POUR UNE ACTION ANTICOLONIALE ET ANTIFASCISTE ‘FAITES QU’IL LEUR SOIT IMPOSSIBLE DE GOUVERNER EN TERRE VOLEE’

 

Publié par Indigenous Action
9 novembre 2016
Ook in het Nederlands
Traduction française Christine Prat

 

Pour ceux d’entre vous qui sont surpris des résultats de ce spectacle tumultueux, bienvenue dans l’ ‘Amérique’ que nous avons toujours connue.
C’est l’aveuglante ‘grandeur de l’Amérique’ aujourd’hui amplifiée par la droite nationaliste islamophobe et anti-immigrants.

Qu’un démagogue fasciste, élitiste et misogyne puisse être nommé à la tête d’un système politique, économique et social construit sur le capitalisme, le colonialisme, la suprématie des blancs, l’hétéro-patriarcat, l’esclavage et le génocide n’est pas une surprise. Ça n’a rien d’exceptionnel. C’est ce que ce pays a toujours représenté. Après tout, c’est un pays volé construit avec des vies volées.

Le mince amortisseur, récolté comme récompense d’être blanc, ou gagné en étant quelques échelons plus haut dans la hiérarchie socioéconomique, n’est qu’un voile qui fournit un degré de séparation subtil, permettant aux gens de se hisser juste au-dessus de la souffrance que nous avons connue pendant le régime néolibéral précédent.
Les 8 dernières années n’ont pas été un soulagement pour les immigrants. Le gouvernement Obama est responsable de l’expulsion de plus de gens qu’aucun autre gouvernement US de l’histoire. Entre 2009 et 2015, Obama a expulsé de force plus 2,5 millions de gens, ce qui dépasse le total de tous les présidents du XXème siècle. Les communautés Tohono O’odham ont été soumises à une forte militarisation et séparées par la frontière US/Mexique. Des villages entiers ont été déplacés et des sites sacrés ont été profanés. Ce sera amplifié par le ‘mur frontière’ dont Trump menace.
Ça n’a pas été non plus 8 années de soulagement pour ceux qui ont été bombardés et attaqués par des drones en Afghanistan, dans 90% des cas, des civils innocents.
Et comptabilisons aussi les incarcérations de masse et les meurtres de Noirs et de basanés commis impunément par la police. Ces 8 années n’ont pas changé la violence raciale d’état, elles n’ont fait que l’exciter par des proclamations obscènes d’une société ‘post-raciale’ alors que les Noirs se font tirer dessus par la police 2,5 fois plus que les Blancs.
Ajoutez-y que les Autochtones sont le ‘groupe racial le plus susceptible d’être tué par les forces de l’ordre’ aux Etats-Unis et qu’en plus, les femmes Autochtones se font agresser sexuellement et assassiner dans des proportions incomparables aux autres communautés, et vous aurez une idée plus claire de combien ces problèmes sont créés par le système.

Bien que le régime précédent reconnaisse la menace de réchauffement climatique, la réduction d’émissions de CO2 par l’extraction de charbon, en déclarant en même temps la saison ouverte pour la fracturation hydraulique et en permettant à l’industrie nucléaire de continuer ses attaques mortelles contre notre avenir, n’a pas été un acte significatif de développement ‘durable’. Le but de l’empire des Etats-Unis est de maintenir sa domination politique et économique, et ce but a toujours été alimenté par une guerre écocide contre Notre Mère la Terre aka colonialisme de ressources. Même le programme dans l’impasse de l’industrie à but non lucratif voudrait nous faire aller du blanchiment au ‘verdissement’ du capitalisme. Mais dans cette guerre contre Notre Mère la Terre, pouvons-nous risquer de recycler des tactiques inefficaces dans l’espoir que des actions symboliques changeront l’état d’esprit de nos oppresseurs ? Spécialement depuis que Trump a déclaré que le changement climatique était un ‘canular’ ?

Mais ce sont les deux faces de la même médaille. Les actes et attitudes fascistes, islamophobes, anti-immigrants, anti-Noirs, anti-Autochtones et misogynes de Trump représentent un système, pas seulement une personne ou un parti.

Un certain discours parle de moindre mal et se perd en diatribes sur un vague espoir, quelque part, mais ces thèmes nous ont été assénés, dans notre chair, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus cicatriser. C’est comme si nos corps étaient la terre profanée à chaque action de nos persécuteurs. Dans le cas de la politique électorale, ce processus n’est pas mis en question, les torts infligés non plus. Seule la mesure dans laquelle le voile couvre les blessures importe. La question n’est pas de voir les torts, mais de voir leur effet varier de la zone de confort jusqu’à la limite de l’insupportable. Ce processus est extrêmement réifiant et beaucoup d’entre nous jouent le rôle, parce que, aussi inquiétant que soit le fait d’être objectivé, l’alternative est d’être rendu invisible, inconnu, non-existant. Mais les luttes de résistance se dessèchent quand elles ne sont nourries que par un régime réduit de reconnaissance.
C’est une chose que la lutte générale, ininterrompue, contre le fascisme sait très bien.

« Nous devons rendre impossible pour Trump de gouverner le pays, et devons mettre le pouvoir dans les mains du peuple dans les rues. » –  Lorenzo Komboa Ervin

Des mouvements récents comme les Vies des Noirs Comptent (en particulier les émeutes comme celles de Baltimore et de Milwaukee) et les luttes de résistance pour les sites sacrés et l’eau comme NoDAPL (Red Warrior Camp), ont touché des nerfs de la domination coloniale et de l’exploitation des Etats-Unis.
Des combats pour nos vies dans les rues contre le terrorisme de la police, aux ripostes des gens de LGBTQI2-S contre les attaques fascistes, et aux luttes pour défendre nos terres et notre eau sacrées contre les infrastructures développées par des entreprises privées soutenues par la violence d’état et le colonialisme de ressources, tous ces moments et mouvements sont le résultat de la résistance ininterrompue qui combat depuis des centaines d’années sur ces terres.

Nous avons cessé de parler d’espoir quand nous avons dû nous concentrer sur la survie.

Alors que les réformistes s’occupaient surtout de prolonger l’agonie, nous avons commencé à nous imprégner nous-mêmes de la conviction que la souffrance va empirer. Ce n’était pas renoncer à notre pouvoir, mais une affirmation de notre capacité de guérir à nos conditions. Nous nous sommes mis à préparer nos esprits, notre intellect et nos corps avec cette conviction. Nous nous sommes reconnectés à l’idée que nous n’avons jamais eu d’autre choix que de combattre. Que la colonisation a toujours été la guerre. Que nous sommes des survivants de sa violence. Que nous n’avons jamais cessé de nous battre.

Nous comprenons la différence entre le pouvoir sur et le pouvoir avec. Et qu’il y a plus de pouvoir dans le pouvoir du peuple que dans le fait de choisir qui règnera sur lui. Qu’aucun politicien ne pourra jamais représenter les modes de vie Autochtones dans le contexte d’un système politique établi par le colonialisme. Que les politiques représentatives/électorales s’opposent à la libération de l’oppression coloniale. Que les luttes de nos ancêtres pour défendre Notre Mère la Terre et ses êtres vivants avec des prières et les armes à la main, sont toujours la même lutte que nous poursuivons aujourd’hui.

Trump a doublé la mise sur la fragilité coloniale pendant ce spectacle et a gagné. Mais cette fragilité même démontre en même temps à quel point, ceux qui ont bénéficié historiquement le plus de ce système, sont en fait désespérés et effrayés.

Lorenzo Komboa Ervin a déclaré: « Nous devons rendre impossible pour Trump de gouverner le pays, et devons mettre le pouvoir dans les mains du peuple dans les rues. »

Assumez votre rôle dans ces luttes et organisez-vous. Nous sommes ingouvernables et devons rendre impossible pour le système de gouverner sur des terres volées et occupées.

 

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