Par Indigenous Action Media
D’abord publié en avril 2021
Sur Instagram en avril 2022
Traduction Christine Prat
LA RITUALISATION D’UN JOUR DE LA TERRE MARCHAND, ET DE FAÇON SYSTÉMATIQUE, LES TENDANCES ACTUELLES DES ENTREPRISES CAPITALISTES DE LAVER PLUS VERT, ÉCHOUENT TOUTES À S’ATTAQUER DE MANIÈRE ADÉQUATE À LA DESTRUCTION DE L’ENVIRONNEMENT ET À LA CATASTROPHE CLIMATIQUE IMMINENTE AUXQUELLES NOUS SOMMES ACTUELLEMENT CONFRONTÉS.
LE JOUR DE LA TERRE MARCHAND EST DEVENU UN MOYEN DE NOUS APAISER ET DE DÉTOURNER NOTRE ATTENTION DES ACTES DE VIOLENCE PERPÉTRÉS CHAQUE JOUR CONTRE NOTRE MÈRE LA TERRE ET NOS COMMUNAUTÉS HUMAINES ET NON-HUMAINES.
LES MÊMES ENTREPRISES QUI RAVAGENT NOTRE MÈRE LA TERRE ET EXPLOITENT SES ENFANTS, TENTENT DE NOUS VENDRE UN CHOIX LAVÉ PLUS VERT DE SOLUTIONS « DURABLES » DANS NOTRE STYLE DE VIE PERSONNEL.
LES ENTREPRISES À-BUT-NON-LUCRATIF ET LES POLITICIENS NÉO-LIBÉRAUX PERPÉTUENT ET DÉFENDENT CE SYSTÈME CAPITALISTE DESTRUCTIF, DANS DES TENTATIVES DE CONSTRUIRE UNE ÉCONOMIE « VERTE » AVEC DE NOUVEAUX ARRANGEMENTS PLUS VERTS ET MÊME « ROUGES ».NOUS NE SOUHAITONS PAS QUE CET ÉTAT MARCHAND, RACISTE, HÉTÉRO-PATRIARCAL, COLONIAL ET POLICIER, SOIT « VERT », NOTRE INTENTION EST D’ABOLIR SON EXISTENCE MÊME.
NOS VIES DÉPENDENT DE LA SANTÉ ET DU BIEN-ÊTRE DE NOTRE MÈRE LA TERRE ET DE TOUS SES ENFANTS.
NOS TACTIQUES SERONT DE PLUS EN PLUS DÉSESPÉRÉES À MESURE QUE NOUS AURONS MOINS D’AIR PUR À RESPIRER, MOINS D’EAU POTABLE À BOIRE, MOINS DE TERRE SAINE POUR PLANTER.LA DÉFENSE DES SITES SACRÉS ET DES TERRES AUTOCHTONES CONSTITUE LES LIGNES DE FRONT DE NOS LUTTES POUR L’EXISTENCE. SI NOUS DÉSIRONS EXISTER, NOUS DEVONS CONTINUER À DÉFENDRE LE SACRÉ ET LIBÉRER NOTRE MÈRE LA TERRE. DÉFENDRE LE SACRÉ SIGNIFIE RIPOSTER POUR PROTÉGER NOTRE MÈRE LA TERRE, C’EST-À-DIRE L’EXISTENCE MÊME.
LE RÉCHAUFFEMENT GLOBAL EST UNE CONSÉQUENCE DE LA GUERRE DU COLONISATEUR CONTRE NOTRE MÈRE LA TERRE.
POUR EN FINIR AVEC CES MINES, CES CENTRALES ÉLECTRIQUES, CES BARRAGES ET CES OLÉODUCS, NOUS DEVONS AUSSI EN FINIR AVEC LA MACHINERIE POLITIQUE ET LES SYSTÈMES QUI LES ENGENDRENT.NOUS NE POUVONS PAS FAIRE DURER DES MODES DE VIES NON-VIABLES.
LE CAPITALISME EST L’ENNEMI DE NOTRE MÈRE LA TERRE.VOUS ÊTES LA PRIÈRE DE VOS ANCÊTRES POUR LA LIBÉRATION DE NOTRE MÈRE LA TERRE.
Par Indigenous Action,
Automne 2021
Publié le 7 novembre 2021
Traduction Christine Prat
Le réchauffement climatique est une conséquence directe de la guerre contre Notre Mère la Terre.
À moins d’affronter les idéologies et les structures fondamentales qui précipitent cette crise et les liquider, nous nous condamnons, nous et les générations futures, à la non-existence. Les grandes corporations à but non-lucratif « Super Vertes » et les organisations soi-disant non-gouvernementales (y compris Autochtones) ont posé les conditions de contestation et de triage de cette crise de telle manière que, à travers les proclamations de prévoyance supposant montrer un meilleur futur devant nous, elles se manifestent comme un bref mirage superficiel qui nous renvoie l’image inévitable de notre propre extinction, ou d’une existence dans un paysage d’enfer désolé et décimé. Mais que peut-on attendre d’autre d’une série de tactiques systématisées qui ne nous font que tourner en rond ?
Contrastant avec la crise vraiment léthale, existentielle, à laquelle toute la terre et les espèces qui en dépendent sont confrontées, les tactiques actuelle de la Désobéissance Civile Non-Violente échouent précisément parce que ceux qui les emploient se méprennent systématiquement sur l’urgence de la catastrophe à l’horizon, et adoptent la sécurité de demi-mesures, dans leur prise de position, leurs tactiques, leurs analyses, leur stratégie et leurs structures, comme « protestation » qui se manifeste matériellement comme une acquiescence enjolivée, sous la forme toujours plus symbolique de manifestations et d’aventures, dans la zone de confort politique d’une marche vers une catharsis, come si ça allait empêcher les glaciers de fondre et des espèces entières de disparaitre. Cette vaine attitude de soi-disant « protection », « préservation » et d’accumulation de « pouvoir politique » (lobby) sert au contraire à renforcer l’état et son monopole de la violence, au lieu de les défier. On ne peut que supposer une psychologie derrière cet épuisement créatif et cet aveuglement conceptuel, ou plus simplement une réticence née de la peur d’être taxé d’ « alarmisme » ou d’être « trop radical ». Alors que presque tout le Mouvement Environnemental Néo-libéral pour la Justice Climatique (et on ne peut douter qu’il est « Néo-libéral » sauf à penser que le Capitalisme Vert et l’économie Verte signifient autre chose ?), a sonné l’alarme de la nécessité absolue d’un changement radical. Dans notre cas, en tant que Peuple Autochtone, nous avons sonné l’alarme depuis avant C. Colomb, entre nous, et pour les colons envahisseurs, en leur rappelant qu’on ne peut pas manger de l’argent.
Les tactiques du Mouvement pour la Justice Climatique sont limitées dans la mesure où elles sont exprimées fondamentalement comme une forme de lobbying agressif (aux niveaux National et International). Mais on ne peut pas s’attendre à beaucoup plus, quand elles produisent des stratégies visant à limiter les dégâts, par des réformes politiques et économiques, destinées aux gens, aux forces, aux pouvoirs, aux intérêts et aux institutions mêmes qui ont créé cette crise au départ. Bien que les apparences de problèmes systémiques comme le capitalisme et le colonialisme puissent être exprimées dans des communiqués de presse et écrites sur des banderoles dans les rues, les buts stratégiques qui les sous-tendent reposent sur la reconfiguration de l’ordre social dominant, vers un état-nation orienté plus écologiquement, conscient de l’environnement, contre la force totalisante et globale que sont le Capitalisme et le Colonialisme. « Une transition juste » est une stratégie de rédemption économique pour continuer à préserver des voies qui sont intrinsèquement non-durables ; on ne peut pas chasser le Colonialisme et le Capitalisme par du Lobbying, quels que soient les efforts qu’on fasse.
Le « New Deal Vert », comme sa parente l’ « Économie Verte », ont pour but de maintenir le projet colonial des Etats-Unis, et les relations capitalistes dont les intérêts reposent sur la spécificité de l’ « exploitation » (destruction) continuelle de la Terre entière – en empochant des bénéfices, bien sûr. Dans le cas du New Deal Vert, qui à bien des égards a conçu son propre enfant, le New Deal Rouge, qui, en plus de plagier, diriger et coopter le travail à long terme de Justice Climatique Autochtone – le « New Deal Rouge » de la Nation Rouge, donc, propose une réaction anticapitaliste et anticoloniale dramatiquement limitée, qui non seulement renforce l’industrialisation mais conduit finalement à une participation continue au Capitalisme lui-même, seulement « renommé » et « réformé », sous une Rubrique Socialiste « transitionnelle », qui conduit aux propositions de leur organisation Marxiste d’un état autoritaire « décolonisé », géré par les travailleurs, comme meilleure solution. Ainsi, tandis que nous mourons collectivement de l’air que nous ne pouvons pas respirer, de l’eau que nous ne pouvons pas boire – ou qui ont atteint un prix inabordable – ici et maintenant, nous sommes supposés attendre la construction d’une Utopie Socialiste de plus. Une utopie construite sur l’actuelle dystopie de déserts qui s’étendent et de catastrophes climatiques sur tous les continents. Du pouvoir nucléaire mortel au lithium et à l’extraction minière de terres rares, et à la privatisation de l’eau, les versions plus vertes de toute économie sont toujours la guerre contre Notre Mère la Terre et toute existence. Mais oui, pour sûr nous « pouvons programmer transitionnellement » notre sortie de tout cela, pas vous. Ce n’est pas une solution, même pas une intervention, encore moins une interdiction, dans ou sur le Capitalisme de Catastrophe Globale, c’est une pensée fantaisiste de groupe. C’est une mort par suicide accélérée.
NOUS NE VOULONS PAS D’UN ÉTAT COLONIAL FAVORABLE À L’ENVIRONNEMENT, NOUS CHERCHONS À ABOLIR SON EXISTENCE MÊME.
L’avant-garde des groupes de justice climatique Autochtones font du prosélytisme avec le récit de leur propre victimisation, dans des termes qui accroissent les fonds accordés à leurs corporations à but non-lucratif pour payer leurs salaires excessifs et des actions de protestation pour le climat, c’est-à dire des coups de Relations Publiques, avec une équipe juridique en réserve. Ceci pendant qu’ils rivalisent pour être sous les projecteurs et manifestent avec des célébrités pour obtenir une reconnaissance organisationnelle et une homogénéité de but populaire, sans parler de la standardisation de la stagnation tactique et stratégique.
L’assertion que nous protégeons 80% de la biosphère mondiale est devenue une variante de l’idée coloniale du « fardeau de l’homme Blanc », ici simplement changé en « fardeau du colonisé ». C’est la logique coloniale distordue de l’activisme climatique : réduire nos manières d’être et nos luttes continuelles complexes à des points de discussion, seulement pour prouver que nous méritons « un siège à la table », c’est le « Changement » par l’arithmétique, en se vendant mieux, en se labélisant et en faisant sa publicité. Par la cérémonie, et une myriade d’actions directes tactiquement dynamiques, nous protégeons toute l’existence – pas seulement des pourcentages. Notre pouvoir ne se trouve pas à la table du colonisateur, il se trouve et se rallume dans les flammes qui le consument.
En calculant que la résistance Autochtone à 20 projets de carburants fossiles a « stoppé ou retardé » des émissions de carbone équivalent approximativement à 25% des émissions annuelles des Etats-Unis et du KKKanada, les activistes climatiques révèlent le pouvoir de l’action directe, cependant ils assignent à leurs campagnes plus de crédit qu’elles n’en méritent. En particulier, en citant les pertes importantes causées à des projets comme le DAPL ou la Ligne 3 dans leurs rapports, les statistiques tendent à créer un climat d’optimisme illusoire, que nous considérons comme une voie pleine de danger et de mort. Si nous ne sommes pas honnêtes à propos des échecs de nos mouvements, à quoi sert de varier les tactiques, et, ce qui est plus important, l’ajustement de notre stratégie totale pour encore un changement de plus des statistiques ? Ça ressemble à un argumentaire de vente malhonnête et laisse de côté les discussions importantes de ce qui marche effectivement pour arrêter la catastrophe climatique. Ça fournit aussi la latitude pour que la prévention du changement climatique et les terribles catastrophes qui y sont liées, soient vus comme « optionnels ». Pas nécessairement existentiel, ce qui est pourtant le cas. Toutes les espèces qui résident sur cette planète sont littéralement menacées d’extinction et de destruction de masse. Nous ne sommes pas convaincus qu’il faille en faire un jeu de chiffres pour célébrer la perturbation de 25% d’une industrie, alors que nous avons perdu 98% des batailles dans une guerre avec de tels enjeux. En particulier quand ces campagnes d’activisme ont dépensé des centaines de millions, alors que des milliers d’entre nous sont en prison et trainés devant des tribunaux racistes. Nous ne sommes pas (entièrement) pessimistes, nous voulons avoir une discussion honnête sur ce qui marche et ce qui ne marche pas. La crise est urgente et le moment désespéré. Ce n’est pas « en suspens », les crises sont ici, maintenant, partout et à tout moment. Si nous nions les échecs et minimisons ou ignorons les leçons que nous pouvons en tirer, comment pourrions-nous changer et accroitre les stratégies et les tactiques plus efficaces ?
Il n’est pas de notre responsabilité de faire durer des modes de vie non-durables.
En fait, C’EST de notre responsabilité de les détruire. Leur entretient comme « durables » est le fardeau assumé de l’actuel mouvement pour la justice climatique, celui qui a terriblement besoin d’un changement radical en soi et pour soi, qui est devenu un projet du « fardeau du colonisateur », construit sur le génocide ininterrompu des colonisés, résonnant depuis le début de ces plus de 500 ans. Si nous ne souhaitons pas être des ennemis de Notre Mère la Terre, c’est à nous de changer, et d’être fidèles à nos responsabilités et à notre mutualité envers la Terre et d’agir en conséquence. Ça a toujours signifié que nous devons chercher à réaffirmer les modes de vies de nos ancêtres par des interventions spirituelles et pratiques (de cultiver notre nourriture à brûler leurs forteresses et tout ce qu’il y a entre les deux). C’est la tension entre l’harmonie et la discorde qui nous a toujours défiés dans ce monde.
Pour arrêter complètement ces mines, ces usines, ces barrages et ces oléoducs, nous devons bloquer la machine et les systèmes politiques qui les engendrent à la racine.
Notre pouvoir n’est pas sous les projecteurs avec davantage de porte-parole qui négocient notre reconnaissance et se produisent pour le public colonial. Il n’est pas limité à la parole des réseaux sociaux ou criée dans un mégaphone lors d’une manifestation autorisée. Notre pouvoir est dans les ombres projetées par les flammes de ce système brulant complètement, pendant que nous allumons une autre allumette.
Par Indigenous Action
13 septembre 2021
Traduction Christine Prat
Ceci est un appel à un Jour de Colère des Peuples Autochtones Contre le Colonialisme, le dimanche 10 octobre 2021, partout.
L’an dernier a été féroce.
Avec des milliers de restes d’enfants Autochtones découverts cette année dans des fosses communes près des écoles « résidentielles » au KKKanada, nous avons rajouté du carburant aux feux de notre colère collective et de notre besoin de vengeance contre le violent héritage des écoles coloniales. Nous appelons à des actions autonomes, anticoloniales, anticapitalistes et antifascistes. Nous descendrons dans les rues et nous occuperons les eaux et les forêts. Nous interviendrons contre la violence des colons et du colonialisme de ressources. Nous défendrons nos communautés. Nous voyons ce Jour de Colère comme décentralisé, rempli d’action directe créative (à l’air libre et en sous-sol) et audacieuse, avec une diversité de tactiques extraordinaire. Ce pourrait être des défilés, des occupations, des barrages, du théâtre de rue, ce pourrait être des messages anticoloniaux peints sur les murs, ce pourrait être la chute de monuments ou poursuivre les pensionnats/écoles résidentielles, les locaux de l’I.C.E. ou de compagnies extractivistes coloniales et leurs machines. Ce pourrait être des centaines de gens ou juste quelques-uns, dans un groupe d’affinité pour une action ciblée.
Ce à quoi ça ressemble dépend en fait de vous.
Visitez notre site pour plus d’infos.
Organisez-vous et inscrivez-vous, ou trouvez une action ici.
Les tombes de masse sont loin d’avoir toutes été découvertes. Le 7 septembre 2021 quelqu’un a mis l’annonce suivante sur Instagram:
La Nation Navajo est la communauté la plus dévastée par l’épidémie des Etats-Unis. L’article ci-dessous est un extrait d’un texte beaucoup plus long, que vous trouverez sur ce site. Le texte a été écrit en mai 2020 par Klee Benally et publié partiellement à l’époque. Dans ce texte, Klee Benally retrace l’historique de la Réserve Navajo, de son exploitation et du bouleversement que ça a causé dans le mode de vie des Navajos, avec pour conséquence que leur santé s’est beaucoup dégradée, ce qui les a rendus plus réceptifs aux maladies, aux virus, et au coronavirus en particulier. Le texte va beaucoup plus loin que l’analyse de la situation actuelle. Il dénonce le colonialisme, l’exploitation sauvage des ressources minières, les changements forcés du mode de vie Navajo, l’incompatibilité absolue entre la société capitaliste et les – saines – traditions Navajo.
Christine Prat
Par Klee Benally (extraits)
Publié par Indigenous Action Media
22 avril 2021
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Diné Bikéyah (la Nation Navajo) a fait face au plus haut pourcentage de cas de COVID-19 de tous les états coloniaux de peuplement des Etats-Unis.
Est-ce que cette pandémie a touché notre peuple hors de toutes proportions seulement parce que nous manquons de lignes électriques et de plomberie ? Est-ce seulement parce qu’il n’y a pas d’énormes centres commerciaux dans tous les coins de notre réserve ? Serions-nous vraiment mieux immunisés contre cette maladie si chaque membre de notre tribu avait un emploi ?
Déshumaniser les récits a toujours fait partie du décor, ici dans le Sud-ouest aride. Si vous clignez des yeux sur votre route vers le Grand Canyon, c’est facile de manquer le contexte brutal de colonisation et l’expansion du capitalisme. Nous vivons ici et nous ne le voyons même pas nous-mêmes. Nous sommes trop occupés à planter le panneau ‘Gentils Indiens Derrière Vous’.
Alors que les politiciens de la Nation Navajo imposent des couvre-feu strictes le weekend, interdisent les rassemblements cérémoniaux, et restreignent l’aide mutuelle indépendante. Alors que les soi-disant ‘villes-frontière’ de la réserve, notoirement racistes comme ‘Gallup, Nouveau-Mexique, se débarrassent de nos parents SDF contaminés et instaurent des ‘Décrets anti-Émeute’ pour restreindre le flux de Diné qui dépendent des provisions entassées dans leurs centres commerciaux, le spectre du but historique du système de réserves nous hante comme un fantôme négligé, qui retient chacune de nos respirations, qui s’accroche à nos os.
Ce qui est omis dans le spectacle fiévreux du tourisme de désastre du COVID-19, c’est que ces statistiques sont dues aux attaques permanentes contre nos modes de vie culturels, notre autonomie, et, par extension, notre autosuffisance individuelle et collective.
Alors que les privations économiques et la rareté des ressources sont les réalités auxquelles nous sommes confrontés, notre histoire est beaucoup plus complexe et plus puissante que cela, c’est une histoire d’espace entre l’harmonie et la dévastation. C’est l’histoire de nos ancêtres et des générations à venir. C’est une histoire de ce moment de mutualisme et de résistance Autochtones.
La Colonie d’exploitation des ressources Navajo et le COVID-19
La violence coloniale et la violence contre la terre ont rendu notre peuple plus réceptif aux virus tels que le COVID-19.
Tandis que le virus se répand de manière invisible à travers notre région, un nuage de méthane de 6500 km², dont on ne parle pas non plus, flotte au-dessus des terres Diné, ici, dans la région des ‘Quatre Coins’. Des chercheurs de la NASA ont déclaré que « la source est vraisemblablement l’extraction et le traitement de gaz, de charbon et de méthane de houillères ». Le méthane est le second plus important gaz à effet de serre émis aux soi-disant ‘Etats-Unis’ et peut être jusqu’à 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.
Deux énormes centrales au charbon, la San Juan Generating Station et la Centrale de Four Corners fonctionnent dans la région. Prises comme une seule entité, ces deux centrales sont le deuxième consommateur de charbon des ‘Etats-Unis’. La plupart de l’énergie produite est transmise directement, en passant le long des maisons de la réserve, aux colons en ‘Arizona, Nevada et Californie’.
On sait depuis longtemps qu’au fil du temps, respirer la pollution de sources telles que des centrales au charbon endommage les poumons et affaiblit la capacité à lutter contre les infections respiratoires. Les universités coloniales des USA et des médias ont admis que l’exposition à la pollution de l’air accroissait le taux de mortalité du COVID-19. En même temps, l’Agence pour la Protection de l’Environnement (EPA) a assoupli les règles environnementales pour les pollueurs, en réaction à la pandémie, ouvrant ainsi la porte à des projets d’extraction coloniaux imposés sur les terres Diné, afin qu’ils intensifient leurs activités.
Selon un récent rapport intitulé « Exposition à la pollution de l’air et mortalité du COVID-19 aux Etats-Unis », les malades atteints du COVID-19 dans les régions impactées par de hauts niveaux de pollution de l’air avant la pandémie, sont plus susceptibles de mourir du virus que les malades d’autres régions des ‘USA’.
Le New York Times a publié un article sur le rapport, disant qu’ « une personne exposée à de hauts niveaux de particules fines a 15% de risque de plus de mourir du coronavirus qu’une autre dans une région avec seulement une unité de pollution aux particules fines de moins. »
Le rapport dit aussi que « bien que l’épidémiologie du COVID-19 évolue, nous avons déterminé qu’il y a une large coïncidence entre les causes de décès de malades du COVID-19 et les maladies causées par une longue exposition aux particules fines. » Le rapport note également que « le 26 mars 2020, l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a annoncé un assouplissement considérable des règles environnementales en réaction à la pandémie de coronavirus, permettant aux centrales électriques, aux usines et autres sites industriels de déterminer eux-mêmes s’ils sont capables de satisfaire aux exigences légales de signaler la pollution de l’air et de l’eau. »
Selon le site web de la Compagnie du Gaz et du Pétrole de la Nation Navajo (NNOGC), « en 1923, un gouvernement tribal Navajo a été établi en premier lieu pour que le Bureau des Affaires Indiennes approuve des contrats avec des compagnies pétrolières américaines, avides [sic] de commencer des opérations de forage pétrolier sur les terres Navajo. »
Sans doute, presque toutes les décisions économiques prises par le gouvernement tribal depuis (à quelques exceptions près) ont facilité l’exploitation de Notre Mère la Terre pour le profit.
Pour chaque attaque contre Notre Mère la Terre menée par des entités coloniales, les Diné se sont farouchement organisés pour protéger Nahasdzáán dóó Yádilhil Bits’áádéé Bee Nahaz’áanii ou la Loi Naturelle Diné.
[…]
Actuellement, il y a plus de 20 000 puits de gaz naturel, et des milliers d’autres en projet, dans et près de la Nation Navajo, dans le Bassin de la rivière San Juan, une structure géologique d’environ 20 000 km², dans la région des Quatre Coins [Four Corners]. L’Agence pour la Protection de l’Environnement des ‘Etats-Unis’ a trouvé que le Bassin de la San Juan était « le bassin de méthane de houillère le plus productif d’Amérique du Nord. » Rien qu’en 2007, les entreprises ont extrait près de 4000 milliards de m³ de gaz naturel de la région, en faisant la plus grande source aux Etats-Unis. Halliburton, qui fut ‘pionnier’ de la fracturation hydraulique en 1947, a entrepris la ‘refracturation’ de puits dans la région. La fracturation gaspille et pollue une incroyable quantité d’eau. Un seul puits de méthane de houillère peut utiliser jusqu’à 1,6 millions de litres d’eau, et un seul puits de gaz de schistes jusqu’à 45 millions de litres. Comme je l’ai déjà mentionné, c’est une région dans laquelle environ 30% des familles n’ont pas accès à l’eau courante. Le Bassin de la San Juan est aussi considéré comme « le plus prolifique producteur d’uranium des Etats-Unis. » L’uranium est un métal lourd radioactif, utilisé dans les réacteurs nucléaires et la production d’armes. On estime que 25% de tout l’uranium encore exploitable du pays se trouve dans Diné Bikéyah. Pendant la soi-disant ‘Guerre Froide’, les terres Diné ont été extrêmement exploitées par l’industrie nucléaire. De 1944 à 1986, environ 30 millions de tonnes de minerai d’uranium ont été extraits des mines. Les travailleurs Diné ont été peu informés des risques pour leur santé, beaucoup n’ayant même pas été équipés de protections. Quand la demande d’uranium a décru, les mines ont fermé, laissant plus de 1000 sites contaminés. À ce jour, aucun n’a été complètement nettoyé.
[…]
Les Déserts Alimentaires : Un Projet de Violence Coloniale
Notre santé a été détruite par des maladies liées à la malnutrition, imposées par les attaques coloniales contre notre système culturel d’alimentation. Diné Bikéyah n’était pas un ‘désert alimentaire’ avant la colonisation. Selon l’Association Américaine du Diabète, « Les diabétiques ont une plus grande chance d’avoir de graves complications avec le COVID-19. En général, les diabétiques ont plus de chances d’avoir des symptômes graves et des complications quand ils sont contaminés par un virus. » Un Diné sur trois est diabétique ou prédiabétique, dans certaines régions, les soignants signalent avoir diagnostiqué du diabète chez tous les malades.
En 2014, l’organisatrice Diné Dana Eldrige, a publié un rapport accablant sur la Souveraineté Alimentaire Diné, par l’intermédiaire de l’Institut pour les Politiques Diné. Dans le rapport, le concept de Nation Navajo comme ‘désert alimentaire’ était replacé dans le contexte d’un processus de colonialisme et de capitalisme.
Le rapport définissait un Désert Alimentaire comme « une zone, urbaine ou rurale, sans accès à une nourriture fraiche et saine à un prix abordable. Alors que les déserts alimentaires sont privés de nourriture saine abordable, les aliments transformés, mauvais pour la santé, y sont plus facilement accessibles… [Les Déserts Alimentaires] impliquent un fort taux de maladies dues à la malnutrition.
[…]
Nos terres ne sont pas devenues un ‘désert alimentaire’ par accident ou par manque d’infrastructures économiques, l’histoire du manque de nourriture dans nos communautés est directement corrélée à une histoire d’invasion coloniale violente.
[…]
Voir l’histoire de cette colonisation violente dans le texte intégral.
Par Indigenous Action
16 mars 2021
Traduction Christine Prat
« Des Complices, Pas des Alliés » reste une condamnation des déclarations d’ ‘alliance’ artificielles, ce n’est pas un support pour une mise en scène théâtrale de la fausse conscience.
Ceux qui appellent à la ‘justice’ et la ‘liberté’, mais n’offrent leur solidarité qu’à la condition que ça ne mette pas en cause les récompenses qu’ils obtiennent de la colonisation et d’autres systèmes d’oppression, ceux-là sont fondamentalement des imposteurs. Il est impossible de le dire autrement.
Depuis que nous avons produit la provocation intitulée « Accomplices Not Allies » [« Des Complices, Pas d’Alliés »] en 2014, nous avons assisté à son extraordinaire prolifération et récupération. Nous ne sommes pas surpris que des ‘progressistes’ gravitent vers toute impression d’authenticité, leur manque de sincérité est tel que toute vérité peut être manipulée et utilisée pour camoufler et maintenir leurs privilèges.
Pour les opportunistes non-critiques permanents qu’ils sont, ‘la vérité’ ne peut qu’être toujours perdue dès qu’ils s’en emparent. Leur vocation n’est ni la vérité ni la justice, c’est la fomentation d’illusions et de confusion visant à laisser les exploités et les opprimés divisés et intoxiqués par de fausses promesses et dans un défaitisme permanent déguisé en son contraire. Parce qu’au fond, ils savent que ceux qui sont authentiquement opprimés et colonisés ne peuvent pas obtenir justice de leurs colonisateurs et leurs oppresseurs. Ils savent tout autant qu’eux-mêmes, en tant qu’opportunistes, collaborateurs et co-oppresseurs peuvent obtenir ‘justice’ sous la forme de ‘récompenses’, sous le Colonialisme Capitaliste des colons. C’est littéralement le moyen d’échange, vu que la ‘justice’ signifie ‘nous seulement’. Ça présuppose nécessairement le maintient du statu quo, quoique peut-être en des termes plus décoratifs et embellis.
Ce nouvel exemple dans une longue histoire d’activisme théâtrale et d’auto-promotion étalé aux Grammy n’est pas une exception.
Nous aurions pu nous satisfaire d’ignorer ce grandiose spectacle élitiste, mais nous nous sommes sentis piqués quand la musique s’est arrêtée et que cette déclaration gênante, associée à notre analyse initiale, a été faite : « Il est temps que nous exigions la liberté que ce pays promet… Nous n’avons pas besoin d’alliés, nous avons besoin de complices. »
Nous sommes bien obligés de dire clairement qu’un pays volé n’offre aucune promesse de liberté. C’est le grand mensonge historique de envahisseurs coloniaux dont les promesses de liberté et de démocratie ont été accomplies par le génocide, le pillage et l’esclavage. C’est ce que la ‘liberté’ et la ‘’démocratie’ des colons sur des terres volées implique. À moins que nous n’oubliions que le concept même de la ‘Démocratie’ et de la ‘Représentation’ Américaines ait été détourné, volé et corrompu par ces mêmes psychopathes violents, aux dépens des Autochtones soumis à cette violence et au colonialisme.
Nous voulons qu’il soit parfaitement clair que nous ne demandons rien des dirigeants d’un empire de mensonges construit par et sur des vies volées. Que l’appel à l’action ait été adressé à Biden et non aux gens qui continuent à se soulever et combattre pour la libération souligne le manque de sincérité et d’inspiration, ainsi que les aspirations limitées de la déclaration et du slogan ‘jusqu’à la liberté’. Lancer un tel appel rend tout alignement, sans parler de complicité, impossible. Mais nous ne nous attendons pas à ce qu’une telle nuance puisse venir, sans même parler du niveau de conscience, des Grammy Awards, ou des activistes progressistes, sous les projecteurs d’une scène ou en s’emparant du mégaphone dans la rue. Ceux-là SONT des ‘Alliés’ qui cherchent encore la légitimité dans cette représentation : la mise en scène d’une esthétique militante avec des exigences progressistes, devant un public d’élite, les applaudissements de la foule, puis la vie habituelle continue, pas les actions, pas la conduite ni les positions des Complices, mais plus exactement les actions de traitres, ou, comme disait Malcolm X, de Renards libéraux au service des Loups. Il nous faut un sens de l’histoire et de la nuance pour en comprendre la signification, mais nous sommes assez critiques pour SAVOIR effectivement comment sont réellement nos parents à quatre pattes et fourrure. Nous ne pensons pas qu’ils se choqueraient de l’analogie, après tout, vu qu’ils SONT nos Complices et nous sommes les Leurs.
Ce schéma de pirouette rhétorique et de déformation a toujours été la manière typique dont le complexe industriel à but non-lucratif et l’activisme/progressisme professionnel déguisé en militant, ont détourné et utilisé comme arme Accomplices Not Allies et la plupart des appels à la solidarité radicale contre les mouvements même qu’il prétend soutenir. Ils sont littéralement les gens même qu’Accomplices Not Allies décrit et critique. Nous en avons fait l’expérience dans nos propres luttes et nous en avons été témoin avec le mouvement Black Lives Matter, nous avons été l’auteur de la provocation d’origine pour désigner expressément ce fait. À moins que ce que nous disons maintenant ne soit encore déformé par ces agents pathogènes appelés ‘Alliés’, ou sous d’autres déguisements, nous voulons être clairs, nous soutenons sans équivoque Black Lives Matter dans sa rébellion militante contre la suprématie blanche et la violence d’état. La solidarité des communautés BIPOC [Noirs, Autochtones, Gens de Couleur] est essentielle pour notre lutte collective vers la libération totale. Cependant, la plupart des déclarations de ‘complicité’ (comme certains entrepreneurs du mouvement l’appellent regrettablement) sont des interprétations de l’article d’origine qui en réalité le détourne au profit de la cooptation et de la position contre-insurrectionnelle au service de la continuation absolue du colonialisme, du génocide et de l’esclavage. Dans un monde où les faits de nos vies quotidiennes sont matériellement abjects et visiblement allant de soi, il n’y a rien à interpréter, il n’y a pas d’histoire, pas besoin de suites, c’est ce que nous vivons.
Si vous ne défiez ni n’ébranlez le pouvoir par des actions qui brisent les liens, les lois et l’ordre social qui sont notre condition permanente de génocide colonial, vous n’êtes pas NOTRE complice. Quoique vous soyez certainement le complice de quelqu’un.
Cependant, notre pouvoir est avec le peuple, nos ancêtres et nos terres sacrées.
Nous vous invitons à lire le texte original, à déterminer votre position, à vous impliquer et à agir dans la lutte anticoloniale.
Article original en anglais:
https://www.indigenousaction.org/accomplices-not-allies-abolishing-the-ally-industrial-complex/
Traduction – approximative:
https://chrisp.lautre.net/wpblog/?p=2339
Par Indigenous Action
Publié sur Facebook
21 octobre 2020
Traduction Christine Prat
En termes de spiritualité Autochtone, il n’y a rien de sacré dans l’acte de choisir qui va vous gouverner et avec quelles règles vivre sous la domination coloniale. Faire allégeance à, et perpétuer activement l’ordre politique colonial qui est fondé sur le génocide, l’esclavage et l’écocide, est en réalité une mort spirituelle pour les Peuples Autochtones. C’est une violence contre les luttes de nos ancêtres.
Historiquement, les Peuples Autochtones ont résisté aux politiques assimilationnistes des Etats-Unis, qui leur ont imposé la citoyenneté et nous ont dépouillés de notre souveraineté. Ce programme d’assimilation a été responsable des pensionnats, conçus pour saper violemment nos manières d’être, y compris nos systèmes de gouvernance culturels. Il n’y a rien de sacré dans l’institution violente de pensionnats, ni dans l’imposition de la citoyenneté US et de la gouvernance coloniale.
Dire « voter c’est sacré » sape également des décennies de luttes pour affirmer le caractère sacré et la protection de nos sites sacrés. Si on confère un caractère sacré à l’acte de déposer un bulletin dans l’urne, on renforce les affirmations des tribunaux coloniaux qui tenaient profondément les croyances Autochtones pour « des expériences émotionnelles et subjectives. » (Voir le cas de la Nation Navajo contre le Service des Forêts et autres).
La résistance Autochtone, par contre, EST sacrée. Bien que certains de nos ancêtres se sont battus pour participer à la politique coloniale (ou un siège à la table du colonisateur), ils furent beaucoup plus nombreux à se battre farouchement pour la libération par la cérémonie et la prière.
Les pratiques religieuses Autochtones ont été interdites par les Etats-Unis jusqu’en 1978. Nos cérémonies ne se sont pas arrêtées sous prétexte qu’elles étaient « illégales. » La Loi sur la Liberté Religieuse des Indiens d’Amérique a été adoptée à cause des puissants soulèvements militants qui avaient commencé à Alcatraz et ont continué avec les occupations et les actions de l’A.I.M.
Les luttes de nos ancêtres pour protéger nos terres et nos modes de vie n’étaient pas causées par un bulletin de vote. Ne confondons pas cela avec une campagne astucieuse de marketing politique, qui réifie sans critique l’autorité du colon. Les organisations à but non-lucratif reçoivent des milliers de dollars pour démarcher pour des votes. Le complexe industriel à but non-lucratif a été conçu pour réprimer et contrôler les mouvements. (Voir La Révolution Ne Sera Pas Subventionnée)
Peu importe que vous salissiez l’urne électorale, elle ne peut pas être décolonisée.
LA RÉSISTANCE AUTOCHTONE EST SACRÉE
Publié par Indigenous Action
(D’abord publié par It’s Going Down)
Auteur anonyme, 12 octobre 2020
Traduction Christine Prat
Reportage de Kinłání (soi-disant Flagstaff) sur une marche militante qui a défilé dans les rues en solidarité avec Le Jour de Rage des Peuples Autochtones Contre le Colonialisme
De 75 à 100 personnes se sont rassemblées sur Heritage Square, dans le centre de Kinłání (Flagstaff), Arizona, le soir du dimanche 11 octobre, pour participer à l’appel national pour un « Jour de Rage des Peuples Autochtones Contre le Colonialisme ».
Des Autochtones de tout Turtle Island (Amérique du Nord) avaient appelé à cette manifestation, des complices s’y étant joints en soutien. Il y avait eu des appels à manifester de Nova Scotia jusqu’à Hawaï, de Tampa en Floride jusqu’en Colombie Britannique et beaucoup d’endroits entre ces pays. Les diverses localités participant à l’appel à l’action avaient en commun le déplacement violent et la tentative d’extermination des Peuples Autochtones au cours des cinq siècles passés, qui continue aujourd’hui.
Une foule s’était rassemblée sur Heritage Square, au centre de Kinłání, au milieu des chants et des tambours.
Les participants se sont rassemblés vers 17h30, chantant, jouant du tambour et brûlant de la sauge, tandis qu’ils maintenaient une présence militante sur toute la place. La plupart des participants étaient en noir et portaient des masques pour protéger leur identité et pour éviter la dissémination du COVID-19, quelques-uns portaient des treillis, style militaire. La foule était multigénérationnelle et multiraciale, avec une forte présence de jeunes et d’Autochtones qui dirigeaient les évènements. Des banderoles ont été déroulées, sur lesquelles on pouvait lire « Rendez la Terre », « Le Colonialisme est la Peste », « Quelque soit Celui pour lequel ils Votent, Nous sommes Ingouvernables » et d’autres slogans.
Une banderole attirait l’attention sur la crise des Femmes, Filles, Trans et 2Esprits Autochtones Disparues ou Assassinées.
Au bout de quinze minutes, la foule partit pour marcher dans les rues du centre de Kinłání, perturbant la circulation et scandant : « À qui est le pays ? C’est le pays Autochtone ! »
La police a maintenu une présence limitée toute la soirée, quelques agents suivaient la marche à pied, d’autres plus nombreux tentaient d’anticiper les mouvements de la foule qui risquaient de bloquer la circulation. Ceux-là ont largement échoué, car la foule ne s’est pas tenue à un trajet prévisible, elle a zigzagué à travers les rues, entrant et sortant de la circulation et perturbant le quartier touristique congestionné.
Quelquefois, les rapports avec les automobilistes et les passants étaient enthousiastes et solidaires, d’autres fois ils étaient hostiles. Au cours de la soirée, la marche a gonflé en nombres de participants, des gens descendaient des trottoirs pour la rejoindre. Au milieu de la soirée, alors que le soleil se couchait et que la foule se tenait au croisement de la rue de San Francisco Nord et de l’avenue d’Aspen Est, deux femmes blanches d’âge moyen se sont jointes en scandant « hey hey, ho ho, ces flics racistes doivent partir. »
La foule tient le croisement de la rue de San Francisco Nord et de l’avenue d’Aspen Est au centre de Kinłání.
Tandis que la soirée s’écoulait, il y eu plus d’agitation, des cônes de signalisation, des chevalets et d’autres équipements routiers furent tirés dans les rues, des feux d’artifice furent allumés, et il y eut de brèves confrontations avec la police. En passant près du patio bondé d’une pizzeria chique, quelqu’un dans la foule jeta un ballon à eau rempli d’un liquide rouge tandis que la foule scandait « le silence des blancs est de la violence ».
D’une barrière de circulation renversée, de l’eau coulait dans la rue.
Quand la foule a défilé autour de l’Hôtel de Ville de Flagstaff, et s’est retrouvée devant les agents à pied qui suivaient la marche, des manifestants ont tambouriné contre les fenêtres du bâtiment et jeté des ballons remplis de peinture contre les murs. Quand les flics se sont précipités pour protéger le bâtiment et tenter d’arrêter ceux qui causaient les dégâts, la foule est vite intervenue pour se protéger mutuellement.
Les évènements qui se déroulent dans tous les soi-disant Etats-Unis, ont attiré l’attention sur divers problèmes touchant les communautés Autochtones, des effets hors de proportion du COVID-19 sur les Autochtones à la construction du « Mur de l’Apartheid » en territoire Tohono O’odham, le long de la frontière US/Mexique, et à la dévastation continuelle de l’environnement sur les terres Autochtones perpétrée par le gouvernement des Etats-Unis et les grandes compagnies privées.
La foule se maintient devant l’Hôtel de Ville de Flagstaff.
« Nous ne croyons pas que nous pouvons sortir de cette crise par le vote » peut-on lire dans leur déclaration. « Nous n’allons pas mendier aux politiciens une réforme du système même qui s’est fondé sur notre génocide et la destruction de Notre Mère la Terre. Nous exigeons quelque chose de plus efficace menant à l’éradication du colonialisme sur nos terres. »
Toute la soirée, les organisateurs ont aussi exprimé leur solidarité avec le mouvement Black Lives Matter, contre le racisme et les violences policières. « Nous avons célébré et soutenu la rage des soulèvements spontanés et puissants de Black Lives Matter, qui ont entrainé la chute de monuments aux colonisateurs et mis à genoux l’équipe Nationale de Football raciste de Washington* » peut-on lire dans la déclaration nationale. Pendant la marche, la foule scandait « Black Lives Matter ! Justice Autochtone ! » et on pouvait lire sur une grande banderole « Des Gens Volés, Un Pays Volé – Solidarité Autochtone/Black ».
Les banderoles et les slogans pendant toute la manifestation, ont exprimé la solidarité avec les luttes des Noirs pour la libération.
La marche a eu lieu la veille au soir de la célébration officielle de la Journée des Peuples Autochtones par la ville, qui devait avoir lieu en ligne sur Zoom pendant toute la journée du lundi 12 octobre, et semblait être à beaucoup d’égards, le contrepoint des évènements officiels. « Nous sommes de plus en plus frustrés par la politique assimilationniste mal inspirée de la Journée des Peuples Autochtones. Des corporations à but non lucratif et des organisations essaient de pacifier et d’assimiler nos Peuples plus profondément dans la politique de colonialisme de population » peut-on lire dans la déclaration nationale.
Aujourd’hui, tandis que l’état d’Arizona célèbre pour la toute première fois sa Journée officielle « des Peuples Autochtones », avec des politiciens bafouilleurs qui font des tentatives maladroites pour pacifier les appels urgents à régler leurs comptes avec l’histoire sanglante de l’Amérique, les rues de Kinłání renvoient encore l’écho des slogans de la nuit dernière : « Que faites-vous quand vos parents meurent de faim dans les rues ? Résistez, ripostez ! »
*L’équipe de foot de Washington s’appelait « les Redskins » (les Peaux-Rouges) jusqu’en juillet 2020. Les Autochtones protestaient contre ce nom depuis des années. Suite aux évènements racistes de cette année et aux réactions qu’ils ont provoquées, le club a enfin accepté de changer de nom.
Les Autochtones des Etats-Unis sont entièrement solidaires du mouvement Black Lives Matter. Il faut dire qu’ils subissent le même sort depuis 1492, quelques soient les gouvernements. Malheureusement, en France, les médias dominants ont depuis longtemps fait croire à l’opinion publique que les Autochtones étaient en voie de disparition, quasiment inexistants, et qu’hélas il est trop tard pour s’en préoccuper. En fait, depuis que ça ne se fait plus d’exterminer des populations ouvertement, la population Autochtone a recommencé à augmenter, et ne veut plus se laisser faire. En proportion de la population, encore plus d’Autochtones sont incarcérés et tués par des flics que de Noirs. Actuellement, non seulement les flics n’hésitent pas à tuer dans les manifestations, mais des groupes fascistes, racistes et néo-nazis, convaincus de leur impunité, attaquent les manifestants, les gens de couleur, les LGBTQ, et, bien sûr, les Autochtones.
Christine Prat
PARLEZ AUX FASCISTES DANS UN LANGAGE QU’ILS PEUVENT COMPRENDRE
Par Indigenous Action
Septembre 2020
Notre interprétation de la classique assertion antifasciste, à savoir que des protestations pacifiques n’arrêteront pas le fascisme.
Ceux qui appellent à des « manifestations pacifiques » ignorent la réalité, que la guerre de colonisation brutale et sanglante n’a jamais cessé. Honorer nos ancêtres et les générations à venir signifie défendre activement nos communautés et nos terres.
Pour les vies perdues au cours du puissant soulèvement #BlackLivesMatter . Pour tous ceux qui, dans les rues, ne reculerons pas face à la violence fasciste. La solidarité signifie attaquer.
Un poster réalisé par Indigenous Action Media, pour lutter contre l’alcoolisme chez les Autochtones.
Par Indigenous Action
Septembre 2020
NOTRE CULTURE EST PLUS FORTE QUE LEUR POISON
L’alcool est une arme économique et politique utilisée par les colonisateurs pour manipuler, contrôler et anéantir les Peuples Autochtones. Par des actes racistes déshumanisants, beaucoup des nôtres sont devenus un stéréotype haï par la société colonialiste de peuplement. Cette déshumanisation permet à la violence perpétrée contre nous et le territoire de devenir une pratique acceptée. C’est aussi une violence que certains des nôtres internalisent et redirigent contre eux-mêmes, leurs familles et leurs communautés. Nous encourageons à limiter ces dommages et cherchons à briser la stigmatisation sociale en politisant la discussion autour de la sobriété. En nous efforçant de maintenir nos vies indépendantes de l’influence des poisons du colonisateur, nous célébrons le caractère sacré de la sobriété et honorons nos ancêtres. Brisez le cercle pour les générations futures. Un Autochtone sobre est un Autochtone dangereux.
POUR UNE ACTION ANTICOLONIALE ET ANTIFASCISTE ‘FAITES QU’IL LEUR SOIT IMPOSSIBLE DE GOUVERNER EN TERRE VOLEE’
Publié par Indigenous Action
9 novembre 2016
Ook in het Nederlands
Traduction française Christine Prat
Pour ceux d’entre vous qui sont surpris des résultats de ce spectacle tumultueux, bienvenue dans l’ ‘Amérique’ que nous avons toujours connue.
C’est l’aveuglante ‘grandeur de l’Amérique’ aujourd’hui amplifiée par la droite nationaliste islamophobe et anti-immigrants.
Qu’un démagogue fasciste, élitiste et misogyne puisse être nommé à la tête d’un système politique, économique et social construit sur le capitalisme, le colonialisme, la suprématie des blancs, l’hétéro-patriarcat, l’esclavage et le génocide n’est pas une surprise. Ça n’a rien d’exceptionnel. C’est ce que ce pays a toujours représenté. Après tout, c’est un pays volé construit avec des vies volées.
Le mince amortisseur, récolté comme récompense d’être blanc, ou gagné en étant quelques échelons plus haut dans la hiérarchie socioéconomique, n’est qu’un voile qui fournit un degré de séparation subtil, permettant aux gens de se hisser juste au-dessus de la souffrance que nous avons connue pendant le régime néolibéral précédent.
Les 8 dernières années n’ont pas été un soulagement pour les immigrants. Le gouvernement Obama est responsable de l’expulsion de plus de gens qu’aucun autre gouvernement US de l’histoire. Entre 2009 et 2015, Obama a expulsé de force plus 2,5 millions de gens, ce qui dépasse le total de tous les présidents du XXème siècle. Les communautés Tohono O’odham ont été soumises à une forte militarisation et séparées par la frontière US/Mexique. Des villages entiers ont été déplacés et des sites sacrés ont été profanés. Ce sera amplifié par le ‘mur frontière’ dont Trump menace.
Ça n’a pas été non plus 8 années de soulagement pour ceux qui ont été bombardés et attaqués par des drones en Afghanistan, dans 90% des cas, des civils innocents.
Et comptabilisons aussi les incarcérations de masse et les meurtres de Noirs et de basanés commis impunément par la police. Ces 8 années n’ont pas changé la violence raciale d’état, elles n’ont fait que l’exciter par des proclamations obscènes d’une société ‘post-raciale’ alors que les Noirs se font tirer dessus par la police 2,5 fois plus que les Blancs.
Ajoutez-y que les Autochtones sont le ‘groupe racial le plus susceptible d’être tué par les forces de l’ordre’ aux Etats-Unis et qu’en plus, les femmes Autochtones se font agresser sexuellement et assassiner dans des proportions incomparables aux autres communautés, et vous aurez une idée plus claire de combien ces problèmes sont créés par le système.
Bien que le régime précédent reconnaisse la menace de réchauffement climatique, la réduction d’émissions de CO2 par l’extraction de charbon, en déclarant en même temps la saison ouverte pour la fracturation hydraulique et en permettant à l’industrie nucléaire de continuer ses attaques mortelles contre notre avenir, n’a pas été un acte significatif de développement ‘durable’. Le but de l’empire des Etats-Unis est de maintenir sa domination politique et économique, et ce but a toujours été alimenté par une guerre écocide contre Notre Mère la Terre aka colonialisme de ressources. Même le programme dans l’impasse de l’industrie à but non lucratif voudrait nous faire aller du blanchiment au ‘verdissement’ du capitalisme. Mais dans cette guerre contre Notre Mère la Terre, pouvons-nous risquer de recycler des tactiques inefficaces dans l’espoir que des actions symboliques changeront l’état d’esprit de nos oppresseurs ? Spécialement depuis que Trump a déclaré que le changement climatique était un ‘canular’ ?
Mais ce sont les deux faces de la même médaille. Les actes et attitudes fascistes, islamophobes, anti-immigrants, anti-Noirs, anti-Autochtones et misogynes de Trump représentent un système, pas seulement une personne ou un parti.
Un certain discours parle de moindre mal et se perd en diatribes sur un vague espoir, quelque part, mais ces thèmes nous ont été assénés, dans notre chair, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus cicatriser. C’est comme si nos corps étaient la terre profanée à chaque action de nos persécuteurs. Dans le cas de la politique électorale, ce processus n’est pas mis en question, les torts infligés non plus. Seule la mesure dans laquelle le voile couvre les blessures importe. La question n’est pas de voir les torts, mais de voir leur effet varier de la zone de confort jusqu’à la limite de l’insupportable. Ce processus est extrêmement réifiant et beaucoup d’entre nous jouent le rôle, parce que, aussi inquiétant que soit le fait d’être objectivé, l’alternative est d’être rendu invisible, inconnu, non-existant. Mais les luttes de résistance se dessèchent quand elles ne sont nourries que par un régime réduit de reconnaissance.
C’est une chose que la lutte générale, ininterrompue, contre le fascisme sait très bien.
« Nous devons rendre impossible pour Trump de gouverner le pays, et devons mettre le pouvoir dans les mains du peuple dans les rues. » – Lorenzo Komboa Ervin
Des mouvements récents comme les Vies des Noirs Comptent (en particulier les émeutes comme celles de Baltimore et de Milwaukee) et les luttes de résistance pour les sites sacrés et l’eau comme NoDAPL (Red Warrior Camp), ont touché des nerfs de la domination coloniale et de l’exploitation des Etats-Unis.
Des combats pour nos vies dans les rues contre le terrorisme de la police, aux ripostes des gens de LGBTQI2-S contre les attaques fascistes, et aux luttes pour défendre nos terres et notre eau sacrées contre les infrastructures développées par des entreprises privées soutenues par la violence d’état et le colonialisme de ressources, tous ces moments et mouvements sont le résultat de la résistance ininterrompue qui combat depuis des centaines d’années sur ces terres.
Nous avons cessé de parler d’espoir quand nous avons dû nous concentrer sur la survie.
Alors que les réformistes s’occupaient surtout de prolonger l’agonie, nous avons commencé à nous imprégner nous-mêmes de la conviction que la souffrance va empirer. Ce n’était pas renoncer à notre pouvoir, mais une affirmation de notre capacité de guérir à nos conditions. Nous nous sommes mis à préparer nos esprits, notre intellect et nos corps avec cette conviction. Nous nous sommes reconnectés à l’idée que nous n’avons jamais eu d’autre choix que de combattre. Que la colonisation a toujours été la guerre. Que nous sommes des survivants de sa violence. Que nous n’avons jamais cessé de nous battre.
Nous comprenons la différence entre le pouvoir sur et le pouvoir avec. Et qu’il y a plus de pouvoir dans le pouvoir du peuple que dans le fait de choisir qui règnera sur lui. Qu’aucun politicien ne pourra jamais représenter les modes de vie Autochtones dans le contexte d’un système politique établi par le colonialisme. Que les politiques représentatives/électorales s’opposent à la libération de l’oppression coloniale. Que les luttes de nos ancêtres pour défendre Notre Mère la Terre et ses êtres vivants avec des prières et les armes à la main, sont toujours la même lutte que nous poursuivons aujourd’hui.
Trump a doublé la mise sur la fragilité coloniale pendant ce spectacle et a gagné. Mais cette fragilité même démontre en même temps à quel point, ceux qui ont bénéficié historiquement le plus de ce système, sont en fait désespérés et effrayés.
Lorenzo Komboa Ervin a déclaré: « Nous devons rendre impossible pour Trump de gouverner le pays, et devons mettre le pouvoir dans les mains du peuple dans les rues. »
Assumez votre rôle dans ces luttes et organisez-vous. Nous sommes ingouvernables et devons rendre impossible pour le système de gouverner sur des terres volées et occupées.