Par Christine Prat
22 mars 2023

Une firme qui prétend « laver plus vert », a l’intention d’installer trois pompes de stockage d’eau sur Black Mesa, qui en manque déjà terriblement, comme le montre un très bref résumé de son histoire.

Peabody Coal, Déportation des Navajos de Big Mountain et Épuisement de l’eau

En 1882, le Président Chester A. Arthur créa, par un Ordre Exécutif, une Réserve pour les Hopis et « tels autres Indiens que le Secrétaire à l’Intérieur pourrait juger bon d’y placer. » Cette zone était connue sous le nom de Joint Use Area ou JUA. Les « autres Indiens » étaient les Navajos qui y vivaient depuis toujours. Cette situation a duré jusqu’en 1974.

Après que des géologues aient cru – à tort – que Black Mesa devait receler du pétrole, dès 1963, la compagnie charbonnière Peabody Coal a commencé à forer pour chercher du charbon. La plupart des Navajos et des Hopis étaient contre l’ouverture à la dynamite de la Terre Mère. Mais quelques dirigeants Hopi avaient besoin de l’argent que l’exploitation de charbon pourrait leur amener. Il y eut donc un conflit politique entre les dirigeants ‘modernistes’ et leurs administrés et voisins ‘traditionnels’.

En 1974, le Congrès des Etats-Unis a adopté la loi PL 93-531, qui décidait du partage de la zone jusque-là commune aux Navajos et aux Hopis, et de la déportation et ‘relocalisation’ forcée de milliers de familles Navajo de Big Mountain. La loi a été votée en plein scandale du Watergate, par conséquent, la plupart des Sénateurs et Représentants étaient absents des discussions de la loi.

Juste avant que la question de Big Mountain ne soit noyée par le scandale du Watergate, le conseiller juridique – Mormon – de la tribu Hopi, qui s’est avéré plus tard avoir été aussi le conseiller juridique de la firme Peabody Coal – fondée par des Mormons –  (qui est toujours la plus grande compagnie charbonnière du monde), et avoir travaillé pour la firme de Relations Publiques – Mormone – qui se chargeait de manipuler les médias, avait réussi à présenter l’affaire comme une guerre tribale dévastatrice entre les Hopis et les Navajos.

En fait, c’était surtout les dirigeants Hopi de l’époque, occidentalisés – et, pour certains, convertis à la religion des Mormons – intéressés par les profits rapportés par l’exploitation du charbon, qui avaient choisi Peabody, contre leurs voisins Navajos et leurs propres administrés ‘traditionnels’, qui n’apprécient pas non plus la pollution au charbon de l’air qu’ils respirent, et l’épuisement des ressources en eau déjà rare.

La situation ne s’est pas améliorée. Encore en 2014, les habitants étaient harcelés, leur bétail saisi. Bien sûr, le harcèlement avait pour but de pousser les gens à partir, étant donné que Peabody voulait s’étendre. Des Hopis, au Conseil Tribal, soutenaient Peabody, vu qu’ils avaient besoin de l’argent que çà leur procurait. Les dirigeants Navajo avaient aussi des intérêts dans l’exploitation des ressources – la mine principale était en territoire Navajo – et avaient donné leur accord pour prolonger le permis d’exploitation de Peabody de 25 ans.

Cependant, les mines de charbon ont fermé, celle de Big Mountain en 2005 et celle de Kayenta en 2019. Mais depuis, Peabody s’acharne à échapper à l’obligation de réparer les dégâts. La firme s’est déclarée en faillite à plusieurs reprises.

Les gens en ont assez d’être empoisonnés par la poussière de charbon, et de manquer d’eau à cause des quantités phénoménales qui ont été utilisées pour extraire le charbon et le transporter sous forme liquéfiée jusqu’aux centrales. La centrale située au nord-ouest de la Réserve a fermé en décembre 2020. L’une des centrales de l’est, au Nouveau-Mexique, la centrale de San Juan, située à proximité de la Réserve, devait fermer en octobre 2022. Celle de Four Corners, extrêmement polluante, située dans la Réserve, près de Shiprock, a encore deux unités en service, les trois autres ont été fermées en 2014. Mais la poussière est toujours présente, la nature défoncée. Rien n’a été réparé.

En plus, il y a au moins 1000 mines d’uranium abandonnées mais toujours radioactives, dans et autour de la Réserve Navajo, et 22 puits ont dû être fermés parce qu’ils étaient radioactifs, privant les gens de sources d’eau proches.

Et le climat de la région est désertique et il ne faut pas trop compter sur la nature pour réalimenter les nappes phréatiques et les sources.

Maintenant, une firme spécialisée dans le « Laver Plus Vert » a demandé des permis pour installer des pompes de stockage d’eau sur Black Mesa. Elle prétend s’approprier le peu d’eau qui reste dans la nappe phréatique et quelques cours d’eau pas encore complètement épuisés. Cette firme a son siège à Paris, où il est plus facile de se faire passer pour écologiste.


Communiqué de Presse
3 janvier 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Une compagnie qui prétend “laver plus vert” a déposé des demandes de permis pour stocker de l’eau de Black Mesa, qui en manque cruellement. La région a été dévastée par des décennies d’extraction de charbon. Il n’est pas pensable d’y pomper encore plus d’eau. Il semble que la compagnie qui a déposé des demandes de permis se fait passer pour “verte” et a son siège en France. Elle s’intitule ‘Nature and People First’ (sic) et a son siège à Paris, dans le 6ème arrondissement.

Christine Prat

ÉNERGIE HYDRAULIQUE : Des Autochtones et des écologistes pressent les régulateurs fédéraux de rejeter la demande de permis préliminaire pour un projet de stockage d’énergie hydraulique dans le Nord de l’Arizona, qui, selon eux, causerait de nouveaux dommages à une région historiquement touchée par l’extraction de charbon.

Communiqué de Presse du 3 janvier 2023

Contacts :

Nicole Horseherder, Tó Nizhóní Ání, + 1 928 675 1851, nhorseherder@gmail.com
Robyn Jackson, Diné C.A.R.E. + 1 505 862 4433, robyn.jackson@dine-care.orgTaylor McKinnon, Center for Biological Diversity, + 1 801 300 2414, tmckinnon@biologicaldiversity.org

Les Etats-Unis Sommés de Refuser d’Énormes Projets de Pompes de Stockage Visant Black Mesa

FLAGSTAFF, Arizona – Tó Nizhóní Ání [équivalent Navajo de Mni Wiconi, littéralement ‘L’Eau Sacrée Parle’], Citoyens Diné Contre la Ruine de notre Environnement [Diné C.A.R.E.], et le Centre pour la Diversité Biologique, ont déposé des motions pressant la Commission Fédérale de Régulation de l’Énergie (FERC) de refuser les demandes de permis préliminaires pour des projets de pompes de stockage, au sud-est de Kayenta, dans la Nation Navajo.

« Ces projets, monstrueusement irréalistes, ne feraient qu’ajouter aux décennies de dégâts causés par l’extraction de charbon pour les gens, le sol et les nappes phréatiques de Black Mesa » dit Nicole Horseherder, directrice exécutive de Tó Nizhóní Ání. « Demander l’approbation fédérale avant d’avoir le consentement des communautés de Black Mesa est un summum d’arrogance. Ça nous dit tout ce que nous avons besoin de savoir. »

Les traces et la demande en eau des Projets de Pompes de Stockage du nord, de l’est et du sud de Black Mesa, aggraveraient les problèmes causés par des décennies d’extraction de charbon. Les motions, déposées vendredi, disent que les projets détruiraient plus de terre, déplacerait plus de gens et d’utilisation de terres, épuiseraient encore plus les cours d’eau et les nappes phréatiques et détruiraient des sites préhistoriques et un habitat d’espèces menacées, comme la chouette mexicaine tachetée. Les candidats recherchent l’approbation des officiels fédéraux sans obtenir le consentement préalable des communautés touchées.

« Comme le charbon précédemment, ces projets exigeraient que les communautés rurales sacrifient plus de terre et d’eau, afin que l’électricité et les profits puissent être exportés dans des villes lointaines » dit Robyn Jackson, directeur intérimaire de Diné C.A.R.E. « Ce n’est pas ce que nous voulons ou dont nous avons besoin, et nous ne tolérerons pas qu’une telle histoire se répète. »

S’étendant à vol d’oiseau sur 64 km de la falaise nord-est de Black Mesa, les projets pomperaient l’eau jusqu’à des réservoirs au sommet de Black Mesa quand les prix de l’électricité sont bas, pour générer de l’électricité et des revenus en renvoyant l’eau à des réservoirs en bas du plateau quand les prix sont plus hauts. Les demandes indiquent comme sources d’eau potentielles les nappes phréatiques sous Black Mesa et les rivières Colorado [ex-fleuve] et San Juan. Les demandent ne mentionnent pas de preuves montrant la disponibilité ni les droits légaux de ces sources.

Les projets proposent huit nouveaux réservoirs sur plus de 15000 hectares, ce qui représente environ 60% de la surface actuelle du Lac Powell [lac de barrage sur le Colorado, au nord-ouest de la Nation Navajo]. Les remplir exigerait plus de 550 millions de m³ d’eau, ce qui serait une portion énorme de ce qui reste d’eau dans le fleuve Colorado. Même dans les cas les plus favorables, la perte annuelle par évaporation serait de plus de 10 millions de m³ par an, ce qui doublerait l’épuisement de la nappe phréatique causée historiquement par l’extraction de charbon.

« Ces projets reposent sur de l’eau et un consentement de la communauté, qui n’existent pas » dit Taylor McKinnon du Centre pour la Diversité Biologique. « La FERC doit bloquer l’approbation de permis préliminaires pour des gâchis causés par la spéculation sur des pompes de stockage dès maintenant. Les membres de la Commission ont tort d’ignorer l’infaisabilité évidente de ces projets et le mal potentiel que ça pourrait causer aux gens et aux eaux de Black Mesa, et aux espèces menacées de la région. »

Des décennies d’extraction de charbon ont déjà largement épuisé les nappes phréatiques et les cours d’eau et les sources qui en sortent. Le Colorado et la San Juan subissent déjà des prélèvements excessifs et leur utilisation est déjà restreinte à cause du changement climatique et de sécheresses qui épuisent leurs cours. Les nappes phréatiques et les cours d’eau fournissent de l’eau aux gens et à des espèces menacées comme le carex Navajo [plante, aussi appelée laîche] et les cyprinidés du Colorado.

Plus de 5000 personnes ont écrit à la PERC jusqu’à maintenant pour exiger le rejet des demandes de permis préliminaires.

Les spéculateurs sur l’énergie ont proposé plusieurs projets de pompes de stockage en Arizona, ces dernières années, entre autres trois projets le long du Petit Colorado près de sa confluence avec le Colorado, dans le Grand Canyon, et un projet sur la rivière San Francisco, près de la frontière entre l’Arizona et le Nouveau-Mexique. L’infaisabilité et l’opposition Tribale et publique ont fait que tous, sauf un, ont été annulés ou retirés.

Le Centre pour la Diversité Biologique est une organisation nationale pour la préservation, à but non-lucratif, comptant plus de 1,7 million de membres et des activistes en ligne qui se consacrent à la protection des espèces menacées et des lieux sauvages.

 

 


Par Brenda Norrell
Censored News
14 février 2023
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

BLACK MESA, Arizona – Peabody Coal a enlevé 341 Navajo et Hopi de leurs sépultures pour extraire du charbon, un instrument de génocide, d’oppression et de déportation.

L’Université du Sud de l’Illinois a encore plusieurs millions d’objets volés à Black Mesa par Peabody Coal, certains datant de 8000 ans.

Au cours de ce tragique voyage, les ancêtres ont été envoyés à cinq musées – dans le Colorado, l’Illinois, le Massachussetts et le Nevada, et finalement au Musée du Nord de l’Arizona, à Flagstaff – avant d’être à nouveau inhumés dans leur terre natale.

Louise Benally, Diné de Big Mountain, dit « La compagnie Peabody Coal n’a aucun respect pour quoique ce soit ni qui que ce soit, il n’y a que leur avidité qui compte. » Louise Benally répondait à une interview en 2013, après la découverte du déplacement des ancêtres.

« Ils volent les âmes des ancêtres qui reposaient dans la terre. Les os doivent être laissés tranquilles » dit Louise, qui a passé sa vie à résister à Peabody Coal et à la déportation.

Le vol des ancêtres par Peabody Coal avait commencé 45 ans plus tôt sur Black Mesa.

Aujourd’hui, Nicole Horseherder, Diné, de Big Mountain, sur Black Mesa, et directrice de To Nizhóní Ani, dit que les gouvernements tribaux Navajo et Hopi ont été pris en otage.

« On n’en finit jamais de l’exploitation de la Compagnie de l’Ouest de Peabody Coal. Ils ont pris plus de 24000 hectares de terres pour la mine, ont dressé les familles les unes contre les autres, ont détruit les nappes phréatiques peu profondes et l’eau des sources*, mis en danger l’équilibre des nappes phréatiques profondes, et déterré nos ancêtres pour les envoyer dans des musées et des institutions sans notre consentement.

« C’est une honte que la Nation Navajo et la Tribu Hopi se soient laissées prendre en otage pendant 50 ans, mais les membres de la communauté Diné savent que les objets archéologiques et les restes d’ancêtres devraient être rendus pour être à nouveau enterrés » dit Nicole Horseherder à Censored News.

Nicole dit que les Diné qui vivent sur leur terre n’ont jamais été informés de la réinhumation de certains ancêtres.

« Le fait que nous n’ayons été ni informés ni consultés est un testament de la perfidie de Peabody Coal envers les communautés Navajo. Nous avons eu une relation raciste avec Peabody depuis qu’on leur a accordé des baux pour extraire du charbon. »

Depuis 1968, Peabody a déterré 200 ancêtres de leurs sépultures en creusant pour extraire du charbon de Black Mesa. D’autres ancêtres ont été retirés de leurs tombes près de Kayenta, pour faire place au chemin de fer qui transportait du charbon à la centrale de Page, selon une note de la NAGPRA [Loi sur la Protection et le Rapatriement des Tombes Autochtones].

C’était le Prescott College et l’Université du Sud de l’Illinois qui a effectué le ‘Projet Archéologique de Black Mesa’ – un euphémisme pour couvrir l’horreur d’ouvrir des tombes et de voler des ancêtres et leurs anciennes possessions. Le Prescott College a annoncé avoir fait faillite, à l’époque, selon la note de la NAGPRA qui relate en détail ces horreurs.

Vernon Masayesva, ex-président tribal Hopi, dit « je suis furieux que mes ancêtres aient été déterrés, émiettés et envoyés aux universités pour être étudiés. »

Le Guardian a publié un reportage sur la lutte pour ramener les ancêtres chez eux en 2014. Cependant, il a fallu encore cinq ans avant que les ancêtres soient réinhumés.

« Les os sont un sous-produit de l’extraction minière » dit Nicole Horseherder, une militante du groupe de base Navajo Tó Nizhóní Ání. « Ils auraient dû avoir un projet pour les réinhumer… Au lieu de cela, ils ont créé une situation qu’ils ne savent pas réparer. »

Un rapport du Corps des Ingénieurs de l’Armée décrivait les conditions déplorables dans lesquelles les ancêtres étaient conservés à l’Université du Sud de l’Illinois. On avait pénétré dans les lieux par effraction et des objets avaient disparu.

Alan Downer, un ancien responsable de la conservation pour la Nation Navajo, dit que la tribu n’avait jamais autorisé à prêter des restes à une professeure, Debra l. Martin, qui enseigne à l’Université du Nevada à Las Vegas. Il dit avoir été « choqué de découvrir » il y a environ huit ans, qu’elle avait des os depuis 1980, selon le Guardian.

Plusieurs millions d’objets archéologiques pris à Black Mesa sont toujours à l’université.

Une anthropologue de l’Université du Nord de l’Arizona, Kelley Hays-Gilpin, qui avait participé aux fouilles, écrivit avoir vu, lors d’une excavation de Peabody, des os humains écrasés par la machinerie de la mine et des ruines anciennes creusées par une pelleteuse, selon l’article du Guardian.

Ramener les ancêtres chez eux

Richard Begay, responsable de la conservation historique Navajo, et Stewart Koyiyumptewa, responsable de la conservation culturelle Hopi, ont travaillé ensemble pour ramener les ancêtres pour les réinhumer. Ils ont commencé en 2017, selon le Southern Illinoisan, un journal de l’Illinois.

Begay dit « Nous croyons que les restes spirituels de ces gens sont toujours à Black Mesa, bien qu’ils se languissent depuis longtemps.

« Nous voulions être sûrs de leur donner une sensation de paix. »

Avant la réinhumation, les objets funéraires sont restés à Carbondale (Illinois), alors que les restes humains avaient été transférés à un chercheur de l’Université du Nevada, à Las Vegas.

« Des représentants Navajo et Hopi sont allés à Las Vegas pour ramener les squelettes en Arizona. Ils sont aussi allés deux fois à Carbondale pour récupérer les objets funéraires et les ramener en Arizona. »

Les ancêtres ont été enterrés par des Navajo et Hopi, avec leurs propres cérémonies, en mai 2019, près du lieu où ils avaient été retirés, selon le Southern Illinoisan.

Roberta Blackgoat : Peabody Coal creuse le foie de Notre Mère la Terre

Roberta Blackgoat [décédée en 2002], qui a passé sa vie à lutter contre Peabody Coal et à résister à la déportation, dit « Notre Mère la Terre est comme un être humain. C’est comme si elle subissait de nombreuses opérations chirurgicales partout, et la poussière s’échappe et se dépose dans nos poumons. Ça cause le cancer et ce genre de maladies. Nos jeunes ont été envoyés au-delà des mers et utilisés pour leur langue et pour tuer des gens pour Washington. [Pendant la 2ème Guerre Mondiale, les Navajos mobilisés étaient envoyés se battre contre les Japonais. Ils ont développé un code en langue Navajo pour communiquer, les Japonais n’ont jamais réussi à le décoder. ‘Washington’ signifie le gouvernement U.S. pour les Navajos]. À part ça, nous ne sommes même pas reconnus comme des humains. Nous avons besoin d’être connus. »

« La chose la plus importante que nous avons mentionnée, dans cette région, c’est l’Autel, qui nous a été donné par les Gens Sacrés, et que les Quatre Montagnes Sacrées au milieu desquelles nous, les Diné, vivons est comme un hogan, et là où nous vivons sur Black Mesa c’est l’Autel. Et c’est précisément là qu’ils creusent le foie de Notre Mère la Terre, le charbon. Alors, nous nous battons pour protéger notre Autel, en ce moment. C’est la loi qui a été faite pour les Diné. »

« Nous ne le faisons pas seulement pour les êtres humains vivant maintenant. Nous pensons plus loin, toujours plus loin, pour les générations à venir, afin qu’ils puissent avoir une vie heureuse sur la planète. Nous voulons mettre fin à ces pollutions pour que nos jeunes puissent vivre sainement après nous. C’est comme cela que la prière et les chants sacrés ont été faits – c’est notre voie, pour un mode de vie sain. »

*Pour liquéfier le charbon et le transporter jusqu’à une centrale électrique.

Article Brenda Norrell
Censored News
Le 7 mai 2020
Une interview de Louise Benally sur First Voices Radio
Traduction Christine Prat

Mes anciens avaient l’habitude de dire ‘Ce qui est dans la Terre est ce qui maintient l’équilibre de la Terre. Si nous extrayons tout et le détruisons, l’équilibre sera perdu… La lune et la Terre vont perdre leur équilibre mutuel.’ – Louise Benally, Diné de Big Mountain.

Louise Benally, Diné de Big Mountain, a partagé les messages qui lui avaient été transmis par les anciens sur la façon dont Notre Mère la Terre a été perturbée, au cours d’une interview sur First Voices Radio, avec l’animateur Tiokasin Ghosthorse, Lakota de Cheyenne River.

« La Nature s’en occupe » dit Louise.

Citant les enseignements de ses ancêtres Diné, Louise décrit comment les minéraux dans la terre la maintiennent en équilibre. Quand ces minéraux – le charbon, l’uranium, le pétrole et le gaz – sont extraits, il y a des conséquences, dit-elle à propos du coronavirus et de ce qui arrive en ce moment à la Nation Navajo.

« S’il y a tant de perturbation, les choses vont changer pour le pire pour l’humanité. Nous sommes témoins de ce virus, parce que – j’en suis persuadée – il vient du poison qui a été extrait et produit et est constamment développé par les carburants fossiles, comme le pétrole, le charbon, l’uranium, le gaz, et toutes sortes de minéraux qui sont exposés à l’air quand ils sont extraits. »

« Tout ce qui est dans la Terre doit être laissé tranquille, parce que ce sont des vies d’avant celle qui se déplace sur la terre aujourd’hui. Ils ont été purifiés et sont devenus partie intégrante de la Terre.»
«Si vous les ramenez à la surface et les traitez au-delà des limites, ils deviendront toxiques.»
«L’eau donne la vie et est essentielle, tout comme l’air. »

Ce virus prend des vies et étouffe les gens. C’est ce que les gens sont en train de faire à la Terre. Ils abattent les forêts tropicales qui sont les poumons de la Terre.
«Nos anciens disaient que c’était les poumons de la terre qui purifient les choses. »

Depuis 50 ans, du charbon a été extrait, dit-elle, à propos de l’extraction de charbon par Peabody Coal sur Black Mesa, près de chez elle, qui alimentait la Centrale dite Navajo, dans la Nation Navajo.

Cette centrale au charbon fournissait de l’électricité à bon marché au sud de l’Arizona et à tout le Sud-ouest.

Louise et sa famille ont passé les 50 dernières années à résister à la déportation de Big Mountain. Des dizaines de milliers de Diné ont été déportés pour faire place aux mines de Peabody Coal sur Black Mesa.

Louise dit que maintenant, dans la Nation Navajo, l’air, l’eau et le sol sont extrêmement pollués. Les politiciens ne font rien contre ces poisons qu’ils ont sorti du sol. C’est laissé à l’air libre, à la surface.

Quand les animaux et les gens mangent ces poisons, ils les ingèrent dans leurs systèmes vitaux.
C’est comme l’air, quand il est pollué, ça s’accumule dans notre système et nous ne pouvons pas nous en débarrasser.

C’est l’enseignement des anciens. Chaque nation a sa façon de communiquer avec la Terre.

Les Êtres Célestes qui ont créé cette Terre et l’ont maintenue en équilibre, n’ont plus ses offrandes.

« On nous a dit que si nous ne revenions pas au respect que nous lui devons, et ne continuions pas nos offrandes, un jour, nous n’aurions plus d’eau, nous n’aurions plus de nourriture. Que tout le monde mourrait. C’était apparu comme une vision à l’une de nos ancêtres. »

En cette saison particulière, en 1997, ils ont fait une offrande. Depuis, elle dit qu’il ne s’était pas passé grand-chose en ce qui concerne les offrandes, les prières et les remerciements pour la vie.

Elle dit que les gens s’étaient tournés vers la possibilité de faire de l’argent avec l’extraction minière. L’extractivisme n’arrête jamais, surtout pour le pétrole et le gaz, ça recouvre toute la Planète. Quand le soleil se lève, toute cette toxicité reste dans l’air, ça réchauffe l’atmosphère, ça cause des changements dans la Nature.

Louise dit «Comment pouvons-nous continuer, inverser certaines de ces choses? Ou bien nous changeons, ou nous allons être avalés par la Nature.»

Le présentateur Lakota, Tiokasin Ghosthorse dit que la toxicité commence en soi-même, avec nos propres idées. Tiokasin dit que les gens font comme si ça allait pour le mieux, sans jamais purifier quoique ce soit, et ça commence à l’intérieur de soi.

Louise dit que ça commence à l’intérieur de chaque personne, l’inversement de la présomption, pour s’écarter des carburants fossiles.

Elle dit que des gens se baladaient avec des fusils, en exigeant que tous les lieux publics rouvrent.
«Ça dit bien à quel point ça déraille, au nom de la cupidité.»
«Ils veulent toujours plus.»

« Ce virus a fondamentalement tout bloqué, et ce ne pourra qu’être pire si nous ne faisons pas quelques pas en arrière. »

Ce qu’il y a de mieux c’est le Nouvel Accord Vert, dans lequel tout est alternatif. Actuellement, les gens ne savent pas quoi faire, face à tout ce qui arrive, mais c’est à la Nature de décider.

« Notre Mère la Terre contre-attaque. »

Louise dit qu’il fallait étudier de plus près les problèmes et les solutions : « Fermez toutes ces centrales qui brulent des carburants fossiles. »

Elle dit que les milliers de pétroliers qui attendent le long de côtes, alors qu’il n’y a pas de marché pour le pétrole, devaient être stoppés.

« Les gens avides ont tué la nature. Ils ont tué les Autochtones dans tout ce continent au nom de l’avidité. Je sens que c’est la nature qui contre-attaque. »

« S’ils ne peuvent pas le voir, j’ai le sentiment qu’ils sont une cause perdue. »

«Nous devons continuer» dit-elle à propos de ceux qui sont connectés à la Nature.
«C’est tout ce qui compte, et ça ne coûte pas d’argent.»

Tiokasin demanda si la Terre était plus intelligente que l’homme et si l’humanité avait oublié les enseignements.

Louise dit qu’aujourd’hui, un très petit nombre de gens croyaient en la voie de l’enseignement des ancêtres.

La majorité de notre communauté a été Christianisée et a totalement perdu le contact avec la nature. Quand on essaie de leur parler de la nature, ou du caractère sacré de la Terre, ils se détournent et vous disent que vous êtes pour une cause perdue.»
«Cette attitude n’aide pas.»

Des fonctionnaires de Washington, elle dit « Ils sont comme des Zombies. Aucune confiance. Ils rament, voulant toujours plus. Et tellement de gens meurent, tellement de gens sont malades. Il faut changer de direction, d’une manière ou d’une autre.»

Louise dit que le système est mauvais, qu’il est basé sur la consommation et le capitalisme, ce qui n’est pas la façon dont nos structures sont édifiées dans nos propres cultures.

« Des Autochtones sont en prison et certains sont tués, parmi ceux qui protègent. C’est un temps complètement chaotique. »

« Nous devons atteindre ceux qui n’ont pas de conscience et les amener petit à petit à se retourner et à prendre l’autre direction. Les gens doivent se détourner des carburants fossiles et de l’avidité. »

Ils nous appellent tout le temps les nécessiteux – mais ce sont eux, les nécessiteux.

« Ils doivent détruire quelque chose, le tuer et le manger pour se sentir bien, en accord avec eux-mêmes, de ce point de vue. Ce n’est pas bon. »

Tiokasin dit qu’il y a plus de 40 ans, le charbon était extrait de Black Mesa, épuisait l’eau, le sol et l’air, pour fournir de l’électricité à Los Angeles et au Sud-ouest.
«Nous ne pensons qu’aux gens qui souffrent» dit Tiokasin.

Tiokasin demanda si nous avions oublié les animaux, les oiseaux, l’eau et la terre qui avaient souffert de cette avidité. Il dit que les Autochtones avaient répété tout cela depuis 1492.

Louise dit «Nous ne sommes ni respectés ni estimés par le monde de la société coloniale.»
«Si nous ne sommes pas compris, notre Mère va lever les bras et commencer à se défendre elle-même.»

Notre Mère la Terre sait qu’il y a toujours eu des Peuples Autochtones vivant en harmonie avec la Nature. Ce n’est pas compris par le monde de la consommation.

«Ils veulent plus, toujours plus, tout le temps.»

« Nous avons été exposés à l’uranium dans les années 1940 et 1950, nous avons été exposés au charbon, et nous avons été exposés au gaz et au pétrole. »

Les gens sont partis et souffrent de ce virus à cause de tous ces développements du passé. L’eau n’est plus pure, l’air n’est plus pur. Beaucoup de végétation et d’espèces sont en voie d’extinction.

« Nous n’avons pas d’autre choix que de parler à la Terre, à notre Père le Soleil, et à l’Univers, c’est notre loi. C’est bien au-dessus de toutes ces lois qui nous sont imposées. »

Louise dit que le virus amène des changements et que les choses sont ramenées à l’équilibre.

La qualité de l’air était si mauvaise, en Chine, quand le virus est arrivé. « C’était noir et maintenant c’est clair. » Le trou dans la couche d’Ozone au-dessus de l’Arctique est refermé maintenant. Beaucoup de choses sont ramenées vers l’équilibre.

« Pour moi, c’est la preuve manifeste. »

« La prochaine chose qui doit disparaitre, c’est l’industrie automobile, parce qu’il y a trop de voitures dans ce pays, dans ce monde. »

« Peut-être que les gens ont besoin de rester chez eux, de cultiver leur nourriture et de vivre en paix, sans avoir à conduire ici et là, et que de plus en plus de pétrole et de gaz soient pompés. »

« Mes anciens disaient ‘Ce qui est dans la Terre est ce qui maintient l’équilibre de la Terre. »

« Si nous extrayons tout et le détruisons, l’équilibre sera perdu, et il y aura des conséquences. »

« Le pire est ce que ma mère disait, ‘La lune et la Terre vont perdre leur équilibre mutuel.’ »

Les minéraux contenus dans la Terre retiennent la lune en équilibre. Elle dit que si nous extrayons tout ça, l’équilibre sera perdu et c’est ce qui régit la Terre.

Cette règle peut être comparée aux femmes, qui sont les régulatrices, parce que la femme donne la vie.

« Si la femme n’est pas en équilibre, toute la famille perd l’équilibre. » C’est pourquoi les femmes sont très importantes.

Elle dit que le centre de l’éducation des colonisateurs est l’argent et que ça a des conséquences. Les jeunes doivent être éduqués.

« Nous devons continuer à communiquer, c’est ce qui compte. »

« Restez chez vous, lavez-vous les mains, ne vous mêlez pas aux foules, et tout ira bien. »

Tiokasin dit que le passé est toujours en nous et détient les réponses.

« Vous étiez préparés à cela » dit-il, incitant les auditeurs à ne pas succomber à l’obscurité.

« Nous devons utiliser cette intelligence. »

Louise Benally est Présidente d’Indigenous Cultural Ways, un projet de l’Association des Agriculteurs Autochtones. Elle est Directrice d’Indigenous Cultural Concepts, un projet de Media Island.

Photo Ethan Sing

Par Louise Benally, de Big Mountain
Spécial Censored News
Publié le 30 avril 2020
Traduction et photos Christine Prat

Nos anciens disaient : Ce qui est dans le sol, comme les ressources naturelles, ça fait partie de la Terre et ne doit pas être dérangé, parce que ça maintient l’équilibre de toute vie. Si c’est dérangé, ça créera une grande perturbation.

C’est ce qui nous arrive maintenant. Il n’y a pas de remède pour réparer, c’est fait par des humains – le déséquilibre de la Terre pour ses ressources, et la pollution continuelle.

Faites très attention à tout ce que vous faites, lavez vous les mains souvent avec du savon et de l’eau. Buvez beaucoup de boissons chaudes, tenez vous à l’écart des foules, n’approchez personne et restez à au moins 1m80 ou plus. Travaillez à vos projets loin des gens. Prenez des vitamines C et D, du citron, de l’ail et du thé à la menthe, avec du miel. Faites des prières avec la nature le plus souvent possible, et regardez moins la télé ou d’autres médias qui ne font que vous stresser. Portez des masques si vous devez vous rendre dans un lieu où il y a du monde et ne touchez à rien.

Le virus n’a pas de frontières et vous seul pouvez faire la différence pour vous-même.

A PROPOS DE L’AUTRICE

Louise Benally et sa famille luttent contre la déportation forcée depuis 40 ans. Peabody Coal a orchestré la saisie de terre Diné sur Black Mesa pour s’emparer d’une mine de charbon afin d’alimenter la centrale électrique dite ‘Navajo’, près de Page, dans la Réserve Navajo. Cette centrale fournissait de l’électricité à bon marché au Sud-ouest des Etats-Unis, épuisait l’eau, empoisonnait le sol, l’eau et l’air, pendant que les gens souffraient, beaucoup d’entre eux n’ayant ni l’eau courante ni l’électricité. Au cours des 40 dernières années, cette centrale a été désignée comme l’une des plus polluantes au monde, une des causes principales de la pollution générale de l’air. Autour de la zone dévastée par les mines de charbon et les trois centrales au charbon dans la Nation Navajo, il y a beaucoup de déchets d’uranium radioactifs, abandonnés par des entreprises irresponsables. Les mines d’uranium ont laissé derrière elles tout un héritage de morts de maladies respiratoires et de cancer, chez les mineurs Navajo et leurs familles. L’ancien bassin de rétention des déchets d’uranium de Church Rock*, qui s’est fissuré en 1979, continue de contaminer le Rio Puerco qui coule vers l’ouest. L’air, le sol et l’eau ont été empoisonnés aussi par les forages de pétrole et de gaz dans la Nation Navajo, qui s’étend du Nouveau Mexique aux champs pétrolifères d’Utah. – Brenda Norrell, éditrice, Censored News.

*Extrait de la conférence de Leona Morgan, à Bure le 24 mai 2019.
La catastrophe de 1979, à Churchrock
Le 16 juillet 1979, la pire catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis a eu lieu à Churchrock, au Nouveau-Mexique. A Churchrock, il y avait deux mines d’uranium et une usine de traitement. L’usine avait un bassin de rétention des déchets. Les déchets d’une usine de traitement sont beaucoup plus radioactifs que ceux des mines. Ce bassin était fermé par un barrage en argile. Il y avait une fissure dans ce barrage, l’entreprise le savait, le gouvernement aussi, mais l’entreprise a continué à mettre des déchets dans le bassin. A l’aube du 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu. Plus de 400 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans un ravin à sec, puis dans une rivière qui est à sec la plupart de temps, la rivière Puerco. […]
A ce jour, ce n’a toujours pas été décontaminé. En juillet 2015, Tommy Rock, un chercheur Diné de l’Université de Flagstaff, a découvert que l’eau potable d’une communauté Diné, à Sanders, en Arizona, à 65 km en aval sur la rivière Puerco, contenait deux fois la concentration légale d’uranium.

‘BIG MOUNTAIN: LA TERRE, LA RESISTANCE ET LA HAINE DES AUTOCHTONES QUI SE DECHAINE’

Par ©NaBahe Katenay Keediniihii
Publié avec permission sur Censored News
Le 5 septembre 2019
Traduction Christine Prat
(Sur l’histoire de Big Mountain voir aussi article de 2015, sur ce site)

L’histoire des Amérindiens a été réécrite au profit du patriotisme requis par l’agression capitaliste. L’Amérique Autochtone d’avant, possédait déjà la vie intellectuelle, l’éducation et l’autogouvernement. L’égalitarisme était, avec la spiritualité, la valeur suprême. Ce blog espère présenter des idées et une discussion fondées sur la conscience de cela. – Sheep Dog Nation Rocks

Les terres étaient plus sauvages que jamais avant l’invasion européenne. Cependant, les effets graves ou mineurs des sécheresses périodiques au cours des 25 dernières années est évident. Beaucoup de sources naturelles ont disparu. Certaines broussailles et herbes autochtones sont maintenant peu abondantes et disséminées, comme la Rose des falaises qui se maintient à peine en vie. La forêt de genévriers et les prairies ont des couleurs gris sombre ou orange, parce que les prairies de sauge ont cessé d’exister, tout comme les pins donnant des pignons sont en train de s’éteindre. Les loups, les élans, les chevreuils, les lynx et les renards sont plus nombreux. Les plantes envahissantes comme le brome faux-seigle, le chardon russe, les bourgeons de tamaris, absorbent le peu d’humidité qu’il y a dans le sol. Les animaux envahissants, le bétail, ou le bœuf comme ressource, continuent d’avoir tous les droits légaux d’exister. Les herbages sont abondants après un hiver pluvieux, mais ceux qui y broutaient avant, les troupeaux de moutons et de chèvres d’une culture pastorale d’autrefois, ont pratiquement disparu.
Les humains qui y vivaient avant, les Diné (Les Gens) sont peu nombreux, résidant illégalement ou strictement légalement, sont éparpillés sur des kilomètres de vide, laissé par d’anciens voisins qui ont été déplacés de force. Ce traumatisme humain actuel n’implique pas une population de millions de gens ou vivant sous les bombes, mais ça cause tout de même d’horribles souffrances, au moyen d’une agression psychologique subtile et bien pensée. Les enfants des Anciens traditionnels qui ont autrefois développé une résistance culturelle fondée sur la terre, contre la politique fédérale, sont maintenant des gens très âgés à leur tour. Comme la végétation ou les sources naturelles qui meurent autour d’eux, ils s’accrochent à un style de vie qui est en train de se réduire à un souvenir et un rêve. Ils ne peuvent s’occuper de leurs troupeaux de moutons et de chèvres qu’au jour le jour, mois après mois, malgré tous leurs problèmes de santé. Les pratiques de guérison anciennes, fragmentées pendant le choc de la politique de déportation, et les soins médicaux modernes, sont à des heures, par les pistes pour véhicules tout-terrain, qui mènent à ces résistants Diné.

Le combat Diné, qui défie depuis 42 ans la dure loi de l’apartheid, n’est pas terminé. Les résistants et leurs familles étendues réclament toujours du soutien. Ceux qui peuvent paraître n’être qu’une poignée des collectifs de l’extérieur, un mélange de Blancs et non-Blancs, continuent à consacrer leurs congés pour venir soutenir les résistants. C’est une résistance qui a été représentée de diverses manières, de “cœur du mouvement autochtone souverain” à un “génocide politisé, au nom de l’extractivisme de carburants fossiles.” Beaucoup de ceux qui sont sur place et ceux qui les soutiennent relient ce qui se passe pour les Diné à Big Mountain aux luttes universelles, culturelles et sociales, pour la libération et la protection des environnements naturels. C’est toujours une résistance et un combat incessants, pour lesquels les Diné sont aidés par des bénévoles, des gens qui viennent chez eux pour garder les moutons, ou fournir une thérapie mentale en ce lieu oublié, vide et lointain. Des caravanes de soutien sont organisées pour amener des équipes saisonnières pour ramasser du bois de chauffage, réparer les abris et les routes, et livrer de la nourriture et des ustensiles. Ce n’est en aucun cas une forme de protestation organisant des blocages sur des propriétés d’une ville ou d’une entreprise. C’est une véritable solidarité de travail productif et de résultats, entièrement conduite par des Autochtones, des Diné, de ces terres ancestrales particulières.

Les reportages de l’époque, sur les origines de la loi sur la déportation et le partage du territoire reviennent souvent comme gros titres des grands médias, “Le Conflit Territorial Diné-Hopi.” Il faut savoir que, selon les sources historiques, il n’y a jamais eu d’invasion Diné de Black Mesa, qui aurait pillé les Hopis. C’est la résurgence de l’histoire d’une prétendue dispute intertribale qui fait que les Services Policiers Hopi, modernisés et restructurés, subdivision des Services Hopi des Ressources, s’imposent sur les terres ou les pâturages des résistants Diné.
Bien sûr, toutes ces terres de Big Mountain et Black Mesa étaient la copropriété des ancêtres des Diné et des Hopis, et c’était une coexistence Autochtone des villages et des sociétés spécifiques de la région. La politique américaine et la loi tribale imposée par le gouvernement fédéral sont identiques. D’où leur soudaine introduction de cette mentalité raciste et de la “haine” envers les résistants Diné. En générale, les explications ne vont pas plus loin, parce que selon la loi des Etats-Unis, ces gens traditionnels et leurs familles étendues enfreignent un vieil ordre d’expulsion. On dit aux résistants: arrêtez immédiatement de réparer, débarrassez-vous du bois neuf ou des matériaux pour la toiture, le troupeau est hors des limites, vous devez avoir un permis en règle pour couper et transporter du bois de chauffage, toute nouvelle structure pour tirer de l’eau ou récolter doit être démantelée.
Aujourd’hui, cette politique antihumaine et anti-nature des Etats-Unis dans cette région du pays Indien, va bien au-delà des violations des droits humains habituelles. Peut-être est-ce une injonction de suivre la norme du monde où les gens naturellement simples sont déplacés, leur population réduite et torturée jusqu’à l’extinction.
Les Anciens, résistants de Big Mountain, pour la plupart encore traditionnels, avec une connaissance limitée de l’anglais, ne peuvent pas aller à leur rendez-vous chez le médecin ou obtenir les médicaments sur ordonnance, parce que leur Transport Médical Non-Urgent (NEMT) est menacé par les patrouilles de police Hopis. Des membres du personnel des transports agréés et autorisés par le Service de Santé Navajo, ont été menacés par les services Hopi de saisie de leur véhicule. Quelque soient les moyens juridiques ou les réglementations du gouvernement tribal employés, les Anciens dans les territoires soumis à l’apartheid ont de graves problèmes médicaux. Certains pourraient mettre leur vie en danger ou poser des problèmes de santé plus graves encore. Cela se produit au moment où j’écris. Une dame âgée qui a besoin d’un checkup régulier et d’un examen des yeux, ne sait pas si le chauffeur du NEMT arrivera jusque chez elle. Le NEMT et les Infirmières de Terrain prennent déjà beaucoup de risques en prenant les longues pistes pour véhicules tout-terrain, plus deux heures sur les routes goudronnées, et deux allers-retours par jour.
Une Ancienne dit “si les Hopis veulent imposer leur autorité partout, même dans la Nation Navajo, ils doivent commencer par permettre à leur centre médical tribal de se charger des visites d’infirmières et du transport. Mon frère et moi sommes malades à tour de rôle et avons besoin d’aide médicale. C’est déjà assez dur pour les chauffeurs du NEMT et les Infirmières de Terrain, vu que nous vivons dans une zone isolée, loin de l’hôpital.”
Et il y a cette impuissance, à laquelle on ne peut rien faire pour rendre la police responsable. Le pire est que ça se passe dans une région isolée du pays Indien, où il n’y a personne pour faire des rapports sur le nombre de résistants Diné auxquels on refuse une visite au médecin.
De plus, ce problème de résistance à la loi de déportation n’a jamais été vu comme “un Conflit Territorial Navajo-Hopi” par les Anciens de Big Mountain, mais plutôt comme une question de profit pour les grandes entreprises d’extraction des ressources. Ce que les nouveaux Hopis font, c’est de semer la haine et la terreur. Partout dans le monde, les gens voient les Hopis comme un peuple à la culture pittoresque avec des spectacles de danses uniques, et savent que leur nom signifie ‘Gens de la Paix’. Ce que font ces nouveaux Hopis n’a rien à voir avec la paix.

Le charbon de Black Mesa
Oui, si nous l’appelons Notre Mère la Terre, nous sommes à son image. Le mouvement de résistance des Anciens de Big Mountain a ramené beaucoup d’anciens enseignements pour l’humanité, et l’un d’entre eux était “Le Charbon est le foie de la Montagne Féminine. Et si l’extraction du carburant fossile continue, la Montagne Féminine sera vidée de tous Ses fluides, les eaux, le pétrole et son sang.”
Il y a une sorte de soulagement étrange et malsain, suite à la fermeture de la mine de charbon de Peabody. La centrale au charbon qui brûlait le charbon de Black Mesa fermera bientôt aussi. Tout cela est mauvais, parce que personne ne parle de la loi de déportation de 1974 [PL 93-531], qui a pour but de dépeupler Big Mountain pour industrialiser d’autres gisements de charbon. Mauvais et étrange, parce que les lois d’apartheid resteront, mais pour quelle sorte d’extraction de carburant fossile?
A propos de ces fermetures, des Anciens de Big Mountain disent:
“Maintenant, il n’y a plus réception pour les téléphones portables, ou ça revient seulement brièvement. La compagnie Peabody Coal dit que toutes les tours de réception pour téléphones lui appartenant sont en train d’être démantelées.” [Le téléphone portable est le seul moyen de communication avec le monde extérieur – NdT].
“Les résidents Diné – Navajo – aux abords des mines ont eu la priorité pour emporter les déchets de métaux et d’acier. On leur a proposé un prix très bas et beaucoup de gens des environs ont transporté des tonnes d’acier.”
Je me demande:
“Que vont faire les gens avec des tonnes de métal et d’acier? Forger des barbecues, des clôtures pour le bétail, et des poêles à bois pour les vendre? Pourquoi les gens ne sont-ils plus capables de penser?! Où est passée la conscience?! Nos Réserves ont besoin de petits ponts au-dessus des lits de rivières dangereux!”
Les mineurs, les travailleurs des mines, et les employés des centrales électriques sont apparemment bornés. La dernière chose que les patrons de leur entreprise feront, c’est d’accuser Wall Street. Il vaut mieux dénoncer les soi-disant “amoureux de la terre et les écologistes”, ceux qui ont causé la perte de leurs emplois. Plus de haine, comme s’il n’y en avait pas assez.

NaBahe SheepDog Keediniihii

Pas un Indien typique. Ai grandi sur les terres sauvages de Big Mountain, élevé par des parents intelligents et aimants, qui ne parlaient pas anglais, mais qui suivaient encore les traditions anciennes d’un mode de vie naturel et durable. Aujourd’hui, je n’ai pas tellement peur d’être un Solitaire, mais je suis très fier et honoré de transmettre les sagesses enseignées par ma Maman et mon Papa, et tous les sages du pays de Big Mountain. Yea’go’h, Ni’zhoni !

 

DE BIG MOUNTAIN A NEW YORK POUR DEMANDER JUSTICE, DES NAVAJO ET DES HOPIS EXIGENT LA FERMETURE DE LA CENTRALE AU CHARBON DE PEABODY COAL

 

Par Katherine Davis-Young
Public News Service, Arizona
10 septembre 2018
Également publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

PAGE, Arizona, 10 septembre 2018 – Des membres de la Nation Navajo sont à New York, ce lundi, pour attirer l’attention sur la plus grande centrale au charbon de l’Ouest.

La Centrale ‘Navajo’ [Navajo Generating Station], dans le nord de l’Arizona, doit fermer l’année prochaine. Mais la firme d’investissements de New York, Avenue Capital Group, envisage de l’acheter.

La centrale au charbon fournit des centaines d’emplois aux Navajos et est une source importante de revenus pour la tribu. C’est capital dans la réserve Navajo, où le taux de chômage est d’environs 45%. Ainsi, beaucoup de Navajos soutiennent la vente et la continuation des activités de la centrale.

Mais Nicole Horseherder, directrice exécutive du groupe environnemental Navajo To Nizhoni Ani, dit que la centrale au charbon pollue l’air et l’eau, et a des conséquences sur la santé des gens des environs. [Il est bon de rappeler que beaucoup de Navajos vivant à proximité n’ont pas l’électricité, la centrale alimente surtout les grandes villes du sud-ouest – NdT].

“Je pense qu’il est important pour les gens là-bas de savoir que le type d’emplois et de revenus dont nos avons besoin, sont de ceux qui ne tuent pas les gens et ne détruisent pas l’environnement,” dit-elle. “Donc, nous disons aux gens qui sont inquiets pour les emplois et les revenus, nous le sommes aussi.”

Le Groupe de Travail pour l’Air Pur [Clean Air Task Force] fait savoir que la pollution de l’air par la Centrale Navajo contribue à l’asthme et aux crises cardiaques dans la région.

Photo Desmog Blog

 

Des données de l’Agence pour la Protection de l’Environnement montrent que la centrale est l’une des plus grandes sources d’émission de carbone du pays.

  1. Horseherder et plusieurs autres membres de la Nation Navajo espéraient rencontrer un PDG d’Avenue Capital Group à New York. Elle dit qu’elle voulait que l’acheteur potentiel entende les gens dont la santé est touchée par l’énergie du charbon.
  2. Horseherder s’inquiète de ce que la Nation Navajo soit trop dépendante de la centrale. Elle dit qu’avec ou sans repreneur, l’énergie du charbon finira par décliner.

“Comme chacun sait, le charbon n’est pas illimité,” fit-elle remarquer. “Un jour, il n’y aura plus de charbon dans le sol, il sera épuisé. Que ferons les gens, alors? Allons-nous continuer à abandonner le sort de nos vies et de notre avenir à l’industrie et aux services?”

La Centrale Navajo fournit de l’énergie à l’Arizona, au Nevada et à la Californie, et aux pompes qui apportent de l’eau au centre et au sud de l’Arizona.

Mais les services publics d’Arizona, qui font fonctionner la centrale, ont trouvé des alternatives meilleur marché dans le gaz naturel, ces dernières années.

La centrale et la Mine de Kayenta toute proche doivent fermer en 2019, si elles ne sont pas vendues.

Katherine Davis-Young

 

Cette photo et la précédente: Cronkite News

 

Quelques témoignages de participants (publiés sur le site Wakelet):

 

Nicholas Ashley et sa fille, à New York dimanche 9 septembre 2018:
Des membres de ma famille sont morts et d’autres ont été blessés au cours d’accidents sur les sites d’industries d’extraction. Je vais à New York pour faire savoir au capital financier mondial que les Diné ne mettront plus en jeu leurs corps et leurs terres pour les multinationales. En tant que Diné, notre existence même est liée au sort de notre terre, notre eau et notre air. Ma fille est ma raison d’agir. Son avenir sur cette terre vaut la peine de se battre.
– Nicholas Ashley, 24 ans, coordinateur de Tó Nizhóni Clean Energy pour un Arizona Sain, Big Mountain.

 

Mikayla Johnson et Ryan Simonson préparent des pancartes pour la manifestation devant le siège principal d’Avenue Capital sur Park Avenue.
L’entreprise Avenue Capital de Marc Lasry, qui prend parti pour Peabody Energy et le gouvernement Trump, essaie de renflouer une Centrale Navajo non rentable, de baisser fortement les coûts et de prolonger les opérations charbonnières dans la Nation Navajo, à une époque où le Sud-ouest est en train de passer à l’énergie solaire et éolienne.

 

Le monde entier se tourne vers l’énergie renouvelable et la Nation Navajo restera en arrière. Je suis de la jeune génération de Black Mesa. Ma vision c’est de voir mon peuple Navajo avoir des opportunités économiques qui ne détruisent ni notre culture ni notre langue.
– Rene Simonson, 19 ans, étudiant, de Big Mountain.

 

 

 

 

 

“MINES ET RESISTANCE EN PAYS DINE [NAVAJO]”

 

D’après une émission de Laura Flanders
Du 7 juillet 2016,
The Real News Network
Publié sur Censored News
Le 12 juillet 2018
Traduction Christine Prat

 

Un documentaire spécial, filmé sur place, en Dinétah, le nom du Pays des Navajos, qui couvre des territoires en Arizona, au Nouveau-Mexique, dans le Colorado et en Utah. 21 milliards de tonnes de charbon, la plus grande réserve des Etats-Unis, estimée à 100 milliards de dollars, sont restées intactes jusqu’en 1966. Cette année-là, Peabody Coal Company a signé un bail avec un conseil tribal Hopi qu’elle avait contribué à créer. En 1974, le Congrès a adopté la Loi sur la Résolution des Terres Navajo et Hopi, plus connue comme “loi de déportation”. Elle divisait environs 8000 km² de terres entre les tribus Diné et Hopi. Quasiment du jour au lendemain, des dizaines de milliers de Diné et quelques centaines de Hopi étaient devenus “illégaux”.

Depuis, on estime que de 10 000 à 20 000 Diné ont été déplacés de force. Aujourd’hui, seul un petit groupe de Diné, pour la plupart des personnes âgées, continuent d’y vivre, et ceux qui restent subissent des pressions pour partir. Plus de 40% des foyers n’ont pas l’eau courante. Les deux mines de Peabody Energy ont extrait plus de 400 millions de tonnes de charbon et pompé 70% de l’ancienne nappe aquifère. La mine de Peabody à Kayenta alimente la Centrale Navajo, propriété du Ministère de l’Intérieur des Etats-Unis, qui fournit de l’eau et de l’électricité à Phoenix, Tucson, Las Vegas et Los Angeles. Quel est le coût, en vies humaines Navajo, de l’eau et de l’énergie fournies à ces villes? Le jour de la fondation des Etats-Unis, nous avons rendu visite à des jeunes et Anciens Diné, qui se rejoignent pour se battre pour la survie de leur culture, en luttant contre la déportation causée par la politique du gouvernement des Etats-Unis, et contre l’exploitation causée par l’extraction minière et d’autres industries polluantes.

Un officiel a déclaré au Congrès en février 2016 que les familles qui restent seraient chassées fin 2018.

 

Vidéo en cours de traduction, en attendant, cliquer sur cc pour des sous-titres en anglais.
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Chant de l’AIM par Blackfire

 

 

LA CONVENTION DE L’ONG [NAVAJO] DINE CARE DENONCE LES DEGATS DE L’EXTRACTIVISME ET LA POLLUTION EXTREME DES TERRITOIRES AUTOCHTONES

 

La Convention de l’ONG Diné CARE [Citizens Against Ruining our Environment – Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement] pour les Gens de l’Ouest de la Nation Navajo, a débuté le 1er juin 2018 à Dilkon dans la Nation [Réserve] Navajo. Une seconde Convention, pour l’Est de la Nation Navajo, a eu lieu du 21 au 23 juin 2018, à Counselor et Lybrook, au Nouveau-Mexique. Diné CARE fête ses vingt-huit ans d’existence.

Brenda Norrell était sur place, en compagnie de Govinda Dalton, de ‘Spirit Resistance Radio’, et elle a transmis des articles sur les sujets discutés. Vous trouverez ci-dessous l’historique du mouvement et un résumé des principales interventions, essentiellement celles qui dénoncent l’extractivisme dont la Nation Navajo est victime depuis des décennies – et même depuis plus d’un siècle, si on prend en considération la déportation, mortelle pour beaucoup, de milliers de Navajos, de 1864 à 1868, suite à une annonce finalement fausse de la probable existence de mines d’or dans leur territoire. Certaines interventions ont déjà été traduites et publiées, si vous ne les avez pas déjà lues, vous les trouverez en cliquant sur le lien “lire la suite”.

Christine Prat

 

 

 

NAISSANCE DU MOUVEMENT POUR LA JUSTICE ENVIRONNEMENTALE, DINE CARE, À DILKON, NATION NAVAJO, EN 1990

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
6 juin 2018
Traduction Christine Prat

 

DILKON, Nation Navajo – Les photos sont passées et les souvenirs s’effacent. Mais il y a la liste de 127 noms, et les mots des légendes de ce mouvement qui transcendent les années de lutte – 28 ans depuis que la lutte pour la justice environnementale a débuté, comme mouvement de l’époque moderne.

Le Chef Johnny Jackson, Cascade Klickitait, était venu de la Rivière Columbia, le Hopi Thomas Banyacya était présent, et une délégation de Séminoles de Floride s’était jointe à ceux qui combattaient les décharges toxiques, l’extractivisme, l’exploitation forestière, les tests nucléaires, les fuites d’uranium et les attaques secrètes contre les territoires et les peuples Autochtones.

Aujourd’hui, pour célébrer ce mouvement à la Convention de Diné CARE, nous avons lu les paroles de Thomas Banyacya, qui avait prononcé le message des Anciens Hopi lors du premier rassemblement, le 29 juin 1990.

“Peut-être pouvons-nous emmener un peu de ces fuites d’uranium à Washington et les répandre autour de la Maison Blanche et leur dire ‘Ne vous inquiétez pas, ça ne va pas vous faire de mal,’ ” avait dit Banyacya.

Maintenant, 28 ans plus tard, Earl Tulley, vice-président de Diné CARE, revient sur la façon dont le rassemblement original, ici à Dilkon, a donné naissance au mouvement moderne pour la justice environnementale, et comment Indigenous Environmental Network [IEN – Réseau Autochtone pour l’Environnement] et Honor the Earth [Honorez la Terre] sont nés de ce premier rassemblement.

Etaient présentes aujourd’hui, Adella Begaye et Robyn Jackson, respectivement l’épouse et la fille de Leroy Jackson. Leroy a été retrouvé mort en 1993, alors qu’il avait combattu et arrêté l’exploitation forestière dans la forêt aux arbres anciens des Monts Chuska, dans la Nation Navajo.

Adella est aujourd’hui présidente de Diné CARE. Robyn était encore en bas âge quand sont père a été trouvé mort. Elle est actuellement la coordinatrice avec l’extérieur, chargée de l’énergie. Diné CARE veut protéger et défendre le territoire. “Il y a beaucoup de travail à faire. Mon père n’est plus là. C’est pourtant quelque chose dont il faut parler” dit Robyn.

Il y a 28 ans, Wilbur Slockish du Projet de Défense de la Rivière Columbia, à Dalles, dans l’Orégon, et Ray Slockish Sr., de l’état de Washington, étaient parmi ceux qui étaient venus parler des droits de pêche. Beaucoup d’entre eux avaient été en prison pour avoir défendu leurs droits de pêche.

Louise Benally, de Big Mountain, était déjà là il y a 28 ans, et elle l’est de nouveau aujourd’hui. Elle a passé sa vie à lutter, pour combattre la déportation forcée, l’épuisement de la nappe aquifère de Black Mesa par Peabody Coal, la très polluante centrale au charbon appelée Navajo Generating Station [la centrale n’a de Navajo que le nom, ceux qui vivent à proximité ont la pollution mais pas d’électricité – NdT] qui fournit la lumière au sud de l’Arizona – et pour la vérité et la justice. “Ces grandes compagnies mentent” avait dit Louise il y a 28 ans, et elle le répète aujourd’hui.

Parmi les 127 noms de la liste, il y a celui de Winona LaDuke, de Moose Factory dans l’Ontario, et du Réseau des Femmes Autochtones.

Harry H. Lord, Inupiat, était venu du pôle nord, en Alaska, pour le rassemblement d’il y a 28 ans. James Main Sr., Gros Ventre, qui a maintenant rejoint le monde des esprits, était venu de Fort Belknap, dans le Montana. Le Chef Fraser Andrew, de Mount Currie, était venu de Colombie Britannique.

Danny Billie, Séminole de Floride, était venu parce que les producteurs d’agrumes et de canne à sucre défrichaient le territoire et polluaient l’eau. Billie avait dit alors qu’il était venu pour en apprendre plus sur les incinérateurs qui polluaient l’air.

Au cours de ce premier rassemblement, Paul Rodarte, Paiute et Shoshone de Stillwater dans le Nevada, avait expliqué comment le “développement économique” était utilisé pour empoisonner le sol, l’eau et l’air. Rodarte dit que les contractants grassement payés pour amener des déchets hautement toxiques, avaient promis de l’argent et des emplois, puis n’avaient embauché localement que pour des emplois subalternes.

Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement [C.A.R.E.]

Le discours du président de C.A.R.E d’alors, Al Joe, qui a été préservé depuis 28 ans, montre à quelle opposition ils ont dû faire face, quand ils se sont rassemblés pour s’opposer à la destruction et la pollution des territoires Amérindiens. “Nous avons été traités de causeurs de troubles et de militants” avait dit Joe, qui succédait à Jane Yazzie au poste de président de CARE.

Lori Goodman, qui a grandi ici à Dilkon, était parmi les fondateurs de Citoyens Contre la Destruction de notre Environnement. Sa sœur Carol et elle, issues d’une famille de neuf enfants, sont ici aujourd’hui. Lori et Carol dirent qu’elles avaient grandi avec des parents qui leur enseignaient les valeurs traditionnelles Diné. Lori a expliqué comment le CARE local avait surgi après le déversement de déchets toxiques, qui avait menacé Dilkon à la fin des années 1980. Le déversement avait été interrompu par cette lutte. Lori dit que le nom était devenu Diné CARE après que l’organisation nationale CARE les y ait forcés. Lori dit que le premier rassemblement de 1990 avait été au départ organisé pour célébrer le fait que la communauté de Dilkon avait interrompu le déversement de déchets toxiques, qui avait été soutenu par le gouvernement tribal Navajo. Après que des Autochtones soient venus de toutes régions, y compris le grand nord, il était clair que les déchets toxiques, les déchets nucléaires, l’extractivisme, la destruction et les arrestations des défenseurs des droits de pêche, concernaient tous les territoires Indiens.

Le mouvement pour la justice environnementale était né.

Les Légendes de 1990

Sur la liste de 127 noms, il y a Jo Ann Tall, Oglala de Porcupine, à Pine Ridge, et Guy White Thunder, Lakota de Pine Ridge. Ron Hill et Clifford Cornelius venaient d’Oneida, dans le Wisconsin. Le Chef Andrew King, de la Bande Lucky Man, de Saskatoon, dans l’Ontario, était venu avec Rod King, en 1990. Suzanne Brent, Mohawk de la Baie de Quinte, était présente. Norman Under Baggage, Oglala, venait de Kyle, à Pine Ridge, Harry Chison venait du Pueblo Zuni. La délégation Havasupai était composée de Leata Watahomigie, Rex Tilousi et sa famille, et M. et Mme Raph Rogers. Joe Sanchez, Shoshone de l’Ouest, venait du Nevada.

Des Navajos de Church Rock, qui avaient survécu à la plus grande catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis, étaient venus, alors que les eaux radioactives de la rivière Puerco coulaient vers l’Arizona, laissant derrière elles une série de cancers pour les Navajos et tous ceux qui vivaient là-bas. [En 2015, le chercheur Navajo Tommy Rock s’est aperçu qu’un puits d’eau ‘potable’, à Sanders, au bord du Puerco, était encore radioactif – NdT]. L’Association Eau Propre pour la Vallée du Puerco [Puerco Valley Clean Water Association], de Wingate, au Nouveau-Mexique, fait partie de la longue liste d’organisations qui méritent d’être honorées.

Des Navajos de toute la Nation Navajo et de la région étaient présents au premier rassemblement. Tom Bedonie de Big Mountain; Eugene Hasgood de Keams Canyon; Nelda Dugi de Teesto; Carol Goldsmith de Kayenta; Ted Silversmith de Church Rock; Raymond Morgan de Fort Wingate; Mary et Lisa Spencer de Winslow; Alfred Joe et Robert Joe Sr. de Winslow. Alva Morrison et Kristi Jo McKnight, de Citoyens Concernés par la Sécurité Nucléaire [Concerned Citizens for Nuclear Safety] étaient venues du nord du Nouveau-Mexique, où le laboratoire de Los Alamos avait depuis longtemps empoisonné la terre, l’eau et l’air des Pueblos et du Nouveau-Mexique. [C’est à Los Alamos qu’ont été mises au point les bombes d’Hiroshima et Nagasaki – NdT].

Parmi les organisations de première ligne qui se sont rassemblées ici en 1990, il y avait le Projet d’Organisation du Sud-ouest d’Albuquerque [Southwest Organizing Project], représenté par Joe Madeline Montoya et Danny Pena. Chris Peters représentait le Seventh Generation Fund [Fonds pour la Septième Génération].

Bertha Mitchell, Hoopa, était venue de Californie. Des Navajos étaient venus de toute la région, parmi eux, Anna Rondon. Mike Flores, Tohono O’odham, était venu de la soi-disant frontière sud, où la Patrouille des Frontières des Etats-Unis maltraite les gens en tant qu'”armée d’occupation”. Laurie Weahkee, du Pueblo Cochiti, était là en 1990 et de nouveau 28 ans plus tard. Lex Gladstone était venu de l’Association Nationale des Indiens Blackfeet de Seattle. Le photographe Hopi/Navajo Larry Gus était là aussi. Il y avait aussi Cate Gilles, longtemps reporter en territoires Navajo et Hopi, trouvée morte à Tucson plus tard. Dès le début, Cate avait fait des reportages de la ligne de front, sur les déportations. Cate a été aussi la première à dénoncer convenablement la pollution à l’uranium dans la région du Grand Canyon.

Vickie McCullough, de Native Americans for a Clean Environment [Amérindiens pour un Environnement Sain], de Tahlequah, en Oklahoma, était présente. Pat Moss était venu d’Oklahoma pour parler des prisonniers Autochtones. Viola Hatch, Cheyenne Arapaho, était venue d’Oklahoma. Des membres de Greenpeace étaient venus de Californie, entre autres Iretta Tiger, des membres Séminoles de Floride, et Bradley Angel, aujourd’hui membre de Green Action, ainsi qu’une délégation de Greenpeace Canada. DNA Legal Services, Public Health Nursing de Dilkon, et Préservation Navajo avaient également envoyé des représentants.

Convention de 2018, La Lutte Continue

Aujourd’hui, en 2018, Nicole Horseherder, Navajo, et sa fille, ont parlé de la lutte ultime pour défendre les droits sur l’eau et la protéger. Nicole Horseherder a expliqué que le but des soi-disant “colonies pour les droits à l’eau” avait souvent été un moyen pour les non-Indiens d’accaparer l’eau des Autochtones.

En cette chaude journée de juin 2018, tandis que les cuisiniers du camp, ici à Dilkon, préparent la bouillie de maïs bleu [blue corn mush, plat traditionnel Navajo] et les crêpes de maïs bleu [plutôt Hopi] pour le petit-déjeuner, les jeunes agriculteurs Nate Etcitty et Roberto Nutlouis, membres de Black Mesa Water Coalition, donnent des nouvelles sur l’alimentation durable, la permaculture et le ‘dry farming’ [agriculture sans irrigation].

Herb Yazzie, ex-président de la Cour Suprême de la Nation Navajo, a parlé de Hweeldi [déportation des Navajos au camp de Fort Sumner, premier camp de concentration, en 1864, beaucoup sont morts en route, les autres sur place], du Traité de 1868 [libération des survivants de Fort Sumner et ‘attribution’ du territoire de la première réserve Navajo], et du lien vers la Souveraineté. Yazzie parlait de Ceux qui Résistent.

Sam Sage, Diné, a parlé de la façon dont les Diné combattent la fracturation hydraulique, le cancer, les émissions mortelles, le bruit insupportable et la violence des ‘camps masculins’, résultant des forages pour le pétrole et le gaz dans la Région de Chaco et l’est de la Nation Navajo.

La Convention de Diné CARE pour les habitants de l’est de la Nation Navajo a eu lieu du 21 au 23 juin, à Counselor et Lybrook, au Nouveau-Mexique.

Brenda Norrell, qui publie Censored News, faisait partie des journalistes qui ont couvert le premier rassemblement à Dilkon, en juin 1990, et a également fait des reportages en direct du rassemblement de 2018. En 1990, elle était journaliste pour Associated Press et vivait dans les Monts Chuska, dans la Nation Navajo.

 

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1er juin:

PREMIER JOUR DE LA CONVENTION DE DINE CARE POUR LES GENS DE L’OUEST, A DILKON, NATION NAVAJO

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Transmis en direct par Spirit Resistance Radio
1er juin 2018
Traduction Christine Prat

Ce jour, des membres fondateurs de Diné CARE ont expliqué comment l’organisation avait été fondée, suite aux menaces pesant sur leurs territoires Diné, à la fin des années 1980. Lori Goodman parla des premiers jours, et Anna Frazier, de Dilkon, éducatrice, dit comment elle avait été impliquée. Sam Shepherd, de l’Agence de l’est, raconta comment il avait été mis de force dans un pensionnat et s’était échappé. Adella Begaye, Présidente et membre fondatrice de Diné CARE, a raconté comment elle s’est engagée, alors qu’elle était infirmière à Tsaïle. Adella est la veuve du regretté Leroy Jackson, cofondateur, retrouvé mort après avoir empêché l’abattage d’arbres anciens dans les montagnes de Chuska et près de Tsaïle. Ofelia Rivas, O’odham vivant à la frontière US/Mexique, parla des luttes de son peuple. Earl Tulley, cofondateur, dit comment Diné CARE avait commencé le combat pour la justice environnementale, qui s’est développée en de nombreux mouvements, résultant finalement dans la création de l’IEN, Indigenous Environmental Network [Réseau Autochtone pour l’Environnement] et d’autres.

 

OFELIA RIVAS, O’ODHAM, ET EARL TULLEY, DINÉ: REFLEXIONS SUR LE CARACTERE SACRE DE LA VIE

Interview du 1er juin 2018
Govinda Dalton, Spirit Resistance Radio
Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 12 juin 2018

Traduction Christine Prat

DILKON, Nation Navajo, 1er juin 2018 – Ofelia Rivas, Tohono O’odham, et Earl Tulley, Diné, ont parlé des modes de vie culturels et des fondements spirituels de leur peuples, au cours de la Convention de Diné CARE pour l’ouest [de la Nation Navajo]. Ofelia commença par décrire les vastes territoires qui constituaient les terres ancestrales des Tohono O’odham dans ce qui est maintenant l’Arizona, Etats-Unis, et le Sonora, Mexique.

“Nos terres sont très vastes” dit Ofelia, au cours de la conversation avec Earl Tulley, un Diné de Blue Gap, pour Spirit Resistance Radio.

Le territoire ancestral Tohono O’odham s’étendait d’Hermosillo, à des centaines de kilomètres de la frontière actuelle, et au nord jusqu’à Phoenix, à l’est jusqu’à Benson, à la Rivière San Pedro, et jusqu’à la Mer de Cortez, dans le Sonora, au Mexique, dit-elle.

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2 juin:

SAM SAGE, DINE: “FRACTURATION HYDRAULIQUE, DESTRUCTION ET CANCER DANS L’EST DE LA NATION NAVAJO ET LA REGION DE CHACO”

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 6 juin 2018
Résumé et traduction Christine Prat

DILKON, Nation Navajo – Sam Sage décrit comment les forages de pétrole et de gaz et la fracturation hydraulique détruisent le sol et empoisonnent l’air de l’est de la Nation Navajo et la région de Chaco.

Sage, qui s’exprimait au cours de la Convention de Diné CARE pour les Peuples de l’Ouest, samedi 2 juin, a déclaré que le Sénateur Démocrate Tom Udall était dans la poche de l’industrie.

Actuellement, alors que plus de 100 organisations combattent le forage et la fracturation dans la région de Chaco, les Navajos sont assiégés par le bruit, la pollution et la destruction du sol, selon Sage. Les femmes sont atteintes de cancers.

Sage expliqua ce qui s’était passé dans sa propre communauté de Counselor, au Nouveau-Mexique, et dans la zone comprise entre Farmington et Cuba, quand la course au développement a commencé, au Bureau d’Aménagement du Territoire [Bureau of Land Management, BLM] en 2013.

Au début, les compagnies pétrolières et gazières ont dit qu’elles faisaient des forages exploratoires.

“En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, c’était devenu de la fracturation industrielle” dit-il, expliquant comment le sol, qui borde des maisons Navajos, avait été détruit par les forages pour le pétrole et la fracturation pour le gaz.

“Certaines sources ont arrêté de couler.”

Les puits avaient été asséchés depuis les années 1990.

Ce fut seulement lorsqu’une des compagnies eut un accident, et qu’un des ouvriers fut tué, qu’on commença a en parler.

Sage dit que la compagnie avait essayé d’empêcher l’information, selon laquelle un ouvrier était mort sur un terrain du BLM, d’être publiée. La communauté Navajo ne l’a su que six jours plus tard.

Puis il y eut une visite du Sénateur Tom Udall, Démocrate du Nouveau-Mexique. “Tom Udall nous a surpris, en arrivant en hélicoptère.” “Nous lui avons dit: vous avez déjà été acheté et payé. Vous êtes déjà dans la poche de l’industrie.”

Sur le territoire, il y a des camions très lourds. Les traces font jusqu’à 15 cm de profondeur. Quand il pleut, ils utilisent des pneus munis de chaines. Quand ils roulent sur le terrain, ils laissent de grands trous et détruisent la route. Des lumières violentes sont allumées à 23h et il y a beaucoup de bruit.

Des Navajos de la région se sont plaint des dégâts faits au sol et aux routes, et du bruit, mais ça dépendait du responsable sur place du BLM, l’affaire a été transmise à Washington. Le Gouvernement Navajo ne voulait pas aider les gens de la région, il fallait trouver de l’aide à l’extérieur.

Sage dit “Daniel Tso a amené le Sierra Club et les choses ont commencé à bouger.” “Maintenant, il y a 111 groupes qui nous aident et nous assistent” dit-il, parlant de la Coalition de la Région de Chaco [Greater Chaco Coalition]. “Nous avons demandé de l’aide”.

Sage dit que la Coalition voulait formaliser le groupe et avoir des représentants officiels, mais, dit-il “ça ne marcherait pas ici. Beaucoup de gens se retireraient si nous formalisions [la Coalition].” Actuellement, ce n’est pas une organisation formelle.

Ils ont commencé à se rendre compte que des femmes mouraient de cancers. Ils ont commencé à évaluer l’état du sol et à contrôler l’air. Les alliés des Navajos étaient prêts à payer les tests onéreux. L’eau a été testée, l’eau potable a été testé.

“Nous avons dû faire tout ça nous-mêmes” dit Sage.

Des Navajos les ont aidés, entre autres le regretté Larry Emerson, Herbert Benally, David Tsosie et beaucoup d’autres.

Entretemps, les crimes violents augmentaient, à cause des ‘camps masculins’ des compagnies pétrolières et gazières.

Et, étant donné que la fracturation utilise énormément d’eau, et crée beaucoup de déchets, les Navajos posent toujours des questions. Tandis qu’ils se battent contre la fracturation, Daniel Tso emmène des gens pour des ‘tournées réalité’. Tso s’est aperçu que des puits fuyaient.

Et puis il y a la puanteur, et les gaz toxiques. “Quand le temps est couvert et qu’il n’y a pas de vent, ont peut vraiment les sentir.”

Sage remercia la jeune Diné Kendra Pinto, et dit qu’elle comptait beaucoup pour le groupe. “Elle est revenue dans la communauté et a voulu aider,” dit Sage.

Après le discours de Sage, Earl Tulley, de Diné CARE, dit que les forages de pétrole et de gaz causaient des explosions et des fuites de produits chimiques, et qu’il fallait contrôler l’air. Ça touche le bétail et les gens. “Nous n’allons pas émigrer” dit Tulley. “Ici, c’est chez nous.”

 

LEONA MORGAN: LES ETATS-UNIS VISENT LES AUTOCHTONES ET LES PAUVRES AVEC LES DECHETS NUCLEAIRES, LE TRANSPORT ET L’EXTRACTION D’URANIUM

Intervention de Leona Morgan à la Convention de l’ONG Navajo Diné CARE, le 2 juin 2018, diffusée en direct sur Spirit Resistance Radio et transcrite par Brenda Norrell pour Censored News.

Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 8 juin 2018
Traduction Christine Prat

DILKON, Nation Navajo – Leona Morgan, Diné, a passé sa vie à combattre les mines et le transport d’uranium, et la décharge de déchets. Actuellement, les Etats-Unis visent les pauvres du sud du Nouveau-Mexique pour décharger des déchets nucléaires, et l’extraction d’uranium menace à nouveau le Mont Taylor, site sacré, dans le nord du Nouveau-Mexique.

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3 juin:

BIG MOUNTAIN: LA LUTTE QUI N’EN FINIT PAS, EN DES TEMPS OU IL NE PLEUT PAS – LOUISE BENALLY

Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 10 juin 2018
Traduction Christine Prat

 

DILKON, Nation Navajo – Louise Benally, de Big Mountain, a raconté la lutte interminable contre la déportation, Peabody Coal et les confiscations de bétail. Maintenant, il ne pleut pas, la nourriture reste absente, et les moulins à vent à sec.

Pendant des décennies de lutte, les Hopis traditionnels se sont joints aux Diné de Big Mountain qui résistent au déménagement forcé. Ils se sont tous rendu compte que la déportation causée par [la compagnie charbonnière] Peabody Coal est un vol de terres, un vol de terres pour le charbon, pour faire de l’électricité pour d’autres gens, ailleurs.

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Tous les articles, ©Censored News, publiés avec autorisation, utilisation commerciale strictement interdite. Photos de 2018 ©Brenda Norrell, Photos de 1990, ©C.A.R.E., prêtées par Lori Goodman.

 

Photo Brenda Norrell

 

Le 3 juin 2018, Louise Benally, de Big Mountain, s’est exprimée au cours de la Convention de l’ONG Diné CARE.

 

BIG MOUNTAIN: LA LUTTE QUI N’EN FINIT PAS, EN DES TEMPS OU IL NE PLEUT PAS – LOUISE BENALLY

Article de Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 10 juin 2018
Traduction Christine Prat

 

DILKON, Nation Navajo – Louise Benally, de Big Mountain, a raconté la lutte interminable contre la déportation, Peabody Coal et les confiscations de bétail. Maintenant, il ne pleut pas, la nourriture reste absente, et les moulins à vent à sec.

Pendant des décennies de lutte, les Hopis traditionnels se sont joints aux Diné de Big Mountain qui résistent au déménagement forcé. Ils se sont tous rendu compte que la déportation causée par [la compagnie charbonnière] Peabody Coal est un vol de terres, un vol de terres pour le charbon, pour faire de l’électricité pour d’autres gens, ailleurs. [Note: il n’y a pas d’électricité à Big Mountain].

Au cours de son intervention à la Convention de Diné CARE, Louise a parlé de la résistance contre la colonisation et l’extractivisme depuis les années 1960, sur Black Mesa.

Dans une interview pour Spirit Resistance Radio, Louise dit que Peabody Coal était arrivé en 1968 et avait commencé à aménager le terrain pour l’extraction de charbon.

“Comme cela, le reste des Etats-Unis aurait de l’électricité et de l’eau à volonté,” dit Louise.

La loi rédigée en 1974, appelait au déplacement de plus de 10 000 Navajos et plus de 200 Hopis. Les Etats-Unis ont tracé les limites sans le consentement des communautés locales.

“Ma communauté a décidé de ne pas déménager.” Louise dit que les gens parlaient des Diné de Black Mesa au passé, mais ils sont toujours là. “Nous sommes toujours là. Nous continuons à vivre selon notre mode de vie.” “Nous continuons à mettre en pratique nos traditions d’unité avec la nature.”

Louise dit qu’ils combattent et font tout pour annuler ce vol de terres. Elle dit aussi que la Centrale [au charbon] Navajo, Navajo Generating Station, près de Page, Arizona, pourrait fermer en 2019. “Nous l’espérons” dit-elle, ajoutant qu’il était temps que l’énergie solaire remplace les centrales au charbon.

Toute la région des Quatre Coins [entre l’Arizona, l’Utah, le Colorado et le Nouveau-Mexique, voir carte] a des puits de pétrole et de gaz, des mines de charbon, et il y a sept centrales électriques dans la région. Tout cela produit beaucoup de gaz à effet de serre, dit-elle.

“Ça nous frappe, nous avons beaucoup de problèmes de santé” dit Louise, citant les toxines et les eaux polluées. “Beaucoup de gens ont perdu la vie, en luttant contre ces maladies et la pollution toxique de l’air, de l’eau et de l’environnement.”

“Il n’y a pas de règles officielles pour ces centrales au charbon.”

Maintenant, c’est la sècheresse. “Nous n’avons pas eu d’hiver en 2017” dit-elle, ajoutant qu’il y avait eu fort peu de pluie. “La terre est en train de mourir.” “Nous n’avons pas d’herbe verte.” C’est une catastrophe. Notre nourriture n’est pas revenue. Nous espérons et prions pour qu’ils ferment ces centrales au charbon.”

La lutte a été interminable. En se joignant au rassemblement de Diné CARE, Louise dit qu’ils pratiquaient tous les vieilles traditions et que les différentes étiquettes mises sur les gens n’avaient pas d’importance. “Nous devons nous unir et être solidaires du mieux que nous pouvons.”

Le niveau de la nappe phréatique a baissé, la nappe aquifère ne peut plus fournir assez d’eau pour les moulins. L’eau aux alentours de Peabody Coal est polluée, et les gens vont chercher leur eau là-bas. Louise dit que les Diné pouvaient creuser dans les ravins de Big Mountain, quand elle était petite, et que le matin suivant de l’eau en sortait. Ça ne se produit plus. L’eau a été pompée de la nappe aquifère pour faire l’électricité qui alimente le sud de l’Arizona [où se trouvent les grandes villes].

“La sècheresse est tellement sévère, qu’il n’y a plus d’eau dans certains des moulins.” “L’eau c’est la vie, tout ce qui vit a besoin d’eau.”

Elle dit que les grandes compagnies voulaient toute l’eau, qu’il n’y avait pas de négociations possibles pour laisser de l’eau au gens.

“Les gens ne veulent pas voir la réalité” dit Louise, expliquant que les Diné n’étaient pas totalement impliqués dans les échanges sur ce qui se passe, ni dans la discussion sur l’eau depuis 20 ou 30 ans.

Louise vit à 25 km de la mine de charbon et elle n’a ni électricité ni énergie, et parce que les sont des résistants, ils n’ont pas accès aux services sociaux de la Nation Navajo, du gouvernement des Etats-Unis ou de quiconque.

“Ils essaient de nous affamer.” Et maintenant, les rangers Hopi “volent nos animaux”. C’est la nourriture des gens, dit-elle. “Nous ne sommes pas autorisés à cultiver pour notre nourriture. Il y a des montagnes de lois contre nous.”

Louise encouragea les gens à parler. Elle dit qu’elle pouvait recevoir des messages sur Facebook, à Louise Benally. Louise dit qu’il y a d’énormes besoins et que les gens peuvent aider. Elle a besoin d’un véhicule pour transporter de l’eau, et de fenêtres pour sa maison. Le toit de sa cave s’est effondré parce que des rangers Hopi avaient roulé dessus.

Il y a actuellement un camp de résistance où les gens peuvent venir.

Louise expliqua que le gouvernement de la Nation Navajo n’était qu’un bras du Gouvernement Fédéral, elle dit que le gouvernement de la Nation Navajo “couchait avec” les grandes compagnies, signant tous les contrats qui liquident les ressources.

“Nous disons NON.”

A cause de cette résistance, le gouvernement de la Nation Navajo “ne veut rien faire pour nous.” “C’est une entité du Gouvernement Fédéral.” Les Diné traditionnels sont des gens ancrés dans la terre et très différents du gouvernement de la Nation Navajo. Les gouvernements résultants de l’Indian Reorganization Act de 1934 sont ceux qui ont toujours travaillé avec les grandes corporations pour signer des contrats d’énergie. L’argent des contribuables des Etats-Unis rendent ces transactions possibles, dit-elle.

Pour conclure, Louise dit “Priez pour que nous ayons de la pluie.”