Suite à l’ordre ci-dessous du Gouverneur Dalrymple, le Président de la Réserve de Standing Rock, David Archambault II, appelle le Corps des Ingénieurs de l’Armée à réaffirmer sa position, exprimée dimanche 27 novembre 2016 [voir plus bas], de ne pas entreprendre d’évacuation par la force des camps de Protecteurs. Cependant, le Gouverneur Dalrymple prend le prétexte du froid intense pour ordonner une évacuation qu’il veut faire passer pour ‘humanitaire’. Ordonnera-t-il aussi au personnel de DAPL d’arrêter les travaux, pour la même raison? Etant donné les exactions graves commises par sa police jusqu’à maintenant, on peut douter du caractère ‘humanitaire’ d’une prochaine évacuation.
Ci-dessous, traduction française de l’ordre du Gouverneur du Dakota du Nord, publié en anglais sur Censored News.
LE GOUVERNEUR DALRYMPLE ORDONNE L’EVACUATION D’URGENCE DES PROTECTEURS SOUS PRETEXTE DE LES PROTEGER DES DURES CONDITIONS CLIMATIQUES
Signé le 28 novembre 2016
Publié sur Censored News
Traduction française Christine Prat
CONSIDERANT, que le Comté de Morton subit actuellement de fortes tempêtes hivernales, et qu’il est prévu que ce type de temps hivernal particulièrement dur va continuer jusqu’au printemps; et
CONSIDERANT, que le climat hivernal peut mettre en danger la vie humaine, surtout celle de gens qui y sont exposés sans abris, logement ou sanitaires appropriés pour une période prolongée; et
CONSIDERANT, que des populations en grand nombre ont choisi de rester dans des zones du Comté de Morton gérées par le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis, au sud de Cantapeta Creek et de la Rivière Cannonball (les zones comprennent la confluence avec Cantapeta Creek à l’est, l’est de la Route du Dakota du Nord 1806, le nord de la Rivière Cannonball, et l’ouest du Fleuve Missouri), dans des tentes, des véhicules, des structures temporaires ou semi-permanentes qui n’ont été ni inspectées ni approuvées par le Comté de Morton comme habitations adéquates pour l’hiver; et
CONSIDERANT, que les zones du Comté de Morton susmentionnées ne figurent pas au cadastre comme habitations adéquates pour vivre en hiver, et ne possèdent pas l’infrastructure sanitaire permanente pour y vivre dans des conditions de santé publique adéquates; et
CONSIDERANT, que le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis a ordonné que la région susnommée du Comté de Morton qu’il gère soit évacuée, à cause des problèmes de sécurité publique relatifs à l’impossibilité de fournir les services d’urgence, médicaux, de pompiers et de forces de l’ordre appropriés; et
CONSIDERANT, qu’il est de la responsabilité de l’état d’assister les citoyens et visiteurs du Dakota du Nord en cas d’urgences, de catastrophes et autres graves problèmes auxquels l’état, ses citoyens et visiteurs pourraient avoir à faire face, cette responsabilité incluant l’émission d’ordres dans l’intérêt de la sécurité publique.
EN CONSEQUENCE, moi, Jack Dalrymple, Gouverneur de l’Etat du Dakota du Nord, ordonne, avec force de loi, l’évacuation de toutes les personnes se trouvant dans les zones sous la juridiction du Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis situées dans le Comté de Morton, et définies comme zone interdite dans la Pièce A du mémorandum du Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis, fourni au Sheriff du Comté de Morton le 25 novembre 2016 et jointe à cet ordre. Cette définition de la zone à évacuer restera en effet, même si le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis redéfinit ou exempte ces zones interdites. Les personnes s’y trouvant ont l’ordre de quitter la zone d’évacuation immédiatement et de ne pas y retourner.
Toutes les personnes se trouvant dans la zone d’évacuation devront emmener avec elles toutes leurs possessions lors de l’évacuation.
Toute action ou non-action entreprise par quelque parti que ce soit pour encourager des individus à pénétrer, retourner ou rester dans la zone d’évacuation sera passible des peines définies par la loi.
J’ordonne aux institutions d’état, aux officiels des services d’urgence et aux organisations non-gouvernementales de réduire la menace à la sécurité publique, en ne garantissant pas l’application de services d’urgence et autres services gouvernementaux et non-gouvernementaux dans la zone à évacuer, sauf si c’est approuvé au cas par cas par le Sheriff du Comté de Morton ou le Superintendant de la Patrouille des Autoroutes. Le public est informé par la présente de ce que les services d’urgence ne seront probablement pas fournis dans les conditions hivernales présentes.
Toute personne qui choisit d’entrer, retourner ou rester dans la zone d’évacuation le fait à ses propres risques et assume toute la responsabilité et toutes les conséquences de sa présence illégale et de son occupation d’une zone d’évacuation.
Cet ordre est émis suivant l’autorité définie ci-dessous et pour les raisons suivantes:
Le gouverneur est investi de l’autorité exécutive selon l’Article V, Section 1 de la Constitution du Dakota du Nord; et
Le gouverneur est investi de l’autorité statutaire d’émettre des ordres exécutifs afin de minimiser ou empêcher les effets d’une catastrophe ou d’une urgence selon le Chapitre 37-17.1 du Code Centennal du Dakota du Nord; et
Le gouverneur est investi par la Section 37-17.1-05(6)(4), N.D.C.C. de l’autorité de diriger ou forcer l’évacuation de toute ou partie de la population de toute zone frappée ou menacée dans les limites de l’état, si le gouverneur estime cette action nécessaire pour préserver des vies ou minimiser, réagir à, ou réparer les effets de toute autre catastrophe ou urgence; et
Un effort coordonné et efficace de tous les services de l’état est exigé jusqu’à ce l’ordre soit abrogé.
Fait à Bismarck, Dakota du Nord, ce 28 novembre 2016.
Adresse du Gouverneur Jack Dalrymple pour protester:
North Dakota Governor Jack Dalrymple
State Capitol
600 E. Boulevard Ave.
Bismarck, ND 58505-0001
Fax:(00 1 701)328-2205
Tel:(00 1 701)328-2200
email: governor@state.nd.us
web: http://www.governor.state.nd.us
Traduction d’un article publié dimanche 27 novembre 2016 sur Censored News, d’après des informations directes et des dépêches de Reuters. Cependant, dans son ordre ci-dessus, le Gouverneur dit pouvoir passer outre aux décisions de l’armée.
LE CORPS D’ARMEE DIT NE PAS VOULOIR EFFECTUER UNE EVACUATION FORCEE
Ce n’est pas la Syrie. C’est Standing Rock. Ce sont des Protecteurs de l’eau, le jour de Thanksgiving, préparés, près de la rivière, à une attaque de la police militarisée, des mercenaires payés par DAPL et du Sheriff du Comté de Morton. Photo ©Rob Wilson.
Par Brenda Norrell
Censored News
Traduction Christine Prat
Le Corps d’Armée US a dit aujourd’hui, dimanche 27 novembre 2016, qu’il n’avait pas de projets d’évacuer par la force les Protecteurs de l’Eau qui campent sur un territoire défini selon les Traités, dans le camp d’Oceti Sakowin, sur les rives de la Rivière Cannonball. Le Corps d’Armée a dit qu’il mettrait des contraventions.
Cependant, il n’y a aucune garantie que le Sheriff du Comté de Morton, les mercenaires à la solde de Dakota Access Pipeline et la police de combat, n’attaqueront pas, comme ils l’ont déjà fait à plusieurs reprises, si cette police incontrôlée entre dans le camp Oceti Sakowin pour mettre des contraventions.
Après que le Corps des Ingénieurs de l’Armée ait annoncé qu’il fermerait le camp le 5 décembre, des guerrières Autochtones, parmi lesquelles des femmes Diné, Lakota et Paiute, ont commencé à se procurer des vestes pare-balles, des masques à gaz, des lunettes de protection et des vêtements renforcés.
Une jeune Lakota risque de perdre un œil après avoir été touchée par un projectile de la police. Les médecins essaient de sauver le bras, pulvérisé par une grenade de la police, d’une jeune femme de New York [voir article précédent].
L’agence Reuters disait dimanche:
Les autorités des Etats-Unis ont fait savoir dimanche qu’elles n’avaient pas l’intention d’évacuer de force les activistes qui protestent contre des projets de faire passer un oléoduc sous un lac, près de la Réserve Sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, bien qu’elles leur aient ordonné de partir début décembre.
Le Corps des Ingénieurs de l’Armée des Etats-Unis, qui gère le terrain fédéral où se trouve le camp principal de ceux qui protestent contre le Dakota Access Pipeline, a dit la semaine dernière qu’il fermerait l’accès à la zone au nord de la Rivière Cannonball, le 5 décembre.
Dimanche, le service a déclaré officiellement qu’il « n’avait pas de projets d’évacuer de force » les manifestants. La déclaration dit que quiconque resterait serait considéré comme non autorisé et pourrait être passible de diverses contraventions. Elle disait aussi que les services d’urgence pourraient ne peut-être pas être assurés dans la zone.
Voir la dépêche – en anglais – de Reuters
Depuis le 20 novembre, les Autochtones qui tentent d’empêcher la construction du tronçon d’oléoduc sous le Fleuve Missouri, sont violemment attaqués par la police du Dakota du Nord. Il y a de nombreux blessés, certains graves, dont une jeune femme qui risque de perdre un bras et a déjà subi plusieurs opérations (*voir plus bas), et beaucoup de gens victimes d’hypothermie, vu que la police a utilisé des canons à eau alors qu’il gelait, il y a aussi eu de nombreuses arrestations non justifiées. La répression continue, les nouvelles arrivent en permanence, on ne peut transmettre que le plus urgent. Une partie du territoire – Lakota selon les Traités de Fort Laramie de 1851 et 1868 – est utilisée par le Corps des Ingénieurs de l’Armée. Après avoir dit qu’ils n’autorisaient pas DAPL à construire sur leur terrain, le Commandant de District dit dans une lettre qu’ils vont évacuer le camp Oceti Sakowin, qui se trouve sur la portion du territoire dévolue à l’armée. Des fils barbelés munis de lames de rasoir continuent à être posés. Ceci est la mise à jour la plus récente que j’ai traduite, mais la répression continue pendant que j’écris. [photo barbelés ©Rob Wilson]
Christine Prat
Par le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau/Guilde Nationale des Juristes, ex Collectif Légal de Red Owl
Publié sur Censored News
Le 26 novembre 2016
Traduction Christine Prat
Zie ook een artikel in het Nederlands, vertaald door Alice Holemans
Le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau, un groupe d’avocats et juristes bénévoles, fondé par la Guilde Nationale des Juristes, qui défend les droits des Protecteurs de l’Eau, condamne la lettre du 25 novembre 2016 du Corps des Ingénieurs de l’Armée U.S., qui annonce qu’ils fermeront bientôt [le 5 décembre] le terrain de l’armée, actuellement occupé par le Camp Oceti Sakowin. Cette lettre révèle soit une ignorance incroyable de l’état actuel des problèmes dans le Dakota du Nord, soit un mépris extrême de la santé et de la sécurité du public, ou les deux.
Les ‘confrontations violentes’ entre ‘manifestants’ et forces de l’ordre auxquelles se réfère le Commandant ne sont des ‘confrontations’ et ne sont ‘violentes’ que dans la mesure où les Protecteurs de l’Eau rassemblés pacifiquement pour prier ont été attaqués à plusieurs reprises par les officiels de la sécurité publique chargés de leur protection. Les évènements de ces dernières semaines n’ont pas été des affrontements. C’était l’utilisation excessive de la force et des arrestations non-fondées lors de tentatives vaines de la part des forces de l’ordre locales de briser la résistance Autochtone contre le pipeline. Comme des heures de vidéos en direct l’ont montré, la violence des mois derniers a été le fait des forces de l’ordre et de la sécurité privée de DAPL, contre des Protecteurs de l’Eau sans armes, ce qui constitue une violation évidente de leurs droits constitutionnels et des droits selon les traités. C’est d’autant plus honteux que le lieu où s’est exercée la violence des forces de l’ordre, et le terrain réclamé dans la lettre du Corps d’armée, se trouve sur un territoire reconnu comme territoire Lakota par les Traités de Fort Laramie de 1851 et 1868.
Pour étayer sa décision, le Commandant de District invoque la nécessité d’accès adéquat pour ‘les services médicaux et ceux des pompiers, nécessaires en cas d’urgence’ ainsi que des ‘moyens efficaces de protéger les gens des conditions régnant sur cette propriété’. L’accès pour les services d’urgence, médicaux et des pompiers a été limité dès que les camps ont été établis, les responsables du Comté de Morton montrant clairement qu’ils n’offraient leurs services qu’aux populations non-Autochtones, en refusant à de nombreuses reprises de fournir les services réclamés ou nécessaires aux Protecteurs de l’Eau. Et le Comté de Morton a totalement coupé les camps de tous les services d’urgence depuis le mois passé, en bloquant la route principale 1806 sur le pont de Back Water.
En fait, la volonté de l’état de priver les camps de services d’urgence est si intransigeante qu’il a commis de nombreuses violations des droits civiques et des droits de l’homme, pour empêcher les Protecteurs de l’Eau d’ouvrir la route 1806 à la circulation – jusqu’à mutiler une jeune Protectrice de l’Eau avec une grenade lacrymogène explosive, tirer sur des dizaines d’autres avec des munitions prétendument ‘moins fatales’ (mais potentiellement mortelles lorsqu’elles sont utilisées abusivement, comme ce fut le cas ici), et en inondant des centaines de Protecteurs de l’Eau pacifiques avec des canons à eau alors qu’il gelait, les exposant à l’hypothermie ou pire.
Déplacer le Camp Oceti Sakowin 100 m plus au sud, de l’autre côté de la Rivière Cannonball, n’améliorera pas l’accès aux services d’urgence du Compté de Morton. Et un déplacement si minime ne réduira pas non plus l’escalade de la violence du Comté de Morton. Tout au plus, l’action projetée par le Commandant de District déplacera marginalement le lieu où le Comté de Morton traite ses citoyens Autochtones de manière inadmissible. Les réactions agressives du Comté de Morton envers les manifestants pacifiques partout à l’intérieur de ses limites, démontrent que ce n’est pas l’endroit où se pratiquent les prières des Protecteurs de l’Eau qui détermine les réactions violentes du Comté de Morton.
Beaucoup plus curieux, la lettre du Commandant exprime le souci d’assurer que les résidents d’Oceti Sakowin aient les ‘moyens suffisants’ d’affronter les durs hivers du Dakota du Nord. Les Protecteurs de l’Eau d’Oceti Sakowin ont travaillé pendant des mois pour se préparer à l’hiver, et ont investi beaucoup de temps et fait de dépenses pour réaliser l’exploit ambitieux de transformer l’endroit en camp d’hiver. Forcer les nombreuses personnes qui campaient à Oceti Sakowin à déménager et recréer un camp d’hiver à si court terme – en décembre! – mettra en péril la sécurité de milliers de Protecteurs de l’Eau qui sinon auraient été préparés aux dures conditions à venir.
Le Commandant de District a raison sur un point crucial: il faut faire quelque chose pour mettre un terme aux incessantes violations des droits de l’homme à Standing Rock. Mais l’action proposée par le Commandant de District – faire venir plus de policiers contre les Protecteurs de l’Eau – va à l’encontre de l’intention proclamée. Si le Commandant de District est vraiment préoccupé par la sécurité des Protecteurs de l’Eau, il doit s’assurer que le pipeline Dakota Access ne soit pas construit. Tant que le Pipeline Dakota Access sera en cours de construction, les Protecteurs de l’Eau continueront à prier et manifester et, autrement, à participer à des activités pour protéger le Premier Amendement [de la Constitution des Etats-Unis, qui garantit la liberté d’expression]. Et, comme le Comté de Morton l’a clairement fait savoir, tant que les Protecteurs de l’Eau continueront à prier et manifester, ils continueront à employer la violence contre la communauté. Enfin, si le Pipeline Dakota Access est construit, la santé et la sécurité de tous les habitants de la région – y compris la population non-Autochtone du Dakota du Nord – seront menacées.
Nous espérons que le Corps d’Armée va réévaluer sa décision et agir de façon à protéger effectivement l’intérêt public du Dakota du Nord en respectant les droits de prier, de se rassembler et de protester, garantis par le Premier Amendement, qui sont au cœur de la démocratie, et prendra la décision définitive de ne pas autoriser le Pipeline Dakota Access à traverser le Fleuve Missouri.
Quelle que soit la décision du Corps d’Armée, le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau continuera à entreprendre toutes les actions légales pour défendre les droits civiques et les droits de l’homme des Protecteurs de l’Eau.
Brandy Toelupe, Président, pour le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau.
*************************************
PROTECTRICE DE L’EAU EN CHIRURGIE, LES DOCTEURS ESSAIENT DE SAUVER SON BRAS
D’après un rapport des médecins, paramédicaux et du Conseil des Guérisseurs Traditionnels présents à Standing Rock
Publié sur Censored News, voir en anglais et en entier
21 novembre 2016
Extrait
[…]
Le 21 novembre, suite à la réaction violente de la police à Standing Rock, contre des gens sans armes s’opposant au Dakota Access Pipeline, une jeune femme de 21 ans, de New York, Sophia Wilansky, a été gravement blessée par une grenade tirée par la police, qui a touché son bras gauche et a explosé. Sophia allait porter de l’eau aux gens désarmés qui subissaient depuis des heures l’attaque des forces de police du Sheriff du Comté de Morton. […]
Sophia a été transportée hors du Dakota du Nord, pour des interventions chirurgicales d’urgence.
Témoignage de son père, le juriste Wayne Wilansky.
« A environs 16h30, après que la police ait attaqué le pont avec des canons à eau et des balles en caoutchouc, et pulvérisé du gaz poivré, ils ont tiré des grenades à concussion qui ne doivent pas être tirées directement sur les gens, manifestants ou protecteurs, comme ils veulent être appelés. Une grenade a explosé en touchant le bras gauche de Sophia, emportant une bonne partie de son bras. Ses artères radiales et cubitales ont été complètement détruites. Son radius a été broyé et un grand morceau a disparu. Une bonne partie de son nerf médial a également disparu. Tous les muscles entre son coude et son poignet ont été emportés par l’explosion. La police n’a pas fait ça par accident – c’était un acte intentionnel de la viser directement. En plus, la police visait les gens au visage et au sexe, dans l’intention de faire le plus de dégâts possible. Sophia sera à nouveau opérée demain, vu qu’ils essaient de reconstituer un bras et une main qui fonctionnent plus ou moins. Lors de la première opération, ils ont pris une veine de sa jambe qu’ils ont implantée dans son bras pour remplacer les artères manquantes. Elle devra subir de nombreuses opérations pour tenter de recouvrer quelque fonction de son bras et de sa main. Elle devra pourtant craindre, tous les jours du futur proche, de perdre son bras et sa main. Il n’y a pas de mots pour décrire la souffrance ressentie en voyant ma fille pleurer et en l’entendant dire qu’elle était désolée de la peine qu’elle nous causait, à ma femme et moi. J’ai cru mourir mille fois aujourd’hui et ça continuera pour pas mal de temps. Je ne trouve pas les mots pour décrire l’anxiété de la voir regarder un bras et une main qui lui sont maintenant étrangers. »
Contact personnel médical et paramédical:
Michael Knudsen, Medic Coordinator and Standing Rock Sioux Tribe ethno-botanist Linda Black Elk, PhD – medichealercouncil@gmail.com
STANDING ROCK: DES CENTAINES DE PROTECTEURS DE L’EAU ATTAQUES AVEC DES CANONS A EAU PAR LA POLICE ALORS QU’IL GELAIT !
Par le Camp de Sacred Stones
Publié sur Censored News
Ook in het Nederlands
20 novembre 2016
Traduction française Christine Prat
CANNON BALL, Dakota du Nord – Des centaines de protecteurs de l’eau ont été blessés dans les camps de Standing Rock quand les forces de l’ordre les ont attaqués avec des canons à eau dimanche soir, alors qu’il gelait. Les attaques se sont produites alors que les protecteurs de l’eau avaient commencé à enlever, à l’aide d’un semi-remorque, des véhicules militaires brûlés que la police avait attachés à des barrières de béton, il y a des semaines, pour bloquer la circulation sur la route 1806. Les tentatives des protecteurs de l’eau, pour dégager la route et améliorer l’accès au camp pour les services d’urgence, se sont heurtées à des grenades lacrymogènes, un LRAD (canon assourdissant à longue portée), des grenades stinger, des balles en caoutchouc et à l’utilisation aveugle d’un canon à eau, alors que la température était de – 3,5 degrés. Certains tirs des forces de l’ordre ont occasionné des feux, ignorés par les canons à eau et que les protecteurs de l’eau ont dû éteindre eux-mêmes. Les forces de l’ordre ont également abattu trois drones appartenant aux médias et ont visé des journalistes avec des projectiles faits pour tuer.
Des observateurs de la Guilde Nationale des Avocats sur les lignes de front, ont confirmé que beaucoup de gens étaient inconscients et en sang après avoir été touchés à la tête par des balles en caoutchouc. Un Ancien a eu un arrêt cardiaque en première ligne, mais les médecins présents ont pu le ranimer. L’équipe médicale du camp et ses services sont dépassés et la communauté locale de Cannon Ball a ouvert le gymnase scolaire pour les urgences.
Le Service Médical d’Urgence de la Tribu Sioux de Standing Rock est arrivé sur les lieus pour fournir des services médicaux. La Tribu Sioux de Cheyenne River a aussi envoyé des véhicules de Service Médical d’Urgence pour aider le Camp Oceti Sakowin. Des centaines de personnes sont traitées pour intoxication par les gaz, pour hypothermie et pour des traumatismes dus aux balles en caoutchouc et autres munitions moins fatales.
Les véhicules militaires qui bloquent le pont, ont été brûlés le 27 octobre, dans un feu mis à une barricade, après que les forces de l’ordre aient attaqué et vidé le « Camp du Traité de 1851 », qui constituait une occupation du corridor de l’oléoduc et la récupération d’un territoire ‘non-cédé’ [territoire jamais cédé par les Autochtones par les traités passés avec les autorités US, mais occupé illégalement par la suite]. En dépit du risque évident pour la population, et en dépit des promesses du Comté de Morton de dégager la route, les forces de l’ordre ont insisté pour laisser les véhicules sur le pont depuis des semaines. L’obstruction de la route 1806 menace la vie des protecteurs de l’eau et des résidents de la Réserve Sioux de Standing Rock, en empêchant les services d’urgence dont il y a grand besoin d’atteindre le camp rapidement. Le blocage de la route principale réduit aussi très injustement la liberté de mouvement des habitants de la zone et cause des pertes économiques à la Tribu en bloquant la circulation du Casino de Prairie Knights. Des images des véhicules brûlés ont nourri les descriptions négatives, déformées et sensationnalistes du campement dans les médias.
Tara Houska, Directrice des Campagnes Nationales pour Honor the Earth, dit: « Pendant des semaines, la route principale menant à la Réserve Sioux de Standing Rock a été coupée, sans qu’il y ait aucune initiative de l’état pour se préoccuper du risque pour la sécurité publique. La tentative pour dégager la route s’est heurtée à la police, attaquant les gens avec des canons à eau par -3,5 degrés – c’est mortel, il gèle dehors. Ils veulent tuer des gens pour avoir voulu dégager une route? Quand est-ce que nos appels seront entendus? Arrêtez le pipeline Dakota Access. Respectez les droits des Autochtones, et de tous les peuples. »
LaDonna Allard, Directrice du Camp de Sacred Stone, dit: « Tout ce que je peux dire est ‘pourquoi?’ Nous demandons de l’eau saine, nous demandons le droit de vivre, nous demandons que nos enfants vivent. Au lieu de cela, ils nous attaquent, parce qu’ils protègent leur pétrole. Le Comté de Morton et la sécurité de DAPL sont inhumains – qu’est-ce qui ne va pas dans leurs cœurs? »
Dallas Goldtooth, d’Indigenous Environmental Network, dit: « La température est au-dessous de zéro, maintenant, et le Bureau du Sheriff de Morton utilise un canon à eau contre notre peuple, c’est un usage de la force disproportionné et potentiellement mortel. Les Services Médicaux d’Urgence Tribaux s’engagent pour assurer des services qui devraient être de la responsabilité du Comté de Morton, c’est ridicule. Le blocage de la route par la police fait que les ambulances mettent 30 minutes de plus pour arriver à l’hôpital. Ça peut décider de la vie ou de la mort ici, et le Comté de Morton et l’Etat du Dakota du Nord seront responsables du décompte final. »
Le Conseil des Médecins et Guérisseurs de Standing Rock a publié la déclaration suivante: « Les médecins et guérisseurs tribaux du Conseil des Médecins et Guérisseurs de Standing Rock appellent à l’arrêt immédiat de l’usage de canons à eau contre des gens qui sont dehors par des températures en-dessous de 0, sans aucun moyen de se réchauffer, dans ces conditions. En tant que professionnels médicaux, nous sommes très inquiets du risque réel de mortalité, causée par de graves hypothermies, vu les conditions. »
LUNDI 21 NOVEMBRE 2016
DECLARATION D’INDIGENOUS ENVIRONMENTAL NETWORK
DES PROTECTEURS DE L’EAU ATTAQUES PRES D’UNE BARRICADE
Contact: Jade Begay, jade@350.org, (505)-699-4791
CANNON BALL, Dakota du Nord – Le 20 novembre vers 18h, heure locale, plus de 100 Protecteurs de l’Eau des Camps Oceti Sakowin et Sacred Stone, se sont mobilisés près d’un pont proche pour enlever un barricade construite par le Service du Sheriff de Morton et l’état du Dakota du Nord. Cette barricade, construite après le raid des forces de l’ordre sur le Camp du Traité de 1852, empêche non seulement les résidents du Dakota du Nord d’utiliser la route 1806, mais met aussi en danger les habitants de Cannon Ball, les camps, et la Tribu de Standing Rock, étant donné que les services d’urgence ne peuvent plus utiliser cette route principale.
Les Protecteurs de l’Eau ont utilisé un semi-remorque pour retirer deux véhicules militaires brûlés de la route et ont réussi à enlever un camion du pont avant que la police ne commence à attaquer les Protecteurs de l’Eau avec du gaz lacrymogène, des canons à eau, du gaz poivré, des balles de caoutchouc et des canons assourdissants.
A 1h30 du matin, heure locale, l’équipe d’Indigenous Rising Media s’est procuré une mise à jour de l’équipe médicale d’Oceti Sakowin indiquant que 200 personnes étaient blessées, que 12 étaient hospitalisées avec des blessures à la tête, et qu’un Ancien a fait un arrêt cardiaque en première ligne. A ce moment-là, les forces de l’ordre continuaient à tirer avec des balles de caoutchouc et avec le canon à eau sur les Protecteurs de l’Eau. Environs 500 Protecteurs de l’Eau s’étaient rassemblés au plus fort de l’action directe non-violente.
CI-DESSOUS, UNE DECLARATION D’INDIGENOUS ENVIRONMENTAL NETWORK [Réseau Environnemental Autochtone]
« Les forces de l’ordre du Dakota du Nord sont des lâches. Des gens qui sont employés pour protéger les citoyens ont attaqué des protecteurs de l’eau pacifiques avec des canons à eau, alors qu’il gelait, et ont visé avec leurs armes la tête et le visage des gens.
« Le Bureau du Sheriff du Comté de Morton, la Patrouille de l’état du Dakota du Nord, et le Gouverneur du Dakota du Nord sont en train de commettre des crimes contre l’humanité. Ils sont complices de l’entreprise Dakota Access Pipeline et sa maison mère Energy Transfer Partners dans une conspiration pour protéger les activités illégales de la compagnie.
« Quiconque investit dans ces entreprises ou les finance est complice. Si le Président Obama ne fait rien pour arrêter ce traitement inhumain des habitants d’origine de ce pays, il sera aussi complice. Et il n’y a aucun doute que le Président élu Donald Trump est déjà complice, vu qu’il a investi dans Le DAPL ».
Les Protecteurs de l’Eau de Standing Rock Attaqués par la Police et des Chiens d’Attaque de Dakota Access Pipeline. A Cannon Ball, Dakota du Nord, de septembre à novembre 2016.
OBAMA, VOUS AURIEZ PU EMPECHER CELA !
Obama a dit il y a deux semaines, « Nous allons laisser les choses se faire pendant quelques semaines de plus »
Par Brenda Norrell
Censored News
17 novembre 2016
Traduction Christine Prat
La police, militarisée, a frappé à répétition les protecteurs de l’eau de Standing Rock, leur a tiré dessus avec des balles en caoutchouc [en fait des balles en métal recouvertes d’une mince couche de caoutchouc, mortelles de près – NdT] et du gaz lacrymogène en octobre et novembre.
Le Président de la Réserve de Cheyenne River, Harold Frazier a rencontré Obama à Los Angeles en octobre et lui a demandé d’intervenir. Obama n’a rien fait pour empêcher la violence policière, au lieu de ça, il est allé jouer au golf et participer à une collecte de fonds de 100 000 dollars pour la campagne du parti Démocrate à Los Angeles.
Quand la police a attaqué les protecteurs de l’eau au Camp du Traité, sur le trajet du pipeline Dakota Access, des Anciennes Autochtones ont été arrêtées alors qu’elles priaient. La police du Comté de Morton les a déshabillées pour les fouiller et ont emprisonné des femmes, des hommes et des Anciens Autochtones dans des ‘chenils’ avec des numéros inscrits sur leurs bras comme dans les camps de concentration Nazis.
Auparavant, quand les protecteurs de l’eau ont commencé à résister, au printemps 2016, Obama a accordé un permis à Energy Transfer Partners, propriétaires de Dakota Access Pipeline, en mai, de traverser la frontière sud jusqu’au Mexique, avec leur pipeline pour pétrole de gaz de schistes issu de la fracturation hydraulique. Là-bas, Energy Transfer Partners, le nouveau visage de l’Apartheid et du Génocide, a détruit au bulldozer des sites Indiens antiques à Big Bend, au Texas. La destruction au bulldozer des sites de Big Bend se sont produits après que Dakota Access Pipeline ait passé au bulldozer des cimetières à Standing Rock, en septembre. Alors, les agents de sécurité de DAPL avaient lâché des chiens méchants sur les gens qui luttaient pour protéger les sites funéraires des bulldozers.
Il y a deux ans, Obama a rendu visite à Cannon Ball, Dakota du Nord, le site actuel des camps des protecteurs de l’eau. Alors,Obama a été photographié avec des bébés de Standing Rock dans les bras. Obama n’a pas révélé, à l’époque, que Dakota Access Pipeline avait déposé des dossiers de demande de permis au Ministère de l’Energie, quelques mois auparavant, au printemps 2014.
Mis sous pression il y a deux semaines, par le fait que des Amérindiens et leurs soutiens étaient brutalisés, Obama a dit: « Nous allons laisser les choses se faire pendant quelques semaines de plus… »
La carte d’Energy Transfer Partners montre que le Dakota Access fait partie d’un système de pipelines très étendu, qui va des sables bitumineux d’Alberta, au Canada, jusqu’au Golf du Mexique.
Il y a des semaines déjà, les Sami de Norvège ont exprimé leur soutien à Standing Rock et ont envoyé une délégation. L’Association Sámi de Norvège travaille sur place avec les Avocats du Camp de Standing Rock, le Collectif Légal Red Owl, pour obtenir que la DNB et la Norvège retirent leurs investissements du DAPL. Les Avocats du Camp ont fourni des informations sur toutes les violations des droits de l’homme et des droits des Autochtones à la DNB et au comité d’éthique du fond national d’investissements Norvégien.
J’ai traduit cet article afin de souligner la solidarité et l’unité uniques dans l’histoire d’un si grand nombre de peuples Autochtones, non seulement d’Amérique, mais aussi d’autres continents. Cependant, je n’approuve absolument pas Greenpeace, ni ses déclarations insinuant que les banques et autres institutions financières pourraient être ‘vertes’ ou du bon côté de l’histoire. La finance ne peut être que nuisible et doit disparaître pour assurer l’avenir de l’humanité et de sa planète.
I translated this article in order to report about the solidarity and unity, unique in history, of so many Indigenous Peoples, not only from America, but also from other continents. However, I don’t approve of Greenpeace, neither of its remarks insinuating that banks and other financial institutions could be ‘sustainable’ or ‘on the right side of history’. Finance can only cause damages and must be wiped out to insure a future for humanity and its planet.
Christine Prat
Les Sami présents à Standing Rock ont travaillé avec l’équipe légale du camp pour dénoncer les violations des droits de l’homme par la police militarisée, et les menaces sur l’eau. Photos: copyright Jeff Chad.
Par Brenda Norrell
Censored News
Jeudi 17 novembre 2016
WASHINGTON, D.C. – La plus grande banque de Norvège, DNB, a vendu ses parts du Dakota Access Pipeline. Des Sami, Autochtones de Norvège, ont travaillé avec le Collectif Légal des Protecteurs de l’Eau dans le Camp de Standing Rock, pour faire un rapport sur les violations des droits de l’homme par la police et sur la menace que constitue le pipeline souterrain de pétrole brut pour les eaux du Fleuve Missouri. [Article du 10 novembre sur Censored News]
Jeudi 17 novembre, Greenpeace a déclaré que cette décision était le résultat obtenu, grâce à 120 000 signatures de Greenpeace Norvège et d’autres, d’une pétition exigeant de la banque et d’autres institutions financières de retirer leurs financements du projet.
Greenpeace dit:
La plus grande banque de Norvège, la DNB, a annoncé avoir vendu ses parts dans le Dakota Access Pipeline. La nouvelle suit l’obtention de 120 000 signatures de Greenpeace Norvège et d’autres, exigeant que la banque et d’autres institutions financières retirent leurs financements du projet. La DNB a indiqué qu’elle reconsidérait le prêt accordé, qui constitue 10% du financement total. [Source: Democracy NOW!]
En réaction à la nouvelle, Martin Norman, qui fait campagne pour la Finance Durable [ ?? – NdT] pour Greenpeace Norvège, a déclaré: « C’est magnifique que la DNB ait vendu ses parts du pipeline controversé, et c’est un signal clair qu’il est important que les gens s’expriment quand une injustice est commise. Nous attendons maintenant que la DNB annule immédiatement ses prêts au projet. »
« Il devrait y avoir une close dans l’accord de prêt relative aux violations des droits de l’homme, et la DNB devrait s’en servir pour récupérer ses fonds et cesser toute participation au Dakota Access Pipeline. S’ils n’ont pas mis une telle clause, ils doivent admettre qu’ils ont signé un mauvais contrat et accepter leur perte. »
La porte-parole de Greenpeace USA, Lilian Molina, dit:
« C’est parfaitement clair pour le Dakota Access Pipeline. Le pouvoir du peuple est en train de gagner. La nouvelle que la DNB a vendu ses parts et envisage d’annuler ses prêts, est une victoire pour les protecteurs de l’eau qui combattent pour empêcher ce projet désastreux. Toutes les institutions financières qui ont un intérêt dans le pipeline doivent vite se rendre compte que ce projet est toxique. Il serait bien avisé de leur part de prendre la tête du mouvement grandissant de clients souhaitant désinvestir de banques qui financent la destruction de notre planète et ignorent les droits et la souveraineté des Autochtones. Citigroup, TD Securities, Wells Fargo, Sun Trust et les autres banques soutenant financièrement ce projet devraient voir ceci comme un signe les invitant à aller du bon côté de l’histoire. »
LES BANQUES FRANÇAISES QUI ONT INVESTI DANS LE DAPL:
BNP Paribas, Crédit agricole, Natixis, Société générale
Action d’Idle No More France auprès des banques impliquées
Modèle de lettre 1, si vous êtes client
Modèle de lettre 2, si vous n’êtes client d’aucune de ces banques, mais citoyen conscient des droits de l’homme et de l’avenir de la planète
Un projet de fracturation hydraulique et de pipeline menace actuellement une partie de la Réserve Navajo – qui n’a vraiment pas besoin de ça, vu l’exploitation catastrophique de ressources minières et la pollution qui s’ensuit. En principe, aux Etats-Unis, le public a le droit de faire des commentaires sur les projets qui les concernent. Les autorités responsables organisent des réunions publiques pour cela. A Shiprock – victime de la fuite d’une mine d’or en 2015 – le Bureau d’Aménagement du Territoire de Farmington a bien organisé une réunion, mais refusé les commentaires des représentants Autochtones. La fracturation hydraulique cause des dégâts partout. Dans ce cas, le projet menace l’eau – enfin ce qu’il en reste – de la partie est de la Réserve Navajo, mais aussi toute la région de Chaco, y compris le Canyon de Chaco, site archéologique unique.
Christine Prat
Diffusé le 10 novembre par Rebecca Sobel
Avec la mention PARTAGEZ, DIFFUSEZ, SVP!
Egalement publié sur Censored News
Traduction Christine Prat
10 novembre 2016
SHIPROCK, Nouveau Mexique – Ce jour, lors de la première réunion préliminaire – il devrait y en avoir huit – les officiels du Bureau d’Aménagement du Territoire (BLM) et du Bureau des Affaires Indiennes (BIA) ont plaqué les membres de la communauté qui essayaient de donner un commentaire public. La réunion a été tenue au Siège du Chapitre de Shiprock, le BLM tenait les tables d’information réparties autour de la salle communautaire, et ont invité le public présent à exprimer des commentaires publiques à l’une de leurs nombreuses tables.
Le Président du Chapitre de Shiprock, Chili Yazzie, a salué sa communauté et informé les gens de ce qu’il n’avait eu aucune consultation préalable avec les officiels du BLM ou du BIA, a part l’organisation du planning pour l’utilisation de la salle de réunion du Chapitre. Il invitait des membres du Chapitre à exprimer leurs commentaires devant la communauté, quand le directeur du Bureau Régional de Farmington, Richard Fields, a fait savoir à M. Yazzie que des commentaires publics sous cette forme ne seraient pas acceptés. Après avoir expliqué la culture des réunions communautaires du Chapitre, M. Yazzie donna le micro à une jeune femme qui raconta son expérience de vivre à proximité de 4 puits de fracturation, tandis que les officiels du BLM ramassaient leur matériel et quittaient la pièce. Quinze minutes plus tard, la police de la Nation Navajo entrait.
La réunion préliminaire de Huerfano est prévue pour 15h, cet après-midi, et nous verrons si ça continue suivant le planning. A part ça, il est évident que le BLM ne se contente pas d’autoriser l’industrie du pétrole et du gaz à traiter de manière cavalière les communautés Navajos, cette dernière tentative d’impliquer le public par des réunions préliminaires au siège des chapitres ne fait que se payer de mots – le BLM a démontré qu’il ne prendrait en considération les voix Autochtones qu’à ses propres conditions. Si les Autochtones ne se plient pas aux ordres du BLM – même sur leur propre territoire – l’agence fédérale fera la sourde oreille.
Ci-dessous, quelques déclarations de personnes présentes à la réunion préliminaire.
« Depuis beaucoup trop longtemps, nous avons été manipulés et nous sommes fait faire la leçon par le gouvernement fédéral et ses institutions sur la façon de nous conduire et de réagir à leurs règles. Il faut qu’un jour nous cessions d’autoriser ce genre d’intrusion sur nos propres terres. Nous devons faire des commentaires accepables, dans les discussions sur leurs demandes, qu’ils veulent présenter comme accords mutuels sur les buts et comment ça se déroulera. Il doit y avoir une reconnaissance et du respect pour nos modes de vie et nos façons d’être sur nos propres territoires. S’ils ne nous respectent pas, ils ne sont pas les bienvenus ici.
Nous ne les avons pas invités. Ils se sont invités. C’est notre territoire, donc au moins une partie de ce projet public devrait se conformer à notre avis. »
– Duane ‘Chili’ Yazzie, Président du Chapitre de Shirock, chili_yazzie@hotmail.com
« Ces officiels des institutions ne vivent qu’à 40 km d’ici et ils sont en pays Navajo. On pourrait croire qu’ils consulteraient les officiels locaux avant de tenir des réunions dans nos Sièges de Chapitre. Ça en dit long sur leurs intentions et la façon dont ils opèrent. »
– Lori Goodman, Directrice Exécutive, Diné C.A.R.E., lgoodman89@gmail.com
« Je soutiens le 1er Amendement [1er Amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui garantit la liberté d’expression] et c’était une invitation ouverte de la part des deux partis, au sujet de la fracturation hydraulique dans nos territoires. Mais, dès qu’un membre de notre communauté a voulu exprimer nos inquiétudes justifiées, le BLM a fermé la discussion. Ça vous montre l’état d’esprit du BIA et du BLM. Dès qu’ils pensent être dans un environnement qui échappe à leur contrôle, ils y mettent un terme. Quoi de plus dangereux qu’un Autochtone exprimant les droits de sa communauté et sa souveraineté ?
C’est la première fois que j’ai pu voir à quel point la région est un échiquier, quand il s’agit de pâturages, et de l’eau et des puits que les gens utilisent. C’est la première fois que j’ai vu la carte de ces pipelines pour le pétrole issu de la fracturation. Les pipelines vont fuir. C’est un danger pour la communauté. Nous comprenons que ça va créer des emplois, mais nous devons mettre la limite quelque part et dire que c’est plus qu’assez. La seule occasion de le dire est que le BLM et le BIA soient là pour écouter, mais ils refusent. »
– Chuck Haven, habitant de la région, signal99haven@gmail.com
« Le fait que le Président du Chapitre ait demandé à ce que les commentaires publics soient oraux et que le BLM ait ignoré sa demande, est un manque de respect. Ça a commencé, par le simple fait que nous avions demandé un changement de date parce que la réunion était prévue pour le 12 novembre, le Jour de Fête des Jemez et que donc la plupart des résidents des Chapitres de Counselor et de Nageezi y seraient. Et maintenant, nous demandons si, les officiels fédéraux ayant quitté la réunion, ils ont violé leurs propres lois? Précédemment, ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas changer la date des réunions de Counselor et Nageezi à cause de leurs propres lois exigeant la mention dans le registre fédéral. Mais est-ce que leurs lois n’exigent pas qu’ils tiennent effectivement les réunions qu’ils ont programmées ? Nous avons encore des habitants Navajo qui veulent indubitablement faire des commentaires, mais maintenant que le BLM est parti, ce n’est plus possible. »
– Daniel Tso, ex-Délégué du Conseil de Torreon, detso49@yahoo.com
« Je suis venu ici pour m’opposer à la fracturation hydraulique à cause de la préservation culturelle. Des promesses sont brisées. Des sites sacrés et des moyens de vivre sont piétinés. Je le vois dans le Dakota du Nord, et je le vois ici aussi. Ça brise nos cœurs. »
Cet article n’a pas été traduit, il est en français, en anglais et en espagnol sur le site.
FildepresseNWM
http://filsdepressemtl.info/maintenant-chemins-de-fers-bloques-a-pointe-saint-charles-en-solidarite-avec-standing-rock/
Avis aux médias – Communiqué de presse
Chemins de fers bloqués à Pointe-Saint-Charles en solidarité avec Standing Rock
Tio’tia:ke (Montréal), le 15 novembre 2016, 16h, pour diffusion immédiate. Des résidents et résidentes du Sud-Ouest de Montréal bloquent le chemin de fer au coin des rues Wellington et de Sébastopol en solidarité avec les protecteurs de l’eau des Premières Nations qui luttent contre l’oléoduc Dakota Access. Un rassemblement se déroule à côté, dans le parc de la Congrégation. Cette action est organisée en réponse à l’appel lancé par des leaders des Premières Nations de Standing Rock pour une journée d’action qui perturbe le train-train quotidien.
Le groupe qui bloque le chemin de fer explique son action dans la déclaration qui suit :
Debout avec Standing Rock
Nous sommes ici aujourd’hui, allochtones des quartiers Sud-Ouest de Montréal, sur des terres jamais cédées par les Kanien’kehá:ka, pour appuyer solidairement la lutte que mènent les protecteurs de l’eau des Premières Nations à Standing Rock contre la construction de l’oléoduc Dakota Access dans le Dakota Nord aux États-Unis.
Face aux dangers sur la vie des communautés et sur la nature qu’imposent de grandes compagnies pétrolières et les banques complices, la résistance contre ce projet destructeur est devenue nécessaire et doit s’étendre partout à travers le monde, y compris à Montréal et au Québec.
Ce projet d’oléoduc Dakota Access doit être arrêté et le pétrole doit demeurer là où il est, dans le sol. Aujourd’hui et jusqu’à la victoire, nous soutiendrons la lutte pour bloquer le projet d’oléoduc Dakota Access.
Quartiers sud-ouest de TIO’TIA :KE
SOLIDAIRES
Information (nous ne ferons pas d’entrevues avec les médias capitalistes)
Sur l’action (un photoreportage sera posté avant 18h, et, dans la semaine à venir, un court film) et sur la lutte à North Dakota: https://www.facebook.com/sud.ouest.tiotiake.solidaire.standing.rock/
Informations supplémentaires ici:
Sur l’oléoduc North Dakota, en français, en annexe [ci-dessous]
Sur les faits liés au transport du pétrole, en français, en annexe [ci-dessous]
Call for national day of action: Video: https://youtu.be/pKQLnDJ1YzM et https://actionnetwork.org/event_campaigns/nov-15-nodapl-day-of-action-at-army-corps-of-engineers
#noDAPL Solidarity: https://nodaplsolidarity.org/
West Coast Women Warrior’s Media Cooperative: https://www.facebook.com/Westcoastwomenwarriors/
Red Warrior camp: https://www.facebook.com/RedWarriorCamp/
Sacred Stone camp: https://www.facebook.com/CampOfTheSacredStone/
Hash tags
#NoDAPL #NoEnergyEast #StopKinderMorgan #WaterIsLife #StandWithStandingRock
L’OLÉODUC NORTH DAKOTA ACCESS (DAPL) & STANDING ROCK
Le DAPL est un oléoduc de pétrole brut issu de fracturation, dont la construction est dirigée par les plus puissantes industries de combustibles fossiles et leurs banques complices. Cet oléoduc détruira des sites sacrés, accentuera les changements climatiques et passera sous la rivière Missouri, ce qui pourrait occasionner la contamination d’eau potable de 8 million de personnes.
La trajectoire du DAPL traversera le territoire Lakota, où un traité est applicable, sur la réserve des Sioux de Standing Rock. Cela fait plusieurs mois que la tribu Sioux est à la tête de manifestations contre la construction controversée du Dakota Access Pipeline. Plusieurs milliers de personnes les ont rejoints pour former ce qui est considéré comme le plus grand rassemblement autochtones aux États-Unis depuis des centaines d’années. En ayant créé des campements tout au long de la trajectoire du pipeline, illes réussissent à bloquer sa construction. Cette résistance est devenue une réelle source d’inspiration pour les mouvements autochtones et écologiques à travers le monde.
LES PRÉOCCUPATIONS:
- Les déversements et les fuites du pipeline Dakota Access (DAPL) auraient un impact sur les citoyens, menaceraient la vie sauvage, la qualité de l’eau, et l’intégrité territoriale. Passant sur deux cours d’eau importants (le Fleuve Missouri et le Fleuve Mississippi), le pipeline est une menace majeure.
- En violation à la loi fédérale des États-Unis, Dakota Access a commencé les travaux sans avoir complété l’énoncé des incidences environnementales (EIE).
- La procédure d’autorisation du pipeline Dakota Access a continuellement évitée les consultations appropriées de nation à nation avec la tribu des Sioux de Standing Rock ainsi que la tribu des Sioux de Yankton.
- Les avantages de la création d’emplois sont minimes : les positions permanentes à temps plein pour les citoyens de Dakota du Nord crées grâce à la pipeline sont estimées à moins de dix.
- Le parcours proposé traverse le Fleuve Missouri au confluent du Fleuve Cannon Ball, une région d’importance cruciale au niveau culturel, spirituel et environnementale. Cette convergence est un lieu important pour l’histoire qui raconte l’origine des Mandan puisque c’est l’endroit où ils sont entrés dans le monde suite au grand déluge. Là où les deux cours d’eau se rencontrent a jadis crées Inyan Wkhánagapi Othí, roches sphériques sacrées (d’où l’expression colonisatrice ‘Cannon Ball’ – « Boulet de Canon »), mais suite au passage du Corps of Engineers de l’armée américaine qui a dragué et fait débordé les rivières dans les années 50, le courant a changé et les Roches Sacrées ne sont plus fabriquées. Il y aurait des cimetières et des villages historiques ainsi que des sites de dance du Soleil (Sundance) qui seraient directement affectés.
CITATIONS DES PROTECTEUR.RICES DE L’EAU (traduction libre):
”L’endroit où sera construit le pipeline se nomme le Cannonball, où les Mandan naquirent après la grande inondation. C’est aussi un endroit où illes pratiquaient les Okipa, ainsi que les Sundances. Plus tard, Wisespirit et Tantanka Ohitika y tiennent des sundances. Plusieurs anciens villages et sites d’enterrement Mandan, Cheyenne et Arikara se trouvent dans cette zone. C’est aussi ici que se trouve la roche sacrée médicinale qui prédit le futur.” – LaDonna Bravebull Allard (Lakota, Dakota).
”Les dangers qu’imposent l’avidité des grandes compagnies pétrolières ont un impact majeur sur les communautés vivant le long de la rivière Missouri. Lorsque ce oléoduc fuira, comme le font la majorité des oléoducs, la moitié de l’eau potable du Dakota du sud sera contaminée. Comment l’approbation de ce projet peut-elle être bénéfique pour les communautés, l’agriculture et l’élevage? Ce projet doit être arrêté. Les personnes des quatre bandes de Cheyenne River sont en solidarité avec les nations voisines. Elles appellent au support de tous les Oceti Sakowin ou Seven Council Fires, ainsi qu’aux allié.es tant autochtones qu’allochtones s’opposant à cet oléoduc.” – Joye Braun (Cheyenne River)
Source : Justice climatique Montréal : https://www.facebook.com/ClimateJusticeMontreal/
Le pétrole c’est la mort
L’eau c’est la vie
Transport du pétrole par chemin de fer
- 40% des wagons soit plus 53,000 wagons en 2013 ou 100,000 barils par jour circulent sur l’île de Montréal;
- Les trains arrivent de Vaudreuil-Dorion et se dirigent soit vers les raffineries de l’est par Mont-Royal et Ahuntsic, soit vers le pont Victoria et la rive-sud en traversant Saint-Henri et Pointe-Saint-Charles. (Journal Voir, mars 2015);
- Le pétrole vient principalement du Dakota Nord.
- On estime qu’environ 50 000 Québécois habitent à moins de 100 mètres d’un chemin de fer parcouru par les convois pétroliers, principalement dans les villes de Montréal, Longueuil, Saint-Hyacinthe, Drummondville et Sherbrooke.
- En 2014, 174 accidents de transport de matières dangereuses ont eu lieu au Canada (Bureau de la sécurité du Canada)
- Les nouvelles normes imposées par Ottawa pour le transport de matières dangereuses par wagons-citernes permettent-elles d’éviter des catastrophes comme celle de Lac-Mégantic? Non, répondent les experts. Radio-Canada mars 2015.
Transport du pétrole par pipeline
- On a signalé 11 accidents de pipelines en 2013 soit 4 de plus qu’en 2012 (Bureau de la Sécurité dans les transports (BST) du Canada);
- Le nombre d’incidents majeurs serait comparable entre les incidents ferroviaires et les pipelines. Journal de Montréal Samson 13 mars 2016
- Selon le Bureau de la Sécurité dans les transports (BST) du Canada, le pipeline ne serait pas nécessairement plus sécuritaire que le train pour le transport du pétrole.
- Saviez-vous que le fleuve Saint-Laurent est la source d’eau potable pour plus de 3,7 millions de personnes, dont la population de Montréal, soit 45 % de la population québécoise? Bien que l’industrie et les gouvernements tentent de se faire rassurants, on ne dénombre pas moins de 19 déversements majeurs d’au moins un million de litres et près de 950 déversements de plus petite envergure de 2004 à 2013 au Canada. (Fondation David Suzuki.)
- Le 20 juillet dernier, 69 000 personnes ont été privées d’eau potable dans la province canadienne du Saskatchewan, suite à la fuite de l’oléoduc de la compagnie Husky Energy. Un rapport publié le 2 septembre à la demande des communautés autochtones de la région dénonce la lenteur de réaction de l’entreprise : 14 heures ! Pendant ce temps 250 000 litres de pétrole brut se sont déversés dans la rivière Saskatchewan nord. Près de deux mois après l’accident, son eau n’est toujours pas potable.
Le chantier a été encerclé par une clôture, non pas barbelée mais de lames de rasoir, des puits profonds ont été creusés, le tout pour empêcher l’accès. Les travaux continuent, niant totalement la décision d’Obama de ‘faire une pause’.
Samedi, 12 novembre 2016, un homme travaillant dans le béton a foncé dans la foule en train de prier avec son camion, a menacé les gens avec son revolver, tiré des coups au-dessus de leurs têtes. Plusieurs personnes auraient été blessées par le camion. Voir photos et vidéos sur Censored News.
Lundi 14 novembre, les Protecteurs de l’Eau ont marché vers Bismarck, la capitale du Dakota du Nord, continuant à protester. Voir vidéos sur Censored News.
On peut craindre le pire, depuis l’annonce de l’élection de Trump, plus de 200 actes racistes, fascistes ou homophobes ont été signalés aux Etats-Unis. Les autorités du Dakota du Nord ayant toujours soutenu la compagnie pétrolière, il y a tout lieu de penser qu’elles se sentent aussi avoir tous les droits. Cependant, Obama a toujours tout le pouvoir, jusqu’au 20 janvier, et il pourrait donc prendre des mesures contre les contrevenants, et rappeler que tant que Trump n’a pas eu l’occasion de changer les lois, il peut les faire respecter. Apparemment, il préfère se taire et amortir le choc et la ‘transition’ auprès des alliés Européens.
Christine Prat
Numéros de téléphone de la Présidence:
(00 1) 202-456-1111
(00 1) 202-456-1414
Email:
https://www.whitehouse.gov/contact
The White House
1600 Pennsylvania Avenue NW
Washington, DC 20500
POUR UNE ACTION ANTICOLONIALE ET ANTIFASCISTE ‘FAITES QU’IL LEUR SOIT IMPOSSIBLE DE GOUVERNER EN TERRE VOLEE’
Publié par Indigenous Action
9 novembre 2016
Ook in het Nederlands
Traduction française Christine Prat
Pour ceux d’entre vous qui sont surpris des résultats de ce spectacle tumultueux, bienvenue dans l’ ‘Amérique’ que nous avons toujours connue.
C’est l’aveuglante ‘grandeur de l’Amérique’ aujourd’hui amplifiée par la droite nationaliste islamophobe et anti-immigrants.
Qu’un démagogue fasciste, élitiste et misogyne puisse être nommé à la tête d’un système politique, économique et social construit sur le capitalisme, le colonialisme, la suprématie des blancs, l’hétéro-patriarcat, l’esclavage et le génocide n’est pas une surprise. Ça n’a rien d’exceptionnel. C’est ce que ce pays a toujours représenté. Après tout, c’est un pays volé construit avec des vies volées.
Le mince amortisseur, récolté comme récompense d’être blanc, ou gagné en étant quelques échelons plus haut dans la hiérarchie socioéconomique, n’est qu’un voile qui fournit un degré de séparation subtil, permettant aux gens de se hisser juste au-dessus de la souffrance que nous avons connue pendant le régime néolibéral précédent.
Les 8 dernières années n’ont pas été un soulagement pour les immigrants. Le gouvernement Obama est responsable de l’expulsion de plus de gens qu’aucun autre gouvernement US de l’histoire. Entre 2009 et 2015, Obama a expulsé de force plus 2,5 millions de gens, ce qui dépasse le total de tous les présidents du XXème siècle. Les communautés Tohono O’odham ont été soumises à une forte militarisation et séparées par la frontière US/Mexique. Des villages entiers ont été déplacés et des sites sacrés ont été profanés. Ce sera amplifié par le ‘mur frontière’ dont Trump menace.
Ça n’a pas été non plus 8 années de soulagement pour ceux qui ont été bombardés et attaqués par des drones en Afghanistan, dans 90% des cas, des civils innocents.
Et comptabilisons aussi les incarcérations de masse et les meurtres de Noirs et de basanés commis impunément par la police. Ces 8 années n’ont pas changé la violence raciale d’état, elles n’ont fait que l’exciter par des proclamations obscènes d’une société ‘post-raciale’ alors que les Noirs se font tirer dessus par la police 2,5 fois plus que les Blancs.
Ajoutez-y que les Autochtones sont le ‘groupe racial le plus susceptible d’être tué par les forces de l’ordre’ aux Etats-Unis et qu’en plus, les femmes Autochtones se font agresser sexuellement et assassiner dans des proportions incomparables aux autres communautés, et vous aurez une idée plus claire de combien ces problèmes sont créés par le système.
Bien que le régime précédent reconnaisse la menace de réchauffement climatique, la réduction d’émissions de CO2 par l’extraction de charbon, en déclarant en même temps la saison ouverte pour la fracturation hydraulique et en permettant à l’industrie nucléaire de continuer ses attaques mortelles contre notre avenir, n’a pas été un acte significatif de développement ‘durable’. Le but de l’empire des Etats-Unis est de maintenir sa domination politique et économique, et ce but a toujours été alimenté par une guerre écocide contre Notre Mère la Terre aka colonialisme de ressources. Même le programme dans l’impasse de l’industrie à but non lucratif voudrait nous faire aller du blanchiment au ‘verdissement’ du capitalisme. Mais dans cette guerre contre Notre Mère la Terre, pouvons-nous risquer de recycler des tactiques inefficaces dans l’espoir que des actions symboliques changeront l’état d’esprit de nos oppresseurs ? Spécialement depuis que Trump a déclaré que le changement climatique était un ‘canular’ ?
Mais ce sont les deux faces de la même médaille. Les actes et attitudes fascistes, islamophobes, anti-immigrants, anti-Noirs, anti-Autochtones et misogynes de Trump représentent un système, pas seulement une personne ou un parti.
Un certain discours parle de moindre mal et se perd en diatribes sur un vague espoir, quelque part, mais ces thèmes nous ont été assénés, dans notre chair, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus cicatriser. C’est comme si nos corps étaient la terre profanée à chaque action de nos persécuteurs. Dans le cas de la politique électorale, ce processus n’est pas mis en question, les torts infligés non plus. Seule la mesure dans laquelle le voile couvre les blessures importe. La question n’est pas de voir les torts, mais de voir leur effet varier de la zone de confort jusqu’à la limite de l’insupportable. Ce processus est extrêmement réifiant et beaucoup d’entre nous jouent le rôle, parce que, aussi inquiétant que soit le fait d’être objectivé, l’alternative est d’être rendu invisible, inconnu, non-existant. Mais les luttes de résistance se dessèchent quand elles ne sont nourries que par un régime réduit de reconnaissance.
C’est une chose que la lutte générale, ininterrompue, contre le fascisme sait très bien.
« Nous devons rendre impossible pour Trump de gouverner le pays, et devons mettre le pouvoir dans les mains du peuple dans les rues. » – Lorenzo Komboa Ervin
Des mouvements récents comme les Vies des Noirs Comptent (en particulier les émeutes comme celles de Baltimore et de Milwaukee) et les luttes de résistance pour les sites sacrés et l’eau comme NoDAPL (Red Warrior Camp), ont touché des nerfs de la domination coloniale et de l’exploitation des Etats-Unis.
Des combats pour nos vies dans les rues contre le terrorisme de la police, aux ripostes des gens de LGBTQI2-S contre les attaques fascistes, et aux luttes pour défendre nos terres et notre eau sacrées contre les infrastructures développées par des entreprises privées soutenues par la violence d’état et le colonialisme de ressources, tous ces moments et mouvements sont le résultat de la résistance ininterrompue qui combat depuis des centaines d’années sur ces terres.
Nous avons cessé de parler d’espoir quand nous avons dû nous concentrer sur la survie.
Alors que les réformistes s’occupaient surtout de prolonger l’agonie, nous avons commencé à nous imprégner nous-mêmes de la conviction que la souffrance va empirer. Ce n’était pas renoncer à notre pouvoir, mais une affirmation de notre capacité de guérir à nos conditions. Nous nous sommes mis à préparer nos esprits, notre intellect et nos corps avec cette conviction. Nous nous sommes reconnectés à l’idée que nous n’avons jamais eu d’autre choix que de combattre. Que la colonisation a toujours été la guerre. Que nous sommes des survivants de sa violence. Que nous n’avons jamais cessé de nous battre.
Nous comprenons la différence entre le pouvoir sur et le pouvoir avec. Et qu’il y a plus de pouvoir dans le pouvoir du peuple que dans le fait de choisir qui règnera sur lui. Qu’aucun politicien ne pourra jamais représenter les modes de vie Autochtones dans le contexte d’un système politique établi par le colonialisme. Que les politiques représentatives/électorales s’opposent à la libération de l’oppression coloniale. Que les luttes de nos ancêtres pour défendre Notre Mère la Terre et ses êtres vivants avec des prières et les armes à la main, sont toujours la même lutte que nous poursuivons aujourd’hui.
Trump a doublé la mise sur la fragilité coloniale pendant ce spectacle et a gagné. Mais cette fragilité même démontre en même temps à quel point, ceux qui ont bénéficié historiquement le plus de ce système, sont en fait désespérés et effrayés.
Lorenzo Komboa Ervin a déclaré: « Nous devons rendre impossible pour Trump de gouverner le pays, et devons mettre le pouvoir dans les mains du peuple dans les rues. »
Assumez votre rôle dans ces luttes et organisez-vous. Nous sommes ingouvernables et devons rendre impossible pour le système de gouverner sur des terres volées et occupées.