Les jeunes Navajo (conduits par des femmes) qui ont décidé d’entreprendre cette année quatre marches vers leurs quatre Montagnes Sacrées, ont achevé leur 2ème marche au pied des San Francisco Peaks le 23 avril. Les photos et une bonne partie de leur déclaration ont été publiées sur Censored News.
Traduction française Christine Prat

 

NOUS AVONS REUSSI !!!!

Nous avons achevé cette partie de notre voyage de 1600 km hier. Au total 560 km ont été ajoutés aux 370 de la marche précédente. Ce fut une journée très spéciale d’avoir passé du temps auprès de notre Montagne Sacrée de l’Ouest, Dooko’ooslííd [San Francisco Peaks], rejoints par nos frères et sœurs Ch’izhi/Apache. Nous ne pourrons jamais dire toute notre gratitude pour cet honneur de prier pour notre peuple, notre terre et notre culture. Nous attendons avec joie et impatience le solstice d’été, pour repartir (de Flagstaff à Durango). Axhéé’hé [Merci].

Ayoo axhéé’hé nihidiyin diné’é doo nihitah diyin. [Approximativement : Grand merci à nos êtres sacrés et notre pays sacré – enfin, je crois…]

Axhéé’hé Gens Sacrés pour nous avoir montré le chemin vers Dooko’ooslííd. Axhéé’hé à notre communauté pour avoir prié pour nous à chaque pas sur la route. Axhéé’hé à ceux qui ont marché tout le voyage. Axhéé’hé à ceux qui ont marché avec nous une journée. Axhéé’hé aux hataalii [hommes/femmes-médecine] qui nous ont aidés en route. Merci Seeds of Peace, Galen, Adam et Grumble pour la nourriture. Axhéé’hé à tous les sièges de chapitres et toutes les familles qui nous ont hébergés pour la nuit. Axhéé’hé à toutes les écoles qui nous ont laissé transmettre notre message aux jeunes. Axhéé’hé Áha pour nous avoir aidés à partir du bon pied. Merci à la Pluie Femelle qui a béni les cieux devant nous. Axhéé’hé nihik’é pour nous avoir appris qui nous sommes. Axhéé’hé yaadilhil pour les nuits étoilées et le ciel ensoleillé. Adoo ayoo axhéé’hé [grand merci aussi] Nihima Nahasdzáán, notre Mère la Terre, pour avoir soutenu nos pieds sur ton doux sol et pour nous avoir montré la beauté et la résilience que tu portes, la beauté et la résilience pour laquelle nous combattons.

Nihígaal bee Iina

 

***
Merci à vous Nihígaal bee Iina, Voyage pour l’Existence, pour marcher jusqu’aux Quatre Montagnes Sacrées et élever vos voix contre le génocide en cours des forages pour le pétrole et le gaz, la fracturation hydraulique et les mines de charbon. Merci de partager votre voyage avec Censored News et les lecteurs du monde entier.
Brenda, Censored News
***

 

Le 19 avril, la marche s’était arrêtée à l’école STAR, où les marcheurs ont été surpris par l’accueil et les dessins des élèves. Ci- dessous leur déclaration à ce sujet, publiée sur Censored News.

Par Nihigaal bee Iina
Traduction Christine Prat

 

Hier, nous avons franchi la frontière de la réserve Navajo pour nous rendre à l’école sous contrat STAR. Quand nous sommes arrivés, nous avons trouvé ces incroyables dessins et écrits sur Nihígaal bee Iina. Nous sommes très touchés par les mots que nous avons lus, créés par les écoliers de l’école STAR et aussi par tous les dessins que nous avons vus. Ayóo nizhóniiyé ! [très beau…]

 

Voir d’autres photos sur Censored News

 

Et article en français sur l’école STAR

article sur l’annonce des marches

autres articles sur les marches


Kandi Mossett, Mandan, Hidatsa, Arikara du Dakota du Nord où les forages de pétrole et de gaz et la fracturation ont causé la mort et le désespoir

 

KANDI MOSSETT AUX NATIONS UNIES : ‘LAISSEZ-LE DANS LE SOL’, C’EST LE MESSAGE DES JEUNES AUTOCHTONES D’AMERIQUE

Mardi 21 avril 2015
Publié sur Censored News

14ème Session du Forum Permanent sur les Questions Autochtones, 21 avril 2015
Point d’Agenda 3(c), La Jeunesse, l’autodestruction et le suicide

Madame la Présidente,
Membres du Forum Permanent,
Eminents Frères et Sœurs, Représentants des Nations des Peuples Autochtones

Je parle au nom du Réseau Environnemental Autochtone [Indigenous Environmental Network], de MADRE et d’une douzaine d’Organisations de Peuples Autochtones et de réseaux régionaux d’Amérique du Nord, Centrale et du Sud, d’Afrique et d’Asie sur les causes fondamentales de l’autodestruction et du suicide chez les jeunes Autochtones.

Afin de protéger et de promouvoir le bien-être de la Jeunesse Autochtone et de prévenir l’autodestruction et le suicide, nous devons mettre un terme à la destruction de Notre Mère la Terre. Lorsque nous voyons des gouvernements, des industries minières et des multinationales violer et détruire Notre Mère la Terre, çà détruit simultanément notre espoir pour le futur et diminue notre volonté de vivre. Il y a un lien direct entre les dommages causés à Notre Mère la Terre, en particulier sur nos terres et territoires, et la montée en flèche des taux d’autodestruction et de suicides chez les jeunes Autochtones.

De plus, les industries minières et la combustion de carburants fossiles causent un changement climatique. Il faut absolument que les Nations Unies et les gouvernements entreprennent une action réelle contre le changement climatique.

En conséquence, nous vous soumettons respectueusement les RECOMMANDATIONS suivantes :

Que le thème spécial de la 15ème Session du Forum Permanent de l’ONU sur les Questions Autochtones soit : ‘Territoires des Peuples Autochtones et Industries Minières’ et que le Forum Permanent organise une réunion d’experts sur les Territoires de Peuples Autochtones et les Industries Minières avant la 15ème Session.

Que les Etats instaurent une limitation de l’extraction de pétrole et autres carburants fossiles par laquelle 80% des réserves de carburant fossile soient laissés dans le sol.

Que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le futur Accord de Paris mettent en œuvre et protègent la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones et tous les autres instruments des droits de l’homme.

Que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le futur Accord de Paris incluent des engagements juridiquement contraignants de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 à 80% à la source, comme il est recommandé par les Nations Unies, sans fausses solutions, y compris le commerce des droits d’émission, les crédits de carbone, les Mécanismes de Développement Propre, REDD+ [Reducing emissions from deforestation and forest degradation], le Captage et stockage du Carbone, les plantations d’arbres en monoculture et les carburants d’origine agricole.

Madame la Présidente, notre connexion avec la terre est telle que lorsque nous voyons les compagnies minières déchirer le sol, nous souffrons physiquement, dans nos propres corps. Quand la fracturation hydraulique injecte des produits chimiques dans la terre et empoisonne nos eaux, les femmes, les enfants, les jeunes et tous les peuples Autochtones sont également empoisonnés par ces produits toxiques. Quand l’industrie de l’abattage détruit des forêts entières et des écosystèmes et que nous assistons de nos propres yeux à la mort et la destruction, nous commençons à perdre espoir en l’humanité. La question de savoir si l’avenir vaut même d’être vécu face à une telle destruction s’installe dans nos esprits et nos cœurs et beaucoup de jeunes Autochtones perdent l’espoir au point de croire que l’autodestruction et le suicide sont les seules échappatoires.

Mon propre travail contre la fracturation hydraulique dans le Dakota du Nord nous a montré, à moi et à la communauté de ma réserve, l’urgence de la triste situation. Ce type d’extraction extrême touche négativement la santé mentale et spirituelle de notre jeunesse.

Quand je regarde ma fille d’un an dans les yeux, j’y vois tellement d’espoir et de lumière pour le futur, que je veux que cet espoir reste toujours avec elle. C’est pourquoi nos organisations proposent ces recommandations comme prochaine mesure pour contribuer à assurer que les Jeunes Autochtones ne tombent pas dans le piège de l’autodestruction et du désespoir, mais plutôt qu’ils puissent remplir joyeusement et en pleine santé leur rôle de gardiens de Notre Mère la Terre.

Pour finir, je rappelle aux Nations Unies que « Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »

Merci.

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Kandi Mossett
Indigenous Environmental Network
Organisatrice d’une Campagne Autochtone pour l’Energie et le Climat
Notre site : www.ienearth.org

 

 

LA DESTRUCTION ECOLOGIQUE NE SIGNIFIE PAS LA SOUVERAINETE DINE (NAVAJO)

Par Klee Benally, Indigenous Action Media
18 avril 2015
Traduction Christine Prat

En 2009, Joe Shirley Jr., alors président de la Nation Navajo, a publié un communiqué de presse dans lequel il déclarait : « Comme jamais auparavant, les activistes et organisations écologistes sont parmi les pires menaces contre la souveraineté tribale, l’autodétermination, et notre quête d’indépendance. » Afin de protéger l’extraction de charbon et les intérêts des compagnies d’énergie dans la Nation Navajo, il déclarait que les militants écologistes n’étaient « pas les bienvenus » dans la réserve.

La position de Shirley semblait contraire à son travail antérieur pour protéger Dooko’osliid [San Francisco Peaks], l’une des quatre montagnes sacrées des Diné, et pour proscrire l’extraction d’uranium, tout cela ayant été accompli à cause de et aux côtés des écologistes. Mais le problème était en fait la dépendance historique de la Nation Navajo du charbon.

A l’époque, la Centrale Mojave, une centrale du Nevada qui brulait du charbon et pompait l’eau des mines à ciel ouvert de Black Mesa, avait été fermée depuis quelques années et le combat contre Desert Rock Energy, un projet d’énorme centrale au charbon dans la région de Four Corners, faisait rage. Desert Rock a finalement été fermé grâce à la résistance de la communauté, suscitée par Doodá Desert Rock. La proclamation de Shirley démontrait clairement que l’appareil politique de la Nation Navajo est responsable vis-à-vis de l’extraction de charbon et des intérêts des compagnies d’énergie plutôt que vis-à vis des Diné.

Le Président du Conseil de la Nation Navajo, Lorenzo Bates, a affirmé récemment cet engagement et a fait monter d’un cran la rhétorique et la politique antérieure par son témoignage écrit présenté au Comité du Sénat des Etats-Unis pour les Affaires Indiennes, disant que « la guerre contre le charbon est une guerre contre l’économie Navajo et notre capacité à agir en Nation souveraine. »
Bates a déclaré que l’industrie du charbon représentait « 60% des Revenus [de la Nation Navajo]. » et que « ces revenus représentent notre capacité à agir en Nation souveraine et à subvenir à nos propres besoins. »
Quelques jours avant sa déclaration, la compagnie Navajo Transitional Energy a perdu une bataille devant une cour de district, contre des groupes environnementaux, à propos d’une tentative d’expansion de la Mine Navajo, qui a récemment été rachetée à BHP et fournit en charbon la Centrale notoirement toxique de Four Corners. En 2012, le Bureau des Mines de Surface (OSM) des Etats-Unis a approuvé l’expansion de la mine, mais des groupes écologistes, entre autres Diné Care, ont engagé des poursuites, imposant une nouvelle évaluation environnementale, évaluant adéquatement les risques du mercure sur la santé publique et l’environnement. La Nation Navajo fait appel de cette décision.

Tandis que les politiciens de la Nation Navajo font pression et vont en justice en faveur de l’industrie du charbon, un nuage de près de 6500 km², flottant au-dessus de la Nation Navajo dans la région de Four Corners [point rouge sur la carte], est l’objet d’une enquête de chercheurs de la NASA qui ont déclaré : « L’origine est vraisemblablement l’extraction et le traitement du gaz, du charbon et du méthane houiller. » Le méthane est le deuxième gaz à effet de serre émis aux Etats-Unis et peut être jusqu’à 84 fois plus puissant que le gaz carbonique.

Il y a actuellement plus de 20000 puits de gaz naturel et des milliers de projets d’en ouvrir d’autres, dans et à proximité de la Nation Navajo, dans le Bassin de San Juan, une structure géologique de près de 20000 km² dans la région de Four Corners. D’après l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis, le Bassin de San Juan a « le bassin de méthane houiller le plus productif de l’Amérique du Nord. » Rien qu’en 2007, les compagnies ont extrait environs 37000 milliards de m² de gaz naturel de la région, en faisant la plus grande source des Etats-Unis. Halliburton, ‘pionnier’ de la fracturation hydraulique en 1947, a introduit la ‘refracturation’ des puits de la région. La fracturation gaspille et pollue une énorme quantité d’eau. Un seul puits de méthane houiller peut épuiser jusqu’à 1,3 millions de litres d’eau, et un puits de gaz de schistes forant horizontalement peut épuiser jusqu’à 40 millions de litres d’eau.

Le Bassin de San Juan est aussi considéré comme « le producteur d’uranium le plus prolifique des Etats-Unis. » L’uranium est un métal lourd radioactif utilisé comme carburant dans les réacteurs nucléaires et dans la production d’armes. On estime que 25% de l’uranium accessible restant dans le pays est dans la Nation Navajo. Bien que l’extraction d’uranium soit interdite dans la réserve, les politiciens Navajo ont récemment cherché à autoriser à nouveau l’extraction dans des régions déjà contaminées par l’héritage empoisonné de l’industrie. En 2013, le Délégué du Conseil de la Nation Navajo Leonard Tsosie a proposé une résolution visant à saper l’interdiction, mais ses entreprises ont été bloquées par Diné No Nukes [Pas de Nucléaire Navajo], une organisation de base « vouée à créer une Nation Navajo débarrassée des dangers de la radioactivité et de la prolifération nucléaire. » On estime qu’il y a plus de 2000 mines d’uranium abandonnées toxiques dans et autour de la Nation Navajo. 22 puits qui fournissent de l’eau à plus de 50000 Diné ont été fermés par l’Agence de Protection de l’Environnement à cause de leur fort taux de radioactivité. Les pressions récentes pour l’énergie nucléaire considérée comme ‘énergie propre’ ont rendu la région plus vulnérable à un renouvellement de l’extraction d’uranium, y compris la lixiviation in situ (qui utilise un procédé similaire à la fracturation hydraulique) juste à côté du Mont Taylor, une autre des quatre montagnes sacrées pour les Diné.

Des politiciens de la Nation Navajo veulent nous faire croire que la dépendance de centrales extrêmement polluantes et de mines à ciel ouvert qui ont causé la déportation forcée de plus de 20000 Diné de Black Mesa et une grave dégradation de l’environnement, est de la « souveraineté ». La Nation Navajo affirme son rôle de nation domestique dépendante qui sert les Etats-Unis et les intérêts des grandes entreprises privées au prix de notre santé et de la destruction de Notre Mère la Terre. Ce n’est pas de la souveraineté, c’est une colonie économique avec une entité politique établie pour maintenir l’exploitation des ressources. D’après le site web de la Compagnie du Pétrole et du Gaz de la Nation Navajo (NNOGC), « En 1923, un gouvernement tribal Navajo a été créé à l’origine par le Bureau des Affaires Indiennes pour approuver les contrats avec les compagnies pétrolières américaines, qui désiraient ardemment entamer des opérations de forage de pétrole sur les terres Navajo. » On ne peut pas être plus explicite.

En représentant la Nation Navajo, Bates a ajouté de mauvaise grâce une tentative d’éco blanchiment dans son témoignage, en déclarant que NTEC « … a reçu le mandat d’effectuer la transition de notre Nation vers notre avenir énergétique en investissant pas moins de 10% de ses profits dans le développement d’énergie alternative et renouvelable. » Même si l’économie verte (ou plus clairement le capitalisme vert) était une étape viable pour sortir de cette folie insoutenable, pourquoi le rôle de la Nation Navajo est toujours supposé être d’exploiter l’environnement pour alimenter les profits des grandes entreprises et maintenir un mode de vie non-durable ?

Une économie verte ne rompt pas les relations coloniales avec les industries d’extractions, elle les promeut. La bataille en cours pour protéger les terres sacrées d’Oak Flat de la firme Resolution Copper est un exemple proche de nous. Le site sacré, situé en Arizona sur des terres ‘publiques’ volées à la Nation Apache San Carlos, a été privatisé par des politiciens d’Arizona pour extraire du cuivre bien que la zone ait été protégée au niveau fédéral de toute extraction de ressources depuis 1955. La page d’ouverture du site de Resolution Copper déclare : « Le cuivre extrait de la mine projetée aidera à câbler un monde en croissance rapide et à pousser la nouvelle économie verte, en fournissant de l’énergie à toutes les innovations, des éoliennes aux voitures électriques. » Des Apaches rejoints par d’autres Peuples Autochtones occupent toujours Oak Flat.

La marchandisation de la nature continuera à nous placer dans une guerre interminable contre Notre Mère la Terre. Les sites sacrés, comme les San Francisco Peaks, le Mont Taylor, la Confluence du Grand Canyon, le Mont Graham, Oak Flat, le Mont Tenabo, Yucca Mountain, Medicine Lake, Mauna Kea [Hawaï]. Hickory Grounds, Black Mesa, la Montagne du Sud, Red Butte, Bear Butte, les Black Hills et beaucoup d’autres, sont sur la ligne de front de la lutte des Peuples Autochtones pour leur survie et leur vitalité culturelle et sont des cibles directes de ces industries d’exploitation.

La destruction en gros de Notre Mère la Terre et de ses êtres vivants pour la consommation et les profits de l’énergie est anti-Autochtone et donc anti-souveraineté Autochtone.
Bates a plus l’air d’un démarcheur de l’industrie du charbon que d’un partisan de la souveraineté quand il déclare que notre ‘avenir dépend’ du charbon. Face à la catastrophe climatique globale, si nous continuons à extraire et bruler du charbon, si nous choisissons des modes de vie liés à la destruction de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons et du sol dont nous produisons notre nourriture – nous n’aurons pas de futur.

Lien vers mon commentaire sur le communiqué de presse de Shirley en 2009 (en anglais) :
http://www.indigenousaction.org/democracy-unwelcome-on-navajo-and-hopi-nations/

Klee Benally, Indigenous Action Media

 

‘Nation Navajo’ désigne la réserve Navajo (par opposition à ‘Dinetah’, le territoire traditionnel des Diné) ou le gouvernement tribal. Ici, il s’agit du gouvernement. NdT

Photo Supai Waters, Havasupai

 

Contact:
Bahe Katenay
haastin.hweyaanii@gmail.com

Publié sur Censored News
Traduction Christine Prat

 

UNE MARCHE BOUDDHISTE POUR UN FUTUR SANS NUCLEAIRE

Une Marche de Prières Pacifiste visite les sites radioactifs et les terres Autochtones pour envoyer un message aux Nations Unies

Flagstaff, Arizona, 3 avril 2015 – Une Marche de Prières Bouddhiste pour la Paix a débuté le 21 mars dernier sur les rives de l’Océan Pacifique à côté de San Francisco, en Californie, et arrive à Flagstaff et dans les Réserves Navajo et Hopi. D’après la dirigeante de la marche, Jun-san Yasuda, une none Bouddhiste, le voyage à travers le pays a pour but de faire passer un message urgent au peuple Américain et aux Nations Unies sur l’utilisation constante et de plus en plus désastreuse de matériaux et de technologie nucléaires. Les participants sont de divers pays, il y a parmi eux des Japonais de Fukushima.

La déclaration des buts de la Marche pour la Paix indique aussi : « Nous sommes 70 ans après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Nous avons appris depuis ce qu’étaient tous leurs effets, pas seulement sur les résidents de ces villes mais aussi sur les lieus et les gens là où on extrait de l’uranium, on teste des bombes, on entrepose des déchets. Nous rendrons visites aux communautés Autochtones d’Amérique, où les gens continuent à souffrir de toutes les étapes de la chaîne nucléaire. »

Le Traité de Non-prolifération Nucléaire est un mandat international pour la prévention et l’élimination des armes nucléaires. Tous les cinq ans, les états possédant des armes nucléaires tiennent une conférence aux Nations Unies pour travailler à l’élimination totale des armes nucléaires. L’article IV du traité veut promouvoir « l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire », cependant le niveau d’exposition à la radioactivité dans des régions de mines d’uranium abandonnées et autres installations nucléaires a été destructif et mortel dans bien des cas. Les organisateurs de cette Marche espèrent transmettre un message fort aux puissances nucléaires.

 

La Marche dans le nord de l’Arizona a commencé le 5 avril à Flagstaff pour d’abord constater à quel point les Autochtones et non-Autochtones sont confrontés, consciemment ou non, au développement de l’extraction d’uranium près du Grand Canyon. La Marche devait passer par Cameron et Tuba City où les Navajos et les Hopis ont vu leurs eaux être contaminées et vivent à côté de mines d’uranium abandonnées depuis des décennies. La dernière halte devait être à Black Mesa, le 9 avril, où se trouve le plus grand site d’extraction de charbon à ciel ouvert du monde qui a gravement touché les cultures Navajo et Hopi.

 

Merci à Bahe Katenay de Big Mountain pour avoir fourni ces informations à Censored News.

 


Photo Indigenous Action Media / Klee Benally

 

COMMUNIQUE DE PRESSE : UN JUGE FEDERAL APPROUVE L’EXTRACTION D’URANIUM A PROXIMITE DU PARC NATIONAL DU GRAND CANYON

Publié par Indigenous Action Media
8 avril 2015
Traduction Christine Prat

Par la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Sierra Club & le Centre pour la Diversité Biologique

La décision autorise l’extraction sans consultation des Tribus ni mise à jour d’une étude environnementale datant de plusieurs décennies

PHOENIX, Arizona – Le Juge David Campbell, de la Cour de District des Etats-Unis, a rejeté une requête de stopper toute nouvelle extraction d’uranium à la Mine du Canyon, située à seulement 10 km de la limite sud du Parc National du Grand Canyon. La Tribu Havasupai et une coalition de groupes de conservation avaient attaqué la décision du Service des Forêts des Etats-Unis d’autoriser Energy Fuels Inc. à rouvrir la mine sans entreprendre des consultations formelles avec les tribus et sans mettre à jour une étude environnementale dépassée, datant de 1986. Sont en jeu des valeurs culturelles tribales, la vie sauvage et des espèces menacées et le risque d’empoisonnement par des déchets toxiques des nappes aquifères et des cours d’eau qui alimentent le Grand Canyon et le fleuve Colorado.

« Nous sommes très déçus par la décision du Juge Campbell dans l’affaire de la mine du Canyon » dit le Président Havasupai Rex Tilousi. « Nous pensons que la Loi sur la Préservation Historique Nationale exige que le Service des Forêts nous consulte, nous et les autres tribus concernées, avant de laisser la compagnie minière endommager Red Butte, l’une de nos possessions culturelles traditionnelles les plus sacrées. Le Conseil Tribal Havasupai se réunira cette semaine pour discuter de la possibilité de faire appel de cette décision. »

 

La décision ne protège pas la « Propriété Culturelle Traditionnelle de Red Butte », que le Service des Forêts a classé en 2010 en raison de son importance religieuse et culturelle capitale pour plusieurs tribus, spécialement les Havasupai. En tant que « propriété culturelle traditionnelle » Red Butte se qualifie pour être inscrite au Registre National des Lieus Historiques. La tribu Havasupai et les groupes de conservation ont soutenu que le Service des Forêts enfreignait la Loi sur la Préservation Historique Nationale en ne consultant pas les tribus pour déterminer comment les effets négatifs de la mine du Canyon sur Red Butte pouvaient être évités ou réduits avant d’approuver l’ouverture de la mine.

« C’est une mauvaise nouvelle pour la protection du Grand Canyon et des sites sacrés tribaux » dit Roger Clark, du Grand Canyon Trust. « Au cours des deux dernières décennies, nous avons appris comment l’extraction d’uranium peut polluer les nappes aquifères qui alimentent les sources du canyon et les Chutes Havasu. Mais le Service des Forêts a ignoré ces informations et n’a pas demandé à Energy Fuels de prendre des mesures raisonnables pour prévenir la contamination de l’eau, des sites sacrés et des terres publiques. »

Le Service des Forêts a d’abord approuvé le projet de mine près du Canyon en 1986, malgré l’opposition de la tribu Havasupai. Les prix de l’uranium se sont effondrés peu de temps après et la mine a fermé en 1990 avant d’avoir produit de l’uranium. Le Service des Forêts a autorisé la Mine du Canyon à rouvrir en 2012, sans mise à jour du projet ni d’estimations environnementales reflétant les grands changements intervenus depuis l’estimation et l’approbation précédentes. Parmi ces changements on peut citer la désignation de Red Butte comme propriété culturelle traditionnelle, la réintroduction du condor de Californie – une espèce menacée – dans la région de la Mine du Canyon, et la décision de 2012 d’interdire toute nouvelle extraction d’uranium dans une zone de plus de 4000 km² autour du Grand Canyon.

« Ce projet d’uranium pourrait hanter la région du Grand Canyon pour des décennies à venir » dit Katie Davis du Centre pour la Diversité Biologique. « L’extraction d’uranium laisse un héritage extrêmement toxique qui met en danger la santé humaine, la vie sauvage et les cours d’eau et nappes aquifères qui alimentent le Grand Canyon. C’est décevant de voir le Service des Forêts donner la priorité à l’industrie minière plutôt qu’à la protection à long terme d’un lieu emblématique comme le Grand Canyon. »

« Nous continuerons à nous battre pour protéger le Grand Canyon, ses eaux et son bassin hydrologique » dit Sandy Bahr, directrice de la Section du Grand Canyon du Sierra Club. « Le Service des Forêts devrait prendre en considération les dégâts que cette mine pourrait causer aux eaux souterraines et finalement aux eaux du Parc National du Grand Canyon. Nous sommes très déçus de ce que le juge n’ait pas été capable de le reconnaître. »

Des géologues ont prévenu que l’extraction d’uranium pourrait épuiser et contaminer les nappes aquifères qui se déversent dans le Grand Canyon et que les nettoyer serait pratiquement impossible. Une étude de l’Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis de 2010 a trouvé de forts taux d’uranium dans la terre et les sources d’eau concernés par l’extraction d’uranium passée. Des études sur la connectivité des eaux souterraines du Grand Canyon publiées suite à l’approbation de la mine en 1986 a indiqué que la contamination par l’uranium pouvait infiltrer des nappes aquifères en altitude ou profondes et les ruisseaux et les sources de la région, entre autres les Chutes Havasu. Energy Fuels a l’intention de commencer à extraire de l’uranium de la Mine du Canyon à la mi-juin 2015.

Les parties civiles dans l’affaire sont la Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club. La coalition a 60 jours pour faire appel de la décision du Juge Campbell devant la Cour d’Appel du 9ème Circuit.

Historique

La Mine du Canyon (Canyon Mine) se trouve dans la Forêt Nationale de Kaibab, à moins de 10 km de la limite sud du Parc National du Grand Canyon. La première autorisation de la mine en 1986 a causé des protestations et des poursuites en justice de la part de la tribu Havasupai et d’autres qui s’opposaient aux impacts potentiels de l’extraction d’uranium sur les eaux souterraines, les sources, les ruisseaux et les écosystèmes de la région, et les valeurs culturelles associées à Red Butte. L’infrastructure de surface a été construite au début des années 1990, mais l’effondrement des prix de l’uranium a fait fermer la mine en 1992 avant que le puits ne soit creusé ou du minerai extrait. Des forages exploratoires ont entrainé l’eau souterraine sous le site de la mine, éliminant suivant une estimation près de 5 millions de litres d’eau par an des sources de la région qui sont alimentées par les eaux souterraines.

Un rapport de 2010 de l’Institut d’Etudes Géologiques des Etats-Unis indiquait que des échantillons d’eau prélevés sous la mine contenaient des concentrations d’uranium dissous excédant les normes de l’Agence de Protection de l’Environnement pour l’eau potable. Les eaux souterraines menacées par la mine alimentent des puits municipaux et des eaux de ruissellement et des sources dans le Grand Canyon, entre autres les Sources Havasu et le Ruisseau Havasu. Les Permis de Protection Aquifère établis pour la mine ne prévoient pas de surveiller les nappes aquifères profondes ni de plans de réhabilitation pour remédier à la contamination de ces nappes aquifères profondes. La mine, qui appartenait à l’origine à Energy Fuels Nuclear, a été achetée par Denison Mines en 1997, puis, en 2012, par Energy Fuels Resources Inc., qui exploite la mine actuellement.

 

 

Shining Soul est un duo de hip-hop de Phoenix, Arizona. Il est composé de MC Liaizon (Alex Soto, Tohono O’odham) et de Bronze Candidate (Franco Habre). Ils sont originaires de la région frontalière (entre l’Arizona et le Mexique) où les mesures policières contre l’immigration sont devenues un cauchemar pour la population locale. Sur la situation à la frontière voir l’interview d’Alex Soto de mars 2014.

Ci-dessous, vidéos de deux morceaux avec les paroles traduites en français par Fred Haymarket, bassiste Nantais.

 


 

PAPIERS

 

Emcee Liaizon (Alex Soto), 1er couplet :

En arrivant en ville tu comprends l’affaire
De retour à ma réserve ça tourne au calvaire
Lumière rouge lumière bleue, reste tranquille
Cherches tes papiers et tout va bien se passer
“Qui est ta famille, où sont tes papiers?”
Ca sonne comme une rengaine malsaine et usée
Les fédéraux sur mon dos me prennent en photo
La patrouille des frontières c’est la Gestapo
Ils sont là pour te choper …
J’m’occupe juste des mes affaires
Le flic se ballade comme en terre conquise
Interro surprise …
Comment en sommes nous arrivés là ?
Les drones espion m’ont repéré
Les lumières de Star Trek dans la nuit
Il manque que Picard dans ma cour
Nique la Garde Nationale et la Frontera
Ouais on est attaqués
Il est temps de la jouer Pi’Machu,
Rendre les coups
C’est comme ça !

(Refrain, 4 X)
Click clack
Où sont tes papiers?
On est attaqués, ripostons
C’est la guerre !

Bronze Candidate (Franco Habre), 2è couplet :

Je ne sais quel est le pire
Les gringos construisant une nouvelle green zone ou les Latinos républicains
La persécution est triple
Vaincus, basanés, et ils supposent qu’on ne parle pas anglais
On est tous des sauvages aux yeux de l’état
Ils dressent les buchers,
Bouclent le secteur de TJ (Tijuana) à Brownsville en passant par San Diego
Profil bas les fier-à-bras !
Ils l’ont dit, sont là pour toi
Imposant leurs frontières arbitraires avec leurs milices
Tu vois le tableau?
Les suprématistes blancs ont bien des visages
La plupart de ces fumiers maintiennent l’ordre, portent des badges
Des menottes, et tirent à bout portant
Ils tuent de sang froid
Dans l’impunité jamais jugés
On les emmerde on cèdera pas
Ils attaquent on contre attaque
Regarde notre revanche et témoigne de la riposte!

(Refrain, 4 X)
Click clack
Où sont tes papiers?
On est attaqués, ripostons
C’est la guerre !

 

 

Pas de pitié !

 

1
(paroles FH)
Le pays des Si Se Puede (1)
La maison de l’insurrection
Où 1070 rencontre 187 (2)
Pas d’amour pour l’accomplissement du basané
le silence est acquiescement
Où la non-violence protège et sert le 1%

(paroles AS)
Nous, de cette…
Terre, de l’homme dans le labyrinthe
Où criminalisation
Militarisation nous font lever le poing
Pour passer à l’acte maintenant,
Nous Révolutionnaires Mais Autochtones
RBI’s (Revolutionnary But Indigenous), ininterrompu
Mon pays s’étend au delà des barrières

(paroles FH)
Ouais, ça veut dire la guerre
On se retrouvera au front
Shots for the “one-time” (3)
C’est dans mon sang
Toujours un rebelle, jamais prêt à renoncer
Garde la tête haute et le cœur ouvert

(AS)
Derrière le spectacle
La pieuvre raciste
Tu sais pourquoi?
C’est plus gros qu’Arpaio (4)
Patrouilles aux frontières pour le contrôle économique
Si tu veux stopper Joe…
Reconnais que la lutte est globale

2
(FH)
Tu peux parier
Qu’à m’appeler “dos-mouillé” (5)
Tu finiras par vriller
C’est pourquoi je reste fauché
En mode furtif, dans l’ombre
Je le dirais en majuscules
PAS DE FRONTIERES
Cette lutte n’est pas pour les sans-coeur
Alors je le répète
Pas de frontières
le gringo vit comme un visiteur
Nous sans-terre, stigmatisés,
Boucs émissaires désignés,
RIPOSTONS!
L’auto-défense est un droit humain
Quoiqu’en disent fascistes et libéraux
Le chemin est tracé
De district en district
De Campito à South Side
Nos quartiers ont été militarisés
Ouvrez les yeux
Il nous faut une réponse militante
Un réveil du ghetto
Avec une bonne dose de révolte
Et ça part d’une constatation
Le pouvoir ne lâche rien sans confrontation !!

REFRAIN (FH et AS)
Nous sommes de ce ground-zero (6), anti-héros,
On dit ces conneries que vous ne pouvez dire
Comme fracassons les frontières
Nique la Migra (7)
Doigt d’honneur à la frontière

Nous sommes de ce coin de désert
On le garde précieusement
On dit ces conneries que vous ne pouvez dire
Comme fracassons les frontières
Nique la Migra
Doigt d’honneur à la frontière

3
(AS)
C’est un no man’s land tout au long du front sud
Le passage des drones ramène à la réalité
Qu’est-ce qui se passe?
C’est la guerre, crachons nos coeurs et nos tripes
A la face de la Migra qui fouille dans mon coffre
Coincé au checkpoint
Nique la police, je le martèle
Ces pourris, ces batards de la canine
Terrorisent comme le KKK
Déstabilisent mon peuple
Je peux à peine le supporter
Tous alignés contre le mur
Ma terre coincée entre le marteau et l’enclume
Où les flics font là chasse
A ma face basanée
Profilage ethnique en ligne
Comme la West Bank
Je suis le Palestinien à coup sur
Comme le Rideau de Fer
Divisés comme les Allemands de l’est
Je parle à la 1ère personne
Car je suis la version autochtone…
De l’occupation, du poison économique
Et je deviens un insurgé, à fond contre les frontières
Retranché comme un reporter
Soutenant les mots d’ordre de mon peuple
Pas de frontières!

Refrain

 

(1) Si Se Puede (Oui c’est possible), devise (en espagnol) du syndicat de travailleurs agricoles United Farm Workers (fondé en 1962, un peu plus de 10000 adhérents en 2013), en anglais: Yes we can, slogan d’Obama dès 2004…

(2) La loi SB1070, introduite en Arizona en 2010, était alors la loi la plus stricte contre l’immigration illégale

(3) « one-time », dans l’ouest veut dire les flics

(4) Joseph “Joe” Arpaio, né en 1932, figure très droitière du Parti Républicain (c’est dire!), 6 fois shériff de Maricopa County, Arizona (à la frontière donc); il se targue d’être le shériff le plus dur des Usa il est en tout cas un des plus violents et corrompus…

(5) wet-backs: dos-mouillés, terme employé péjorativement depuis 1944 par la Police des Frontières pour désigner les migrants franchissant illégalement le Rio Grande, repérables à leurs vêtements trempés.

(6) Ground zero (point zéro) est un terme anglais utilisé pour indiquer l’endroit précis sur le sol où a lieu n’importe quelle explosion. Il a également été utilisé à partir des attentats du 11 septembre 2001 pour désigner l’ancien emplacement du World Trade Center à New York.

(7) La Migra: Police de l’Immigration (des frontières).

 

 

Le Mont Graham Sacré profané par l’Université d’Arizona, d’autres universités et le Pape, tous poussent à la profanation pour ces télescopes et les touristes. Wendsler Nosie, un Apache San Carlos, a même été arrêté par l’Université d’Arizona alors qu’il priait sur la Montagne Sacrée

 

L’UNIVERSITE D’ARIZONA AGRESSE LES APACHE AU MONT GRAHAM TOUT EN SOUTENANT LES NAVAJO SUR LES SAN FRANCISCO PEAKS

Publié sur Censored News
3 avril 2015
Traduction Christine Prat

L’UNIVERSITE D’ARIZONA RENOUVELLE EN SECRET UN PERMIS DE 20 ANS POUR PROFANER LE MONT GRAHAM AVEC UN TELESCOPE, ALORS QUE CETTE UNIVERSITE SOUTIENT LA PROTECTION DES PICS SACRES SAN FRANCISCO

Par Robin Silver
Centre pour la Diversité Biologique

TUCSON, Arizona – Derrière l’écran de fumée d’une admirable pétition pour aider les Navajo à protéger leurs Pics sacrés San Francisco contre une station de ski, l’Université d’Arizona et ses partenaires ont renouvelé en secret leur permis pour le télescope du Mont Graham pour 20 ans.

Sur le Mont Graham, pour promouvoir ses astronomes, l’Université d’Arizona a inauguré dans plusieurs domaines, entre autres en obtenant deux exemptions fédérales de se soumettre à des lois sur la culture, la religion et l’environnement.

Afin de promouvoir les télescopes du Mont Graham, l’Université d’Arizona est devenue :

– la première université à combattre l’inventaire des espèces menacées (juillet 1986)

– la première université à obtenir une exemption du Congrès de se soumettre à des lois fédérales sur l’environnement, la religion et la culture (1988)

– la première université à promouvoir un projet dont la base biologique (1988 Opinion Biologique de l’USFWS [Service des Poissons et de la Vie Sauvage] sur l’Ecureuil Rouge du Mont Graham) est reconnue comme frauduleuse

– la première université à aller en justice contre les droits des Autochtones de pratiquer leur religion (1992)

– la première université à produire et mettre en pratique un plan écrit pour détruire la religion et la culture d’un peuple Autochtone (1992, 2004)

– la première université à obtenir une deuxième décision du Congrès pour étendre ses exemptions de respecter des lois fédérale sur l’environnement, la religion et la culture (1996)

– la première université à arrêter un Autochtone rentrant de la prière sur ses Terres Sacrées ancestrales (30 août 1997) et

– la première université à exiger des permis de prière pour les Autochtones voulant prier sur leurs Terres Sacrées ancestrales (1988)

L’Université du Nord de l’Arizona et l’Université d’Etat d’Arizona sont partenaires dans le projet de télescope.

Robin Silver, M.D.
Cofondateur et Membre du Conseil d’Administration
Du Centre pour la Diversité Biologique
PO Box 1178
Flagstaff, AZ 86002
Web : www.biologicaldiversity.org
Email: rsilver@biologicaldiversity.org

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Notification d’intention de poursuivre:
22 décembre 2010

Contact : Dr. Robin Silver

Poursuite Lancée pour Sauver l’Ecureuil Rouge du Mont Graham du Projet de Télescope de l’Université d’Arizona

TUCSON, Arizona – Le Centre pour la Diversité Biologique, la Société Audubon de Maricopa et la Coalition pour le Mont Graham ont déposé ce jour une notification d’intention de poursuivre le Service des Forêts des Etats-Unis pour mettre un terme à tout nouvel impact destructif causé par les télescopes du Mont Graham à l’Ecureuil Rouge du Mont Graham, espèce gravement menacée. L’action légale d’aujourd’hui requiert que le Service des Forêts demande une nouvelle évaluation du projet selon la Loi sur les Espèces Menacées auprès du Service des Poissons et de la Vie Sauvage des Etats-Unis d’ici au 22 février 2011 ou s’expose à des poursuites.

La Loi sur les Espèces Menacées exige que toutes les administrations fédérales consultent le Service des Poissons et de la Vie Sauvage si leurs actions mettent en danger des espèces menacées. Le Service des Forêts gère le terrain occupé par les télescopes de l’Université d’Arizona.

L’impact du projet de télescope n’a subi aucune évaluation depuis que l’université a obtenu une exemption du Congrès en 1988. L’exemption protège les télescopes de toute évaluation environnementale tant qu’ils n’affectent pas plus de 8,6 acres. La zone affectée par le projet est cependant maintenant 40% supérieure et n’est donc plus exemptée d’évaluation.

« Les effets de ce projet sont allés bien au-delà de ce qu’on laissait supposer. Nous n’allons pas laisser l’écureuil rouge du Mont Graham être acculé à l’extinction » dit Robin Silver, du Centre.

Il ne survit qu’environs 200 écureuils rouges sur le Mont Graham. Les écureuils sont gravement mis en danger essentiellement à cause de la destruction progressive de leur habitat forestier. En plus de l’abattage des arbres à proximité des télescopes, près d’un tiers de la forêt d’épinettes et de sapins, qui constitue l’habitat primordial de l’écureuil, a été détruite par un feu allumé par le Service des Forêts pour protéger les télescopes en 2004.

« Même si le réchauffement climatique, la faiblesse de leur population, les feux de forêt et les insectes nuisibles restent des problèmes, si nous voulons que cet écureuil rare survive, nous devons contrôler la présence destructrice d’immeubles inutiles au cœur de leur habitat » dit Silver.

 

CryingEarthRiseUp3-4-2015

 

CRYING EARTH RISE UP
Documentaire, Réalisatrice Suree Towfighnia, Etats-Unis, 2015, 57 mn, en anglais

A propos du film :
CRYING EARTH RISE UP raconte l’histoire de deux femmes qui ont résolu de révéler le coût humain de l’extraction d’uranium et son impact sur l’eau sacrée. Debra White Plume est une grand-mère Lakota et dirigeante infatigable dans la lutte pour protéger l’eau et la terre de son peuple des pollueurs des grandes compagnies privées. Debra est la principale plaignante dans une affaire attaquant l’extraction d’uranium dans le territoire Lakota défini par traité. Elisha Yellow Thunder comprend intimement les dangers de l’eau contaminée. Alors qu’elle était une jeune mère et étudiante en géologie, elle a bu sans le savoir de l’eau contenant un taux élevé de radiations étant enceinte de sa première fille, née avec de graves anomalies qui mettent sa vie en danger. CRYING EARTH RISE UP est un documentaire sur le mouvement grandissant d’Autochtones et de non-Autochtones des Grandes Plaines dans leur combat pour stopper l’expansion de l’extraction d’uranium.
www.cryingearthriseup.com

A propos du projet :
PROJET DE CONTROLE DES RADIATIONS
Protéger Nos Communautés. Surveiller les Surveillants.
Quels sont les risques quand on vit près de mines d’uranium abandonnées ?
Est-ce que ces réacteurs vieillissant laissent fuir des radiations aujourd’hui ?
Pouvons-nous laisser nos enfants jouer dehors toute la journée ?
Nous n’avons aucun moyen de repérer la présence de radiations invisibles sans équipement approprié.
Le 26 avril 2015 nous lançons une campagne pour réunir des fonds pour acheter des détecteurs de radioactivité, les distribuer dans toutes les communautés contaminées et celles qui sont en première ligne aux Etats-Unis, et assurer une formation professionnelle nécessaire pour apprendre comment détecter les radiations.
C’est un projet de Diné No Nukes, Nuclear Energy Information Service et Sloths Against Nuclear State.
Pour plus d’informations voir : http://DineNoNukes.org
Sloths Against Nuclear State (SANS) est un groupe de New-York qui lutte pour briser la chaîne du capitalisme nucléaire, du militarisme et du fascisme. Voir : http://SANSnuclear.net

 

OweAkuLogo3-4-2015

Owe Aku                                                             Owe Aku
International Justice Project                            Bring Back the Way

www.oweakuinternational.org

 

Voir article précédent sur le film

 

 

 

L’UNION AMERICAINE POUR LES LIBERTES CIVILES SE FOURVOIE EN DEFENDANT LES REDSKINS

Par Andrew Curley, Diné [Navajo]
Publié sur Indigenous Action Media
26 mars 2015

Le 6 mars 2015, l’Union Américaine pour les Libertés Civiles (ACLU) a officiellement pris parti pour les Washington Redsk*ns [le nom de l’équipe de football américain de Washington : « Redskins » c’est-à-dire Peaux-Rouges, l’auteur met un astérisque pour souligner que pour eux il s’agit d’un gros mot – NdT] en ce qui concerne leur droit de conserver le nom offensant de l’équipe. Elle a non seulement publié un communiqué de presse déclarant que les Redsk*ns étaient dans leur bon droit, mais elle a même déposé un mémoire amicus curiae [d’après la loi américaine, des personnes peuvent être entendues à un procès sans statut de témoin ou autre, à titre d’information – NdT] aux côtés de la compagnie pesant 1,6 milliard de dollars, dans un procès en appel contre cinq activistes Amérindiens qui avaient attaqué le nom des Redsk*ns devant l’Organisation américaine des Patentes et du Commerce.

L’ACLU a embrouillé la question du mouvement pour Changer le Nom et en a fait une affaire relevant du Premier Amendement [qui garantit la liberté d’expression – NdT] alors qu’il s’agit en fait d’un problème de droits de l’homme. Ils ont faussement prétendu que le gouvernement piétinait la liberté d’expression, alors qu’en fait, le Bureau des Patentes et du Commerce utilisait l’autorité qui lui a été donnée par le Congrès de refuser le droit de patenter des choses offensantes ou obscènes. Il remplissait aussi dans une faible mesure l’obligation du gouvernement américain de protéger les droits humains des peuples Autochtones.

Mais l’ACLU émet des objections contre la capacité du gouvernement de réguler la « décence » des marques commerciales. Ceci limite les enjeux de l’affaire, de la protection des droits humains des peuples Autochtones à une question ramenée sur le même plan que la diffusion de jurons ou de défaillances vestimentaires.

Dans l’affaire Pro-Football Inc. contre Amanda Blackhorse et les autres, l’ACLU défend la déresponsabilisation et la déshumanisation des peuples Autochtones en tant que droit inattaquable de Pro-Football Inc., la compagnie propriétaire de l’équipe des Washington Redsk*ns. Même si c’est mal, c’est leur droit d’avoir tort, affirme l’ACLU. Ceci place l’affaire d’emblée dans le domaine de la liberté d’expression. Mais les gens de l’ACLU ignorent la gravité de la question et le fait que ce n’est absolument pas une question de liberté d’expression.

Quand un peuple est systématiquement visé et déshumanisé, comme c’est clairement le cas quand on appelle les Amérindiens des « Peaux-R*uges », c’est comparable à la propagande Nazi contre les Juifs. Au tribunal de Nuremberg, des procureurs américains ont clairement lié les médias Nazi aux crimes de guerre. Mais ils ne se sont jamais penchés sur ce qui se passait aux Etats-Unis. Dans notre cas, le terme « Peaux-R*uges » a une longue histoire de déshumanisation des Autochtones. Cette déshumanisation est liée au vol, aux punitions collectives et à la violence contre les peuples Autochtones du continent. Bref, le terme Peaux-R*uges et la violence d’état sont intimement liés.

Mais pour l’ACLU, refuser à Pro-Football Inc. sa marque raciste est la même chose qu’une interdiction de parler. L’ACLU met en garde contre la limitation de la liberté d’expression par « le gouvernement » sous la forme de la révocation par le Bureau des Patentes et des Marques Commerciales (PTO) de la marque déposée de l’équipe, à cause de son caractère offensant. L’ACLU ramène la déposition de marques à la liberté d’expression et le rejet d’une patente par le PTO à de la coercition. C’est un saut logique énorme de la part de l’ACLU et une dénégation du véritable héritage de violence exercée contre les peuples Autochtones.

Dans leur mémoire amicus curiae, ils citent une affaire de 1950 et suggèrent que « dans certaines circonstances, des ‘découragements’ indirects’ » tels que le refus d’une patente, « ont le même effet coercitif que « des peines de prison, des amendes ou des injonctions. » Autrement dit, des désavantages financiers indirects dans l’exercice de l’expression par l’intermédiaire de n’importe quelle institution gouvernementale, que ce soit la police qui confisque votre rotative ou le PTO qui refuse une patente à cause d’un racisme évident, pour l’ACLU, les effets sont les mêmes.

Mais la phrase clef qu’ils citent et ignorent est que « seulement dans certaines circonstances » (italiques ajoutées par l’auteur) ces tactiques constituent la même coercition. Certainement pas en toutes circonstances. Et ce n’est clairement pas l’une de ces circonstances. Nous ne parlons pas d’une petite startup se moquant d’un concurrent beaucoup plus gros, l’un des scenarii cité par l’ACLU dans son mémoire. Nous parlons d’une organisation au cœur de la capitale fédérale que Forbes estime à 1,6 milliard de dollars et qui refuse de changer son nom raciste quoi qu’il arrive. Çà laisse peu de recours aux activistes Autochtones à part en appeler aux critères de décence du Bureau des Patentes et Marques Commerciales.

Même gagner en appel ne garantit pas que Pro-Football Inc. changera le nom de son équipe. Le gouvernement des Etats-Unis ne dit pas qu’ils ne peuvent pas s’appeler « Peaux-R*uges », seulement qu’ils ne peuvent pas déposer la marque. Donc, c’est seulement pour protéger les droits de Pro-Football Inc. de faire des bénéfices que l’ACLU intervient.

Aussi, dans la pratique de la liberté d’expression, il est important de se demander qui sont les acteurs et de quelles ressources ils disposent. La garantie de la liberté d’expression, quand elle a été définie dans la Constitution des Etats-Unis, avait pour but de protéger des individus sans pouvoir du pouvoir des institutions gouvernementales de les réduire au silence. Quand le Premier Amendement a été adopté, les compagnies n’étaient pas aussi puissantes qu’aujourd’hui. Maintenant elles ont plus de ressources que certains gouvernements et reflètent l’inégalité générale détaillée par Oxfam International qui a montré que la moitié de la richesse était possédée par un pourcent de la population.

« … ceci n’empêche pas Dan Snyder ou quiconque associé à Pro-Football Inc. de dire le mot Peaux-R*uges en public, dans la presse ou toute autre forme d’expression. Çà les empêche seulement de le déposer comme marque. »

Dans cet environnement, les gouvernements tribaux ou les individus Autochtones ont très peu de recours, si ce n’est d’en appeler à ce qu’il y a de progressiste dans les lois et les institutions fédérales. Çà inclut les lois qui autorisent le PTO à rejeter une marque à cause de son caractère offensant. Encore une fois, çà n’empêche pas Dan Snyder ou quiconque associé à Pro-Football Inc. de dire le mot « peaux r*uges » en public, dans la presse ou ailleurs. Çà les empêche seulement d’en faire une marque déposée. Donc nous devons rejeter l’objection selon laquelle faire changer de nom aux Washington Redsk*ns pesant 1,6 milliard, serait un poids financier équivalent à de la coercition.

Il faut que l’ACLU adopte une attitude plus nuancée sur le Premier Amendement, quand il s’agit de questions relatives à des patentes et des marques déposées et prenne aussi en considération le pouvoir financier des individus, groupes ou compagnies impliqués. En fin de compte, les marques constituent une intrusion mal définie dans la question plus vaste de « la liberté d’expression », étant donné que leur point de vue est d’attribuer le droit à la parole à des individus, des groupes ou des compagnies privés et en empêcher d’autres de l’utiliser.

L’ACLU devrait aussi reconnaître que le refus du PTO de déposer la marque Redskin ne fait qu’empêcher la compagnie de faire de l’argent avec la déshumanisation des Autochtones. C’est une reconnaissance minime de la part du gouvernement des Etats-Unis qu’une telle déshumanisation est moralement condamnable. Çà fait partie de l’histoire de la propagande que de suggérer que les peuples Autochtones ne méritent pas les droits civiques et humains de base. L’utilisation du terme remonte à des siècles et il était utilisé à des époques de violence du gouvernement contre les Autochtones. Aujourd’hui, il contribue à une attitude générale considérant que la violence contre les Autochtones est acceptable. Çà devrait rappeler les leçons de Nuremberg, à savoir que la propagande, à certaines époques, est criminelle.

Dans son mémoire amicus curiae, l’ACLU évite la question morale plus vaste de la déshumanisation des peuples Autochtones par son interprétation rigide, absolue et douteuse du Premier Amendement quand çà concerne une marque raciste. Ce que je veux dire ici, c’est que l’affaire des Redsk*ns n’est pas une question de liberté d’expression, c’est une question de droits de l’homme. Dans le discours d’après-guerre sur les droits de l’homme, en parti dérivés des procès de Nuremberg, le gouvernement des Etats-Unis a l’obligation d’empêcher la violence contre les peuples Autochtones. Il est signataire de la Convention Internationale sur l’Elimination de Toutes Formes de Discrimination Raciale. En refusant de déposer la marque « Redsk*ns » pour Pro-Football Inc., il n’a rempli qu’une toute petite partie de cette obligation. L’ACLU devrait reconnaître que les peuples Autochtones, pas la compagnie à 1,6 milliard, sont les vrais acteurs ayant besoin de protection.