LES ETATS-UNIS ET LE MEXIQUE MAIN DANS LA MAIN POUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME

Par Frontera NorteSur (Nouveau-Mexique)
Publié par Censored News
Dimanche 28 décembre 2014
Traduction Christine Prat

Bien que ce soit passé inaperçu dans les médias des Etats-Unis, les évènements au nord de la frontière présentent des similarités frappantes avec les évènements au Mexique en 2014. Tout comme les manifestations de masse qui ont commencé au sud du Rio Bravo puis se sont rapidement étendues au reste du monde contre les meurtres par la police et les disparitions forcées d’étudiants du collège rural d’Ayotzinapa dans l’état du Guerrero au Mexique, le problème qui a servi de catalyseur à ‘El Norte’ [Etats-Unis] était la violence policière. Dans les deux pays membres de NAFTA, les questions de race et de classe, la militarisation de la police, la corruption politique, l’effondrement du système judiciaire, les iniquités économiques et les violations systématiques des droits de l’homme ont fourni le contexte pour des conflagrations nationales.

Dans un récent commentaire dans la presse, sur les liens entre Ayotzinapa et les tirs mortels de la police sur le jeune Afro-américain désarmé Mike Brown et d’autres aux Etats-Unis, Aida Hernandez, professeur et chercheur au Centre des Hautes Etudes et de la Recherche en Anthropologie Sociale de Mexico, affirmait que les deux cas mettent en évidence le scandale de ce que « la vie des jeunes Autochtones et Afro-américains pauvres ne valait rien dans des sociétés racistes et racialisées. »

Dans le cas d’Ayotzinapa, A. Hernandez écrivit que, le fait que la majorité des 43 étudiants disparus en septembre dernier étaient d’origine Autochtone avait été « peu mentionné », même lorsque des messages racistes sur les étudiants ont été postés sur les réseaux sociaux et reproduits dans les médias de masse.

Dans le même sens, une dépêche de Reuters d’avant Noël donnait plus de crédibilité aux accusations de profilage racial à grande échelle par la police de New York et d’autres services de police.
25 policiers Afro-américains de la police de New York, en service ou retraités, interviewés pour l’article, ont parlé de leurs propres problèmes avec les policiers blancs, allant du harcèlement, aux menaces avec des armes à feu, aux retenues et fouilles arbitraires et même à l’usage excessif de la force.

« Il n’y a pas vraiment de canaux pour signaler les abus » dit Eric Adams, ex-capitaine de la police de New York et président du district de Brooklyn, cité par Reuters.

Aux Etats-Unis, la mort de Mike Brown tué en août dernier par l’officier de police blanc Darren Wilson à Ferguson dans le Missouri, a placé la violence policière, le profilage racial et la militarisation au centre de la scène politique nationale.

Cependant, la répétition générale pour la confrontation finale avait eu lieu des mois plus tôt, quand le SDF James Boyd avait été tué dans le style d’une exécution, par deux membres de la police d’Albuquerque [Nouveau-Mexique]. L’affaire avait déclenché les manifestations les plus intenses dans la ville depuis les années 1970, des manifestant ayant successivement occupé l’Avenue Centrale, brièvement bloqué la route nationale 25, installé une ‘assemblée du peuple’ au cours d’une réunion brusquement interrompue du conseil municipal et organisé un sit-in pacifique dans le bureau du maire Richard Berry.

Mais, par le biais d’une exagération du ton et de l’impact matériel des manifestations, les actions ont parfois été décrites injustement comme des ‘protestations violentes’ par les médias commerciaux, en particulier Associated Press dont les histoires ont été reprises par d’autres médias.

Par contre, les démonstrations du pouvoir de la police militarisée qui a abasourdi les Etats-Unis l’été dernier lors de l’émeute de Ferguson, étaient au centre des manifestations précédentes au Nouveau-Mexique. Après Albuquerque, un soulèvement contre les brutalités policières a secoué Salinas, en Californie, où quatre hommes Latinos ont été tués par balles par des flics locaux au début de cette année.

Quand les policiers tueurs de Mike Brown à Ferguson et Eric Garner à New York ont été exonérés de toute charge, des manifestations ont éclaté dans près de 200 villes des Etats-Unis et ont continué durant la traditionnellement apolitique saison des fêtes de fin d’année, tout comme au Mexique, contre les attaques des étudiants d’Ayotzinapa.

Aux Etats-Unis, un blocage sans précédent, par des milliers de gens, de l’emblématique Mall of America, dans le Minnesota, s’est produit quelques jours avant Noël.

Les meurtres, en décembre, de deux officiers de police de New York, par un homme au passé criminel et sans liens connus avec les manifestants, prétendument pour venger Brown et Garner, ont déclenché des déclarations provocatrices de la direction syndicale de la police de New York, promettant une ‘politique de temps de guerre’ et affirmant que le maire Bill de Blasio avait ‘du sang sur les mains’.

Si ces promesses sont mises en application, çà ne fera que confirmer ce que les critiques ont toujours dit : Le maintien de l’ordre aux Etats-Unis est une entreprise de ‘nous contre eux’, une action unilatérale de flics militarisés contre le public, spécialement les gens de couleur.

Pendant ce temps, des scènes de maintien de l’ordre dignes de temps de guerre sont évidentes dans le paysage Mexicain, où des légions de forces de sécurité armées envahissent les rues avec des armes puissantes et des véhicules militaires. Souvent en treillis de combat, il y a des soldats, des ‘marines’, des policiers d’état, des policiers municipaux, des gardiens de banques et des personnels de sécurité privée de tout poil.

Les Etats-Unis comme le Mexique sont enlisés dans des guerres apparemment sans fin – contre le terrorisme, la drogue, les immigrés, les automobilistes ivres, etc. Côté Etats-Unis, les estimations des dépenses militaires depuis les attaques du 11 septembre, vont de 1600 milliards de dollars, pour la plus basse estimation, celle du Service de Recherche du Congrès, à 4400 milliards (ou plus), calculés par des professeurs de l’Université de Boston, selon un article paru sur le site Common Dreams.

Les énormes dépenses de Washington, de plus en plus passées dans les mains de sous-traitants privés, ont été contractées en des temps où des millions de gens étaient sans emplois, où les services sociaux ont été réduits, les aides de l’état sévèrement limitées, toute une génération d’étudiants prise au piège de dettes énormes, et la ville emblématique de Detroit laissée tomber en ruines. Et cependant, les guerres continuent encore et toujours…

Certains font le lien entre la violence policière, les dépenses militaires, la guerre de la drogue, les violations des droits de l’homme et la politique étrangère. Dès novembre, des pancartes proclamant ‘Ayotzinapa-Ferguson’ ont commencé à apparaître aux Etats-Unis dans les manifestations contre la brutalité policière. Début décembre des manifestations aux Etats-Unis contre l’aide sécuritaire au Mexique, visant les 2,1 milliards de dollars de l’Initiative Merida contre la drogue (appelée aussi Plan Mexique) qui fournit un entrainement et des équipements de maintien de l’ordre au gouvernement Mexicain, ont eu lieu dans plus de 50 villes des Etats-Unis. Des jeunes immigrés Mexicains étaient les principaux initiateurs de l’action.

« C’est un effort communautaire des résidents Mexicains des Etats-Unis qui ne veulent pas que l’argent de leurs impôts finance le gouvernement Mexicain, qui est corrompu » dit l’une des organisatrices du mouvement.

« Nous en avons assez du soutien du gouvernement des Etats-Unis aux forces de sécurité du Mexique, qui ont torturé, fait disparaître et tué des milliers de gens » dit l’activiste Roberto Lovato en Espagnol sur CNN. Après six ans d’opération Merida, Washington et Mexico peuvent se vanter de succès dans la capture et l’élimination de chefs du crime organisé, comme Chapo Guzman, mais se serait de la folie de la part des deux gouvernements de prétendre que leur programme de sécurité conjoint a fondamentalement démantelé l’ensemble du business de la drogue et du crime organisé ou a mis un terme au haut niveau de violence, les deux phénomènes continuant toujours comme ‘business as usual’.

Après 2008, l’Initiative Merida, appliquée par à-coups, comprenait précisément une suspension partielle des paiements concernant les questions de droits de l’homme au Mexique – pendant les années où la violence a atteint de nouveaux sommets et a engendré plus de 100000 assassinats, au moins 23000 disparitions et le déplacement forcé de leurs maisons et communautés de plus de 250000 personnes, selon les estimations les plus prudentes.

En 2015, l’Initiative Merida pourrait susciter plus d’attention, grâce à Ayotzinapa et d’autres atrocités, comme la tuerie de 22 personnes le 30 juin, par l’armée Mexicaine, dans l’état de Mexico. De plus en plus, Washington et Mexico sont fréquemment sur la sellette des organisations internationales des droits de l’homme.

Récemment, les deux gouvernements ont été sérieusement mis en question par les Nations Unies, la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme, le Parlement Européen, le Tribunal Permanent des Peuples, Amnesty International, Human Rights Watch, et d’autres.

Bien que l’étendue des violations des droits de l’homme supposée soit beaucoup trop longue pour être exposée ici, une brève liste comprend la torture, la violence policière, les meurtres de femmes, les disparitions forcées et le profilage racial. « Malgré les grandes différences économiques et sociales qui séparent (le Mexique et les Etats-Unis), le racisme, l’impunité, la violence d’Etat et la criminalisation des protestations sociales unissent les réalités des deux côtés de la frontière » écrivit l’universitaire Mexicaine Aida Hernandez.

L’année 2014 a signifié aux partenaires de NAFTA – et au monde – que le respect des principes de base de la vie est sacrosaint. C’est tout simplement inacceptable de torturer des gens ou de les faire disparaître dans l’oubli. Ce n’est pas bien de tirer dans le dos des civils. Et les manipulations de la vérité par les gouvernements, les camouflages, les simulations de changement de politique et l’impunité, sont de moins en moins tolérés par les sociétés civiles qui se réaffirment enfin après des années d’assoupissement.

Kent Paterson

Frontera NorteSur: on-line, U.S.-Mexico border news
Center for Latin American and Border Studies
New Mexico State University
Las Cruces, New Mexico

 

Il faut ajouter aussi que les médias ne parlent jamais des Amérindiens tirés par les flics. Juste quelques exemples récents :

Décembre 2014: Lakota tué par des flics de Rapid City, après avoir participé, la veille, à une manif contre la violence policière

Octobre 2014 : Amérindienne de 8 ans (Rosebud Sioux Dakota du Sud) blessée et gravement traumatisée après avoir été attaquée au taser par des flics

Août 2014 : un Amérindien sourd tiré dans le dos pas un flic de Seattle. Le flic a démissionné, son acte ayant été jugé injustifié, pour une fois. Toujours en août, un Lakota tué par la police de Rapid City…

Il y en a eu d’autres, rien que cette année. Quelques familles se sont manifestées sur les réseaux sociaux au moment des grandes manifs pour Mike Brown, pour signaler que leurs fils aussi s’étaient fait buter de la même manière, mais les Indiens étant supposés appartenir au passé, les médias ignorent ce qui leur arrive actuellement.

Ch.P.

 

 

UNE DELEGATION NAVAJO, CONDUITE PAR LE VICE-PRESIDENT REX LEE JIM RACHETE LES MASQUES NAVAJOS MIS AUX ENCHERES PAR EVE

DE NOMBREUX NAVAJOS REGRETTENT QU’IL FAILLE PAYER POUR RECUPERER DES OBJETS QUI LEUR APPARTIENNENT

Le 15 décembre dernier, la firme EVE s’est à nouveau livrée à une scandaleuse vente aux enchères d’objets sacrés Amérindiens. Près de 300 objets, appartenant à des Nations Autochtones allant de l’Alaska jusqu’à l’état de Oaxaca, au sud du Mexique, étaient mis en vente. Cette fois, les Navajos ont envoyé à Paris une délégation, conduite par le Vice-Président Rex Lee Jim, accompagné par Jared King, du Bureau de Washington de la Nation Navajo, Leonard Gorman et Rodney Tahe, de la Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo. Le Vice-Président a été choisi pour conduire la délégation en raison de ses connaissances, en tant qu’homme-Médecine, et de ses capacités pour authentifier les objets. Après avoir obtenu l’autorisation de voir les masques Navajo le 13 décembre et de faire une cérémonie pour les sauver de la profanation, la délégation Navajo a assisté à la vente du 15 décembre et acheté les masques Navajos. D’après un article du Figaro du 16 décembre, il apparaît que les Hopis et leur avocat ont protesté contre la vente de leurs objets, mais ont – comme d’habitude – été déboutés par le tribunal. Les médias ne disent pas un mot des objets d’autres provenances, bien que, toujours selon le Figaro, l’œuvre vendue au plus haut prix ait été un objet Pueblo d’Arizona. L’Ambassade des Etats-Unis, toujours d’après le Figaro et un article du Point paru le même jour (13 décembre), a tenté de faire reporter la vente des objets Navajos et Hopis – en vain – « demandant ‘le retrait temporaire de la vente des objets susceptibles d’être des biens culturels Hopi et Navajo à caractère sacré, afin de laisser aux représentants de ces nations le temps d’expertiser leur nature et leur provenance, et d’envisager les recours possibles pour leur restitution’ » (Le Figaro, 16 décembre 2014).
IdleNoMoreF15-12-2014SDes membres d’Idle No More France étaient présents devant la salle Drouot le 15 décembre, pour protester contre la vente et soutenir la délégation Navajo.
Bien que les Navajos se félicitent d’avoir pu récupérer leurs objets sacrés, beaucoup s’indignent de ce qu’il ait été nécessaire de payer pour se faire restituer ce qui leur appartenait.
Ci-dessous, la traduction française d’un article de Native News Online du 16 décembre 2014, et plus bas, un commentaire également publié sur le site de Native News Online, le 20 décembre.

Christine Prat

 

LA DELEGATION NAVAJO CONSIDERE SES EFFORTS DE RAPATRIEMENT COMME UN SUCCES : LES MASQUES VENDUS AUX ENCHERES ONT ETE RECUPERES

Par Native News Online
16 décembre 2014
Traduction Christine Prat

PARIS – La délégation Navajo en mission à Paris, conduite par le Vice-Président de la Nation Navajo Rex Lee Jim, a réussi à rapatrier les sept masques sacrés Navajos mis en vente par une firme de vente aux enchères, en faisant des offres et achetant la totalité des sept masques sacrés.

« Çà a été une mission très délicate, » dit le Vice Président Rex Lee Jim après la fin de la vente. « Nous sommes heureux de ramener ces masques sacrés Navajos chez nous pour qu’ils soient purifiés par nos hommes et femmes Médecine Navajos, qui vont déterminer quand ces masques seront utilisés pour nos cérémonies d’hiver. »

La délégation Navajo est arrivée à Paris vendredi [12 décembre]. En arrivant, la délégation voulait vérifier que les masques étaient bien d’origine Navajo. Lors d’une cérémonie privée tenue à la salle Drouot, le Vice Président a offert des prières Navajo sacrées pour les masques, tenus pour authentiques et datant du début des années 1900.

« Dans nos prières et chants dédiés à ces êtres sacrés Navajo, nous nous sommes exprimés et nos êtres sacrés savent que nous nous en préoccupons. Notre cérémonie était une façon de nous reconnecter avec eux et de leur faire savoir que nous étions là pour les ramener chez eux. Nous ne les avons pas oubliés. Nous nous préoccupons de ce qu’on nous enseigne d’être – Diné [Navajo]. C’est une façon de communiquer avec les êtres à l’intérieur de ces masques sacrés » dit le Vice Président.

Voulant susciter une prise de conscience dans un pays étranger, le Vice Président dit qu’il y avait un besoin urgent de comprendre, au niveau national et international, par respect mutuel des cultures et des rites et par respect pour la dignité et la diversité humaine, que « nous devons tous être conscients qu’il y a certaines entités sacrées que nous ne devons jamais, jamais vendre. Dans le cas présent, on ne peut imaginer vendre les êtres sacrés d’autres peuples. Ces masques sont des êtres vivants, qui respirent » ajouta le Vice Président.

« Ces masques sont des êtres spirituels et le peuple Navajo a des liens très forts avec eux. Nous devons les considérer comme tels » dit aussi le Vice Président Rex Lee Jim.

EVE JacksonEscobarAmeGuajajaraSLa délégation Navajo exprime sa gratitude pour l’énorme soutien de tous ceux qui se sont manifestés pour demander à EVE d’arrêter la vente jusqu’à ce que des représentants Navajo et d’autres tribus aient pu voir et authentifier les masques. Elle remercie l’Ambassadrice des Etats-Unis Jane Hartley, les officiels du Secrétariat d’Etat aux Affaires Etrangères des Etats-Unis et le Ministère U.S. de la Sécurité Intérieure. « Ceci a été une coopération de gouvernement à gouvernement, et nous en sommes reconnaissants » dit le Vice Président avant de quitter Paris.

La délégation Navajo devait rentrer à Window Rock, Arizona, le mardi 17.

 

Le 20 décembre, Levi Rickert a publié un commentaire sur la page ‘Opinion’ de Native News Online

C’EST DECEVANT DE DEVOIR DE DEVOIR RESTITUER DES CHOSES APPARTENANT AUX AMERINDIENS AVEC DE L’ARGENT

Par Levi Rickert
sur Native News Online
20 décembre 2014
Traduction Christine Prat

Commentaire

J’adore quand les Amérindiens se font restituer ce qui leur appartient. On nous a tellement pris. En fait, le mot que je devrais utiliser est nous a été ‘volé’.

Ainsi, j’étais reconnaissant quand Native News Online a pu annoncer que le Vice-Président de la Nation Navajo Rex Lee Jim avait réussi à récupérer à Paris les masques sacrés Navajos qui y étaient mis aux enchères. Il est allé là-bas avec une délégation pour offrir un prix pour les masques lors d’une vente. Il a dépensé plus de 9000 dollars pour récupérer les masques.

Les objets Amérindiens peuvent faire beaucoup de dollars aux enchères. Pour une raison bizarre, il y a une fascination pour les biens et les os des peuples Autochtones.

Mais il est triste que les gens qui sont prêts à payer beaucoup de dollars aux enchères pour les vestiges Amérindiens du passé ne se soucient aucunement des Amérindiens du présent qui luttent pour survivre dans des conditions dignes du tiers-monde dans tout le Pays Indien

Essentiellement, ils adorent nos objets ; mais ils ne nous aiment pas ou n’en ont rien à faire.

J’appelle çà le syndrome « des os contre la chair et le sang », ce qui veut dire qu’il est plus facile de se préoccuper des reliques du passé que des gens qui vivent aujourd’hui. Je sais que les masques Navajo achetés cette semaine ne sont pas des os, mais çà ne doit pas faire oublier ce que je veux dire : la plupart des Non-Autochtones aiment nos affaires mais ne nous aiment pas.

Si vous n’êtes pas d’accord, demandez à n’importe quel directeur d’un centre Amérindien urbain à quel point il est difficile de faire marcher le chauffage pendant les mois d’hiver. Les agences urbaines Amérindiennes se battent pour justifier leur existence permanente pour assurer des services absolument nécessaires aux membres de leurs communautés.

Bien que je sois content que le Vice-Président Navajo ait pu récupérer les masques Navajos, je suis déçu que de l’argent ait dû être dépensé pour des objets qui auraient dû être rendus à la Nation Navajo sans être payés.

L’argent aurait été mieux dépensé pour aider les Autochtones vraiment dans le besoin.

 

000-45684sFin juin, la firme EVE avait déjà procédé à une vente similaire. Klee Benally, Navajo, alors de passage à Paris, s’était rendu le 2 juillet au siège de la firme pour remettre une lettre de protestation. Il avait été assez mal reçu. Voir article, avec, à la fin, une vidéo de l’action du 2 juillet.

Le 16 décembre 2014, Klee Benally a fait le commentaire suivant, sur Facebook :

Bien que je sois reconnaissant que la Nation Navajo ait enfin entrepris une action pour rapatrier les masques cérémoniaux Diné, le communiqué de presse ne parle pas de ce qui sera fait dans le futur pour s’assurer que la propriété culturelle sacrée ne sera plus exploitée. La firme EVE de Paris n’a donné absolument aucune indication suggérant qu’elle pourrait mettre un terme à ces enchères exploiteuses et profanatrices. Etre forcé d’échanger de l’argent pour les récupérer n’est pas vraiment la justice, c’est en fin de compte récompenser ceux qui les ont volés si nous ne persistons pas à empêcher toutes ces ventes aux enchères de propriété culturelle sacrée. Si la Nation Navajo est prête à voyager au-delà des mers pour mettre en question l’exploitation et la protection de nos modes de vie sacrés, pourquoi ne s’assure t’elle pas que des sites sacrés comme La Confluence de Grand Canyon du Colorado (défendue par Save the Confluence), le Mont Huerfano (défendu par Dooda Fracking – Non à la Fracturation Hydraulique), les San Francisco Peaks (défendus par Protect the Peaks) et le Mont Taylor, ne seront pas également protégés ?

 

En juin 2014, déjà, la firme EVE avait scandalisé les Autochtones d’Amérique du Nord en vendant aux enchères des objets sacrés qui n’auraient jamais dû sortir des tribus auxquelles ils appartenaient. Le 2 juillet 2014, Klee Benally, Navajo, des représentants d’Idle No More France et du CSIA-nitassinan, s’étaient rendu au siège de la firme pour tenter – vainement – de faire comprendre au responsable la gravité de ces actes. La firme EVE récidive, moins de six mois plus tard. Une vente aux enchères doit avoir lieu le 15 décembre prochain.
En juin dernier, le New York Times avait publié un article contre la vente et l’Ambassade des Etats-Unis avait protesté officiellement. Cependant, et comme d’habitude, le tribunal du 9ème arrondissement avait décidé en faveur des vendeurs, au nom de la sainte ‘liberté du commerce’.
Nous avons appris récemment qu’EVE allait à nouveau vendre des objets Autochtones venant de l’Alaska au sud du Mexique.
Ci-dessous un extrait de l’article de Brenda Norrell, publié sur Censored News le 3 décembre 2014. (Le reste de l’article reproduit celui de juillet dernier, que l’on peut voir en français sur ce site).

Christine Prat

Vous pouvez protester en envoyant des messages à EVE :
Eve :
contact@auctioneve.com
+33 (0)1 53 34 04 04

 

 

UNE VENTE AUX ENCHÈRES A PARIS PERPETUE CINQ ANS DE GENOCIDE CULTUREL PAR LA VENTE D’OBJETS SACRES

Par Brenda Norrell
Censored News
3 décembre 2014
In het Nederlands
Traduction Christine Prat

La firme EVE de Paris vend des objets sacrés Pueblos, Diné [Navajo] et Indiens des Plaines, perpétuant ainsi un acte de génocide culturel pour la cinquième année. Le catalogue d’EVE montre des Kachinas sacrées et des masques Hopi, Acoma, Laguna, Zuni, Santo Domingo, Tesuque et autres Pueblos. Il y a aussi des masques de cérémonie Yeibeichei Diné (Navajo).
Il y a également un objet sacré Kiowa sur la liste des enchères et des objets Cérémoniels Shalako des Pueblo Zuni. La plupart des objets cérémoniels sont datés, d’après la liste, de 1900 à 1930, mais il y a aussi un collier de coquillage indiqué comme pré-Hopi ou Anasazi.
Le catalogue d’EVE présente 275 objets sur 110 pages, certains appartenant aux Mandan, Chippewa, Blackfeet et à des Autochtones du Canada. Il y a des sculptures et autres objets des Inuit d’Alaska, des Mayas de Oaxaca (Mexique) et d’autres du Costa Rica.
Le catalogue en ligne d’EVE se vante de vendre de l’ ‘Art Pré-Colombien’. (L’article de Censored News indique le lien vers le catalogue comme preuve à charge. Il est interdit de photographier ou montrer les objets sacrés).

La suite de l’article de Brenda Norrell est la reproduction de l’article de juillet 2014, dont on peut lire la traduction française en cliquant ici.

 

 

LES AMERINDIENS TRES INQUIETS SUITE A L’ANNONCE PAR LE PRESIDENT EVO MORALES DE LA CONSTRUCTION D’UNE CENTRALE NUCLEAIRE

Par Brenda Norrell
Censored News
30 novembre 2014
Nederlands
Traduction Christine Prat

 

L’annonce par le Président de Bolivie Evo Morales suivant laquelle la Bolivie construirait une centrale nucléaire a été perçue comme une nouvelle troublante par ceux qui ont participé à la Conférence sur le Changement Climatique et la Protection de la Terre Mère à Cochabamba, en Bolivie, en 2010.

Ofelia Rivas, O’odham du Territoire O’odham dans l’Ile de la Tortue [Amérique du Nord] était parmi ceux du nord qui participaient à la conférence en Bolivie et elle recommande l’action.

« En tant que co-Présidente du Groupe de Travail Autochtone sur les Droits de Notre Mère la Terre au Sommet Mondial Autochtone de 2010 sur le Changement Climatique, je recommande une pétition à l’échelle mondiale pour exprimer notre profonde inquiétude devant cette décision de développement de ‘libération économique’ en Bolivie. Je me souviens de ce qu’ont dit les femmes boliviennes de la base et de leur profond amour pour Pachamama, Notre Mère la Terre et leur détermination absolue de la protéger. »

Le Président bolivien Evo Morales a annoncé que son gouvernement investira environs 2 milliards de dollars d’ici à 2025 pour développer l’énergie nucléaire dans des buts pacifiques, selon la chaîne TeleSur.

Le Président Morales a déclaré : « Nous ne pourrons plus jamais nous considérer comme un petit pays maintenant que nous nous sommes libérés économiquement. Avec ce type d’investissement dans l’énergie nucléaire nous le garantirons. »

La Bolivie a commencé sa coopération nucléaire avec l’Argentine en mai 2014, et plus récemment, à la mis juillet, après une rencontre avec le Président Russe Vladimir Poutine, au Brésil. Morales a alors annoncé que le dirigeant russe offrait à la Bolivie la technologie et la formation continue des scientifiques du pays, dit la chaîne TeleSur.

La centrale nucléaire serait construite dans la province de La Paz. L’annonce a été faite après que de l’uranium ait été découvert dans la région de Santa Cruz. Par un curieux concours de circonstances, La Paz et Santa Cruz sont les deux villes où les Amérindiens sont arrivés pour la Conférence sur la Terre Mère en 2014, avant de se rendre à Cochabamba.

Suite au rassemblement de Cochabamba, La Bolivie et l’Equateur ont adopté des lois affirmant les Droits de la Nature.

En pays Indien aux Etats-Unis, les Amérindiens sont prompts à souligner les dangers de l’extraction d’uranium et des décharges de déchets nucléaires à l’attention des Peuples Autochtones de Bolivie.

Klee Benally, Diné (Navajo), avait dit : « Le processus de production nucléaire n’a signifié que la mort et la profanation de terres sacrées pour les Peuples Autochtones. De l’extraction, au retraitement, au transport, à l’énergie, aux armes et aux déchets, l’héritage toxique du colonialisme nucléaire, est tout sauf une ‘alternative verte’. »

« Il y a plus de 10000 mines d’uranium abandonnées dans tous les Etats-Unis, beaucoup sont situées dans ou à proximité de communautés Autochtones où les taux élevés de cancers et de malformations congénitales sont causés par l’exposition à ces sites toxiques. Des sites sacrés comme le Mont Taylor au Nouveau Mexique ou Red Butte en Arizona, sont profanés pour extraire l’uranium. Les Etats-Unis ont actuellement plus de 71000 tonnes de déchets qu’ils essaient d’entreposer à Yucca Mountain, un site sacré pour les Shoshone de l’ouest. Les Shoshone de l’ouest ont aussi eu plus de 1000 explosions de bombes atomiques sur leurs terres [ce territoire était l’équivalent de Mururoa pour les Français – NdT], » dit Klee Benally à Censored News.

Klee Benally  parlé (et chanté) des mines d’uranium abandonnées à Montreuil en 2013


Voir cette vidéo en grand format HD

Les Navajo et les Pueblos, et d’autres Autochtones dans tout l’ouest, ont souffert de cancers et autres maladies mortelles pendant des décennies à cause de l’extraction d’uranium. Des Navajos ont été envoyés à une mort certaine dans les mines d’uranium, sans combinaisons protectrices. Jusque dans les années 1990, dans les communautés de Cove et Red Valley près de Shiprock, au Nouveau Mexique, dans la Nation Navajo, des Navajo âgés ont vécu dans des maisons construites avec des roches radioactives. Des membres de toutes les familles de ces communautés sont morts de cancers à cause de l’extraction d’uranium. Des enfants Navajo de la région jouaient dans des cours parsemées de pierres radioactives à cause de l’extraction d’uranium.

Même dans la région du Grand Canyon et de Monument Valley, dans la partie ouest de la Nation Navajo, en Arizona, deux sites qui sont éminemment touristiques, les mines d’uranium et des pierres radioactives éparpillées ont laissé un héritage mortel.

De nombreux Pino, des Pueblo Acoma du Nouveau Mexique, dirent que des Pueblos étaient morts après que la poussière radioactive ait recouvert leur nourriture, et les champs dans lesquels leur bétail paissait. Des femmes Pueblo ont été contaminées en lavant les vêtements de leurs maris qui travaillaient dans les mines.

Aujourd’hui, des résidus radioactifs non-décontaminés sont toujours dispersés dans la Nation Navajo. Les entreprises minières ont largement été soustraites à leur responsabilité d’avoir semé la mort et la dévastation, alors même que de nouveaux projets d’extraction menacent la région.

De plus, les Shoshone de l’ouest combattent la menace de voir entreposer des déchets nucléaires sur la Yucca Mountain, dans le Nevada, étant donné que les Amérindiens ont toujours été la cible des décharges de déchets nucléaires. Les désastres nucléaires ont prouvé qu’il n’y a pas de moyen sûr de transporter ou d’entreposer les déchets nucléaires. Les terres des Shoshone de l’ouest était aussi le site des essais pour les bombes atomiques des Etats-Unis.

Réagissant aux dangers mortels de l’extraction d’uranium et de l’enfouissement des déchets, Louise Benally, Diné de Big Mountain, a dit à Censored News : « C’est totalement mauvais, il n’y a aucune sécurité. »

Les dangers ont été exprimés dans une lettre ouverte de la communauté mondiale au Président Morales, publiée sur le site Breaking the Nuclear Chain :

Extrait de la lettre :

La sécurité d’une centrale nucléaire est un mythe, promus par les partisans de l’industrie nucléaire et les industriels, mais c’est clairement nié par les faits : le demi-siècle passé montre qu’on peut s’attendre à des accidents extrêmement graves très régulièrement. Les conséquences d’un accident nucléaire majeur sont pires que celles de n’importe quel autre accident. Rien que l’héritage de Fukushima durera des décennies et affectera le Japon et le reste du monde !

L’énergie nucléaire est vulnérable aux attaques terroristes et conduit à la militarisation du territoire aux alentours.

Il y a un lien très étroit entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire. Les matériaux et les techniques de base sont les mêmes, avec du plutonium – le matériel ‘explosif’ idéal pour produire de l’énergie nucléaire et fabriquer des armes nucléaires – qui résulte comme sous-produit de la réaction en chaîne.

Texte intégral de la lettre (en anglais) : http://www.breakingthenuclearchain.org/blogs/-/blogs/open-letter-to-evo-morales-about-nuclear-energy

Signataires :

Anna Polo, World without Wars, Italy
Olivier Turquet, chief editor Pressenza Italy
Angelo Baracca, Professor of Physics, Italy
Carlos Vassaux M.D., USA
Dr. Jouni Ylinen, Finland
Ira Helfand, MD, USA, co-President International Physicians for the Prevention of Nuclear War, recipient of the 1985 Nobel Peace Prize
Claudio Giangiacomo, Italy
Nnimmo Bassey, Health of Mother Earth Foundation (HOMEF), Nigeria
Roberto Renzetti, Professor of Physics and essayist, Italy
People for Nuclear Disarmament, Australia
Human Survival Project, Australia

 


Photo Hillary Abe

MANIFESTATIONS LORS DE L’OUVERTURE DE LA STATION DE SKI ARIZONA SNOWBOWL, AVEC DE LA NEIGE FAITE A 100% D’EAUX USEES RECYCLEES

Par Indigenous Action Media
See original article in English
30 novembre 2014
Also published on Censored News
Traduction Christine Prat

FLAGSTAFF, Arizona – Vendredi 28 novembre 2014, plus de 50 personnes se sont rassemblées et ont défilé, tandis que la station de ski Arizona Snowbowl ouvrait la saison avec de la neige faite à 100% d’eaux usées recyclées, sur les San Francisco Peaks, montagne sacrée pour les Autochtones. Faute de chute de neige naturelle, Snowbowl n’a ouvert que 3 pistes sur 40. Des gens sont venus de Prescott et de Kayenta, en Arizona, et même de Shiprock, au Nouveau Mexique, pour soutenir les habitants de Flagstaff exprimant leurs inquiétudes sur l’ouverture de Snowbowl, que le propriétaire multimillionnaire voulait promouvoir comme « Vendredi Blanc » [ce vendredi était, aux USA, le ‘Vendredi Noir, jour où, traditionnellement, les consommateurs Américains achètent comme des malades, pour Thanksgiving – NdT].

Snowbowl on November 28, 2014

« Çà m’attriste profondément que le simple respect n’ait pas pu empêcher d’arroser les Pics d’eau usée » dit Rudy Preston, un habitant de Flagstaff, « et pour ajouter le nuisible à l’insulte, je les ai vu répandre de la neige d’eaux usées sur toutes les tables de piquenique de la partie restauration du chalet, neige qui a fondu une semaine plus tard, laissant une étrange poudre grise qui couvrait tout. Le jour de l’ouverture, j’ai vu au moins 50 personnes prendre leur déjeuner dans ce produit. Ils ne respectent même pas leurs propres clients. » « Je suis dégouté par les articles récents de la presse locale sur Arizona Snowbowl, qui ne sont rien d’autre que de la publicité pour la station de ski et vont jusqu’à falsifier leurs reportages avec des photos et vidéos du domaine skiable avec beaucoup plus de neige dessus. S’ils sont prêts à mentir à ce point pour une station de ski noyée dans les eaux usées, enfoncée dans le caca, est-ce que je peux jamais croire un mot de ce qu’ils disent? » dit Rudy.

Dans des communiqués de presses et des interviews, Snowbowl trompe aussi le public et met les gens, particulièrement les enfants, en danger, en omettant intentionnellement de dire qu’ils utilisent 100% d’eaux usées pour faire de la neige.

« Çà va au-delà du racisme environnemental, c’est un acte perpétuel de génocide culturel », dit Klee Benally, un bénévole de Protect the Peaks. « Le Service des Forêts des Etats-Unis, Snowbowl, et la Ville de Flagstaff ont clairement montré que quelques petites pistes de ski couverte de 30 cm d’eau d’égouts et un profit économique marginal sont plus importants que les cultures de 13 Nations Autochtones, la santé publique, et l’intégrité écologique des Pics sacrés San Francisco. »

Louise Benally from Big Mountain.

Louise Benally, une résistante Diné [Navajo] de Big Mountain, dans la Nation Souveraine Diné, a parlé des attaques de style paramilitaires et du vol de bétail commis par le Bureau des Affaires Indiennes et des rangers tribaux contre les habitants de Black Mesa. Louise a offert un chant de prière avant que le groupe ne défile dans le centre de Flagstaff. Les jeunes Diné Toby et Jody Manuelito se sont joints à Supai Waters, de la Nation Havasupai, pour conduire la marche qui s’est arrêtée pour une ronde traditionnelle à Heritage Square. La manifestation s’est aussi arrêtée devant des commerces connus pour soutenir Snowbowl. Les manifestants ont scandé « Boycottez Snowbowl », « Vous dites récréation, nous disons profanation ! » et « Quand Notre Mère la Terre est attaquée, que faisons-nous ? Nous combattons ! »

Renae Yellowhorse & Sarana Riggs from Save the Confluence

Renae Yellow Horse et Sarana Riggs de Sauvez la Confluence ont parlé des tentatives de profanation de la Confluence du Grand Canyon par un projet de développement appelé l’ « Escalade ».
« Nous sommes tous des défenseurs des terres, au-dessus et en dessous, tout autour de nous » dit Renae Yellow Horse, porte-parole des Familles et Soutiens de Sauvez la Confluence, « les montagnes, les rivières, les espaces et sites sacrés. Notre montagne sacrée, Dooko’osliid et nos sites sacrés, la Confluence du Petit Colorado et du Colorado – tous sont menacés par le développement, que ce soit Snowbowl ou l’Escalade du Grand Canyon. C’est mauvais et nous devons tous résister et nous exprimer. Défendez le Sacré ! » dit Renae.

« Nous représentons les Etudiants d’Arizona Contre Snowbowl (ASAS – Arizona Students Against Snowbowl), une coalition qui se développe à l’échelle de l’état, d’étudiants qui appellent sur les campus au boycott de Snowbowl dans leurs universités. » dit Iliana Correa-Hernandez, étudiante à Prescott, « nous sommes venus pour protester contre l’utilisation par Snowbowl de millions de litres d’eau d’égouts pour faire de la neige artificielle sur les San Francisco Peaks. C’est une profanation d’une terre sacrée et un acte de génocide culturel. Nous soutenons les 13 Nations Autochtones qui protègent le sacré et défendent la vie. »

« J’ai été surpris d’apprendre que des gens à Snowbowl ne savaient pas que de l’eau usée recyclée était utilisée pour faire la neige » dit Robyn Jackson, porte-parole d’une communauté Diné et activiste de Wheatfields, Arizona, dans la Réserve Navajo. « Alors que deux jeunes femmes Diné portaient une banderole ‘Boycottez Snowbowl’, des gens ont fait savoir qu’ils soutenaient Snowbowl, mais d’autres sont venus dire qu’ils appréciaient et soutenaient notre présence. Nous avons vu des enfants jouer dans la neige et un groupe de gens mangeant dessus. Il semble que les gens n’étaient pas totalement conscients des dangers pour la santé auxquels ils s’exposaient. »

« Et de la connexion que nous avons en tant que Diné avec notre montagne d’abalone [suivant la mythologie Navajo, les San Francisco Peaks ont été créés à partir de coque d’abalone – NdT], et de l’importance que çà a dans notre existence. La neige est malsaine pour tout l’écosystème de notre montagne sacrée. » dit T. Tracy, un Diné venu pour protester de Tséhootsooí. « J’ai vu des enfants jouer dans de la neige faite d’eau d’égouts recyclée. Leurs mains et leurs visages exposés au produit d’égouts. Il n’y avait pas beaucoup de monde, mais j’imagine qu’il y a beaucoup plus de gens ignorants de ce dans quoi ils se roulent, qui se rendent à la montagne sans aucune idée de ce à quoi ils s’exposent et à quoi l’écosystème de la montagne est exposé aussi » dit T. Tracy.

Des officiels de la ville admettent que l’eau recyclée peut contenir des bactéries résistantes aux antibiotiques et des produits pharmaceutiques, mais ils n’ont pas de date limite pour faire des tests et solutionner ces problèmes. Il est illégal d’ingérer de l’eau recyclée par les yeux, la bouche, les oreilles ou la peau à cause des coliformes fécaux et des produits chimiques qu’elle contient. Malgré cela, les institutions de l’état ferment les yeux sur ces faits s’agissant de Snowbowl – donc, la Ville et les services de l’état font courir des risques à des milliers de skieurs et de familles.

« Le génocide culturel des identités de Peuples Autochtones, les sites sacrés, et la liberté religieuse sont constamment attaqués » dit Amanda Blackhorse [ci-contre, avec Klee Benally], partie civile dans une plainte contre l’équipe raciste de Washington NFL [qui a adopté une figure Autochtone comme mascotte, contre l’avis des peuples concernés – NdT]. «Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que les grandes entreprises se renforcent mutuellement s’agissant d’appropriation culturelle, que se soit les mascottes Autochtones des sports professionnels ou la profanation de Dooko’osliid (San Francisco Peaks), temple pour les Autochtones. Les Autochtones sont constamment à la merci de l’Amérique privatisée, et nous regardons notre culture, notre religion, et nos identités utilisées pour le profit commercial ou détruites au profit des loisirs » dit Amanda.

Le Comité des Nations Unies pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (CERD) a publié en 2011 une réaction aux plaintes déposées par des organisations Autochtones et la Commission des Droits de l’Homme de la Nation Navajo, stipulant que « le Comité demande des informations sur les mesures concrètes prises pour assurer que le caractère sacré de ce site pour les Autochtones soit respecté, entre autres la possibilité de suspendre le permis accordé à Arizona Snowbowl afin de consulter plus avant les peuples Autochtones et de prendre en compte leurs inquiétudes et leurs traditions religieuses. » Le CERD est chargé de vérifier la conformité avec la Convention Internationale sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination Raciale.

Les organisateurs de la manifestation ont exprimé leur solidarité avec tous ceux qui réclament justice pour Mike Brown et ceux qui luttent pour protéger des sites sacrés, de la Montagne du Sud, des Shell Mounds Ohlone, de Hickory Grounds, du Mont Taylor, de Medicine Lake, du Mont Graham, de la Yucca Mountain, du Mont Tenabo à Mauna Kea.

Snowbowl est une entreprise privée à but lucratif opérant avec un Permis d’Utilisation Spéciale sur des terres publiques du Service des Forêts. James Coleman, propriétaire de plusieurs stations de ski dans le Sud-ouest, a révélé récemment qu’il avait fait une offre pour acheter les pistes de ski. Coleman a proféré de nouvelles menaces d’expansion de la station. Snowbowl étant sur des terres publiques, le Service des Forêts des Etats-Unis devra approuver un nouveau Permis d’Utilisation Spéciale si la vente a lieu. Les Nations Autochtones ont la possibilité et le droit de demander à être consultées au cours de ce processus.

 

Voir la vidéo sous-titrée en français du documentaire de Mari Cleven ‘Eaux usées’ sur les dangers de l’eau recyclée de Flagstaff