En mai-juin 2019, Leona Morgan, Diné, activiste anti-nucléaire, est venue en Europe. A l’initiative de Pascal Grégis, membre du CSIA-nitassinan, elle a été invitée par le CSIA, le CEDRA, Meuse Nature Environnement et le Réseau Sortir du Nucléaire, à visiter Bure, zone menacée par un projet de site d’enfouissement profond pour les déchets hautement radioactifs, et à parler de la situation au Nouveau-Mexique. C’est à Bure qu’elle a commencé son voyage en Europe, le 24 mai 2019. Elle a d’abord visité la zone menacée – dans la mesure où les gendarmes laissaient approcher – et s’est exprimée le soir, au cours d’une réunion organisée à Bettancourt-la-Ferrée.

Conférence par Leona Morgan
Article Christine Prat  English
Photos Bure et Nouveau-Mexique, Christine Prat
Diapos Leona Morgan
Also published in English on Censored News

Bure est un petit village (environs 80 habitants) de la Meuse. En 1994, l’Etat a déclaré son intention d’y ouvrir un soi-disant “laboratoire de recherches scientifiques souterrain”, à 500 mètres sous terre, sur des terres appartenant au village. En fait, le but est d’y enterrer des déchets hautement radioactifs. Le projet, appelé CIGÉO (Centre Industriel de stockage GÉOlogique), est mis en œuvre par l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs) et est entré en ‘phase de conception industrielle’ en 2012. Le projet est de creuser un site d’enfouissement des déchets à 500 mètres sous terre. Le site devrait être fait de tunnels, s’étendant sur 15 km². Il devrait accueillir à terme 10 000 m³ de déchets de ‘ Haute Activité à Vie Longue’ et 73 500 m³ de déchets de ‘Moyenne Activité à Vie Longue’. Le site doit être creusé dans un petit bois qui a déjà été clôturé (la clôture est à quelques mètres à l’intérieur et cachée par des arbres) et est farouchement gardé par la gendarmerie. Des arbres ont déjà été abattus derrière la clôture. Le projet prévoit aussi de construire un site de stockage temporaire, où les déchets devraient refroidir avant d’être enterrés définitivement. De là, une ‘descenderie’ devrait être construite, sur plusieurs kilomètres, pour transporter les déchets jusqu’au site profond. Il est aussi prévu de creuser des puits verticaux pour amener le personnel et l’équipement au fond. Le Réseau Sortir du Nucléaire dit : “Loin d’être une réelle solution pour ces déchets, l’enfouissement est le seul moyen qu’elle (l’industrie nucléaire) a trouvé pour les cacher.”

LA CONFÉRENCE DE LEONA MORGAN

Remarque: tous les lieus nommés sont sur les cartes incluses dans l’article, s’y reporter. Si c’est trop petit pour lire, cliquer sur la carte pour la voir en plus grand

Après avoir remercié les organisations qui l’avaient invitée et le public, Leona s’est présentée, en Diné, selon la tradition : après avoir dit son nom, elle a nommé le clan de sa mère (“née de”) et celui de son père (“née pour”).

Elle a commencé sa présentation en montrant une photo de Monument Valley, un site mondialement connu, autrefois beaucoup utilisé pour tourner des westerns, mais aussi la région où les premières mines d’uranium en territoire Diné (Navajo) ont été creusées, dans les années 1940, et donc une des premières régions dévastées par les effets de l’uranium.

Son travail contre le nucléaire a commencé en 2007, d’abord contre une mine d’uranium, puis contre toute l’industrie nucléaire.

Elle a d’abord expliqué comment son peuple considère l’univers, et comment les Etats-Unis ont utilisé son peuple et volé leur terre. Leona dit : “Aux Etats-Unis, il y a environs 264 Tribus reconnues par le Gouvernement Fédéral.” (Il y a aussi des petites tribus non reconnues). Elle dit qu’avant la conquête, il y avait des milliers de Nations Autochtones, dans toute l’Amérique, qui ont été terriblement affectées par le colonialisme, mais qu’elle se limiterait à parler de son propre peuple, les Diné. “Les gens de notre peuple vivent traditionnellement. Mes ancêtres viennent d’un territoire que nous appelons ‘Diné Bikeyah’, ‘notre pays’. Notre territoire se situait entre 4 montagnes sacrées. [Les Pics San Francisco, à l’ouest, l’Hesperus, au nord, le Pic Blanca, à l’est, et le Mont Taylor, au sud ; voir carte]. Elles constituaient, pour mon peuple, notre identité et l’endroit où nous devrions vivre pour toujours. Plus tard, après la colonisation, les lignes imaginaires, qui limitent aujourd’hui, pour les Etats-Unis, les états d’Arizona et du Nouveau-Mexique, ont été dessinées, tout comme celles qui définissent ce qu’on appelle la ‘Nation Navajo’.” Elle expliqua la différence entre ce qu’ils appellent ‘Diné Bikeyah’, leur territoire traditionnel, et la Nation Navajo, qui signifie, selon le contexte, la Réserve Navajo ou le Conseil Tribal. La famille de Leona vient de Crownpoint, au nord de Gallup, au Nouveau-Mexique.

La chaîne de l’énergie nucléaire

“Au début, il y a l’extraction de l’uranium. L’extraction peut se faire en creusant et en l’extrayant directement du sol, ou par une autre méthode utilisant des liquides pour l’obtenir, un peu comme la fracturation hydraulique. Ça s’appelle la lixiviation in-situ.” (En anglais, ‘leaching’ signifie ‘infiltration’, mais quand il s’agit de mines, en français ça s’appelle ‘lixiviation’). Le procédé est utilisé pour extraire l’uranium de couches rocheuses dans les nappes phréatiques. Naturellement, le minerai d’uranium ne se dissout pas dans l’eau. Donc, on injecte des produits chimiques dans les roches pour dissoudre l’uranium, puis on filtre l’eau. Qui, bien entendu, devient radioactive. Les roches contenant du minerai d’uranium sont transportées jusqu’aux usines de traitement où l’uranium est séparé du minerai. Leona dit : “Dans notre région, si on extrait une tonne de minerai d’uranium, on obtient à peu près une livre d’uranium, et 1995 livres de déchets.” Elle ajoute : “Quand le minerai a été traité, les déchets de l’usine contiennent de nombreux produits chimiques qui créent encore plus de déchets radioactifs. Ce n’est pas comme dans la roche naturelle, ça a été changé chimiquement et est devenu plus radioactif.” Puis, l’uranium doit être enrichi. Il n’y a qu’une seule usine de retraitement aux Etats-Unis, et c’est au Nouveau-Mexique. Après enrichissement, le carburant est produit pour les centrales nucléaires. “Et les déchets des centrales sont hautement radioactifs. Après enrichissement, c’est envoyé dans des laboratoires pour fabriquer des armes nucléaires. Les outils radioactifs et autres déchets de la fabrication d’armes constituent des déchets ‘trans-uranium’, et finalement du plutonium. Et, bien sûr, nous nous retrouvons avec des armes nucléaires. Les déchets qui en proviennent sont de l’uranium appauvri.”

Les Autochtones considèrent la présence d’activités nucléaires et leurs effets sur leurs territoires comme du colonialisme nucléaire. Leona dit : “En tant qu’Autochtones, nous ne combattons pas seulement l’industrie nucléaire, mais aussi le racisme, le capitalisme et l’impérialisme des Etats-Unis, qui continuent aujourd’hui encore, à confisquer nos terres, à saper notre culture et à utiliser notre peuple et Notre Mère la Terre au profit de l’industrie et de leur cupidité.”

Le processus de conquête du territoire et d’élimination des Peuples Autochtones a commencé en 1493, avec ce qu’on appelle la Doctrine de la Découverte, que les Autochtones combattent toujours aujourd’hui. C’est une Bulle Papale – donc une décision indiscutable du Pape. Le document dit que “l’Eglise a été commissionnée par Dieu pour tuer d’autres peuples et s’emparer de leurs terres, parce qu’ils sont moins qu’humains.” C’est toujours utilisé par les pays colonisateurs en Afrique et ailleurs, et aux Etats-Unis et au Canada. Leona dit que “les Etats-Unis ont fondé certaines de leurs premières lois sur ce document.” Au XVIIIème siècle, quand les Etats-Unis étaient encore en formation, ils ont adopté une politique de génocide, et ont tenté de tuer tous les Peuples Autochtones. A l’époque, ça n’a pas vraiment marché, alors ils ont adopté une politique de déportation, et repoussé les Peuples Autochtones vers l’ouest. A la fin du XIXème siècle – alors qu’ils venaient de se livrer à un nouveau génocide – ils ont mis en route la politique dite ‘d’assimilation’ : cela signifiait détruire la culture Autochtone et changer l’indigène en un individu occidental. L’expression utilisée alors était ‘Tuer l’Indien, Sauver l’Homme’.

“D’autres moyens ont aussi été utilisés pour voler nos terres, comme les chemins de fer et l’extraction minière, ainsi que ce qu’on appelle aujourd’hui le gouvernement tribal. Je tiens à ce que les gens comprennent que l’extraction d’uranium et les tests atomiques d’aujourd’hui sont fondés sur les vieilles lois dont les gens pensent qu’elles appartiennent à l’histoire. Mais elles sont tout à fait à l’ordre du jour et sont utilisées aujourd’hui pour continuer le génocide par ce que nous appelons le colonialisme nucléaire” dit Leona. 85% de l’extraction d’uranium dans le monde a lieu sur des terres Autochtones. Aujourd’hui, les populations touchées sont encore en train de se battre pour que leurs terres soient décontaminées et obtenir de l’aide pour faire face à leurs problèmes de santé. Les Diné qui ont développé des cancers et les familles de ceux qui sont décédés ont dû se battre devant les tribunaux pendant des décennies avant qu’il soit reconnu que leurs maladies étaient dues à l’uranium, et obtenir quelque compensation.

“Nous appelons ça du racisme environnemental” dit Leona. “Ils ont fait la même chose avec les armes nucléaires, les tests ont eu lieu dans des territoires Autochtones ou de gens de couleur.” Aux Etats-Unis, environs 1000 bombes atomiques ont explosé dans le territoire des Shoshone de l’ouest, au soi-disant Nevada [voir plus bas]. Des tests ont également eu lieu sur l’île de Bikini, dans les Iles Marschall, et Bikini est toujours inhabitable. Les Britanniques ont également fait des tests dans le Nevada. Les Français ont effectué leurs tests atomiques à Reggane, en Algérie, en territoire Touareg, jusqu’en 1967. En 1966, ils ont commencé à tester à Mururoa, en Polynésie ‘Française’.

L’extraction minière était également un moyen de coloniser, en encourageant les colons Blancs à partir dans l’ouest. Leona dit “Grâce à l’extractivisme, les gens ont pu prendre des terres à notre peuple, selon une Loi sur les Mines de 1872. Cette loi autorise les gens à exploiter des mines sur les terres publiques des Etats-Unis, ils n’ont rien à payer pour ce qu’ils extraient, seulement un droit de 10 dollars par an, sur des terres ‘publiques’. “De organisations écologistes Blanches, aux Etats-Unis, veulent changer la loi, mais ils ne se préoccupent que de l’environnement, pas des Autochtones ni des Gens de couleur. Ils veulent principalement que les entreprises paient plus cher, mais ça n’inclut pas la protection des sites sacrés Autochtones ni de réparations pour les terres volées.

La loi dite ‘General Allotment Act’

Cette loi a été utilisée pour tenter de faire partir les Peuples Autochtones de leurs terres. Elle avait aussi pour but de détruire la culture autochtone : les Peuples Autochtones n’ont jamais connu la propriété privée et n’ont jamais imaginé pouvoir posséder une quelconque portion de la Terre Mère. Cette loi a créé des portions de terre individuelles, appelées ‘lots’ qui devait appartenir à des propriétaires Indiens individuels. A l’est de la Réserve Navajo, ça a créé la zone qu’on appel ‘l’échiquier’. C’est la zone d’où vient la famille de Leona. Dans cette zone, les terres sont soumises à toutes sortes de juridictions. Aujourd’hui, les lots appartiennent au gouvernement, à des entreprises, à des propriétaires privés ou à des Autochtones, qui peuvent être la Nation Navajo ou des individus appelés ‘attributaires’. Là, Leona explique “‘il y a une grande différence quand je dis la ‘Nation Navajo, c’est-à-dire le gouvernement, et quand je parle des gens.”

Un ‘Gouvernement Navajo’ créé par les Etats-Unis

Le Conseil Tribal Navajo a été créé en 1923, par le Gouvernement des Etats-Unis. Selon Leona “Une étape du processus de colonisation a été la création d’un gouvernement, ce qui est très différent du système que les Peuples Autochtones aient jamais connu. Pour les gens de notre peuple, la Nation Navajo est le nom de notre gouvernement, et aussi parfois du territoire qui constitue ce qu’on appelle la Réserve. Nous avons nos lots de terre, notre système de gouvernement, mais ce n’est qu’une copie des Etats-Unis.” Pourtant, en 2005, la Nation Navajo a adopté une loi interdisant l’extraction d’uranium, la Loi sur la Protection des Ressources Naturelles Diné. Puis, en 2012, une loi interdisant le transport de matériaux radioactifs. Cependant, ces lois ne sont pas respectées par les états (Arizona et Nouveau-Mexique) ni par le gouvernement fédéral. Les sites sacrés entre les quatre montagnes sacrées ne sont pas protégés non plus, parce qu’ils sont hors de la Nation Navajo. Même certaines portions de la Nation Navajo ne peuvent pas être protégés parce qu’elles sont sous la juridiction des états ou du gouvernement fédéral. C’est le cas de routes et voies de chemins de fer qui traversent la Réserve. La Nation Navajo n’a pas non plus le contrôle de son espace aérien.

LE NUCLÉAIRE AU NOUVEAU-MEXIQUE

Au Nouveau-Mexique, on trouve presque toutes les étapes de la chaîne nucléaire, sauf des centrales nucléaires. Il y a aux Etats-Unis plus de 15 000 mines d’uranium abandonnées, quelques-unes dans l’est du pays, mais la plupart dans l’ouest. Ces mines fournissaient principalement de l’uranium pour les armes nucléaires. L’exploitation a eu lieu essentiellement entre les années 1940 et les années 1980. L’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) n’a été créée qu’en décembre 1970. Jusque-là, il n’y avait aucune loi pour protéger l’environnement, les mineurs ou la population. Très peu de mines ont été décontaminées. La Nation Navajo est un des rares endroits ou quelque chose a été fait, le gouvernement Tribal, en coopération avec le gouvernement fédéral est en train de décontaminer environs 500 mines.

La catastrophe de 1979, à Churchrock

Le 16 juillet 1979, la pire catastrophe nucléaire de l’histoire des Etats-Unis a eu lieu à Churchrock, au Nouveau-Mexique. A Churchrock, il y avait deux mines d’uranium et une usine de traitement. L’usine avait un bassin de rétention des déchets. Les déchets d’une usine de traitement sont beaucoup plus radioactifs que ceux des mines. Ce bassin était fermé par un barrage en argile. Il y avait une fissure dans ce barrage, l’entreprise le savait, le gouvernement aussi, mais l’entreprise a continué à mettre des déchets dans le bassin. A l’aube du 16 juillet 1979, le barrage s’est rompu. Plus de 400 millions de litres de déchets radioactifs se sont déversés dans un ravin à sec, puis dans une rivière qui est à sec la plupart de temps, la rivière Puerco. En général, il n’y a pas d’eau, mais après la fuite, il a plu et la rivière s’est remplie d’eau et a coulé jusqu’à 160 km, en Arizona. Ça s’est passé quelques mois après l’accident de la centrale nucléaire de Three-Miles-Island, à Harrisburg. Bien que la fuite de Churchrock ait été le pire accident qui se soit jamais produit, les médias n’en n’ont presque rien dit et ça n’a pas attiré l’attention du public. Harrisburg se trouve dans l’est des U.S.A, dans une zone très peuplée, essentiellement de Blancs (il y a eu un film sur l’accident, avec Meryl Streep dans le rôle principal). A Churchrock, il n’y a pas beaucoup d’habitants et la plupart sont Autochtones.

A ce jour, ce n’a toujours pas été décontaminé. En juillet 2015, Tommy Rock, un chercheur Diné de l’Université de Flagstaff, a découvert que l’eau potable d’une communauté Diné, à Sanders, en Arizona, à 65 km en aval sur la rivière Puerco, contenait deux fois la concentration légale d’uranium. Les enfants de l’école locale ont reçu de l’eau en bouteille pour boire. La communauté se bat toujours pour que ce soit décontaminé. Ils veulent que les déchets soient enlevés des environs de la Nation Navajo, loin de leurs maisons. “Mais” dit Leona, “à cause de l’échiquier, qui est hors de la Réserve, le gouvernement a entreposé les déchets non loin de leurs maisons, et le vent les ramène.” Elle ajouta que “l’extraction d’uranium est interdite depuis 2005, mais ce sont les mines des années 1980 qui continuent d’affecter les animaux et la communauté.” Les gens veulent que les mines soient décontaminées. L’entreprise propose de gratter les déchets radioactifs, de les entreposer sur les déchets de l’usine, et de recouvrir le tout d’argile, affirmant que ça tiendrait au moins mille ans. Mais leur projet ne s’applique qu’au terrain privé de l’entreprise et n’inclue pas toute la zone touchée par la fuite, jusqu’à 160 km à l’ouest. Les gens craignent une autre fuite. Le Puerco est une rivière sèche, mais des pluies abondantes peuvent toujours se produire. (En tous cas, le Puerco n’était pas complètement à sec en septembre 2015, il y avait probablement eu des pluies en juillet…)

Des 15 000 mines d’uranium abandonnées, c’est le lieu le plus gravement touché des Etats-Unis.

Les équipements nucléaires au Nouveau-Mexique

Actuellement, le Nouveau-Mexique est plein d’équipements et de sites nucléaires.

Le site appelé ‘Trinity’ est le lieu où a été testée la première bombe atomique de l’histoire, quelques semaines avant que deux bombes soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki.

Il y a aussi des laboratoires nationaux qui fabriquent des armes nucléaires. Leona dit “Nous appelons notre état du Nouveau-Mexique le Mexique Nucléaire.”

Il y a des mines d’uranium et des usines de traitement. Il y a une usine d’enrichissement, la seule des Etats-Unis, gérée par URENCO USA. Il y a un site d’entreposage de déchets hautement radioactifs, utilisés pour fabriquer des armes. Il y a des armes nucléaires entreposées dans plusieurs endroits (l’un d’entre eux étant quasiment à Albuquerque, sous la montagne). Il y a aussi la plus grande mine d’uranium à ciel ouvert du monde (dans la Réserve Laguna). Elle est fermée et on tente de la décontaminer. Et il y a de nouveaux projets d’extraction d’uranium, et ils les veulent à ciel ouvert, obtenues par dynamitage de la montagne.

Le coin sud-est du Nouveau-Mexique

Leona expliqua que “dans le sud-est, il y a le WIPP – Waste Isolation Pilot Plant, Usine Pilote d’Isolation des Déchets – licenciée pour entreposer des déchets radioactifs ‘trans uranium’ pour 10 000 ans. Les déchets viennent de la recherche et de la production des armes nucléaires des Etats-Unis. Ça se trouve dans une zone du sud-est du Nouveau-Mexique, appelée le corridor nucléaire, où se trouvent aussi l’Usine Nationale d’Enrichissement, près de Eunice,” (l’unique usine d’enrichissement des Etats-Unis, gérée par URENCO), “et les Spécialistes du Contrôle des Déchets, un site d’entreposage des déchets de basse activité, juste de l’autre côté de la frontière de l’état, près d’Andrews, au Texas, et l’usine de International Isotopes, Inc., qui doit être construite près de Eunice. Il y a déjà des sites d’entreposage de déchets, et l’usine de traitement ELEA, très proche du WIPP.”

“Actuellement, nous combattons deux projets de sites d’enfouissement pour des déchets hautement radioactifs. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de site pour les déchets nucléaires hautement radioactifs. Les deux projets d’entreposage au Nouveau-Mexique sont supposés être ‘intérimaires’ ou ‘temporaires’. Les habitants du Nouveau-Mexique n’y croient pas, ils pensent que ce sera d’abord temporaire, puis deviendra permanent.” (Ce qu’ils appellent ‘temporaire’ peut aller jusqu’à 30 ans).

“Actuellement, les sites temporaires ne sont pas légaux. Alors, ils essaient de changer la loi pour les légaliser, et bien que ce ne soit pas encore légal, la Chambre a approuvé au Congrès, le financement de la firme Holtec. Holtec construit des containers pour les déchets nucléaires, et il y a beaucoup de problèmes avec ces containers. Nous combattons la compagnie à tous les niveaux. Il y a eu 7 plaintes en justice contre Holtec, mais aucune n’a été acceptée par le gouvernement fédéral. Tous nos arguments ont été rejetés. Holtec construit aussi des petits réacteurs et recycle des déchets nucléaires. Nous avons aussi entendu une rumeur selon laquelle Holtec veut amener tous les déchets nucléaires du pays au Nouveau-Mexique, et nous les suspectons aussi de faire du retraitement dans la région. Actuellement, il n’y a pas de retraitement aux Etats-Unis. Notre combat actuel se concentre sur le coin sud-est, où il y a aussi l’un des plus grands gisements de pétrole du monde. Donc ils pratiquent la fracturation, et ce n’est pas vraiment sûr d’y mettre des déchets nucléaires.”

Deux accidents se sont déjà produits dans d’anciennes mines de sel utilisées pour stocker des déchets nucléaires. Une des mines a pris feu en 2014, ensuite un container a explosé.

D’autres combats dans le sud-ouest des U.S.A. : Yucca Mountain et Canyon Mine

Leona explique “qu’il y a aux Etats-Unis un Peuple Autochtone qui se dit lui-même être la Nation la plus bombardée [nucléairement] du monde”. Les Etats-Unis ont fait exploser environs 1000 bombes atomiques dans le territoire des Shoshone de l’Ouest. C’est lié au problème des déchets nucléaires, parce que ça se trouve dans une zone où ils veulent aussi mettre des déchets des centrales nucléaires sur un site appelé Yucca Mountain.” Les Shoshone combattent ce projet de site d’enfouissement profond. Yucca Mountain est très proche du site où les bombes atomiques ont été testées jusqu’en 1992. C’est aussi une région volcanique, il y a 7 volcans actifs au pied de Yucca Mountain. Actuellement, la base légale du combat des Shoshone contre le projet de déchets, est le fait que ça se trouve en Territoire Shoshone non-cédé, selon les traités signés avec le gouvernement des Etats-Unis. (Cependant, les Etats-Unis n’ont jamais respecté un seul traité signé avec les Nations Autochtones).

Un autre combat important, qui dure depuis des années, vise à empêcher l’exploitation de ‘Canyon Mine‘ (la Mine du Canyon), près du Grand Canyon, en Arizona, où une entreprise veut extraire de l’uranium. Plusieurs communautés sont unies contre la mine. Il y a entre autres les Havasupai, qui vivent au fond du Grand Canyon. La mine est proche de Red Butte, un site sacré pour eux. Et ils craignent que les sources d’eau qui coulent vers le Grand Canyon, et fournissent l’eau de la communauté, ne soient polluées. “Des gens se battent aussi contre l’usine de traitement White Mesa, au sud de l’Utah, qui affecte la Réserve Ute de Ute Mountain”. L’entreprise qui gère la Mine du Canyon, veut transporter le minerai jusqu’à l’usine White Mesa, à travers la Nation Navajo. “Ce combat – conduit par ‘Haul No!‘ – réunit plusieurs communautés du Grand Canyon à l’usine de traitement, et celles qui devraient être traversées par le transport” dit Leona, qui est membre et co-fondatrice de ‘Haul No!’

Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires

Leona parla aussi d’un groupe qu’elle a fondé et dans lequel elle travaille, le Groupe d’Etude des Problèmes Nucléaires. “Nous sommes un nouveau groupe de combat, à cause du racisme qui existe dans les groupes écologistes. La plupart de ces groupes sont dirigés par des hommes Blancs d’un certain âge. Notre groupe essaie d’attirer des jeunes gens, nous sommes dirigés par des femmes, des Autochtones et des personnes homosexuelles. Le but est de créer une nouvelle résistance aux armes nucléaires et au monstre nucléaire. Je travaille avec des Autochtones.”

L’énergie nucléaire n’est PAS propre !

“Il y a des gens qui disent que l’énergie nucléaire est propre. Nous nous efforçons d’enseigner aux gens que l’énergie nucléaire n’est pas propre. Aux Etats-Unis et dans d’autres pays, on pousse à la construction de nouvelles centrales nucléaires. Mais lorsqu’on mesure l’empreinte carbone de l’énergie nucléaire, on ne la mesure que dans les centrales. On ne mesure pas l’empreinte carbone de l’extraction, du traitement, du transport et de l’entreposage.” Dit-elle en guise de conclusion.

 

Haul No! Rassemblement à Flagstaff et Réunion du Conseil Municipal

Par Haul! Administrateurs
13 octobre 2017
Traduction Christine Prat

 

Flagstaff, Arizona – Mardi 10 octobre 2017, le Conseil Municipal de Flagstaff a tenu une session de travail pour discuter, entre autres, de la possibilité d’adopter une résolution et une ordonnance pour empêcher le transport d’uranium à travers la commune. Plus de 75 personnes s’étaient rassemblées à l’extérieur, avant la réunion.

“Nous avons besoin d’eau, l’eau c’est la vie” dit Odettie Jones, de la Tribu Havasupai, “Il y a beaucoup d’armes nucléaires déjà fabriquées. Pourquoi ont-ils besoin de plus d’uranium? C’est déjà fait. Laissez-le dans le sol.” Odettie Jones faisait partie d’une délégation d’une douzaine de membres de la Tribu Havasupai, venus du Grand Canyon pour exprimer leur opposition à la mine dite Canyon Mine.

Canyon Mine est une mine d’uranium située près de Red Butte, une montagne sacrée et Propriété Culturelle Traditionnelle, à seulement 10 km du bord sud du Grand Canyon. Une compagnie canadienne, Energy Fuels Inc. (EFI), projette d’en extraire de l’uranium en 2018.

Jusqu’à 12 camions par jour, transportant chacun 30 tonnes de minerai d’uranium hautement radioactif, devraient traverser des communautés, pour la plupart dans la Réserve. L’uranium serait transporté sur une distance totale de près de 500 km jusqu’à l’usine controversée d’EFI de White Mesa, près de Blanding, en Utah. L’usine de White Mesa est située sur les terres ancestrales des Ute de Ute Mountain et est la seule usine de retraitement d’uranium commerciale aux Etats-Unis.

La Nation Havasupai a poursuivi en justice le Service des Forêts des Etats-Unis, pour ne pas avoir effectué de consultation significative à propos de Canyon Mine, dans leur Déclaration d’impact Environnemental de 1986. Une décision de la Cour d’Appel du 9ème Circuit pourrait tomber d’un jour à l’autre.

Bien que la Nation Navajo ait interdit le transport d’uranium sur son territoire depuis 2012, EFI obtiendrait l’autorisation de l’état d’Arizona, pour des questions de juridiction.

Une possible pollution radioactive du sol, de l’eau et de l’air par la Mine du Canyon, l’usine de White Mesa et le transport d’uranium affecterait le nord de l’Arizona, le sud-est de l’Utah, le fleuve Colorado, le cours d’eau Moenkopi, la rivière San Juan, et les territoires et ressources culturelles des peuples Havasupai, Hopi, Navajo, Ute et Paiute.

“Ça va toucher chacun d’entre nous, les gens basanés, les Noirs, les animaux, le ciel… Connaissant le gouvernement, ils ne vont pas le bloquer pendant le transport” dit Frankie Tso, Diné, résidente de Cameron, “C’est un acte de génocide, un génocide nucléaire. Des gens meurent. Tout récemment, une de mes grand-mères est décédée d’un cancer, elle avait des plaies ouvertes sur tout le corps. Elle vivait à 400 mètres d’une des mines abandonnées les plus radioactives de Cameron.” F. Tso ajoute, “Nous sommes ici pour que ça s’arrête, nous n’allons pas risquer un essai, nous allons le bloquer. Les gens avant le profit!”

La bénévole de Haul No! Leilani Clark, Diné (Navajo) et Santa Clara Pueblo, raconta comment le Conseil Municipal de Flagstaff avait d’abord supprimé la discussion de son agenda. “En 24 heures, la question était revenue sur l’agenda,” dit L. Clark, “et ceci parce que vous vous êtes mobilisés et vous êtes assurés que la Ville prendrait le problème au sérieux. Merci.”

Le Conseil est prêt à agir et Envisage de combattre les Règles Fédérales

Cinq membres du Conseil Municipal de Flagstaff ont immédiatement exprimé leur soutien à une résolution. Ils ont aussi appelé à une action de plus grande envergure, sous la forme d’une ordonnance interdisant le transport sur une petite section de la route sur laquelle la ville a juridiction.

Donn Pillmore, représentant EFI, a contredit une déclaration antérieure du président de la compagnie, Mark Chalmers, lors d’une session précédente du Conseil Municipal. Chalmers avait dit “les trajets projetés ne devraient pas passer par Flagstaff”, malgré le fait qu’en 1986, le Service des Forêts ait approuvé deux trajets, l’un traversant Flagstaff et un autre passant par une route d’accès du Service des Forêts et des terre privées au nord de Flagstaff. Le Service des Forêts avait indiqué dans sa déclaration d’impact environnemental, que le trajet par Flagstaff était l’option “préférée”.

Des membres du Conseil ont discuté une série d’options, dont une régulation plus stricte du transport d’uranium, en utilisant des containers “plus sûrs” que de simples bâches goudronnées. L’équipe de la Ville a déclaré ne pas pouvoir adopter une ordonnance limitant le transport, à cause de la “préemption” des règles Fédérales. La membre du Conseil Putzova a réagi, déclarant “ça ne me gênerait pas de demander au gouvernement Fédéral de changer ses règles concernant l’uranium.”

La Vice-Maire Jamie Whelan dit “Nous devons agir, même si nous semblons ne pas avoir de pouvoir là-dessus.” Coral Evans, Maire de Flagstaff, déclara “Je suis très troublée par le fait que les communautés [Autochtones] doivent supporter l’essentiel des risques.” C. Evans dit aussi qu’elle avait dû faire face au cancer du sein par deux fois et que ça pourrait être génétique, sa mère ayant vécu ‘sous le vent’. J. Whelan dit aussi avoir eu un cancer. “Quand la question s’est posée, d’un cancer de la gorge, le chirurgien m’a demandé ‘Combien de temps avez-vous passé dans la réserve? Et ce n’est pas bon” dit J. Whelan.

Ophelia Watahomigie-Corliss, membre du Conseil Tribal Havasupai, dit “Je vous implore de vous activer pour remettre en cause [les règles Fédérales].” Elle parlait de l’impact que l’extraction d’uranium pourrait avoir sur des millions de gens.

Sarana Riggs, de la Nation Diné (Navajo) et bénévole de Haul No!, a remis au conseil une déclaration écrite en ces termes: “Nous avons organisé ce soir un rassemblement, auquel non seulement des résidents de Flagstaff étaient présents, mais où sont venus des gens de toute la région, d’aussi loin que Havasupai, Tucson, Las Vegas, Gallup et Albuquerque. Canyon Mine n’est qu’à 10 km du bord sud du Grand Canyon – l’une des destinations touristiques les plus importantes au monde, pour sa beauté et son caractère sacré – cela aura un impact énorme sur les conditions de vie hors de la région – sans parler des territoires ancestraux et actuels des peuples Havasupai et Hualapai, qui ressentent directement les effets de l’exposition à l’uranium et de la profanation de Sites Sacrés, si ceci est autorisé. Le Fleuve Colorado, qui coule dans le Grand Canyon et contribue à la vie des régions autour, y compris la Californie et le Nevada, sera irréversiblement détruit.”

Des représentants de Haul No! ont appelé le conseil à se préoccuper de la profanation des sites sacrés. “En tant que partie prenante dans cette affaire, nous pressons le Conseil de demander des contributions des résidents Autochtones touchés et des voisins, sur comment la ville peut soutenir leurs efforts pour protéger des sites sacrés et écologiques importants, comme Red Butte et les San Francisco Peaks.”

Benjamin Jones, du Service Havasupai des Ressources Naturelles, dit “Canyon Mine est située sur une Propriété Culturelle Traditionnelle des Havasupai, notre montagne sacrée Red Butte, et juste au-dessus de notre nappe aquifère. Nous sommes ici pour protéger nos eaux souterraines de la pollution. Je suis ici en tant que gardien du Grand Canyon. Nous sommes unis, ici, aujourd’hui, pour parler de l’eau. L’eau c’est la vie.”

Red Butte est située sur des terres ancestrales des Havasupai, ils appellent le site sacré Wii’i Gdwiisa, ou “montagne au poing serré.”

Energy Fuels: un Palmarès d’Irresponsabilité

Le Directeur des opérations d’Energy Fuels Inc. (EFI), Donn Pillmore, répondit à des questions de membres du Conseil sur le trajet de transport. Il dit que la compagnie avait une équipe qui s’occuperait des fuites de minerai d’uranium qui pourraient se produire en route.

La membre du Conseil Eva Putzova demanda: “Alors, si [un accident] devait se produire à Flagstadf ou près de Flagstaff, d’où votre équipe serait-elle envoyée?”
Pillmore répondit: “Nous avons un officier pour la sécurité des radiations en poste à notre usine de Blanding.”
E. Putzova demanda alors “A quelle distance, à combien d’heures de Flagstaff est-ce?”
Pillmore: “…de Flagstaff, c’est à environ 3 heures et demie.”

Alicyn Gitlin, résidente de Flagstaff et membre de la section du Grand Canyon du Sierra Club dit: “Pouvons-nous faire confiance à l’industrie de l’uranium pour tenir à cœur nos intérêts? Pouvons-nous leur faire confiance pour nous protéger de la contamination, de la poussière, et des accidents?” A. Gitlin rapporta un point d’histoire concernant les accidents de transport d’uranium dans la région. “Avant 1986, date où le compte-rendu de décision de Canyon Mine a été signé par le Service des Forêts, cinq fuites s’étaient déjà produites de camions transportant du minerai des mines du plateau du Colorado, l’un d’entre eux en ayant renversé plus de deux tonnes. Dans l’un des cas, des officiels de la Nation Navajo ont trouvé en arrivant des ouvriers recouvrant de sable à coup de pied le minerai renversé.” A. Gitlin ajouta “En 2015 et 2016, il y a eu deux fuites de camions transportant des matériaux radioactifs et une autre fuite en janvier 2017. A. Gitlin signala le fait que EFI avait refusé de mettre à jour le Plan d’Opérations de Canyon Mine de 1984, et la Déclaration d’Impact Environnemental de 1986, ainsi que le compte-rendu de Décision. “Les opérateurs de la mine nous disent que l’extraction d’uranium est plus propre et plus sûre aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Mais pas à Canyon Mine!”

Des intervenants ont continué toute la nuit à parler du bilan d’irresponsabilité d’EFI et des menaces à la santé et la sécurité que l’entreprise fait peser.

En mars 2017, des bénévoles de Haul No! ainsi que des représentants du Sierra Club, du Centre pour la Diversité Biologique, de Diné No Nukes et de Clean Up The Mines, ont découvert que Canyon Mine avait été inondée, parce que des ouvriers avaient percé par inadvertance une nappe aquifère de surface. Il a été établi que l’eau contenait de l’uranium et un fort taux d’arsenic, et était pulvérisée dans l’air pour “s’évaporer”. Une enquête plus poussée a révélé que l’eau avait été illégalement transportée par camions en Utah, en violation de la loi de l’état d’Arizona.

Le 24 mars 2017, un accident majeur s’est produit à Canyon Mine, interrompant les travaux de construction du puits pour des mois. Les accidents doivent être signalés à l’Administration de la Sécurité des Mines (MSHA), dans les 15 minutes. Au lieu de cela, un anonyme a finalement alerté la MSHA, qui est venue enquêter, et a finalement découvert que la scène de l’accident avait déjà été compromise.

Alycin Gitlin demanda “Alors, pourquoi devrions-nous faire confiance à Energy Fuels s’ils conduisent leurs camions à travers le nord de l’Arizona? Pourquoi devrions-nous leur faire confiance en quoique ce soit? Pourquoi leur confierions-nous notre santé et notre sécurité?”

Leona Morgan, Diné (Navajo) et coorganisatrice de Haul No!, s’adressa au Conseil au sujet de propositions de sites d’enfouissement dans le sud-est du Nouveau Mexique et à Yucca Mountain, pour les déchets de réacteurs nucléaires. Leona Morgan expliqua que cela signifierait que des déchets au taux radioactif mortel seraient transportés à travers Flagstaff, sur l’autoroute I-40, et par rail de plus de 100 réacteurs dans le pays. “Je vous implore de prendre en considération la question du transport, au-delà de la simple extraction d’uranium.”

Haul No! a déjà réussi à obtenir des résolutions opposées au transport de minerai, de plusieurs communautés Diné, comme celles de Cameron, de Coal Mine, d’Oljato, de Monument Valley, de Kayenta, de l’Agence Navajo de l’Ouest, et des Tribus Hualapai et Havasupai.

Flagstaff serait la première communauté hors-réserve à adopter une telle résolution, et pourrait être la première communauté à adopter une ordonnance qui défierait l’autorité Fédérale en ce qui concerne le transport d’uranium de Canyon Mine.

L’organisation de Phoenix ‘l’Arizona Résiste’ a organisé un rassemblement de solidarité au siège principal du Service de la Qualité de l’Environnement d’Arizona (ADEQ) à Phoenix, Arizona, le même jour. L’ADEQ a la responsabilité de délivrer des permis environnementaux de l’Etat d’Arizona pour Canyon Mine.

Pliny Draper, un Diné de Chinle, en Arizona, s’est adressé au rassemblement pour dire: “Moi, je ne n’hésite pas à défendre ceux dont j’ai la responsabilité… Quel genre de dirigeants avons-nous élu, qui nous laissent tomber comme cela? Ce sont des gens diaboliques. Nous devons en finir avec ça. Je ne sais pas pourquoi ils ont l’idée de sortir cet uranium du sol.” Draper dit aussi qu’il connaissait bien la menace de l’uranium, étant donné qu’il a quatre mines d’uranium abandonnées, qui n’ont jamais été décontaminées, sur son terrain.

Pour plus d’informations (en anglais) et des actions: https://www.haulno.org