indonésie – ils cherchent tous aussi, ils essaient de comprendre.

“Je dis à l’Amérique, mon pays natal, là d’où je viens, nous sommes nouveaux et nous sommes anciens. Quelqu’un de mon peuple, est mort comme prisonnier de guerre en 1927. Pas la Première ni la Deuxième Guerre Mondiale, il était en prison depuis les années 1890, le temps de la Guerre Américaine. Là d’où je suis, nous n’avons pas eu la parole avant les années 1980. C’est pourquoi je dis ‘nous sommes nouveaux et anciens’, je veux dire par là que nous sommes nouveaux pour ce que l’Amérique a amené dans l’Ouest, mais nous sommes anciens dans les voies anciennes. Alors, je dis au peuple d’Amérique – et je le dis honnêtement du fond du cœur – ‘Je ne vous hais pas, mais ce que vous avez fait est d’avoir apporté le mal le plus ancien à l’Amérique du Nord’.

Alors, nos jeunes répètent partout ‘résistez, résistez !’ ou ‘décolonisez ! Il faut décoloniser’, mais je leur dis ‘Ce n’est pas nous, c’est VOUS les Blancs, VOUS qui devez décoloniser’. Parce que, si on regarde l’histoire, où l’esclavage a-t-il commencé ? D’où viennent des mots comme ‘païen’ ? Ça a commencé ici, et je ne veux offenser personne, mais ça a commencé avec les rois, le premier type de gouvernement.

Ce que je dis, c’est que quand ils sont venus en Amérique, dès le début, ce n’était pas pour rendre l’Amérique meilleure, c’était pour prendre ce qu’ils pouvaient à l’Amérique et le rapporter aux pays colonisateurs d’Europe. Parce que, si l’Amérique était vraiment où vous vous sentez chez vous, pourquoi, à Oak Flat, vous continuez à donner des ressources à l’Europe ? Si ce lieu était vraiment chez vous, vous prendriez soin de ce que vous avez.

“Je vais terminer avec ce que ma mère m’a dit, la toute première fois où je suis venu en Europe, il y a 22 ans. Ma mère s’est assise et dit : ‘Souviens-toi, si l’avion ne fonctionne pas, ils sont venus en bateaux, et tu peux toujours prendre un bateau pour rentrer’. Elle était très sérieuse. Je croyais qu’elle plaisantait, mais elle voulait me dire : ‘Mon fils, tu retournes chez les gens les plus anciens, là d’où venaient ces gens qui sont venus en Amérique. Alors tu pourras probablement parler à leurs familles, s’il te plaît dis à leurs de dire à leurs familles ici de bien se tenir.’

“Merci.”

RESOLUTION COPPER, LE PROJET

Apache Leap. Le site de Resolution Copper est juste au-dessus, pas visible du bas.

Apache Leap, avec le site de Resolution Copper et dans le coin en haut à droite, l’endroit où sera creusé le cratère

Ce que ça risque de devenir

Les deux sites appartenant à Resolution Copper. Les autres photos ont été prises de la petite route qui contourne la montagne.

Voir aussi la vidéo de Resolution Copper sur l’avenir du projet.

 

Automne 2017 (vl.0)
Corrections et contributions par
Le Collectif Indigenous Action Media et ses amis
www.indigenousaction.org
Traduction Christine Prat

 

DECLARATIONS, DECONNEXION ET RECUPERATION DE LA DECOLONISATION

Tandis que le rythme des déclarations, par les forces d’occupation, d’une “Journée des Peuples Autochtones” (JPA) s’accélère, nous ne pouvons nous empêcher de nous sentir déconnectés des célébrations.

A part le soulagement psychique, à quoi est-ce que ça nous avance si l’état démonte ces statues et proclame la “Journée des Peuples Autochtones”, alors que les structures et les systèmes enracinés dans la violence coloniale demeurent intacts? N’est-ce qu’une posture politique ou un artifice pour diminuer l’agitation libératrice? Nos sens sont en éveil vu que la plupart des rebaptisations de Columbus Day en JPA semblent n’être que du blanchiment d’héritage colonial.

Les statistiques sont trop connues: les Peuples Autochtones aux “Etats-Unis” sont le groupe ethnique victime du plus fort taux d’assassinats par la police, du plus fort taux d’incarcérations et de violence sexuelle, et a le plus fort taux de SDF.

Alors oui, nous avons de très bonnes raisons d’être sceptiques face à des gestes symboliques.

Nous sommes tous pour la suppression des symboles coloniaux et des mythes nationalistes, dans la mesure ou des aspects structurels comme le colonialisme et le racisme disparaissent du même mouvement. Le problème c’est que ce n’est pas le cas. Ces décrets sont vite adoptés par leurs défenseurs comme des “pas dans la bonne direction” pour les intérêts des Autochtones, cependant – et nous allons le montrer ici – ils ne servent qu’à ossifier le pouvoir colonial. Quoi d’autre pourrions-nous récolter de déclarations superficielles lâchées d’en haut par les instances gouvernantes d’occupation?

Les aspirations à la décolonisation sont embourbées dans la cosmétologie libérale de gauche, si rien de concret n’est fait pour remettre en cause la brutalité anti-Autochtone historique et toujours en cours. C’est un processus conciliatoire insidieux de récupération décolonisante, enraciné dans un changement culturel et symbolique, visant d’abord à transformer son statut social. Il n’arrive pas à affronter et à transformer le pouvoir social de façon significative.

Pour illustrer cela, presque toutes les déclarations de “Journée des Peuples Autochtones” passées récemment, utilisent le même modèle, avec des variations mineures:

Réaffirmation de “l’engagement à promouvoir le bien-être et la croissance des Amérindiens et de la communauté Autochtone du _____.” [les blancs remplacent le nom de états ayant adopté la mesure – NdT]

Reconnaissance de ce “que les Peuples Autochtones des territoires qui deviendraient plus tard les Amériques ont occupé ces territoires depuis des temps immémoriaux; et

– _____ reconnaît le fait que _____ est construit sur les terres et les villages des Peuples Autochtone de cette région, sans lesquels la construction du _____ n’aurait pas été possible; et

– Appréciant “les nombreuses contributions apportées à notre communauté par le savoir, le travail, la technologie, la science, la philosophie, les arts et la profonde contribution culturelle des Peuples Autochtones, qui a significativement formé le caractère du _____; et

– _____ a la responsabilité de s’opposer au racisme systématique envers les Autochtones aux Etats-Unis, qui perpétue le fort taux de pauvreté et les inégalités de revenus, ce qui exacerbe de façon disproportionnée les crises sanitaires, scolaires et sociales; et

– _____ favorise la réduction de l’écart d’équité pour les Peuples Autochtones par des politiques et des pratiques qui reflètent ce qu’ont vécu les Peuples Autochtones, assure un meilleur accès et une plus grande opportunité, et honore les racines, l’histoire et les contributions autochtones de notre nation; et

coetera…

Les origines de la JPA remontent à 1977, quand une délégation de Peuples Autochtones a proposé de remplacer le Columbus Day à la “Conférence Internationale sur la Discrimination Contre les Populations Autochtones dans les Amériques” des Nations Unis, en Suisse.

Le rythme s’est accéléré en juillet 1990, quand des représentants de plus de cent Nations Autochtones se sont organisés pour le “500ème anniversaire de la Résistance Indigène à l’invasion Européenne des Amériques.” Une résolution a été passée pour transformer le Colombus Day de 1992 “en une occasion de renforcer notre processus d’unité continentale et de lutte vers notre libération.”

Un an plus tard, après la constitution d’un comité appelé Résistance 500 dans les territoires occupés Ohlone aka “Berkeley, California,” le conseil municipal a été le premier des “Etats-Unis” à déclarer le 12 octobre Journée des Peuples Autochtone. La résolution appelait à une journée de “cérémonies, manifestations et discours culturels”, à la participation des écoles et à une procession informelle.

Dans les “Pays du Sud” nos parents ont suscité un avis de menace de la CIA disant que “Le comité de renseignement des Etats-Unis évalue qu’il y a une augmentation du potentiel de violence terroriste dans certains pays d’Amérique Latine, en lien avec l’observance le 12 octobre du 500ème anniversaire de l’arrivée de Colomb dans le Nouveau Monde.” Il y eu parmi les attaques, des bombes contre des cibles des Etats-Unis comme des églises, des banques et la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis au Chili. Le bureau international de United Press au Pérou fut libéré pour une émission de radio dénonçant l’invasion par Christophe Colomb.

En même temps, aux “Etats-Unis”, la JPA – dans le pire des cas – a absorbé les tendances à la décolonisation et les a transformées en marchés culturels annuels approuvés par les états. Avec des ONG ou des managers auto-proclamés contenant le niveau: ce n’est que pow-wow sans rage, et zéro mention de responsabilité ou de libération. La machinerie de ce genre de “célébrations” ne nous est que trop familière, comme ce “Mois du Patrimoine Amérindien” qui est déjà souligné par des danses, des ventes et une série d’autres marchandises essentialisées. Ce n’est qu’une expression du partenariat structurel et intime du capitalisme et du colonialisme, c’est la JPA (marque déposée), tous droits réservés. Un jour férié sur des terres volées.

“SE FIXER SUR L’ABOLITION D’UNE JOURNEE QUI CELEBRE LE GENOCIDE DES PEUPLES AUTOCHTONES, C’EST IGNORER LES 364 AUTRES QUI SONT TOUJOURS SOUS LE JOUG DE L’OCCUPATION ET DE L’EXPLOITATION DES VIES ET DES TERRES AUTOCHTONES.”

Amrah Salomon J., Mexicain et O’odham, déclare: “Nommer et célébrer sont des moyens importants de normaliser le génocide et le colonialisme. Nommer des lieus et des jours de célébration d’après d’horribles tueurs comme Cristoforo Colombo, est un moyen de créer l’acceptation sociale de ses crimes: viol, torture, invasion, génocide, et avoir été l’architecte de l’incarcération de masse et du commerce d’esclaves chosifiés (qui emmenait des esclaves Amérindiens en Europe et des esclaves Africains aux Amériques). Voir ces noms célébrés autour de nous suscite un profond traumatisme historique pour les Noirs et les Peuples Autochtones et fonctionne comme une forme de micro agression raciale.”

Salomon ajoute: “Alors oui, il est important de supprimer ces noms insultants de nos géographies quotidiennes, de supprimer ces jours de fêtes, et de retirer les monuments qui glorifient l’esclavage, le colonialisme et le génocide. Mais se préoccuper des représentations publiques qui glorifient la violence coloniale et raciale ne suffit pas, nous devons aussi mettre un terme aux actes constants de violence coloniale et raciale pour que ces mesures représentatives aient une quelconque importance sociale durable. Si la statue de Christophe Colomb et la célébration du génocide qu’est Thanksgiving n’existent plus, il y a toujours une myriade d’autres actes de violence coloniale qui se produisent chaque jour et auxquels il faut remédier. La rectification du colonialisme ne peut s’accomplir que par la décolonisation. La rectification du racisme ne peut s’accomplir qu’avec l’abolition de la suprématie blanche en tant qu’institution structurelle et système social, pas seulement comme pratique individuelle de fanatiques. Et la rectification de l’hétéro-patriarcat, ne peut s’accomplir que par son abolition.”

AU-DELA DE LA RECONNAISSANCE

As Charlie 2015, “Detroit, Michigan”

Sepulveda, un Tongva des territoires occupés de “Los Angeles”, déclare: “Changer Columbus Day en Journée des Peuples Autochtones, bien que correct, n’est rien de plus qu’une politique de reconnaissance. Ce n’est pas la justice. Ça ne rend pas le territoire. Ça ne fait pas progresser les Tongva vers la décolonisation ni ne renforce notre capacité à être souverains. Ça permet à L.A. de reconnaître les Autochtones sans avoir à faire quoique ce soit pour ébranler radicalement l’ordre hégémonique du colonialisme de peuplement. Désolé de faire pleuvoir sur votre parade.” Sepulveda ajoute: “Je suis reconnaissant envers ceux qui travaillent à l’abolition du Colombus Day. C’est important. Cependant, les Tongva ont désespérément besoin de plus que d’un changement de nom symbolique. Et c’est le territoire Tongva, pas un territoire ‘Indien’. – J’espère que c’était clair [dans la déclaration de la JPA]? Sinon, alors pourquoi pas? Nous sommes toujours là.”

Il est important de comprendre les politiques de reconnaissance en termes de stratégie et de tactique. Si le but est l’autonomie Autochtone, la libération du territoire, des gens et d’autres êtres, alors pourquoi demander à nos oppresseurs de simplement admettre ou reconnaître notre existence?

Glen Coulthard, Yellowknives, Dene, écrit dans son essai ‘Peuples Autochtones et Politique de Reconnaissance’ que “… les puissances coloniales ne reconnaîtrons les droits et les identités collectifs des Autochtones que dans la mesure où cette reconnaissance ne fait pas obstruction aux impératifs de l’état et du capital.” Coulthard affirme aussi, dans son livre ‘Peaux Rouges, Masques Blancs’ que “… dans des situations où le pouvoir colonial ne dépend pas uniquement de l’exercice de la violence d’état, sa reproduction repose sur la capacité à induire les Peuples Autochtones à s’identifier, implicitement ou explicitement, avec des formes de reconnaissance profondément asymétriques et non-réciproques, imposées ou accordées par l’état et la société de colons.”

Ceci ne veut pas dire que les attaques contre l’identité Autochtone sous forme de mascottes racistes, de stéréotypes dans des films et des publicités, d’appropriation ‘tendance’, etc. ne causent aucun dégât.

Comme Charles Taylor le note dans le livre ‘Multiculturalisme: En Examinant les Politiques de Reconnaissance’, “…souvent, par la méconnaissance des autres …une personne ou un groupe peut subir des dommages réels, une distorsion réelle, si les gens ou la société autour d’eux leur renvoient une image d’eux-mêmes limitatrice, humiliante ou méprisable. La non-reconnaissance ou la méconnaissance peut faire du tort, et peut être une forme d’oppression, emprisonnant l’individu dans un mode d’existence faux, tordu et réduit.”

Comprendre comment la politique de reconnaissance fonctionne peut éviter les pièges de la cooptation et ouvrir les voies d’une plus grande résistance.

Même le fait de “reconnaître les Peuples Autochtones sur les terres desquels nous vivons” désincarne les identités Autochtones. C’est extrêmement différent de soutenir et d’honorer les protocoles et les coutumes en tant que visiteur ou invité, et de seulement reconnaître leur existence. Pour mettre cela en perspective: la plupart des mouvements actuels pour instaurer la JPA trouvent leur origine dans des milieux urbains, sans engagement significatif des populations d’origine de ces territoires. Cette recolonisation perpétue l’effacement même que la JPA doit solutionner, c’est un exemple criant de violence latérale.

Coulthard souligne comment “la politique de reconnaissance dans sa forme libérale contemporaine promet de reproduire la configuration même du pouvoir d’état colonial, raciste et patriarcal que la demande de reconnaissance des peuples Autochtones a historiquement cherché à transcender.”

La déshumanisation peut être adoucie par des actions qui réaffirment l’identité Autochtone, mais nous insistons pour aller au-delà de la reconnaissance, vers ce que Frantz Fanon offre aux Damnés de la Terre: “…c’est précisément au moment où [le colonisé] réalise son humanité qu’il affute les armes avec lesquelles il assurera sa victoire.”

LIBERALISME DE GAUCHE OU LIBERATION?

Comme il a été dit que la JPA “était un pas dans la bonne direction”, nous demandons “quelle direction?” Réclamer une Journée des Peuples Autochtones comme un acte de décolonisation est un échec des assimilationnistes de gauche. Mettre un terme symboliquement à l’héritage de Colomb tout en perpétuant et en bénéficiant de la violence de la “doctrine de la découverte” n’est qu’une impasse de plus du libéralisme Autochtone. Si nous comprenons que la colonisation a toujours été la guerre, alors pourquoi menons-nous une bataille pour notre reconnaissance et notre affirmation à travers des structures de pouvoir coloniales?

Bettina Castagno, métisse Kanien’kehá:ka, déclare: “Ceux-là pensent, en toute bonne intention, qu’ils aident, mais ne savent pas que pour ces ‘jours fériés’ c’est toujours la culture dominante qui décide de ce qui doit être célébré. Ces jours deviennent finalement une célébration de consommateur capitaliste, reprenant le système de valeur des cultures rapaces dominantes, avec les valeurs et les conduites chrétiennes euro-centriques.” Castagno ajoute: “A ce jour et en cette période de l’histoire des “Etats-Unis”, non ça ne suffit pas de nous jeter un jour férié. Revisitez l’histoire: après nous avoir jeté des couvertures, de la nourriture commerciale, du poison caché dans des bouteilles d’alcool, avoir stérilisé des femmes Autochtones, empoisonné la terre avec de l’uranium, nous avoir fourgué des soins médicaux et une éducation de qualité inférieure, avoir violé les traités, volé le territoire, un simple jour férié est insultant. Nous ne sommes pas libres parce qu’on nous dit que nous sommes libres, nous ne sommes pas libres parce que c’est imprimé sur du papier, ou sur des pièces de monnaie, nous ne sommes vraiment libres que lorsqu’il n’y a pas d’entité dominante ou d’autre culture qui prend les décisions pour notre peuple, notre terre, nos médicaments, notre bétail, notre nourriture, notre eau, notre éducation et notre santé.”

Rendez-vous compte que leur constitution ne garantit toujours pas aux Peuples Autochtones la protection de la liberté religieuse relative aux sites sacrés. Les sites sacrés sont nos sanctuaires ou “monuments” dans les relations que nous avons entretenues depuis des temps immémoriaux et font intégralement partie de la continuation de notre existence. Pourtant, ils sont constamment profanés et attaqués par ces forces politiques qui aujourd’hui vilipendent des facettes sélectives de leurs transgressions passées. Les Black Hills sacrées, dans le Dakota du Sud occupé – qui célèbre le ‘Jour des Amérindiens’, pas le Columbus Day – ont été profanées par l’extraction de ressources minières et par le monument blasphématoire aux présidents génocidaires possesseurs d’esclaves, et l’American Indian Movement a férocement combattu pour elles et pour les reconquérir à de multiples reprises pendant les années 1970. Il y a des télescopes, des stations de ski, des pipelines, des mines, des gratte-ciel, et autres effigies de l’oppression qui profanent ou menacent de violer d’innombrables sites sacrés en ce moment même.

En 2015, surfant sur la vague de déclarations de JPA, la ville de Flagstaff, en Arizona, a proposé de suivre le mouvement. Etant donné leur rôle, par un contrat pour la vente de millions de litres d’eaux usées à la station de ski Arizona Snowbowl, dans la profanation des San Francisco Peaks sacrés, un groupe de gens a mis un point final à l’affaire. Le groupe a demandé: “comment cette action peut-elle bénéficier aux Autochtones plutôt que d’apaiser la culpabilité blanche?”

Ils ont publié une déclaration initiale exprimant comment “nous désirons voir le Columbus Day aboli dans tous nos territoires et pouvons voir comment d’autres sauteraient sur l’occasion de soutenir ce geste, après tout, la confiance et la guérison sont nécessaires et beaucoup d’autres communautés ont durement combattu au cours de leurs propres campagnes pour changer le nom. Peut-être qu’un processus significatif peut être avancé, incluant traiter la question du traumatisme historique du colonialisme de peuplement, qui partirait du principe que Flagstaff n’est pas une ‘ville-frontière’ mais un territoire Autochtone occupé et volé, qui annulerait immédiatement le contrat avec Snowbowl, qui mettrait un terme au profilage racial, à la violence policière, et à la criminalisation de nos frères SDF, qui protègerait Notre Mère la Terre et subviendrait à des communautés en bonne santé et justes. Un processus qui irait au-delà de la requalification de la façon dont notre oppression est reconnue et restructurerait nos relations de pouvoir vers l’abolition de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat, du capitalisme et du colonialisme de peuplement.”

Alternativement, le groupe a proposé un processus complet pour résoudre matériellement les conditions sociales et politiques causées par la politique perpétuellement anti-Autochtone poursuivie par la Ville. Alors que la base était prometteuse, le projet initial a finalement été coopté par des de-gauche qui ont laissé de côté les aspects de responsabilité et d’émancipation de la communauté. En devenant un projet libéral ‘de gauche’ servant à améliorer le fonctionnement des forces d’occupation dominantes, c’est devenu un projet de perpétuation de la violence coloniale.

Quand la ville de Phoenix déclara la JPA, Alex Soto, Tohono O’odham, dit: “Si la ville de Phoenix reconnaissait vraiment les Peuples Autochtones, elle aurait présenté une motion et passé une résolution contre la bretelle d’autoroute de la Montagne du Sud.” Alex ajoute: “La politique de reconnaissance par les colons (JPA) n’assure en rien notre existence. Au mieux, ça renforce l’idée selon laquelle nous sommes un peuple conquis. Je mettrais plutôt mon énergie à brûler la table, si des gestes d’acceptation et de respect non sincères sont offerts par les institutions coloniales. Fondamentalement, tout effort que nous mettons dans la JPA devrait au grand minimum être mis dans de vraies campagnes qui protègent notre culture Autochtone locale. Sinon, à quoi ça sert?”

Tandis que Phoenix se prépare à célébrer sa première JPA, les échos de la dynamite qui fait sauter la Montagne du Sud sacrée seront probablement noyés par les festivités.

Andrew Pedro, Akimel O’odham de Gila River, met certaines choses au point: “La Journée des Peuples Autochtones à Phoenix continue à être une façade de la résistance Autochtone. Juste au sud de Phoenix, Moadag (la Montagne du Sud) est profanée par la construction de l’extension de la bretelle 202. C’est la colonisation du 21ème siècle par l’état, mais devrions-nous tout de même être reconnaissants de ce que l’état change le nom d’un jour férié? Je pourrais être pour, si le jour férié lui-même n’était pas le but final. Le changement de nom est une victoire symbolique. Utilisez la lutte comme plateforme pour formuler des exigences pour nos sites sacrés, mais ce n’est pas ce qui se passe. Il est clair que l’organisation libérale ‘de gauche’ est l’obstacle qui empêche toute réalisation réelle de la victoire. Au lieu d’attaquer la colonisation du 21ème siècle, ils choisissent de célébrer ce que les colonisateurs leur ont donné.”

Ces menaces posées par l’infrastructure à l’existence Autochtone sont produites par les forces systémiques même qui ont poussé Colomb à commettre le génocide des Taino. Défendre ce qui est sacré n’est pas nouveau, c’est aussi vieux que la résistance à Colomb et autres envahisseurs coloniaux bien-méprisés, alors pourquoi célébrer les gestes vides de politiciens? Qu’en est-il du soutien et de la célébration des luttes incessantes pour la libération de Notre Mère la Terre?

Il faut mettre en perspective le fait que des gens se sont précipités pour soutenir la résistance #nodapl, alors qu’ils perpétuent l’annihilation de terres sacrées et des luttes pour les droits à l’eau là où ils vivent. Ça ne veut pas dire que le Lac Oahe (la confluence sacrée entre la rivière Cannonball et le fleuve Missouri) ne garantisse pas un soutien critique, mais qu’il faut se remettre dans le contexte des luttes au sens le plus large, pour défendre ce qui est sacré et protéger l’eau. La lutte anticoloniale exige de comprendre que le front est partout. Ça mesure et calcule comment le pouvoir colonial opère. Si nous ne construisons pas ces notions dans nos luttes, nous risquons d’atteindre le point final là où Idle No More a laissé sa marque. Sans un engagement significatif dans la défense des sites sacrés immédiat, en même temps que dans la lutte contre le capitalisme et le colonialisme (ajouter racisme et hétéro-patriarcat), nous risquons de connaître un futur pas tellement éloigné, où les gens conduiront leurs hybrides à travers la Montagne du Sud (site sacré juste à côté de “Phoenix, Arizona”), sur la bretelle 202, skieront sur la neige faite de merde à Arizona Snowbowl, sur les Pics sacrés, en portant des t-shirts #nodapl ou “Defend the Sacred” qu’ils auront acheté à une fête de la Journée des Peuples Autochtones quelques semaines auparavant. Ce type particulier d’activisme superficiel et de pose anticoloniale est devenu dominant après Standing Rock.

La Journée des Peuples Autochtones, en tant que processus de collusion avec les forces étatiques d’occupation, risque de devenir un rite colonial patriotique plutôt que quelque chose qui s’assimile à une libération.

ROMPRE AVEC LA POSE ANTICOLONIALE

Nous aimerions prendre un instant pour expliquer ce que nous voulons dire par “pose anticoloniale.”

Cette attitude cherche à se justifier et s’auto-légitimer avec le plus de bruit possible, quelquefois délibérément et d’autres fois par vertu, tout en noyant les voix Autochtones critiques. Habituellement, par le vacarme familier de la rhétorique qui délégitimise et dénie dans des rencontres privées de personne à personne (sans responsabilité), blanches ou universitaires (parfois les deux) ou par des déclarations en ligne (qui signifient nous allons faire ce que nous voulons de toutes façons, nous vous avons seulement ‘entendus’), ou la tactique certainement pas innocente, mais la plus utilisée, de l’ “invitation à faire part de vos soucis.” Vous voulez vraiment que nous nous présentions à votre soirée pour dire combien c’est problématique et cependant ne rien faire pour changer fonctionnellement ce que vous êtes en fait en train de faire? Il n’y a rien d’anticolonial là-dedans.

C’est le règne du fascisme d’alliance coloniale/blanche, c’est en réalité, anti-Autochtone. Cette forme de posture radicale réclame tellement sa validation qu’elle cherche agressivement ceux qui peuvent être d’accord, et quand elle les a trouvés, les objective et capitalise leur participation. Ce n’est pas une forme de solidarité, c’est de l’exploitation brutale. C’est là où la fausse alliance des colonialistes rejoint le capitalisme. En clair, la posture anticoloniale maintien la suprématie blanche et le capitalisme.

Les tentatives les plus primaires de blanchir le colonialisme anticolonial résultent en un visage rouge de façade. En l’état, il y aura toujours quelques loups pour danser et là où il y a une chance de gagner une position sociale, du pouvoir par la proximité avec les blancs, on sort pour danser avec les loups.

La pose anticoloniale prospère sur la violence latérale. Prendre des poses radicales et réduire au silence ceux qui ne sont pas d’accord, c’est comment navigue la suprématie blanche pour se perpétuer. Ça nous est familier, à nous qui sommes des Autochtones radicaux/anarchistes/anticapitalistes/antiautoritaires, vu que nous y avons déjà été assujettis et que nous recevons constamment ses coups. Bien sûr nous continuons à être confrontés au fait qu’on peut se débarrasser de nous tous les jours. Les communautés et les lieus radicaux ne sont pas des exceptions à moins d’être les nôtres, ou à moins que beaucoup de travail à long terme pour construire des relations dans le combat, pour vraiment devenir des complices et non pas des alliés, ait été fait. Et encore, à quel point cette relation a de sens ne sera jamais déterminé par des colons blancs. Jamais.

DERACINER LE COLONIALISME

Le colonialisme n’est pas un évènement statique mais une structure construite sur des idées.

Supposer que les structures du pouvoir colonial pourront plier devant des arguments moraux est un point de vue qui admet que le pouvoir colonial peut être absout, nous croyons qu’il ne le peut pas. Il doit être détruit et les conditions qui précipiteront sa chute doivent aussi être enracinées dans ces terres. En tant qu’abolitionnistes anticoloniaux, nous visons le démantèlement total et la destruction systématique de la domination coloniale et de l’exploitation de ces terres.

Nous désirons l’éradication de la géographie coloniale, et voyons que le démantèlement de la documentation historique et de l’iconographie en fait intégralement partie, mais nous affirmons que de tels gains devront être entièrement dans les mains des gens, pas de l’état.

Quand des mains Autochtones et/ou complices non autorisées et sans médiation, frappent ou brisent ces statues, ces monuments, et ces jours de reconnaissance, le mouvement vers la déstabilisation de l’emprise coloniale mortelle sur notre humanité est libéré.

Ce genre d’attaques contre les signes matériels du pouvoir colonial peuvent briser sa légitimité.

Amrah Salomon J. déclare: “L’abolition et la décolonisation, avec l’auto-détermination collective, exigent des actions concrètes. Des actions qui peuvent commencer par abattre une statue ou supprimer un jour férié, mais qui ne peuvent certainement pas s’arrêter là, vu qu’enlever un monument ne fait rien pour en finir avec les incarcérations de masse ou la brutalité policière, et la suppression d’un jour férié ne fait rien pour remédier au fait que les vies Autochtones soient sacrifiables ou à la profanation des sites sacrés. Oui, les statues racistes doivent être abattues et les fêtes racistes doivent être abolies, mais le cynique changement de nom des fêtes et des statues en une sorte de célébration de bonne conscience inclusive (les arguments en faveur de la diversité et de l’intégration sont en fait une assimilation culturelle au colonialisme de peuplement, certainement pas un profond règlement de compte avec nos politiques de différence) est autorisé par l’état parce qu’il peut être réduit à un mécanisme par lequel la société des colons autorise les actes de colonialisme et le terrorisme racial à se perpétuer tandis qu’elle se lave les mains de toute responsabilité d’y faire quelque chose. Nous rejetons cela.”

Nous pouvons et devons défier et attaquer de façon cruciale les idées et les structures de la suprématie blanche, de l’hétéro-patriarcat, du capitalisme et du colonialisme. Après tout, les gens des communautés des territoires Ute occupés à Denver et au-delà, ont combattu pendant des années pour changer le Columbus Day et mettre à bas les glorifications des conquistadors et autres colonisateurs violents, tout en organisant leurs efforts pour guérir de la souffrance du traumatisme historique et intergénérationnel.

LA LUTTE ANTICOLONIALE SIGNIFIE L’ATTAQUE

K’in Balaam dit: “Les attaques anticoloniales sont des coups décisifs qui visent à obtenir l’une de ces trois choses: 1) l’expropriation des ressources pour notre propre survie, 2) changer matériellement les conditions des relations de pouvoir et du contrôle géographique, 3) saboter et miner activement la continuité du pouvoir colonial, de ses ressources, de sa culture et de son contrôle. Bref, c’est quelque chose de mesurable, pas un simple sentiment, ni un jeu de mot représentant un accord en paroles, pas en acte, facilement oublié et laissé de côté le lendemain. Nous n’essayons pas de rejoindre le parti des colons. Ni même d’y prendre le pouvoir.”

Balaam ajoute: “Etre Anticolonialiste veut dire agir et attaquer. Ce n’est pas juste quelques photos publicitaires et des actions défensives avec des jeunes colons poussés par leur culpabilité coloniale, le temps d’un weekend aventureux de guerrier. Pour les Colonisés, la vie c’est la guerre, nous sommes sous occupation et assiégés de tous côtés en tout temps. Même le candidat complice est et a toujours été, un traître potentiel de plus. De la même façon, nous, les colonisés, avons le potentiel de collaborer à notre propre génocide. La différence ne concerne pas la position que nous adoptons. Le génocide est toujours une condition situationnelle de notre lutte et nous sommes forcés de répondre en conséquence. Nous n’avons pas de deuxième chance de faire des erreurs, parce que, fondamentalement, nous sommes une menace existentielle ou ils le sont. C’est leurs huttes ou nos tipis qui brûlent mais en tous cas, quelque chose brûle.”

Enracinée dans le génocide et l’esclavage par les mains brutales de la suprématie blanche, ses banques, ses gratte-ciel, ses statues, ses noms de rues, ses écoles, sa monnaie, et autres institutions, toutes se rejoignant dans une célébration monolithique, c’est la menace de cette violence, dont nos violateurs sont toujours capables. Parce que, comme beaucoup d’autres états-nations, les “Etats-Unis”, dans leur ensemble, sont un monument à l’héritage toujours présent de la violence coloniale d’un ordre civilisationnel global. Notre tâche est de démanteler cet ordre et d’abattre ces monuments à la violence coloniale, tels que celui appelé “Amérique”.

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SOURCES:
The History of Indigenous Peoples’ Day
https://web.archive.org/web/20150214064328/
http://www.ipdpowwow.org/IPD%20History.html
http://www.berkeleydailyplanet.com/issue/2012-09-28/article/40260
http://www.history.com/topics/exploration/columbus-day
https://www.adl.org/sites/default/files/documents/assets/pdf/education-outreach/columbus-day-or-indigenous-peoples-day.pdf

https://nsarchive.wordpress.com/2011/10/07/document-friday-1992-threat-advisory-columbus-day-in-latin-america/
The Hidden 1970s: Histories of Radicalism
Red Skins White Masks, Coulthard
Wretched of the Earth, Fanon / Les Damnés de la Terre, Frantz Fanon

Resources & links:

Decolonization is Not a Metaphor:
www.decolonization.org/index.php/des/article/view/18630
www.warriorpublications.wordpress.com
www.indigenousaction.org
www.unsettlingamerica.wordpress.com
Accomplices Not Allies
: www.indigenousaction.org/accomplices-not-allies-abolishing-the-ally-industrial-complex/ Traduction française: https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=2339

An Indigenous Peoples’ History of the United States
by Roxanne Dunbar-Ortiz

Columbus and Other Cannibals
by Jack D. Forbes

Neo-Colonialism, The Last Stage of Imperialism
by Kwame Nkrumah

Settlers: The Mythology of the White Proletariat
by J. Sakai

Black Skin, White Mask / Peau Noire, Masque Blanc
by Frantz Fanon

A Dying Colonialism
by Frantz Fanon

The Wretched of the Earth / Les Damnés de la Terre
by Franz Fanon

Red Skins, White Masks
Glen Coulthard

 

 

Publié par Brenda Norrell le 15 octobre 2012

See original article in English

GAP interrompt les ventes des t-shirts au slogan ‘Manifest Destiny’, vu les protestations des Autochtones contre cette campagne pro-génocide

 

Article par Brenda Norrell

Photo de protestation par Chase Iron Eyes, Last Real Indians

Traduction Christine Prat

 

GAP a interrompu les ventes du t-shirt au slogan ‘Manifest Destiny’ lundi soir, après que des Autochtones aient protesté contre le slogan en tant que symbole de génocide.

GAP a répondu aux protestations sur Facebook, « Merci pour vos réactions concernant le t-shirt ‘Manifest Destiny’. Prenant en compte les réactions du client, nous ne proposerons plus le t-shirt dans nos magasins ou en ligne. »

Mais ceux qui ont réagi à l’annonce de GAP lundi trouvent cependant que retirer le t-shirt ne suffit pas.

Klee Benally, Navajo de Indigenous Action Media, à Flagstaff, Arizona, dit « ‘Manifest destiny’ était la bannière symbolique derrière laquelle marchaient les colonisateurs menant les guerres génocidaires contre les Peuples Indigènes. Ce t-shirt est une insulte grossière et devrait être supprimé immédiatement. Je ne pense vraiment pas qu’ ‘Arbeit macht frei’ aurait pu avoir une telle diffusion. »
« GAP Inc. a fait l’objet d’enquêtes approfondies sur leurs pratiques d’exploitation du travail au cours des quelques décennies passées, peut-être qu’ils ne font que rendre leurs intentions plus explicites ? » dit Klee Benally.

Donna, du Canada, a dit à GAP sur Facebook, « Je ne suis pas surprise que GAP ne retire ces t-shirts racistes de mauvais qu’après avoir eu des réactions et non pas parce que leur conscience les aurait amenés à penser que des stratégies de marketing contre l’éthique susciteraient des réactions hostiles des Autochtones et des gens ayant une conscience. Honte à GAP d’utiliser des actions racistes et colonialistes pour vendre leur idéologie. »

La pétition en ligne, initiée par Corine Fairbanks de l’American Indian Movement du sud de la Californie, déclare que « Ce vêtement fait la promotion d’une croyance qui a résulté dans l’extermination massive d’Indigènes et sert à normaliser l’oppression. Ce t-shirt est vendu à des ados et des jeunes adultes, et ne fournit pas le contexte dans lequel le racisme et l’inégalité persistent dans notre société comme résultat de cette doctrine. Nous demandons que le t-shirt soit supprimé et que des excuses soient exprimées. »
« La croyance en la ‘Destinée Manifeste’ est dévastatrice et a conduit au génocide de millions de gens. Nous demandons à GAP d’admettre qu’en vendant ce t-shirt, ils montrent que la compagnie est raciste et/ou ignorante, et/ou indifférente à la signification réelle de cette expression. Nous demandons que le t-shirt soit retiré immédiatement et que des excuses soient adressées aux Amérindiens et autres peuples autochtones dans le monde qui ont été touchés tragiquement par cette doctrine. »

Les jeunes Autochtones d’Indigenous Action Media, à Flagstaff, Arizona, ont fourni cette mise à jour du designer du t-shirt, qui semble s’être excusé sur Twitter :

Mark McNairy @mmcnairy https://twitter.com/mmcnairy

« JE SUIS DÉSOLÉ POUR MON COMMENTAIRE VENTANT LA SURVIE DU PLUS FORT. JE SUIS PROFONDEMENT BLESSE D’ETRE QUALIFIE DE RACISTE CAR CE N’EST PAS MOI. J’AI REAGI SANS REFLECHIR. »

 

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Article et mise à jour d’Indigenous Action Media du 15 octobre

 

 

GAP TOMBE ENCORE PLUS BAS AVEC LE T-SHIRT « MANIFEST DESTINY »

Par Indigenous Action Media, 15 octobre 2012

See original article in English

 

Mise à jour du 15 octobre 2012 à 15h30 [heure d’Arizona] – Gap sur Twitter : Merci pour vos réactions à propos du t-shirt « Manifest Destiny ». Nous référant aux réactions du client, nous ne vendrons plus le T.

 

Mise à jour du 15 octobre 2012 à 13h30 [heure d’Arizona] – Gap a apparemment retiré le t-shirt « Manifest Destiny » de sa boutique en ligne.

 

Le designer du T-shirt s’excuse pour son commentaire pour « la survie du plus fort » sur Twitter :

« JE SUIS DESOLE POUR MON COMMENTAIRE VENTANT LA SURVIE DU PLUS FORT. JE SUIS PROFONDEMENT BLESSE D’ETRE QUALIFIE DE RACISTE CAR CE N’EST PAS MOI. J’AI REAGI SANS REFLECHIR. »

 

Gap, Inc. a déclaré officiellement qu’ils ne « vendraient plus » le T-shirt « Manifest Destiny ».

Le designer Mark McNairy a créé un t-shirt pour GAP, Inc. , frappé du slogan « Manifest Destiny ».

Bien entendu, « Manifest Destiny » [« Destinée Manifeste », c’est-à-dire voulue par Dieu] était la bannière brandie par les colonisateurs au cours des guerres génocidaires menées contre les Peuples Autochtones.

L’American Indian Movement of Southern California a engagé une campagne appellant GAP, Inc. à cesser la production du t-shirt et à publier des excuses officielles. La pétition peut être signée à l’adresse suivante : www.change.org/petitions/gap-discontinue-the-manifest-destiny-tshirt-and-issue-a-formal-apology

GAP Inc. a fait l’objet d’enquêtes approfondies sur leurs pratiques d’exploitation du travail au cours des quelques décennies passées, peut-être qu’ils ne font que rendre leurs intentions plus explicites ? Je ne pense vraiment pas qu’ ‘Arbeit macht frei’ aurait pu avoir une telle diffusion.

AIM Socal [American Indian Movement pour la Californie du sud] appelle à d’autres actions :

Contactez directement le designer du t-shirt : info@markmcnaire.com
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