Alors que la nucléarisation du monde – militaire et civile – s’accélère à une vitesse affolante, l’association Au-delà du Nucléaire/Un Futur Sans Nucléaire, a attribué un prix à titre posthume à Klee Benally, Anarchiste Diné, pour ses décennies de lutte contre le nucléaire et les centaines de mines d’uranium au milieu desquelles il a grandi. Le prix sera remis à sa mère le 4 mars 2025, à New-York.
Jusqu’en décembre 2023 (il nous a quitté le 30), il a lutté contre l’ouverture d’une mine d’uranium près du Grand Canyon du Colorado et le transport de minerai radioactif par camions non-étanches, à travers des communautés Autochtones. Il avait co-fondé le mouvement « Haul NO! » (PAS de transport) il y a quelques années. Les autres membres du mouvement continuent la lutte. Le 13 février 2025, un proche de Klee, a été arrêté à Flagstaff, Arizona, en relation avec la lutte contre le trajet de transport. Depuis, plus aucune nouvelle de lui. Étant donné la situation aux U.S.A., nous craignons le pire.
J’ai commencé à suivre l’affaire de la mine en 2009. Suite aux nombreuses protestations (le Grand Canyon est un site classé et un des plus visités au monde par les touristes), Obama avait prononcé un moratoire de 20 ans contre l’ouverture de nouvelles mines dans la région. Trump a levé le moratoire dès 2017. De plus, la compagnie a toujours prétendu qu’ayant obtenu un permis avant l’entrée en vigueur du moratoire, ça ne la concernait pas. Cependant, le permis avait été accordé sur la base d’une étude d’impact environnemental périmée.
Oui, le Grand Canyon c’est loin. Mais la nucléarisation galopante concerne aussi l’Europe, surtout la France, et empoisonne des gens avec des mines partout dans le monde (pour la France, les Touareg du nord du Niger, entre autres). Et une nouvelle catastrophe type Fukushima mettrait la terre entière en danger.
(photo: Leona Morgan, de Haul NO! à Bure)
Ce qui se passe en territoire Autochtone en Amérique du Nord, se passe aussi un peu partout dans le monde. Beaucoup d’Autochtones en sont conscients, y compris dans les colonies françaises encore existantes.
Tout ceci n’étant qu’une raison de plus de faire une vraie révolution.
« Détruire ce qui nous détruit » – Klee Benally
Christine Prat
Risques d’accidents graves sur le trajet:
Par Brenda Norrell
Censored News
3 février 2025
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
La Nation Navajo a déshonoré la mémoire de Klee Benally en donnant son accord pour autoriser des camions transportant de l’uranium radioactif à traverser la Nation Navajo. C’est ce que Klee avait passé les dernières années de sa vie à combattre.
Les transports mortels de la mine d’uranium d’Energy Fuels Pinyon Plain, dans le Grand Canyon du Colorado passera par le pays des Havasupai, puis par les territoires de Paiutes, de Diné (Navajos) et de Hopis, en Arizona, avant d’atteindre le lieu où ils seront déchargés : l’usine de traitement d’Energy Fuels, dans la Communauté Ute de White Mesa, dans le sud de l’Utah.
Klee recevra, à titre posthume, le Prix d’un Futur Sans Nucléaire, à New York, en mars.
L’association Un Futur Sans Nucléaire a déclaré, en annonçant le prix : « Klee Benally était un activiste et un musicien Navajo, des clans Diné Tódích’íí’nii et Nakai. Il avait eu aussi une carrière musicale avec ses frère et sœur, dans le groupe Blackfire. »
« Klee était un militant et réalisateur passionné, qui dénonçait l’héritage colonialiste de mines d’uranium et se battait pour la décontamination de plus de 500 mines d’uranium abandonnées qui continuent d’empoisonner la Nation Navajo. Un mois avant son décès, le 30 décembre 2023, Klee avait publié son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »
Le prix sera remis à sa mère, Berta Benally.
Klee, co-fondateur de Haul NO!, alertait sur le danger posé à l’eau et aux rivières par l’extraction d’uranium dans le Grand Canyon et par le transport mortel de minerai radioactif, juste avant de nous quitter en décembre 2023.
« La radioactivité pourrait contaminer le sol, l’eau et l’air, à cause de la Mine du Canyon, de l’usine de White Mesa et du transport qui pourrait toucher le nord de l’Arizona, le sud-est de l’Utah, le fleuve Colorado, le cours d’eau de Moenkopi, la rivière San Juan, et les terres et ressources culturelles des Havasupai, Hopis, Navajos, Utes et Paiutes. »
Déplacer les déchets nucléaires d’une communauté Autochtone à une autre N’EST PAS une SOLUTION – et met tout le monde en danger le long du trajet mortel
Selon Haul NO! Energy Fuels a annoncé, le 29 janvier 2025, avoir trouvé un accord avec la Nation Navajo sur le transport d’uranium, mettant fin à l’arrêt temporaire du transport.
« L’accord inclut des dispositions stipulant qu’Energy Fuels retirera 10 000 tonnes de déchets de mines d’uranium abandonnées de la Nation Navajo, pour les déposer à l’usine de White Mesa, ce qui touchera nos parents Utes. »
« Le 30 janvier 2025, Energy Fuels a annoncé que le transport de minerai de la mine Pinyon Plain à travers la Nation Navajo, jusqu’à l’usine de White Mesa commencerait vers le 12 février 2025 », selon Haul NO!
La tromperie permanente et les décisions génocidaires du Gouvernement des États-Unis
L’Agence pour la Protection de l’Environnement des États-Unis (EPA) a trompé le public. Bien qu’ayant constamment annoncé la décontamination de sites de mines d’uranium abandonnées dans la Nation Navajo, elle ne décontamine pas les 524 sites, et il y a toujours des déchets radioactifs éparpillés depuis l’extraction d’uranium de la Guerre Froide.
Le directeur du Centre Légal pour l’Environnement du Nouveau-Mexique a témoigné devant la Commission Interaméricaine des Droits Humains, soulignant que les États-Unis révélaient vouloir sacrifier des Autochtones pour plus de « sécurité nationale » – au lieu de s’occuper des dégâts. La Commission de Régulation du Nucléaire n’a pas respecté les commentaires publics. Quant à l’EPA, il est trop tard. Il y a toujours 524 sites de mines d’uranium à décontaminer dans la Nation Navajo. Aucune n’a été complètement décontaminée, dit-il en mars 2024.
« Les reliques de nos ancêtres ont été profanées pour construire l’usine » dit Anferny Badback, Ute de Ute Mountain, à la Commission Interaméricaine des Droits Humains à Washington. Il a témoigné que l’usine avait contaminé l’eau souterraine, les plantes, les oiseaux, la vie sauvage et l’air, dans sa communauté du sud-est de l’Utah.
Les jeunes ont de l’asthme et les gens ne peuvent plus utiliser leur eau de source. Les Utes doivent acheter de l’eau en bouteille pour boire et ne peuvent plus chasser à cause de la pollution. Maintenant, l’usine importe des déchets internationaux et est devenu un dépotoir de déchets radioactifs de bas niveau, parce que les lois de l’Utah sont laxistes. « Nous voulons que l’usine ferme » dit A. Badback à la Commission.
Dans son témoignage, Carletta Tilousi, Havasupai, dit que la pollution de la mine d’uranium Pinyon Plain menace la fourniture d’eau aux Havasupai, dans leur territoire. La mine d’uranium est située au-dessus de la nappe phréatique, sur la rive sud du Grand Canyon.
« C’est une affaire grave et urgente » dit-elle.
« On ne peut pas autoriser la mine Pinyon Plain à continuer. »
« Il n’y a aucun respect des gens qui vivent dans ces territoires, et certainement pas de respect pour Notre Mère la Terre » dit Edith Hood, Diné de la communauté de Red Water Pond Road, à la Commission Interaméricaine des Droits Humains.
« Le gouvernement connaissait les risques et les dangers mais a négligé d’informer les gens » dit Edith Hood, qui vit en bas de la route de Church Rock, au Nouveau-Mexique, site de la pire fuite radioactive de l’histoire des États-Unis.
Des Diné, Havasupai, Arapahos du nord, Lakota Oglala et Utes de White Mesa ont témoigné sur l’exploitation de l’uranium par les États-Unis en janvier, au cours d’une session sur « les impacts de l’Exploitation d’Uranium sur les Droits des Peuples Autochtones. »
Le Bureau des Affaires Indiennes et la Commission de Régulation du Nucléaire ont fait leur propre éloge et tenté de cacher l’héritage de mort de l’extraction d’uranium, de l’éparpillement de déchets radioactifs et des usines de traitement en pays Indien, selon Censored News.
À propos de l’accord avec la Nation Navajo annoncé le 29 janvier 2025, Energy Fuels dit que le minerai de la mine Pinyon Plain serait traité à l’usine de White Mesa pour en faire des concentrés d’uranium (U3O8) utilisés pour produire la charge de base de l’énergie nucléaire.
Haul NO! tournée 2017
Christine Prat, CSIA-Nitassinan
28 janvier 2025
(Mise à jour le 30 janvier 2025)
Depuis des décennies, une mine d’uranium près du Grand Canyon du Colorado est combattue par la population locale et plusieurs Tribus Autochtones. La mine, dite « du Canyon » a été récemment rebaptisée « Pinyon Plain », mais elle est toujours au-dessus du Grand Canyon.
Les premiers menacés sont les Havasupai dont la Réserve est située au fond du Canyon. La mine se trouve au-dessus d’une nappe phréatique et menace directement les sources d’eau qui alimentent la Réserve en eau potable. La Réserve Havasupai n’est accessible qu’en hélicoptère – à moins d’escalader 25 km de la paroi du canyon, pour arriver à un endroit où il n’y a ni route ni transports réguliers. On peut imaginer leur situation, si l’eau potable est contaminée et qu’ils doivent aller chercher de l’eau au commerce le plus « proche ». L’hélicoptère est moins cher pour les Havasupai que pour les visiteurs, mais resterait inabordable pour aller chercher de l’eau régulièrement.
Obama avait décrété un moratoire de 20 ans pour les nouvelles mines d’uranium. Trump l’a révoqué immédiatement, en 2017, mais de toutes façons, l’entreprise a toujours clamé avoir obtenu l’autorisation avant le moratoire.
En 2017, nous nous y sommes rendus avec Klee Benally, et avons constaté qu’il y avait des activités, quoique le responsable sur place nous ait dit qu’ils n’extrayaient pas d’uranium. À l’époque, ils extrayaient l’eau du puits de mine et lâchaient la vapeur dans l’environnement. L’extraction d’uranium a commencé début 2024.
Une fois l’uranium extrait, il faut le transporter à l’usine de traitement de White Mesa. Le trajet de transport prévu est également combattu depuis des années par les riverains. Ce trajet menace surtout la Nation Navajo. En 2017, nous sommes également allés, avec Klee Benally, en Utah. Nous avons emprunté cette route.
À l’allée, nous nous sommes arrêtés à Cameron, où nous avons constaté un niveau de radioactivité supérieur à la limite permise. Puis nous nous sommes arrêtés à Tuba City, où nous avons parlé avec Vanessa Brown des dégâts déjà survenus et de ceux à craindre du transport projeté.
En Utah, nous avons rencontré Yolanda Badback, Ute de la Réserve de Ute Mountain, proche de l’usine de traitement. Elle était désespérée. Dans une interview (voir vidéo plus bas), elle m’a décrit tous les graves problèmes de santé auxquels les Utes de la Réserve étaient déjà confrontés. Elle suppliait les autorités de fermer l’usine. Cependant, en février 2018, l’autorisation de l’usine a été prolongée.
Au retour, nous nous sommes arrêtés à l’usine de White Mesa, puis à la décharge de ses déchets près de Mexican Hat.
Ce n’était pas la première fois que nous prenions les routes fédérales 89 et 160, qui conduisent à Monument Valley et d’autres lieux très touristiques, et sont des artères principales de la Réserve (Nation) Navajo.
Déjà à l’époque, des activistes, parmi lesquels nos amis Klee Benally et Leona Morgan, avaient fondé l’association « Haul No » (Non au Transport). Cela fait donc pas mal d’années que le trajet projeté est dénoncé et catégoriquement refusé par ceux qui risquent d’en être affectés.
Les camions qui transportent de l’uranium sont banalisés et pas spécialement protégés. Les communautés sur le long du trajet craignent des accidents. Il y a beaucoup de circulation sur ces routes.
Selon un article publié le 27 janvier 2025 dans l’Arizona Mirror, des tronçons de ces routes sont extrêmement dangereux, surtout l’hiver quand il y a de la neige ou du verglas. La route fédérale 89 est déjà surnommée « la 89 tueuse ». Le Grand Canyon Trust, qui combat la mine et le trajet depuis longtemps, est cité dans l’article de l’Arizona Mirror disant que « Les segments les plus risqués du trajet sont de 240% à 700% plus dangereux que la moyenne des routes des États-Unis, en termes d’accidents graves par mile (1,6 km) ». Le Grand Canyon Trust a analysé les données d’accidents mortels le long du trajet. Josh O’Brien, du Grand Canyon Trust, a dit dans une interview pour l’Arizona Mirror que le nombre d’accidents mortels sur la route fédérale 160 à l’est du Tuba City, étaient « le triple de ce à quoi on pouvait s’attendre » et que ce n’était « pas vraisemblable que ce soit dû au hasard » mais plutôt au fait que ces routes soient plus dangereuses. Ce n’est pas nouveau pour les gens de la région qui connaissent bien ces routes – et leurs dangers – mais l’étude du Grand Canyon Trust soutient avec des statistiques ce que la population locale sait déjà. O’Brien dit que « cinq tronçons de tout le trajet présentent ce risque très élevé. »
Quatre des tronçons les plus dangereux sont dans la Nation Navajo.
Selon l’Arizona Mirror, l’analyse est limitée, n’ayant pris en compte que les accidents mortels et principalement la portion de trajet située en Arizona.
Le projet de transport d’uranium toujours à l’arrêt
Le transport d’uranium de la mine est actuellement à l’arrêt, pendant que les négociations continuent entre le gouvernement de la Nation Navajo et la compagnie Energy Fuels, suite à un transport surprise en juillet dernier. Le gouvernement Navajo a pris des mesures d’urgence pour empêcher d’autres transports de minerai dans son territoire. Un représentant d’Energy Fuels déclare que les discussions entre l’entreprise et le gouvernement Navajo se déroulent extrêmement bien et qu’il s’attend à un accord qui bénéficiera aux deux parties. Les dirigeants Navajo officiels ont souvent pu être corrompus, au cours de l’histoire… Le représentant d’Energy Fuels affirme que des mesures de sécurité exceptionnelles – bien supérieures à ce que la loi exige – seront prises. Donc, pas question de changer de trajet.
L’Arizona Mirror dit avoir contacté les dirigeants de la Nation Navajo à de multiples reprises, mais n’avoir jamais eu de réponse. En août 2024, les autorités Navajo avaient modifié la Loi sur le Transport de Substances Radioactives et tout ce qui y est associé.
La Gouverneuse Démocrate d’Arizona Katie Hobbs a déclaré que les problèmes entre le gouvernement Navajo et Energy Fuels étaient dus à un manque de communication et qu’ils avaient été résolus.
Cependant, d’autres demandes ont été faites, en particulier des appels de la Tribu Havasupai, du procureur général d’Arizona et de la Gouverneuse Katie Hobbs au nom du Service des Forêts, à effectuer une nouvelle étude d’impact environnemental de la mine, la précédente datant de 1986 et étant beaucoup trop ancienne. Katie Hobbs a fait la demande en septembre 2024, alors que les Havasupai la réclame depuis des années.
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Aujourd’hui, 30 janvier, le transport a été autorisé par le Président Navajo Buu Nygren.
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Dans l’esprit de Klee Benally, pour continuer son combat.
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Klee était un activiste et réalisateur passionné qui dénonçait l’héritage colonial des mines d’uranium et s’efforçait d’obtenir la décontamination de plus de 500 mines d’uranium abandonnées qui continuent de polluer la Nation Navajo. Un mois avant son décès, le 30 décembre 2023, Klee avait publié son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »
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PAR BEYOND NUCLEAR (AU-DELÀ DU NUCLÉAIRE)
Contact : Beyond Nuclear : Claus Biegert, biegertfilm@gmail.com; Pentz Gunter, linda@beyondnuclear.org; IPPNW-Genève : Bureau de liaison : Chuck Johnson, cjohnson@ippnw.org .
Publié en anglais par / in English by Censored News
TAKOMA PARK, Maryland – Les Prix 2025 d’Un Futur sans Nucléaire honoreront cette année des personnes du Brésil, d’Inde, du Pays Navajo, des États-Unis et du Zimbabwe pour leurs réalisations par leurs activités pour un monde sans nucléaire.
Les lauréats sont choisis par un jury international composé de leurs pairs dans trois catégories : la Résistance, l’Éducation et les Solutions. Les lauréats de 2025 sont : S.P. Udayakumar (Inde) pour la résistance ; Márcia Gomes de Oliveira et Norbert Suchanek (Brésil) pour l’Éducation ; et Edwick Madzimure (Zimbabwe) pour la Solution.
Des prix honoraires pour les Actions de toute leur Vie seront attribués à l’enseignante, autrice et activiste anti-nucléaire Joanna Macy, et, à titre posthume, à l’activiste Autochtone d’Amérique et musicien Klee Benally.
Les prix pour un Futur sans Nucléaire seront remis le jeudi 4 mars 2025, dans la Grande Salle de Cooper Union à New York. Il y aura une réception à 18h, suivie par la cérémonie de remise des prix à partir de 19h. L’entrée est gratuite et ouverte au public. Les médias sont les bienvenus.
Les prix pour un Futur sans Nucléaire ont été fondés par le journaliste, réalisateur et militant allemand Claus Biegert, en 1998, et ont eu lieu pour la première fois à Salzburg, en Autriche. Depuis, ils ont voyagé autour du monde, pour honorer les héros insuffisamment reconnus de l’Âge Nucléaire, qui ont lutté pour mettre fin à l’extraction d’uranium et débarrasser le monde des armes nucléaires, de l’énergie nucléaire et des munitions à l’uranium.
La cérémonie est co-présentée par Beyond Nuclear et les Physiciens Internationaux pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (IPPNW), d’Allemagne, affiliés à l’organisation qui a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1985.
La remise des Prix de 2025 aura lieu pendant la Troisième Réunion des États signataires du Traité sur la Prohibition des Armes Nucléaires du 3 au 7 mars, aux Nations Unies.
LES LAURÉATS
S.P. Udayakumar est le coordinateur du Mouvement Populaire Contre l’Énergie Nucléaire de l’Inde et un défenseur dévoué de la justice environnementale et sociale, qui se concentre sur la protection des communautés les plus vulnérables des effets indésirables de l’énergie nucléaire. En particulier, il a aidé à galvaniser et conduire un mouvement de base, qui, en 2011, était composé de milliers de résidents locaux, de pêcheurs et d’agriculteurs, qui s’opposaient à la construction de la centrale nucléaire de Kudankulam à Tamil Nadu. Depuis, il s’est efforcé d’éveiller la conscience des risques de radiation et de dégradation environnementale.
Márcia Gomes de Oliveira et Norbert Suchanek sont les co-fondateurs du Festival International du Film sur l’Uranium, qui a débuté à Rio de Janeiro en 2010 et a, à ce jour, présenté plus de 300 films dans plus de 40 villes dans le monde, abordant tout un éventail de problèmes liés au nucléaire, entre autres l’extraction d’uranium, les déchets nucléaires, la guerre et les accidents nucléaires. Le festival remet des prix et sert à mettre en contact des réalisateurs et d’autres activistes.
Norbert Suchanek, né en Allemagne, est un journaliste spécialisé dans les questions de droits humains et d’environnement, également écrivain et réalisateur.
Márcia Gomes de Oliveira est une scientifique sociale, éducatrice et réalisatrice Brésilienne.
Edwick Madzimure, du Zimbabwe, milite pour que la voix des femmes soit entendue, en particulier en ce qui concerne le militarisme, les armes nucléaires et le changement climatique, étant donné que les femmes souffrent dans une mesure hors de proportions des guerres et des pratiques coloniales. Issue de la pauvreté et d’une famille de mineurs artisanaux, elle est devenue en 2016 la directrice et fondatrice de la section du Zimbabwe de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, une organisation féministe depuis plus de 100 ans. Elle a participé à la première réunion des États signataires du Traité pour la Prohibition des Armes Nucléaires à Vienne, en 2022, et s’est exprimée et a dirigé des ateliers au cours des COP.
Klee Benally était un activiste et musicien Navajo, membre des Clans Diné (Navajo) Tódích’íí’nii et Nakai. En plus d’une carrière musicale, avec son frère et sa sœur, dans le groupe Blackfire.
Klee était un activiste et réalisateur passionné qui dénonçait l’héritage colonial de mines d’uranium et s’efforçait d’obtenir la décontamination de plus de 500 mines d’uranium abandonnées qui continuent de polluer la Nation Navajo. Un mois avant son décès, le 30 décembre 2023, Klee avait publié son livre « Pas de Capitulation Spirituelle : Anarchie Autochtone en Défense du Sacré. »
Le prix de Klee sera remis à sa mère, Berta Benally.
Joanna Macy, écologiste convaincue et universitaire bouddhiste, a commencé à militer contre le nucléaire dans les années 1960, ce qui l’a menée à son livre plein d’espoir, « Désespoir et Pouvoir Personnel à l’Âge Nucléaire – publié au sommet de la guerre froide. Plus récemment, elle a écrit, « Le trait le plus remarquable de ce moment historique sur la Terre n’est pas que nous sommes en voie de détruire le monde – nous y sommes déjà depuis pas mal de temps. C’est que nous commençons à nous réveiller d’un millénaire de sommeil, à une relation complètement neuve avec notre monde, nous-mêmes et les uns aux autres. »
Beyond Nuclear (Au-delà du Nucléaire) est une organisation à but non-lucratif selon l’article 501(c)(3). Beyond Nuclear a pour but d’éduquer et de faire réagir le public aux relations entre la puissance nucléaire et les armes nucléaires, et au besoin d’abolir les deux pour sauver notre futur. Beyond Nuclear milite pour une énergie future durable, sans danger et démocratique.
Beyond Nuclear : 7304 Carroll Avenue, 182 Takoma Park MD 20912. Info@beyondnuclear.org www.beyondnuclear.org.
CAMERON, Nation Navajo: Hommage au guerrier Klee Benally pour ses actions contre l’uranium et le nucléaire, entre autres avec ‘Haul NO!’
Les Navajos, les Havasupai, et des organisations pour l’environnement comme le Grand Canyon Trust, luttent depuis des décennies contre l’exploitation d’une mine d’uranium située à proximité du Grand Canyon du Colorado. Klee Benally a lutté jusqu’à la fin de sa vie contre cette mine et contre le nucléaire. Le premier article qu’il m’a donné à traduire, lors d’une tournée en Europe, concernait la mine. Il venait de recevoir un mail prévenant de la menace d’ouverture. C’est ainsi que mon blog a commencé. Depuis cette époque, nous nous sommes rendus ensemble sur de nombreux sites de mines d’uranium et rencontré des gens qui souffraient des effets de la radioactivité. (Récemment, la mine appelée ‘Canyon Mine’ a été rebaptisé ‘Pinyon Plain Mine’, probablement pour que les gens qui ne sont pas sur place croient qu’il s’agissait d’un autre site). Encore plus de gens sont concernés par le projet de transport de minerai d’uranium de cette mine à l’usine de traitement de Ute Mountain, passant par des villes et traversant la Nation Navajo.
En décembre 2016, Klee a participé à la création du groupe Haul No! (Non au transport). Depuis, la commune de Flagstaff a interdit le transport d’uranium dans la ville, puis les dirigeants Navajos ont interdit le transport à travers la Réserve.
Cependant, fin novembre 2023, la compagnie minière a entamé la préparation de l’exploitation de la mine. Puis, début 2024, l’extraction a commencé. Récemment, la route de transport du minerai vers White Mesa a été révélée. La route ne passe pas dans la ville de Flagstaff, mais par l’autoroute qui la traverse, mais qui ne relève pas de son autorité. Elle traverse toujours la Nation Navajo malgré l’interdiction. Le 30 juillet, le Président Navajo a condamné, lors d’une déclaration officielle, le transport illégal de minerai à travers la Réserve. Le même jour, il a envoyé la police Navajo bloquer les camions de transport. (Cependant, les mérites qui lui sont attribués dans l’article ci-dessous sont assez surprenants : s’il est allé à la manifestation du 2 août à Cameron, c’est surtout pour défendre son – peu d’ – autorité. Après tout ce qu’il a fait pour les autorités des États-Unis…).
En 2012, le Secrétaire à l’Intérieur du gouvernement Obama, avait prononcé un moratoire de 20 ans sur l’extraction d’uranium de la région (le cours de l’uranium avait baissé). Les grandes compagnies ont attaqué le moratoire en justice. Bien sûr, Trump s’est assis dessus.
Christine Prat
CAMERON, 2 JUILLET 2024: DES NAVAJOS PROTESTENT CONTRE DES CAMIONS DE TRANSPORT DE MINERAI D’URANIUM
Par Brenda Norrell
Censored News
2 août 2024
Traduction Christine Prat
CAMERON, Nation Navajo – Des Diné se sont exprimés sur la longue histoire d’extraction d’uranium, des cancers et de la mort, et ont rendu hommage à Klee Benally pour avoir consacré sa vie à l’action [contre l’uranium, la destruction de l’environnement, et toutes les injustices]. Ensuite, ils ont défilé sur 800 mètres de la route principale, jusqu’au Bureau du Chapitre de Cameron, pour s’opposer à ce que des camions de la mine d’uranium traversent la Nation Navajo.
La Commissaire Navajo aux Droits Humains, Cora Maxx-Phillips dit aux Diné « Nous sommes dans une Zone de Sacrifice, mes chers frères et sœurs, et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui ! »
« On ne nous réduira pas au silence ! »
« Nous avons tous autant de valeur. Cessez de nous utiliser, nous les Peuples Autochtones, pour être dans vos zones sacrifiées. Décrivant 80 ans de cancers, de corruption, d’avidité toxique, elle dit « C’est du racisme environnemental. »
« Combien de gens de plus doivent mourir ! »
« Vous ne nous tromperez pas » dit-elle, ajoutant que toute l’infrastructure est faite pour aider les grandes compagnies. « Tant qu’il s’agira de pousser et creuser, les grandes compagnies obtiendront ce qu’elles veulent. »
« Le caractère sacré de la vie n’est plus respecté. »
Le Président Navajo fait une Déclaration
Des manifestants envahissent les routes nationales 89 et 64 pour dire : « Fermez les mines d’uranium maintenant ! »
CAMERON, Arizona [Nation Navajo] – Le Président de la Nation Navajo, Buu Nygren, et la Première Dame Jasmine Blackwater-Nygren, ont défilé avec les manifestants, aujourd’hui, pour s’opposer au transport illégal d’uranium à travers le pays Navajo.
Le 2 août, la Première Dame avait organisé un rassemblement de dizaines de membres de la communauté Diné pour qu’ils expriment leurs inquiétudes et leur opposition aux dangers de l’exposition à l’uranium.
« Respectez notre souveraineté, respectez nos lois » dit Madame Blackwater-Nygren. « Et nous disons ‘non’ ».
Avant de commencer la marche, le Délégué du Conseil de la Nation Navajo, Casey Allen Johnson, a loué le Président Nygren pour sa collaboration avec le Conseil, pour demander au Président Biden de mettre fin au transport d’uranium à travers le pays Navajo.
Il dit que les Navajos ne voulaient pas que de l’uranium soit transporté à travers le pays Navajo.
Energy Fuels Resource, Inc., commença à transporter du minerai d’uranium de la Mine Pinyon Plain, au sud du Grand Canyon, mardi 30 juillet. Les deux trajets pour transporter l’uranium de la mine passent à travers de communautés tribales pour se rendre à l’usine White Mesa de Blanding, en Utah. Ces communautés sont les Navajos, les Hopis, les Havasupai et les Utes de Ute Mountain.
[…]
Quand le Président et la Première Dame arrivèrent au Bureau du Chapitre, le Président Nygren répondit aux inquiétudes de la communauté, sur les menaces de l’uranium, et donna tout le mérite à la Première Dame.
« La compagnie dit avoir suivi toutes les règles et règlements. Mais qu’en est-il de nos règles et règlements ? » demanda-t-il. « Qu’en est-il de nous, de notre santé, de nos communautés ? Ce n’est pas seulement à nous qu’ils font du mal, ils en font aussi à d’autres communautés tribales. Ont-ils suivi leurs règles et règlements ? C’est absolument inacceptable. »
Le Président Navajo avait publié un décret pour arrêter les camions d’uranium
[…]
Mais…
Le permis pour la compagnie Canadienne Energy Fuels avait été accordé par le Service des Forêts, et c’est une des compagnies minières qui met maintenant en danger les communautés Autochtones dans tout le Sud-ouest.
Le gouvernement des États-Unis a accordé des permis pour extraire du lithium à la compagnie Canadienne Lithium Americas, qui détruit actuellement le site d’un massacre de Païutes dans le Nevada. Le Bureau de Gestion du Territoire, du Secrétariat à l’Intérieur, a accordé un permis pour une mine de lithium en train d’être creusée près d’une source sacrée pour les Hualapai, près du Grand Canyon.
ET…
Sous le prétexte d’ « énergie verte », le PDG de l’entreprise tribale Navajo, Navajo Energy Transition Company, dirige la profanation du site cérémoniel Hualapai pour le compte de Hawthorne Energy, une compagnie Australienne. La compagnie de la Nation Navajo soi-disant d’ « énergie transitionnelle » possède aussi des mines de charbon dans le Wyoming et le Montana.
Article publié sur le site d’Indigenous Action, diffusé par notre amie Leona Morgan, membre de Haul No! Il s’agit de continuer le combat de Klee Benally et des Autochtones de la région. Le premier article qu’il m’a donné à traduire concernait cette mine d’uranium, contre laquelle les Autochtones luttent depuis des décennies. Récemment, les propriétaires ont rebaptisé la mine « Pinyon Plain ». Ils l’ont longtemps appelée Mine du Canyon, mais les opposants ont trop fait savoir qu’il s’agissait d’une mine proche du Grand Canyon du Colorado, qu’elle se trouvait tout près de l’endroit où les visiteurs entrent, et surtout qu’elle menaçait les sources d’eau qui coulent des parois du Canyon et qui sont la seule source d’eau potable pour les Autochtones qui vivent au fond du Canyon. La petite ville appelée Pinyon est à quelques centaines de kilomètres de là…
Christine Prat, CSIA-Nitassinan
Haul No!
9 janvier 2024
Traduction Christine Prat, CSIA-Nitassinan
MISE À JOUR URGENTE :
Nihi K’é dóó nihi Diné – Parents, amis, soutiens partout dans le monde, maintenant que nous avons observé le protocole culturel pour notre tant aimé Klee Benally, nous sommes prêts à continuer notre travail – continuer le travail de Klee – FERMER LA MINE PINYON PLAIN/CANYON MINE !!
Nous honorons sa détermination de protéger Notre Mère la Terre. Nous honorons son cri de guerre et son appel à l’action.
Nous n’arrêtons pas. Nous mettons au point la stratégie, l’organisation, la résistance. Nous devenons seulement de plus en plus forts!
Haul No! appelle Buu Van Nygren et la Nation Navajo à EXIGER LA FERMETURE DE LA MINE D’URANIUM PINYON PLAIN MAINTENANT !!!
Le 21 décembre 2023, Energy Fuels a publié un communiqué de presse déclarant que la production avait commencé à la Mine de Pinyon Plain. La Mine d’Energy Fuels est juste au sud de Grand Canyon et tout près du site Sacré de Red Butte – lieu d’émergence des Havasupai, enregistré comme Propriété Culturelle Traditionnelle des 11 Tribus Associées du Grand Canyon. Energy Fuels projette de transporter l’uranium à travers l’ouest des réserves Navajo et Hopi, jusqu’à l’usine de traitement de White Mesa, en pays Ute, près de Blanding, dans l’Utah.
Mardi 9 janvier 2024, Haul No! confirmait qu’Energy Fuels avait commencé à extraire et stocker du minerai d’uranium. Ils se sont préparés pour le transport par route, mais n’ont pas encore commencé à le faire.
Si le transport commence, Energy Fuels a l’intention de faire partir 12 camions par jour, chacun transportant 30 tonnes de minerai d’uranium, de la mine à l’usine. Energy Fuels n’est pas obligé légalement d’indiquer sur les camions ce qu’ils transportent. Le minerai sera seulement couvert de toile cirée. Aucune entité n’a été identifiée pour intervenir en cas d’urgence, appliquer la loi ni pour décontaminer.
Ça viole la loi de la Nation Navajo qui interdit le transport de nouvel uranium dans les terres Diné.
L’usine de White Mesa est la propriété d’Energy Fuels, qui assure son fonctionnement, et la seule usine des soi-disant Etats-Unis à avoir une licence pour traiter le minerai d’uranium.
C’est un moment crucial pour agir!
Il y a des développements internationaux et nationaux qui accroissent le risque d’une nouvelle vague d’extraction d’uranium :
Le prix de l’uranium est le plus haut depuis 2006-2007 ; et les Etats-Unis ont approuvé la Loi sur la Sécurité du Carburant Nucléaire (plus de production d’uranium) ; et à la COP28 à Dubaï, les états/industries du nucléaire ont appelé à tripler l’énergie nucléaire au niveau mondial d’ici 2050.
NOUS NE VOULONS PAS D’UN NOUVEAU BOOM DE L’URANIUM!
Nous faisons appel à vous tous pour AIDER À FAIRE COMPRENDRE, DIFFUSER LA PRISE DE CONSCIENCE, SURVEILLER LES MINES+LES ROUTES pour la protection de Nihímá Nahásdzáán, du SOL et de l’EAU, nos communautés et les générations futures.
Rejoignez-nous pour EXIGER que nos gouvernements coloniaux FERMENT PINYON PLAIN MAINTENANT !
EXIGEZ DU PRÉSIDENT BUU ET DE LA NATION NAVAJO D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Gouverneur Hobbs d’Arizona D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ de la Secrétaire à l’Intérieur Haaland D’AGIR MAINTENANT!!
EXIGEZ du Président Biden D’AGIR MAINTENANT!!
Ahéhéé Nitsáágo pour votre soutien !
Suivez les mises à jour sur haulno.com et nos médias sociaux!
#SHUTDOWNPINYONPLAN!
#HAULNO! uranium dans nos communautés!
#endnuclearcolonialism! #nonaucolonialismenucleaire!
#waterislife! #leaucestlavie!
Ce n’est pas la première fois – et, hélas, probablement pas la dernière – que des gens qui clament leur affection ou leur estime pour Klee Benally tentent de camoufler le fait qu’il était Anarchiste, révolutionnaire. Les gens ont le droit d’aimer Klee sans partager toutes ses convictions, mais ils n’ont pas le droit de les nier pour rendre leurs proclamations politiquement correctes. Toutes les tentatives seront dénoncées.
Klee ne reconnaissait pas la légitimité du ‘gouvernement’ Navajo, imposé par le colonisateur. Que ces gens-là osent utiliser le malheur qui nous frappe tous, est une insulte à sa mémoire.
Par Indigenous Action
4 janvier 2024
Traduction Christine Prat
Réaction d’Indigenous Action au geste vide du président Navajo déclarant un ‘Jour de Klee Benally’
Alors que nous étions submergés par le chagrin suite à la perte de notre ami et parent Klee Benally, il y a eu une tentative de nier et d’arracher les griffes de son discours anarchiste critique sans compromis. Le président de la Nation Navajo, Buu Nygren, déclare, par l’intermédiaire d’une autorité injuste, le 5 janvier 2024 Jour du Souvenir. Cette proclamation est une gifle pour son travail incessant pour combattre pour Níhíma Asdzaan [Notre Mère la Terre].
Des Agents Indiens nommés par l’Armée US, aux ‘Code Talkers’ et, finalement au show télévisé de merde qu’est la police tribale Navajo, toute autorité, même les politiques tribales souveraines, reposant sur l’infrastructure meurtrière de l’état du colonisateur, est un acte illégitime de destruction contre Nahasdzáán, que Klee combattait sans relâche.
L’héritage du gouvernement de la Nation Navajo ne diffère pas de celui des Jeux Indiens [casinos]. Une industrie d’exploitation rendue plus accessible par les qualifications obtenues dans les usines du savoir; que vous nettoyiez la pisse et la merde des toilettes d’un casino, ou que vous utilisiez les bureaux du gouvernement tribal pour gérer la bureaucratie du nettoyage de pisse et de merde de colon.
Si le gouvernement de la Nation Navajo avait une quelconque autorité légitime permise par le colonialisme de peuplement, il honorerait Klee en arrêtant l’extractivisme en cours sous prétexte de progrès.
Soutenez Haul No! dans le combat pour empêcher l’uranium d’être transporté à travers les communautés Autochtones.
Klee Benally
20 juillet 2023
Publié par Indigenous Action
Traduction Christine Prat
Nous avons vu ce film, après un conflit sur les médias sociaux avec des apologistes du nucléaire, qui nous accusaient d’être mal informé, n’ayant pas vu le film biographique de Christopher Nolan… (et si vous ne l’avez pas déjà lu, voir l’article initial pour le contexte).
Klee Benally
‘Oppenheimer’ est une glorification du « génie complexe » et des ambitions d’hommes blancs prenant de terribles décisions qui mettent le monde en péril.
Beaucoup ont fait remarquer que le film n’est pas une glorification, cependant, Christopher Nolan lui-même dit, « Que ça plaise ou pas, J. Robert Oppenheimer est la personne la plus importante ayant jamais vécu. »
Certains d’entre vous ont peut-être même éclaté de rire pendant la scène où Truman demande à Oppenheimer ce qu’il pensait que le sort de Los Alamos devrait être et que « Oppie » réplique « Rendez la terre aux Indiens. » Mais hélas, le paysage ravagé accueille aujourd’hui un « Festival Oppenheimer » de 10 jours. Pour souligner la déconnexion des héritages, une petite commémoration, près du site de la fuite de Church Rock, a également eu lieu le jour anniversaire de la détonation Trinity, à quelques centaines de kilomètres. Oui, quelle glorification ?
Le film est essentiellement un western à la John Wayne. Ça aurait très bien pu s’appeler « Le Jugement du Sheriff de Los Alamos. »
Oppenheimer monte à cheval avec un chapeau noir et arrache un poster d’un pilier de clôture. Puis il se lance dans un débat sur l’ « impact du gadget sur la civilisation. » Pour répondre à la question de comment des scientifiques peuvent justifier l’utilisation de la Bombe Atomique sur des êtres humains, Oppenheimer déclare « Nous sommes des théoriciens, oui, nous imaginons un futur et ce que nous imaginons nous horrifie. Ils n’en n’auront pas peur jusqu’à ce qu’ils la comprennent et ils ne la comprendront pas tant qu’ils ne l’auront pas utilisée. Quand le monde apprendra le terrible secret de Los Alamos, notre travaille ici sera d’assurer une paix que l’espèce humaine n’a jamais vue. Une paix fondée sur la coopération internationale. »
Nolan confectionne le seul narratif qui compte pour sa tentative de rédemption historique, il dépeint Oppenheimer comme une victime. Tandis que, peut-être, certains pas autant dépolitisés que Nolan y ont fait allusion dans des interviews (comme la politique de loyauté américaine et la Terreur Rouge qui dirige le drame), les conséquences des armes et de l’énergie nucléaires sont à peine prises en considération (voire pas du tout, si on considère le problème). C’est un déshabillage politique des plus insidieux et le film n’en est que pire.
Le film se préoccupe plus de construire et disculper Oppenheimer comme victime du MacCarthisme que des effets de la bombe atomique et de son héritage mortel de colonialisme nucléaire. Comme il est dit, il y a « un prix à payer pour être un génie. » Tout le reste n’est que notes dramatiques. Nolan donne à Oppenheimer l’audience du public qu’il estime lui avoir été déniée, pour finalement prouver qu’il était un patriote américain. À la fin, la question « le monde vous pardonnerait-il si vous le laissiez vous crucifier ? » compte plus que toutes autres considérations. Le film pose le problème « science contre militarisme » pendant que le monde et les Peuples Autochtones continuent de souffrir des conséquences permanentes des armes et de l’énergie nucléaires en silence. Un silence mortel, plus assourdissant que le portrait cinématographique de l’essai Trinity par Nolan. Mais hein, il y a même une minute d’acclamations après l’essai.
Nolan nous fait écouter la radio pendant que deux villes sont détruites et que des centaines de vies sont arrachées. Nolan continue de pointer sa caméra sur le visage de son acteur principal pendant que les horreurs de sa bombe sont montrées sur des diapositives. Simplement, Oppenheimer s’en détourne. Que devons-nous savoir de plus sur ce film ?
15 000 mines d’uranium abandonnées empoisonnent nos corps, nos terres et notre eau. 1000 bombes ont explosé sur les terres des Shoshones de l’Ouest… la liste continue (nous ne nous arrêtons ici que parce que nous en avons déjà dit beaucoup dans notre article d’origine). Tous oubliés et condamnés à souffrir dans un silence catastrophique. Des films comme ‘Oppenheimer’ ne sont possibles que parce que les gens continuent à détourner leur regard de la réalité mortelle des armes et de l’énergie nucléaires.
Cet article a été écrit suite à la sortie du film sur Oppenheimer du réalisateur Christopher Nolan, qui correspondait à peu près à la commémoration de la catastrophe nucléaire de Church Rock, le 16 juillet 1979. L’auteur s’est vu reprocher de ne pas avoir vu le film. Alors, il l’a vu et brièvement dit ce qu’il en pensait.
Klee Benally, Indigenous Action/Haul No!
Contributions de Leona Morgan, Diné No Nukes/Haul No!
Publié par Indigenous Action
20 juillet 2023
La terreur génocidaire de l’énergie et des armes nucléaires n’est pas un divertissement.
Glorifier de telles science et technologie mortelles en une étude de caractère dramatique dépolitisée, c’est cracher à la figure de centaines de milliers de cadavres et de survivants dispersés dans toute l’histoire du prétendu âge Atomique.
Pensez-y de cette façon, pour chaque minute qui passe dans le film de 3 heures, plus de 1100 citoyens des villes d’Hiroshima et Nagasaki mouraient à cause de l’arme de destruction massive d’Oppenheimer. Ceci ne prend pas en compte ceux, sous le vent des tests nucléaires, qui ont été exposés aux retombées radioactives (certains protestent contre les projections), ça ne prend pas en compte ceux qui ont été empoisonnés par des mines d’uranium, ça ne prend pas en compte ceux qui ont été tués lors d’accidents de centrales nucléaires, ça ne prend pas en compte ceux des îles Marshall, empoisonnés pour toujours.
Pour chaque seconde que vous passez dans un cinéma climatisé, avec un seau de popcorn chaud sur les genoux, 18 personnes mouraient en un clin d’œil. Grâce à Oppenheimer.
Bien que vous en ayez certainement appris suffisamment sur J. Robert Oppenheimer, le « père de la bombe atomique », grâce à l’odyssée 70mm IMAX du réalisateur Christopher Nolan, soyons clair sur son héritage mortel et le complexe militaro-scientifique-industriel omniprésent derrière.
Après la détonation réussie de la toute première bombe atomique, Oppenheimer a effrontément cité le Bhagavad-Gita, « Maintenant je suis devenu la mort, le destructeur de mondes. » À peine un mois plus tard, les « Etats-Unis » larguaient deux bombes atomiques qui dévastèrent les villes d’Hiroshima et Nagasaki et plus de 200 000 personnes furent tuées. Des ombres de ceux qui avaient péri ont été brûlées dans le sol des rues. Un des survivants, Sachiko Matsuo, a relayé leurs pensées, comme ils essayaient de trouver un sens à ce qui se passait quand Nagasaki a été frappée, « Je ne pouvais rien voir en bas. Ma grand-mère se mit à pleurer, ‘Tout le monde est mort. C’est la fin du monde. » Une dévastation que Nolan a délibérément laissée de côté, car, selon le réalisateur, le film n’est pas raconté du point de vue de ceux qui ont été bombardés, mais de celui de ceux qui en étaient responsables. Nolan explique simplement, « [Oppenheimer] apprit les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki à la radio, comme le reste du monde. »
Quelques mois après la détonation sur le site « Trinity », en territoire Tewa occupé, au Nouveau-Mexique, Oppenheimer démissionna. Il partit en exprimant le conflit intérieur d’avoir « du sang sur les mains », (quoique plus tard il aurait dit que les bombardements ne pesaient pas « sur sa conscience ») et de laisser un héritage de dévastation nucléaire et de pollution radioactive empoisonnant de façon permanente les terres, les eaux et les corps jusqu’à aujourd’hui.
Les militaires U.S. et la machinerie politique ont cannibalisé le scientifique et en ont fait le méchant de leur anxiété impérialiste de la guerre froide. Ils lui ont rappelé, comme aux autres scientifiques derrière le Projet Manhattan, qu’eux et leurs intérêts étaient toujours sous contrôle.
Oppenheimer n’a jamais été un héros, c’était un architecte de l’annihilation.
La course pour développer la première bombe atomique (après que les Nazis aient réussi la fission de l’atome) n’aurait jamais pu être une stratégie pacifique de dissuasion, c’était une stratégie de domination et d’annihilation.
L’Allemagne Nazie commettait le génocide contre les Juifs, tandis que les Etats-Unis se tenaient politiquement sur les marges. Ce ne fut que lorsqu’ils furent directement menacés que les Etats-Unis intervinrent. Bien que l’Allemagne Nazie ait été vaincue le 8 mai 1945, les Etats-Unis ont largué deux bombes atomiques, séparément, sur les cibles non-militaires des villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki, le 6 et le 9 août 1945.
Pour souligner la complicité d’Oppenheimer, il a bloqué une pétition de 70 scientifiques du Projet Manhattan, qui pressait le Président Truman de ne pas larguer de bombes, pour des raisons morales. Les scientifiques disaient aussi que, la guerre étant proche de sa fin, le Japon aurait dû avoir la possibilité de se rendre.
Aujourd’hui, il y a approximativement 12 500 têtes nucléaires dans neuf pays, près de 90% sont détenues par les Etats-Unis et la Russie. Il est estimé que 100 armes nucléaires sont un seuil de « dissuasion… adéquat » pour la destruction mutuelle assurée » du monde.
Oppenheimer a construit l’arme dont le canon est toujours sur la tempe de tous ceux qui vivent sur cette Terre aujourd’hui. Pendant toutes ces décennies après le développement de « La Bombe », des millions de gens partout dans le monde se sont ralliés au désarmement nucléaire, cependant les politiciens ont toujours le doigt sur la gâchette.
L’héritage mortel du Colonialisme Nucléaire
La production d’armes et d’énergie nucléaires ne serait pas possible sans uranium.
L’extraction globale d’uranium a connu un boum pendant et après la Deuxième Guerre Mondiale et continue de menacer des communautés partout dans le monde.
Aujourd’hui, il y a plus de 15 000 mines d’uranium abandonnées aux Etats-Unis, principalement dans et autour des communautés Autochtones, et elles empoisonnent pour toujours des terres et des eaux sacrées, alors que peu ou pas d’action politique ne soit entamée pour nettoyer leur héritage toxique et mortel.
Les communautés Autochtones sont depuis longtemps sur les lignes de front de la lutte pour en finir avec l’héritage mortel de l’industrie nucléaire. Le colonialisme nucléaire a conduit à la pollution radioactive des systèmes d’eau potable de communautés entières, comme le village de Red Shirt, dans le Dakota du Sud et Sanders, en Arizona. L’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a fermé au moins 22 puits dans la Nation Navajo, où il y a plus de 523 mines d’uranium abandonnées. À Ludlow, dans le Dakota du Sud, une mine d’uranium abandonnée se trouve à quelques mètres d’une école primaire, empoisonnant le sol où des enfants continuent à jouer jusqu’à aujourd’hui.
Le colonialisme nucléaire a ravagé nos communautés et laissé un héritage mortel de cancers, d’anomalies congénitales et d’autres conséquences graves sur la santé, c’est un lent génocide des Peuples Autochtones.
De 1944 à 1986, quelque 30 millions de tonnes de minerai d’uranium ont été extraits de mines sur les terres Diné. Les travailleurs Diné n’ont presque pas été informés des risques potentiels pour leur santé, et beaucoup d’entre eux n’ont pas eu de matériel de protection. Comme la demande d’uranium baissait, les mines ont fermé, laissant plus de mille sites contaminés. À ce jour, aucun n’a été complètement nettoyé.
Le 16 juillet 1979, tout juste 34 ans après qu’Oppenheimer ait assisté au test Trinity, le 16 juillet 1945, la plus grande fuite radioactive accidentelle s’est produite dans Diné Bikéyah (la Nation Navajo), à l’usine de traitement de Church Rock. Plus de 1100 tonnes de déchets radioactifs solides et 356000 litres de liquide radioactif se sont déversés dans la Rivière Puerco, après qu’une digue en terre se soit rompue. Aujourd’hui, l’eau en aval de la communauté de Sanders, en Arizona, est empoisonnée par la contamination radioactive de la fuite.
Bien que l’extraction d’uranium soit maintenant interdite dans la réserve, grâce aux campagnes des organisateurs Diné anti-nucléaire, les politiciens Navajo cherchent toujours à autoriser de nouvelles mines dans les zones déjà polluées par l’héritage toxique de l’industrie. On estime que 25% de tout l’uranium qui reste dans le pays se trouve dans Diné Bikéyah.
Bien qu’il n’y ait jamais eu d’étude exhaustive des impacts de l’uranium sur la santé humaine dans la zone, une étude ciblée a détecté de l’uranium dans l’urine de bébés nés de femmes Diné exposées à l’uranium.
Les terres des Shoshone de l’Ouest, dans le soi-disant Nevada, qui n’ont jamais été cédées au gouvernement des « Etats-Unis », sont depuis longtemps la cible des industries militaires et nucléaires.
Entre 1951 et 1992, plus de 1000 bombes nucléaires ont explosé en surface et en dessous, dans une zone appelée Site de Tests du Nevada, sur des terres des Shoshones de l’Ouest, ce qui en fait une des nations les plus bombardées sur terre.
Les communautés des zones aux alentours du site de tests sont exposées à de graves retombées radioactives, qui causent des cancers, des leucémies et autres maladies. Ceux qui souffrent de cette pollution radioactive sont appelés collectivement « ceux sous le vent. »
Le guide spirituel Shoshone de l’ouest Corbin Harney, décédé en 2007, a aidé à démarrer une action de la base pour fermer le site de tests et abolir les armes nucléaires. Une fois, il avait dit « Nous n’aidons pas du tout notre Mère la Terre. Les racines, les baies, les animaux ne sont plus là, il n’y a plus rien ici. C’est triste. Nous vendons l’air, l’eau, et nous nous vendons déjà les uns les autres. D’une façon ou d’une autre, ça conduira à une fin. »
Entre 1945 et 1958, soixante-sept bombes atomiques ont explosé au cours de tests effectués à Majel (les îles Marshall). Des Autochtones des îles ont cessé de se reproduire à cause de la gravité des cancers et des malformations congénitales auxquels ils ont fait face à cause de la radioactivité.
En 1987, le Congrès des « Etats-Unis » a initié un projet controversé de transport et d’entreposage de presque tous les déchets nucléaires des Etats-Unis à Yucca Mountain, située à environ 150 km au nord-ouest de soi-disant Las Vegas, dans le Nevada. Yucca Mountain est considérée comme sacrée par les Nations Paiute et Shoshone de l’ouest, depuis des temps immémoriaux. En janvier 2010 le gouvernement Obama a approuvé un prêt de 54 milliards de dollars d’argent des contribuables, pour garantir un programme de construction d’un nouveau réacteur nucléaire, trois fois ce que Bush avait promis en 2005.
Il y a actuellement 93 réacteurs en service dans les soi-disant Etats-Unis, qui fournissent 20% de l’électricité du pays. Il y a près de 90000 tonnes de déchets nucléaires hautement radioactifs retenus par des digues en béton, dans les centrales nucléaires du pays, et les déchets augmentent de 2000 tonnes par an.
Des catastrophes de 1979 à Three-Mile-Island et Church Rock à la fusion de la Centrale Nucléaire de Tchernobyl en 1986, l’industrie nucléaire a été aux prises avec des catastrophes massives avec des conséquences permanentes.
En 2011, la Centrale Nucléaire de Fukushima Daiichi a connu un désastre et a commencé à entrer en fusion après avoir été touchée par un tremblement de terre et un tsunami. Il a été dit que la centrale de Fukushima avait fait fuir environ 300 tonnes d’eau radioactive par jour dans l’océan. Aujourd’hui le gouvernement japonais exprime ouvertement ses projets de larguer le reste des eaux radioactives dans le Pacifique.
Des armes contenant de l’ « uranium appauvri » déployées par les Etats-Unis dans des guerres impérialistes (particulièrement en Irak et en Afghanistan) ont aussi empoisonné des écosystèmes, également en fournissant des champs de tir en Arizona, dans le Maryland, l’Indiana et à Vieques, à Porto Rico. L’uranium appauvri est un sous-produit du processus d’enrichissement d’uranium quand il est utilisé dans des réacteurs et pour fabriquer des armes nucléaires.
La production d’énergie nucléaire est maintenant proclamée « solution verte » pour la crise climatique, mais rien ne saurait être aussi loin de la vérité que ce mensonge mortel.
En avril 2022, le gouvernement Biden a annoncé un plan de sauvetage de 6 milliards de dollars pour « sauver » des centrales nucléaires qui risquent de fermer. Un représentant du gouvernement colonial a déclaré « Les centrales nucléaires U.S. contribuent pour plus de la moitié de notre électricité non-carbonée, et le Président Biden s’est engagé à garder ces centrales en activité pour atteindre nos buts d’énergie propre. » Tout comme certains militants pour la Justice Climatique, ils citent l’énergie nucléaire comme nécessaire au combat contre le réchauffement climatique, ignorant totalement les effets dévastateurs permanents auxquels les Peuples Autochtones font face.
À cause de ce « laver plus vert » de l’énergie nucléaire, nous pouvons nous attendre à une poussée de l’hydrogène nucléaire, des petits réacteurs nucléaires modulaires, et à ce que le High-Assay Low-Enriched Uranium (HALEU) ne pousse à une nouvelle menace d’extraction, de transport et de traitement d’uranium.
Bien que le gouvernement Obama ait mis un moratoire sur des milliers de baux pour des mines d’uranium autour du Grand Canyon en 2012, des demandes préexistantes sont autorisées. Des groupes écologistes et des Nations Autochtones essaient actuellement de rendre le moratoire permanent et font pression pour un nouveau monument national, cependant, cela ne ferait rien ou presque rien contre la poignée de mines d’uranium préexistantes qui ont été autorisées à continuer.
Malgré ces actions, des explosions souterraines et aériennes ont commencé à la Mine Pinyon Plain/du Canyon, à quelques kilomètres du Grand Canyon. Dès qu’Energy Fuels, la compagnie qui exploite la mine, commencera à extraire du minerai radioactif, elle a l’intention d’en transporter 30 tonnes par jour à travers le Nord de l’Arizona, à l’usine de traitement de la compagnie, à White Mesa, à 480 kilomètres.
L’Usine de White Mesa est la seule usine d’uranium conventionnelle qui opère aux Etats-Unis. L’usine a été construite sur des terres sacrées ancestrales de la Tribu Ute de Ute Mountain, près de Blanding, Utah. Energy Fuels jette les déchets radioactifs dans des « bassins de retenue » qui occupent environ 111 hectares près de l’usine. Etant donné que le nombre de sites de déchets radioactifs est limité, l’Usine de White Mesa est une décharge ad hoc pour les déchets nucléaires du monde entier, qui n’ont pas de site de dépôt permanent.
Au soi-disant Nouveau-Mexique, un état accro aux revenus du nucléaire, pour les armes et l’énergie, il y a deux laboratoires nationaux et deux sites de déchets nationaux. Avec l’héritage des mines d’uranium et des usines, il y a eu le Projet Gasbuggy (une détonation souterraine), un accident « Flèche Brisée » près d’Albuquerque, et d’innombrables tonnes de déchets radioactifs enterrés dans des puits non renforcés, des kivas Pueblo et des bassins. Actuellement, ils font des projets d’expansion et de modifications aux Laboratoires Nationaux de Los Alamos, au Centre Pilote d’Isolation des Déchets [Waste Isolation Pilot Plant, WIPP] et au site d’enrichissement d’uranium d’Urenco. Plus récemment, le Nouveau-Mexique a été menacé par deux sites d’entreposage temporaires licenciés récemment, pour le « fuel usagé » des centrales nucléaires du Nouveau-Mexique et du Texas. Le gouvernement fédéral continue à pousser les projets nucléaires avec des incitations financières.
La prolifération nucléaire continue, tandis que les Etats-Unis permettent que des mineurs d’uranium et d’autres, éligibles pour la Loi de Compensation de l’Exposition aux Radiations, meurent. Beaucoup continuent de souffrir et attendent que les fonds de compensation soient alloués ou ne sont pas éligibles vu les limitations de la loi.
Les dévastations du colonialisme nucléaire, qui détruisent pour toujours des communautés Autochtones partout dans le monde, n’est pas un divertissement. C’est l’héritage terrifiant de l’énergie et des armes nucléaires que des films comme Oppenheimer et des militants douteux de la cause climatique, défendent.
Les Peuples Autochtones vivent, souffrent et continuent de résister à ses conséquences chaque jour.
EN FINIR AVEC LE COLONIALISME NUCLÉAIRE !
MINE D’URANIUM PRES DU GRAND CANYON DU COLORADO: MENACE IMMINENTE POUR UN SITE SACRE HAVASUPAI & DES COMMUNAUTES DINE (NAVAJO)
Par Klee Benally
Indigenous Action Media
1er novembre 2016
Grand Canyon, Arizona – Le 13 octobre 2016, le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona (ADEQ) a accordé trois permis controversés, relatifs à la qualité de l’air, à des mines d’uranium près du Grand Canyon. L’extraction d’uranium profanera des sites sacrés et intoxiquera encore plus des communautés déjà affectées depuis des décennies par des mines d’uranium abandonnées encore radioactives.
« Notre Mère la Terre est très précieuse, tout ce qui vit en dépend, » dit le président du Chapitre de Cameron, Milton Tso, « l’uranium appartient à notre Mère, c’est en elle et devrait y rester. Il va y avoir une bataille, je vous garantie qu’il va y avoir une bataille, de ma part et de celle de tous les autres, si ce minerai arrive dans notre direction. »
« Nous sommes furieux de ce que l’ADEQ ait approuvé les permis concernant la qualité de l’air. » dit la membre du conseil Havasupai Carletta Tilousi, « Bien que nous ayons toujours eu une position ferme sur la protection des terres et des sites sacrés, une fois de plus, l’état d’Arizona s’abstient de protéger nos territoires du Grand Canyon en continuant à accorder des permis relatifs à la qualité de l’air. Nous sommes très déçus par le Service de la Qualité de l’Environnement. »
La compagnie Energy Fuels Resources, Inc. (EFRI) gère trois mines d’uranium avec des baux du Service des Forêts des Etats-Unis, sur des terres publiques près du Grand Canyon. Les mines EZ et Arizona 1 sont situées au nord du Parc National du Grand Canyon, et la Mine du Canyon est située à environs 10 km au sud du Parc. Les opérations à la mine Arizona 1 ont cessé, mais l’uranium est toujours entreposé sur le site et transporté à l’usine de retraitement de la compagnie, à White Mesa, en Utah. Les mines d’Energy Fuel EZ et Canyon sont actuellement en cours de développement.
LE MINERAI D’URANIUM DE LA MINE DU CANYON DEVRAIT ETRE TRANSPORTE DANS DES CAMIONS DE 30 TONNES, JUSQU’A 25 FOIS PAR JOUR, SUR 400 KM, PAR FLAGSTAFF, CAMERON, TUBA CITY, KAYENTA ET MEXICAN WATER, A L’USINE DE LA COMPAGNIE, A WHITE MESA, PRES DE BLANDING, EN UTAH.
La seule protection contre la pollution radioactive, pour les communautés le long du trajet, seraient des bâches goudronnées recouvrant le minerai radioactif.
Bien que la Nation Navajo ait interdit l’exploitation et le retraitement de l’uranium depuis 2005, rien n’empêche le transport de ce matériau dangereux en territoire Diné. L’interdiction de 2005 était largement due aux centaines de mines d’uranium abandonnées qui empoisonnent la réserve.
Des régions comme celle de Cameron continuent de faire face à un taux élevé de cancers et à l’empoisonnement de l’eau potable par les mines d’uranium laissées à l’abandon, héritage mortel de l’industrie nucléaire.
D’après l’EPA (Agence de Protection de l’Environnement US), « Approximativement, 30 % de la population Navajo n’a pas accès au réseau d’eau potable publique et est susceptible d’utiliser l’eau de sources rendues radioactives par l’uranium. »
Sur près de 290 km, le trajet de transport traverse la Nation Navajo, et emprunte des ponts au-dessus du Petit Colorado et de la rivière San Juan. En 1987, il y a eu deux accidents de camions de transport et du minerai d’uranium a été renversé sur des routes dans la Nation Navajo.
L’ADEQ a d’abord été contrainte de suspendre les permis relatifs à la pollution de l’air pour les trois mines, à cause du fort taux de radiation détecté à l’une des mines existantes. Le service a organisé récemment une série de consultations publiques dans le nord de l’Arizona, à propos des permis.
Au cours de la consultation du 30 août 2016 à Flagstaff, Arizona, Milton Tso a déclaré: « Maintenant nous parlons d’un des lieus les plus sacrés sur terre, que vous voulez creuser pour exploiter de l’uranium, le Grand Canyon du Colorado. Il n’est pas seulement sacré pour nous en tant qu’Autochtones, il l’est pour le monde entier. Des millions de gens viennent, juste pour admirer ce Canyon. Et l’eau qui y coule est très sacrée. Il n’y a pas de garantie de sécurité pour l’uranium, le pétrole ou quoique ce soit extrait de notre Mère. Il n’y a aucune garantie que ce sera sans danger, il n’y en a jamais, il y aura toujours une fuite, il y aura toujours un accident », dit Tso.
En approuvant les permis relatifs à la qualité de l’air pour les mines d’uranium, l’ADEQ a réagi aux inquiétudes du public concernant les bâches devant couvrir le minerai radioactif en imposant des exigences plus ‘strictes’ pour les bâches couvrant les camions. L’ADEQ a déclaré que « la bâche devrait dépasser de chaque côté de la plateforme du camion d’au moins 15 cm, et être attachée par une corde tous les 1,20 m. »
La Mine du Canyon, où EFRI fore actuellement pour extraire de l’uranium, est près de Red Butte, une montagne sacrée pour la Nation Havasupai. Red Butte, y compris le site de la Mine du Canyon, a été déclarée susceptible de figurer au Registre National des Lieus Historiques, en tant que Propriété Culturelle Traditionnelle, en 2009.
Carletta Tilousi, membre du conseil Havasupai, a témoigné lors de la consultation, « nous sommes la communauté la plus touchée, en première ligne de cette pollution cependant on ne nous a jamais donné l’occasion de donner notre avis et je pense que c’est un tort. Notre site le plus sacré, notre montagne sacrée la plus distinguée, nous a été ravie et a été totalement polluée. Nous ne pouvons plus y aller ni y tenir nos cérémonies comme nous l’avons fait pendant des siècles. Nous ne pouvons plus cueillir la sauge et le cèdre ni les brûler. »
En réponse au problème de la profanation de Red Butte, l’ADEQ a déclaré que « la loi de l’état n’autorise pas le Service à introduire des exigences non liées à la qualité de l’air dans la procédure d’attribution de ces permis; cependant, EFRI doit respecter toutes les autres exigences de l’état ou fédérales pour la protection de ces ressources et propriétés. » Aucune loi actuelle n’assure la protection de sites sacrés situés sur des terres fédérales.
Un commentaire soumis à l’ADEQ demandait que le service fasse faire des calculs pour déterminer les quantités d’émissions radioactives sur tout le trajet du transport en Arizona. Les gens de l’ADEQ ont répondu que l’ « ADEQ ne pouvait prendre en compte les émissions des camions hors du site pour prendre une décision d’accorder un permis. »
Plusieurs intervenants ont demandé que l’ADEQ fasse une évaluation des effets cumulatifs du radon, des radiations et de la poussière radioactive dans la région du Grand Canyon. Le service a déclaré que « la loi de l’état n’autorise pas le Service à prendre en considération les résultats d’une telle étude lors d’une décision d’accorder un permis pour un site spécifique. »
« IL ME SEMBLE QUE DES VIES HUMAINES SONT PLUS IMPORTANTES QUE LE PROFIT. QUE L’EAU EST PLUS IMPORTANTE QUE LE PROFIT » DIT CARLETTA TILOUSI AU COURS DE LA CONSULTATION, « J’AIMERAIS QUE VOUS CONSIDERIEZ SERIEUSEMENT CE QUE VOUS AVEZ DEVANT VOUS AVANT D’ACCORDER DE NOUVEAU VOTRE APPROBATION AUX COMPAGNIES MINIERES. »
Les mines d’uranium menacent de polluer d’avantage le Fleuve Colorado qui coule dans le Grand Canyon. Plus de 40 millions de gens dépendent de l’eau du Colorado. D’après l’Etude Géologique fédérale, 15 sources et cinq puits du bassin hydrologique du Grand Canyon ont déjà des hauts niveaux de radioactivité dus à l’extraction d’uranium passée dans la région.
EFRI déclare que la « Mine du Canyon a la plus haute teneur des Etats-Unis. » Le taux de production de la mine du Canyon est de 109 500 tonnes de minerai d’uranium par an. La compagnie est aussi autorisée à entreposer jusqu’à 13100 tonnes de minerai à la mine. Les piles de stockage radioactives seront arrosées pour contrôler la formation de poussière « et si cela s’avère insuffisant », une réduction de la taille des piles de stockage pourrait être instituée, ainsi que la construction de paravents, ou bien des bâches goudronnées seraient placées sur les piles de stockage.
En octobre 1984, Energy Fuel Nuclear a soumis un Projet d’Opérations pour une mine d’uranium de la concession de Canyon Mine sur des terres du Service National de la Forêt de Kaibab. La Déclaration finale d’Impact sur l’Environnement a été publiée en 1986, approuvant la mine. Bien qu’il n’y ait pas eu d’exploitation minière, des préparatifs ont immédiatement suivi cette décision. La Nation Havasupai et d’autres ont engagé des poursuites, mais ont perdu en 1991. En 1987, un groupe appelé la Conspiration Internationale Eco Terroriste d’Evan Mecham – EMETIC – a coupé 29 poteaux électriques de la Mine du Canyon, coûtant 200 000 dollars à la compagnie. La chute des cours de l’uranium a alors entrainé l’abandon du projet de mine, jusqu’à ce que Denison Mines, le propriétaire précédent des mines du Canyon, n’informe le Service des Forêts de leur intention de reprendre le développement de la mine, en 2011.
En 2006, les cours de l’uranium ont remonté et l’effet immédiat a été que des milliers de nouvelles demandes de concessions pour des mines d’uranium ont été déposées autour du Grand Canyon. En 2009, cette menace a poussé le Ministre de l’Intérieur des Etats-Unis à imposer un moratoire de 2 ans sur les nouvelles demandes de concessions sur plus de 4000 km² de terres fédérales autour du Grand Canyon. Le moratoire a été étendu à une halte de 20 ans des concessions pour extraire de l’uranium près du Grand Canyon en 2012. Cette interdiction aurait dû être rendue permanente par une proposition de loi visant à créer le Monument National de l’Héritage de la Région du Grand Canyon. Cependant, ni le moratoire ni la proposition de Monument National n’empêchent les mines d’uranium existantes, comme la Mine du Canyon, de fonctionner.
Le 27 octobre 2016, EFRI a annoncé avoir localisé du cuivre à haute teneur en forant le puits de la Mine du Canyon. La compagnie étudie actuellement si elle va ou non extraire le cuivre comme ‘sous-produit’ de l’exploitation d’uranium. EFRI a annoncé que ses actions avaient monté de 8% à Wall Street, après avoir annoncé que du cuivre avait été trouvé dans la mine.
« Nous n’avons été ni informés ni consultés convenablement à propos d’une quelconque nouvelle découverte de minerai » dit Carletta Tilousi. « Si c’est le cas, nous devons être consultés immédiatement par la compagnie minière et le Service des Forêts de Kaibab. »
La Forêt Nationale de Kaibab, qui a approuvé l’extraction minière sur la base d’une antique Loi sur les Mines de 1872, a été impliquée dans le litige concernant la Mine du Canyon depuis mars 2013. En 2015, La Cour de District fédérale a décidé en faveur du Service des Forêts des Etats-Unis contre une plainte déposée par le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique, le Sierra Club et la Tribu Havasupai.
Le 19 avril 2016, la Tribu Havasupai est allée en appel auprès de la Cour du 9ème Circuit, et le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club l’ont suivie. Les arguments oraux en appel concernant la Mine du Canyon seront entendus par la Cour du 9ème Circuit à San Francisco, Californie, le jeudi 15 décembre 2016 à 9h30 du matin dans la Salle d’Audience 4. Les appels concernant l’affaire de 2012 sur le retrait de minéraux passeront juste après.
Il y a plus de 15000 mines d’uranium abandonnées (AUM) dans tous les Etats-Unis. Clean Up The Mines, qui a proposé une loi pour résoudre le problème de la décontamination des AUM, milite pour que la décontamination des mines abandonnées soit entamée immédiatement.
« Les Nations Autochtones d’Amérique du Nord sont le canari du mineur des Etats-Unis, qui essaie d’éveiller les consciences des peuples du monde sur les dangers de la pollution radioactive » dit Charmaine White Face qui travaille dans une organisation du Dakota du Sud, Defenders of the Black Hills, et Clean Up The Mines.
Le Dakota du Sud a 272 mines d’uranium abandonnées qui polluent des cours d’eau comme la Rivière Cheyenne et profane des sites sacrés et cérémoniels. On estime que 169 mines d’uranium abandonnées sont situées à moins de 80 km du Mont Rushmore où des millions de touristes risquent d’être exposés à la radioactivité chaque année. Les communautés Autochtones sont touchées hors de toutes proportions, étant donné qu’environs 75% des mines abandonnées sont situées sur des terres fédérales ou Tribales.
« LA COLONISATION N’EST PAS SEULEMENT LE VOL ET L’ASSIMILATION DE NOS TERRITOIRES ET DE NOS PEUPLES, AUJOURD’HUI NOUS COMBATTONS LE COLONIALISME NUCLEAIRE QUI VOLE NOTRE AVENIR » DIT LEONA MORGAN.
Lors d’un récent Forum Autochtone sur les Problèmes Nucléaires tenu en territoire Shoshone de l’ouest et Paiute du sud, Leona Morgan, de Diné No Nukes a déclaré: « Alors que les Etats-Unis ont plus de 15000 mines d’uranium abandonnées, ça n’a pas de sens de continuer à produire plus de déchets nucléaires alors qu’on ne sait pas où les mettre. Au lieu de dépenser des milliards pour moderniser les armes et subventionner les réacteurs nucléaires obsolètes, nous devons nous mettre à utiliser ces fonds pour décontaminer les régions touchées. Et commencer par laisser l’uranium dans le sol. »
« La colonisation n’est pas seulement le vol et l’assimilation de nos territoires et de nos peuples, aujourd’hui nous combattons le colonialisme nucléaire qui vole notre avenir » dit Leona Morgan.
Vidéo des interventions de Milton Tso et Carletta Tilousi:
Voir articles précédents sur les mines d’uranium dans le Grand Canyon,
en particulier l’article de Klee Benally publié en mars 2011