[Parution] Pas de capitulation spirituelle. Anarchie autochtone en défense du sacré. (Klee Benally)


446 p. // 14 euros (-30% pour les librairies)
Éditions Tumult // été 2024

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Points de diffusion

 

France

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75011 Paris

Sud

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Sud-Ouest

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18, rue Léon Gambetta
31000 Toulouse

Le Kiosk
36 rue Danielle Casanova
31000 Toulouse

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7 rue du Muguet
33000 Bordeaux

La Gare
119 route du Trieux
Champniers et Reilhac

Auvergne-Rhone-Alpes

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5 rue Sébastien Gryphe
69007 Lyon

L’Hydre
1 rue de la République
26400 Crest

L’éphémère
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Ain

Centre

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Grande Rue
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c/o Molodoï
19, rue du Ban de la Roche
67000 Strasbourg

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59 rue Berbisey
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Ledo Kiosque
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Nord

Lucane Distro, kiosque itinérant
Lille

 

Belgique

Bibliothèque Acrata
32, rue de la Grande Ile
1000 Bruxelles

Suisse

Infokiosque « L’Angle d’Attaque »
La Coutellerie
Grand-Fontaine 1
1700 Fribourg
Suisse

Librairie Basta
Petit-Rocher 4
1003 Lausanne

Librairie du Boulevard
Rue de Carouge 34
1205 Genève

Canada

L’insoumise
2033 St Laurent Boulevard
Montreal, Quebec

Nederland

De Verdieping (bij Kaboem)
Anna Spenglerstraat 83
Amsterdam

“Il y a une raison qui a fait que les colonisateurs devinrent si
furieusement effrayés par les chants et la Dance du Fantôme des peuples
autochtones. Que leur médicine fut une telle menace. Bien que les champs
aient été brûlés et les bisons massacrés, les envahisseurs savaient
qu’ils ne pourraient jamais se battre contre la force de la nature. Que
les peuples autochtones ne seraient pas complètement vaincus à moins que
nos esprits soient coupés du sol sacré. Ainsi, les profanations ont
précédé les massacres. Les esprits inébranlables de la terre et de nos
ancêtres sont toujours vivants, ainsi que notre spiritualité, et des
sites sacrés sont toujours attaqués à ce jour par des nouvelles mines,
centrales photovoltaïques, oléoducs, lignes à haute tension, usines. Le
génocide culturel et physique, la profanation de la Terre continuent
sous le signe fatal d’une transition énergétique entamée par une
civilisation au bord du précipice.
C’est seulement à Nahasdzáán, Notre Mère la Terre, que nous devons
rendre des comptes et pour laquelle nous prenons nos responsabilités.
Notre affinité est avec les montagnes, le vent, les fleuves, les arbres
et autres êtres, nous ne serons jamais les patriotes d’un quelconque
ordre social politique. En tant que force ingouvernable de la Nature,
nous défendons, protégeons et prenons l’initiative de frapper.”

Sommaire

TʼAALAʼI – ENRAGER EN BEAUTE
Enrager en beauté
L’illettrisme du colonialisme de peuplement

NAAKI – DEFENDRE LE SACRE
Défendre le sacré
Dook’o’oosłííd et les politiques de génocide culturel
Sous Standing Rock
Une existence profanée
La politique du pain frit

TAA’ – ATTENDEZ-VOUS A LA RESISTANCE
Action directe autochtone
Une solidarité décoloniale
Táala Hoghan
Pas d’allégeance
Voter n’est pas choisir le moindre mal
Déraciner le colonialisme

DÍÍʼ – ANARCHIE AUTOCHTONE
Covid-19, colonialisme de ressources et résistance autochtone
Inconnaissable : contre une théorie anarchiste autochtone
L’autonomie sacrée
Vers le néant colonial : la destruction du colon est une cérémonie

Extrait de l’introduction

Yáát’ééh shik’éi dóó shidine’é, Shi éi Klee Benally yinishyé, Todichiini
bashishchiin, Nakai Diné’ dashinalí, shí ma éí bilagaana ado bilagaana
dashicheii. Ákót’éego diné nishłį́. Dził Yijiin déé’naashá ndi Kinłani
kééhasht’į́.
Ce livre est le fruit d’une tension entre l’expérience vécue et les
enseignements culturels. L’écrire a été un tourment et une joie
fanatique. Ce processus a été un conflit entre les défis et les
bénédictions de mon éducation par le biais de la cérémonie, et les
antagonismes pernicieux de l’enseignement académique et des politiques
gauchistes qui m’ont conduit à ce que j’ai adopté, avec des réserves,
comme antipolitique anticoloniale.
En écrivant et repensant mon travail précédent et mon évolution (ou
désintégration), je me suis rendu compte combien – très probablement
grâce à une leçon transmise par certains de mes aînés – j’avais résisté
à l’attraction vers un point fixe. Vous me trouverez intentionnellement
belliqueux et évasif ici et là. Je ne m’excuse ni pour l’un ni pour
l’autre. Ce que j’ai appris de la vie, je l’ai appris par la cérémonie.
Ce que j’ai appris de la politique, je l’ai appris de beaucoup de
violences politiques et en m’organisant pour intervenir par des moyens
aussi bien réactifs que proactifs. J’ai tendance à dériver loin des
textes de Terre brûlée du terrain universitaire. Si mes conclusions de
cette expérience vous frustrent (ce dont j’avais anticipé que ce serait
le cas pour beaucoup), je suggère que vous accumuliez tout ce que vous
pourrez recueillir en consultant vos aînés, en participant à des
cérémonies, et en examinant d’un œil critique les échecs de l’activisme
progressiste, ce qui serait tout aussi utile – si ce n’est plus.
Certains s’empresseront de qualifier ce livre d’ « ethnocentrique » mais
ce n’est que de la paresse. Vous ne trouverez ici aucune proposition ou
hypothèse de supériorité ethnique. Je suis métis, élevé par Tádídíín
K’eh Atiin et j’ai beaucoup d’expériences pratiques dans les luttes en
première ligne sur des terres sacrées, en nommant ce qui est merdique
dans ce monde de mon point de vue amer (je suis né pour le clan
Tódích’íí’nii, l’Eau Amère, après tout).
Ce livre est devenu un peu plus autobiographique que je ne le voulais au
départ, ce qui est étrange car j’ai généralement un léger dédain pour ce
genre d’histoires. En écrivant ceci, je n’arrêtais pas de réfléchir à
certaines expériences qu’il me semblait judicieux de faire connaitre,
qu’elles soient bonnes, mauvaises ou entre les deux. En relisant des
textes qui m’avaient inspiré à un moment de ma vie, en parcourant des
vieilles brochures, et les nouvelles polémiques en ligne ou pas, et en
analysant mon évolution en tant qu’antagoniste et écrivain, il m’est
difficile de ne pas remarquer à quel point les contradictions de ces
textes ressortent encore plus. J’essaie d’aller à ce qui compte,
d’accepter les imperfections – et probablement, je ne prends pas
certaines choses aussi au sérieux que vous pourriez en les lisant.
Vous trouverez des répétitions et des incohérences dans le texte,
surtout dans les passages écrits au cours de différentes périodes de ma
vie, et de l’évolution qui s’en est suivie. J’ai amélioré certains
passages déjà écrits, laissé d’autres intacts et ajouté quelques notes.
Il y a aussi des passages où je passe du je au nous – pour la plupart à
cause du contexte, mais je n’ai jamais beaucoup aimé le « je ». « Nous »
m’a toujours semblé plus approprié pour inviter, et certains passages
ont été écrits collectivement. Je vous invite aussi à lire cet ouvrage
de façon non linéaire (dans l’ordre et dans le désordre).
Je parle du sacré, mais je suis mesuré dans ce que je partage, ainsi
vous ne trouverez pas d’ « exploration du savoir spirituel Diné ». J’ai
été élevé avec le sentiment que ce savoir sacré ne devrait pas être
livré à des pages, des mots, des enregistrements, et ne devrait pas être
traduit. Cela peut sembler contradictoire dans un livre sur la défense
du sacré, et c’est le cas. Le désir de « faire partie du sacré » est un
désir foireux du New Age anthropologique colonial. Les autopsies
fétichistes de la profanation du sacré autochtone remplissent des
étagères, des musées, des salles de vente aux enchères, des magasins de
souvenirs – et des comptes en banque. Si vous comptez trouver ici une
telle validation, je suis heureux de vous décevoir. Si vous avez lu ce
livre et trouvé des moyens d’améliorer votre activisme, vous l’avez mal
lu. Quand je parle de libération, ce n’est pas pour fomenter un énième
projet de justice sociale, c’est une agitation inclusive et fervente
contre la domination et l’exploitation de l’existant, car la libération
de notre Mère la Terre, c’est la libération de tout ce qui existe.
Plus que toute autre chose, ce livre est pour toi, cher voyageur, à
contre-courant du temps des colons, qui écoute les murmures des voix
ancestrales et qui est déchiré dans l’espace entre le cauchemar et le
rêve qui constitue cette existence maltraitée. En désirant quelque chose
de plus, ou peut-être par inquiétude, curiosité, ennui ou quelle que soit
l’impulsion qui vous a mené à lire ces mots, nous y voilà.
Si vous êtes venu chercher des réponses, vous pourriez trouver un peu de
taquinerie mêlée d’angoisse. J’ai écrit surtout dans cet espace profane
et étroit entre l’invocation et la provocation, cet espace qui
désoriente et où le processus de guérison vit aussi. Il s’agit d’une
histoire dans et hors du temps, le long d’un chemin sur lequel je suis
aussi un voyageur.
Asseyez-vous un moment, prenez du thé. Il faut que je m’occupe de tout
un fatras – de mots maintenant cristallisés qui ont été un jour autant
d’éclats de verre.

 

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