VIDEO PAR SACRED STONE VILLAGE

 

RED FAWN AU TRIBUNAL

 

Par Sacred Stone Village
Publié sur Censored News
22 janvier 2018
Traduction Christine Prat

 

Tandis que je marchais vers le Tribunal Fédéral de Bismarck, dans le Dakota du Nord, une boule a commencé à se former dans mon estomac. Depuis la résistance à Standing Rock, plus de 800 protecteurs de l’eau ont été mis en accusation et 6 d’entre eux risquent d’être accusés de crimes dans une Cour Fédérale. Red Fawn Fallis fait partie de ceux qui ont été injustement emprisonnés et a été accusée de 3 crimes au cours de l’année passée. A cause de la corruption et de la menace d’être emprisonnée à vie, Red Fawn Fallis a décidé de signer un accord de plaider coupable de 2 des 3 accusations. Elle se préparait à plaider coupable des crimes de troubles civils et de possession d’une arme à feu et de munitions par un coupable déjà condamnée. L’accord qu’elle a accepté évite l’accusation la plus grave, celle d’avoir tiré avec une arme à feu en relation avec un crime de violence, et recommande une peine ne dépassant pas sept ans, sans amende ni dommages à payer.

Red Fawn est entrée au tribunal menottée et habillée de l’uniforme orange des prisonniers, devant un public de 20 à 30 visages connus. De nombreux supporters avaient été empêchés d’entrer, bien qu’il y ait assez de places. L’avocat de Red Fawn a demandé au Juge Hovland que ses chaînes soient retirées pour l’audience, ce qui a été obtenu. Elle tremblait mais est restée forte quand le juge a posé les questions qu’il devait poser selon la loi. Il lui a tout expliqué afin de s’assurer qu’elle comprenait complètement ce que l’accord impliquait, son comportement était beaucoup plus poli que celui du juge que nous avions vu condamner Mary Redway. Des larmes ont commencé à couler quand le juge s’est préparé à demander à Red Fawn ce qu’elle plaidait pour la première accusation de désobéissance civile. Red Fawn a hésité un moment – j’ai pensé pendant une seconde qu’elle allait se lever et crier ‘Mni Wiconi!’ Cependant, d’une voix brisée elle a lâché “coupable”. J’ai regardé autour de moi et vu des larmes couler sur les joues de femmes et d’hommes parmi les plus forts pendant le mouvement, et qui étaient là pour la soutenir. La deuxième accusation a été lue et encore une fois, “coupable” a résonné dans la salle.

Le Juge Hovland a expliqué ce qui se passerait ensuite, qu’un interrogatoire en profondeur de Red Fawn aurait lieu au cours du mois prochain, environ, et qu’un rapport final serait rédigé. Il dit qu’il prendrait les lettres de soutien en considération. C’est le meilleur moyen, dit-il, de vraiment comprendre la personnalité d’un accusé et de déterminer comment il ou elle contribue à la société dans son ensemble. Les avocats de Red Fawn ont alors demandé s’ils pouvaient soumettre une pétition demandant sa libération. Elle est détenue au Centre de Détention du Comté de Burleigh-Morton, et elle a admis avoir commis une violation des conditions de sa mise en liberté avant le jugement. Hovland dit qu’elle avait disparu un jour entier de la maison de transition où elle résidait depuis octobre. Lorsqu’il lui a demandé de s’expliquer, elle dit à travers ses larmes:

“Je ne veux pas fournir d’excuses, mais j’ai le plus grand respect pour la Cour. Le passage au tribunal approchant, j’avais besoin d’un peu de temps pour réfléchir. C’est dur d’être ici sans famille ni qui que ce soit à qui parler. Je suis désolée.”

Le Juge Hovland dit que même si cela devait être pris en considération, elle devrait être sous surveillance GPS jusqu’à la date où la peine serait prononcée, ce qui prendra 3 à 4 mois. L’avocat de la défense Bruce Ellison dit que les défenseurs de Red Fawn feraient comparaitre quelques témoins à la session où la peine sera prononcée et l’assistant Procureur général Gary Delorme dit qu’il pourrait en appeler quelques-uns aussi. Les avocats de Red Fawn conseillent une peine de 21 à 27 mois, tandis que les procureurs fédéraux pourraient recommander de 46 à 57 mois.

C’était dur de voir quelqu’un qui résiste pour Notre Mère la Terre et notre eau, menacée de peines si extrêmes par notre système de “justice”. Nous continuerons à soutenir tous les protecteurs de l’eau qui ont mis leur vie en jeu pour Notre Mère. Merci Red Fawn pour ce que tu as défendu et continues à défendre.

 

Pour plus d’informations sur Red Fawn ou pour lui écrire: http://indi.com/freeredfawn

Pour des mises à jour sur les autres poursuites fédérales: https://waterprotectorlegal.org/federal-cases

 

Par brendanorrell@gmail.com le 23 janvier 2018

 

 

Par Brenda Norrell
Censored News
24 janvier 2018
Traduction Christine Prat

 

C’est avec tristesse que nous apprenons que les bénévoles qui avaient déposé de l’eau pour les migrants ont été arrêtés à la frontière Arizona/Mexique.

Il y a quelques années, une amie m’a emmenée sur ces lieux, et m’a montré les pistes. Il faisait plus de 40 degrés, et sa voiture n’avait pas de climatisation. Nous nous sommes enveloppées dans des serviettes mouillées pour continuer.

Nous avons vu les agents de la Patrouille des Frontières assis dans leurs véhicules climatisés qui jetaient leurs gobelets Starbucks sur le sol, et achetaient de la bouffe de snackbar à Three Points. Ils fainéantaient et aboyaient dans leurs téléphones portables, dans la zone même où des bénévoles plaçaient de l’eau pour sauver des vies et sont maintenant arrêtés.

A un autre moment, j’aurais pu être arrêtée avec eux.

Les bénévoles qui font cela depuis des années sont des héros.

Un autre jour, toujours avec des températures supérieures à 40 degrés, mes amis m’ont demandé de les aider à chercher le corps d’un migrant. La chaleur m’a mise K.O. en quelques minutes. Ils ont continué à marcher sous le soleil brulant et ont trouvé celui que quelqu’un aimait.

D’autres ont fourni un abri, de l’eau, un sandwich ou ont conduit quelqu’un à l’hôpital et sauvé une vie.

Quelques fois, la vie sauvée est celle d’un ou une Autochtone, qui a traversé à pied, depuis le Guatemala ou le Salvador, dans l’espoir de trouver un moyen de nourrir sa famille restée à la maison.

Les petites tombes dans le désert ont quelque fois un collier de perles Maya déposé dessus. Ces bénévoles sont des héros. Nous savons qui sont les monstres.

 

Brenda Norrell, journaliste en pays Indien depuis 36 ans, publie Censored News.

 

Photos: une tombe à la frontière de l’Arizona.
Des chaussures abandonnées par des migrants, photo par Brenda Norrell.
Un agent de la Patrouille des Frontières détruisant un bidon d’eau destiné à sauver des vies, filmé en caméra cachée.

 

Notes: Neuf volontaires de No More Deaths [Plus jamais de Morts] ont été arrêtés et risquent des poursuites fédérales pour avoir laissé de l’eau pour les migrants dans le Désert de Sonora, à la frontière de l’Arizona.

Cette région a l’un des taux les plus élevés de décès de migrants.

Un instructeur de l’Université d’Etat d’Arizona et bénévole de No More Deaths, a été arrêté cette semaine pour avoir aidé des migrants à Ajo, en Arizona, après que No More Deaths ait publié un rapport dénonçant les agents de la Patrouille des Frontières qui détruisent des bidons d’eau qui pourrait sauver des vies dans le désert.

No More Deaths est l’une de plusieurs organisations qui fournissent de l’aide humanitaire. Beaucoup d’individus, entre autres des Tohono O’odham, ignorent tout simplement les lois tribales et fédérales qui interdisent d’aider ou de sauver des vies de migrants.

 

Copyright Brenda Norrell

 

La veille, le 23 janvier, Censored News avait publié un communiqué de No More Deaths:

Chers amis de No More Deaths,

Aujourd’hui, No More Deaths, en collaboration avec La Coalición de Derechos Humanos, publie “Interférence avec l’Aide Humanitaire: Mort et Disparition à la Frontière US-Mexique”. Ce rapport est la deuxième partie d’une série de trois, intitulée “Disparus: Comment les Forces de l’Ordre de la Frontière des Etats-Unis Alimentent une Crise de Personnes Disparues”. Dans la 2ème partie, nous traitons en détail de la destruction intentionnelle de plus de 12 000 litres d’eau déposés pour ceux qui traversent la frontière, la majorité de ceux qui font cela étant de la Patrouille des Frontières des Etats-Unis.

Les dépouilles de plus de 7000 personnes qui, très probablement, avaient essayé de passer la frontière, ont été trouvées dans les régions frontalières au cours des dix dernières années. Entre 2012 et 2015, le Bureau d’Investigation Médicale du Comté de Pima a reçu les restes d’au moins 593 personnes ayant traversé la frontière. Ces chiffres n’incluent pas ceux qui sont morts mais n’ont jamais été retrouvés.

Au cours de la même période, plus de 13 000 litres d’eau placés par No More Deaths sur des pistes lointaines et difficiles dans le désert, ont été détruits intentionnellement, tout comme de la nourriture et des couvertures. Les vidéos et l’analyse statistique publiés dans le nouveau rapport impliquent la Patrouille des Frontières dans la destruction à grande échelle d’aide humanitaire. Des témoignages personnels nous montre que la Patrouille des Frontières est également coupable d’interférences routinières avec les actions d’aide humanitaire, entre autres par le harcèlement et la surveillance des bénévoles sur le terrain.

No More Deaths appelle instamment à mettre un terme à la politique de Prévention par le Découragement, qui force les gens à s’aventurer dans cette zone dangereuse. En attendant, la fourniture d’eau et autre aide humanitaire sont essentielles.

Les agents de la Patrouille de Frontières doivent être tenus pour responsables de ces actions. Nous vous demandons d’appeler la Police des Frontières du Secteur de Tucson à adopter une politique qui interdit formellement la destruction d’aide humanitaire et assure qu’elle sera passible de mesures disciplinaires. Appelez le (00 1) 520-748-3000 ou envoyez un email à steven.passement@cbp.dhs.gov . Demandez à ce que votre message soit transmis au vice-chef Raleigh Leonard, ou à Tom Martin, Chef de Division des Programmes Opérationnels d’Application de la Loi. Ils ont des années d’expérience dans le secteur de Tucson, et l’autorité pour faire passer cette politique immédiatement.

Nous demandons qu’il soit mis fin immédiatement à la destruction ou la confiscation d’eau, de nourriture, de couvertures et tout autre article d’aide humanitaire déposés pour ceux qui traversent la frontière. Nous demandons aussi la cessation immédiate de toute interférence avec les actions d’aide humanitaire. Nous exigeons que vous appliquiez une Procédure d’Opération Standard (SOP) ou une directive similaire, désignant formellement la destruction d’aide humanitaire et l’obstruction d’actions humanitaires comme des délits pouvant entrainer le renvoi d’agents de la Police des Frontières des Etats-Unis. Nous vous demandons aussi de détailler ces mesures et toutes les autres mesures disciplinaires internes dans des dossiers accessibles au public.

Merci pour votre soutien. Vous pouvez trouver le rapport complet sur http://www.thedisappearedreport.org/

Solidarité,

La communauté de No More Deaths

 

 

 

COMMUNIQUE du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (Water Protector Legal Collective), 16 janvier 2018

UNE CHARGE EST SUPPRIMÉE: LE GOUVERNEMENT RECOMMANDE UN MAXIMUM DE 7 ANS

Par le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (WPLC)
Publié sur Censored News
Le 16 janvier 2018
Traduction Christine Prat
Voir aussi traduction d’Aurélie Journée (également membre du CSIA-nitassinan)

 

MANDAN, Dakota du Nord – Les avocats de Red Fawn Fallis ont notifié ce jour à la cour un changement de plaidoyer, suite à un accord avec l’accusation. Si le juge accepte l’accord, le gouvernement supprimera l’accusation la plus grave et recommandera une condamnation ne dépassant pas 7 ans pour les deux accusations restantes.

Selon les termes de l’accord proposé, Melle Fallis plaiderait coupable pour les chefs d’inculpation 1 et 3 (Troubles Civils et Possession d’une arme à feu et de munitions par une criminelle condamnée) et le gouvernement abandonnerait le chef d’inculpation 2 (Tir avec une arme à feu dans le contexte d’un crime avec violence). Cette dernière accusation implique une peine minimum de 10 ans de prison et la possibilité de la perpétuité.

La prochaine étape sera l’audience du lundi 22 janvier 2018, à Bismarck, au cours de laquelle le plaidoyer sera présenté à la cour, et une date ultérieure fixée pour que le juge décide de la condamnation de Red Fawn pour les deux chefs d’inculpation restants.

D’après l’accord, l’accusation a accepté de recommander une peine ne dépassant pas 7 ans d’emprisonnement, bien que le juge ait l’autorité d’aller jusqu’à 10 ans pour ces accusations. Il n’y a pas de peine minimum. Si le juge décide de ne pas accepter l’accord, l’affaire passera en jugement pour les trois chefs d’inculpation.

Red Fawn a livré une bataille de plus en plus difficile à chaque étape de l’affaire. Elle est confrontée à la possibilité d’une peine à perpétuité et à celle d’un procès dans le Dakota du Nord, où il y a eu, avant le procès, une campagne médiatique intensive contre les Protecteurs de l’Eau et contre le mouvement NoDAPL. Les décisions contre Red Fawn, à chaque étape de l’affaire, n’ont pas fourni à la défense les informations suffisantes sur l’indicateur du FBI qui était devenu son petit-ami et a l’intention de témoigner contre elle au procès. Le gouvernement a refusé de divulguer toutes les informations, même celles pouvant disculper l’accusée, provenant de la surveillance et autres documents en possession de la firme Tiger Swan et d’autre firmes de sécurité privées, qui ont coordonné leur travail avec les forces de l’ordre durant la période des camps de Standing Rock et avaient ciblé Red Fawn comme meneuse.

Etant donné les circonstances, Red Fawn a pris la douloureuse décision d’accepter un accord qui implique toujours le risque d’une longue peine de prison, mais évite la peine minimum exigée par la loi, et la possibilité d’une condamnation à perpétuité. L’accord ne concerne que Red Fawn et ne nuira pas aux autres Protecteurs de l’Eau.

Red Fawn Fallis est une dirigeante dans sa communauté et une défenseuse des droits de l’homme. Elle est connue et respectée pour son travail avec les jeunes et comme infirmière, tout comme pour son profond dévouement pour son peuple et pour la protection de l’eau. Elle a été incarcérée pendant un an en attente de jugement et est actuellement assignée à résidence dans une maison de transition. Nous attendons avec impatience le jour où elle pourra rentrer chez elle, dans sa famille et sa communauté, et continuer son travail admirable.

Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau soutient Red Fawn et appelle les Protecteurs de l’Eau et les membres de la communauté à la soutenir dans cette épreuve difficile. Vous êtes priés de continuer à être solidaire de Red Fawn pendant le jugement et pendant le temps qu’elle passera en prison. [Le site du comité de soutien – en anglais – où vous trouverez des informations pour lui écrire et comment la soutenir: http://indi.com/freeredfawn ].

Cet accord ferait de Red Fawn la première des Protecteurs de l’Eau à être condamnée à une peine de prison lourde pour ses activités à Standing Rock. Cinq autres Protecteurs de l’Eau risquant des chefs d’accusation fédéraux se préparent à être jugés dans les mois qui viennent, et plus de 300 autres sont encore sous le coup d’accusations de l’état du Dakota du Nord.

Les avocats représentant Mademoiselle Fallis sont Molly Armour, Jessie Cook et Bruce Ellison.

 

Liens:

L’affaire Red Fawn: https://waterprotectorlegal.org/red-fawn-fallis/
Le Comité de soutien: http://indi.com/freeredfawn

 

 

Annonce en Anglais
Publiée par Censored News
le 18 janvier 2018
texte français Christine Prat

La compagnie Halliburton a commencé les destructions dans la région de Chaco dès le début de cette année. Halliburton a souvent fait la une des médias pendant la guerre d’Irak. A l’époque, Dick Cheney était en même temps vice-Président des Etats-Unis et PDG de Halliburton. (Qui a dit ‘conflit d’intérêts’ ? Halliburton gagnait beaucoup d’argent avec cette guerre…) Maintenant, Halliburton se livre à la fracturation hydraulique pour produire du gaz de schistes.

 

 

 

Des Navajos se sont regroupés sous le nom “Citoyens Diné Contre la Ruine de notre Environnement” et cette association poursuit le gouvernement en justice.

Le 24 janvier une session d’audition des arguments oraux aura lieu à la Cour de District des Etats-Unis pour le District du Nouveau Mexique, à Albuquerque, devant le Juge de District James O. Browning.

Le groupe appelle les gens à se rassembler devant le tribunal – vu qu’ils espèrent que le nombre de gens protestant contre la destruction de la région de Chaco sera infiniment plus grand que ce que le tribunal peut contenir.

Désignation de l’affaire: Diné Citizens Against Ruining our Environment et al v. Jewell et al

Numéro de l’affaire: 1:15-cv-00209-JB-LF

 

 

La Protectrice Erica Gonzales au procès

 

A Standing Rock comme ailleurs, les chantiers temporaires amènent avec eux des travailleurs logés provisoirement dans des “Camps masculins”. Partout où ces camps existent, des femmes autochtones disparaissent, sont assassinées et/ou violées. On parle déjà depuis des années du nombre incroyable de femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada. Bien sûr, le nombre s’accroit à proximité des chantiers, que ce soit les sables bitumineux d’Alberta, les sites de fracturation hydraulique pour le gaz de schistes, ou les chantiers de construction de pipelines. Les autorités n’y font pas grand-chose. Partout aux Etats-Unis où ce genre de chantiers s’ouvre, le même problème se pose.

Christine Prat

 

Par le Collectif Juridique des Protecteurs de l’Eau (WPLC)
Publié par Censored News
5 janvier 2018
Traduction Christine Prat

 

“Quand ils violent Notre Mère la Terre, ils violent aussi nos femmes.”

MANDAN, Dakota du Nord – Le deuxième groupe de procès contre une action de Standing Rock en commémoration des femmes autochtones disparues ou assassinées, s’est terminé ce jour. C’était les premiers, parmi plus de 20 Protecteurs de l’Eau devant être jugés dans les semaines à venir, pour l’action du 15 novembre 2016 contre ce qu’on appelle un “camp masculin” – des hébergements temporaires pour les travailleurs du pétrole, qui sont devenus des sanctuaires pour la violence contre les femmes, et le trafic de femmes et jeunes filles autochtones.

La Protectrice de l’Eau Rebecca Jessee a été condamnée pour Sabotage d’un Service Publique, crime de classe C. La Protectrice Erica Gonzalez a été acquittée de toutes les accusations.

“Nous voulions tenir notre cérémonie là-bas, pour faire prendre conscience que partout où ces pipelines arrivent, ils amènent ces camps masculins, et les femmes autour des réserves disparaissent et sont assassinées ou violées. L’état n’y fait rien”, dit Mme Gonzalez. “Je ne veux pas prendre de précautions oratoires: quand ils violent notre Mère la Terre, ils violent aussi nos femmes.”

“La sauvagerie doit finir. Il faut arrêter de détourner les yeux et faire comme si ça n’arrivait pas, comme si c’était OK ou acceptable. Ça ne l’est pas”, dit Rebecca Jessee en attendant le verdict.

 

La Protectrice Rebecca Jessee pendant son procès

Rebecca Jessee a eu la même condamnation que le Protecteur de l’Eau Rodrick Joe, le jour précédent, condamné pour le même motif. Tous deux ont eu une peine avec sursis de 360 jours, avec des frais de procès et des amendes ne dépassant pas le montant de la caution de 1500 dollars, et avec deux jours de prison déjà faits déduits.

Une “peine avec sursis défini” est suspendue pendant une certaine période, dans ce cas 360 jours. S’ils ne sont pas arrêtés à nouveau pendant cette période, la condamnation peut être annulée et supprimée de leur casier. R. Jessee et Joe ont été libérés immédiatement après leur jugement.

Plus de 300 Protecteurs de l’Eau attendent toujours d’être jugés pour des accusations de l’état du Dakota du Nord, et six Protecteurs se préparent pour être jugés pour des crimes fédéraux.

 

Cette déclaration peut être reproduite sous forme d’extraits ou en entier, à condition d’indiquer qu’elle est du Water Protector Legal Collective [Collectif Juridique des Protecteurs de l’Eau]. Le Water Protector Legal Collective (WPLC) fournit et coordonne une représentation légale sur place pour les Protecteurs de l’Eau impliqués dans la résistance au Dakota Access Pipeline à Standing Rock, Dakota du Nord. waterprotectorlegal.org
Arrestee Updates, Press Releases, Updates

 

Voir d’autres articles sur les “Camps masculins” sur ce site (en français)

Voir – en anglais – Man Camps Fact Sheet, sur le site de Honor the Earth

#MMIW #NoMoreStolenSisters

 


Madonna Thunder Hawk, Lakota de Cheyenne River, a participé à l’Occupation d’Alcatraz [1969] et à Wounded Knee [1973]. Elle est depuis longtemps membre de l’American Indian Movement.
Madonna était parmi les Anciens de la résistance des camps de Standing Rock au Dakota Access Pipeline. Photo Dawn DeCora.

 


Article de Brenda Norrell
Censored News
9 janvier 2017
Traduction Christine Prat

 

Madonna Thunder Hawk, qui s’est exprimée en direct de Palestine, a parlé des similarités des luttes des Peuples Autochtones partout dans le monde, des Lakotas des états du Dakota, à la lutte en Palestine.

Madonna dit “Je voulais précisément participer à ce voyage. C’était important pour moi personnellement.”

Elle raconte qu’après l’affrontement de Wounded Knee [1973] avec l’armée des Etats-Unis, des soutiens de l’American Indian Movement étaient venus de Palestine et d’Irlande du Nord.

“Nous étions jeunes. Je pensais que nous étions seuls, comme toujours” dit-elle. Madonna ajoute que lorsqu’ils ont entendu parler de cette solidarité, elle a appris ce qui se passait dans d’autres parties du monde pour les Peuples Autochtones, et s’est rendu compte qu’ils n’étaient pas seuls.

Elle appris des mots comme “colonialisme”.

Exprimant sa gratitude d’être en Palestine, elle dit: “nous avons exactement les mêmes problèmes.” “Il y a un peuple qui essaie de maintenir sa base territoriale.” “Ça nous est familier, il y a seulement une différence d’échelle, un niveau différent.”

“C’était merveilleux d’aller au Camp Bédouin.” Elle explique que, comme chez elle, le vieux style de vie traditionnel a disparu, mais est toujours connu. Ils le connaissent toujours, c’est un peuple lié à une terre. Elle dit qu’il y a une mémoire ancestrale. “Nous n’avons pas besoin qu’on nous rappelle sans cesse qui nous sommes. Nous savons qui nous sommes.”

“Mon peuple avait sa base territoriale dans la vallée de la bête.” Elle dit que la dernière bataille avait été Standing Rock, et que les batailles continuent sur le plan juridique. “Nous n’avions pas d’armes” dit-elle à propos des forces venues les poursuivre. “Le système judiciaire a fait de nous des criminels.” Maintenant, les 800 personnes arrêtées à Standing Rock doivent se défendre.

Madonna dit qu’elle adressait des rapports à un groupe d’Anciens, chez elle, et devait être responsable.

Elle dit qu’elle était en train de parler avec un groupe de camarades, en Palestine. Lorsqu’on se rend sur les terres de Peuples Autochtones, c’est important de montrer du respect et de garder ses yeux et ses oreilles grand ouverts, dit-elle.

Elle dit apprécier la Voix Juive pour la Paix [Jewish Voice for Peace]. “J’apprécie d’être ici, et je vous apprécie tous.”

Madonna dit que le camp de Standing Rock, de milliers de personnes, était fantastique. Ça avait commencé avec des Autochtones venus de partout, d’Alaska jusqu’en Amérique du Sud. “En une nuit, notre camp avait triplé.” En une nuit, des jeunes gens blancs sont arrivés en masse.

Elle se souvint qu’elle était assise sur la colline et surveillait ce qui se passait. “Les pouvoirs de tout genre qui bloquaient l’autoroute.” Ainsi, la nuit, sur la seule route qui était ouverte, il y avait un flot de lumière de phares dans les deux sens.

Madonna dit qu’elle célébrait le fait d’y avoir participé et d’avoir pu voir cela arriver.

Maintenant, dans la lutte sans fin pour son peuple, elle dit ne plus voir de lumière au bout du tunnel.

“Le même contrôle des grandes compagnies privées est partout dans le monde.” Mais si vous êtes liés à une terre, vous faites partie du processus. Elle dit que les plus jeunes étaient impliqués dans la campagne de désinvestissement, les anciens sont leurs conseillers.

Lorsqu’elle a été interrogée sur le fait de prendre position, à Standing Rock, Madonna dit que son peuple prenait position automatiquement. “Quand l’appel est parvenu, ils se sont mis en route.” C’est la mémoire ancestrale, c’est un peuple lié à un territoire. Madonna raconta comment [au 19ème siècle] les bisons avaient été tués, l’écosystème avait été dérangé et les maladies étaient apparues. “C’est ce qui a conduit notre peuple aux négociations de paix.” “Le système capitaliste a toujours opéré selon le dollar.” Les Traités ont été signés de nation à nation, et ratifiés par le Congrès. “Ils sont la loi du pays.” C’était une question de survie pour le peuple, mais ce fut un vol de terres massif.

“Je suis là aujourd’hui parce que mes ancêtres ont pensé à plusieurs générations à venir.”

Les premières écoles étaient des écoles chrétiennes, et les valeurs Lakota ont été attaquées, y compris la société matriarcale. Ils ont dit aux gens que l’homme était le chef de famille et qu’il pouvait battre sa femme et ses enfants, et être sauvé le dimanche, dit Madonna. Ils ont attaqué la famille.

Les enfants étaient enlevés de force, leurs cheveux coupés, et ils étaient habillés de vêtements militaires. Ils venaient chercher les enfants avec des équipes et des diligences, puis avec des camions. L’éducation leur était imposée par la force. “Apprendre l’anglais nous a été imposé par la force.” Elle dit qu’elle avait été forcée d’apprendre l’anglais dans un internat. “On était puni si on parlait notre langue.”

Plus tard, après Wounded Knee, [les Lakotas] ont ouvert leur propre école à Rapid City, dans le Dakota du Sud. Ils voulaient que les enfants soient dans un endroit sûr. “Nous voulions surtout acquérir des connaissances.” Ce fut la première école alternative là-bas. Puis, le système scolaire a commencé à faire la même chose. “Nous avons été cooptés,” par des écoles qui pouvaient avoir les fonds pour fonctionner.

Puis, l’eau a été contaminée par l’extraction d’uranium.

Madonna dit qu’elle sait ce qu’est le génocide. Elle a parlé de la mentalité de la charité, comme faisait l’Eglise en payant les services pour les gens. “Ça affaiblit tout le monde.”

 

Vous pouvez écouter toute l’interview (en anglais, 50 minutes). Madonna y compare la Palestine et les Etats-Unis. Elle parle aussi de la solidarité et de comment elle a appris d’autres parties du monde qu’ils n’étaient pas seuls dans leur lutte.

https://www.facebook.com/madonna.hawk/videos/10215247079793379/