OAK FLAT : Zone Apache à Défendre. Wendsler Nosie, Apache San Carlos, invite tous les Européens en lutte ou soutenant leur lutte à les rejoindre pour un grand rassemblement en 2016

 

 

 

En septembre dernier, Wendsler Nosie Sr. et sa petite-fille Naelyn Pike m’ont fait l’honneur de me recevoir sur leur site sacré – menacé par une mine de cuivre – connu sous le nom d’Oak Flat Campground (Chi’Chil’Bilda’Goteel pour les Apaches), et de m’accorder des interviews. Les vidéos sont sous-titrées en français.

Christine Prat

 

Wendsler Nosie lance un appel aux Européens

 

Naelyn Pike parle de ce que signifie pour elle ‘être Apache’, de l’importance d’Oak Flat et du Bastion Apache

 

Depuis plus de dix ans, la compagnie Australo-Britannique Resolution Copper – une création de BHP Billiton et Rio Tinto – a tenté d’acquérir des terres d’Oak Flat Campground, ou plutôt Chi’Chil’Bilda’Goteel, un site déclaré ‘protégé’ par un décret d’Eisenhower en 1955, afin d’y ouvrir la plus grande mine de cuivre du monde. Le site est sacré pour les Apaches San Carlos et d’autres tribus Autochtones de la région, qui y organisent des cérémonies. En plus, le site menacé comprend une falaise connue sous le nom d’ ‘Apache Leap’ (Saut des Apaches), étant donné qu’à la fin du 19e siècle, quelque 75 Apaches en ont sauté, et se sont suicidés, pour échapper à la Cavalerie. C’est un territoire Apache traditionnel, que les Etats-Unis ont refusé d’inclure dans leurs Réserves et ont déclaré terre publique.
Le site est aussi visité par les amoureux de la nature, qui y viennent toute l’année pour observer des oiseaux qu’on ne trouve nulle part ailleurs, faire des excursions et de l’alpinisme. Des animaux et plantes du site sont des espèces menacées.
Etant donné la profondeur exceptionnelle de la mine projetée, et les quantités invraisemblables d’eau nécessaires à l’extraction, il est à craindre que le site va s’effondrer, laissant un cratère encore plus grand que le célèbre ‘cratère du météorite’.
L’énorme quantité d’eau exigée par ces méthodes d’extraction est une des principales raisons d’inquiétudes pour les opposants au projet.

Les membres du Congrès qui ont soutenu ce projet étaient Ann Kirkpatrick, Paul Gosar et, bien entendu, John McCain. Ils ont proposé un ‘échange de terres’ (çà ne vous rappelle rien, à Notre-Dame-des-Landes ?) connu comme projet de loi H.R. 687. Compte tenu d’une forte opposition et de la résistance, ils n’ont pas pu faire adopter le projet de loi.
En décembre 2014, John McCain a glissé le projet de loi comme simple article – Section 3003 – dans la Loi sur le Budget de la Défense pour 2015, la Loi H.R. 3979, qui devait être adoptée à tout prix et à laquelle ni les Républicains ni les Démocrates ne pouvaient s’opposer (pour cause Sécurité, Moyen-Orient, etc.). Bien que personne ne puisse expliquer ce qu’un échange de terre au profit d’une compagnie étrangère ait à voir avec la Défense, le truc a marché.

Pratiquement toutes les Tribus d’Arizona s’opposent à la mine.
Dès février 2015, des membres de la Tribu Apache San Carlos et des supporters ont organisé une marche de 65 km jusqu’à Oak Flat.
En mars, ils ont décidé d’occuper le site. Ils ont établi un camp où des Apaches San Carlos et des bénévoles qui les soutiennent se relaient et ont l’intention de rester pour prévenir toute invasion. C’est devenu le Bastion Apache. En juillet, ils ont marché jusqu’à Washington pour demander la révocation de la Section 3003, s’arrêtant en route pour rendre visite à d’autres communautés et organiser des rassemblements spirituels communs, et se sont aussi rendus à New York pour manifester à Time Square.

Dans les vidéos ci-dessus, Wendsler Nosie explique la signification spirituelle de ce qui arrive, ce que çà fait à la Création (ce que d’autres appellent l’Environnement), spécialement aux lieux importants spirituellement, et souligne le fait que ces attaques ne se produisent pas que là-bas, mais partout dans le monde, principalement aux dépens des Peuples Autochtones, bien qu’il s’indigne également de ce que les multinationales menacent aussi ‘leurs propres Peuples’. Il appelle donc à la solidarité et à l’unification des luttes et invite tous ceux qui luttent ou soutiennent les luttes à se rassembler dans une grande manifestation l’an prochain, à la mi-mars.
Sa petite-fille Naelyn Pike, 16 ans, explique ce que çà signifie d’être Apache, comment c’est lié avec la connexion avec la Terre, surtout avec leur propre terre sacrée, où ils établissent cette connexion avec la Terre. Elle rappelle comment les Etats-Unis ont essayé de les dépouiller de leur identité et comment ses ancêtres ont combattu pour conserver cette identité, pour survivre et assurer que des Apaches comme elle puissent vivre encore. Elle explique aussi combien c’est important en tant que femme, qui porte des enfants, tout comme Notre Mère la Terre porte la vie et nourrit tout ce qui vit, et combien c’est important pour les jeunes filles Apaches d’avoir leur ‘Sunrise Dance’ – cérémonie de passage à l’âge adulte, devenir femme – à Oak Flat. J’ai eu le grand honneur d’assister à une Sunrise Dance dans la Réserve de San Carlos, et je remercie infiniment les gens là-bas, spécialement ceux qui m’ont invitée. Mais bien sûr, tout le monde souhaite que çà puisse de nouveau avoir lieu à Oak Flat et pour toujours. Naelyn parle aussi du Bastion Apache et des espoirs que çà apporte, et elle résume l’arnaque de John McCain, et les espoirs mis par le Bastion Apache dans une action légale contre la Section 3003, soutenue au Congrès par le Représentant d’Arizona Raul Grijalva.

Tous deux nous rappellent que les Apaches ne se sont jamais rendus et qu’ils ne se rendront jamais.

Christine Prat

 

Remerciements :
Klee Benally et Vanessa Nosie pour avoir arrangé les contacts
Carolyn Matter et Geri Williams pour avoir arrangé des contacts à San Carlos et nous avoir invités pour une Sunrise Dance
Brenda Norrell, pour son assistance journalistique
Et surtout Wendsler Nosie et Naelyn Pike pour leur accueil, leur charisme et leur gentillesse

 

Oak Flat et les environs, et ce que çà devient dans les endroits de la régions où il y a déjà des mines:

 

 

 

Voir tous les articles sur Oak Flat traduits en français

 

 

Vidéo enregistrée le 10 septembre 2015, chez Louise Benally, à Big Mountain

 

LOUISE BENALLY DE BIG MOUNTAIN: LES PROBLEMES SONT TOUJOURS LA, NE NOUS OUBLIEZ PAS!

Le 10 septembre 2015, j’ai été invitée à Big Mountain par Louise Benally, qui résiste depuis toujours aux pressions de ceux qui veulent en chasser les derniers Navajo, sous prétexte que la zone où ils vivent depuis toujours a été attribuée à la Réserve Hopi en 1974. Louise demande qu’on n’oublie pas Big Mountain et la situation dramatique de ses habitants, qu’on en parle, qu’on les soutienne.

Christine Prat

 

 

En 1974, le Congrès des Etats-Unis a adopté la loi PL 93-531, qui décidait du partage d’une zone jusque là commune aux Navajo et aux Hopi, et de la déportation et ‘relocalisation’ forcée de milliers de familles Navajo de Big Mountain. La loi a été votée en plein scandale du Watergate, par conséquent, la plupart des Sénateurs et Représentants étaient absents des discussions de la loi PL 93-531, ne venaient que quand ils entendaient la cloche annonçant le moment de voter, demandaient à leurs assistants quelle était la position des Sénateurs-vedettes afin de décider de leur vote. A l’époque, le plus célèbre et influent était le Sénateur d’Arizona Barry Goldwater, ex-candidat aux présidentielles, connu alors en Europe comme démagogue populiste d’extrême droite.
Juste avant que la question de Big Mountain ne soit noyée par le scandale du Watergate, le conseiller juridique – Mormon – de la tribu Hopi, qui s’est avéré plus tard avoir été aussi le conseiller juridique de la firme Peabody Coal – fondée par des Mormons – (qui est toujours la plus grande compagnie charbonnière du monde), et avoir travaillé pour la firme de Relations Publiques – Mormone – qui se chargeait de manipuler les médias, avait réussi à présenter l’affaire comme une guerre tribale dévastatrice entre les Hopi et les Navajo. C’était bien sûr un mensonge ridicule. En réalité, il y avait bien eu des problèmes de voisinage, des conflits entre familles, mais pendant tous ces siècles depuis lesquels les Hopi et les Navajo sont voisins, il n’y a jamais eu de guerre généralisée entre les deux tribus. Il y a aussi toujours eu des mariages mixtes, et beaucoup de familles appartiennent aux deux tribus. En fait, c’était surtout les dirigeants Hopi de l’époque, occidentalisés – et, pour certains, convertis à la religion des Mormons – intéressés par les profits rapportés par l’exploitation du charbon, qui avaient choisi Peabody, contre leurs voisins Navajo et leurs propres administrés ‘traditionnels’, qui n’apprécient pas non plus la pollution au charbon de l’air qu’ils respirent, et l’épuisement des ressources en eau déjà rare.

Les Diné (Navajo) qui sont restés chez eux envers et contre tout, sont des résistants, des gens qui n’abandonneront jamais. Louise Benally est l’une d’entre eux et sans doute la plus active.

Des articles ont été publiés l’an dernier, lorsque des habitants très âgés de Big Mountain ont été brutalement agressés par la police Hopi venue saisir leurs moutons. Mais quand il ne se passe rien de spécial, ils sont oubliés. Cependant, la situation à Big Mountain ne s’est pas améliorée. Les gens n’ont pas l’eau courante, l’eau des sources est épuisée et ils doivent avoir recours à des procédés ingénieux (voir vidéo) pour recueillir l’eau de pluie, ils n’ont pas d’électricité – alors que le charbon extrait par Peabody fournit des centrales électriques très polluantes, qui alimentent les grandes villes de la région, mais pas les Navajo qui vivent à proximité –, ils n’ont pas de routes goudronnées – les pistes se transforment en torrents de boue dès qu’il pleut. Selon PL 93-351, ils sont ‘illégaux’ sur leurs propres terres et n’ont donc aucun droit. Pendant des années, ils n’étaient pas autorisés à effectuer la moindre réparation dans leurs maisons à cause d’une loi connue aux Etats-Unis sous le nom de ‘Bennett Freeze’, beaucoup de maisons sont donc en mauvais état, et beaucoup de gens n’ont pas les moyens de les réparer. La plupart des résistants sont âgés, les jeunes ont tendance à partir chercher du travail ailleurs, ce qui rend la situation d’autant plus difficile pour ceux qui restent. En plus des conditions de vie très dures, ils subissent un harcèlement quasi constant de la part de la police et des ‘Rangers Hopi’, leur bétail est saisi, ce qui aggrave le manque de nourriture. Une bonne part de leur bétail, qui fournit de la viande à manger et de la laine à vendre, avait déjà été saisie l’an dernier, en octobre, juste avant l’hiver, période où ils ont particulièrement besoin de nourriture, vu les difficultés de circulation sur les pistes boueuses et dans la neige. Il y a eu de nouvelles saisies de bétail au printemps dernier, les bêtes ont été vendues aux enchères, et des gens ont dû s’endetter pour racheter leurs propres bêtes.

Bien sûr, le harcèlement a pour but de pousser les gens à partir, étant donné que Peabody veut s’étendre. Des Hopi, au Conseil Tribal, soutiennent Peabody, vu qu’ils ont besoin de l’argent que çà leur procure. Les dirigeants Navajo ont aussi des intérêts dans l’exploitation des ressources – la mine principale est en territoire Navajo – et ont récemment donné leur accord pour prolonger le permis d’exploitation de Peabody de 25 ans.

Les gens en ont assez d’être empoisonnés par le charbon, et de manquer d’eau à cause des quantités phénoménales utilisées par Peabody pour extraire le charbon.

Dans la vidéo ci-dessus, Louise Benally parle du manque d’eau et des projets qu’elle a implémenté sur sa propre terre pour compenser un peu les effets du vol d’eau.
Son message est qu’il ne faut pas oublier Big Mountain, les problèmes s’aggravent, Peabody veut s’étendre, les gens vieillissent, ils sont harcelés, ils manquent d’eau, de nourriture, de communications et ils ont besoin d’attention et de soutien !

Christine Prat

 

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Publié par Indigenous Action Media
Le 30 septembre 2015
Publié à l’origine sur le site du Collectif de Jeunesse Akimel O’odham
Traduction Christine Prat

https://aoycblog.files.wordpress.com/2015/09/12077501_10207852774741651_972328235_n.jpgPhoenix, Arizona – Le matin du 29 septembre 2015, le Service des Transports d’Arizona (ADOT) a tenu une réunion préliminaire à appel d’offres pour l’extension projetée du périphérique 202 au Centre de Convention de Mesa [banlieue de Phoenix]. La réunion a débuté à 9h et environs 15 O’odham et soutiens ont protesté à l’extérieur.

Cette réunion préliminaire faisait partie du processus d’accord de Partenariat Public Privé (P3) pour l’autoroute de la Montagne du Sud. Les accords P3 sont un accord commercial entre une entité publique (ADOT) et une entité privée (les entreprises). L’état d’Arizona n’a pas les moyens de construire l’autoroute seul et les contrats P3 sont la solution pour l’état. Il y a trois groupes qui pourraient emporter le contrat P3 : le Groupe Mobilité de la Montagne du Sud, le Groupe Développement de la Montagne du Sud et les Partenaires pour Connecter le 202. L’offre gagnante recevra des fonds fédéraux, mais les compagnies privées supporteront le reste des coûts, environs 2,3 milliards de dollars. Le contrat P3 donne aux entreprises privées quelques responsabilités pour les plans et l’entretient, et au fil des temps l’état les remboursera avec intérêts.

https://aoycblog.files.wordpress.com/2015/09/nosouthmtnfreewaycop.jpgLes manifestants se sont rassemblés devant l’entrée de l’immeuble brandissant des pancartes, scandant des slogans et chantant des chants O’odham. Le groupe a tenté d’entrer dans l’immeuble mais des policiers de Mesa et la sécurité privée ont bloqué l’entrée. La manifestation a forcé ceux qui assistaient à la réunion préliminaire à sortir par une autre porte, bien que les protestataires continuaient à défiler, essayant de trouver d’autres entrées du bâtiment. « Nos actions et notre présence aujourd’hui sont un exemple pour les entreprises impliquées, leur signifiant qu’elles ont tort de détruire nos sites sacrés » dit Deran Martinez, 25 ans, du village de Vah KI. « C’est (la Montagne du Sud) une part énorme de notre culture et nous ne nous retirerons pas en silence. » Vu que c’était une réunion préliminaire, il est très probable qu’il y en aura une autre dans les mois à venir, la date de construction d’ADOT se rapprochant, elle est actuellement prévue pour mars 2016. Il est aussi possible que la date de construction soit à nouveau repoussée à cause des poursuites en justice de la PARC (Protection des Ressources et des Enfants d’Arizona) et de la Communauté Indienne de Gila River. Le Collectif de Jeunesse Akimel O’odham continuera à fournir des mises à jour sur les réunions futures et les évènements concernant l’ADOT et les soumissionnaires au contrat P3, nous sommes persuadés qu’il y aura une autre occasion de viser l’ADOT et ces groupes de développement. Nous continuerons à nous opposer à la construction de l’extension de l’autoroute de la Montagne du Sud.

Collectif de Jeunesse Akimel O’odham
akimeloodhamyc@gmail.com

 

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