Photo ©Andrew Kearns, Service du Parc National

 

Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

 

A LA LISIERE DE LA NATION NAVAJO – Une compagnie canadienne a loué du terrain le long de la frontière de la Réserve Navajo, entre Sanders et Holbrook, au sud de Wide Ruins, pour y pratiquer la dangereuse fracturation pour l’hélium, ce qui mettra en danger l’eau et toute forme de vie. “La firme Desert Mountain Energy Corp., de Vancouver, a acheté début septembre deux licences pour extraire du pétrole et du gaz, mises aux enchères par le Bureau d’Aménagement du Territoire, au prix de 2 dollars l’acre [4000 m²].” (Mise à jour du 17 septembre 2018, lorsque le Communiqué a été publié, la vente n’avait pas encore eu lieu).

 

L’EAU, LA FORET PETRIFIEE, LES ESPECES PROTEGEES SONT MENACÉES

Communiqué de presse conjoint du 6 septembre 2018

Le Gouvernement Trump va louer 4200 acres [17000 m²] dans le nord de l’Arizona, pour y pratiquer la fracturation

Lisa Test, NoFrackingAz, NoFrackingaz@gmail.com
Monte Cunningham, Kerr-Cole Sustainable Living Center, monty@stress-away.com
Taylor McKinnon, Center for Biological Diversity, tmckinnon@biologicaldiversity.org
Sandy Bahr, Sierra Club, sandy.bahr@sierraclub.org
Tony Tangalos, résident de Taylor, Arizona, tangalos@cox.net
Eleanor Bravo, Food & Water Watch, ebravo@fwwatch.org
Rebecca Fischer, Wild Earth Guardians, rfischer@wildearthguardians.org
Kelly Fuller, Western Watersheds Project, kfuller@westernwatersheds.org

 

PHOENIX, Arizona – Le Bureau de l’Aménagement du Territoire [BLM – Bureau of Land Management] se propose de mettre aux enchères 4200 acres de terres publiques sous forme de licences pour extraire du pétrole et du gaz dans le nord de l’Arizona, près du Parc National de la Forêt Pétrifiée et de deux rivières. Les parcelles pour lesquelles il n’y aura pas eu d’offre ce jour [6 septembre 2018], seront disponibles pour des locations non compétitives pour deux ans.

La vente va faire courir au territoire le risque de fuites de produits chimiques et de pollution de l’eau qui pourrait toucher le Petit Colorado et Silver Creek, ce qui menacerait des espèces protégées et les utilisateurs de l’eau.

“C’est lamentable que le Gouvernement Trump puisse envisager ce projet irresponsable qui fait courir des risques aux habitants d’Arizona et à la vie sauvage,” dit Taylor McKinnon, qui fait campagne pour les terres publiques au Centre pour la Diversité Biologique. “La santé publique, l’eau si précieuse et les sites sauvages ne devraient pas être sacrifiés pour des profits privés.”

“Des accidents sont inévitables, si ces contrats aboutissent, l’eau pourrait être polluée et les résidents locaux pourraient être affectés,” dit Lisa Test, de NoFrackingAZ. “Enfants, on nous apprenait à regarder des deux côtés de la rue avant de traverser. Alors pourquoi le BLM soutient-il ces contrats sans avoir estimé les dangers auparavant?”

La vente d’aujourd’hui fait partie de la politique instaurée par le gouvernement Trump en janvier 2018, qui implique que le BLM – le service chargé du pétrole et du gaz – offre des parcelles pour l’industrie.

En plus, selon cette nouvelle politique, le BLM outrepasse l’analyse exigée par la loi des risques potentiels pour le sol et l’eau, ignore les consultations avec les tribus, et reporte toute analyse environnementale jusqu’au forage, après que les droits de développement aient été vendus à l’industrie. En juillet, des groupes sont allés en justice pour empêcher cette politique.

“En négligeant les études environnementales, le BLM ouvre la porte aux entreprises qui pourraient causer des dommages durables à l’eau dont nous dépendons,” dit Monte Cunningham du Kerr-Cole Sustainable Living Center [Centre pour un mode de Vie Durable].

Poussées par le prix élevé de l’hélium, les grandes compagnies visent le Bassin de Holbrook pour l’hélium, le pétrole et le gaz. Des permis d’état pour l’hélium par fracturation dans la région, montrent que les entreprises vont injecter de l’acide et d’autres produits chimiques pour faciliter la fracturation des couches de roches, à environs 45 mètres de la nappe aquifère de Coconino, une source d’eau cruciale pour la région.

“Notre précieuse nappe aquifère, dont pratiquement tout le monde dépend, est peu protégée et réellement mise en danger par une pollution non contrôlée due à la fracturation, et un glissement vers le bas,” dit Tony Tangalos, résident de Taylor, Arizona. “Ces risques et cette vente de licences sont inacceptables et déraisonnables.”

Plus de 80 000 personnes ont envoyé des lettres contre la vente de licences, entre autres le Représentant Tom O’Halleran (démocrate, Arizona). Les habitants des comtés Navajo et Apache ont fondé une nouvelle organisation, NoFrackingAZ, pour s’opposer au projet avec plus de 2000 signatures de résidents locaux. Des plaintes administratives formelles de 158 résidents et de plusieurs groupes de protection ont également demandé au BLM d’annuler la vente.

“Nous sommes outrés par le bradage continue aux grandes entreprises de ce gouvernement,” dit Eleanor Bravo, de Food & Water Watch. “Ces pratiques irresponsables causeront des dégâts graves et irréparables à nos précieuses ressources naturelles et aux terres publiques. Nous appelons à un arrêt immédiat de ces contrats dangereux et irresponsables.”

“Trump et Zinke font une fois de plus courir des risques à nos terres publiques les plus précieuses, en projetant de fracturer à proximité du Parc National de la Forêt Pétrifiée,” dit Becca Fischer, une gardienne du climat pour WildEarth Guardians. “Cette approche, accorder-des-contrats-partout, est caractéristique de ce gouvernement qui ferait n’importe quoi pour l’industrie du pétrole et du gaz aux dépens des Américains. Nous méritons mieux.”

“A moins que chacun s’oppose et dise ‘non’ à ces projets de vente, la vie sauvage en Arizona, l’eau et les familles ne sont pas protégées du désir de l’industrie du pétrole et du gaz de forer et fracturer partout où c’est possible,” dit Kelly Fuller, coordinateur de campagne pour l’énergie du Western Watersheds Project [Projet Sources d’eau de l’Ouest].

Les terres mises aux enchères aujourd’hui chevauchent le Petit Colorado et Silver Creek, qui hébergent deux espèces reconnues comme menacées au niveau fédéral – le lepidomeda du Petit Colorado, un poisson argenté, apparenté aux cyprins, et le coucou à bec jaune, un oiseau connu pour son cri spécial.

 

Le Centre pour la Diversité Biologique (Center for Biological Diversity) est une organisation nationale à but non-lucratif, qui compte plus de 1,6 million de membres et des activistes en ligne, consacrée à la protection des espèces protégées et des lieux sauvages.

Fondé en 1892, le Sierra Club est une organisation nationale à but non-lucratif, comptant environs 3,5 millions de membres et soutiens, y compris en Arizona. La mission du Sierra Club est d’explorer, d’apprécier et de protéger les lieux sauvages sur terre; de mettre en pratique et de promouvoir l’utilisation responsable des écosystèmes et des ressources terrestres; et d’éduquer et recruter l’humanité pour protéger et rétablir la qualité de l’environnement naturel et humain.

 

 

Le Nouveau-Mexique est déjà ravagé par le nucléaire (mines, centrales, stocks d’armes, déchets). La firme Holtec a déposé une demande de licence pour ouvrir un site “temporaire” (ce qui signifie entre 20 et 120 ans) de stockage de déchets de centrales commerciales de tous les Etats-Unis. Comme vous pouvez voir sur la carte, il y a déjà dans la région, le WIPP ou Waste Isolation Pilot Plant, qui a dû fermer en 2014 à cause de problèmes et a rouvert en janvier 2017. Le nouveau site de stockage devrait être aménagé à proximité du WIPP.

Christine Prat

PUBLIC CITIZEN S’OPPOSE A UNE DEMANDE DE LICENCE POUR UN SITE DE DECHETS NUCLEAIRES

Par Public Citizen
14 septembre 2018
Egalement publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

Les habitants du Nouveau-Mexique ne veulent pas de déchets hautement radioactifs chez eux

HOBBS, Nouveau-Mexique – Une proposition de stockage de tonnes de déchets nucléaires de réacteurs commerciaux de tous les Etats-Unis, à Hobbs, Nouveau-Mexique, déclenche une opposition féroce de la part de dizaines de milliers d’habitants, d’activistes et d’officiels, a annoncé Public Citizen ce jour, en déposant une requête d’intervention contre la demande de licence de la firme Holtec International auprès de la Commission de Régulation Nucléaire (NRC) des Etats-Unis.

Des membres de Public Citizen et des soutiens ont envoyé plus de 10 000 commentaires s’opposant á la demande de licence de Holtec, dans le cadre d’une campagne plus large, qui a récolté plus de 25 000 commentaires d’opposants. Durant toute la procédure, la Commission de Régulation Nucléaire a marginalisé les voix des habitants et n’a pas pris en compte convenablement les inquiétudes locales.

Lon Burnam, un ex-Représentant de Fort Worth, au Texas, s’est joint à l’intervention en tant que membre de Public Citizen. M. Burnam, qui habite à environs 1,5 km d’un trajet de transport par rail, dit: “Le projet de transport de ces déchets hautement radioactifs et dangereux, présente des risques majeurs, comme des fuites dans les fûts, des actions terroristes dans les zones urbaines, sans parler de l’inadaptation et de nombreux problèmes de sécurité de notre système de transports.”

La demande de licence de Holtec International refuse d’admettre la possibilité d’un accident durant le transport des matériaux nucléaires, qui devrait se faire par rail à travers les Etats-Unis. Chaque wagon contiendra plus de matériau nucléaire que la bombe lâchée sur Nagasaki pendant la IIème Guerre Mondiale. Les trajets de transport des déchets jusqu’au Nouveau-Mexique traversent les Etats-Unis en tous sens, exposant des gens un peu partout au risque de radiation. Au Nouveau-Mexique, un accident touchant un seul wagon pourrait mettre quiconque, dans un rayon de 80 km, en danger d’être exposé à des radiations. Le dossier de Holtec affirme qu’un accident n’est pas possible, alors que la Commission de Régulation Nucléaire estime qu’un accident de train transportant des déchets nucléaires, se produira en moyenne une fois sur mille voyages.

Petuuche Gilbert, de la Tribu Indienne Acoma, membre de Public Citizen et activiste anti-nucléaire, déclare: “Je vis dans la Réserve Indienne Acoma. Toutes les heures, des trains passent près de ma maison et un jour ils pourraient amener des déchets nucléaires de l’ouest. Notre gouvernement tribal serait le premier à réagir et à nous prévenir. Les déchets de carburant nucléaire usagé sont extrêmement dangereux, et je ne veux pas qu’ils traversent notre territoire, ni qu’ils soient entreposés au Nouveau-Mexique.”

“La Commission de Régulation n’a pas écouté le public,” dit Adrian Shelley, directeur du Bureau du Texas de Public Citizen. “S’ils l’avaient fait, ils sauraient que les habitants du Nouveau-Mexique et les gens le long des trajets de transport, ne soutiennent pas le projet. Par cette intervention, nous amplifierons leurs voix.”

Photos ©Christine Prat

 

In English on Censored News

 

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la “conquête de l’Ouest” s’est intensifiée. En 1846, les Etats-Unis avaient attaqué le Mexique, indépendant depuis peu, et acquis une énorme portion de territoire, par le Traité de Guadalupe-Hidalgo de 1848. Avant, les colons voulaient surtout s’emparer de terres agricoles et avaient peu d’intérêt pour les terres rocheuses et désertiques du Sud-ouest. Cependant, dans la seconde moitié du XIXème siècle, les gens commencèrent à chercher de l’or et autres ressources minérales.

Dans les années 1860, l’Armée Américaine avait des postes militaires dans le Sud-ouest, sous prétexte que les Navajos et les Apaches faisaient des razzias dans la zone. Dans la région correspondant aux états actuels d’Arizona et du Nouveau-Mexique, les colons capturaient des femmes et des enfants Autochtones comme esclaves, ce qui revenait moins cher que d’acheter des esclaves Africains. Les guerriers Autochtones essayaient de libérer les captifs et faisaient des razzias dans ce but. Cependant, dans les années 1860, la rumeur s’est répandue parmi les Blancs qu’il devait y avoir de l’or dans le Territoire Navajo. Un de ceux qui crurent en cette rumeur était le Colonel Kit Carson. Il réussit à persuader son supérieur, le Général Carleton, qu’il était nécessaire de se débarrasser des Navajos.

L’Armée dirigée par Kit Carson attaqua le Territoire Navajo, tandis que Fort Sumner – nommé en mémoire du Général Edwin Vose Sumner – était construit, sur un site appelé Bosque Redondo par les Espagnols. Au cours de l’hiver 1863-64, l’armée de Carson tua des Navajos, détruisit les récoltes, et captura tous les Navajos qui n’avaient pu leur échapper. Dans le Canyon de Chelly, où les gens se cachaient dans des grottes, l’Armée détruisit tout ce qui pouvait pousser, entre autres les pêchers dont les Navajos étaient si fiers. Certains guerriers réussirent à se cacher dans les nombreuses grottes et canyons de la région. Mais des milliers de Navajos furent faits prisonniers et forcés de marcher sur environs 650 km, en hiver, jusqu’à Bosque Redondo. Beaucoup moururent en route. En particulier les enfants et les personnes âgées, moururent de faim et d’épuisement, ou se noyèrent en devant traverser des rivières.

Sur le lieu où ils devaient être détenus – appelé ‘réserve’, mais en réalité le premier camp de concentration de l’histoire moderne, avec intention d’extermination – ils devaient produire pour assurer leur survie. Ils devaient planter des céréales et autres produits alimentaires. Cependant, l’endroit était particulièrement inhospitalier, ils manquaient de bois, et l’eau de la rivière Pecos était alcaline, non-potable, la boire les rendait malades, et ne convenait même pas à l’irrigation. Quelques centaines d’Apaches Mescalero furent également détenus dans le camp.

Bien que les soldats du fort soient supposés surveiller le camp, et bien entendu, empêcher les prisonniers de s’évader, ils fermaient les yeux quand des Comanches – alors ennemis des Navajos et des Apaches, et au besoin collaborateurs – les attaquaient.

Après plusieurs années de mauvaises récoltes, durant lesquelles l’Armée devait fournir aux prisonniers des rations minimales, ce qui coûtait tout de même de l’argent, il fut décidé que ça coûterait moins cher de laisser les survivants rentrer ‘chez eux’, dans une réserve dessinée par un rectangle sur une carte, dans le cadre du Traité du 1er juin 1868. Les survivants ont probablement dû leur salut au fait que leur enfer ait eu lieu pendant la Guerre de Sécession. Ça réduisait énormément le budget de l’armée pour d’autres actions, et beaucoup de militaires de la région avaient choisi le camp des Confédérés, “les Sudistes”.

Les survivants rentrèrent chez eux, c’est-à-dire d’où ils venaient, n’ayant pas appris à reconnaître un rectangle abstrait dans le paysage. Depuis, la Réserve Navajo a été agrandie à plusieurs reprises, mais ils n’ont toujours pas récupéré leur Territoire ancestral, entre les Quatre Montagnes.

L’histoire de Hwééldi a été racontée de génération en génération. En 2009, Camille Manybeads Tso a raconté dans un film, “In the Footsteps of Yellow Woman”, l’histoire de son arrière arrière-grand-mère, qui avait réussi à se cacher avec son bébé et à échapper à la Longue Marche. Le film est passé en France, dans le cadre du festival Alter’Natif, à Nantes. Le film de Klee Benally, “Power Lines” – sorti aux Etats-Unis en 2015 et à Paris en 2016 – est d’un bout à l’autre parsemé d’allusions à Hwééldi, évènement crucial dans l’histoire de tous les Navajos.

Les photos ont toutes été prises sur le site du camp. Il a été déclaré Monument de l’état du Nouveau-Mexique en 1968. Un mémorial, qui héberge un musée, a été conçu par l’architecte Navajo David N. Sloan. Il a été ouvert le 4 juin 2005. Le site est actuellement géré par le Service des Sites Historiques du Nouveau-Mexique, qui dépend du Service des Affaires Culturelles du Nouveau-Mexique. Donc, les histoires ont probablement été quelque peu ‘adoucies’, croyez bien qu’en réalité, ça a été pire. Le site est proche de la tombe de Billy The Kid, et se trouve sur la Route Billy The Kid. Dans les guides touristiques et sur les panneaux indicateurs, vous ne trouverez que “Tombe de Billy The Kid” comme indication. Les racistes préfèreront toujours un voleur blanc à des Autochtones assassinés.

Christine Prat

 

 

 

 

 

 

 

 

DE BIG MOUNTAIN A NEW YORK POUR DEMANDER JUSTICE, DES NAVAJO ET DES HOPIS EXIGENT LA FERMETURE DE LA CENTRALE AU CHARBON DE PEABODY COAL

 

Par Katherine Davis-Young
Public News Service, Arizona
10 septembre 2018
Également publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

PAGE, Arizona, 10 septembre 2018 – Des membres de la Nation Navajo sont à New York, ce lundi, pour attirer l’attention sur la plus grande centrale au charbon de l’Ouest.

La Centrale ‘Navajo’ [Navajo Generating Station], dans le nord de l’Arizona, doit fermer l’année prochaine. Mais la firme d’investissements de New York, Avenue Capital Group, envisage de l’acheter.

La centrale au charbon fournit des centaines d’emplois aux Navajos et est une source importante de revenus pour la tribu. C’est capital dans la réserve Navajo, où le taux de chômage est d’environs 45%. Ainsi, beaucoup de Navajos soutiennent la vente et la continuation des activités de la centrale.

Mais Nicole Horseherder, directrice exécutive du groupe environnemental Navajo To Nizhoni Ani, dit que la centrale au charbon pollue l’air et l’eau, et a des conséquences sur la santé des gens des environs. [Il est bon de rappeler que beaucoup de Navajos vivant à proximité n’ont pas l’électricité, la centrale alimente surtout les grandes villes du sud-ouest – NdT].

“Je pense qu’il est important pour les gens là-bas de savoir que le type d’emplois et de revenus dont nos avons besoin, sont de ceux qui ne tuent pas les gens et ne détruisent pas l’environnement,” dit-elle. “Donc, nous disons aux gens qui sont inquiets pour les emplois et les revenus, nous le sommes aussi.”

Le Groupe de Travail pour l’Air Pur [Clean Air Task Force] fait savoir que la pollution de l’air par la Centrale Navajo contribue à l’asthme et aux crises cardiaques dans la région.

Photo Desmog Blog

 

Des données de l’Agence pour la Protection de l’Environnement montrent que la centrale est l’une des plus grandes sources d’émission de carbone du pays.

  1. Horseherder et plusieurs autres membres de la Nation Navajo espéraient rencontrer un PDG d’Avenue Capital Group à New York. Elle dit qu’elle voulait que l’acheteur potentiel entende les gens dont la santé est touchée par l’énergie du charbon.
  2. Horseherder s’inquiète de ce que la Nation Navajo soit trop dépendante de la centrale. Elle dit qu’avec ou sans repreneur, l’énergie du charbon finira par décliner.

“Comme chacun sait, le charbon n’est pas illimité,” fit-elle remarquer. “Un jour, il n’y aura plus de charbon dans le sol, il sera épuisé. Que ferons les gens, alors? Allons-nous continuer à abandonner le sort de nos vies et de notre avenir à l’industrie et aux services?”

La Centrale Navajo fournit de l’énergie à l’Arizona, au Nevada et à la Californie, et aux pompes qui apportent de l’eau au centre et au sud de l’Arizona.

Mais les services publics d’Arizona, qui font fonctionner la centrale, ont trouvé des alternatives meilleur marché dans le gaz naturel, ces dernières années.

La centrale et la Mine de Kayenta toute proche doivent fermer en 2019, si elles ne sont pas vendues.

Katherine Davis-Young

 

Cette photo et la précédente: Cronkite News

 

Quelques témoignages de participants (publiés sur le site Wakelet):

 

Nicholas Ashley et sa fille, à New York dimanche 9 septembre 2018:
Des membres de ma famille sont morts et d’autres ont été blessés au cours d’accidents sur les sites d’industries d’extraction. Je vais à New York pour faire savoir au capital financier mondial que les Diné ne mettront plus en jeu leurs corps et leurs terres pour les multinationales. En tant que Diné, notre existence même est liée au sort de notre terre, notre eau et notre air. Ma fille est ma raison d’agir. Son avenir sur cette terre vaut la peine de se battre.
– Nicholas Ashley, 24 ans, coordinateur de Tó Nizhóni Clean Energy pour un Arizona Sain, Big Mountain.

 

Mikayla Johnson et Ryan Simonson préparent des pancartes pour la manifestation devant le siège principal d’Avenue Capital sur Park Avenue.
L’entreprise Avenue Capital de Marc Lasry, qui prend parti pour Peabody Energy et le gouvernement Trump, essaie de renflouer une Centrale Navajo non rentable, de baisser fortement les coûts et de prolonger les opérations charbonnières dans la Nation Navajo, à une époque où le Sud-ouest est en train de passer à l’énergie solaire et éolienne.

 

Le monde entier se tourne vers l’énergie renouvelable et la Nation Navajo restera en arrière. Je suis de la jeune génération de Black Mesa. Ma vision c’est de voir mon peuple Navajo avoir des opportunités économiques qui ne détruisent ni notre culture ni notre langue.
– Rene Simonson, 19 ans, étudiant, de Big Mountain.

 

 

 

 

 

L’AGRICULTEUR DINÉ KRIS BARNEY: ‘CULTIVER DE LA NOURRITURE – EN NOUS CONNECTANT A NOS ANCETRES ET A NOUS-MEMES’

 

Par Kris Barney
Ferme et graines Tsé Chízhí
Publié sur Censored News,
Le 6 septembre 2018
Traduction Christine Prat

 

ROUGH ROCK, Nation Navajo– Il y a bien longtemps, notre Peuple Diné considérait les graines et ce qui poussait comme de la richesse. Le bétail était une richesse, une bonne santé était une richesse, des enfants et petits-enfants en bonne santé étaient une richesse. L’eau, la pluie, la viande d’animaux sauvages, les plantes sauvages, le territoire lui-même étaient une richesse. Nous disons, Yodí Ataalseí, Chí’yáán Altaalsei, beaucoup de richesses matérielles et beaucoup de sortes de nourriture. Souvent, nous parlons de souveraineté alimentaire ou nous l’entendons mentionnée. La capacité de nous nourrir, d’être indépendants pour la nourriture. Indépendants des grandes épiceries, indépendants des compagnies qui ravagent la terre par l’agriculture industrielle.

Il y a tellement de termes et de ressources qui s’appliquent à ce type d’analyse critique, mais ce qui nous livre le plus d’informations sur la nourriture, c’est la pratique de cultiver la nourriture de la façon montrée par nos ancêtres. Beaucoup de gens sont grandement déconnectés de la nourriture, les alternatives offrent peu de solutions et conduisent souvent à des problèmes de santé. Quand nous nous déconnectons de la terre, ou y avons été forcés, nous sacrifions beaucoup de connaissances, comme la connaissance des plantes, la connaissance des animaux et la connaissance de la terre. La façon dont nous traitons nos corps, dont nous nourrissons nos corps, est instrumentale pour déterminer comment nous choisissons de vivre et quels bons exemples nous laissons à nos enfants et petits-enfants.

 

Photo Chris Barney, maïs bleu – Graines Chízi Farm

 

AGRICULTURE TRADITIONNELLE NAVAJO: DES CHANTS ET DES HISTOIRES DE ROCK POINT

Par Brenda Norrell
Censored News
6 septembre 2018
Traduction Christine Prat

ROCK POINT, Nation Navajo – L’Ancien Navajo Tabaahi Ts’osi, George Blue-eyes, a partagé son savoir sur la magie et le mystère de l’agriculture sans irrigation [dry farming] dans le livre, maintenant classique, ‘Agriculture Navajo’.

“George Blue-eyes plante avec les étoiles. Quand le temps commence à être chaud, il observe le ciel pour y regarder six petites étoiles, appelées Dilyehe en Navajo, et en Anglais comme en Français, les Pléiades.”

Les paroles de Blue-eyes continuent à vivre à travers les travaux d’étudiants Navajo. En 1978, un groupe d’élèves Navajo de l’école de la communauté de Rock Point, se sont engagés dans un projet spécial et ont interviewé leurs Anciens Diné sur les méthodes d’agriculture traditionnelles.

Maintenant, ‘Agriculture Navajo’, publié en 1979, est devenu un classique, une source rare pour planter selon les étoiles, l’utilisation du bâton à planter traditionnel et l’agriculture sans irrigation.

Commençant avec les mots chantés en plantant dans le Canyon de Chelly, il y a le chant “Dans le Champs du Dieu Domestique”.

“La graine du maïs bleu sacré je plante. En une nuit ça poussera et sera en pleine santé. En une nuit ça pousse haut, dans le jardin du Dieu Domestique.” Le chant pour planter parle d’entendre le murmure des pieds de maïs qui sortent et de l’humidité qui vient des nuages sombres.

“Avec la rosée de la brume, c’est très beau. Avec le maïs blanc, c’est très beau.” Le cours du chant ajoute les haricots et la courge, puis les lie ensemble avec les cordes des éclairs et de l’arc-en-ciel. En partageant le chant de Haashch’eehoghan et ses champs, les élèves Navajo ont écrit “Les gens ne chantent plus à leurs plantations comme ils le faisaient. Mais il y avait des raisons pour faire tout cela, et ce savoir vaut toujours d’être connu aujourd’hui.”

L’Ancien Navajo Tabaashi Ts’osie, George Blue-eyes, homme-médecine et conteur, a fait connaître son savoir de la magie et du mystère de l’agriculture sans irrigation avec le bâton pour planter.

“George Blue-eyes plante selon les étoiles. Quand le temps devient chaud, il observe le ciel du soir pour voir six petites étoiles appelées Dilyehe en Navajo, et les Pléiades en Anglais et en Français.”

Les étoiles sont faciles à trouver en hiver, mais chaque nuit, ces étoiles se couchent plus tôt que la nuit précédente. Finalement, au printemps, quand les Dilyehe se couchent avec le soleil et ne peuvent plus être vues, Blue-eyes prenait ses graines et sa hache et commençait à planter.

Blue-eyes choisissait une branche de créosote et taillait sont bâton pour creuser. Avec ce bâton, il ouvrait le sol et mettait ses graines à quelques centimètres de profondeur. Il sélectionnait six ou sept graines pour le maïs, neuf ou dix pour les melons. Il recouvrait les graines de terre mouillée, puis de terre sèche. Après avoir planté les quatre premiers trous, il chantait un chant Navajo. Les semailles étaient finies et le bâton pour creuser était jeté avant le dernier quartier de la lune.

Blue-eyes dit, que dans des temps plus anciens, jusqu’à 60 Navajos se rassemblaient et campaient ensemble pour planter le maïs. Levés au point du jour, les hommes creusaient et les femmes plantaient et préparaient les repas. “Dans ces temps-là, le maïs, les plantes et la viande sauvages étaient tout ce que nous avions à manger,” dit Blue-eyes. “Ça a beaucoup changé, mais planter selon les vieilles méthodes est toujours ce qu’il y a de mieux.”

Alors que le maïs planté avec un tracteur peut prendre deux semaines pour sortir, le maïs de Blue-eyes sortait en quatre jours. “Le vent peut faire voler le maïs planté avec un tracteur hors du sol. Le mien est solide.” Il dit que la charrue en métal remue le sol sur lui-même, ce qui fait que trop de terre sèche. Les bâtons pour planter ne creusent que ce qui est suffisant pour chaque graine et le sol en-dessous reste humide.

Des étudiants de Rock Point, qui écrivaient sur Blue-eyes plantant du maïs à genoux, dirent: “En automne, quand d’autres mangeaient des œufs en poudre et des tomates en boîte, il était riche en maïs et en melons.”

Hastiiltsoi, le frère de Yellowman, avait plus de 80 ans, en 1978, quand il raconta comment les premiers Navajos s’étaient réunis et avaient planté les graines en spirale, plutôt qu’en lignes. “En Navajo, ça s’appelait ha’oolmaaz. Ça se faisait avant que je sois né, mais j’en ai entendu parler. Les gens d’alors disaient que l’agriculture circulaire était la meilleure.”

Hastiiltsoi révéla un autre secret, sur comment les Navajos faisaient tremper les germes dans de l’eau mélangée à des feuilles de créosote afin que le maïs pousse mieux et soit plus résistant à la sécheresse. Après avoir planté les graines avec le bâton pour creuser, une petite coupelle était creusée au-dessus des graines afin de recueillir l’eau de pluie. Il savait quand il fallait planter selon la lune, et plantait le maïs à un endroit différent chaque année, en alternant avec des courges et des melons.

Howard Gorman, ex-vice-président de la Nation Navajo, a fait part de ses souvenirs, en 1978, à l’âge de 78 ans. Gorman raconta les histoires de son grand-père, sur les semailles et récoltes de maïs dans la Vallée Nazlini, sous la direction des leaders Naachid.

“Navajo Farming” indique les mots Diné pour toutes les parties de Naadaa, le maïs – l’épi, le grain, l’enveloppe, le gland, le pollen, la tige, les racines et les feuilles. Les étudiants ont révélé les raisons anciennes et scientifiques de planter les haricots et le maïs ensemble, expliquant que le maïs absorbe l’azote du sol et que les haricots rendent l’azote par des bactéries dans leurs racines.

C’est une histoire ancienne. Le maïs, datant de 7 000 ans, a été trouvé au Mexique. Longtemps avant Christophe Colomb, le maïs, les pommes de terre, les patates douces, les haricots, les courges, le poivre, les ananas, les avocats, les noix de cajou, les citrouilles, les tomates, le tabac, le coton et les cacahuètes poussaient dans les Amériques.

Il y a un quart de siècle, des élèves de terminale de l’Ecole de Rock Point – Lorraine Coggeshall, Laverne Gene, Rex Lee Jim et Stanley Pahe – ont interviewé Blue-eyes, le 10 mai 1978. Aujourd’hui, le livre a toujours une des premières places parmi les livres sur l’agriculture Amérindienne. Lorsqu’ils eurent terminé leur travail, les étudiants Navajo écrivirent: “Les passages les plus importants de ce livre concernent de vrais agriculteurs.”

Dans la suite du chant, quand on demanda au Dieu Domestique pourquoi le maïs était si beau, le Dieu Domestique répondit.

“Bee hozhonigo! C’est beau par ceci: Avec le nuage sombre, avec la rosée du nuage, c’est beau. Avec le maïs bleu, c’est beau. Bee hozhonigo! C’est beau par ceci: avec la brume sombre, avec la rosée de la brume, c’est beau. Avec le maïs blanc, c’est beau.”