Article original en Anglais
Par Brenda Norrell,
27 janvier 2012
Traduction Christine Prat
TUCSON, Arizona – Louise Benally, une Navajo qui résiste toujours à la déportation de Big Mountain, sur le territoire de la Nation Navajo, a rejoint les étudiants protestant contre la suppression des études ethniques, pour s’exprimer contre le génocide culturel toujours en cours en Arizona. L. Benally a dit qu’aujourd’hui le racisme en Arizona se manifeste par l’interdiction des cours et des livres d’études Mexicano-Américaines, entre autres « Rethinking Columbus » (« Repenser C. Colomb »), écrit par des auteurs Amérindiens.
Pour L. Benally, ce même racisme qui infiltre le gouvernement de l’Arizona et les grandes compagnies profiteuses de cet état, devient une réalité tangible sous la forme de centrales électriques au charbon touchant les territoires Indiens en Arizona, précisément la compagnie minière Peabody Coal sur Black Mesa et la centrale au charbon Navajo (c’est le nom qui lui a été donné par la compagnie, elle n’appartient pas aux Navajos – NdT) gérée par le Salt River Project et située [sur la réserve de] la Nation Navajo en Arizona.
L. Benally s’est jointe aux étudiants en études ethniques rassemblés pour protester contre le District Scolaire Unifié de Tucson et contre l’état d’Arizona en janvier, et s’est exprimée Jeudi sur les ondes de la First Voices Indigenous Radio, WBAI New York, qui émet dans tous les Etats-Unis
L. Benally a déclaré que malgré les luttes, les Navajos vivant sur leur terre vivent toujours en harmonie avec elle. Décrivant les herbes naturelles et les cérémonies de guérison issues de la nature sauvage, elle a signalé qu’elles étaient maintenant en train d’être contaminées par la pollution.
« Çà cause beaucoup de destruction, » dit-elle, ajoutant que les déchets chimiques se déposaient dans l’eau et l’environnement.
« Ce sont des problèmes réels auxquels nous devons faire face maintenant, car beaucoup de végétation est en voie de disparition. » Elle dit aussi que la mine de Peabody rejette des polluants dans les réserves d’eau de la région de Black Mesa.
« C’est accablant. »
L. Benally a ensuite décrit les trois centrales au charbon situées sur le territoire de la Nation Navajo. Il y a les deux de la région des Four Corners, près de Farmington, au Nouveau Mexique, qui causent une brume grise persistante sur toute la région. Et il y a la Centrale Navajo, près de Page, Arizona, gérée par le Salt River Project, qui produit une forte contamination de la région de Black Mesa, près de la frontière entre l’Arizona et l’Utah. Ces centrales au charbon transportent de l’électricité vers des villes comme Phoenix et Tucson, alors que les Navajos souffrent de maladies et de la pollution. Pour pouvoir effectuer le transport, la nappe aquifère des Navajos sur Black Mesa est drainée et ses sources s’assèchent.
« Nous ne pouvons pas continuer à produire toujours, toujours plus de pollution, » dit L. Benally, ajoutant que ces centrales au charbon font fondre les glaces de l’Arctic.
L. Benally a vu de ses propres yeux la dévastation de l’Alaska et la fonte des glaces. Elle s’est rendue en Alaska, à l’invitation de villageois autochtones, de chez elle à Big Mountain sur Black Mesa en Arizona, région dévastée par les activités minières de Peabody et la pollution toute proche de la Centrale Navajo. Les ours polaires, les morses et les phoques sont en train de perdre leur habitat naturel dans la région Arctic et meurent, à cause de la pollution provoquée par les centrales à charbon situées sur le sol de la Nation Navajo et ailleurs aux Etats-Unis.
L. Benally décrivit les changements climatiques et comment le développement les avait créés. Elle remarque que si le territoire n’est pas sain, la vie n’est pas saine non plus. Dans la Nation Navajo, cela se traduit par des taux élevés de problèmes respiratoires et de cancers dus à l’exploitation du charbon, aux centrales électriques et à d’autres destructions résultant de contrats passés entre le gouvernement Navajo élu et des compagnies profiteuses comme Peabody Coal et Salt River Project, qui n’accordent aucun intérêt à la santé et au bien-être des Navajos.
Le fait que les Navajos sont visés par le génocide écologique se reflète aussi dans l’interdiction des études ethniques par les écoles publiques de Tucson et l’état d’Arizona.
« C’est vraiment très triste. »
Le présentateur de radio Tiokasin Ghosthorse, un Lakota de Cheyenne River, a raconté comment le plan des politiciens et juristes d’Arizona et de la firme Peabody Coal était au départ de faire comme si le soi disant conflit pour le territoire se jouait entre les Hopis et les Navajos. Ce plan a empêché les gens de s’y impliquer, car ils avaient été amenés à croire qu’il s’agissait d’un conflit interne entre deux nations indigènes, au lieu de le voir pour ce qu’il était vraiment.
Le soi-disant conflit Navajo-Hopi pour la terre avait en fait été soigneusement organisé pour déporter 14000 Navajos de Black Mesa afin de faire de la place pour l’exploitation minière de Peabody, et çà continue aujourd’hui.
L. Benally dit « Ils ont monté les tribus l’une contre l’autre pour s’emparer des ressources » et a expliqué comment ils s’y étaient pris pour mettre la main sur le charbon et les autres ressources, y compris les eaux de la nappe aquifère souterraine.
D’après L. Benally, la tribu Hopi commence à se rendre compte des dommages causés aux ressources naturelles. Cependant, le gouvernement Navajo élu n’a, d’après elle, toujours pas pris conscience des destructions causées au monde naturel par les mines de charbon et les centrales.
Invitant les Autochtones à faire revivre les vieilles coutumes et à créer des manières de se nourrir durables, elle ajouta, « Nous pouvons encore utiliser la terre comme notre substance réparatrice. »
Tiokasin Ghosthorse conclut son émission en soulignant qu’en ville, les gens n’assument pas la responsabilité de prendre soin de la terre et que c’est donc la responsabilité du gouvernement des Etats-Unis de s’en occuper.