Publié sur Censored News
27 mars 2015
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan

DÉCLARATION DE JANET ALKIRE, PRÉSIDENTE TRIBALE DE LA RÉSERVE SIOUX DE STANDING ROCK

En tant que Présidente de la tribu Sioux de Standing Rock, je suis offensée par le verdict du jury contre Greenpeace, dans l’affaire de la plainte SLAPP [Strategic Lawsuit Against Public Participation, plaintes portées par des individus ou des entités pour dissuader leurs critiques de continuer de leur faire de la publicité négative] d’Energy Transfer contre Greenpeace. Nous attendions mieux des juges et des jurés du Dakota du Nord, voisins de nos communautés.

Les arguments d’Energy Transfer dans cette affaire sont ridicules. Ils ont totalement manqué de respect pour la Tribu Sioux de Standing Rock, nos ancêtres et notre jeunesse, qui avait lancé le mouvement en 2016 pour protéger notre eau d’une fuite de pétrole du DAPL. Ni Greenpeace, ni personne d’autre n’a payé ni persuadé Standing Rock de s’opposer au DAPL.

Nos jeunes et nos anciens nous ont pressés de protéger notre eau et Uŋčí Makhá (Grand-Mère la Terre). C’est ce qui est arrivé et continue de se produire. L’histoire mensongère et intéressée d’Energy Transfer, selon laquelle Greenpeace manipulait Standing Rock pour nous pousser à protester contre le DAPL, est condescendante et manque de respect pour notre peuple.

Nous savons que beaucoup de résidents du Comté de Morton soutiennent l’industrie pétrolière, même des compagnies d’oléoducs extérieures à l’état du Dakota du Nord, comme Energy Transfer. Mais nous sommes vos voisins, et vous ne devriez pas être abusés si facilement. Energy Transfer ne nous connait pas. Ils ne savent pas qui nous sommes – une Nation Autochtone qui a survécu à toutes les attaques parce que nos ancêtres étaient avec nous.

Greenpeace n’a pas manipulé Standing Rock, mais Energy Transfer a manipulé le Comté de Morton. Le DAPL traverse notre territoire aborigène selon les Traités, sur des centaines de kilomètres.

Nos ancêtres occupaient ce territoire des milliers d’années avant que le Dakota du Nord existe. Les terres entre la rivière Heart et le Fleuve Missouri sont nos terres non-cédées selon les Traités de Fort Laramie de 1868 et 1851. Nos territoires d’origine s’étendent à l’est jusqu’à la rivière James et au-delà. C’est une vérité historique. Si Greenpeace peut être responsable de dire la vérité sur les droits de la Nation Sioux selon les Traités, nous avons tous de gros problèmes.

La construction de Fort Rice sur notre frontière nord, en 1864, était une violation des Traités de Fort Laramie. Ça exigeait que notre tribu soit vigilante. Personne ne devrait être surpris qu’on trouve des membres de sociétés de guerriers enterrés dans cette zone, près du trajet de l’oléoduc.

Et n’insultez pas nos experts culturels, qui possèdent une sagesse sur ces questions, dont la plupart des résidents du Comté de Morton ou les bureaucrates de la Société Historique de l’État ne savent absolument rien. Energy Transfer et ses avocats devraient avoir honte. Et chaque membre du jury du Dakota du Nord devrait être mieux informé.

Lorsqu’il s’agit de la violence excessive de la police et de la société de sécurité privée contre des manifestations généralement pacifiques, à Cannon Ball, croyez vos yeux. Les scènes de chiens menaçant les membres de la tribu rappellent la violence des suprémacistes blancs dans le sud profond, dans les années 1950 et 1960, mais là, c’était dans le Dakota du Nord, à notre époque. C’était dans les organes d’information et sur l’internet.

Beaucoup de manifestants étaient des vétérans Autochtones des forces armées des États-Unis. Energy Transfer a utilisé des chiens d’attaque contre des manifestants pacifiques et des héros de guerre. Mais le jury a choisi d’être du côté d’une société de sécurité étrangère à l’état, sans licence, avec des chiens d’attaques, plutôt que de celui de vétérans du Dakota du Nord qui soutenaient Standing Rock.

Une compagnie pétrolière du Texas est venue dans le Dakota du Nord, et ses avocats et sa machine de propagande inventent des histoires selon lesquelles la tribu Sioux de Standing Rock et ses soutiens ont menti, et que la pauvre compagnie d’oléoducs, plus riche de 1000 milliards de dollars qu’en 2016, quand ça a commencé, devrait recevoir quelques millions de plus d’organisations à but non-lucratif. C’est typique des menteurs – ils accusent toujours tous les autres de mentir. Le procès de Greenpeace était sous le sceau du secret.

La Cour n’a pas publié de transcription. Les documents obtenus par Greenpeace sur le dossier de sécurité désastreux d’Energy Transfer sont protégés par une ordonnance de confidentialité et ne sont pas à la disposition du public. Le juge a fait preuve de tant de préjugés en faveur d’Energy Transfer qu’une équipe internationale d’avocats des droits humains s’est sentie obligée de surveiller le procès. L’un d’eux a déclaré « Au cours de mes six décennies de pratique juridique, je n’ai jamais été témoin d’un procès aussi injuste que celui contre Greenpeace qui vient de se terminer dans les tribunaux du Dakota du Nord. »

Standing Rock a essayé d’obtenir plus de transparence sur le DAPL. Notre expérience avec le Corps des Ingénieurs de l’Armée et Energy Transfer, montre que tous les documents liés à la sécurité de l’oléoduc DAPL ont été fortement expurgés et gardés secrets. Qu’est-ce qu’ils cachent ? Et pourquoi le tribunal du Dakota du Nord n’a pas autorisé Greenpeace à évoquer ces questions au procès ?

Le DAPL est un oléoduc dangereux. Il traverse nos terres ancestrales et non-cédées selon les Traités. Energy Transfer a détruit des restes humains de la tribu identifiés par nos experts culturels, et a commis des violences contre notre peuple. C’est l’histoire que le Dakota du Nord et le Comté de Morton doivent prendre en compte. Avec ce verdict contre Greenpeace, ce jour semble être moins que jamais prêt d’arriver.

LE CONSTRUCTEUR D’OLÉODUCS ENERGY TRANSFER ATTAQUE GREENPEACE, (PAR ERREUR ?) ET LE TRIBUNAL DU DAKOTA DU NORD DÉCIDE EN FAVEUR DU POLLUEUR.

Christine Prat
21 mars 2025

Cette histoire loufoque n’est malheureusement qu’un exemple. Depuis que les dirigeants occidentaux, en Amérique et en Europe, ont balayé les problèmes environnementaux, les entreprises extractivistes se ruent sur ce qui reste de la planète pour devenir encore plus riches avant la fin du monde.

La France, devenue guerrière du jour au lendemain, réclame du nucléaire, pour l’énergie, mais aussi pour entasser des armes. Le nucléaire a été déclaré « énergie verte ». Tant qu’il n’y a pas d’accident. (La terre ne pourrait probablement pas survivre à un autre Fukushima). Mais les gens qui vivent à proximité de mines d’uranium savent que le nucléaire est catastrophique, pour toujours : les mines abandonnées restent radioactives. On sait qu’AREVA a détruit le territoire Touareg du nord du Niger, on sait moins qu’il y a des mines d’uranium abandonnées dans le Limousin.

Maintenant, on se rue sur les « terres rares » pour produire des batteries électriques supposées « propres ». Là encore, les mines ne le sont pas. Les habitants de pays d’Amérique Latine qui ont déjà des mines de lithium ont de gros problèmes. Aux U.S.A., des Autochtones se battent depuis plusieurs années contre une énorme mine de lithium, pour laquelle leur paysage et un site funéraire ont explosé. Les mines amènent toujours de la pollution d’énergies fossiles. Il faut utiliser des engins qui consomment beaucoup de carburant pour creuser, puis construire une route pour transporter le minerai – dans des camions au diesel – il faut une usine d’acide sulfurique et, pour toutes les mines, utiliser de forts taux d’arsenic et autres poisons. (En France, la mine de lithium sera dans l’Allier et l’usine d’acide sulfurique à Montluçon). En Serbie, le projet de mine géante est déjà bien avancé, et est confié à la très douteuse firme anglo-australienne Rio Tinto.

Je précise aussi que je ne suis pas fan de Greenpeace, mais dans ce cas, ce n’est pas la question.

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Les énergies fossiles sont également relancées. Cet article concerne une compagnie, Energy Transfer du Texas, fondée en 1996, qui construit des oléoducs, des gazoducs, des terminaux pétroliers, et se charge du transport. Il y a déjà eu une fuite d’une portion de l’oléoduc dont il est ici question. C’est particulièrement grave quand il s’agit de pétrole de gaz de schistes ou de sables bitumineux, beaucoup plus lourd et plus polluant que le pétrole « classique ». (En France, il y en a sous la Seine-et-Marne et l’est de Paris, certains veulent l’exploiter).

Pour ces raisons, les Autochtones Lakota et Dakota (« Sioux ») de la Réserve de Standing Rock, Dakota du Nord, se sont révoltés pendant l’été 2016 jusqu’en février 2017, pour tenter d’empêcher l’extension de l’oléoduc DAPL (Dakota Access Pipe-Line). Outre que le DAPL empiète sur leur territoire, il doit aussi passer sous le fleuve Missouri, qui fournit de l’eau à des millions de gens en aval.

Des jeunes de Standing Rock se sont soulevés en avril 2016 et ont été rejoints au cours de l’été par des Autochtones et écologistes d’un peu partout en Amérique du Nord, mais aussi de l’étranger. De nombreux camps ont été érigés. Le plus anar était le Red Warrior Camp. Il y avait aussi un camp pour les trans et non-hétéro, les Lakotas n’étant malheureusement pas tous tolérants, contrairement aux peuples matrilinéaires comme les Navajos. Et d’autres camps, pour d’autres communautés. Une Autochtone, La Donna Brave Bull Allard, avait prêté le terrain hérité de sa famille pour y installer un camp. Les flics l’ont empêchée de rentrer chez elle et attaqué le camp bien qu’il se trouve sur une propriété privée.

La compagnie a réagi avec une brutalité extrême. Elle a loué les services d’une firme de sécurité privée – qui n’avait pas le droit d’exercer dans le Dakota du Nord – qui a commis de nombreuses exactions. Le 3 septembre 2016 a sans doute été l’une des pires journées, au cours de laquelle la firme de sécurité a lâché des chiens sur la foule.

La célèbre journaliste alternative Amy Goodman filmait en direct. Elle a été arrêtée, mais trop tard, nous avions déjà suivi le direct. Elle a été relâchée, contrairement à beaucoup d’Autochtones, y compris des femmes âgées, connues et respectées, qui ont été arrêtées, ont reçu un numéro sur le bras (!) et ont été détenues dans des conditions inacceptables. Il y a eu aussi beaucoup de blessés, certains grièvement.

Quand l’hiver a commencé, ils ont abondamment arrosé les gens avec des canons à eau, alors qu’il gelait. Les plus résistants ont supporté le froid intense jusqu’en février 2017, où ils ont dû admettre qu’ils avaient perdu la partie.

Beaucoup de participants ont été poursuivis, certains emprisonnés pendant des mois.

Récemment, nous avons appris que la firme Energy Transfer avait porté plainte contre Greenpeace pour les dégâts occasionnés à l’époque. L’affaire est passée au tribunal ce mois-ci. Des journalistes suivaient le procès. Il est apparu que des décisions reprochées à Greenpeace avaient en fait été prises par Earth Justice, une asso Autochtone. Nous avons d’abord rigolé et pensé que la firme ne s’en tirerait pas, si elle confondait les organisations qu’elle voulait poursuivre. Des activistes ayant participé à la lutte, ont déclaré qu’ils ne savaient même pas que des membres de Greenpeace étaient présents. En fait, c’était des membres locaux qui y étaient à titre individuel.

Mais le Dakota du Nord – capitale Bismarck – n’est pas connu pour être un état progressiste. Et Greenpeace a été condamné à payer plus de 660 millions de dollars de dommages à Energy Transfer. Là, on peut se demander si c’est par erreur que la firme a confondu Greenpeace et Earth Justice. Si ses représentants savaient que le tribunal était de leur côté, ils ont probablement pensé que Greenpeace pouvait payer beaucoup plus (même si l’organisation risque de faire faillite et disparaitre). De toutes façons, les dirigeants de Earth Justice et le président de la Réserve de Standing Rock avaient dit depuis longtemps qu’ils ne dirigeaient pas la lutte, les jeunes ayant échappé à leur autorité.

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Sources :

Sur le procès, Mary Steurer, dans le North Dakota Monitor, 17 mars 2025 (et plusieurs autres article sur le même site)
Le verdict, Mary Steurer, North Dakota Monitor, 19 mars 2025, également publié sur Censored News
Le Guardian du 19 mars 2025

Lithium dans l’Allier
Lithium en Serbie, Rio Tinto

Articles de 2016 et 2017:

Tous les articles traduits en français à l’époque
Si vous n’avez pas le temps de tout lire:
Red Warrior Camp
Le retrait, par Indigenous Action, 11 décembre 2016
Article de Klee Benally, 28 octobre 2016
L’Approbation, par Amy Goodman, Democracy Now, 8 février 2017
Un article d’Indigenous Environmental Network

Si vous avez, ou pouvez vous procurer, le livre de Klee Benally, “Pas de Capitulation Spirituelle”, voir le chapitre 5, consacré à Standing Rock, en particulier les aspects critiquables.

SLAPP, Wikipédia : Une poursuite stratégique contre la participation publique (SLAPP), est une poursuite ayant pour but de censurer, intimider et réduire au silence les critiques, en leur imposant les coûts d’une défense juridique jusqu’à ce qu’ils abandonnent leurs critiques ou leur opposition. Dans une SLAPP typique, le plaignant n’espère normalement pas gagner la poursuite. Ch. P.

LE COLLECTIF LÉGAL DES PROTECTEURS DE L’EAU COMBAT LA POURSUITE STRATÉGIQUE D’ENERGY TRANSFER PARTNERS (DAPL)

Par le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (WPLC)
Publié par Censored News
18 mars 2021
Traduction Christine Prat (CSIA-Nitassinan)

Contact : Michelle Cook, Membre du C.A., Water Protector Legal Collective, michellecook@email.arizona.edu
Natali Segovia, Avocate du Collectif, Water Protector Legal Collective, defense@waterprotectorlegal.org

BISMARCK, Dakota du Nord – Cinq ans après Standing Rock, la lutte #NoDAPL continue, et le combat n’est pas fini pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau (WPLC).

Le WPLC est une organisation bénévole dirigée par des Autochtones, formée dans la tente réservée à l’aide juridique à Standing Rock. Là-bas, les avocats ont fourni du soutien et des services juridiques aux milliers de Protecteurs de l’Eau qui avaient répondu à l’appel de la Tribu Sioux de Standing Rock, et ont participé à la prière, au rassemblement pacifique et la protection de l’eau pour les générations futures. Le Collectif (WPLC) a offert une défense gratuite à plus de 840 Protecteurs de l’Eau et ont triomphé contre la grande majorité des accusations.

Maintenant, Energy Transfer Partners (ETP), la compagnie derrière l’oléoduc (DAPL), a assigné le WPLC à comparaître par une Poursuite Stratégique Contre la Participation Publique (SLAPP), cherchant à accéder aux dossiers confidentiels et aux documents légaux protégés par le Premier Amendement et la relation privilégiée avocat-client. Le WPLC a déposé une objection à cette assignation devant la Cour de District du Dakota du Nord et continuera à la combattre.

En 2017, ETP a déposé une Plainte Stratégique Contre la Participation Publique (SLAPP), contre Greenpeace et d’autres organisations auprès d’un tribunal fédéral, alléguant, entre autres, qu’elles menaient une ‘campagne de désinformation’ contre ETP, qui « avait pour but, et réussi, à inciter à la violence, la destruction de propriété et au sabotage criminel destiné à arrêter la construction et le fonctionnement du DAPL ». Quand le tribunal fédéral rejeta l’affaire en 2019, ETP a reformulé ses arguments et déposé une nouvelle poursuite SLAPP devant la cour de district de l’état ; l’assignation du WPLC se fonde sur cette dernière affaire toujours en cours.

Les compagnies qui déposent des ‘SLAPP’ envoient un message clair aux organisations et activistes dans le but de réduire la résistance au silence – « Si vous vous exprimez contre nous, nous vous trainerons devant les tribunaux ». Les poursuites SLAPP et les assignations à comparaître qui y sont liées, sont un abus de pouvoir des industries extractivistes et des grandes compagnies pétrolières essayant d’intimider ceux qui défendent la justice et l’environnement.

Malgré cela, et bien que les Peuples Autochtones du monde entier fassent toujours face à la menace d’extinction physique et culturelle, quand leurs droits sont violés pour l’extraction de ressources naturelles par les multinationales, ils restent fermes dans leur engagement de protéger la Terre.

Casey Camp-Horinek, une Ancienne de 70 ans de la Nation Ponca, et membre du C.A. du WPLC, se souvient : « J’étais parmi les centaines de gens qui ont été attaqués par la police militarisée ; nous avons été arrosés de poivre, attachés, nous avons eu des numéros tatoués sur nos bras, mis dans des chenils dans la cave où il gelait de la prison du Comté de Morton, avec mon fils et d’autres parents. 37 femmes étaient entassées dans la cage où j’étais, sans eau ni nourriture, beaucoup sentant le gaz au poivre, malades et blessées. Tout ça parce que nous étions en train de prier. Nous avons survécu depuis plus de 500 ans à ces tactiques, et nous ne serons pas réduits au silence. Nous sommes forts ensembles, au nom de notre unique vraie Mère, la Terre. »

Les ‘SLAPP’ et les assignations invasives qui vont avec, sont des tactiques destinées à enterrer les organisations dans des procédures et les forcer à dépenser des ressources précieuses, du temps et de l’énergie, à se défendre contre les compagnies.

« Il est clair que par cette assignation ‘SLAPP’, ETP entreprend de pêcher des informations qui pourraient donner quelque crédibilité à leur conception infondée selon laquelle les organisations bénévoles et les Protecteurs de l’Eau qui cherchent à protéger les droits humains et la terre pour les générations futures, étaient possiblement engagés dans une activité illicite. En réalité, ce sont ETP et les grandes compagnies qui violent la loi en toute impunité. Une illustration parfaite : à ce jour, et en dépit de la décision contre ETP de la Cour d’Appel de Washington D.C., l’oléoduc Dakota Access (DAPL) continue d’opérer en toute illégalité » dit l’avocate du WPLC Natali Segovia.

Les requêtes d’ETP sont larges, vagues, créent une charge déraisonnable et cherchent à obtenir des informations du WPLC et des Protecteurs défendus par des avocats associés au WPLC dans plus de 800 affaires. En plus, l’assignation cherche des informations sur les sources de financement, ceci encore en violation des droits des organisations bénévoles selon le Premier Amendement.

« Quand des juristes et des organisations légales qui protègent les droits des Autochtones et la terre sont visés par une entreprise à travers le système judiciaire et des tactiques SLAPP, nous devrions tous être outrés » dit la Directrice Exécutive, Leoyla Cowboy. Elle ajouta, résolument : « Notre travail pour les Protecteurs de l’Eau, l’eau et la terre est sacré. C’est un travail que nous faisons pour les générations futures. Nous ne serons pas réduits au silence par la force ou l’intimidation. »

Le WPLC est représenté dans le Dakota du Nord par l’avocat Chad Nodland.

Message de Censored News, du 17 mars 2021 :

Selon Censored News Energy Transfer Partners a également assigné Unicorn Riot, qui fournit de nombreuses vidéos des lignes de front, toujours pour pêcher des informations sur les Protecteurs de l’Eau de Standing Rock poursuivis. Le Protecteur de l’Eau Steve Martinez reste en prison pour refuser de se plier aux exigences du jury.
Auparavant, l’entreprise qui opère le DAPL avait attaqué TigerSwan [la compagnie de sécurité qu’ils avaient embauchée contre les Protecteurs de Standing Rock, NdT], pour avoir remis 16 000 documents d’espionnage à l’état du Dakota du Nord. L’entreprise veut que les documents soient cachés puis détruits, mais le Dakota du Nord dit que ce sont des dossiers publics.

A propos du Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau – WPLC :

Le WPLC est une organisation juridique bénévole centrée sur les Autochtones, née du mouvement conduit par des Autochtones pour stopper l’oléoduc Dakota Access (DAPL) à Standing Rock. Le WPLC fournit un soutien légal et une défense juridique aux mouvements Autochtones, pour la Terre et la justice climatique.

Nous vous prions d’envisager de soutenir le travail du WPLC et de l’aider à se défendre contre les puissantes compagnies qui cherchent à réduire au silence ceux qui combattent pour nos terres sacrées.

Le WPLC espère collecter suffisamment de fonds pour la défense contre ETP et continuer le combat pour les Protecteurs de l’Eau et la terre qu’ils protègent. Ceci est un appel urgent à l’action, étant donné que nos informations et notre confidentialité sont aussi sacrées que les gens et la terre que nous protégeons.

Pour en savoir plus sur le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, visitez notre site

Vous pouvez soutenir en:
Contribuant directement au WPLC sur www.waterprotectorlegal.org/donate
Les dons de $100 ou plus – déductibles des impôts aux U.S.A. – peuvent être faits par l’intermédiaire de notre sponsor fiscal National Lawyers Guild Foundation sur : www.nlg.org/donate/waterprotectorlegal/
Directement au WPLC, par PayPal, Cashapp ou Venmo
En envoyant un chèque par la poste au nom de
Water Protector Legal Collective
P.O. Box 37065
Albuquerque, N.M. 87176

 

UN JUGE FEDERAL BLOQUE LA PLAINTE RIDICULE D’ENERGY TRANSFER (DAPL) CONTRE L’ONG EARTH FIRST!

 

Par Earth First!
Publié par Censored News
Le 7 août 2018
Traduction Christine Prat

 

Hier, 6 août 2018, un juge fédéral a empêché Energy Transfer Partners, la compagnie derrière le Dakota Access Pipeline, de continuer à poursuivre Earth First! Energy Transfer Partners avait porté plainte, prétendant que le mouvement Earth First! avait financé une présence terroriste violente et une entreprise criminelle au cours des manifestations de Standing Rock, avec 500 000 dollars et les revenus de la vente de drogue sur le site, et avait conspiré avec Greenpeace et d’autres groupes écologistes pour tromper le public sur les risques posés à l’environnement par les oléoducs. La Cour a rejeté les allégations d’Energy Transfer Partners comme n’étant pas étayées par des faits. Le juge a également empêché Energy Transfer Partners de rassembler des éléments contre le journal Earth First! qui n’est pas impliqué dans la plainte.

“Il est clair, selon les volumineux dossiers d’articles web historiques et non pertinents des plaignants, qu’ils ne possédaient, au moment où ils ont déposé la plainte, pas de preuves soutenant les allégations spécifiques contre [Earth First!]” écrivit le juge.

Le juge avait donné à Energy Transfer jusqu’au 6 pour fournir une raison suffisante de ne pas rejeter la plainte contre Earth First!

“Energy Transfer Partners essaie de détourner l’attention de sa destruction incessante de nos communautés et de l’environnement, en concoctant une histoire prétendant que la puissante résistance conduite par des Autochtones contre le DAPL, était une conspiration criminelle dirigée essentiellement pas des ONG et des mouvements écologistes principalement Blancs” dit Grayson Flory, éditeur du Earth First! Journal. Au lieu de mordre à l’hameçon, nous ferions mieux de rejoindre des groupes comme le camp L’eau est la Vie [en français dans le texte] en Louisiane, qui bloque activement un projet d’oléoduc d’Energy Transfer Partners, et soutient les prisonniers politiques actuellement condamnés pour avoir résisté à des projets d’oléoducs dangereux d’ETP, entre autres Red Fawn Fallis, Michael “Little Feather” Giron, et Ellen Gerhart.”

ETP avait essayé d’atteindre Earth First! – un grand mouvement social – en poursuivant la petite publication écologique Earth First! Journal. Après que le juge ait décidé que la plainte contre Earth First! n’avait pas été présentée convenablement, ETP a demandé la permission de demander des preuves contre Earth First! Journal ou de modifier la plainte pour inclure le Journal comme accusé. La dernière décision met un terme à la tentative d’ETP de confondre un large mouvement social avec une publication sur l’activisme environnemental. Modifier la plainte pour ajouter Earth First! Journal comme l’une des parties responsables d’une supposée entreprise criminelle serait “probablement futile” écrit le juge.

 

 

VIDEO PAR SACRED STONE VILLAGE

 

RED FAWN AU TRIBUNAL

 

Par Sacred Stone Village
Publié sur Censored News
22 janvier 2018
Traduction Christine Prat

 

Tandis que je marchais vers le Tribunal Fédéral de Bismarck, dans le Dakota du Nord, une boule a commencé à se former dans mon estomac. Depuis la résistance à Standing Rock, plus de 800 protecteurs de l’eau ont été mis en accusation et 6 d’entre eux risquent d’être accusés de crimes dans une Cour Fédérale. Red Fawn Fallis fait partie de ceux qui ont été injustement emprisonnés et a été accusée de 3 crimes au cours de l’année passée. A cause de la corruption et de la menace d’être emprisonnée à vie, Red Fawn Fallis a décidé de signer un accord de plaider coupable de 2 des 3 accusations. Elle se préparait à plaider coupable des crimes de troubles civils et de possession d’une arme à feu et de munitions par un coupable déjà condamnée. L’accord qu’elle a accepté évite l’accusation la plus grave, celle d’avoir tiré avec une arme à feu en relation avec un crime de violence, et recommande une peine ne dépassant pas sept ans, sans amende ni dommages à payer.

Red Fawn est entrée au tribunal menottée et habillée de l’uniforme orange des prisonniers, devant un public de 20 à 30 visages connus. De nombreux supporters avaient été empêchés d’entrer, bien qu’il y ait assez de places. L’avocat de Red Fawn a demandé au Juge Hovland que ses chaînes soient retirées pour l’audience, ce qui a été obtenu. Elle tremblait mais est restée forte quand le juge a posé les questions qu’il devait poser selon la loi. Il lui a tout expliqué afin de s’assurer qu’elle comprenait complètement ce que l’accord impliquait, son comportement était beaucoup plus poli que celui du juge que nous avions vu condamner Mary Redway. Des larmes ont commencé à couler quand le juge s’est préparé à demander à Red Fawn ce qu’elle plaidait pour la première accusation de désobéissance civile. Red Fawn a hésité un moment – j’ai pensé pendant une seconde qu’elle allait se lever et crier ‘Mni Wiconi!’ Cependant, d’une voix brisée elle a lâché “coupable”. J’ai regardé autour de moi et vu des larmes couler sur les joues de femmes et d’hommes parmi les plus forts pendant le mouvement, et qui étaient là pour la soutenir. La deuxième accusation a été lue et encore une fois, “coupable” a résonné dans la salle.

Le Juge Hovland a expliqué ce qui se passerait ensuite, qu’un interrogatoire en profondeur de Red Fawn aurait lieu au cours du mois prochain, environ, et qu’un rapport final serait rédigé. Il dit qu’il prendrait les lettres de soutien en considération. C’est le meilleur moyen, dit-il, de vraiment comprendre la personnalité d’un accusé et de déterminer comment il ou elle contribue à la société dans son ensemble. Les avocats de Red Fawn ont alors demandé s’ils pouvaient soumettre une pétition demandant sa libération. Elle est détenue au Centre de Détention du Comté de Burleigh-Morton, et elle a admis avoir commis une violation des conditions de sa mise en liberté avant le jugement. Hovland dit qu’elle avait disparu un jour entier de la maison de transition où elle résidait depuis octobre. Lorsqu’il lui a demandé de s’expliquer, elle dit à travers ses larmes:

“Je ne veux pas fournir d’excuses, mais j’ai le plus grand respect pour la Cour. Le passage au tribunal approchant, j’avais besoin d’un peu de temps pour réfléchir. C’est dur d’être ici sans famille ni qui que ce soit à qui parler. Je suis désolée.”

Le Juge Hovland dit que même si cela devait être pris en considération, elle devrait être sous surveillance GPS jusqu’à la date où la peine serait prononcée, ce qui prendra 3 à 4 mois. L’avocat de la défense Bruce Ellison dit que les défenseurs de Red Fawn feraient comparaitre quelques témoins à la session où la peine sera prononcée et l’assistant Procureur général Gary Delorme dit qu’il pourrait en appeler quelques-uns aussi. Les avocats de Red Fawn conseillent une peine de 21 à 27 mois, tandis que les procureurs fédéraux pourraient recommander de 46 à 57 mois.

C’était dur de voir quelqu’un qui résiste pour Notre Mère la Terre et notre eau, menacée de peines si extrêmes par notre système de “justice”. Nous continuerons à soutenir tous les protecteurs de l’eau qui ont mis leur vie en jeu pour Notre Mère. Merci Red Fawn pour ce que tu as défendu et continues à défendre.

 

Pour plus d’informations sur Red Fawn ou pour lui écrire: http://indi.com/freeredfawn

Pour des mises à jour sur les autres poursuites fédérales: https://waterprotectorlegal.org/federal-cases

 

Par brendanorrell@gmail.com le 23 janvier 2018

 

 

LE REVOLVER PRETENDUMENT TROUVE DANS LA MAIN DE RED FAWN, APPARTENAIT A UN INDIC PAYE PAR LE GOUVERNEMENT

 

Par le Collectif Juridique des Protecteurs de l’eau
Publié sur Censored News
Le 14 décembre 2017
Traduction Christine Prat

 

BISMARCK, Dakota du Nord –

Les avocats de Red Fawn Fallis au niveau fédéral, ont déposé une Requête de Divulgation de Pièces [Motion to Compel Discovery], hier, dans le District du Dakota du Nord. La requête souligne que de nombreuses vidéos et autres documents cruciaux demandés par la Défense n’ont pas été fournis par le gouvernement.

Parmi les documents que le gouvernement n’a pas fournis, il y a des détails sur le rôle joué par l’informateur payé par le FBI, qui était le propriétaire du revolver prétendument trouvé sur le lieu où Red Fawn Fallis a été arrêtée. L’existence de cet informateur a été évoquée publiquement à la fin de l’audition des Requêtes, le lundi 11 décembre, et est également largement décrite dans un récent article du site The Intercept. D’après la requête, les demandes laissées sans réponse par le gouvernement, sont entre autres:

Une demande détaillée de documents et autres informations importantes concernant l’utilisation par le gouvernement d’un informateur payé par le FBI, infiltré dans les camps des Protecteurs de l’Eau, ayant eu une relation intime avec l’accusée, et ayant fourni des informations pendant cette période au gouvernement. Cet informateur a été témoin visuel de l’arrestation de Miss Fallis et de la décharge d’une arme à feu … [et] le revolver prétendument saisi sur Miss Fallis lors de son arrestation, appartenait à l’informateur.

La Défense demande également:

Des documents détaillés et autres informations concernant d’autres informateurs utilisés par le gouvernement, l’état du Dakota du Nord, les services de police impliqués, et/ou la firme DAPL et/ou ses agents.

Cette requête arrive seulement quelques jours après la conclusion d’une audition des Requêtes de la Défense, au cours de laquelle les avocats avaient présenté des preuves démontrant que les forces de l’ordre n’avaient pas de raison valable d’arrêter Miss Fallis. Le témoignage des forces de l’ordre durant cette audience a confirmé l’existence d’au moins un autre informateur, agent infiltré ou employé d’une firme de sécurité, qui fournissait des informations aux forces de l’ordre. L’audience a également permis de fournir des preuves confirmant l’existence de nombreuses caméras de surveillance, placées sur les véhicules des forces de l’ordre ou utilisées par des agents, dont les enregistrements audio ou vidéo n’ont pas été fournis par le gouvernement, ainsi que la loi l’exige.

Red Fawn Fallis a été arrêtée le 27 octobre 2016, et est accusée de Trouble à l’ordre Civil, d’avoir déchargé une arme à feu dans le cadre d’un crime avec violence, et de possession d’arme à feu et de munitions par une délinquante condamnée. L’accusation de ‘Trouble à l’ordre Civil’, rarement utilisée, condamne la participation à des troubles à l’ordre public et a historiquement été utilisée à l’origine contre des activistes politiques et des communautés de couleur. La Requête de communication de pièces exige que le gouvernement révèle si des “actes violents”, qui sont la base de l’accusation de Trouble à l’Ordre Civil, ont été déterminés par une enquête menée par des informateurs payés, des agents secrets ou une firme de sécurité privée.

Miss Fallis est représentée par les avocats Molly Armour, Jessie Cook et Bruce Ellison, et doit comparaitre le 29 janvier 2018, devant la Cour de District des Etats-Unis pour le District du Dakota du Nord, à Fargo. Elle a été incarcérée sans caution pendant un an, et elle est actuellement assignée à résidence dans une ‘maison de transition’, où elle se prépare pour le procès.

Red Fawn Fallis, une Sioux Lakota, est une des sept accusés au niveau fédéral dont les affaires découlent des évènements du 27 octobre 2016, à Standing Rock, et elle sera la première à être jugée. Plus de 300 Protecteurs de l’Eau attendent encore d’être jugés au niveau de l’état.

 

 

In English

Nataanii Means était l’un des intervenants, lors de la 37ème Journée de Solidarité avec les Indiens des Amériques organisée par le CSIA-nitassinan. Il a parlé de son expérience à Standing Rock, lors de la lutte contre l’oléoduc DAPL, de ses regrets et de ses espoirs, et commenté le documentaire de Michelle Latimer “Rise”, sur Standing Rock.

Après s’être présenté, comme Lakota, Omaha et Diné, il a remercié les personnes présentes d’avoir pris du temps sur leur samedi pour être là, Nataanii a raconté ce qu’il avait vécu, l’an dernier, à Standing Rock.

J’ai transcrit et traduit l’essentiel de ce qu’il a dit.

Christine Prat

 

“Ces deux dernières années, le CSIA m’a invité ici pour chanter et pour parler. L’an dernier, je vivais dans les camps, je vivais dans un Tipi avec un ami, dans le camp Red Warrior. J’ai pris le temps de venir ici en avion, puis je suis retourné là-bas. La tension avait beaucoup monté, et j’ai finalement été arrêté, le 27 novembre 2016. C’était le jour que nous avons baptisé ‘Le Raid du Camp du Traité’. Je crois que les accusations initiales portées contre nous constituaient un délit et trois infractions.

“Le film que nous venons de voir a fait remonter beaucoup de souvenirs, beaucoup de bons souvenirs, beaucoup de mauvais souvenirs, beaucoup de regrets, beaucoup de souffrance, et beaucoup de colère. Vous savez, la plupart d’entre nous ont renoncé a beaucoup de choses pour aller là-bas, et nos vies ont été complètement changées, après ça. Le film est très beau, les images sont très belles, ces images de mon peuple, mais je ne voudrais pas que vous gardiez cela dans vos esprits comme étant ce que nous sommes tout le temps. Parce que nous avons traversé des circonstances très dures. Notre plus grand combat, l’essentiel de notre combat, était entre nous. Je dois vous le dire tout net, nous nous sommes combattus les uns les autres très durement. Et c’était une véritable lutte pour, ne serait-ce que continuer, à bloquer l’oléoduc physiquement, nous nous battions éternellement rien que pour faire cela. Parce que beaucoup de gens dans les camps ne respectaient pas la diversité des tactiques.

Un grand nombre de gens ont gagné beaucoup de choses dans ce combat, jusqu’à des bottes [de marque] Eagle, jusqu’à de l’argent… Pour ma part, j’ai gagné beaucoup de regrets. Je parlais justement à Tara [Houska], il y a un instant, nous regardions la fin de cette vidéo… Putain, mec! Ça se termine tellement mal! Et tous ces vétérans qui sont venus, ça n’a absolument pas aidé. Il faut que vous compreniez que, dès le début des camps, parce que notre peuple avait été opprimé pendant si longtemps, nous n’avions pas acquis la connaissance, la compréhension, de ce qu’est le matriarcat. Les idées patriarcales sont tellement incrustées chez les plus âgés, qui ont souffert du système, que c’est en eux, depuis des générations. C’était extrêmement difficile de travailler dans ce camp, parce que ces idées patriarcales, régnaient, étaient suprêmes, même si nous essayions de rester honnêtes avec nous-même. Avec quelques amis, nous sommes restés pendant l’hiver, après que nous ayons arrêté notre camp, nous sommes restés trois mois. Et c’est alors que nous avons vu la corruption de la Tribu Sioux de Standing Rock [le Conseil Tribal], et des gouvernements selon l’IRA [Indian Reorganization Act, une loi sur le statut des Réserves]. Nous avons vu ces vétérans apparaître, et finalement infiltrer certains groupes, et diviser les gens. Plus tard, nous avons découvert que ces groupes qui infiltraient, faisaient entrer de la drogue. Et l’hiver était particulièrement dur, un des plus durs que nous ayons connu, nous avons eu quatre blizzards. Et c’est alors que j’ai appris à être, ça a été une des périodes les plus dures de ma vie. C’est comme cela que j’ai appris à être un être humain, je crois. Parce que nous devions prendre soin les uns des autres, et nous avions à nous méfier les uns des autres. Il ne s’agissait pas de certains types de groupes dans le camp, il s’agissait de qui vivait là. Pendant ce temps, les travaux [du DAPL] étaient supposés être arrêtés. Mais ils creusaient sous le fleuve, tout le temps où ils n’étaient pas supposés travailler. Nous n’étions pas assez nombreux, nous n’avions pas assez de soutien, et nous n’avions pas l’énergie pour entreprendre une quelconque action pour les empêcher de creuser.

Je vous raconte cette histoire parce que je pense que ça peut aider, mais je ne veux pas laisser les autres [intervenants] attendre, en racontant une longue histoire. Je vous raconterai encore celle-ci:

A un moment, en février [2017], alors que Witko, Tufawon et moi rentrions d’un voyage [pour appeler les banques à désinvestir du DAPL], nos amis Yazz et Sage, et quelques autres nous dirent ‘nous avons une idée’. Ils avaient un papier, divisé en trois sections, l’une appelée ‘semaines’, l’autre ‘mois’ et la troisième ‘années’. J’ai demandé ‘qu’est-ce que c’est que ça?’ Et ils me dirent ‘si tu dois faire de la prison, combien de temps est tu prêt à faire, pour arrêter cet oléoduc?’ J’ai regardé et pensé ‘pas de prison du tout’. Nous souffrions de sévère paranoïa, nous étions tout le temps fatigués, il faisait froid, et il y avait beaucoup de choses qui n’ont pas été filmées par la caméra: nous avons combattu les flics à de nombreuses reprises, sur le pont. Et à ce moment-là nous étions arrêtés la plupart du temps, alors j’ai regardé le papier et j’ai dit ‘des années’. Et ce n’est pas pour me vanter, ce n’est pas pour être vu comme un grand guerrier, je ne me considère pas comme un guerrier. Je veux dire, j’aurai préféré des semaines, mais j’ai réfléchi, ‘si je veux faire ça, c’est le moment de me sacrifier’. Et seuls Sage et moi avons choisi les années. Chaque catégorie avait un rôle à jouer dans notre plan. Enfin, il y a eu une réunion de femmes, quelques jours plus tard, certaines de mes tantes étaient venues pour partager leur sagesse avec ces jeunes femmes, et elles ont acquis un certain pouvoir dans les camps, ça faisait plaisir à voir. Quand je dis ‘mes tantes’, il s’agit de Madonna Thunderhawk et de Marbella Philips. Elles étaient dans ce camp de femmes. Nous sommes allés les voir avec nos plans pour leur demander conseil, parce que ces femmes étaient à Wounded Knee en 1973, et depuis, elles ont accompli tellement pour le mouvement. Alors, je leur ai demandé ce qu’elles pensaient. Et elles me dirent ‘vous êtes trop jeunes, nous n’avons pas besoin de vous en prison pour le moment. Il y a déjà suffisamment d’entre nous en prison.’ Et j’étais troublé. Je ne savais pas ce que je devais en penser. Et elles ne voulaient vraiment pas qu’on le fasse. Alors, nous les avons écoutées. Parce que nous les estimons, que nous estimons leurs opinions et leur sagesse. Donc, nous n’avons pas mis notre plan en pratique, nous en avons essayé un autre, qui n’a même pas marché. Les flics avaient fini par le découvrir. C’était fin février, quand ils ont fermé les camps. Et ils avaient creusé en mars. Mais depuis cette décision, j’y pense tous les jours.

Ce qui reste, c’est le tourment et les regrets. Je ne pense pas que nous avons gagné. Je pense que nous avons perdu, nous avons perdu notre combat. Et j’en sais quelque chose, des combats perdus!

Je ne connais pas la réponse, je ne veux pas prétendre connaître les réponses. Je sais ce que j’ai à faire en tant que jeune Autochtone. C’est un honneur d’être ici, avec ces gens, je me sens honoré d’être ici avec vous, et c’est un honneur pour moi de représenter ma Nation. Et je me suis rendu compte, il y a peu de temps, que nous devrons combattre chaque jour de notre vie, c’est quelque chose que je n’attends pas que vous compreniez, je ne pense pas que vous le comprendrez, mais c’est ce que nous devons faire, c’est ce que nous sommes. Et je pense que ça compense mon tourment, parce que je suis fier d’être la personne que je suis, et si fier d’avoir mes ancêtres coulant dans mes veines. Alors, je vais leur rendre honneur de la meilleure façon que je peux, chaque jour de ma vie. Et je continuerai à combattre, par la musique, par l’art, part les tribunaux, sur le front, pour le bien de la communauté, ou avec les jeunes.”

 

 

STANDING ROCK: LES PROTECTEURS DE L’EAU SONT LE FUTUR

Par Brenda Norrell
Publié sur Censored News
Le 13 juillet 2017
Photo Rob Wilson
Zie Nederlandse vertaling door Alice Holemans
Traduction française Christine Prat

 

STANDING ROCK – Les protecteurs de l’eau et leurs camps – sont le futur.

Pourquoi? Parce que ce mouvement, conduit par des Autochtones, a résisté, sans compromis, au point où l’armée et la police militarisée ont été appelées pour les écraser.

Mais même ces forces n’ont pas été capables de casser leur esprit.

Si le monde n’avait pas été témoin, il ne fait aucun doute que la police aurait été encore plus violente envers les femmes, les enfants et les Anciens.

Une révélation devrait clarifier la question pour le monde entier. C’est arrivé par une fuite sur le site The Intercept.

Les rapports de sécurité ridicules des mercenaires de TigerSwan à Standing Rock ont servi de base à l’escalade coordonnée et massive de la police, avec tanks et armes de guerre.

Ce service de renseignements fabriqué est tout le symbole de ces actes guidés par le profit, qui aboutissent aux guerres fallacieusement initiées et justifiées par les Etats-Unis.

Ne soyez pas induits en erreur par la pause actuelle.

Standing Rock a été une graine dans un sol fertile.

La terre donne naissance à la résistance.

 

JURISPRUDENCE: DIX NOUVEAUX NON-LIEUX

 

 

Par le Water Protector Legal Collective [Collectif Légal de Protecteurs de l’Eau]
Publié le 10 juin 2017
Par Censored News
Traduction Christine Prat

 

Une grande victoire pour les Protecteurs de l’Eau, la semaine dernière: 10 poursuites concernant les arrestations du 22 octobre 2016, qui devaient passer en justice le jeudi 6 et le vendredi 7 juillet 2017, se sont terminées par des non-lieux. Les dix accusés étaient menacés d’accusation d’Infraction Criminelle et de Participation à une Emeute, et sept parmi eux étaient défendus par le Collectif Légal de Protecteurs de l’Eau (WPLC).

Toutes les poursuites résultaient des arrestations de masse qui ont eu lieu à Standing Rock le 22 octobre 2016 et sont en tout point comparables à celles qui ont été traitées le 29 juin 2017, lorsque le verdict de la Cour de District du Comté de Morton a été: non coupable.

La motion présentée par l’Assistant du Procureur du Comté de Morton Brian Grosinger dit: “Sur la base des décisions de l’audience du 29 juin 2017, et les respectant, l’état anticipe en substance que la preuve dans ces affaires est la même.” Ayant appris que le non-lieu avait été prononcé, l’avocat du WPLC Brian Fitzpatrick, dont le client était un des dix accusés, déclara: “Le Procureur de l’état, à mon avis, a agi selon son devoir éthique de prononcer un non-lieu dans tout cas où il ne peut pas donner de preuve au-delà du doute raisonnable. Toutes ces affaires sont dans cette catégorie. Je l’applaudie pour avoir fait ce qui était juste.”

Ces protecteurs de l’eau étaient parmi les nombreuses personnes qui prenaient part à une prière ou appartenaient aux groupes de soutien, le 22 octobre, quand les forces de l’ordre leur ont dit de se disperser, dans un champ à l’ouest de la nationale 1806, près des sites sacrés et du site du DAPL. Il n’y a eu aucune enquête ou constatation déterminant si ces ordres de dispersion étaient légaux. Cependant, avant que les protecteurs de l’eau puissent se retirer, ils ont été encerclés et bloqués par les forces de l’ordre, dans un champ, et arrêtés. L’avocat du WPLC, Andrea Carter, dit à propos des non-lieux, “ce qui a été déterminant pour nous, dans ces affaires, n’a pas été seulement le travail légal infatigable, mais plus fondamentalement, la force et le courage de la culture et des valeurs des peuples Autochtones, et le soutien de milliers de supporters, locaux et de tout le pays, créant de nouvelles façons de s’exprimer, en dépit de toutes les difficultés, et dans des conditions d’injustice et de traitement différent extrêmes.”

Les six premiers protecteurs de l’eau devant comparaitre, avaient été arrêtés le 27 octobre 2016, et devaient passer au tribunal le 14 juillet 2017. Le 27 octobre 2017, environs 147 des plus ou moins 400 protecteurs de l’eau, avaient été arrêtés après avoir quitté le camp, alors qu’ils étaient en train de marcher, prier et inviter à prendre conscience. La plupart des personnes arrêtées ont renoncé à une comparution devant un jury, de peur, hélas, de ne pas pouvoir avoir un procès équitable dans cette région. Il pourrait y avoir une autre comparution, et deux autres audiences finales, respectivement les 11 et 14 juillet, pour des individus qui ont aussi été arrêtés alors qu’ils priaient, le 27 octobre ou le 18 décembre.

Les protecteurs de l’eau qui ont besoin d’un avocat bénévole ou qui ont vu ou subi des préjugés ou de la discrimination de la part des officiels, à cause du fait qu’ils sont Autochtones ou des organisations politiques auxquelles ils appartiennent, sont encouragés à prendre contact avec le Collectif Légal de Protecteurs de l’Eau, pour des conseils ou pour être représentés, au 701-566-9108.

 

Contacts:
Andrea Carter, Avocat du WPLC : (701) 425-5406, andreacarter@protonmail.com
Jessica Beheler, Porte-parole, contact medias: (701) 595-1509 pr@wplegal.org

 

standingrocktipis4-12-2016

 

LE CORPS DES INGENIEURS DE L’ARMEE A REFUSE LE PERMIS DIMANCHE, MAIS LES PATRONS DU DAKOTA ACCESS PIPELINE DISENT QUE ÇA NE CHANGE RIEN ET QUE LES TRAVAUX CONTINUERONT

 

Par Brenda Norrell
Censored News
4 décembre 2016
Traduction Christine Prat

 

Le Corps des Ingénieurs de l’Armée a refusé le permis pour le Dakota Access ce dimanche [4 décembre 2016]. Le Président de la Réserve Sioux de Standing Rock, Dave Archambault, l’a annoncé dans le Camp Oceti Sakowin, et ça a été diffusé sur la Radio Esprit de la Résistance de Standing Rock.

Les patrons du DAPL ont réagi dimanche soir, disant que ça ne changeait rien.

« Comme il a toujours été dit, ETP et SXL tiennent absolument à assurer que ce projet vital soit mené à son terme et sont totalement convaincus de terminer la construction de l’oléoduc sans changement de trajet dans et autour du Lac Oahe. Rien de ce que cette Administration a fait aujourd’hui ne change quoique ce soit », ont dit Energy Transfer Partners et Sunoco dans une déclaration faite dimanche tard dans la nuit.

Quand l’annonce a été faite en direct, les protecteurs de l’eau ont été invités par des orateurs au Camp Oceti Sakowin à ne pas partir. Ils s’attendent à ce que les gens de DAPL ignorent la décision du Corps d’Armée et continuent les travaux, comme ils l’ont déjà fait par le passé.

La question est maintenant de savoir si le Président Obama enverra des forces de l’ordre ou des militaires pour empêcher DAPL de forer sans permis. Sinon, l’annonce d’aujourd’hui n’aura aucun effet. Ce sera juste un autre coup de l’Etat Fédéral et des compagnies pour renvoyer chez eux les protecteurs de l’eau et les milliers de vétérans qui se trouvent actuellement au Camp de Standing Rock, où plus de 10 000 personnes campent.

 

L’annonce du Corps d’Armée

La porte-parole de l’Armée, Moira Kelley a dit: « Le Ministère de la Défense n’approuvera pas de droit de passage qui autoriserait le futur oléoduc Dakota Access à passer sous le Lac Oahe, dans le Dakota du Nord, a annoncé aujourd’hui l’Assistante au Secrétariat d’Etat de la Défense pour les Travaux Civils. »

Jo-Ellen Darcy dit avoir fondé sa décision sur la nécessité d’examiner des trajets alternatifs pour permettre à l’oléoduc Dakota Access de traverser [le Fleuve Missouri]. Son secrétariat avait annoncé le 14 novembre 2016 que la décision sur était repoussée, afin de permettre des discussions avec la Tribu Sioux de Standing Rock, dont la réserve se trouve à 800 mètres au sud de l’endroit prévu pour traverser. Des officiels tribaux ont exprimés à de nombreuses reprises des inquiétudes quant aux risques de rupture ou de fuite, pour l’alimentation en eau de la tribu et ses droits selon les traités.

« Bien que nous ayons eu des discussions continues et des échanges de nouvelles informations avec les Sioux de Standing Rock et avec DAPL, il est clair qu’il y a encore beaucoup de travail à faire » dit Mme Darcy. « Le meilleur moyen de faire ces travaux de manière responsable et rapide est d’examiner des trajets différents pour faire traverser l’oléoduc. »

Mme Darcy dit que l’étude de trajets alternatifs pouvait être réalisée de la meilleure façon, par une Déclaration d’Impact Environnemental, effectuée avec la participation et l’analyse complètes du public.

Le Dakota Access Pipeline est un oléoduc d’approximativement 1890 km, qui doit relier les champs pétroliers de Bakken et Three Forks, dans le Dakota du Nord, au terminal de pétrole brut près de Pakota, dans l’Illinois. L’oléoduc fait 76 cm de diamètre et doit transporter environs 470 000 barils de pétrole par jour, avec une capacité allant jusqu’à 570 000 barils. Le trajet prévu actuellement traverserait le Lac Oahe, un site utilisé par le Corps des Ingénieurs de l’Armée, sur le Fleuve Missouri.

 

©Brenda Norrell, Censored News

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Klee Benally, sur Facebook, dimanche 4 décembre 2016

Nous avons célébré les victoires, mais il faut rester vigilants. Le processus de la NEPA [Loi Nationale sur la Politique Environnementale] n’a pas été conçu pour servir les intérêts des Autochtones. Nous en avons fait l’expérience par la profanation de sites sacrés comme les San Francisco Peaks. Nous avons eu des Déclarations d’Impact Environnemental qui ont facilité la profanation de sites sacrés sous le gouvernement Obama, alors imaginez ce que ça va devenir sous un gouvernement Trump. Des fascistes comme lui ont essayé de faire la peau de la NEPA depuis des années. Pour mettre un terme définitif à ces oléoducs, nous devons aussi mettre fin aux systèmes qui les engendrent. Protégez tous les sites sacrés, luttez où vous êtes. Célébrez, priez, organisez-vous, et continuez à vous défendre. #nodapl #defendthesacred

 

standingrocktruck12-11-2016

 

Le chantier a été encerclé par une clôture, non pas barbelée mais de lames de rasoir, des puits profonds ont été creusés, le tout pour empêcher l’accès. Les travaux continuent, niant totalement la décision d’Obama de ‘faire une pause’.

Samedi, 12 novembre 2016, un homme travaillant dans le béton a foncé dans la foule en train de prier avec son camion, a menacé les gens avec son revolver, tiré des coups au-dessus de leurs têtes. Plusieurs personnes auraient été blessées par le camion. Voir photos et vidéos sur Censored News.

Lundi 14 novembre, les Protecteurs de l’Eau ont marché vers Bismarck, la capitale du Dakota du Nord, continuant à protester. Voir vidéos sur Censored News.

On peut craindre le pire, depuis l’annonce de l’élection de Trump, plus de 200 actes racistes, fascistes ou homophobes ont été signalés aux Etats-Unis. Les autorités du Dakota du Nord ayant toujours soutenu la compagnie pétrolière, il y a tout lieu de penser qu’elles se sentent aussi avoir tous les droits. Cependant, Obama a toujours tout le pouvoir, jusqu’au 20 janvier, et il pourrait donc prendre des mesures contre les contrevenants, et rappeler que tant que Trump n’a pas eu l’occasion de changer les lois, il peut les faire respecter. Apparemment, il préfère se taire et amortir le choc et la ‘transition’ auprès des alliés Européens.

Christine Prat

 

Numéros de téléphone de la Présidence:

(00 1) 202-456-1111
(00 1) 202-456-1414

Email:

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