Les Navajos, dont la réserve est déjà ravagée par la présence d’un millier de mines d’uranium abandonnées, d’anciennes mines de charbon à ciel ouvert sur Black Mesa, et plusieurs centrales au charbon parmi les plus polluantes des Etats-Unis, sont maintenant menacés par un projet d’hélium obtenu par fracturation hydraulique. Le 18 avril, ils ont tenté de protester auprès du Conseil de la Nation Navajo, à Window Rock, mais se sont vu refuser l’entrée. Le même jour, Eugénie Picos Rodriguez, membre du CSIA qui se trouve actuellement là-bas, a recueilli le témoignage d’un Diné, habitant la région où la fracturation est prévue, qui avait protesté à Window Rock le matin. Ci-dessous, le témoignage recueilli par Eugénie, et plus bas, l’article de Brenda Norrell, publié le même jour sur Censored News.

Christine Prat, CSIA-Nitassinan

Par Eugénie Picos Rodriguez, CSIA-Nitassinan
18 avril 2022

“Window Rock, Nation Navajo le 18 avril 2022:

Ce lundi matin avait lieu une manifestation en face du Council Chambers du gouvernement de la Navajo Nation. Les manifestants s’opposaient en projet en cours de fracturation des sols afin d’en extraire de l’hélium au sein des Chuska Mountain.
Ce collectif est regroupé sous le nom de “Dooda Helium”: non à l’hélium. Lundi après-midi, au sein du Musée de la Nation Navajo, j’ai recueilli le témoignage d’un des participants. Ce Diné, la cinquantaine, était présent avec ses parents et habite le territoire affecté par la fracturation d’hélium, dans les Monts Chuska: « Nous n’étions qu’une poignée de personnes…” Il semblait refléter un mélange de rage et de désespoir. Leur territoire va être directement affecté sous de multiples formes:  la qualité de l’eau, de l’air, des sols. C’est irréversible. Il parlait, avait besoin de dire ce désespoir. « C’est un génocide culturel ». Pour lui le but est clair : transformer la réserve en « zone de risque industriel », rendue inhabitable par les pollutions de l’eau et de l’air, et expulser toute la population, rendre le territoire invivable, une zone sacrifiée. Pour lui, les politiciens Navajo ont tous été achetés, ainsi que le EPA (Environmental Protection Agency: institution en charge de la régulation des normes écologiques et du nettoyage des mines) : leurs tactiques est d’utiliser une carte des années 70 et de dire qu’ils n’y a pas d’habitations à proximité, pas de danger pour l’eau ou les habitants. Mais toute l’eau restante des nappes phréatiques va servir à la fracturation, contaminant de manière irrécupérable toute la réserve. Des politiciens achetés qui ne pensent pas au futur, au monde qu’ils vont laisser à leurs enfants. Tout comme pour Black Mesa : destruction pour du profit, avec soi-disant 1% des revenus générés pour la communauté. Il se demandait à quoi pouvait bien servir l’argent si la terre, le sol, l’air n’est plus respirable, plus habitable ?? Et au final, celleux subissant cette contamination ne perçoivent jamais aucune compensation. Ils souffrent de cancers, de maladies chroniques…

Il m’a également raconté que l’on ne pouvait pas se rendre à la réunion ce matin, qu’il fallait se joindre par google teams, via internet, plus en présentiel, mais que quand il essayait de commenter en ligne, il ne le laissait pas participer à la conversation. Aucune écoute, aucune attention.

Il y a déjà des animaux qui meurent à cause des fuites de gaz.  Les ranchers mettent des barrières autour et puis c’est tout… il a parlé de la zone des 4 corners, de la pollution. Du passé qui se répète encore et encore…

Les conséquences de la fracturation amènent aussi une augmentation des tremblements de terre. Les explosions répétées en profondeur sur la zone amènent une augmentation drastique des tremblements de terre. Il faisait le parallèle avec une personne à qui ont injectait de force du poison dans tout le corps « c’est ce qu’ils font à notre Mère la terre ».

Avant, Window Rock était un bassin plein d’eau du fleuve Colorado. C’est ce que sa mère lui racontait. Biden a signé tous les papiers pour la fracturation d’hélium, car ça fait soi-disant partie de l’agenda « vert », de la transition hors de l’énergie fossile.

Une énergie verte qui continue à se faire sur un territoire sacrifié et au dépend de populations présentes depuis des millénaires. Encore une fois, la Nation Navajo est une colonie extractiviste où aucune communauté n’est consultée. Le “diviser pour mieux régner” continue à s’appliquer, encore et encore…”

DES NAVAJOS PROTESTENT CONTRE DE NOUVELLES MINES (HÉLIUM…) ET EXPRIMENT LE BESOIN DE VRAIES SOLUTIONS POUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Des Anciens Navajo se sont vu refuser l’entrée à la session de printemps du Conseil de la Nation Navajo, ce 18 avril. Des manifestants Diné [Navajo] s’opposaient à l’ouverture d’une nouvelle mine d’hélium sur la montagne sacrée appelée Dziłkʼi Hózhóonii / Beautiful Mountain. Alors que les Navajos manquent d’eau et d’aide pour en transporter, le Conseil Navajo a l’intention de donner un demi-million de dollars à une école chrétienne privée. Des Diné se sont alignés devant le bâtiment des finances tribales, ayant désespérément besoin de fonds. Le gouvernement Navajo a reçu 2,1 milliards de dollars des fonds fédéraux pour les victimes du virus, mais il ne les a pas distribués. Jusqu’à maintenant, 1741 Navajos sont décédés du COVID-19.

Par Brenda Norrell
Censored News
18 avril 2022
Images Marley Shebala
Traduction Christine Prat

En ce moment, devant la Chambre du Conseil de la Nation Navajo, à Window Rock, des Diné s’opposent à une nouvelle mine d’hélium sur la Montagne Sacrée, Beautiful Mountain, à Sanostee.

Les Diné réclament de vraies solutions pour le changement climatique et demandent du soutien d’urgence pour les victimes d’agressions sexuelles et de nouvelles mesures pour rechercher les Diné disparues ou assassinées.

« Nous sommes là pour protéger notre précieuse Mère la Terre ; nous ne voulons pas que Notre Mère soit détruite par plus de pollution due à des émissions et à la destruction potentielle de nos réserves d’eau » ont dit dans une déclaration écrite les organisateurs de la manifestation d’aujourd’hui.

Un Ancien Diné, présent sur l’une des photos, a été renvoyé, à la porte de la session de printemps du Conseil de la Nation Navajo.

Au cours de son reportage en direct, la journaliste Diné/Zuni Marley Shebala a, elle aussi, été renvoyée parce qu’elle « n’était pas sur la liste ». Marley Shebala est reporter dans la capitale Navajo depuis 40 ans.

La session de printemps du Conseil a commencé aujourd’hui. L’agenda inclut un don d’un demi-million de dollars à une école privée chrétienne.

Le gouvernement Navajo a reçu, selon la Loi sur le Plan de Sauvetage Américain (ARPA), des fonds pour remédier aux dégâts du virus il y a un an, mais n’a pas distribué les 2,1 milliards de dollars.

À ce jour, 1741 Diné sont décédés du COVID-19. Beaucoup de Diné ont besoin d’aide pour transporter de l’eau et ne reçoivent aucune aide du gouvernement Navajo pour cela.

Photo ©Andrew Kearns, Service du Parc National

 

Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

 

A LA LISIERE DE LA NATION NAVAJO – Une compagnie canadienne a loué du terrain le long de la frontière de la Réserve Navajo, entre Sanders et Holbrook, au sud de Wide Ruins, pour y pratiquer la dangereuse fracturation pour l’hélium, ce qui mettra en danger l’eau et toute forme de vie. “La firme Desert Mountain Energy Corp., de Vancouver, a acheté début septembre deux licences pour extraire du pétrole et du gaz, mises aux enchères par le Bureau d’Aménagement du Territoire, au prix de 2 dollars l’acre [4000 m²].” (Mise à jour du 17 septembre 2018, lorsque le Communiqué a été publié, la vente n’avait pas encore eu lieu).

 

L’EAU, LA FORET PETRIFIEE, LES ESPECES PROTEGEES SONT MENACÉES

Communiqué de presse conjoint du 6 septembre 2018

Le Gouvernement Trump va louer 4200 acres [17000 m²] dans le nord de l’Arizona, pour y pratiquer la fracturation

Lisa Test, NoFrackingAz, NoFrackingaz@gmail.com
Monte Cunningham, Kerr-Cole Sustainable Living Center, monty@stress-away.com
Taylor McKinnon, Center for Biological Diversity, tmckinnon@biologicaldiversity.org
Sandy Bahr, Sierra Club, sandy.bahr@sierraclub.org
Tony Tangalos, résident de Taylor, Arizona, tangalos@cox.net
Eleanor Bravo, Food & Water Watch, ebravo@fwwatch.org
Rebecca Fischer, Wild Earth Guardians, rfischer@wildearthguardians.org
Kelly Fuller, Western Watersheds Project, kfuller@westernwatersheds.org

 

PHOENIX, Arizona – Le Bureau de l’Aménagement du Territoire [BLM – Bureau of Land Management] se propose de mettre aux enchères 4200 acres de terres publiques sous forme de licences pour extraire du pétrole et du gaz dans le nord de l’Arizona, près du Parc National de la Forêt Pétrifiée et de deux rivières. Les parcelles pour lesquelles il n’y aura pas eu d’offre ce jour [6 septembre 2018], seront disponibles pour des locations non compétitives pour deux ans.

La vente va faire courir au territoire le risque de fuites de produits chimiques et de pollution de l’eau qui pourrait toucher le Petit Colorado et Silver Creek, ce qui menacerait des espèces protégées et les utilisateurs de l’eau.

“C’est lamentable que le Gouvernement Trump puisse envisager ce projet irresponsable qui fait courir des risques aux habitants d’Arizona et à la vie sauvage,” dit Taylor McKinnon, qui fait campagne pour les terres publiques au Centre pour la Diversité Biologique. “La santé publique, l’eau si précieuse et les sites sauvages ne devraient pas être sacrifiés pour des profits privés.”

“Des accidents sont inévitables, si ces contrats aboutissent, l’eau pourrait être polluée et les résidents locaux pourraient être affectés,” dit Lisa Test, de NoFrackingAZ. “Enfants, on nous apprenait à regarder des deux côtés de la rue avant de traverser. Alors pourquoi le BLM soutient-il ces contrats sans avoir estimé les dangers auparavant?”

La vente d’aujourd’hui fait partie de la politique instaurée par le gouvernement Trump en janvier 2018, qui implique que le BLM – le service chargé du pétrole et du gaz – offre des parcelles pour l’industrie.

En plus, selon cette nouvelle politique, le BLM outrepasse l’analyse exigée par la loi des risques potentiels pour le sol et l’eau, ignore les consultations avec les tribus, et reporte toute analyse environnementale jusqu’au forage, après que les droits de développement aient été vendus à l’industrie. En juillet, des groupes sont allés en justice pour empêcher cette politique.

“En négligeant les études environnementales, le BLM ouvre la porte aux entreprises qui pourraient causer des dommages durables à l’eau dont nous dépendons,” dit Monte Cunningham du Kerr-Cole Sustainable Living Center [Centre pour un mode de Vie Durable].

Poussées par le prix élevé de l’hélium, les grandes compagnies visent le Bassin de Holbrook pour l’hélium, le pétrole et le gaz. Des permis d’état pour l’hélium par fracturation dans la région, montrent que les entreprises vont injecter de l’acide et d’autres produits chimiques pour faciliter la fracturation des couches de roches, à environs 45 mètres de la nappe aquifère de Coconino, une source d’eau cruciale pour la région.

“Notre précieuse nappe aquifère, dont pratiquement tout le monde dépend, est peu protégée et réellement mise en danger par une pollution non contrôlée due à la fracturation, et un glissement vers le bas,” dit Tony Tangalos, résident de Taylor, Arizona. “Ces risques et cette vente de licences sont inacceptables et déraisonnables.”

Plus de 80 000 personnes ont envoyé des lettres contre la vente de licences, entre autres le Représentant Tom O’Halleran (démocrate, Arizona). Les habitants des comtés Navajo et Apache ont fondé une nouvelle organisation, NoFrackingAZ, pour s’opposer au projet avec plus de 2000 signatures de résidents locaux. Des plaintes administratives formelles de 158 résidents et de plusieurs groupes de protection ont également demandé au BLM d’annuler la vente.

“Nous sommes outrés par le bradage continue aux grandes entreprises de ce gouvernement,” dit Eleanor Bravo, de Food & Water Watch. “Ces pratiques irresponsables causeront des dégâts graves et irréparables à nos précieuses ressources naturelles et aux terres publiques. Nous appelons à un arrêt immédiat de ces contrats dangereux et irresponsables.”

“Trump et Zinke font une fois de plus courir des risques à nos terres publiques les plus précieuses, en projetant de fracturer à proximité du Parc National de la Forêt Pétrifiée,” dit Becca Fischer, une gardienne du climat pour WildEarth Guardians. “Cette approche, accorder-des-contrats-partout, est caractéristique de ce gouvernement qui ferait n’importe quoi pour l’industrie du pétrole et du gaz aux dépens des Américains. Nous méritons mieux.”

“A moins que chacun s’oppose et dise ‘non’ à ces projets de vente, la vie sauvage en Arizona, l’eau et les familles ne sont pas protégées du désir de l’industrie du pétrole et du gaz de forer et fracturer partout où c’est possible,” dit Kelly Fuller, coordinateur de campagne pour l’énergie du Western Watersheds Project [Projet Sources d’eau de l’Ouest].

Les terres mises aux enchères aujourd’hui chevauchent le Petit Colorado et Silver Creek, qui hébergent deux espèces reconnues comme menacées au niveau fédéral – le lepidomeda du Petit Colorado, un poisson argenté, apparenté aux cyprins, et le coucou à bec jaune, un oiseau connu pour son cri spécial.

 

Le Centre pour la Diversité Biologique (Center for Biological Diversity) est une organisation nationale à but non-lucratif, qui compte plus de 1,6 million de membres et des activistes en ligne, consacrée à la protection des espèces protégées et des lieux sauvages.

Fondé en 1892, le Sierra Club est une organisation nationale à but non-lucratif, comptant environs 3,5 millions de membres et soutiens, y compris en Arizona. La mission du Sierra Club est d’explorer, d’apprécier et de protéger les lieux sauvages sur terre; de mettre en pratique et de promouvoir l’utilisation responsable des écosystèmes et des ressources terrestres; et d’éduquer et recruter l’humanité pour protéger et rétablir la qualité de l’environnement naturel et humain.