En mai-juin 2019, Leona Morgan, Diné, activiste anti-nucléaire, est venue en Europe. A l’initiative de Pascal Grégis, membre du CSIA-nitassinan, elle a été invitée par le CSIA, le CEDRA, Meuse Nature Environnement et le Réseau Sortir du Nucléaire, à visiter Bure, zone menacée par un projet de site d’enfouissement profond pour les déchets hautement radioactifs, et à parler de la situation au Nouveau-Mexique. C’est à Bure qu’elle a commencé son voyage en Europe, le 24 mai 2019. Elle a d’abord visité la zone menacée – dans la mesure où les gendarmes laissaient approcher – et s’est exprimée le soir, au cours d’une réunion organisée à Bettancourt-la-Ferrée.

Conférence par Leona Morgan
Article Christine Prat  English
Photos Bure et Nouveau-Mexique, Christine Prat
Diapos Leona Morgan
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Bure est un petit village (environs 80 habitants) de la Meuse. En 1994, l’Etat a déclaré son intention d’y ouvrir un soi-disant “laboratoire de recherches scientifiques souterrain”, à 500 mètres sous terre, sur des terres appartenant au village. En fait, le but est d’y enterrer des déchets hautement radioactifs. Le projet, appelé CIGÉO (Centre Industriel de stockage GÉOlogique), est mis en œuvre par l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs) et est entré en ‘phase de conception industrielle’ en 2012. Le projet est de creuser un site d’enfouissement des déchets à 500 mètres sous terre. Le site devrait être fait de tunnels, s’étendant sur 15 km². Il devrait accueillir à terme 10 000 m³ de déchets de ‘ Haute Activité à Vie Longue’ et 73 500 m³ de déchets de ‘Moyenne Activité à Vie Longue’. Le site doit être creusé dans un petit bois qui a déjà été clôturé (la clôture est à quelques mètres à l’intérieur et cachée par des arbres) et est farouchement gardé par la gendarmerie. Des arbres ont déjà été abattus derrière la clôture. Le projet prévoit aussi de construire un site de stockage temporaire, où les déchets devraient refroidir avant d’être enterrés définitivement. De là, une ‘descenderie’ devrait être construite, sur plusieurs kilomètres, pour transporter les déchets jusqu’au site profond. Il est aussi prévu de creuser des puits verticaux pour amener le personnel et l’équipement au fond. Le Réseau Sortir du Nucléaire dit : “Loin d’être une réelle solution pour ces déchets, l’enfouissement est le seul moyen qu’elle (l’industrie nucléaire) a trouvé pour les cacher.”

LA CONFÉRENCE DE LEONA MORGAN

Remarque: tous les lieus nommés sont sur les cartes incluses dans l’article, s’y reporter. Si c’est trop petit pour lire, cliquer sur la carte pour la voir en plus grand

Après avoir remercié les organisations qui l’avaient invitée et le public, Leona s’est présentée, en Diné, selon la tradition : après avoir dit son nom, elle a nommé le clan de sa mère (“née de”) et celui de son père (“née pour”).

Elle a commencé sa présentation en montrant une photo de Monument Valley, un site mondialement connu, autrefois beaucoup utilisé pour tourner des westerns, mais aussi la région où les premières mines d’uranium en territoire Diné (Navajo) ont été creusées, dans les années 1940, et donc une des premières régions dévastées par les effets de l’uranium.

Son travail contre le nucléaire a commencé en 2007, d’abord contre une mine d’uranium, puis contre toute l’industrie nucléaire.

Elle a d’abord expliqué comment son peuple considère l’univers, et comment les Etats-Unis ont utilisé son peuple et volé leur terre. Leona dit : “Aux Etats-Unis, il y a environs 264 Tribus reconnues par le Gouvernement Fédéral.” (Il y a aussi des petites tribus non reconnues). Elle dit qu’avant la conquête, il y avait des milliers de Nations Autochtones, dans toute l’Amérique, qui ont été terriblement affectées par le colonialisme, mais qu’elle se limiterait à parler de son propre peuple, les Diné. “Les gens de notre peuple vivent traditionnellement. Mes ancêtres viennent d’un territoire que nous appelons ‘Diné Bikeyah’, ‘notre pays’. Notre territoire se situait entre 4 montagnes sacrées. [Les Pics San Francisco, à l’ouest, l’Hesperus, au nord, le Pic Blanca, à l’est, et le Mont Taylor, au sud ; voir carte]. Elles constituaient, pour mon peuple, notre identité et l’endroit où nous devrions vivre pour toujours. Plus tard, après la colonisation, les lignes imaginaires, qui limitent aujourd’hui, pour les Etats-Unis, les états d’Arizona et du Nouveau-Mexique, ont été dessinées, tout comme celles qui définissent ce qu’on appelle la ‘Nation Navajo’.” Elle expliqua la différence entre ce qu’ils appellent ‘Diné Bikeyah’, leur territoire traditionnel, et la Nation Navajo, qui signifie, selon le contexte, la Réserve Navajo ou le Conseil Tribal. La famille de Leona vient de Crownpoint, au nord de Gallup, au Nouveau-Mexique.

La chaîne de l’énergie nucléaire

“Au début, il y a l’extraction de l’uranium. L’extraction peut se faire en creusant et en l’extrayant directement du sol, ou par une autre méthode utilisant des liquides pour l’obtenir, un peu comme la fracturation hydraulique. Ça s’appelle la lixiviation in-situ.” (En anglais, ‘leaching’ signifie ‘infiltration’, mais quand il s’agit de mines, en français ça s’appelle ‘lixiviation’). Le procédé est utilisé pour extraire l’uranium de couches rocheuses dans les nappes phréatiques. Naturellement, le minerai d’uranium ne se dissout pas dans l’eau. Donc, on injecte des produits chimiques dans les roches pour dissoudre l’uranium, puis on filtre l’eau. Qui, bien entendu, devient radioactive. Les roches contenant du minerai d’uranium sont transportées jusqu’aux usines de traitement où l’uranium est séparé du minerai. Leona dit : “Dans notre région, si on extrait une tonne de minerai d’uranium, on obtient à peu près une livre d’uranium, et 1995 livres de déchets.” Elle ajoute : “Quand le minerai a été traité, les déchets de l’usine contiennent de nombreux produits chimiques qui créent encore plus de déchets radioactifs. Ce n’est pas comme dans la roche naturelle, ça a été changé chimiquement et est devenu plus radioactif.” Puis, l’uranium doit être enrichi. Il n’y a qu’une seule usine de retraitement aux Etats-Unis, et c’est au Nouveau-Mexique. Après enrichissement, le carburant est produit pour les centrales nucléaires. “Et les déchets des centrales sont hautement radioactifs. Après enrichissement, c’est envoyé dans des laboratoires pour fabriquer des armes nucléaires. Les outils radioactifs et autres déchets de la fabrication d’armes constituent des déchets ‘trans-uranium’, et finalement du plutonium. Et, bien sûr, nous nous retrouvons avec des armes nucléaires. Les déchets qui en proviennent sont de l’uranium appauvri.”

Les Autochtones considèrent la présence d’activités nucléaires et leurs effets sur leurs territoires comme du colonialisme nucléaire. Leona dit : “En tant qu’Autochtones, nous ne combattons pas seulement l’industrie nucléaire, mais aussi le racisme, le capitalisme et l’impérialisme des Etats-Unis, qui continuent aujourd’hui encore, à confisquer nos terres, à saper notre culture et à utiliser notre peuple et Notre Mère la Terre au profit de l’industrie et de leur cupidité.”

Le processus de conquête du territoire et d’élimination des Peuples Autochtones a commencé en 1493, avec ce qu’on appelle la Doctrine de la Découverte, que les Autochtones combattent toujours aujourd’hui. C’est une Bulle Papale – donc une décision indiscutable du Pape. Le document dit que “l’Eglise a été commissionnée par Dieu pour tuer d’autres peuples et s’emparer de leurs terres, parce qu’ils sont moins qu’humains.” C’est toujours utilisé par les pays colonisateurs en Afrique et ailleurs, et aux Etats-Unis et au Canada. Leona dit que “les Etats-Unis ont fondé certaines de leurs premières lois sur ce document.” Au XVIIIème siècle, quand les Etats-Unis étaient encore en formation, ils ont adopté une politique de génocide, et ont tenté de tuer tous les Peuples Autochtones. A l’époque, ça n’a pas vraiment marché, alors ils ont adopté une politique de déportation, et repoussé les Peuples Autochtones vers l’ouest. A la fin du XIXème siècle – alors qu’ils venaient de se livrer à un nouveau génocide – ils ont mis en route la politique dite ‘d’assimilation’ : cela signifiait détruire la culture Autochtone et changer l’indigène en un individu occidental. L’expression utilisée alors était ‘Tuer l’Indien, Sauver l’Homme’.

“D’autres moyens ont aussi été utilisés pour voler nos terres, comme les chemins de fer et l’extraction minière, ainsi que ce qu’on appelle aujourd’hui le gouvernement tribal. Je tiens à ce que les gens comprennent que l’extraction d’uranium et les tests atomiques d’aujourd’hui sont fondés sur les vieilles lois dont les gens pensent qu’elles appartiennent à l’histoire. Mais elles sont tout à fait à l’ordre du jour et sont utilisées aujourd’hui pour continuer le génocide par ce que nous appelons le colonialisme nucléaire” dit Leona. 85% de l’extraction d’uranium dans le monde a lieu sur des terres Autochtones. Aujourd’hui, les populations touchées sont encore en train de se battre pour que leurs terres soient décontaminées et obtenir de l’aide pour faire face à leurs problèmes de santé. Les Diné qui ont développé des cancers et les familles de ceux qui sont décédés ont dû se battre devant les tribunaux pendant des décennies avant qu’il soit reconnu que leurs maladies étaient dues à l’uranium, et obtenir quelque compensation.

“Nous appelons ça du racisme environnemental” dit Leona. “Ils ont fait la même chose avec les armes nucléaires, les tests ont eu lieu dans des territoires Autochtones ou de gens de couleur.” Aux Etats-Unis, environs 1000 bombes atomiques ont explosé dans le territoire des Shoshone de l’ouest, au soi-disant Nevada [voir plus bas]. Des tests ont également eu lieu sur l’île de Bikini, dans les Iles Marschall, et Bikini est toujours inhabitable. Les Britanniques ont également fait des tests dans le Nevada. Les Français ont effectué leurs tests atomiques à Reggane, en Algérie, en territoire Touareg, jusqu’en 1967. En 1966, ils ont commencé à tester à Mururoa, en Polynésie ‘Française’.

L’extraction minière était également un moyen de coloniser, en encourageant les colons Blancs à partir dans l’ouest. Leona dit “Grâce à l’extractivisme, les gens ont pu prendre des terres à notre peuple, selon une Loi sur les Mines de 1872. Cette loi autorise les gens à exploiter des mines sur les terres publiques des Etats-Unis, ils n’ont rien à payer pour ce qu’ils extraient, seulement un droit de 10 dollars par an, sur des terres ‘publiques’. “De organisations écologistes Blanches, aux Etats-Unis, veulent changer la loi, mais ils ne se préoccupent que de l’environnement, pas des Autochtones ni des Gens de couleur. Ils veulent principalement que les entreprises paient plus cher, mais ça n’inclut pas la protection des sites sacrés Autochtones ni de réparations pour les terres volées.

La loi dite ‘General Allotment Act’

Cette loi a été utilisée pour tenter de faire partir les Peuples Autochtones de leurs terres. Elle avait aussi pour but de détruire la culture autochtone : les Peuples Autochtones n’ont jamais connu la propriété privée et n’ont jamais imaginé pouvoir posséder une quelconque portion de la Terre Mère. Cette loi a créé des portions de terre individuelles, appelées ‘lots’ qui devait appartenir à des propriétaires Indiens individuels. A l’est de la Réserve Navajo, ça a créé la zone qu’on appel ‘l’échiquier’. C’est la zone d’où vient la famille de Leona. Dans cette zone, les terres sont soumises à toutes sortes de juridictions. Aujourd’hui, les lots appartiennent au gouvernement, à des entreprises, à des propriétaires privés ou à des Autochtones, qui peuvent être la Nation Navajo ou des individus appelés ‘attributaires’. Là, Leona explique “‘il y a une grande différence quand je dis la ‘Nation Navajo, c’est-à-dire le gouvernement, et quand je parle des gens.”

Un ‘Gouvernement Navajo’ créé par les Etats-Unis

Le Conseil Tribal Navajo a été créé en 1923, par le Gouvernement des Etats-Unis. Selon Leona “Une étape du processus de colonisation a été la création d’un gouvernement, ce qui est très différent du système que les Peuples Autochtones aient jamais connu. Pour les gens de notre peuple, la Nation Navajo est le nom de notre gouvernement, et aussi parfois du territoire qui constitue ce qu’on appelle la Réserve. Nous avons nos lots de terre, notre système de gouvernement, mais ce n’est qu’une copie des Etats-Unis.” Pourtant, en 2005, la Nation Navajo a adopté une loi interdisant l’extraction d’uranium, la Loi sur la Protection des Ressources Naturelles Diné. Puis, en 2012, une loi interdisant le transport de matériaux radioactifs. Cependant, ces lois ne sont pas respectées par les états (Arizona et Nouveau-Mexique) ni par le gouvernement fédéral. Les sites sacrés entre les quatre montagnes sacrées ne sont pas protégés non plus, parce qu’ils sont hors de la Nation Navajo. Même certaines portions de la Nation Navajo ne peuvent pas être protégés parce qu’elles sont sous la juridiction des états ou du gouvernement fédéral. C’est le cas de routes et voies de chemins de fer qui traversent la Réserve. La Nation Navajo n’a pas non plus le contrôle de son espace aérien.

LE NUCLÉAIRE AU NOUVEAU-MEXIQUE

Au Nouveau-Mexique, on trouve presque toutes les étapes de la chaîne nucléaire, sauf des centrales nucléaires. Il y a aux Etats-Unis plus de 15 000 mines d’uranium abandonnées, quelques-unes dans l’est du pays, mais la plupart dans l’ouest. Ces mines fournissaient principalement de l’uranium pour les armes nucléaires. L’exploitation a eu lieu essentiellement entre les années 1940 et les années 1980. L’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) n’a été créée qu’en décembre 1970. Jusque-là, il n’y avait aucune loi pour protéger l’environnement, les mineurs ou la population. Très peu de mines ont été décontaminées. La Nation Navajo est un des rares endroits ou quelque chose a été fait, le gouvernement Tribal, en coopération avec le gouvernement fédéral est en train de décontaminer environs 500 mines.

La catastrophe de 1979, à Churchrock

Le 16 juillet 1979, la pire catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis a eu lieu à Churchrock, au Nouveau-Mexique. A Churchrock, il y avait deux mines d’uranium et une usine de traitement. L’usine avait un bassin de rétention des déchets. Les déchets d’une usine de traitement sont beaucoup plus radioactifs que ceux des mines. Ce bassin était fermé par un barrage en argile. Il y avait une fissure dans ce barrage, l’entreprise le savait, le gouvernement aussi, mais l’entreprise a continué à mettre des déchets dans le bassin. A l’aube du 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu. Plus de 400 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans un ravin à sec, puis dans une rivière qui est à sec la plupart de temps, la rivière Puerco. En général, il n’y a pas d’eau, mais après la fuite, il a plu et la rivière s’est remplie d’eau et a coulé jusqu’à 160 km, en Arizona. Ça s’est passé quelques mois après l’accident de la centrale nucléaire de Three-Miles-Island, à Harrisburg. Bien que la fuite de Churchrock ait été le pire accident qui se soit jamais produit, les médias n’en n’ont presque rien dit et ça n’a pas attiré l’attention du public. Harrisburg se trouve dans l’est des U.S.A, dans une zone très peuplée, essentiellement de Blancs (il y a eu un film sur l’accident, avec Meryl Streep dans le rôle principal). A Churchrock, il n’y a pas beaucoup d’habitants et la plupart sont Autochtones.

A ce jour, ce n’a toujours pas été décontaminé. En juillet 2015, Tommy Rock, un chercheur Diné de l’Université de Flagstaff, a découvert que l’eau potable d’une communauté Diné, à Sanders, en Arizona, à 65 km en aval sur la rivière Puerco, contenait deux fois la concentration légale d’uranium. Les enfants de l’école locale ont reçu de l’eau en bouteille pour boire. La communauté se bat toujours pour que ce soit décontaminé. Ils veulent que les déchets soient enlevés des environs de la Nation Navajo, loin de leurs maisons. “Mais” dit Leona, “à cause de l’échiquier, qui est hors de la Réserve, le gouvernement a entreposé les déchets non loin de leurs maisons, et le vent les ramène.” Elle ajouta que “l’extraction d’uranium est interdite depuis 2005, mais ce sont les mines des années 1980 qui continuent d’affecter les animaux et la communauté.” Les gens veulent que les mines soient décontaminées. L’entreprise propose de gratter les déchets radioactifs, de les entreposer sur les déchets de l’usine, et de recouvrir le tout d’argile, affirmant que ça tiendrait au moins mille ans. Mais leur projet ne s’applique qu’au terrain privé de l’entreprise et n’inclue pas toute la zone touchée par la fuite, jusqu’à 160 km à l’ouest. Les gens craignent une autre fuite. Le Puerco est une rivière sèche, mais des pluies abondantes peuvent toujours se produire. (En tous cas, le Puerco n’était pas complètement à sec en septembre 2015, il y avait probablement eu des pluies en juillet…)

Des 15 000 mines d’uranium abandonnées, c’est le lieu le plus gravement touché des Etats-Unis.

Les équipements nucléaires au Nouveau-Mexique

Actuellement, le Nouveau-Mexique est plein d’équipements et de sites nucléaires.

Le site appelé ‘Trinity’ est le lieu où a été testée la première bombe atomique de l’histoire, quelques semaines avant que deux bombes soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki.

Il y a aussi des laboratoires nationaux qui fabriquent des armes nucléaires. Leona dit “Nous appelons notre état du Nouveau-Mexique le Mexique Nucléaire.”

Il y a des mines d’uranium et des usines de traitement. Il y a une usine d’enrichissement, la seule des Etats-Unis, gérée par URENCO USA. Il y a un site d’entreposage de déchets hautement radioactifs, utilisés pour fabriquer des armes. Il y a des armes nucléaires entreposées dans plusieurs endroits (l’un d’entre eux étant quasiment à Albuquerque, sous la montagne). Il y a aussi la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert du monde (dans la Réserve Laguna). Elle est fermée et on tente de la décontaminer. Et il y a de nouveaux projets d’extraction d’uranium, et ils les veulent à ciel ouvert, obtenues par dynamitage de la montagne.

Le coin sud-est du Nouveau-Mexique

Leona expliqua que “dans le sud-est, il y a le WIPP – Waste Isolation Pilot Plant, Usine Pilote d’Isolation des Déchets – licenciée pour entreposer des déchets radioactifs ‘trans uranium’ pour 10 000 ans. Les déchets viennent de la recherche et de la production des armes nucléaires des Etats-Unis. Ça se trouve dans une zone du sud-est du Nouveau-Mexique, appelée le corridor nucléaire, où se trouvent aussi l’Usine Nationale d’Enrichissement, près de Eunice,” (l’unique usine d’enrichissement des Etats-Unis, gérée par URENCO), “et les Spécialistes du Contrôle des Déchets, un site d’entreposage des déchets de basse activité, juste de l’autre côté de la frontière de l’état, près d’Andrews, au Texas, et l’usine de International Isotopes, Inc., qui doit être construite près de Eunice. Il y a déjà des sites d’entreposage de déchets, et l’usine de traitement ELEA, très proche du WIPP.”

“Actuellement, nous combattons deux projets de sites d’enfouissement pour des déchets hautement radioactifs. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de site pour les déchets nucléaires hautement radioactifs. Les deux projets d’entreposage au Nouveau-Mexique sont supposés être ‘intérimaires’ ou ‘temporaires’. Les habitants du Nouveau-Mexique n’y croient pas, ils pensent que ce sera d’abord temporaire, puis deviendra permanent.” (Ce qu’ils appellent ‘temporaire’ peut aller jusqu’à 30 ans).

“Actuellement, les sites temporaires ne sont pas légaux. Alors, ils essaient de changer la loi pour les légaliser, et bien que ce ne soit pas encore légal, la Chambre a approuvé au Congrès, le financement de la firme Holtec. Holtec construit des containers pour les déchets nucléaires, et il y a beaucoup de problèmes avec ces containers. Nous combattons la compagnie à tous les niveaux. Il y a eu 7 plaintes en justice contre Holtec, mais aucune n’a été acceptée par le gouvernement fédéral. Tous nos arguments ont été rejetés. Holtec construit aussi des petits réacteurs et recycle des déchets nucléaires. Nous avons aussi entendu une rumeur selon laquelle Holtec veut amener tous les déchets nucléaires du pays au Nouveau-Mexique, et nous les suspectons aussi de faire du retraitement dans la région. Actuellement, il n’y a pas de retraitement aux Etats-Unis. Notre combat actuel se concentre sur le coin sud-est, où il y a aussi l’un des plus grands gisements de pétrole du monde. Donc ils pratiquent la fracturation, et ce n’est pas vraiment sûr d’y mettre des déchets nucléaires.”

Deux accidents se sont déjà produits dans d’anciennes mines de sel utilisées pour stocker des déchets nucléaires. Une des mines a pris feu en 2014, ensuite un container a explosé.

D’autres combats dans le sud-ouest des U.S.A. : Yucca Mountain et Canyon Mine

Leona explique “qu’il y a aux Etats-Unis un Peuple Autochtone qui se dit lui-même être la Nation la plus bombardée [nucléairement] du monde”. Les Etats-Unis ont fait exploser environs 1000 bombes atomiques dans le territoire des Shoshone de l’Ouest. C’est lié au problème des déchets nucléaires, parce que ça se trouve dans une zone où ils veulent aussi mettre des déchets des centrales nucléaires sur un site appelé Yucca Mountain.” Les Shoshone combattent ce projet de site d’enfouissement profond. Yucca Mountain est très proche du site où les bombes atomiques ont été testées jusqu’en 1992. C’est aussi une région volcanique, il y a 7 volcans actifs au pied de Yucca Mountain. Actuellement, la base légale du combat des Shoshone contre le projet de déchets, est le fait que ça se trouve en Territoire Shoshone non-cédé, selon les traités signés avec le gouvernement des Etats-Unis. (Cependant, les Etats-Unis n’ont jamais respecté un seul traité signé avec les Nations Autochtones).

Un autre combat important, qui dure depuis des années, vise à empêcher l’exploitation de ‘Canyon Mine‘ (la Mine du Canyon), près du Grand Canyon, en Arizona, où une entreprise veut extraire de l’uranium. Plusieurs communautés sont unies contre la mine. Il y a entre autres les Havasupai, qui vivent au fond du Grand Canyon. La mine est proche de Red Butte, un site sacré pour eux. Et ils craignent que les sources d’eau qui coulent vers le Grand Canyon, et fournissent l’eau de la communauté, ne soient polluées. “Des gens se battent aussi contre l’usine de traitement White Mesa, au sud de l’Utah, qui affecte la Réserve Ute de Ute Mountain”. L’entreprise qui gère la Mine du Canyon, veut transporter le minerai jusqu’à l’usine White Mesa, à travers la Nation Navajo. “Ce combat – conduit par ‘Haul No!‘ – réunit plusieurs communautés du Grand Canyon à l’usine de traitement, et celles qui devraient être traversées par le transport” dit Leona, qui est membre et co-fondatrice de ‘Haul No!’

Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires

Leona parla aussi d’un groupe qu’elle a fondé et dans lequel elle travaille, le Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires. “Nous sommes un nouveau groupe de combat, à cause du racisme qui existe dans les groupes écologistes. La plupart de ces groupes sont dirigés par des hommes Blancs d’un certain âge. Notre groupe essaie d’attirer des jeunes gens, nous sommes dirigés par des femmes, des Autochtones et des personnes homosexuelles. Le but est de créer une nouvelle résistance aux armes nucléaires et au monstre nucléaire. Je travaille avec des Autochtones.”

L’énergie nucléaire n’est PAS propre !

“Il y a des gens qui disent que l’énergie nucléaire est propre. Nous nous efforçons d’enseigner aux gens que l’énergie nucléaire n’est pas propre. Aux Etats-Unis et dans d’autres pays, on pousse à la construction de nouvelles centrales nucléaires. Mais lorsqu’on mesure l’empreinte carbone de l’énergie nucléaire, on ne la mesure que dans les centrales. On ne mesure pas l’empreinte carbone de l’extraction, du traitement, du transport et de l’entreposage.” Dit-elle en guise de conclusion.

kleeuranium1-11-2016
Voir vidéo plus bas

 

MINE D’URANIUM PRES DU GRAND CANYON DU COLORADO: MENACE IMMINENTE POUR UN SITE SACRE HAVASUPAI & DES COMMUNAUTES DINE (NAVAJO)

 

Par Klee Benally
Indigenous Action Media
1er novembre 2016

 

Grand Canyon, Arizona – Le 13 octobre 2016, le Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona (ADEQ) a accordé trois permis controversés, relatifs à la qualité de l’air, à des mines d’uranium près du Grand Canyon. L’extraction d’uranium profanera des sites sacrés et intoxiquera encore plus des communautés déjà affectées depuis des décennies par des mines d’uranium abandonnées encore radioactives.

« Notre Mère la Terre est très précieuse, tout ce qui vit en dépend, » dit le président du Chapitre de Cameron, Milton Tso, « l’uranium appartient à notre Mère, c’est en elle et devrait y rester. Il va y avoir une bataille, je vous garantie qu’il va y avoir une bataille, de ma part et de celle de tous les autres, si ce minerai arrive dans notre direction. »

« Nous sommes furieux de ce que l’ADEQ ait approuvé les permis concernant la qualité de l’air. » dit la membre du conseil Havasupai Carletta Tilousi, « Bien que nous ayons toujours eu une position ferme sur la protection des terres et des sites sacrés, une fois de plus, l’état d’Arizona s’abstient de protéger nos territoires du Grand Canyon en continuant à accorder des permis relatifs à la qualité de l’air. Nous sommes très déçus par le Service de la Qualité de l’Environnement. »

La compagnie Energy Fuels Resources, Inc. (EFRI) gère trois mines d’uranium avec des baux du Service des Forêts des Etats-Unis, sur des terres publiques près du Grand Canyon. Les mines EZ et Arizona 1 sont situées au nord du Parc National du Grand Canyon, et la Mine du Canyon est située à environs 10 km au sud du Parc. Les opérations à la mine Arizona 1 ont cessé, mais l’uranium est toujours entreposé sur le site et transporté à l’usine de retraitement de la compagnie, à White Mesa, en Utah. Les mines d’Energy Fuel EZ et Canyon sont actuellement en cours de développement.

 

LE MINERAI D’URANIUM DE LA MINE DU CANYON DEVRAIT ETRE TRANSPORTE DANS DES CAMIONS DE 30 TONNES, JUSQU’A 25 FOIS PAR JOUR, SUR 400 KM, PAR FLAGSTAFF, CAMERON, TUBA CITY, KAYENTA ET MEXICAN WATER, A L’USINE DE LA COMPAGNIE, A WHITE MESA, PRES DE BLANDING, EN UTAH.

 

La seule protection contre la pollution radioactive, pour les communautés le long du trajet, seraient des bâches goudronnées recouvrant le minerai radioactif.

Bien que la Nation Navajo ait interdit l’exploitation et le retraitement de l’uranium depuis 2005, rien n’empêche le transport de ce matériau dangereux en territoire Diné. L’interdiction de 2005 était largement due aux centaines de mines d’uranium abandonnées qui empoisonnent la réserve.

Des régions comme celle de Cameron continuent de faire face à un taux élevé de cancers et à l’empoisonnement de l’eau potable par les mines d’uranium laissées à l’abandon, héritage mortel de l’industrie nucléaire.

D’après l’EPA (Agence de Protection de l’Environnement US), « Approximativement, 30 % de la population Navajo n’a pas accès au réseau d’eau potable publique et est susceptible d’utiliser l’eau de sources rendues radioactives par l’uranium. »

Sur près de 290 km, le trajet de transport traverse la Nation Navajo, et emprunte des ponts au-dessus du Petit Colorado et de la rivière San Juan. En 1987, il y a eu deux accidents de camions de transport et du minerai d’uranium a été renversé sur des routes dans la Nation Navajo.

L’ADEQ a d’abord été contrainte de suspendre les permis relatifs à la pollution de l’air pour les trois mines, à cause du fort taux de radiation détecté à l’une des mines existantes. Le service a organisé récemment une série de consultations publiques dans le nord de l’Arizona, à propos des permis.

Au cours de la consultation du 30 août 2016 à Flagstaff, Arizona, Milton Tso a déclaré: « Maintenant nous parlons d’un des lieus les plus sacrés sur terre, que vous voulez creuser pour exploiter de l’uranium, le Grand Canyon du Colorado. Il n’est pas seulement sacré pour nous en tant qu’Autochtones, il l’est pour le monde entier. Des millions de gens viennent, juste pour admirer ce Canyon. Et l’eau qui y coule est très sacrée. Il n’y a pas de garantie de sécurité pour l’uranium, le pétrole ou quoique ce soit extrait de notre Mère. Il n’y a aucune garantie que ce sera sans danger, il n’y en a jamais, il y aura toujours une fuite, il y aura toujours un accident », dit Tso.

En approuvant les permis relatifs à la qualité de l’air pour les mines d’uranium, l’ADEQ a réagi aux inquiétudes du public concernant les bâches devant couvrir le minerai radioactif en imposant des exigences plus ‘strictes’ pour les bâches couvrant les camions. L’ADEQ a déclaré que « la bâche devrait dépasser de chaque côté de la plateforme du camion d’au moins 15 cm, et être attachée par une corde tous les 1,20 m. »

La Mine du Canyon, où EFRI fore actuellement pour extraire de l’uranium, est près de Red Butte, une montagne sacrée pour la Nation Havasupai. Red Butte, y compris le site de la Mine du Canyon, a été déclarée susceptible de figurer au Registre National des Lieus Historiques, en tant que Propriété Culturelle Traditionnelle, en 2009.

Carletta Tilousi, membre du conseil Havasupai, a témoigné lors de la consultation, « nous sommes la communauté la plus touchée, en première ligne de cette pollution cependant on ne nous a jamais donné l’occasion de donner notre avis et je pense que c’est un tort. Notre site le plus sacré, notre montagne sacrée la plus distinguée, nous a été ravie et a été totalement polluée. Nous ne pouvons plus y aller ni y tenir nos cérémonies comme nous l’avons fait pendant des siècles. Nous ne pouvons plus cueillir la sauge et le cèdre ni les brûler. »

En réponse au problème de la profanation de Red Butte, l’ADEQ a déclaré que « la loi de l’état n’autorise pas le Service à introduire des exigences non liées à la qualité de l’air dans la procédure d’attribution de ces permis; cependant, EFRI doit respecter toutes les autres exigences de l’état ou fédérales pour la protection de ces ressources et propriétés. » Aucune loi actuelle n’assure la protection de sites sacrés situés sur des terres fédérales.

Un commentaire soumis à l’ADEQ demandait que le service fasse faire des calculs pour déterminer les quantités d’émissions radioactives sur tout le trajet du transport en Arizona. Les gens de l’ADEQ ont répondu que l’ « ADEQ ne pouvait prendre en compte les émissions des camions hors du site pour prendre une décision d’accorder un permis. »

Plusieurs intervenants ont demandé que l’ADEQ fasse une évaluation des effets cumulatifs du radon, des radiations et de la poussière radioactive dans la région du Grand Canyon. Le service a déclaré que « la loi de l’état n’autorise pas le Service à prendre en considération les résultats d’une telle étude lors d’une décision d’accorder un permis pour un site spécifique. »

 

« IL ME SEMBLE QUE DES VIES HUMAINES SONT PLUS IMPORTANTES QUE LE PROFIT. QUE L’EAU EST PLUS IMPORTANTE QUE LE PROFIT » DIT CARLETTA TILOUSI AU COURS DE LA CONSULTATION, « J’AIMERAIS QUE VOUS CONSIDERIEZ SERIEUSEMENT CE QUE VOUS AVEZ DEVANT VOUS AVANT D’ACCORDER DE NOUVEAU VOTRE APPROBATION AUX COMPAGNIES MINIERES. »

 

Les mines d’uranium menacent de polluer d’avantage le Fleuve Colorado qui coule dans le Grand Canyon. Plus de 40 millions de gens dépendent de l’eau du Colorado. D’après l’Etude Géologique fédérale, 15 sources et cinq puits du bassin hydrologique du Grand Canyon ont déjà des hauts niveaux de radioactivité dus à l’extraction d’uranium passée dans la région.

EFRI déclare que la « Mine du Canyon a la plus haute teneur des Etats-Unis. » Le taux de production de la mine du Canyon est de 109 500 tonnes de minerai d’uranium par an. La compagnie est aussi autorisée à entreposer jusqu’à 13100 tonnes de minerai à la mine. Les piles de stockage radioactives seront arrosées pour contrôler la formation de poussière « et si cela s’avère insuffisant », une réduction de la taille des piles de stockage pourrait être instituée, ainsi que la construction de paravents, ou bien des bâches goudronnées seraient placées sur les piles de stockage.

En octobre 1984, Energy Fuel Nuclear a soumis un Projet d’Opérations pour une mine d’uranium de la concession de Canyon Mine sur des terres du Service National de la Forêt de Kaibab. La Déclaration finale d’Impact sur l’Environnement a été publiée en 1986, approuvant la mine. Bien qu’il n’y ait pas eu d’exploitation minière, des préparatifs ont immédiatement suivi cette décision. La Nation Havasupai et d’autres ont engagé des poursuites, mais ont perdu en 1991. En 1987, un groupe appelé la Conspiration Internationale Eco Terroriste d’Evan Mecham – EMETIC – a coupé 29 poteaux électriques de la Mine du Canyon, coûtant 200 000 dollars à la compagnie. La chute des cours de l’uranium a alors entrainé l’abandon du projet de mine, jusqu’à ce que Denison Mines, le propriétaire précédent des mines du Canyon, n’informe le Service des Forêts de leur intention de reprendre le développement de la mine, en 2011.

En 2006, les cours de l’uranium ont remonté et l’effet immédiat a été que des milliers de nouvelles demandes de concessions pour des mines d’uranium ont été déposées autour du Grand Canyon. En 2009, cette menace a poussé le Ministre de l’Intérieur des Etats-Unis à imposer un moratoire de 2 ans sur les nouvelles demandes de concessions sur plus de 4000 km² de terres fédérales autour du Grand Canyon. Le moratoire a été étendu à une halte de 20 ans des concessions pour extraire de l’uranium près du Grand Canyon en 2012. Cette interdiction aurait dû être rendue permanente par une proposition de loi visant à créer le Monument National de l’Héritage de la Région du Grand Canyon. Cependant, ni le moratoire ni la proposition de Monument National n’empêchent les mines d’uranium existantes, comme la Mine du Canyon, de fonctionner.

Le 27 octobre 2016, EFRI a annoncé avoir localisé du cuivre à haute teneur en forant le puits de la Mine du Canyon. La compagnie étudie actuellement si elle va ou non extraire le cuivre comme ‘sous-produit’ de l’exploitation d’uranium. EFRI a annoncé que ses actions avaient monté de 8% à Wall Street, après avoir annoncé que du cuivre avait été trouvé dans la mine.

« Nous n’avons été ni informés ni consultés convenablement à propos d’une quelconque nouvelle découverte de minerai » dit Carletta Tilousi. « Si c’est le cas, nous devons être consultés immédiatement par la compagnie minière et le Service des Forêts de Kaibab. »

La Forêt Nationale de Kaibab, qui a approuvé l’extraction minière sur la base d’une antique Loi sur les Mines de 1872, a été impliquée dans le litige concernant la Mine du Canyon depuis mars 2013. En 2015, La Cour de District fédérale a décidé en faveur du Service des Forêts des Etats-Unis contre une plainte déposée par le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique, le Sierra Club et la Tribu Havasupai.

Le 19 avril 2016, la Tribu Havasupai est allée en appel auprès de la Cour du 9ème Circuit, et le Grand Canyon Trust, le Centre pour la Diversité Biologique et le Sierra Club l’ont suivie. Les arguments oraux en appel concernant la Mine du Canyon seront entendus par la Cour du 9ème Circuit à San Francisco, Californie, le jeudi 15 décembre 2016 à 9h30 du matin dans la Salle d’Audience 4. Les appels concernant l’affaire de 2012 sur le retrait de minéraux passeront juste après.

Il y a plus de 15000 mines d’uranium abandonnées (AUM) dans tous les Etats-Unis. Clean Up The Mines, qui a proposé une loi pour résoudre le problème de la décontamination des AUM, milite pour que la décontamination des mines abandonnées soit entamée immédiatement.

« Les Nations Autochtones d’Amérique du Nord sont le canari du mineur des Etats-Unis, qui essaie d’éveiller les consciences des peuples du monde sur les dangers de la pollution radioactive » dit Charmaine White Face qui travaille dans une organisation du Dakota du Sud, Defenders of the Black Hills, et Clean Up The Mines.

Le Dakota du Sud a 272 mines d’uranium abandonnées qui polluent des cours d’eau comme la Rivière Cheyenne et profane des sites sacrés et cérémoniels. On estime que 169 mines d’uranium abandonnées sont situées à moins de 80 km du Mont Rushmore où des millions de touristes risquent d’être exposés à la radioactivité chaque année. Les communautés Autochtones sont touchées hors de toutes proportions, étant donné qu’environs 75% des mines abandonnées sont situées sur des terres fédérales ou Tribales.

 

« LA COLONISATION N’EST PAS SEULEMENT LE VOL ET L’ASSIMILATION DE NOS TERRITOIRES ET DE NOS PEUPLES, AUJOURD’HUI NOUS COMBATTONS LE COLONIALISME NUCLEAIRE QUI VOLE NOTRE AVENIR » DIT LEONA MORGAN.

 

Lors d’un récent Forum Autochtone sur les Problèmes Nucléaires tenu en territoire Shoshone de l’ouest et Paiute du sud, Leona Morgan, de Diné No Nukes a déclaré: « Alors que les Etats-Unis ont plus de 15000 mines d’uranium abandonnées, ça n’a pas de sens de continuer à produire plus de déchets nucléaires alors qu’on ne sait pas où les mettre. Au lieu de dépenser des milliards pour moderniser les armes et subventionner les réacteurs nucléaires obsolètes, nous devons nous mettre à utiliser ces fonds pour décontaminer les régions touchées. Et commencer par laisser l’uranium dans le sol. »

« La colonisation n’est pas seulement le vol et l’assimilation de nos territoires et de nos peuples, aujourd’hui nous combattons le colonialisme nucléaire qui vole notre avenir » dit Leona Morgan.

 

Vidéo des interventions de Milton Tso et Carletta Tilousi:

 

Voir articles précédents sur les mines d’uranium dans le Grand Canyon,
en particulier l’article de Klee Benally publié en mars 2011

 

 

LA COUR MAINTIENT L’INTERDICTION D’EXTRACTION D’URANIUM DANS LE GRAND CANYON, LA TRIBU HAVASUPAI ET LA COALITION POUR LA PRESERVATION FETENT UNE VICTOIRE-CLEF POUR LA PROTECTION DE L’EAU, DE LA VIE SAUVAGE ET DES TERRES SACREES

Par Protect Grand Canyon (Protégez le Grand Canyon)
30 septembre 2014

Contacts :

Ted Zukoski, Earthjustice (303) 996-9622 (w), (303) 641-3149 (c), tzukoski@earthjustice.org
Rex Tilousi, Président Havasupai, (928) 448-2731, htchair@havasupai-nsn.gov
Sandy Bahr, Sierra Club – Grand Canyon (602) 999-5790, sandy.bahr@sierraclub.org
Roger Clark, Grand Canyon Trust, (928) 890-7515, rclark@grandcanyontrust.org
Katherine Davis, Centre pour la Diversité Biologique, (520) 345-5708, kdavis@biologicaldiversity.org
Kevin Dahl, Association pour la Préservation des Parcs Nationaux, (520) 603-6430, kdahl@npca.org

Traduction Christine Prat
Note : Cet article peut sembler présenter des contradictions avec l’article précédent, concernant la Confluence – en particulier la référence aux touristes, que les défenseurs de la Confluence veulent écarter. Je ne suis pas entièrement d’accord avec cette coalition, ni avec la défense du tourisme, ni avec la défense des 25 millions d’habitants des états desservis par l’eau du bassin du Colorado, qui en consomment trop pour leurs piscines et l’électricité de leur climatisation, alors que les Autochtones n’ont ni eau courante ni électricité. Mais les Havasupai, totalement isolés au fond du Grand Canyon, sans autres moyens de transport que l’hélicoptère, à moins de grimper 25 km de falaise pour atteindre le Plateau, où il n’y a ni route ni transports en commun, sont bien obligés de s’allier à des organisations écolos plus ou moins conformistes mais puissantes, pour combattre l’industrie de l’uranium en justice. J’ai donc des réserves sur les arguments employés et les organisations impliquées, mais, de toute façon, face à la radioactivité, il faut se défendre à tout prix…

PHOENIX, Arizona – La Tribu Havasupai d’Arizona et une coalition de groupes pour la préservation [de l’environnement] félicitent le Juge David Campbell pour sa décision de ce jour de maintenir le moratoire du Ministère de l’Intérieur US interdisant pour 20 ans de nouvelles concessions pour l’extraction d’uranium sur les 4000 km² de terres publiques à proximité du Grand Canyon. La Cour a jugé que la décision était conforme aux lois fédérales sur l’environnement et que la zone n’était pas trop grande, contrairement à ce qu’affirmaient les plaignants. Ce qui est en cause, c’est la protection des nappes aquifères et des cours d’eau qui alimentent le Fleuve Colorado et le Grand Canyon des déchets d’uranium et de l’épuisement.

La Tribu Havasupai, le Grand Canyon Trust, le Sierra Club, le Centre pour la Diversité Biologique et l’Association pour la Préservation des Parcs Nationaux étaient intervenus dans une procédure engagée par des associations commerciales pour l’industrie des mines et de l’uranium et par le prospecteur d’uranium Gregory Young, devant une Cour de District, en Arizona. La tribu et les groupes ont défendu la décision de l’Intérieur de protéger les sources et les ruisseaux du Grand Canyon, la vie sauvage et les points de vue, contre une nouvelle pollution toxique par l’extraction d’uranium. Les groupements et la tribu étaient représentés par la firme juridique d’intérêt public Earthjustice et par le Projet d’Action Minière de l’Ouest.

« Les Havasupai soutiennent la soustraction des terres aux activités minières pour la protection de nos foyers et de notre eau. La décision du Juge Campbell d’aujourd’hui reconnaît le caractère unique et l’importance des terres au sud du Grand Canyon qui sont notre patrie aborigène et se trouvent à l’intérieur du bassin hydrographique qui alimente nos sources et coule dans notre territoire dans le Canyon » dit le Président Havasupai Rex Tilousi.

« Les terres environnant le Grand Canyon sont pleines de beauté naturelle » dit Ted Zukoski, un avocat de Earthjustice qui a aidé à représenter les groupes au cours de la procédure. « Les eaux vitales et les daims, les élans, les condors et autres formes de vie sauvage qu’on y trouve méritent d’être protégés de la pollution et de l’industrialisation toxiques et sont menacés par l’extraction d’uranium à grande échelle. C’est pourquoi il était crucial de défendre ces terres contre cette attaque intéressée de l’industrie de l’uranium. »

En janvier 2012, le Ministre de l’Intérieur de l’époque Ken Salazar, a décrété un moratoire de 20 ans interdisant toute nouvelle concession minière et tout développement de mines sur des concessions existantes sans permis valable. La procédure engagée par l’industrie minière prétendait que l’évaluation d’impacts environnementaux de 700 pages du Ministère de l’Intérieur était inadéquate.

« La décision de la cour valide les conclusions de cinq agences fédérales, entre autres celles de scientifiques du Bureau des Etudes Géologiques des Etats-Unis » dit Roger Clark, du Grand Canyon Trust. « L’extraction d’uranium présente des risques inacceptables pour l’eau du Grand Canyon, la vie sauvage et les gens. Elle devrait être interdite définitivement dans notre région. »

La pollution par l’uranium infecte déjà le Grand Canyon et les alentours. Des propositions de nouvelles mines ont suscité des protestations, des conflits juridiques et des propositions de lois. Etant donné que des dizaines de nouvelles mines menacent d’industrialiser des zones naturelles iconographiques et sacrées, de détruire l’habitat d’une vie sauvage et de polluer et épuiser des nappes aquifères, des scientifiques, des gouvernements tribaux et locaux et des commerces ont tous exprimé leur soutien aux protections adoptées par l’Intérieur.

Le Juge David G. Campbell, de la Cour de District fédérale pour l’Arizona, a résumé sa décision rejetant toutes les exigences de l’industrie de l’uranium en déclarant que le Ministre de l’Intérieur avait autorité pour « s’aventurer sur le chemin de la prudence pour protéger un trésor naturel – le Parc National du Grand Canyon. »

« Cette décision de s’en tenir aux limites imposées aux activités minières est une très bonne nouvelle pour le Parc National du Grand Canyon et la région du Grand Canyon, ainsi que pour les nombreux visiteurs, les commerces et les organisations, les gouvernements locaux et les Tribus Autochtones qui se préoccupent du Parc et des terres publiques aux alentours » dit Sandy Bahr, directrice de la section du Grand Canyon du Sierra Club. « Nous continuerons à faire tout ce que nous pouvons pour assurer que les mines d’uranium ne soient pas autorisées à contaminer les eaux souterraines et à menacer les cours d’eau et l’eau potable. Cette décision aide énormément. »

Un des grands symboles de l’Ouest Américain, le Grand Canyon a d’abord été protégé comme monument national par Theodore Roosevelt en 1908, et il est entouré par des milliers de kilomètres carrés de terres publiques qui contiennent des zones sauvages, deux monuments nationaux, des zones réservées pour la protections d’espèces menacées et des ressources culturelles, et deux forêts anciennes de pins ponderosa. Le Canyon est aussi le pays des Havasupai, de la Bande de Paiutes Kaibab, des Hualapai et de tribus Navajo et a été désigné comme site appartenant à l’ « Héritage Mondial ». La région du Grand Canyon attire environs cinq millions de touristes et d’excursionnistes par an.

« Cette décision confirme ce que les Américains savaient déjà – que la protection de ce bassin hydrographique crucial de l’extraction d’uranium ne fait aucun doute. Ce n’est que de la science crédible et de la gestion responsable » dit Katherine Davis, qui fait campagne pour les terres publiques au Centre pour la Diversité Biologique. « Le Grand Canyon nous donne une occasion unique d’explorer et de comprendre notre pays culturel et nous devons protéger çà. »

Une étude de l’Intérieur sur la temporisation de l’extraction minière a montré que sans restrictions, 26 nouvelles mines d’uranium et 700 projets de prospection se développeraient, occasionnant des problèmes à la surface sur plus de 5 km² et la consommation d’1,2 millions de litres d’eau. Avec le moratoire, les opérations minières existantes devraient occasionner un dixième des problèmes de surface et un tiers de l’utilisation d’eau sur une période de 20 ans. Si de nouvelles mines étaient autorisées, le taux d’uranium dans certaines sources pourraient augmenter jusqu’à atteindre le double du taux autorisé par l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) pour l’eau potable et les nappes aquifères pourraient être gravement épuisées, mettant en danger la santé publique et la vie sauvage, et compromettre les valeurs des tribus qui considèrent les sources comme sacrées.

Les services publics de distribution d’eau en Arizona, en Californie et dans le Nevada ont exprimé leurs inquiétudes quant à la contamination possible du Fleuve Colorado si l’extraction d’uranium était autorisée autour du Grand Canyon, et aux effets potentiellement dévastateurs sur les 25 millions d’habitants de leurs états qui dépendent de l’eau du Fleuve Colorado pour l’eau potable et l’agriculture.

« Après une étude et une participation publique significatifs, le Ministre Salazar a pris une décision solide et volontaire pour protéger un des paysages à la signification des plus durables au monde et préserver la santé de communautés Autochtones vivant dans le bassin hydrographique du Grand Canyon » dit Kevin Dahl, de l’Association pour la Préservation des Parcs Nationaux. « Si cette tentative de compromettre une décision appropriée avait réussi, nous aurions tous été en danger. »

Les entreprises d’extraction d’uranium ont 60 jours pour faire appel de la décision du Juge Campbell auprès de la Cour d’Appel du 9ème Circuit et vont probablement le faire, si on considère leurs déclarations passées.

« Si les compagnies minières vont en appel, nous serons là pour défendre les décisions prudentes du Ministre – et du Juge Campbell » dit Zukoski.

LE DOCUMENT OFFICIEL (en anglais) :
http://earthjustice.org/sites/default/files/files/FINAL%20ORder%20%20Grand%20Canyon%20withdrawal.pdf